démons intérieurs | lilith

T’as les pas qui te guident un peu trop naturellement vers ce coin de Star City. Ca fait quelques jours que t’es à l’arrêt et déjà le manque se fait sentir. Parce que quand l’adrénaline n’est plus là il faut quelque chose pour la remplacer. Y avait que dans ces moments là que tu repensais à la drogue. D’ordinaire, elle avait complètement disparue de ta vie. Mais sans les missions, sans les risques et les dangers, alors que t’étais posé dans un canapé sans rien faire, il y avait toujours cette envie qui te revenait. Parce qu’avec elle t’aurais plus à te creuser les méninges et à ressasser un passé violent sur lequel t’aurais dû réussir à tirer un trait depuis longtemps. Mais la vérité, c’était que ton deuil, tu pouvais pas le faire. T’étais incapable de le faire alors qu’il était toujours là, dehors, quelque part alors qu’il avait tué ton père. T’avais jamais su qui il était. A vrai dire, il était peut-être déjà mort depuis un moment celui qui avait fait ça. Mais t’en savais rien. Et à l’idée qu’il pouvait être en vie et tuer encore, ou bien qu’il était libre de ses mouvements alors qu’il t’avait tout pris, t’avais la colère qui grondait un peu plus. Lorsque t’étais occupé il n’y avait pas de soucis, mais en cette fin d’après-midi passée à ne rien faire à cause de cette maudite entorse, il y avait ce manque qui se faisait de plus en plus sentir. Un manque que tu te savais capable de combattre seul. Parce que tu le faisais depuis des années désormais. Mais l’envie elle restait toujours là malgré tout. Il fallait que tu fasses quelque chose. Il fallait que tu t’occupes. T’aurais pu retourner au garage, celui où t’avais commencé la mécanique avant de faire de cette passion ton choix de vie. Mais tu allais trouver porte close. Ils étaient fermés le jeudi après-midi, ça faisait des années que c’était comme ça et c’était pas prêt de changer. T’y avais été le matin, c’était toujours utile pour se faire la main. Mais là, ça faisait bien quatre heures que tu tournais en rond. T’avais les messages des autres membres de la Young Justice qui arrivaient sur ton téléphone mais t’y répondais pas. De toute façon, tu serais pas utile dans ton état. Mais leurs divers messages, ils te faisaient encore plus comprendre que tu t’ennuyais. Et la violence des actes te rappelait un peu plus la violence de la nature humaine, celle qui t’avait volé ton père adoptif plus de dix ans plus tôt.

Tu te lèves. Il faut que t’ailleurs faire un tour. Tes pas boitillants, ils te guident instinctivement vers ce lieu. T’y avais pas été souvent quand t’étais ado, mais suffisamment pour te souvenir que c’était là que se trouvaient les seules personnes qui pouvaient pleinement t’aider. C’était chez eux que tu t’étais retrouvé plusieurs fois alors que t’étais en manque et qu’il n’y avait que là qu’on pouvait t’être utile. Utilité tout à fait relative étant donné que tu replongeais systématiquement après. Mais maintenant c’était différent. Maintenant t’étais sobre et guéri, un minimum. Tu t’arrêtes devant et y a ta main qui se dirige vers la poignée. Et puis tu t’arrêtes dans ton geste. Tu pouvais pas la franchir cette porte. Parce que la franchir, ce serait admettre que t’avais encore un problème, que t’étais pas complètement guéri. Et ça, c’était trop dur à admettre pour toi. Tu préférais croire que c’était terminé, que t’avais mis tous tes problèmes derrière toi. Et surtout, même si tu l’étais pas, tu voulais te prouver que t’étais capable d’y faire face seul. T’aurais dû savoir pourtant que parfois la difficulté c’était de réussir à faire confiance à d’autres pour aller mieux. Alors tu retires ta main de la poignée, et tu fais demi-tour. T’avais pas besoin d’eux, t’avais pas besoin de drogues, t’avais juste besoin de guérir et de retourner sur le terrain.

