« Je t'ai entendue, tu sais. Ce matin. Quand tu es sortie de la chambre pour aller chercher toi-même le petit-déjeuner. Rien ne m'échappe, car je suis Batman. »
Avec un sourire pour sa compagne, Bruce tourna la tête vers elle, appréciant autant la vue de son visage que le simple fait qu'elle se tienne à ses côtés.
Il était rare que le Batman sorte en pleine journée ; mais aujourd'hui, ça allait être nécessaire. A peine réveillés – et enlacés dans une longue étreinte – ils avaient du tous les deux se préparer pour partir dans Gotham et faire leur travail. Ou plutôt, pour que le Chevalier Noir parte faire le sien, accompagné par Catwoman. Car si cette nuit, la jeune femme avait dormi au manoir, ce n'était pas toujours le cas ; et en l'occurrence, leur doux réveil avait été interrompu par une alerte concernant un grand nombre de victimes dans l'East End.
Ce quartier de Gotham qui souffrait chaque jour un peu plus. Pour Selina, c'était une réalité quotidienne, car elle y vivait. Pour Bruce, c'était une autre réalité, qui faisait écho à celle de sa compagne. Pour lui, l'East End était le cœur du problème sous-jacent de Gotham City : sa violence, ses troubles, sa noirceur insondable et diablement enracinée venait de là. Parce qu'il s'agissait d'un coin complètement mis à l'écart par le reste de la ville. Parce qu'il avait été délaissé bien trop souvent par les puissants, qui y avaient déchargé les problèmes. Quand quelque chose n'allait pas, il devait forcément venir de là... alors qu'en réalité, il s'y déversait simplement.
La ville pouvait être sauvée. Batman n'avait jamais cessé d'y croire. Bruce Wayne non plus.
« En tout cas, je crois que le GCPD est sacrément remonté par cette histoire. Regarde. »
Il afficha une vue de caméra sur l'écran principal du Bat-ordinateur.
« Treize personnes ont été retrouvées congelées sur place sur une petite place, en plein centre de l'East End. La police a aussitôt essayé de les aider, mais ils ont failli causer la mort d'une des victimes, alors ils ont arrêté. Ça ressemble bien à Freeze de congeler des gens, mais j'ai du mal à voir en quoi ça pourrait l'aider, tout ça. L'identification des victimes est, bien sur, difficile à cause de la glace. Et il y a quelques minutes... ceci est apparu. »
Une nouvelle image s'afficha, montrant les dégâts infligés à un petit immeuble. Tout un pan du bâtiment avait été congelé, tandis que la partie épargnée était fortement endommagée. Quelqu'un, ou quelque chose, s'était donné beaucoup de mal pour infliger des dégâts structurels colossaux.
« J'ai essayé de repérer Freeze, le temps que tu te... changes. Malheureusement, je n'ai pas réussi à le trouver dans tout ce foutoir. Le GCPD est paniqué, à l'idée que notre ami frogirifié tente une attaque de masse. Je pense qu'on devrait aller voir ça ; ça nous changera de notre petite semaine de vacances, et puis... même si nous sommes le matin, c'est une affaire pour Batman et Catwoman, tu ne trouves pas ? »
Il n'essayait pas de l'inclure dans la Batfamily, ou d'en faire une super-héroïne. Il savait seulement que cette histoire la touchait aussi, car c'était l'East End. Et qu'ils étaient maintenant plus proches et plus honnêtes que jamais, l'un envers l'autre. Qu'ils s'aimaient, qu'ils préparaient et vivaient leur histoire ensemble. Alors, être leurs alter-ego ensemble, ça faisait parti de leur vie. De leur couple, aussi atypique soit-il.
Même Damian s'y faisait. Bruce l'avait secrètement entendu dire à Alfred qu'il commençait à bien aimer Selina, car elle de bons conseils en matière de vêtements. Et le jeune homme arrivait à un âge où son apparence comptait, pour le sexe opposé.
