Et mer...... Ahhh les journées pourries, qui ne s'arrêtent jamais quand elles devraient... C'était un peu la rengaine journalière que se faisait le flic, alors qu'il avait passé son blouson pour rentrer chez lui après un interrogatoire un poil harassant. Le mec avait tenu douze heures, avant de finir par craquer. Ils ne l'avaient pas lâchés une seule seconde, lui laissant parfois quelques pauses, juste pour lui faire croire qu'il maîtrisait, se relayant sans cesse, piquant des turbos-siestes sur le canapé pourri du QG, bref, de quoi avoir quelques cernes plus qu'intéressantes sous les yeux et l'envie sérieuse de rentrer se coucher pour faire un tour d'horloge afin de récupérer. Il se frottait la barbe avec une légère moue, se disant que parfois, il se faisait trop vieux pour ces conneries. De son pas lourd, il martelait les trottoirs de Gotham sans trop se préoccuper de la vie autour de lui, les mains dans les poches, il démontrait une hostilité certaine à quiconque se permettrait de l'approcher.
Malgré le danger de la ville et du quartier qu'il était en train de traverser, JB appréciait de faire le plus souvent les trajets à pied. Cela permettait de se vider un peu la tête et de profiter de l'air ambiant, en espérant ne pas tomber au mauvais moment, au mauvais endroit. Il le savait, c'était bien trop demandé. Après, c'était à lui de savoir s'il voulait se mêler des affaires des truands du coin, ou pas...
Une grande partie préférait l'éviter, sachant que ce flic n'avait pas peur de vous casser le nez, voire pire, si la situation l'exigeait ou s'il en avait un peu ras-le-bol de vous entendre geindre. La douceur et le français ne faisait clairement pas bon ménage, en-dehors d'une intimité propre, que très peu connaissaient au final. Des bruits attirèrent son attention, son instinct de flic lui disait déjà qu'il vaudrait mieux ne pas se mêler de la suite, mais difficile de faire abstraction des deux comiques qui détroussaient quelqu'un dans l'allée la plus malfamée de la ville. Soupirant légèrement, mais se disant qu'il serait mal venu qu'il retrouve le cadavre demain s'il n'agissait pas
Une chose qu'il avait apprise depuis longtemps par ici, c'était bien le fait qu'il ne sortait jamais sans son flingue. Déjà parce que c'était plus simple pour se défendre, ensuite parce qu'il n'était pas copains avec tous les truands de cette foutue ville et que certains seraient ravis de le foutre dans une caisse en sapin et pour finir, il pouvait ainsi intervenir quand il tombait sur une situation... difficile. Arme au poing, il avançait à pas de loup des gaillards, autant les prendre par surprise, ils étaient plus nombreux.
A la faible lueur des lampadaires, il se rendait compte que ce n'était pas une autre petite frappe qui était en train de se faire tabasser à tabac, mais un mec en costard, cravate. Le genre de type qui serait bien loin de bosser dans le coin, mais qui viendrait des quartiers plus riches... autant dire que plus il s'avançait, plus il sentait qu'il mettait le doigt dans un truc qu’il ne fallait pas. C'était trop tard pour y réfléchir maintenant, le français avait décidé de s'interposer, il irait jusqu'au bout...
Pointant la tête d'un des agresseurs de son canon, il parla d'une voix forte, audible et suffisamment menaçante pour que cela surprenne et calme les mecs le plus rapidement possibles.
- Police! Mains en l'air! Faites pas les mariolles et c'pas ce soir qu'on repeindra les murs de votre cervelle.
Autant dire qu'il était bien loin de balancer des paroles en l'air pour la frime. Si les gus faisaient les cons, il était tout à fait capable de les abattre sur place. Et même Gordon n'aurait rien à dire, légitime défense et protection d'un civil. Il faisait ce qui était écrit sur son badge "Protect&Serve".
Sauf qu'en parlant de mariolle, le lieutenant ne savait pas encore qu'il était bien plus proche des clowns qu'il ne l'aurait souhaité. Ce fût en s'approchant avec méfiance des mecs qu'il avait arrêtés en plein tabassage, qu'il se rendit compte de leurs gueules maquillés.
- Merde... murmura-t-il entre ses dents.
Ce gang-là... se déplaçait toujours en bande et il n'avait pas vu le reste de l'équipe.
- Bougez pas. Grognait-il, c'était clairement pas le moment de paniquer. A genoux! Plus simple pour les maîtriser, surtout qu'il n'avait qu'une paire de menotte sur lui. Le mieux serait donc d'en assommer un, de menotter l'autre, d'appeler les copains et de les laisser bosser?
- Ça va monsieur? Tenta-t-il, ou alors prendre le mec sur son épaule et se barrer, gardant la menace du flingue sur eux... Ouais, ça semblait être le meilleur plan...
Pourquoi est-ce que Lemoine avait un tel mauvais pressentiment alors?