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roy & lilith

Aujourd'hui, j'étais en retard. Un comble lorsqu'on savait que je n’embauchais qu'à une heure très avancée de la journée. La sieste que j'avais entrepris de faire n'avait pas été la meilleure des idées. Pour autant, elle m'avait été bénéfique. J'avais eu bien du mal à trouver le sommeil la veille. J'avais tourné pendant des heures jusqu'à finalement tomber d'épuisement. La nuit était restée cependant courte. J'avais été réveillé pratiquement à l'aube. La raison m'était encore inconnue. Personne n'était venue taper à la porte de ma chambre. La salle de vie et la cuisine de la Tour avaient été désertes. J'avais été la première être debout. Je ne me l'expliquais pas. Je n'étais pas allée me recoucher de suite et avais essayé de commencer ma journée malgré le léger agacement qui avait pris racines en mon for intérieur. On ne vivait pas tous des journées exceptionnelles. Nous étions tous sujets aux sautes d'humeurs. Je ne faisais pas exception à la règle. Loin de là même. Mon énervement matinal je l'avais envoyé paître avec une bonne séance de méditation. J'avais fait le vide dans mon esprit et m'étais concentrée sur toutes les parties de mon corps. Ma transe m'avait emporté tellement loin que je n'avais même pas remarqué la présence de Raven avant d'ouvrir les yeux pour me lever. Comme tous les matins, elle était venue me rejoindre pour s'adonner également à ses exercices de la première heure. Pour ne pas la déranger, je m'étais levée sans bruit du tapis que j'avais ensuite empoigné pour le remettre à sa place. Après ça, j'avais élu domicile dans la cuisine pour confectionner des cookies aux pépites de chocolat. La vieille au soir je n'avais pas eu envie de me mettre aux fourneaux. Surtout en sachant avoir le temps le lendemain.  Ce n'était qu'après avoir fini la cuisson des biscuits que la fatigue m'était tombée sur la tête comme une massue. Je n'avais eu d'autres choix que me traîner jusqu'à mon lit pour m'y laisser tomber de tout mon poids. Cette fois là, je n'eus aucun mal à trouver le sommeil. Je l'avais même un peu trop bien trouvé. C'était bien ce qui expliquait ma position actuelle. Plusieurs tupperwares dans les bras, je courrais à en perdre haleine pour espérer choper le bus qui allait m'amener sur mon lieu de travail. Le chauffeur me lança un regard réprobateur lorsque je bloquais la fermeture des portes. Je lui lançais un sourire désolé par dessus mes boîtes. Il secoua la tête, leva les yeux au ciel et ne répondis pas à mon bonjour timide. Je ne m'en offusquais pas. Du moins j'essayais.  

Le trajet en bus fut d'une lenteur incroyable. Nerveuse, je ne cessais de taper légèrement du pied. Un manège qui termina d'agacer tous les passagers autour de moi. Une petite moue se posa sur mes lèvres et le rouge me monta aux joues. Eux comme moi furent soulagés lorsque je descendis à mon arrêt. Un soupir de soulagement quitta mon corps. Je ne savais même pas pourquoi je ne mettais dans cet état. Je savais qu'Emma ne me dirait rien. Elle s'en amuserait plus qu'elle s'en énerverait. La brune était comme ça. Cependant, je détestais être en retard. J'associais la ponctualité au respect. Je supposais que c'était une forme de professionnalisme bien poussé. Mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Une ou deux plaintes formulées à voix basse passèrent mes lèvres. J'étais chargée comme un mulet. Mes bras chauffaient sous l'effort. Ma position était en tout point inconfortable. Surtout je ne voyais rien. J'avançais pratiquement à l'aveuglette. Au petit bonheur la chance. Dès lors, je ne fus aucunement surprise de sentir l'impact de mon corps et de mes bites avec quelqu'un d'autre. Mes boîtes glissèrent au sol, heureusement sans s'ouvrir pour déverser leur contenu sur le sol poussiéreux de la ruelle dans laquelle se trouvait le centre de l'association. J'avais été si prêt du but. La porte n'était qu'à un demi mètre de moi. «  Je suis vraiment confuse ! ». Mes joues se colorèrent à nouveau alors que je me baissais précipitamment pour récupérer mes affaires. «  Est ce que vous allez bien ? Je ne vous ai pas fait mal au moins ? ». Je relevais la tête pour fixer la victime de ma maladresse de mes yeux émeraudes. L'homme qui me faisait face semblait en apparence plus jeune que moi mais aussi bien plus robuste. Je n'avais pas du lui faire bien mal. Mais tout de même, ce n'était jamais très agréable de se faire bousculer par quelqu'un. «  C'est probablement un peu gonflé de ma part , mais est ce que vous pouvez m'ouvrir la porte ? ». Une petite grimace déforma mes traits. Lui demander ceci après 'lavoir bousculé me dérangeait. Malheureusement, je ne pouvais pas le faire par moi-même.