Eat them cold Passer de manoir à l'une de ses planques disséminées dans Gotham est devenu depuis au moins quelques semaines une habitude pour Selina Kyle. C'est une manière comme une autre de ne pas trop précipiter les étapes prises entre eux, mais aussi de permettre à chacun de garder leur espace. Bien qu'il soit évident qu'à chacune de leurs nouvelles rencontres, ils se fichent généralement de gérer ce dit espace. L'enlacer, l'embrasse, ne devient pas une routine, mais une affection qui sans cesse retrouve racine. "Je ne voulais pas me montrer discrète de toutes manières. J'aime quand tu me regardes partir. Tu scrutes toujours mon ... dos, de haut en bas et ça me plaît." Mais Gotham étant ce qu'elle est, leur petit échange s'arrête bien vite au profit d'un sujet beaucoup plus sérieux. Selina regarde donc les dernière données, se montrant légèrement contrite à la vue de son quartier malmené par ce qui ressemble à une attaque de Freeze. Pourquoi diable irait-il dans l'East End et surtout pourquoi attaquer seulement cette partie du quartier. "Ça ne ressemble pas à Freeze, mais il vaut mieux écarter pour de bon cette possibilité. On peut tâcher de lui rendre une petite visite, bien que nous soyons en froid avec lui, toi et moi." Elle dépose un baiser sur la joue de Bruce avant de s'en détacher et récupérer le nécessaire de ses affaires. L'East End, ce quartier qui n'a jamais quitté le coeur de Selina Kyle depuis sa naissance. Là où elle est née, a subi et a grandi pour devenir cette femme indépendante et implacable à sa façon. Thompkins ne doit pas être en reste avec cette histoire, elle doit déjà être sur place à tenter d'aider le GCPD. Après tout, elle est la seule médecin de ce quartier laissé à l'abandon par toute la communauté médicale Gothamite. Et encore si ce n'était que la communauté médicale ... "Ça ne me gêne aucunement. Si tu ne m'en avais pas parlé ou qu'aucun contact ce soir ne m'avait sollicité, j'avais prévu de me rendre dans le grand magasin Killinger. Ils ont reçu les nouveaux bijoux exclusifs de chez Chopard. Quoi." Catwoman reste Catwoman.
Tenues enfilées et matériel récupéré, les deux amants filent donc sur les toits de Gotham, après une semaine de repos bien mérité. Si par moments on peut appeler ça du repos, en tout bien tout honneur. Selina se sent tout de même revivre et semble bien plus agile dans cette tenue qu'en trikini ou en bikini sur une plage. Elle revoit avec plaisir les immeubles et le gris, bien que le sable chaud la présence de Bruce et leurs échanges sous cette ambiance calme a pu la ressourcer, voir d'une certaine manière l'apaiser. Pour combien de temps, seul l'avenir nous le dira. Le moment n'est pas venu pour qu'un drame existentiel s'empare de leurs pensées. Ils sont heureux, et tiennent à travailler ensemble, au moins pour ce genre d'affaires. La jeune femme arrive finalement sur les toits de l'église de la Piété, suivie du Batman. Chacun se poste en hauteur sur les quelques gargouilles présentes ou structures faites de petits culminants. À une cinquantaine de mètres de leur position, se trouve effectivement le lieu de l'attaque. L'on peut voir les tristes et impuissants policiers retenant les civils, les familles ou les proches de gens congelés tenter d'entrer dans le périmètre de sécurité. "Mmmmh. À première vue, le GCPD est toujours en train d'essayer de chercher ses preuves." Son regard se porte sur les habitants, abasourdis ou un peu abrutis par les événements. Certains disent que l'immeuble à moitié détruit était un squat pour drogués. Selina ferme alors les yeux, désolée d'entendre que la liste des victimes ne s'arrête pas forcément à ceux figés dans la glace. Blêmes comme des plantes mises en cave, ils avancent, pour rêver d'un bateau qui n'a pas l'air d'une galère, les gens de l'East End à présent s'arrêtent, figés dans la prise en main de leur vie. Rien ne change, ou si. Comme dirait Leslie, un changement dans l'East End et tout part en vrille dès que vous prenez le temps d'en apprécier les bienfaits. Catwoman en a assez entendu et s'élance sous le regard de son compagnon sur la scène de crime. "Si c'est vraiment Freeze, on devrait trouver la même composition pour sa glace que celle de tes bases de données. Je vais récupérer un échantillon. Je te laisse discuter avec tes fanboys." Elle parle bien évidemment des membres du GCPD. Son but est de vérifier que l'immeuble a junkie n'était pas une cible aléatoire, en plus des victimes figées sur le tarmac. Et de récupérer le fameux échantillon. Elle rentre donc dans le bâtiment sans trop de mal, trouve quelques corps calcinés qui ne manquent pas de lui faire des hauts le coeur, mais à part ce carnage et ces fuites de gaz puant, il n'y a rien d'autre. Elle récupère ensuite un échantillon, et se permet de contacter Bruce. "Rien de bien probant. Le bâtiment a été touché de manière hasardeuse. Tu as la distance à laquelle le coup est parti ? Ça nous aiderait à déterminer une zone de piétinement et à trouver des preuves plus intéressantes que des corps calcinés et des matelas à moitié brûlés. " La voleuse sort rapidement du bâtiment pour ne pas se retrouver embarquée dans un effondrement, une explosion bref ... toute chose pouvant intenter à sa vie.
