Pour une fois, Noa n'était pas derrière ses livres de comptes, ni dans des chiffres que le commun des mortels ne pouvaient réellement comprendre. Mais elle n'avait pas pour autant quitter son bureau. Assise sur le rebord, observant les nouvelles qui passaient à l'écran, un téléphone collé à l'oreille, elle échangeait dans sa langue natale, un échange qui semblait vif, mais plutôt amical quand même. Des affaires de Famille sans doute, elle avait laissé un frère sur place, un homme en qui elle avait toute confiance pour gérer la Sicile. C'était ainsi quand on avait une opération aussi tentaculaire que la sienne, il fallait mettre des femmes et des hommes de confiance un peu partout et s'assurer, toujours, qu'ils n'étaient pas prêts à vous planter un couteau dans le dos, une fois que vous leur laissiez les rênes de l'affaire.
Dans son tailleur fait sur-mesure, la Dona dégageait un charisme discret, mais qui pouvait impressionner. C'était pourtant une attitude plutôt naturelle chez elle, sans qu'elle ne le cherche vraiment. Au fur et à mesure du temps, cela s'était développé sans trop avoir besoin de le travailler. Une chance. Surtout dans son milieu.
Milieu qui n'attendait qu'un pas de travers pour vous engloutir pour de bon. Ce qu'elle savait qu'elle ne ferait jamais. Mais pour cela, il fallait, encore et toujours, s'assurer d'avoir les bonnes personnes dans la poche. Alors qu'elle était donc au téléphone, elle attendait son prochain rendez-vous. Rylee Byrd, flic de Gotham, affiliée à la Strike Team de Jean-Baptiste Lemoine. La Sicilienne avait des liens avec le français, pas amicaux, professionnels. Il assurait la sécurité de ses affaires dans la ville, ramassait les pourcentages, faisait part des dernières informations en date et s'assurait que personne ne venait piquer dans les caisses ou ne tente de faire sauter l'une de ses affaires.
Gotham n'était pas un centre névralgique, car trop de Familles et de trafiquants en tout genre au même endroit, mais De Santis avait quand même décidée d'y mettre une griffe, simplement pour se retrouver un peu partout. Qu'on ne dise pas ensuite qu'elle ait peur d'une place pareille. Lemoine faisait plutôt du bon boulot, ils se voyaient une fois par mois, la dernière fois, il avait été accompagné de son équipière. Si Noa en avait souvent entendu parler, jamais elle ne l'avait réellement croisée, maintenant que chose avait été faite, elle avait décidée de changer d'interlocuteur, pas que Jean-Baptiste lui posait un quelconque problème, elle aimait le côté bourru et francs de cet homme mais... laisser la place à une femme était mieux. Elle avait donc transmis le message au chef de la section d'assaut que la dame était attendue à son bureau pour discuter des termes et conditions de leur arrangement.
Le lieutenant, s'il avait trouvé cela étrange, n'en avait pas moufté un mot et avait donc envoyé Rylee à la rencontre de la Dona. Cette dernière se faisait accueillir au pied de l'immeuble par Gabrielle, la garde du corps personnelle de De Santis, une femme athlétique, aux cheveux blonds coupés cours, un regard bleu profond et dont la peau était marquée de nombreuses traces de brûlures. Personne ou presque ne savait d'où cela venait, mais cela permettait souvent à ce que tout le monde la ferme et reste tranquille en sa présence, elle n'avait pas l'air de rigoler.
- Agent Byrd? Madame de Santis vous attend dans son bureau, je vais vous y accompagnée, après vous avoir fouillée. Bien sûr.
Personne n'échappait à cela, même le plus proche des collaborateurs, parce qu’on n’était jamais trop prudent. Allez savoir ce qui pouvait bien arriver. Une fois la chose faites, on laissait son arme de service à la flic - quand même - pour l'emmener rencontrer la grande cheffe du coin. La montée s'était fait en silence, Gabrielle comme Rylee, n'était clairement pas une grande causeuse. Elle la laissa entrer dans le bureau, seule.