Y a cette poignée que tu laches. Parce que tu sais que tu peux t’en sortir seul, comme tu l’as déjà fait. Tu n’as plus besoin d’eux, de ça, d’aller demander de l’aide. Après tout, ça faisait longtemps que t’étais sobre et que tu ne touchais plus à ça, des années à être tenté sans jamais franchir la ligne rouge que tu avais jadis franchis. Des années à te contenter de ton adrénaline qui devenait ta nouvelle drogue. Une adrénaline qui parcourrait régulièrement tes veines. Sauf ce jour-là, comme la veille et l’avant-veille. Parce que t’étais blessé et que tu ne pouvais plus parcourir la ville à la recherche de criminels, sentir le vide sous tes pieds alors que tu passais d’un immeuble à un autre accroché à un cable, alors que tu sautais du haut d’une légère hauteur ou que tu te battais face à un dealer ou tout autre criminel des rues. Cette sensation que tu ressentais alors que tout ton organisme était focalisé sur une cible et que tu lâchais la corde de ton arc. Tu recules, prêt à retourner chez toi. De toute façon, tu n’as que ça à faire. Et puis y a le choc. Tu recules un peu brusquement alors qu’on te rentre dedans. Légère grimace. Foutue cheville, foutue blessure. Tu te retrouves face à des boites qui sont tombées au sol sous le choc et une rouquine qui te fait face. T’as ce léger sourire qui vient rapidement remplacer ta légère grimace de douleur alors que tu la vois rougir et se confondre assez rapidement en excuses. « Je suis vraiment confuse ! » « Est ce que vous allez bien ? Je ne vous ai pas fait mal au moins ? » Tu lui souris doucement alors qu’elle semble avoir récupéré l’ensemble de ses boites, en nombre, et qu’elle te fixe de ses yeux verts. Elle est plus vieille que toi, c’est une évidence. « Non, non, ne vous inquiétez pas. » Inutile de lui parler de ta cheville. De toute façon, elle te faisait mal avant et elle t’aurait fait mal alors que tu aurais fait le trajet retour. Et puis, ça arrivait à tout le monde d’être perdu dans ses pensées. C’était que tu quittais tout juste les lieux et que tu n’étais pas face à elle, sinon il n’y aurait jamais eu cette rencontre entre ses boites et toi. « Ce sont des choses qui arrivent. » Tu t’apprêtes à la laisser pour reprendre ta route. « C'est probablement un peu gonflé de ma part , mais est ce que vous pouvez m'ouvrir la porte ? » Tu la regardes d’un air étonné. Elle travaillait là ? T’as cette légère seconde d’hésitation. Comme si le fait de lui ouvrir la porte allait changer quelque chose. Cette porte que tu n’étais pas prêt à ouvrir quelques secondes plus tôt. Et puis tu te ressaisis. « Oui bien sûr. » Tu te diriges vers la porte, il y a ta main qui appuie sur la poignée cette fois et tu ouvres la porte et entres dans le bâtiment alors que tu la lui tiens pour qu’elle puisse rentrée. « Vous travaillez ici ? » Quelle observation tu pouvais avoir parfois ! C’est étrange pourtant, tu ne l’aurais pas imaginée travaillée dans un lieu comme celui-là. Tu la regardes passer devant toi. Il va falloir que tu y ailles. T’avais rien à faire ici, enfin, t’étais en train de t’en convaincre.

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« Oui bien sûr ». Pendant un instant, j'avais bien cru qu'il allait me dire de me débrouiller toute seule. Et cela malgré le petit sourire qui était apparu sur mes lèvres après mes excuses.  Je n'avais pas loupé son hésitation et la soudaine rigidité de son visage. Je ne pouvais que m'interroger. Peut il était il venu pour une session. Peut être avait il peur de rentrer. Peut être ne faisait-il que passer et n'avait rien à voir avec le milieu dans lequel je travaillais.  Je le remerciais avec un sourire lorsqu'il passa devant moi pour me tenir la porte et ainsi me libérer le passage. « Vous travaillez ici ? ». « Oui, je suis une des deux employées de l'endroit. On est un petit comité ». Il fallait dire que beaucoup n'avaient aucune envie de travailler dans l'associatif ou dans ce genre de centre. Ça ne rapportait rien. Financièrement du moins.  On était payé une misère. Les gens de nos jours ne voyaient plus que l'apport financier et en oubliait le côté humain. Personnellement, je trouvais que c'était l'une des plus belles carrières qui était. On en ressortait enrichi au plus profond de notre âme. On avait un but. Un objectif. Aider les autres était une raison tout à fait louable pour se lever le matin. Nous avions des responsabilités. Je ne savais pas ce qu'il fallait demander de plus. Ici, on avait un impact. Pas sur tout le monde et pas tout le temps, mais il n'y avait rien de beau que d'arriver à soir quelqu'un du trou addictif dans lequel il était tombé. Après, je n'étais pas dans le besoin. Peut être que c'était pour cette raison que je pouvais me le permettre. Et encore que... je supposais que même sans un rond j'aurais adopté la même carrière professionnelle. Je supposais que c'était juste ma façon d'être. Ma vie m'avait fait d'une certaine façon. Elle m'avait poussé dans cette direction. De ça, j'en étais sûre. «  Lilith ! ». Emma venait de passer sa tête par l’entrebâillement de son bureau. «  C'est quoi tout ça ?T'as décidé de tous nous faire devenir gros ? ». Plusieurs rires s'élevèrent de la salle d'attente placée un peu plus loin en retrait. Nos clients se régalaient toujours de nos frasques. Enfin toujours des siennes. Moi ce n'était pas par l'humour que je me frayais un chemin dans leur armure mais grâce à leurs estomacs. Chacun sa technique. « Tu exagères ». Mes joues rouges ne s'arrêtaient plus de chauffer.  Franchement, elle pouvait se le permettre. Et puis, je n'en avais pas fait tant que ça. Et même si c'était le cas, je savais par expérience qu'il ne resterait rien à la fin de la journée. Emma plaisantait toujours sur ma possible reconversion. C'était un café que je devais ouvrir d'après elle. L'idée aussi tentante était elle ne m'inspirait pas grand chose.

