Janvier 2006 ♦ Dans une ruelle de Gotham CityLa nuit est glaciale et le vent souffle fort. Il est rare que je termine mon internat de nuit. Mais cette journée au Gotham Grand Hospital a été comme bien trop souvent riche en sensations. On peut se demander comment on continue à être infirmière quand on a des journées comme celle-ci. Où quand un fou furieux décide de percuter un bus scolaire rempli d’enfants âgés de cinq à onze ans, avant de sortir une carabine et de tirer à vue. Tout cela, dans le seul but de donner la mort. Merde… Ce ne sont que des gosses ! Devant l’hôpital, alors qu’une ambulance amène une jeune femme qui vient de se faire poignarder, je me demande pourquoi mes parents, Meredith et Peter Wellington, on eut un jour l’idée aberrante de quitter Londres pour Gotham ?
Gotham ! Gotham City, ville du vice et du péché. Il n’est pas possible de faire un pas dans la rue sans se faire agresser d’une quelconque façon. Comment peut-on aimer une ville aussi funeste ? Alors que la femme sur son brancard commence à perdre conscience et que mes collègues des urgences s’agitent, je décide qu’il est temps de me casser d’ici. J’arrivais au terme de mon internat et dans quelques semaines, je pourrais faire mes vœux. New York était une ville plus paisible disait-on ! Et les rares fois où j’y avais été, j’avais eu à reconnaitre que l’ambiance semblait moins hostile. C’est cette ville qui allait être mon premier choix. J’avais toute mes chances d’y avoir une place, n’étais-je pas arrivé major de ma promotion ? L’administration hospitalière ne pourrait pas me faire un refus ! Premier arrivée, premier servi !
Prenant la direction de mon appartement, je m’allume une cigarette. J’ai peu de vice dans ma vie, mais la clope est le parfait tranquillisant. Je suis diabétique par conséquent je ne peux ni boire ni manger ce que je veux. Il fallait bien que je trouve une solution de secours pour survivre dans cet environnement de fou. J’ai quinze minutes de marche à faire pour rentrer chez moi, mais ce quartier est un véritable coupe-gorge et ces quelques minutes peuvent sembler bien longues pour une femme.
Sur les derniers mois de sa vie, mon père avait pris l’habitude de toujours avoir un petit calibre de cacher dans sa besace. Ainsi si un soir un jeune voyou décidait de lui demander ce qu’il cachait dans son sac, Peter Wellington n’avait qu’à lui montrer son pistolet chargé pour qu’on le laisse tranquille. Mais cela n’avait pas suffi à lui sauver la vie. Non ce n’est pas la ville et ses gangs qui avaient eu raison de sa vie, ce fut le cancer. Le cancer qu’il avait développé à force de brasser les produits chimiques à ACME. Il tua mon père aussi vite qu’il était arrivé, en quelques semaines, il était décédé. Ma mère eue du mal à s’en remettre. Sans mon père, elle se retrouvait seule avec une jeune adolescente. Mon père n’avait pourtant jamais eu la nécessité de travailler, car ma mère gagnait extrêmement bien sa vie dans la finance. Mais que voulez-vous ? Son orgueil de mâle avait eu raison de sa situation confortable et il avait ressenti le besoin de trouver un job. S’il avait su se conduire raisonnablement, alors il aurait peut-être été encore de ce monde.
Je tourne dans une ruelle et la lumière se fait plus discrète. Deux hommes noirs m’analysent comme si j’étais un morceau de viande cuit à point, prêt à être manger. Avant même qu’ils n’ouvrent la bouche, je leur jette un regard si noir que possible et prend l’air le plus menaçant qu’il m’est possible d’avoir. Sans un mot, ils me montrent leur main en signe de reddition avant de faire comme si il ne m’avait jamais vu. C’est ça, Gotham, on ne sait jamais si le loup est un agneau ou si l’agneau est un loup. Par conséquent, si vous savez vous montrer suffisamment confiant, même les plus grands malfrats vont avoir un doute et décider de vous foutre la paix. Les apparences étaient trompeuses à Gotham. Avoir pris des cours de théâtre ne m’avait pas été inutile finalement.