- Ah! Sergent Byrd, je suis ravie de vous voir! Fit alors une Noa qui avait raccrochée au moment où son invitée avait passé le pas de la porte. Elle s'approchait donc d'elle en lui tendant la main. Toujours prête à accueillir avec une certaine chaleur ceux qui pouvaient avoir un intérêt particulier pour elle. J'espère que vous avez fait bon voyage? Lui présentant alors un siège pour qu'elle s'installe. Vous buvez quelque chose? Whisky je parie. Elle avait fait ses recherches, elle connaissait sans doute tout le dossier de cette femme, c'était ainsi qu'elle travaillait. Ne jamais rien laisser au hasard, pouvait être sa devise. Ne vous inquiétez pas, une chambre vous attend, nous en avons sans doute pour quelques heures et je ne voudrais pas que votre patron estime que je vous ai mise en danger en vous renvoyant sur les routes à une heure tardive. Avec un léger sourire.
Sa voix était toujours posée, calme. Il n'y avait aucun emballement. Noa parlait avec une certaine fluidité, comme si son timbre de voix pouvait mettre en confiance en quelques secondes son interlocuteur. Ce qui potentiellement, pouvait être le cas.
C’est en gros l’état d’esprit de Rylee alors qu’elle reçoit les sms de Jb pour lui dire qu’il faut qu’elle aille s’entretenir avec la Dona qu’il protège depuis pas mal d’années. A chacun ses business et franchement là ça la fait chier de devoir prendre en main celui de Jb parce qu’elle a autre chose à faire et qu’elle a aucune envie de partir à l’autre bout du pays pour travailler avec cette femme. Jb s’occupe de ceux à qui faut bien parler et Rylee a les siens, ceux sans prise de tête qui sont souvent bien plus border que les autres mais qu’elle a apprit à connaitre. Elle n’a donc aucune vie de devoir se barrer à Star City pour discuter pendant des heures avec Noa même si la jeune femme n’a rien de désagréable, au contraire il y a plus désagréable à regarder mais ça n’empêche que ça fait pas tout et franchement les jeux de dupe ça la gonfle au plus haut point. Mais bon elle en doit plusieurs à son coéquipier donc elle ne peut pas vraiment dire non. Râler, jurer oui mais dire non c’est pas trop possible parce qu’il est bien la seule personne de son entourage dont elle accepte toujours tout même si ça le fait chier.
Bref ça la fait chier.
Elle se prépare un sac se doutant qu’elle ne pourra pas prendre le dernier vol du soir, fourrant de quoi se changer, des clopes, un peu de fric et voila. Et en plus elle doit prendre l’avion. Non pas qu’elle ait peur en avion mais franchement elle préfère largement conduire sa voiture ou bien sa beauté. Elle part donc du hangar après avoir donné les consignes à Junior de SURTOUT faire gaffe a bien tout fermer parce qu’elle tient à ses engins pendant son absence et va prendre l’avion pour l’autre bout du pays histoire de ne pas mettre deux jours à y aller. A peine décollé qu’elle a atterri et elle prend un taxi pour la conduire là où elle est attendue, saluant rapidement la femme qui vient à sa rencontre, allumant une clope parce qu’il est hors de question qu’elle reste encore quelques heures sans cloper et elle fume tranquillement pendant qu’on vérifie ses affaires et ce qu’elle porte sur elle. Rylee n’est pas du genre à avoir des tonnes d’armes, elle a son arme de service et après on n’est jamais aussi bien servi que par ses poings qui sont les meilleures armes de la flic. Elle finit sa clope tranquillement sans se presser parce qu’elle n’est pas en retard et qu’elle le serait qu’elle s’en moquerait en fait et remet bien son vieux sac kaki style armée sur son épaule. Une fois sa clope écrasée sous sa grosse rangers elle suit la Gabrielle, pas curieuse un brin sur sa gueule un peu refaite parce qu’elle en a vu bien d’autre a Gotham et largement pire.