«  Si vous voulez, j'ai une excellente machine à café dans mon bureau ». C'était évidemment à mon portier du moment que je parlais. «  Je ne vous force à rien évidemment, mais si vous voulez rester un peu vous êtes le bienvenue». Mes lèvres s'étirèrent en un sourire. Je ne savais toujours pas ce qu'il faisait ici et je ne voulais donc pas le brusquer. Mais en même temps,je voulais lui prouver que si l était là pour de l'aide, il serait toujours apprécié à sa juste valeur. Ici l'on émettait aucun jugement de valeur. Moi même j'avais eu besoin d'aide. Pas pour la drogue, pas pour l'alcool mais pour mes pouvoirs. Je comprenais donc l'abysse devant laquelle on avait parfois l'impression de se tenir. Après peut être qu'il avait juste été là au mauvais – ou bon- moment. Dans ce cas, je n'allais pas le retenir. «  Il faut bien que quelqu'un goûte mes cookies ». Emma repassa la tête par la porte. «  Une offre que vous ne pouvez pas refuser. La cuisine ça l'a connaît ! ». Je secouais la tête, gênée.  « D'ailleurs je vais me servir ». Malgré moi, je sentais un rire remonter le long de ma gorge. Cette femme n'était pas croyable. « Jackson, vous en voulez ? ». Le client avec qui elle était apparemment en rendez vous acquiesça avec une grosse voix.  Emma tapota sur mon épaule et engouffra le premier biscuit dans sa bouche avant de repartir mener à bien sa consultation. De nous deux, elle était celle avec le diplôme de psychologue. Elle s'occupait généralement des cas les plus durs.  Je secouais légèrement la tête.  Nous devions lui offrir un drôle de spectacle. «  Je vous rassure, on est pas toujours comme ça ». J'avais peur qu'il prenne ses jambes à son cou à force.

Tu la suis à l’intérieur et tu te demandes déjà pourquoi tu l’as fait. Tu ne te sens pas le moins du monde à l’aise dans ce lieu. Il te rappelle trop ce que tu as été. Il te rappelle trop ce que tu pourrais être. T’es un ancien toxico et ça te hantera toute ta vie. Cette peur de replonger sera toujours là, tu seras toujours là à combattre l’envie et la possibilité de rechuter à chaque moment d’ennui potentiel. « Oui, je suis une des deux employées de l'endroit. On est un petit comité ». Employée ici. Tu te demandes encore plus ce que tu fous là. T’as pas envie qu’elle comprenne. Elle pourrait comprendre non ? C’est une évidence que tu tentes de cacher alors que tu fais de ton mieux pour paraitre normal alors que tu ne l’es pas. Rien de ce que tu peux faire parait naturel, rien. Ton regard va de poster en poster, ces posters qui te parlent un peu trop. Tu en détournes le regard certainement un peu trop vite. Mais elle ne devait pas faire attention, prise dans sa conversation avec sa collègue, et ça a le don de te soulager un peu. Car tant qu’elle sera occupée sur quelqu’un d’autre que toi, elle ne pourra pas lire en toi cette envie qui refaisait parfois surface malgré les années passées éloigné de la drogue. Cette drogue, ton pire ennemi dans cette vie. Celui que tu combattais nuit et jour. Cet ennemi qui était en toi.

« Si vous voulez, j'ai une excellente machine à café dans mon bureau ». Sa remarque te prend de court. « Ah… » Ouais, tu aurais pu faire mieux, mais c’était ainsi. Tu ne comprenais pas pourquoi elle te proposait un café, après tout, la seule chose que tu aies faite avait été de tenir une porte, rien de plus. « Je ne vous force à rien évidemment, mais si vous voulez rester un peu vous êtes le bienvenu. » Y a les battements de ton cœur qui accélèrent un peu trop. T’as l’impression d’avoir été pris en faute et tu détestes cela. T’étais plus comme eux, comme tous ceux qui attendaient leur rendez-vous. Ça faisait longtemps que t’étais plus comme eux. « Il faut bien que quelqu'un goûte mes cookies ». Tu doutes. Tu sais pas ce qu’elle veut et ça t’énerve. « Une offre que vous ne pouvez pas refuser. La cuisine ça l'a connaît ! ». Mais les interventions de sa collègue t’empêchaient de partir facilement. T’avais l’impression d’être pris au piège, plus pris au piège qu’à n’importe quel moment passé sur le terrain. T’étais bloqué et tu savais plus quoi faire. « D'ailleurs je vais me servir ». Tu regardes la collègue en train de se servir. C’est vrai qu’ils donnaient envie les gâteaux à la réflexion. « Jackson, vous en voulez ? ». Alors qu’elle quitte les lieux, ton regard tombe sur la rouquine qui t’a invité dans son bureau. T’évites son regard et tu sais qu’il faudrait pourtant pas que tu le fasses. Tout en toi doit être suspect et même si ça ne l’était pas tu psychotes tellement que tu le deviens. « Je vous rassure, on est pas toujours comme ça ». C’était censé te rassurer ? Rien de ce qu’elle aurait pu dire n’aurait pu te rassurer. Pourtant, quitter les lieux comme un voleur serait bien trop suspect maintenant. Alors tu joues le jeu, espérant ne pas te faire avoir. « Je vais prendre un café, ce serait mauvais de ma part de ne pas tester les fameux cookies. » Tu te sens idiot, ou bête, ou pris au piège. T’as la gorge à moitié nouée par la peur de la suite, d’une conversation dont tu ne voudrais pas, ou de ce qu’elle pourrait te dire et qui te déplairait fortement. Comme le fait que t’étais pas guéri par exemple. Parce que c’était de ça que t’avais peur dans le fond. Qu’on te dise que t’étais toujours un accro. Tu t’assoies en face d’elle alors qu’elle est en train de servir les cafés. T’es étrangement silencieux dans ce lieu. T’aurais jamais dû venir dans un premier temps, et t’aurais jamais dû lui tenir cette porte dans un second.