C'est l'histoire d'un petit flic qui rencontre un sinistre clown
Trop longtemps dans l'ombre. Trop longtemps trahi par ceux qui furent autrefois ses alliés. Trop de monde voulant le tuer. Mais personne n'aura jamais la peau du Joker. S'il advenait que sa vie prenne fin, c'est parce qu'il l'aura décidé et d'une façon ou d'une autre, cela sera de la main de son éternel ennemi, Batounet. Et la boucle sera enfin bouclée. Mais pour le moment, le plus redoutable des criminels de Gotham éprouvait la satisfaction de voir son gang grandir, peu à peu. Le Joker n'est pas vraiment quelqu'un qui s'encombre d'alliés en général et d'amis en particulier. Il finit toujours par les descendre de toute façon, en prise à ce côté que trop solitaire, qui ne doit rien à personne et qui se sert de tout le monde, comme s'il s'agissait de ses pions. C'est sans doute ce qui fait sa réputation et sa dangerosité. On ne peut croire qu'en se joignant à lui, la partie est gagnée d'avance parce que le clown foutrement intelligent se trouve être le patron. Pourtant, cette fois, ce n'était pas des petits rigolos et autres raclures de caniveaux, qui commençaient à le rejoindre, mais des personnes fortes intéressantes. De quoi fermer le bec à tous ces abrutis de pseudos justiciers qui ont oublié qu'un slip se mettait sous le froc et non inversement. Ou encore ces greluches qui les accompagnent et s'imaginent que parce qu'elles possèdent quelques pouvoirs, elles pourraient venir à bout de toute la pègre du monde. Ils sous-estiment tellement les humains et leur intelligence que ça les perdra. Luthor n'est qu'un simple humain – en plus il n'a même pas un seul vrai poil sur le caillou – et il parvint à tenir tête à Superman, comme quoi, le Joker n'a absolument rien à craindre. Oui, le prince du crime de Gotham se trouve amplement plus intelligent que Lexou... et certainement moins rancunier aussi. Il reste sûr que le milliardaire lui en veut toujours un peu d'avoir fait irruption à sa soirée de richissimes emmerdeurs ennuyeux à mourir. Et en parlant de milliardaire ennuyeux, le gang se devait, justement, de rendre visite à l'un d'entre eux. Un petit courtier en assurance qui a fait fortune sur son dos. Enfin, à la base, il s'était allié au Joker pour une broutille, mais il a tenté de le piéger pour le compte d'un autre. Probablement pour le compte de cet imbécile de pingouin. Mais quoiqu'il en soit, il n'allait pas s'en sortir si facilement.
Le criminel à la blague douteuse lui avait imaginé de nombreuses morts. L'une d'elles par le venin du Joker. Une autre par l'intervention de la drogue de Vertigo, il lui doit bien ça après tout. Il pourrait aussi se rappeler aux bons souvenirs de ce cher Victor et ainsi offrir un cercueil de glace à ce misérable courtier. Mais l'idée de le chopper et de lui coller une raclée était tellement bien plus tentante que tout le reste. Enfin, le reste aurait lieu, tôt ou tard, mais peut-être pas tout à la fois...quoique. Les hommes de mains du clown avaient été chargés de le retrouver pour l'enlever, mais le mec en costard les avait senti venir. Avec ses godasses hors de prix, il s'était même retrouvé à cavaler comme un petit lapin apeuré dans les rues de Gotham.
« Il est passé par-ici...il repassera par-là. »
D'une humeur presque joviale, le Joker se trouvait encore à bord de la camionnette, quand la plupart de ses hommes étaient descendus pour coller au train du lièvre foutrement mal sapé. Wayne n'a qu'à bien se tenir, le courtier lui a certainement piqué ses fringues, ou bien ils ont aussi peu de goût l'un que l'autre. On ne peut pas en vouloir au gros riche du coin. Tous les gosses qu'il a adopté et nommé Robin, sont chacun d'eux, une preuve qu'il a plus d'une case en moins.
Sorti de ses pensées par le vibreur de son portable, le chef de gang venait d'apprendre une excellente nouvelle. Deux de ses gars avaient retrouvé le fuyard. Évidemment, il leur suggéra de lui refaire une beauté à leur façon, le temps qu'il arrive sur les lieux. Le mec s'était sauvé dans la direction des quartiers les plus pourris de la ville. S'il ne s'était pas fait rattraper par le gang du Joker, il y a fort à parier qu'il se serait fait racketter par des petites frappes du coin. Armé d'un fusil à pompe fraîchement récupéré dans les caisses flambantes neuves du pingouin, le criminel avançait tranquillement dans la rue. Ses hommes se déployaient un peu partout, comme à leur habitude, sans qu'il n'ait à le leur dire. Une sorte de cohésion d'équipe comme il y en a peu. Une équipe à la durée de vie plus qu'éphémère, surtout connaissant leur chef, mais tout de même.
« Tien, tien, tien. Un poulet égaré. »
Le bruit de son chargeur retentit, alors qu'il braqua déjà son fusil en direction du petit flic.