Elle arrive enfin dans le bureau de la Dona, celle qui gère d’une main de fer les trafics des Etats Unis et d’ailleurs et lui sert la main, sa tenue contrastant beaucoup avec celle de la femme. Si Jb a un style décontracté, Rylee a un style punk grunge qu’elle ne cherche jamais à changer : un pantalon avec pas mal de trous ayant fait la guerre, un tee shirt tout simple et son cuir sur le dos, elle est juste elle-même. « Salut » se contente t’elle de répondre parce qu’elle n’est pas du genre à faire de longues phrases et que franchement cette chaleur lui fait plus hausser un sourcil que vraiment quelque chose. « Long. Comme tout voyage en avion. » Elle peut faire des heures sur sa moto mais a partir du moment où elle n’est pas dessus ça la fait chier. Voila. Elle laisse son sac tomber à ses pieds avant de s’installer sans ôter son cuir. « Whisky oui » Pas très surprise que la Dona le sache elle la laisse la servir avant d’hausser un sourcil à l’inquiétude qu’elle devrait avoir de ne pas pouvoir rentrer parce que franchement elle s’en fout mais bon JB lui a dit parfois que se taire pouvait être bien aussi elle se contente de ne rien dire plutôt que de dire que franchement elle pourrait dormir dans un motel ça ferait pareil. « Je prendrais le premier avion demain ». Tout simplement. Elle boit une gorgée de whisky en passant la main dans ses cheveux décolorés pour les repousser en arrière et pose ses coudes sur ses genoux. « Bon. On commence ? » Tant qu’à faire, elle est pas là pour parler de la pluie et du beau temps après tout.
La poigne de l'agent Byrd était ferme, ce qui démontrait un caractère fort et sans doute plutôt frondeur, indiscipliné aussi? Elle se le demandait. Jean-Baptiste ne s'en était jamais pleins en tous les cas, mais quand elle observait son look vestimentaire, sa façon de parler, de se déplacer, de s'installer, Noa pouvait parier que cette femme devait faire souvent tiquer ceux pour qui elle bossait. La Dona quant à elle, trouvait ça plutôt charmant, voir même plutôt intriguant. Elle se moquait bien qu'on ne soit pas sophistiqué, l'important à ses yeux, c'était les actes et ce qu'on était au fond. L'apparence finalement... elle ne jugeait jamais au premier regard, elle laissait faire, son regard de fauve observait tout, le moindre détail était noté, c'était ainsi qu'elle se faisait une idée de sa ou son interlocutrice.eur.
- Je peux comprendre.
Après tout, elle était la première à faire de long déplacement, en avion, en train, en voiture... qu'importe le moyen de transport finalement. Elle était bien souvent en déplacement. Elle aurait d'ailleurs pu rencontrer Rylee à Gotham, mais elle était curieuse de la voir sortie de son environnement. Voir son adaptation à quelque chose qui lui était plus inconnu. Tout comme le français, elle passerait un test sans trop le savoir. Cette rencontre en était une.
Le whisky était donc servi dans un verre, en Crystal - ça rigolait pas à ce niveau, sans compter que le goût était relevé dans un tel récipient - et le verre, donc, posé devant l'agent, sur la table basse.
De Santis s'installait alors en face, dans un fauteuil elle aussi, évitant de directement retourner à son bureau, pour rendre l'échange un peu moins pompeux. Pas besoin de monter sur ses grands chevaux, surtout qu'elle ne cherchait pas à impressionner Byrd. Elle voulait plutôt la découvrir. Cette dernière, comme elle l'avait imaginée, allait donc droit au but.
- Pas de problème, une voiture vous attendra. Autant prendre soin de ses invités. Un fin sourire se posa sur ses traits, ajustant tranquillement son chemisier, directe, encore. Bien entendu. Je ne suis pas là pour nous faire perdre notre temps. Qui était précieux, pour l'une, comme pour l'autre. Jean-Baptiste vous a-t-il fait un topo de ce qu'il fait pour moi?
Autant savoir de quoi avez parlé les deux flics avant que cette dernière ne la rejoigne ici.
- Soyons honnêtes, je ne tiens pas à vous voir prendre sa place sur le long terme, son travail me donne entière satisfaction. Croisant les jambes, félin tranquille. Ce n'était pas son but de monter les deux flics l'un contre l'autre, juste qu'ils bossent encore un peu plus main dans la main. J'estime pourtant qu'un deuxième interlocuteur pour nos affaires, n'est pas un mal. Et puisqu'il m'a dit le plus grand bien de vous et que votre dossier parle assez pour lui-même, j'aimerai croire que nous pourrions trouver un terrain d'entente. Rassurez-vous, je suis celle qui se déplace le plus en général. La fixant, penchant légèrement la tête sur le côté. Il me suffit d'un rapport mensuel, un travail simple et bien payé. Qu'en pensez-vous?