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« Je vais prendre un café, ce serait mauvais de ma part de ne pas tester les fameux cookies ». Un sourire étira mes lèvres. J'étais contente qu'il ait décidé de rester. Je ne savais pas encore ce qu'il faisait dans le coin, mais j'avais l'impression d'en découvrir un peu plus. A moi, maintenant de le mettre à l'aise. Sans le brusquer. Il pouvait me parler de ce qu'il voulait. Franchement, je n'étais pas non plus contre avoir une conversation tout à fait normale autour d'un petit café et des biscuits avant de me mettre réellement au travail. Discuter de tout et de rien était aussi agréable. Et bénéfique pour mon moral. J'étais un être humain, j'étais sociable. Discuter était donc dans ma nature. « C'est par là ! ».  D'un signe de la main, je l'invitais à me suivre.  En passant devant la salle d'attente, je saluais les personnes déjà présentes. Certaines me demandèrent avec plus ou moins des petites voix si eux aussi avaient le droit à un cookie... ou deux. Un sourire avenant se posa sur ma bouche alors que je hochais la tête.  Ils ne se firent pas prier après ça pour fondre sur moi avec des petites mains avides et une lueur gourmande au fond de leurs prunelles. J'étais ravie de pouvoir leur offrir ce léger réconfort. Cela m'emplissait de joie. Je me décidais donc à leur laisser une boîte. Une ou deux plaisanteries furent échangés sur la ligne et les kilos en trop. Ce à quoi je répondis sans me départir de mon sourire qu'ils étaient confectionnés seulement avec amour. Leur santé était donc parfaitement préservée. La remarque arracha quelques rires amusés.

Après ça, je repartis vers mon bureau en compagnie du jeune homme. Je balançais les boîtes dans mes bras afin d'appuyer mon coude sur la poignée. La porte grinça lorsque j'arrivais finalement à la pousser. N'ayant pas encore été dans mon bureau aujourd'hui, les volets étaient encore fermés. A tâtons, je déposais donc mon cargo sur mon bureau et allais vers la fenêtre. La lumière de jour ne tarda pas à illuminer de ses rayons l'endroit. Heureusement que j'avais pensé à le ranger la vieille. Ou peut être étais ce l'avant veille.  « Installez vous je vous en prie ». Mon bureau n'avait rien de particulier en soit. Il était comme tout les autres. Il y avait des étagères, des chaises, des images au mur. Il était assez stérile lorsqu'on regardait bien. Je n'avais jamais été très douée pour la décoration intérieure. «  Votre café vous le prenez comment ? J'ai plusieurs capsules, je vous laisse choisir ». Je déposais les diverses options devant lui et attendais qu'il fasse son choix. A peine une ou deux minutes plus tard, je déposais sa boisson devant lui et ouvrais un des tupperwares pour qu'il puisse se servir en gourmandises.  J’enchaînais avec mon café et lâchais finalement un soupir en me posant avec mon propre mug dans mon fauteuil. J'avais bien mérité de m'asseoir. Ce début de journée avait été plus fatiguant que j'avais bien envie de l'admettre. Il avait été haut en couleurs. «  Est ce que cela vous convient ? Si vous voulez j'ai des morceaux de sucre ». Je farfouillais dans mon placard à la recherche de la boite en fer joliment orné que je déposais à proximité , entre nous deux.  Avec un sourire, j'apportais mon mug à mes lèvres pour en prendre une gorgée. «  Avec tout ça, j'ai oublié de me présenter. Je manque vraiment à toutes les règles de politesse aujourd'hui ». Mon omission involontaire venait de me frapper. «  Lilith Clay » lâchais je finalement en tendant une main dans sa direction. «  Vraiment navrée de vous avoir foncé dessus ». Une légère grimace passa sur mon visage. Il y avait mieux pour inciter les gens à entrer chez nous comme tactique tout de même.