Nouvelle ruelle et la lumière est désormais absente. Je tiens mon sac bien contre moi. On pourrait se demander pourquoi je n’avais pas pris un autre chemin, plus éclairé ? Tout simplement, parce qu’il n’y en avait pas ! Le silence est de marbre et l’on entend que les sirènes de police et le bruit des moteurs des véhicules au loin. Pas de bruit, pas de soucis ! Mais entre deux bennes remplies d’ordures, je vois quelque chose bouger. Je ressers mon emprise sur mon sac. Je sais faire des yeux noirs à quelques branleurs, mais je ne peux pas me battre contre ce que je ne vois pas. J’aurais pu me mettre à courir et penser à ma sécurité. Pendant un temps, la ruelle abritait un sans-abri. Un ancien militaire, un marine, je crois. Il n’était pas méchant et il m’était arrivé de lui apporter à manger où un café chaud certains matins. J’avais l’impression que cette ruelle était plus sure avec lui. Mais du jour au lendemain, il avait disparu. Approchant, je comprends très vite qu’il ne s’agit pas du marine.
Un homme se tient entre ces deux bennes. Les mains puissamment appuyées sur une plaie sanglante au niveau de son bas-ventre. Encore une victime de la psychopathie croissante de Gotham. Son souffle est court et il saigne abondamment. Pour faire claire et j’en ai aucun doute, il se meurt. Je m’approche pour prendre son pouls. Il bat lentement beaucoup trop lentement. Son visage est dissimulé sous un masque blanc. Il doit être un de ces fous furieux qui court sur les toits de la ville pour combattre le crime au sol. Un héros. J’enlève ma veste, un beau trench beige qui allait être bon à jeter après ça, et le colle sur la blessure de l’homme aussi fortement qu’il m’est possible d’une main. De l’autre, j’essaye maladroitement de fouiller mon sac pour trouver mon téléphone portable. Alors que je composais le numéro des urgences, l’homme me saisit la main. Je ne vois pas son visage derrière ce masque.
Pas les flics ! Murmura-t-il dans un son à peine audible.
Pas de flics ? Ca supposait qu’il ne voulait pas aller dans un hôpital non plus. Quand on porte un masque comme celui qu’il avait, c’est que l’on ne voulait pas être reconnu. Enfin supposais-je ! Je n’étais pas un héros, je n’étais qu’une femme normale qui venait de survivre à une journée pénible et maintenant je me retrouvais dans un fin fond de ruelle avec un homme pissant le sang sur les bras. Dans un souffle de désespoir, je pris mon écharpe, un cachemire bleu, un cadeau de ma mère, et vint l’enrouler autour du corps de l’homme avant de la nouer et de serrer le plus fort que je pouvais.
D’accord, pas de flic ! Mais va falloir s’accrocher ! Si vous voulez vivre, il va falloir vous relever. Je suis infirmière, je peux vous aider, mais pas ici !Qu’aurais été la suite de ma vie, si je n’avais pas rencontré en cet étrange nuit, l’homme qui allait devenir mon époux et le père de mon fils ?
Mars 2006 ♦ Appartement de Susan Wellington, Gotham CityTu vas venir frapper à ma porte que quand tu as besoin d’être rafistolé ou il t’arrives temps en temps de penser à moi autrement que comme ton infirmière de fortune? Demandais-je avec un ton mielleux à un Floyd Lawton blessé, qui avait encore sonné chez moi en plein milieu de la nuit pour que je lui prodigue quelques points de sutures.
Floyd, l’homme à moitié mort que j’avais trouvé dans cette sombre ruelle un an plus tôt. Il avait tout fait pour me persuader de rester loin de lui, mais il était toujours revenu à moi. Le jour où je l’avais trouvé, je n’avais pensé à lui que comme une victime, un homme qui avait besoin de mon aide pour vivre. Ce n’était plus le cas aujourd’hui !
Ses cheveux en bataille, sa barbe de trois jours et ce regard si bleu à vous en transpercer le cœur. Comment était-il possible de voir cet homme comme un tueur quand on plongeait dans cet océan azuré ? Et ses traits si fins, si allongés, qui n’avaient rien de la rudesse des criminels que j’avais pu croiser dans ma vie ? Je détachais mon regard à la contemplation de son visage pour me concentrer sur les points de suture que je pratiquais sur son bras gauche. Tout comme la première fois où je l’avais vu, je n’avais pas compris qu’il soit nécessaire de dissimuler quelqu’un de si séduisant. Un héros avec de tel traits auraient fait chavirer le cœur de toutes les adolescentes de Gotham. Mais Floyd n’était pas un héros ! Dès les premières heures de son réveil, au premier jour, il avait exprimé le fait qu’il n’était pas un homme bien. Car l’homme dont je ne cessais de rêver les contours étaient le plus grand tueur à gages du monde. Deadshot, l’homme qui ne manquait jamais son coup. Cette nuit-là, dans cette ruelle, j’avais décidé de sauver la vie d’un meurtrier !