Enfin, un travail simple... c'était une façon drastique de résumer les choses. Mais comme Noa l'avait dit, elle ne souhaitait pas que Rylee prenne le travail de son chef, juste qu'elle lui fasse part de ce qu'il se passait à Gotham, concernant ses affaires.
- Une sorte de partage des tâches, dirons-nous. Gardant son petit sourire en coin, alors que de son regard de prédateur, elle observait les moindres changements dans les traits de son interlocutrice.
Rylee boit une gorgée de whisky, appréciant la qualité de celui-ci car même si elle a tendance à abuser quand il s’agit d’alcool elle sait aussi apprécier les bons crus et franchement ce n’est pas avec une saveur aussi rare qu’elle va se mettre une murge. Tant qu’à faire elle prend des trucs bas de gamme qui n’ont comme but pour elle que de se mettre mal parce que sinon ça n’a franchement pas aucun intérêt gustatif. Là oui et elle ne cache pas l’apprécier même si son visage reflète rarement beaucoup de sentiments. L’habitude. Elle a envie d’arriver vite au but parce qu’elle n’est pas du genre à faire des ronds de jambe et tourner autour du pot aussi elle rentre directement dans le vif du sujet, se doutant qu’on ne l’a pas appelé pour faire la conversation de toute façon. Ou alors franchement Jb a vraiment très mal décrit sa coéquipière. « Oui. » Jb ne l’aurait pas envoyé ici sans lui expliquer exactement ce qu’il fait pour la Dona. Elle en avait déjà vaguement conscience comme ils ont trop à faire tous les deux pour connaitre exactement tous les arrangements qu’ils font mais ils ont pris le temps d’en discuter avant qu’elle prenne l’avion et elle sait de quoi il retourne, faire attention aux devantures où elle écoule la drogue, récupérer les grosses transactions et faire de temps en temps garde du corps si elle a besoin, le truc qui la ferait chier un max. Elle traite peut être avec des « fous » elle comme les appelle Jb mais au moins elle n’a pas ça à faire pour eux.
Du coup elle ne voit pas pourquoi elle l’appelle sans la présence de Jb mais c’est certainement un test ou alors y’a un truc qu’elle veut que Rylee fasse et pas JB. A voir. Elle ne la quitte pas des yeux en attendant la suite des évènements, elle parle rarement pour rien dire donc elle n’explicite pas ce qu’ils se sont dit comme elle sait bien le travail qu’elle lui refile. Elle ne veut pas qu’elle prenne sa place ça l’arrange parce qu’elle ne compte pas le faire de toute façon. Rylee a une confiance aveugle en JB et lui en elle aussi elle n’a aucun intérêt à faire cela, chacun son business tant que cela n’attire pas de soucis à leur team. Rylee est dubitative cependant à la suite de la conversation. Elle ne veut pas que Rylee prenne la place de Jb mais elle veut qu’elle se mette en doublon avec elle, ce qu’elle ne désire pas forcément, ce sont ses affaires, pas les siennes. « Jb maitrise le travail que vous lui donnez, s’y mettre à deux ne ferait que créer une faiblesse. » se contente t’elle de répondre, démontrant qu’elle connait bien son travail. « Gotham n’est pas une ville immense, chaque quartier à ses règles donc a partir du moment où on est dans la place il vaut mieux éviter d’y rajouter une personne, surtout que mon business peut avoir des conséquences sur le sien et donc le vôtre si je m’en mêle » explique t’elle en buvant une nouvelle gorgée d’alcool, se laissant aller contre le dossier du fauteuil, posant ses bras sur les accoudoirs avec le verre de whisky.