T’acceptes le café même si au plus profond de toi tu ne peux pas t’empêcher de penser que t’es en train de foncer droit dans un piège qui te serais tendu par la rouquine. Peut-être qu’elle t’avait reconnu d’avant, peut-être que t’étais dans ses dossiers sans que tu ne le saches. Peut-être qu’elle t’avait vu mettre la main sur la poignet avant de la relâcher et qu’elle cherchait à comprendre. Jamais tu ne te disais qu’elle le faisait peut-être juste pour te remercier de lui avoir tenu la porte et pour s’excuser. Parce que t’étais un ancien toxico et tu n’avais pas envie d’être dans ce lieu. Pas maintenant. Pas demain. Jamais. Parce que ce serait admettre que tu avais peut-être encore besoin d’aide. Parce que ce serait admettre que la tentation était parfois encore importante et que t’étais peut-être encore un peu toxico sur les bords. Et ça, tu te refusais à l’admettre. « C'est par là ! » Tu la suis alors qu’elle te guide dans les locaux. Alors que tu traverses la salle d’attente, tu détestes sentir les regards en train de se poser sur toi avec un air d’interrogation. Et puis, tu vois qu’ils convergent rapidement vers les cookies qu’elle tient et qu’elle distribue avant de leur en laisser une boite et tu continues ton chemin derrière elle.

La pièce est sombre alors que tu rentres dedans derrière elle. Tu la laisses ouvrir les volets et la lumière envahie l’espace. « Installez vous je vous en prie. » Tu t’installes sur la chaise en face d’elle. Ton regard se fixe partout pour réussir à éviter le sien. Les murs blancs, les affiches qui y sont accrochées dont tu détournes bien vite le regard également au vue des slogans qui y sont inscrits. Tout ici te rappelle ce que tu étais il y a encore peu. « Votre café vous le prenez comment ? J'ai plusieurs capsules, je vous laisse choisir. » Tu l’observes alors qu’elle dépose des capsules devant toi avant de te décider pour un café tout ce qu’il y avait de plus classique. Le bruit de la machine retentit pendant quelques minutes avant que le café ne soit servi et que tu le récupères alors qu’elle te le tendait. « Merci. » T’avais mis longtemps avant de commencer à boire du café mais c’était devenue une habitude depuis. Une de celle qu’il n’était pas grave de garder contrairement à d’autres dans ton cas. « Est ce que cela vous convient ? Si vous voulez j'ai des morceaux de sucre. » Tu lui souris légèrement, d’un sourire manquant un peu d’assurance. « Merci ça ira. » La boite apparait bien rapidement sur la table entre vous et tu la regardes prendre des premières gorgées de café avant de faire de même. « Avec tout ça, j'ai oublié de me présenter. Je manque vraiment à toutes les règles de politesse aujourd'hui. Lilith Clay. » C’est vrai que vous ne vous étiez pas encore présenté et à vrai dire, l’idée de lui donner ton nom t’embêtait un peu. Que pourrait-il bien en faire ? Mais avant que tu n’aies répondu, elle a déjà enchainé. « Vraiment navrée de vous avoir foncé dessus ». Tu ne peux empêcher un sourire de venir naitre sur ton visage, malgré le lieu et ta peur de la suite. Parce qu’elle est mignonne à s’excuser toutes les cinq minutes. Il y a son regard qui semble être posé sur toi. T’as l’impression qu’elle pourrait te sonder et connaitre toutes tes pensées dans les moindres détails, c’est ça d’être dans ce lieu. « Ne vous inquiètez pas, ça arrive même aux meilleurs. » Tu tentes l’humour pour détendre l’atmosphère, ou peut-être uniquement pour te détendre toi, ou peut-être parce que tu ne réfléchis pas clairement dans ce lieu. Et puis tu finis par lui tendre la main pour serrer la sienne. « Roy Harper. » Tu déposes ta tasse et tu prends un cookie dans la boite déposée au centre. La vache, c’est vrai qu’ils étaient sacrément bons. « Votre collègue ne s’est pas trompée lorsqu’elle m’a dit qu’ils valaient le coup. » Ca avait beau être un piège, c’était l’un de ceux où l’on était bien reçu et où on mangeait bien. Mais malgré tout, y a cette sensation d’oppression qui t’empêche de parler. Ca aurait été à un autre endroit, t’aurais eu un autre passif, tu ne te serais même pas posé de question et tu aurais fini par entamer la discussion. Mais ici, ici, les choses étaient bien différentes.