"Oh. Salut." La voilà en face à face avec deux agents du GCPD qui ni une ni deux commencent à braquer leurs armes sur la femme chat. En réponse, l'agressée (si on peut appelée ça une agressée) les met tous les deux à terre avec un coup de couvercle de poubelle, coup de genou au ventre, et finition avec clé de bras et arrêt terminus contre un mur. "Bon ... ce sont des gars de l'équipe d'Alvarez en plus. Ce qui veut dire que gringo qui m'a dans le nez n'est pas loin. Oh la plaie Selina ... !" Elle regarde en l'air, et contacte à nouveau Bruce, quand quelque chose lui tombe dans les mains. Enfin disons qu'elle le récupère dans l'a poche d'un des agents qu'elle a mis à terre. "Je viens de trouver l'éclat d'une lame par ici. Ça ressemble à une pointe, mais je ne sais pas du tout de quoi." Eh écoutez. Tout est bon à prendre dans ce genre d'enquêtes. Et Selina n'est pas en bons termes avec le GCPD, alors elle fait comme elle peut.
Bruce rejoint la jeune femme après avoir discuté avec les forces de police. Il sait pertinemment qu'elle peut se débrouiller seule ; la preuve, elle a su le faire. Mais il ne compte pas rester aux côtés des policiers toute la journée, et il en a de toute façon bien assez appris pour s'attarder parmi eux. Les première estimations, et les premiers témoignages, faisaient état de trois individus en tenue de combat, utilisant des armes expérimentales crachant de la glace. Apparemment, il y aurait également eu des explosions, et notamment celle d'une bombe ayant provoqué un gigantesque effet de glace.
Sa théorie se confirma en rejoignant Cat, et en examinant le petit bout de métal qu'elle avait dans les mains.
« Ce n'est pas la pointe d'une lame ; mais un éclat de bombe. Le GCPD m'a expliqué que trois hommes sont arrivés ici à l'aube, ont attaqué et fait exploser une cryo-bombe ici. Plusieurs personne ont été touchées, d'autres ont voulu fuir mais ont été touchées par leurs armes. Je pense qu'on peut écarter la piste de Freeze. Peut-être quelqu'un a-t-il volé certaines de ses armes ? Ou alors on a affaire à des admirateurs. Ce ne serait pas la première fois qu'un truc comme ça se produit. »
Il faisait évidemment référence aux nombreux, trop nombreux même, admirateurs des justiciers et des vilains de Gotham et du monde. Au début de sa carrière, il avait croisé la route de beaucoup de fanboys, prétendant être eux aussi des Batman protégeant Gotham. Il savait que Clark avait aussi son lot, comme Barry, Hal ou encore Diana. Curieusement, les admirateurs de vilains étaient moins nombreux, mais généralement beaucoup mieux dans leur rôle. La preuve en était ; s'il s'agissait d'admirateurs de Victor Fries, alors ils étaient dangereusement efficaces.