Noa l’observe et elle ne se gêne pas pour faire la même chose avant qu’un petit rictus soulève un coin de ses lèvres, peut être un sourire... « Vous ne m’avez pas fait traversé le pays pour ça, expliquez moi réellement ce que vous voulez, on ira bien plus vite. A moins que vous ayez besoin d’encore un peu de temps pour me tester. » Assène t’elle avec franchise sans la quitter des yeux. Elle sait que tout ça est un test et soit, elle se prête au jeu parce que c’est pour les affaires de JB mais ce n’est pas pour autant qu’elle envie de jouer au chat et la souris longtemps et elle veut savoir ce que le Dona veut exactement. « Ne serait ce pas plutôt les quelques électrons libres de Gotham qui vous intéresse ? Et avoir un nettoyeur qui ne fasse pas officiellement parti de votre organisation. » demande t’elle en pensant à deux familles qui font leur business dans leur coin et qui font concurrence à la Dona. Ce n’est pas grand-chose mais ça lui bloque un certain monopole qu’elle a et envoyer JB serait peut être trop visible alors que Rylee c’est plus facile. Elle ne pense pas qu’elle veuille s’en prendre au Joker ou à l’épouvantail qui ont leur propre drogue et ça l’arrange mais peut être qu’avoir un nettoyeur qui agit en seconde main serait pratique parce que ce n’est pas du tout quelque chose qui gêne vraiment Rylee. Pour ça elle est, et de loin, la moins blanche et la plus proche de dépasser la ligne dans la strike team.
Effectivement, il serait bien dommage que Rylee ne profite pas un peu du whisky qui se trouvait dans son verre. Noa savait que ce n'était pas avec ses économies de flic, même ripoux, qu'elle pourrait se payer une telle bouteille. Alors autant en profiter quand c'était offert, n'est-ce pas? De toutes les façons, Noa ne cherchait que l'excellence et ce, en presque tout. Ses invités, en tous les cas, avaient toujours droit au meilleur, c'était ainsi que l'on prenait soin de ses connexions.
Le français avait donc fait son travail, mettant au parfum son équipière sur ses petites activités pour la Sicilienne. Le contraire aurait finalement été surprenant, Lemoine aimait faire les choses correctement. Voilà pourquoi Noa appréciait de l'avoir dans ses petits papiers. Elle n'avait rien à redire sur lui, ou presque... mais certaines choses devaient rester privées.
Même si son interlocutrice semblait être un mur d'expression, de Santis voyait pourtant dans son regard qu'elle ne semblait pas totalement convaincue par la proposition qu'elle lui faisait. Si l'on y réfléchissait, il était vrai que c'était surprenant de mettre une deuxième personne sur le coup, alors que la première faisait parfaitement bien son travail. Mais parfois... ou alors oui, il y avait des tests à passer avant d'en venir aux faits. Si Jean-Baptiste avait bien brossé le portrait de son équipière, la Dona avait besoin de se faire sa propre idée de la dame. Elle aimait déjà ce côté direct, un peu brut de décoffrage, elle était curieuse aussi de voir les différents talents qu'elle pouvait avoir.
- Et quel est votre business? Se frottant légèrement la lèvre supérieure du doigt.
Difficile de ne pas réveiller la curiosité du félin. Elle voulait en savoir plus sur cette femme, la faire parler était une façon d'arriver à ses fins. Byrd n'était pas quelqu'un de très ouvert, aux dires de son supérieur, mais peut-être que mise un peu plus à l'aise... et puis, pourquoi ne pas en savoir un peu plus sur les membres de cette fameuse Strike Team? Elle aurait pu faire ses recherches elle-même, elle savait même sans doute déjà tout, mais c'était toujours mieux de croiser les informations et s'assurer qu'on avait tout juste.
L'agent prenait ses aises, qu'elle le fasse seulement, plus elle serait à l'aise et plus elles pourront sérieusement échanger toutes les deux. Même si Noa estimait qu'elle ne voulait faire perdre son temps à personne, pour aujourd'hui, elle avait toute la nuit. Un petit air satisfait marquait les traits de la mafieuse, alors que son interlocutrice lui faisait comprendre qu'elle n'était pas dupe. Oui ce n'était qu'un test et il risquait de continuer encore un peu.
Ah voilà, elle lui faisait part de son esprit logique. Chercher le pourquoi de sa convocation ici, pour un entretien. Un besoin d'un nouveau bras armé. C'était une idée oui, mais Noa estimait qu'elle avait déjà quelques tueurs qui faisaient parfaitement leur travail.
