Pan de voile tombé devant les yeux fraternels. Les informations trouvées par Catwoman avaient été les dernières pièces. Obtenues la veille au soir sur les toits. Celles qui avaient permis de localiser les hommes identifiés par Byrd. Dont l'un avait été reconnu par Etta Candy la secrétaire de Star City qui avait momentanément hébergé la fugueuse. Oui. Corrélation. Cette triangulation féminine éclairait enfin le chemin vers Isabel. Ils faisaient une avancée significative dans l'enquête. Grâce, une nouvelle fois, aux serveurs du QG Sanders avait trouvé la trace de l'individu. Il avait donc utilisé le numéro de téléphone.
Il avait patiemment attendu son jour de congé. Pour ne pas ajouter une autre absence. Il était déjà au-delà du compte. Jean-Baptiste ne tolérerait plus de retard. A raison. Leur conversation sur le Mojo avait changé le regard du jeune homme. La Strike Team comme refuge temporaire, oui, peut-être. Mais, il devait prendre soin, lui aussi, de ce groupe. Prévenu Rylee et les filles. Ian partait en chasse de ce dénommé Neil. Malgré le numéro pas de trace dans les fichiers de GDP. Intriguant. Mais, l'homme était à Gotham. Et le bleu connaissait maintenant beaucoup mieux les lieux. Il en avait arpenté une bonne partie au cours des nuits sans sommeil.
Méfiance à tous les étages, Ian s'était retrouvé perplexe devant la vérité. Cet homme n'avait pas uniquement accompagné Isabel dans la descente aux Enfers. Non. Il avait voulu aider. Il la recherchait. Première hypothèse : un amant. Ce qui expliquerait qu'il soit obstiné que lui. Quelques soient les raisons le jumeaux voulait les connaître. Il avait laissé l'inconnu choisir les conditions pour une rencontre. Tactique qui permettait d'en savoir un peu plus. Car le mystère qui entourait cet homme ne plaisait pas à Junior. Peut-être bien qu'il était en train d'acquérir cet instinct de flic. Celui dont parle tout le monde. Le bon.
Encore une fois sous couvert. Sanders avait laissé l'attirail du bleu dans son van. Plus simple depuis que Byrd hébergeait. Des questions en moins à se poser. En bon colocataire Ian anticipait au maximum. Pour ne pas perturber les habitudes de la motarde. Suivant en cela les conseils de JB et Marlon. Après tout, ils la connaissaient mieux. Mains fourrées dans les poches de son blouson, Il traversa une rue. Frontière entre deux quartiers de la ville. Le seuil des bas-fonds annonçait la couleur des lieux. De quoi donner envie de regarder par dessus son épaule. De fuir aussi.
Un clocher, plus haut, sonnait les vêpres. La synchro était parfaite. Doucement, les doigts de Ian se refermait sur son téléphone, dans le creux du tissu. Il avait bien failli l'oublier. Il entrait maintenant dans les tripes de Gotham. Son attitude mutait automatiquement. Plus lent, plus ombrageux. Une contamination progressive. Un jeu de mimétisme. Pour survivre l'humain s'adaptait à son son environnement. Ian était fait pour survivre. Non vivre mais survivre. Il retrouvait la rue choisie. Puis gardait ce phare invisible aux autres. Il étudiait attentivement les passants pour voir la misère incrustée dans leurs pores, le vice.
Une démarche retenait l'attention de Junior. Avant de voir le visage il savait. C'était son homme. Son dos quittait le mur s’appuie. Il passait d'une posture de repos à celle du loup prudent. Etta l'avait prévenu. Pourtant leur ressemblance le rendait brusquement confus. Ian s'avançait dans la lumière du lampadaire. Etudiant cet étrange reflet de lui-même. Cet homme avait néanmoins une étrange grâce dans le mouvement.
_ « Neil. Je suis Ian. » Une présentation sommaire. Ce n'était pas pour parler d'eux qu'ils étaient ici. Même si en soi, lui était curieux. « Alors... ? Ma sœur ? Je veux tout savoir. » Derrière le calme, il y avait la détermination. Sanders ne partirait pas avant d'avoir eu toutes ses réponses.
Je suis peut-être né avec un corps tourmenté, truqué comme l'immense montagne; mais un corps dont les obsessions servent.
Nei.an;
Neil est à Gotham depuis peu, suivant une piste qu’il a eut pour retrouver Pearl… Isabel… Il a l’impression qu’elle a fait des tonnes de voyages pour effectuer les missions qu’on lui a demandé mais clairement tout ramène à cette ville glauque, sanglante et dépravée où elle semble à chaque fois avoir eut un point d’ancrage et il se dit que le peu de nouvelles depuis plusieurs mois n’indiquent rien de bon. Elle est certainement utile à quelqu’un mais utile comment ? Neil connait assez bien ce genre de monde pour redouter le pire sachant que les circonstances de leur rencontre laissent déjà à envisager dans quel genre d’autres missions elle s’est trouvée. Tomber entre ses mains, lors d’une soirée spéciale, aurait pu la mener à la mort et à une séance bien pire que la mort comme d’autre avait déjà vécu avec lui mais elle avait eu une chance : ressembler tellement à Pearl que jamais Neil n’a pu envisagé de lui faire du mal même s’ils étaient bien trop observés pour qu’il puisse ne pas agir. Une sombre nuit qui avait agit sur le mental déjà fortement troublé du marionnettiste qui avait développé une obsession pour la jeune femme et décidé de la faire sortir de la sphère infernale dans laquelle elle était tombée mais elle lui avait échappé, chose qu’il n’appréciait pas particulièrement.