Le Chevalier Noir tourna la tête vers le ciel, comme pour s'assurer qu'il faisait toujours jour et qu'il allait être difficile de rester dans les ombres ainsi. Il n'aimait pas agir de jour ; la nuit était son domaine. Mais ils n'avaient pas le choix, aujourd'hui.
« On peut se séparer, si tu préfères. L'un de nous deux va parler à Freeze, pendant que l'autre continue de mener l'enquête ici. Je pense que je serais plus utile à enquêter et analyser tout ce que je trouverais ; et tu as une touche féminine très appréciable pour faire parler les hommes. Je suis certain que tu t'en sortirais à merveille pour lui tirer les vers du nez. »
Il se perdit un instant dans ses souvenirs, à revoir les nombreuses scènes de leur semaine de vacances. Ils avaient longuement discuté, de tout et de rien, profitant du temps magnifique et de l'aspect relaxant de leur voyage. Ils avaient fait l'amour un grand nombre de fois, par plaisir et envie de tester de nouvelles choses. Le yacht, les plages, l'île et même la villa n'avaient rapidement plus eu le moindre secret pour eux. Mais plus que ça, plus que leurs désirs satisfaits, plus que leurs vacances, c'était le sentiment de calme et de bonheur permanent. Bruce était heureux, et il savait qu'ils étaient sur une bonne voie.
Une bonne voie, ensemble. Etape par étape, ils s'aimaient. Chaque jour un peu plus.
Eat them cold Après quelques vérifications au niveau de l'état de ses doigts et ses quelques réflexions concernant ce pot de colle d'Alvarez, Selina retourne au sujet principal de sa venue en ces lieux, c'est à dire cette attaque censée ressembler à une vendetta de Freeze dans un point précis de l'East End. Il n'a pourtant aucun intérêt à attaquer ce quartier. Pas de Boyle, pas de Daggett, pas de dispositif pouvant mettre en péril son petit laboratoire alors qui. Qui pouvait bien s'amuser des armes couvrant cette envergure. Lorsque Batman arrive à ses côtés, Selina roule des yeux en écoutant son explication. "Oh. Une communauté de fanboys prêts à balancer des bombes artisanales ou bien à découper des gens au couteau de cuisine pour se rapprocher de leur idole. Et bientôt on va apprendre qu'ils font réunions ouvertes au public avec petits fours pour améliorer leur image." Cette pointe de sarcasme reste légère, mais cette situation a le don d'agacer la jeune femme. Les habitants de l'East End doivent déjà subir bien des choses à cause des gens comme Daggett ou bien Ibanescu avec leurs petits cires bottes. Alors des imbéciles voulant imiter des criminels pour se sentir pousser des gonades en écrasant des gens déjà bien en galère. Selina se met elle aussi à regarder le ciel, mais pas pour la même raison. Ce sont les toits qui l'attirent. Elle a besoin de repartir là haut, de se déplacer et de régler cette histoire au plus vite et ... faire payer ces salauds. La brune commence donc à sauter, pendant que son compagnon se met à faire une remarque sur ses ... compétences. Cela ne manque pas de lui faire arquer les sourcils, et d'arrêter sa montée pour se pencher vers l'arrière et regarder le chevalier noir. "À peine rentrés et tu veux déjà me jeter dans les bras d'un autre pour le charmer ?" Elle prend entre ses mains le masque de son amant, et le rapproche. La pointe du nez vient alors frôler le sien. Chacun se regarde, mais Selina se montre bien plus intense, féline, et sensuelle durant cet échange. "Je te préviens. Ce service ne sera pas gratuit." Et elle sait pertinemment comment lui faire payer ce service. Elle se redresse, et commence à partir. Mais elle se retourne une dernière fois vers lui. "Quand à ta touche masculine. Sert-elle aussi pour charmer les criminelles de Gotham ?"