- Mmm... je ne prendrai pas le risque d'envoyer un agent de police se salir les mains ainsi, il serait dommage que monsieur Lemoine m'en veuille de vous avoir mise dans une position plus qu'inconfortable. Et pour le coup, elle ne plaisantait pas. Mais vous avez peut-être des connexions qu'il n'a pas, en effet et qui pourraient m'être utile.
Quelqu'un que l'on ne pouvait pas connecter à son organisation était toujours un plus. Ils étaient plusieurs dans ce cas. De Santis ne faisait jamais les choses à moitié, parce que dans son métier, c'était prendre le risque de se retrouver avec la police à sa porte et les menottes aux poignets. Si pour le moment, les flics lui mangeaient plutôt dans la main et qu'elle évitait la prison avec habilité, il ne faudrait qu'un grain de sable pour que tout ne s'écroule et elle ne le souhaitait pas.
- Enfin, seriez-vous vraiment prête à être mon bras armé? Tout en la fixant droit dans les yeux.
Elle était curieuse de voir jusqu'où pouvait aller la détermination de cette femme. Même si elle ne risquait pas de l'utiliser pour cela. Encore une fois, une discussion permettait de voir ce que valait l'autre, même si Noa savait parfaitement où elle allait se finir.
Son business ? La même chose que Jb a peu près mais avec ceux que son chef ne peut pas supporter parce que ça lui passe au dessus à elle mais elle ne va pas lui dire explicitement aussi elle se contente de répondre « La même chose à peu près, je me contente juste d’arranger les affaires de ceux qui ont un caractère qui ne passe pas avec Jb. » En gros les fous. Jb aime bien les gens comme la Dona, qui sont carrés et posés, il ne supporte pas un instant les dingues qui pullulent à Gotham parce que ça l’énerve mais il en faut beaucoup pour énerver Rylee qui n’a pas de soucis a discuter avec eux et leur arranger leur affaire. Bien encore un Joker n’a pas vraiment besoin qu’on veille sur son repaire vu les dingues qui y sont mais un coup de téléphone quand il va y avoir une descente ou ce genre de choses lui permet d’être un peu tranquille et cela fait longtemps que la flic préfère ne pas se prendre la tête avec ce genre de mecs. Vu le nombre de fois qu’ils se retrouvent face à face avec les sections d’assaut, autant avoir un deal avec eux pour qu’ils évitent de tirer sur son équipe quand ils doivent se côtoyer. C’est aussi pour cela qu’elle le fait après tout. Elle sait bien qu’il est impossible de faire confiance à ses gars mais disons qu’elle augmente leur chance de tranquillité et ça lui fait toujours un peu de frics en plus de savoir ce qui se passe un peu partout en ville.
Et parce qu’elle sait un peu tout ce qui se passe de leur côté elle se voit mal seconder Jb dans les affaires de la Dona. Chacun ses affaires et franchement elle préfère largement s’occuper d’autre chose. « Je n’ai pas vraiment besoin de me salir les mains pour les faire tomber, il suffit juste de passer les informations aux bonnes personnes et que vous soyez là pour récupérer les morceaux ensuite ». A Gotham il y a des gangs et des familles qui tiennent tous les quartiers, y’a pas besoin de prendre soi-même une arme pour se débarrasser de quelqu’un, suffit d’une rumeur, d’une arrestation et d’un petit billet pour le voisin de cellule, on trouve toujours comment faire sans que cela soit particulièrement compliqué. C’est ça qui amusant d’une certaine façon, savoir où appuyer pour déclencher toute une cascade d’évènement. Cela fait des années que la police subit ce genre de réaction en cascade mais a force de tout prendre dans la gueule on finit par comprendre comment cela fonctionne. C’est indéniable.