Quelques jours auparavant le sms du frère d’Isabel, son jumeau s’il se souvient bien, avait surpris le jeune homme qui n’avait rien contre discuter avec lui, peut être aurait il d’autres informations que les siennes et que cela pourrait les aider à la retrouver. Ce soir là il attend un coup de téléphone d’une connaissance, arpentant les rues en pantalon droit, chemise blanche et grand manteau noir. Un style assez classe parce qu’il sait qu’il peut être appelé à participer à une soirée si jamais la touche se fait. Il arrive pile poile à l’heure ne supportant pas l’avance ou le retard et marche tranquillement dans la rue, un peu décalé dans cet environnement plutôt hostile, faisant se retourner quelques personnes sur son passage et écartant les gens qui risquent de le frôler parce qu’il n’apprécie pas particulièrement le contact quand il ne connait pas, laissant des personnes surprises d’avoir fait un écart sans le vouloir. Bienvenue dans son monde. Il finit par voir une silhouette qui se détache d’un mur et reste surpris aussi de voir leur grande ressemblance mais ce n’est pas si illogique puisque Isabel ressemble à Pearl après tout.
Les mains toujours dans les poches il le salue d’un signe de la tête avant de rajouter « Enchanté » avec une douceur presque irréelle et déplacée dans ce quartier où il lui a donné rendez vous. « Ne sois pas pressé, chaque chose en son temps et j’ai peut être moyen d’avoir un tuyau qui pourrait… » Son téléphone se met à vibrer au même instant aussi il fait signe à Ian de se taire avant de décrocher, la voix de son interlocuteur étant assez forte pour que Ian puisse entendre la conversation que clairement Neil ne cherche pas à cacher. « J’ai trouvé ce que tu m’as demandé. T’avais raison ta copine a participé aux soirées d’Elijah. Y’a quelques semaines elle était à la soirée dans la cathédrale mais rien depuis » « Prochaine soirée ? » « Ce soir. » « Les conditions pour y rentrer ? » L’homme se marre de l’autre côté. « T’as besoin de rien toi, suffit que je dise que tu es dans le coin et on va t’inviter t’inquiètes. » « Le style ? » « SM certainement c’est ce qu’il préfère. La douleur, la perte de contrôle et tout ce qui est dans ce genre. Enfin tu t’y connais mieux que moi » « Je vois » « Je passe le mot que t’es dans le coin et ça va le faire. Tu m’en dois une » « Je m’en souviendrais ». Le mec raccroche à l’autre bout.
Le téléphone toujours à la main Neil reste dans ses pensées quelques instants avant de se souvenir que Ian est à ses côtés. « Pearl… » Il se reprend rapidement « …Isabel s’est mise dans les emmerdes jusqu’au cou mais on aura peut être des news plus fraiches ce soir. Je ne te demande pas de venir, je vais m’en débrouiller. T’as quoi comme infos toi ? » Fait-il en ayant bien sûr pas répondu aux premières questions de Ian parce qu’il n’a pas forcément envie d’expliquer comment il a rencontré Isabel et aussi parce qu’il juge que ce n’est vraiment pas le plus important. Ce sera à Isabel de voir si elle veut lui expliquer ou pas mais franchement pas à lui de le faire. Il observe quelques instants Ian de plus près avant de sourire légèrement, c’est fou comme il lui ressemble, c’est amusant…
De son côté Sanders s'était gardé du grand jeu. Il avait seulement opté pour une chemise basique et un jeans noir. Ce qui ferait l'affaire. Puisqu'il n'avait rien d'autre en stock. Costume au placard. Avec toutes ces tenues mondaines. Elles appartenaient à une autre époque et un autre lieu. A son autre monde. Celui du girond familial, soirées cocktails, cristal, violons. Cela avait été une partie de son univers. Mais, Ian avait fait sa révérence. Quittant le navire en nacre indien au plus jeune des âges.
_ « A vrai dire, si le temps presse. Ça fait un peu quatre ans que je n'ai pas de nouvelles d'elle. Donc je suis navré, mais je vais au plus pressé. » Le plus pressé, c'était lui bien entendu. Isa n’avait peut-être même plus conscience que des gens l'attendait. L'espérait.
Coup de téléphone. Ian se rapprochait pour mieux entendre. Une voix d'homme à l'âge indéterminé. La familiarité de celui qui se reconnaît. La teneur... Ça la teneur avait de quoi hérissé sa nuque. Mais, il marquait son sang froid. Faire des conjonctures avant d'avoir le reste des informations ne l'aiderait pas. Au contraire cela embrouillait les schémas.
_ « Venir où ? Si je viens... je ne te laisse pas faire le truc seul. On parle de ma sœur. Je veux suivre le truc. » Les yeux étaient alors deux flammes bleues-gris. Pareilles aux pupilles d'Isabel avant une colère. Noires. On ne l'écarterait pas. Personne. « C'est qui cette Pearl ? » Etta avait également évoqué ce prénom.
Pas de hasard possible. Il concerne quelqu'un d'important pour cet homme. Qui cela ? S'il y avait confusion sur la personne autant le savoir maintenant. Sanders s'armait d'une patience qu'il n'était plus sûr d'avoir. Les dernières semaines avaient été rudes pour lui. Mentalement et physiquement. Son sommeil n'avait jamais été aussi déréglé. Sans parler des cauchemars nocturnes. Levant hantait toutes ses nuits.
_ « A toi de me dire d'abord. » Prudence était la mère de la sûreté. Pour l'instant Junior n'avait aucune preuve. Aucune preuve que cet inconnu était un allié. Isa avait trempé dans des milieux trop dissonants. Son frère ne ferait pas la même erreur qu'elle. Prudence à tous les étages. « Comment tu as connu Isabel ? »
Commencer par le commencement. D'abord il y avait le verbe. Puis, l'action.
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