La remarque de Bruce lui a laissé un goût amer, mais elle outrepasse cette maladresse de sa part pour se focaliser sur la dernière cache où Freeze avait normalement élu domicile. L'homme devenait un peu parano, entre sa Nora congelée et l'envie de garder ses recherches pour son seul compte. "J'approche des Studios Panessa. Je l'ai récemment vu là bas." Selina a cette fois troqué le saut de toits en toits pour récupérer de manière frauduleuse à un concitoyen fortuné sa moto ainsi que son casque. L'homme n'a pas eu le temps de voir son deux roues partir et encore moins de le pleurer devant la voleuse, déjà en train de filer à toute vitesse vers Amusement Miles. "Si tu veux bien, je vais couper toute communication de mon côté." Pas si il le veut. Selina le fait avant qu'il ne puisse refuser ou approuver son idée. Elle se permet même de jeter l'oreillette, autant pour ne pas entendre ses maladresses ou être déconcentrée, mais aussi pour que sa rencontre avec Freeze soit plus authentique. Plus ... Catwoman. Elle arrive donc devant l'entrée du studio, bien évidemment à battants métalliques baissés au niveau de l'ascenseur anciennement utilisé pour les V.I.P. Elle appuie sur une sorte de bouton juste au dessus de ceux servant à la cage de métal pour commencer à appeler Freeze. Qui ne tarde pas à lui répondre. "Je n'ai pas besoin de tes services, Catwoman. - Oh Freeze, ne sois pas aussi froid avec moi. J'ai pourtant quelque chose avec moi qui pourrait éveiller ton intérêt et un soudain besoin d'avoir recourt à mes services. - Je ne vois pas ... !" L'homme de glace s'arrête lorsque celui-ci voit dans les mains de la femme chat l'éclat enfermé dans le sachet, éclat qu'elle n'hésite pas à secouer devant son écran. "C'est une copie d'une de mes bombes. - C'est bien ce que je pensais. "- J'ai dit une copie. Et une copie reste une copie. Incomplète. Bâclée. Dangereuse." Ah les hommes et leurs inventions. C'est dangereux, mais je le crée tout de même pour voir jusqu'où va mon génie ou bien mon égo. Selina arque un sourcil. "Si je te dis que Batman est déjà au courant pour la bombe, vas-tu m'ouvrir ?" Les grilles se lèvent au bout de quelques secondes, et le bouton pour l'ascenseur est fonctionnel. Selina sourit et entre, après avoir offert un baiser volant à Freeze. Comme quoi, il ne s'agit pas de ses charmes féminins, mais bien son sens de la communication et la présentation des bons arguments qui lui ont donné son accès. Peut-être que ... peut-être qu'elle va tenter de charmer Freeze, maintenant. Il reste si souvent seul dans son grand frigo.
Freeze n'en démord pas. Cette histoire l'enrage au point de faire les cent pas, et de maudire à tout va. Selina s'installe sur le bureau de celui considéré comme elle, comme un criminel notoire de Gotham. Ils ont quelques points communs dans ce que Gotham peut faire subir aux êtres, sans qu'il ne puisse trouver moyen de se sortir du pétrin. Pour Selina, une vie parsemée de morts, de trahisons, de catastrophes. Pour Fries, la "mort" de sa femme, la trahison de son employeur, la ruine. Bien que leurs rapports ne soient pas au beau fixe la plupart du temps, ils savaient pertinemment voir en l'autre ses compétences, et s'utiliser de manière plutôt rentable, professionnellement parlant. "Cette bombe. Elle était censée être scellée. Cachée. Quelqu'un connaissait son emplacement. - Quand vas-tu arrêter de semer tes inventions dans tout Gotham Freeze. Pâques est dans un mois ! - Je. T'interdis. De. Te. Moquer !" L'inventeur hurle et se met à balancer tout ce qui se trouve sur son établi de travail. Selina n'est pas le moins du monde impressionnée par son accès de colère, habituée à ce genre de scènes. "Les plans. Je dois les récupérer. Et ... ces hommes. Ces personnes. Il faut les supprimer. Cette bombe est bien trop dangereuse. - Freeze, attends. Je te vois venir. Tu crois que je vais partir chercher tes plans et te mener jusqu'aux voleurs pour que tu les tues ? Je vole mais me rendre complice ... - Ça ne devrait pas te gêner, Catwoman. Tu as tué plusieurs fois." Selina écarquille les yeux puis fronce les sourcils, outrée. Il sait. "Comment." Un cliquetis se fait entendre. Et Selina voit un des pistolets générateur de froid pointé sur elle. "Mène moi à eux ou je te laisse mourir de froid le temps que le GCPD t'embarque pour Blackgate." Il y a comme un sacré coup de froid d'un coup.