« Gordon devrait arrêter de se débarrasser de ses poubelles dans le coin, on va finir par croire que c'est un vrai dépotoir ici. »
Bon ok, c'est dégueulasse un peu partout, la ruelle semble poisseuse et l'odeur en est presque insoutenable, d'autant que maintenant elle se retrouve mélangée à celle bien plus acre du sang. Sous son maquillage, le sourire du Joker était tout à fait visible, s'amusant déjà de cette situation. Il ne se serait pas imaginé rencontrer ce flic en cette soirée. Deux pour le prix de un, c'était le gros lot, presque. Le vrai gros lot serait qu'un rat volant vienne se viander contre le mur.
« Ça fait un bail. Je croyais que tu faisais la circulation...mais je suis content de voir que tu ne faisais que te planquer. Ça colle bien mieux au personnage. »
Mais la situation ne prêtait pas à rire. Il n'y avait vraiment rien de drôle là-dedans et le clown perdit aussitôt son sourire. Il ne compte pas foirer son plan pour un pauvre petit flic. Il n'y a que Batounet qui soit capable de l'emmerder de cette façon. Une détonation se fit entendre. Elle émanait évidemment du fusil à pompe du réputé criminel, pour venir se loger dans la tête de monsieur costard, faisant exploser une partie de son crâne au passage.
Et mer...... Évidemment, bien évidemment que cela lui tombait sur le coin de la gueule. Le karma dirait certains. Vu qu'il cherchait la merde, fallait bien que ça lui revienne dessus un jour ou l'autre. Et franchement, qui serait ravi d'être à sa place? Personne... se retrouver face au Joker, y avait sans doute rien de pire dans cette ville pourrie... les petits malfrats avec leurs flingues, il s'en foutait, il les mettait au tapis en moins de temps qu'il ne fallait pour l'écrire. Mais ce taré-là? Il préférait l'éviter... c'était ces saloperies qui rongeaient la ville et qui étaient de sorties à cause de l'autre taré en costume de chauve-souris... qui ne connaissait pas l'amour fou qui liait le Joker à Batman? Aucun des flics portant le badge du GCPD pour sûr.
Il l'avait senti que quelque chose allait mal tourner, il aurait dû le parier. Il aurait dû faire demi-tour en voyant que c'était des mecs du Joker... mais non, fallait qu'il joue au hé... au con surtout. Une moue marqua ses traits lorsqu'il reconnut la voix qui venait vers lui. Ces deux-là ne se croisaient pas tous les jours, mais ils se connaissaient. JB s'était retrouvé parfois à faire partie des flics qui fonçaient dans le tas pour aider Batman à arrêter ce malade, quand il ne pouvait pas le faire tout seul.
Vif comme un chat, son arme se braquait sur le danger le plus proche, à savoir le clown muni d'un fusil à pompe... super... autant dire que vu l'étroitesse de l'endroit, il ferait mouche avec une facilité déconcertante et lui avec son petit calibre, devra être aussi précis que la Mort pour tenter de le mettre hors d'état de nuire. Heureusement qu'il n'avait rien perdu de ses années en tant que tireur d'élite.
- Va te faire foutre, Joker! Cracha-t-il sans une once d'inquiétude dans la voix.
Que le criminel l'insulte n'était pas une première, ni la dernière fois que cela lui arriverait. Il s'en moquait pas mal de ce qu'il pensait de lui, en fait. Et ce dernier pouvait parler, mais les planqués n'étaient pas ceux qu'il insultait. Les grands méchants avaient un peu tous disparus de la circulation pendant que le Syndicat du Crime faisait ses petites affaires, à croire que les plus braves n'étaient pas de l'autre côté de la loi.
Évidement que le clown ne riait pas. Son maquillage représentait parfaitement la peur que tout gamin pouvait avoir de tel personnage... il ne donnait pas envie de rire, encore moins quand il arrêtait de sourire. JB savait que tout allait mal tourner et très vite... le canon du fusil à pompe déviait de sa personne pour se poser sur l'homme à terre et sans attendre le criminel lui faisait sauter la cervelle. Du sang, des os et sans doute un peu de matière grise venaient s'écraser sur son blouson.
- Putain!
Les deux hommes qu'il avait tenu en joug jusqu'à l'arrivée du grand chef s'étaient redressés entre temps, puisqu'ils n'étaient plus sous la menace de l'arme du flic et s'approchèrent dangereusement de lui pour, sans aucun doute, le désarmer et le mettre plus facilement entre les griffes du grand boss.
Ce que Lemoine n'était clairement pas prêt d'accepter, se décalant alors rapidement pour avoir les trois gus dans sa ligne de mire, reculant lentement.
- Hep hep... on bouge pas! Joker t'es gentil, tu poses ton arme maintenant... et tu la fais glissée jusqu'à moi.... il avait tiré un coup, il devait lui en rester six, s'il n'avait pas utilisé son arme entre deux, autant dire que le lieutenant n'avait aucun ascendant sur eux. Pourtant le français tenait à repartir en vie et en un morceau, quitte à loger une balle dans le crâne du plus dangereux du trio... et tant pis pour ce que la chauve-souris dirait. Qu'on se quitte en bons copains.
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