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« Ne vous inquiétez pas, ça arrive même aux meilleurs ». Un léger rire secoua mes épaules. C'était probablement vrai mais des meilleurs je n'en faisais vraiment pas partie. J'étais bien trop maladroite pour cela. Il m'arrivait, en effet, assez fréquemment de faire tomber des choses, en particulier mes verres d'eau lorsque je m'étais à table. C'était une vraie manie. Et encore cela s'était quelque peu amélioré. Mes parents adoptifs s'étaient arrachés bien des cheveux avec moi lors de mon enfance. Du moins avant de comprendre qu'ils n'y pouvaient rien. Ils avaient accepté la fatalité telle qu'elle était. « Roy Harper ». «  Enchantée Roy ». Un sourire amical fleurit un moment sur ma bouche avant que je n'amène cette dernière ma tasse pour prendre une nouvelle gorgée de ma boisson. Une petite grimace passa sur mon minois face à l'acidité. Du bout de mes doigts, j'attrapais un morceau de sucre et le laissais tomber dans le liquide couleur onyx. « Votre collègue ne s’est pas trompée lorsqu’elle m’a dit qu’ils valaient le coup ».  Une lueur satisfaite passa au fond de mes prunelles. J'étais toujours très contente – et même fière – de voir mes biscuits ou autres gourmandises avoir du succès. Ils étaient toujours fait avec amour. J'adorais donc voir mes efforts récompensés. La gourmandise, il n'y avait vraiment que ça de vrai. Des sept péchés capitaux, c'était certainement mon préféré. Amusant lorsqu'on savait que je préparais beaucoup de pâtisseries mais n'en mangeait en réalité que très peu. La plupart du temps, elles étaient réservées aux personnes de passage dans nos locaux. Ou alors je n'avais tout simplement pas le temps d'en manger parce que ms collègues titans passaient par là avant moi. Ils avaient les mains drôlement baladeuses lorsqu'il s'agissait de venir se remplir l'estomac. «  Je suis ravie que les cookies vous plaisent. N'hésitez pas à en manger autant que vous voulez. Comme vous avez pu voir, j'ai fait quelques stocks pour la journée ». Pour ma part, je n'en piochais pas. Le café allait bien assez me tenir au ventre comme ça. Puis avec les dernières péripéties, je n'avais as vraiment faim. J'étais encore chamboulée de mon voyage en bus et de ma maladresse.

«  Vous habitez Star City Roy ? Vous êtes originaire de la ville ? ». Ma curiosité allait peut être le mettre mal à l'aise mais je n'avais pas pu m'en empêcher. Après tout, nous n'allions pas rester à nous regarder dans le blanc des yeux en sirotant notre boisson chaude. La situation risquerait de devenir gênante et ce très rapidement. Après je n'avais pas non plus envie – ni même l'intention- de le surcharger de questions en tout genre sur sa vie. Comme beaucoup, je n'aimais pas réellement m'épancher sur ma vie privée. Je restais donc sur des sujets de conversation que je jugeais assez sûrs. Après il pouvait bien entendu choisir de ne pas me répondre si il estimait que je dépassais les bornes. Je n'aimais juste pas le silence gêné qui commençait à prendre place entre nous. Je faisais donc ce que je pouvais pour le briser. Et cela sans me montrer impertinente ou trop curieuse.

T’étais pas à l’aise dans ce lieu, même si tu prétendais le contraire à renfort d’humour. Parce que ça te rappelait trop ce que tu étais et ce que tu aurais pu être. Ce que tu étais peut-être toujours même si tu ne l’admettrais jamais. T’aurais pas dû te retrouver dans ce lieu, t’étais pas un toxico et tu le serais plus jamais. Mais le temps était déjà aux présentations, ce que tu fis sans mentir. « Enchantée Roy ». Tu lui souris. Parce qu’elle a ce côté sympathique qui met en confiance Lilith, peut-être un peu trop. Surtout ici. Ici où tu ne pouvais être guère moins à l’aise. Alors tu t’attardes sur tous les sujets les plus inutiles possibles, comme ces cookies. Ces cookies très bons mais qui permettent de retarder l’échéance. Parce que t’as l’impression d’être dans un piège. Ça ne l’était certainement pas. Tu ne voyais pas comment elle pouvait savoir. Mais peut-être savait-elle et c’était pour cette raison qu’elle avait insisté pour que tu restes. Tu n’en avais pas la moindre idée et c’était ce qui te terrifiait. Que le sujet dévie du café de remerciement pour avoir tenu une porte et que tu te retrouves à devoir parler de ce passé que tu cherchais à oublier. Que tu étais parvenu à oublier depuis le temps. « Je suis ravie que les cookies vous plaisent. N'hésitez pas à en manger autant que vous voulez. Comme vous avez pu voir, j'ai fait quelques stocks pour la journée ». Tu prends une gorgée de café avant de prendre un nouveau biscuit. Parce que oui, ils étaient carrément bons et il aurait été idiot de les regarder alors qu’il y en avait tout un stock visiblement. Mais il y a ce silence qui s’installe alors que tu l’observes, alors que tu observes celle qui a aujourd’hui tout d’une ennemie. Car elle pourrait te mettre à terre, toi et les mensonges que tu te fais en quelques belles paroles. Car elle pourrait ressortir ta plus grande crainte, celle que tu gardes bien au fond, cette peur de ne pas réussir à avoir vraiment tiré un trait sur l’héroïne. Car tu ne savais pas si c’était le cas. T’avais remplacé l’héro par l’adrénaline, mais était-ce aussi bien que tu le pensais ? Et n’y avait-il pas un véritable risque. C’était pas pour rien que t’étais venu là aujourd’hui dans un premier temps. Ta peur, elle était réelle. Le risque également. Et l’envie, l’envie non. C’était que lorsque tu pouvais plus parcourir les rues qu’elle revenait te hanter cette envie.