Je mis un terme à ma couture en sectionnant le fil avec des ciseaux. La bouteille d’alcool de vodka qui m’avait servi d’anesthésiant pour la plaie étaient resté sur une petite table entre nous deux. Son verre était vide. Boire aidait à supporter ces opérations occasionnelles. Je remis tout mon attirail dans la boite de métal que j’avais pris l’habitude de ranger près de la porte d’entrée pour ne pas avoir à la chercher en cas de visites impromptues. Je revins vers Floyd assis sur la chaise de la cuisine, essayant le sang qui avait séché autour de la plaie. J’étais peu vêtue. Quand on vous réveillait à quatre heures du matin, on prenait rarement le temps de se vêtir plus que nécessaire. Ses visites avaient tués plus d’un de mes vêtements. Mais pour une fois, je n’avais pas à déplorer la trace d’hémoglobine sur mon ensemble short et t-shirt en satin bleu roi. En arrivant à sa portée, je m’arrêtais. Il ne semblait même plus capter ma présence après que je l’ai recousu. C’était presque… vexant ! Cet homme blessé non seulement physiquement, mais aussi psychologiquement. J’étais infirmière pas psychologue. Mais j’avais de bonnes notions de ce qui pouvait aider un homme à se sentir mieux dans sa tête. A oublier pendant quelques heures les maux invisibles qui jonchaient un esprit.
Je repris ma marche et vint me poser juste devant lui. Son regard glissa sur mon corps jusqu’à mon visage. Je lui souriais. Je pris ses mains dans les miennes pour ensuite venir les poser sur mes hanches. Je me laissais alors glisser pour venir m’asseoir sur ses jambes. Sans un mot, sans autre action, je vins délicatement l’embrasser.
Après tout, n’est-ce pas à cause de lui, que j’ai finalement refusé d’aller à New-York ?
Janvier 2007 ♦ Appartement de Susan Wellington, Gotham CityJe suis perdue. Le monde tourne autour de moi et je ne comprends pas vraiment ce qui m’arrive. Une pauvre analyse sanguine et mon monde part à la dérive. Comment cela est-il possible ? Lilian, ma collègue, me regarde avec un grand sourire. Mais je suis terrifiée. Ce n’est tout simplement pas possible ! Je ne peux pas être enceinte ! Ma pression artérielle monte, ça continue de tourner autour de moi et je m’évanouis. Je me réveille sur un lit d’hôpital en pensant que tout cela n’était qu’un mauvais rêve ! Mais quand le médecin m’expose les faits, j’ai une forte envie de nausée. Quatre mois. Je suis enceinte de quatre mois et je n’ai rien vu, rien senti. C’était là en moi et ça a grandi ! Mais ce n’est pas possible, je ne peux pas avoir cet enfant. Je ne peux pas avoir un enfant d’un homme qui apparait sporadiquement chez moi. Je ne peux pas voir un enfant avec Floyd Lawton.
Les jours passent et je suis perdue. J’ai demandé un congé car j’ai besoin de faire un point. Des amies viennent me rendre visite et elles semblent beaucoup plus comblée que je ne le suis. Je ne doute pas de mon amour pour l’homme avec qui j’ai conçu ce fœtus. Je ne doute pas de son amour pour moi non plus. Mais sa vie est si compliquée. Et qu’elle serait notre place, à l’enfant et à moi de cet environnement ? Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas quoi prendre comme décision. J’ai besoin d’aide. J’ai besoin de son aide.
Les nuits passent et la moitié du mois est passée. Il fait sombre dehors, mais un bruit étrange me réveille. Quand j’ouvre enfin les yeux, je vois une silhouette familière se dessiner entre les ombres de mon appartement. Il est revenu. Il est vivant et il a retrouvé le chemin. Il voit que je suis réveillé. Il vient vers moi et passe sa main dans mes cheveux avant de m’embrasser. Mais je me montre distante. Il est enfin ici.
Ca va ? Me demande-t-il en arquant les sourcils. Sans un mot, je prends un courrier sur ma table de chevet. J’avais laissé les résultats médicaux à ma portée en vue de cet instant.