Rylee boit une nouvelle gorgée de whisky et reste silencieuse quelques instants à la question de la Dona, n’ayant pas pour habitude de répondre précipitamment aux questions qu’on lui pose. « Si je peux décider si oui ou non j’effectue les missions, ça peut se faire. » Parce que, faut pas rêver, Rylee a peut être une moralité qui est très basse, elle ne compte pas dire oui sans savoir pourquoi on l’envoie et où on l’envoie. Elle a aussi ses intérêts en jeu et ne va pas se mettre dans une merde noire pour une femme qu’elle connait depuis cinq minutes. « A quoi pensez-vous ? » demande t’elle parce qu’elle aimerait avoir le fin mot de cette conversation et savoir à quoi s’en tenir. Elle a l’impression en ce moment de rencontrer que des femmes qui parlent par énigme ou à demi mots et c’est fatigant. Ca lui fait penser à la jolie voleuse de Gotham qui a bien du changer de répertoire pour avoir ses informations. Elle se demande même plus pourquoi elle parle que très rarement avec des femmes en fait, elles savent jamais être directe comme un mec et c’est chiant. En tout cas, elle, ça la fait chier.
Noa fixait Rylee alors qu'elle l'écoutait avec attention. Ainsi, cette femme prenait quelques risques en dealant avec ceux dont l'équilibre psychologique pouvait être très sérieusement remis en question. La Dona ne savait pas si elle devait estimer qu'elle n'avait pas froid aux yeux ou se trouvait sur une ligne plus dangereuse encore. Jouer avec ce type de feu pouvait finir par brûler et pas qu'un peu.
- Je vois.
Certes, elle ne l'avait pas dit ainsi, mais la sicilienne connaissait bien Lemoine et ce dernier n'avait pas réellement de problème à bosser avec les criminels, à part les vrais psychopathes. Il suffisait ensuite de faire les déductions nécessaires avec les paroles que venaient d'avoir l'agent Byrd, pour comprendre. Est-ce que son chef était au courant de tels liens? Voilà une question qui mériterait d'être posée, mais par l'intéressé. Elle ne se mêlerait pas des affaires des policiers.
Son pied tournait lentement sur lui-même, sur un rythme inaudible, montrant que la dame était en train de peser le pour et le contre de ce qu'elle était en train d'apprendre. Cherchant à voir si cela valait vraiment la peine de l'engager d'une façon ou d'une autre. Peut-être pourrait-elle passer par Jean-Baptiste pour quelques demandes à Rylee, si cela s'avérait vraiment nécessaire.
- Mmmm...
En effet, il en fallait peu parfois, pour déclencher un grand nombre d'événements, mais cela, elle pouvait déjà le faire grâce à d'autres. Bien évidemment, elle se proposait pour appuyer sur la gâchette, puis préférait quand même pouvoir choisir ses cibles. Ah mais ce n'était pas ainsi que les choses se passaient. Avec un léger sourire, Noa défroissait doucement le tissu de son pantalon.
- Je pense que nous allons avoir bien du mal à trouver un accord. Ce qui est dommage. Relevant ses yeux sur son interlocutrice. On ne peut malheureusement pas toujours trouver chaussure à son pied. Sa décision était prise, le test était terminé. Je serai presque navrée de vous avoir fait venir ici pour rien.
Se levant alors pour rejoindre son bureau, elle attrapait un stylo.
- Cela ne change en rien le fait que votre chambre est prête et qu'une voiture vous attendra demain à la première heure pour rentrer chez vous. En attendant, un véhicule est mis à votre disposition au garage pour le reste de la soirée, si vous souhaitez profiter de découvrir un peu la ville. Ce que je vous conseille de faire.
S'étant quelque peu renseignée sur les goûts de l'agent, une moto avait été préparée à son attention. Elle terminait d'apposer sa signature au bas d'un chèque, qu'elle glissait dans une enveloppe. Revenant vers ce qui aurait pu être une relation plus fructueuse, lui tendit l'objet.
- Les clés sont à récupérer à l'accueil. Avec un sourire tranquille. Et ceci est pour vous dédommagez. Les adresses que vous trouverez en plus dans cette enveloppe, sont des endroits où une ardoise est ouverte à votre nom, que nous réglerons, n'hésitez pas.
Même si elles ne pouvaient s'entendre, de Santis terminait de prendre soin de son invitée. Ce n'était pas son genre de jeter les gens à la rue, surtout quand elle les avait fait traverser le pays. Si la discussion s'était déroulée différemment... la soirée aurait sans doute pris une autre tournure. Mais c'était cela aussi, les risques du métier.
- Je ne vous retiens pas plus longtemps, sergent. Lui tendant une main pour la serrer, professionnelle, avant de la laisser quitter son bureau et retourner à ses affaires courantes.
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