« Vous habitez Star City Roy ? Vous êtes originaire de la ville ? » Elle te sort de tes pensées à briser ce silence. Pour peu tu aurais presque sursauté alors que tu étais persuadé que le silence allait perdurer. Alors que tu ne savais pas quoi lui dire, toi, celui pris au piège dans ce lieu. « Je suis originaire d’ici, mais ça fait quelques années que je n’y habite plus. » Tu marques quelques secondes de pause. Réengager la conversation, c’était ce que tu avais de mieux à faire. « Et vous êtes d’ici ? » Il était évident qu’elle devait y habiter, mais elle n’en était pas forcément originaire. Pas comme toi, qui connaissais chaque ruelle et passage par cœur. Qui avait vécu dans une réverse une fois ton père décédé puis qui t’étais débrouillé dans les rues avant de tenter de la sauver en la parcourant de nuit. C’était peut-être Star City qui te manquait le plus dans ta solitude. Star City et ses rues. Star City et ses habitants. Star City et les proches que tu y avais laissés. Mais ce vide, c’était toi qui en avais eu besoin. Et même à Mont Justice, tu savais très bien que tout te relié à cette ville et que rien ne pourrait jamais complétement t’en détacher. Après tout, Oliver était comme ta famille, le grand frère que tu n’avais jamais eu, tu ne pouvais que revenir ici régulièrement, pour le voir principalement.

Spoiler:

démons intérieurs
roy & lilith

« Je suis originaire d’ici, mais ça fait quelques années que je n’y habite plus ». Je hochais doucement la tête. Comme beaucoup de jeunes avant lui, Roy s'était certainement trouvé une voie qui l'avait amené à quitter la terre de ses origines. Nous étions un peu tous comme ça à présent. Nous étions bien plus mobiles. Plus nomades que les générations précédentes aux nôtres. Il fallait dire que nous n'avions pas les mêmes moyens. A l'époque les moyens de transports n'étaient pas aussi performants qu'aujourd'hui. Ni même aussi abordable.  Ainsi, je n'aidais pas donc surprise de ce qu'il m'apprenait. Peut être même n'avait il pas trouver bon d'y revenir car ayant fondé une famille ailleurs. Il avait l'air plus jeune que moi, mais cela n'empêchait rien. Après tout, il était au dessus de l'âge légal. «  Vous avez quitté Star City pour l'université ? Ou une promesse de boulot peut être ? » lui demandais je réellement intéressée par la réponse à ma question. J'aimais converser avec les gens. En apprendre plus sur eux mais sans jamais me montrer trop curieuse. Je respectais leurs vies privées. Si i choisissait de ne pas me répondre, je respecterais son choix et ne chercherais pas à en savoir plus au point de me montrer grossière et indiscrète. Ce n'était pas le but de toute cette manœuvre. Après tout, il était dans mon bureau seulement car il avait eu la gentillesse de m'aider. « Et vous êtes d’ici ? ». Un sourire passa sur mes lèvres au retour de question. Je secouais négativement la tête en mâchant un petit bout de biscuit. Ma mère m'avait toujours appris à ne pas parler la bouche pleine. Ce ne fut qu'une fois la nourriture avalée que je pus prendre convenablement la parole. «  Non, je suis originaire du Kentucky » lui appris je avec un autre sourire. «  Pas vraiment la porte à côté » plaisantais je en laissant tourner le bout de mes doigts sur le rebord en porcelaine de ma tasse. «  Mes parents y habitent toujours. Je ne retourne que pour les voir et probablement pas assez à leurs goûts ».  Pour dire vrai, cela faisait un moment que je n'y avais pas mis les pieds. Mais cette information en revanche ne regardai que moi. Roy n'avait, de toute façon, pas demandé à connaître toute ma vie familiale. Et puis même si cela avait le cas, je ne lui en aurait pas touché un mot.

«  J'ai beaucoup bougé avant de finalement poser mes valises dans cette ville » continuais je tout de même pour ne pas laisser la conversation se tarir et le silence s'installer à nouveau entre nous. « Quelque part Star City m'a trouvé bien plus que je ne l'ai trouvé ». La vérité était que les titans m'avaient trouvé. Mais ça, je ne pouvais pas le dire à voix haute n'est ce pas ? «  Mais avant ça, j'ai habité un peu partout. New York, Detroit, Gotham City. J'ai vu du pays ». Chose dont je ne me plaignais pas. Dans mon malheur, dans ma quête de vérité, j'avais fait ce que beaucoup ne feraient jamais. Quelque part, j'avais donc eu de la chance. Et de la chance, je continuais à en avoir. Je faisais un boulot que j'aimais. J'aidais les gens. J'avais trouvé un endroit où me poser. Un endroit où je me sentais à peu près à ma place. Il y avait des hauts et des bas bien sur. Mais la vie était ainsi faite. Elle n'était parfaite que dans les contes de fées. La vie réelle était bien différente des histoires que l'on contait aux enfants. Ceci dit, pour rien au monde à présent n'aurais je voulu la changer.  La vie m'avait beaucoup pris mais elle m'avait aussi beaucoup donné. A la fin, il fallait garder à l'esprit tous ces bons côtés.