Alors que Floyd lit le courrier, son visage change. Ses traits se lissent. Son regard s’agrandit. Jamais jusqu’à ce moment, je n’avais vu le bonheur se dessiner sur ce beau visage. Il me prend dans ses bras. Me susurre de doux mots. Et les mots magiques finissent par s’échapper d’entre ces lèvres.
Epouse-moi ?Octobre 2007 ♦ Appartement de Susan, Floyd et Eddie Lawton, Gotham CityMon petit Edward est né le 16 Juin 2007, appelé ainsi en mémoire du frère de Floyd. Il a les mêmes yeux bleus azur que son père. C’est un bébé magnifique. Nous nous sommes mariés en février, avant que mon ventre ne soit trop rond pour gâcher nos photos de mariage. Ma mère est aux anges. Ce sont les plus beaux mois de ma vie.
Mais le bonheur ne dure qu’un temps. Le mois dernier, un beau matin, je me suis réveillé en entendant les pleurs d’Eddie. Seuls dans la maison, mais cela ne me surprend pas. Je prends mon fils dans mes bras et lui souris. Je le berce tendrement en lui entonnant la douce mélodie d’une berceuse. Il se rendort dans mes bras, son pouce entre les lèvres. Je le repose délicatement dans son lit avant d’éteindre les lumières de la chambre.
Je me dirige vers la cuisine pour prendre un verre d’eau. Mais il y a sur la table une lettre avec mon nom écrit dessus. Le bonheur n’aura duré qu’un temps ! A la lecture de ces quelques mots, je m’effondre sur la table. Joint à la lettre de Floyd, il y a les papiers d’un cabinet d’avocat pour une demande de divorce. Il nous abandonne. Sa femme. Son fils. Ses manigances semblent avoir plus d’importance que son foyer. Je suis folle de rage. Je prends mon verre et le jette contre le mur. Le bruit fracassant de l’impact réveille Eddie. Je me précipite dans la chambre de mon fils qui sous la peur, pleure toute les larmes de son corps. Je le prends dans mes bras et le sers de toutes mes forces contre mon torse. Je pleure moi aussi, mais tente maladroitement de calmer le nourrisson. Sous le coup de la tristesse, je m’effondre au sol, mon fils toujours dans mes bras. Dans un coin de la chambre d’enfant, l’un dans les bras de l’autre, nous pleurons !
Quelques jours plus tard alors que je viens d’emballer nos affaires, je pose une dernière fois devant l’enveloppe laissé par Floyd. Un stylo dans la main, je signe les papiers ! Les déménageurs passent derrière moi pour déplacer nos affaires dans le camion au rez-de-chaussée. Floyd ne reviendra pas. Il n’avait pas besoin de m’écrire pour que je le sache au plus profond de moi-même. Une main tremblante vient se poser sur mon épaule avant de venir m’enlacer.
Tout ira bien ma chérie ! Me murmure ma mère à mon oreille. Je lui caresse les mains, avant de lui tendre l’enveloppe et de lui demander d’aller la poster pour moi. Car je sais éperdument que je n’en aurais pas la force.
Eddie et moi partons à New-York, où grâce à mes contacts j’ai pu me dégoté une place d’infirmière au Bellevue Hospital Center. Je n’avais jamais aimé Gotham. Je n’avais jamais envisagé un jour d’y élevé un enfant. J’étais resté dans cette ville sordide pour Floyd Lawton. Mais il nous avait abandonné !
Aout 2014 ♦ Maison de Susan et Eddie Lawton, New York CityL’été est lourd à New-York. C’est les vacances scolaires et Eddie s’amuse dans la cours arrière de la maison. Il profite du soleil brulant et de l’eau fraiche de la petite piscine gonflable que sa grand-mère lui a offerte. Je le surveille depuis le garage où moi-aussi je passe du bon temps. Je peins. Une grande toile blanche s’offre devant moi et je tiens en mains des pinceaux et une palette jonchée de couleurs. Mon fils m’inspire. Il est si beau avec ses grands yeux bleus. La vie à NYC est bien plus prospère que celle que j’ai pu vivre à Gotham. Et même si je suis une mère célibataire qui s’épuise dans son emploi d’infirmière, je pense ne pas avoir été aussi heureuse depuis très longtemps. Les heures passent et ma toile prend forme, elle prend les traits d’un petit garçon jouant dans l’eau une belle journée d’été. Le crépuscule tombe, la nuit se lève. Comment aurais-je pu me douter que cette journée serait la dernière où je verrais Eddie vivant.
Tout est de ma faute Sue ! Floyd Lawton se tient dans ma demeure. Le mari et le père indigne qui a fui ses responsabilités familiales. L’homme à l’origine de la mort de mon fils ! De notre fils ! Il m’explique qu’Eddie a été kidnappé pour l’obliger à accepter un contrat, mais qu’il avait refusé. Et mon fils avait payé de sa vie ce refus !
Je suis assise sur une chaise les bras croisés contre ma poitirine.
Tu es un meurtrier ! Tu as choisi ce que tu es ! Alors pourquoi n’as-tu pas accepter leur contrat pour sauver Eddie ? Mes yeux sont embués par les larmes. Je me mords la lèvre. J’ai envie de crier. L’homme que j’ai aimé, que j’aime tant, m’annonce qu’il est à l’origine de la mort de notre enfant.
Je l’ai vengé. Je les ai tous tués ! Je lève mes yeux sur lui, la rage se reflétant dans mes pupilles.
C’EST LUI QUE TU AS TUE, FLOYD ! TU AS TUE TON PROPRE FILS !!! TU AS TUE MON ENFAAANT… EDDIE ETAIT INNOCENT ! MON BEBE ! TU AURAIS DU LE SAUVER ! Tu aurais dû le sauver…Les nuits passent et je me retrouve avec une arme sur la tempe. Le regard dans le vide, je ne parviens pas à appuyer sur la détente.
Les nuits passent et je me retrouve avec une lame de rasoir dans ma main. Je la place au-dessus de mon poignet.
Les nuits passent et je me retrouve en tête à tête avec une boite de cachet. J’en prends un. J’en prends deux. J’en prends trois. Et je me réveille le lendemain dans l’hôpital ou je travaillais après avoir subi un lavage de l’estomac.
Les nuits passent et je regarde la peinture que j’ai peinte d’Eddie. Il sera toujours avec moi d’une certaine façon. Je prends la toile sous le bras quelques affaires et je quitte cet enfer qu’est devenu New-York.
Janvier 2017 ♦ Central City, nouveau lieu de vie de Susan LawtonDouze ans à quelques jours près, que j’ai rencontré Floyd Lawton. Huit ans à quelques jours près, que j’ai découvert que j’étais enceinte d’Eddie. Aujourd’hui, alors que je dépose des fleurs sur la tombe de mon fils, je me fais la promesse de débuter une nouvelle vie.
Dans un monde où les extraterrestres et les métahumains ont fait leur apparition. Dans un monde où la vie d’un petit garçon est utilisée en guise de chantage. Dans quel monde vivais-je ? Je n’avais plus eu la force de continuer à travailler dans un hôpital. Je n’avais plus la force de voir des gens mourir. J’avais voulu changer de vie. Laisser tout le malheur derrière moi pour éviter de perdre la tête, de devenir folle, d’attenter de nouveau à ma vie.
Je devais faire honneur à la vie. A la vie perdue de mon fils. Quelques semaines après sa mort, ma mère m’éloigna de NYC. Elle me prit un billet de train sans retour pour Central City. Cette ville du Missouri était considérée comme l’une des plus sereines du pays. Un bon lieu pour démarrer une nouvelle vie. Quand je due choisir ce que je voulais faire de ma nouvelle vie, je n’eus aucun doute. Je voulais venger des vies. Je voulais aider ces familles qui risquaient un jour de vivre ce qui m’était arrivé. Et si jamais le bruit de la faucheuse s’abattait sur eux, je voulais être qui allait leur apporter des réponses. Une vengeance. Venger la vie. Venger la mort d’Eddie.
Les pieds chaussés de bottes pour survivre au temps glacial du centre des Etats-Unis, emitouflé dans une chaude parka, j’attends devant le laboratoire de la Police Départementale de Central City. Un café dans les mains, j’ai le trac. C’est ma première journée en tant qu’analyste scientifique de la police criminelle. Etude de l’ADN, toxicologie, étude d’empreintes… voilà ce qui m’attendait désormais ! Un grand sourire se dessinant sur mon visage, je crois que je me sens bien à nouveau. Dans une ville où le taux de métahumain est le plus élevé des Etats-Unis, je sais que je vais avoir du pain sur la planche.
Une nouvelle vie, dans une nouvelle ville, bien loin des problèmes qu’a pu attirer sur moi, l’homme que j’aime !