Mener l'enquête de son côté ne fut pas bien difficile. Le GCPD s'occupait des victimes et des habitants regroupés autour, tel un essaim affamé, et le Chevalier Noir surveillait depuis les toits que rien ne tentait de perturber les lieux. Du moins pas davantage qu'ils ne l'étaient déjà. Il n'avait pas trop le choix, d'ailleurs, et devait attendre que Catwoman daigne le recontacter ; il ne se faisait toutefois pas trop de soucis par rapport à ça. Elle le ferait quand elle en aurait envie, et voilà. Il ne pouvait de toute façon pas beaucoup la forcer, vu qu'elle était partie loin de lui pour le moment.
Et de toute façon, il eut fort à faire, très vite.
Gordon lui communiqua, dès qu'il le put, les estimations préliminaires de la police ; tout concordait jusque-là avec les actes de Freeze et ses méthodes, ce qui ne fit qu'augmenter les soupçons de Bruce à l'égard d'un coup monté pour faire porter le chapeau au scientifique. Déterminé à trouver le fin mot de l'histoire, le Batman tâcha de faire ce qu'il pouvait pour fouiller les environs ; quelques petites frappes à impressionner, des habitants à interroger, et des voyous à neutraliser. Personne ne sortit d'arme frigorifique contre lui, personne ne tenta de s'interposer trop longtemps. Il régla tout cela avec froideur, avec méthode, comme à son habitude.
Et il n'avançait pas d'un pouce de son côté. Il espérait que Cat aurait plus de chance, car il n'avait pas trop envie de...
Une minute.
« Alfred, j'aurais besoin que vous m'indiquiez le propriétaire des immeubles, rue Jefferson, dans l'East End. J'ai peut-être trouvé quelque chose. »
« Tout de suite, monsieur... Voyons voir. La rue Jefferson est une des plus anciennes de l'East End, selon ce que je vois. Les différents immeubles qui la longent appartiennent tous à des sociétés immobilières différentes. Oh, attendez. Quatre de ces bâtiments appartiennent au même groupe multinational qui était, aux dernières nouvelles... contrôlée par la Cour des Hiboux. »
[color=orange] « Hmm. Ça coïncide malheureusement avec ce que je viens de trouver. Il y avait un tireur, sur le toit de ce bâtiment. Mes scanners détectent également des traces de sang, comme s'il y avait eu une lutte, et le rebord du toit est beaucoup plus froid que le reste. Et j'ai trouvé une pièce de monnaie à l'éfigie de la Cour. »
« Monsieur ? »
« Si je devais parier, je dirais que la Cour des Hiboux est en conflit avec des imitateurs de Freeze. Tels qu'on les connaît, ils doivent avoir essayé de les enrôler dans leur organisation, mais ça a mal tourné. Je vais mener davantage l'enquête. Dîtes à Damian de se tenir prêt à intervenir au cas où. »
Le Batman resta un long moment sur le toit, à analyser et récolter tous les indices qu'il put trouver. Très vite, il put apporter de la lumière sur une partie des événements ; vu sa position, le tireur avait eu la possibilité de s'en prendre aux imitateurs de Freeze, mais quelqu'un avait du vouloir l'en empêcher. S'ensuivit probablement une lutte, et l'explosion de la cryo-bombe... à moins que la cryo-bombe n'ait explosé avant.
Il restait quand même beaucoup de zones d'ombre, et il n'aimait pas ça. Quand la Cour était impliquée, ça ne se soldait jamais bien. Et il n'aimait pas du tout l'idée d'un affrontement en plein Gotham pour le contrôle d'armes expérimentales signées Mister Freeze.
Eat them cold Freeze et Catwoman se retrouvent donc dans une situation fort contrariante. L'un veut en effet récupérer ses plans et tuer ceux qui ont osé utiliser son génie, pendant que l'autre est en ce moment en train de se faire viser par une arme fort dangereuse et apprend que Freeze sait pour les meurtres qui lui ont été incombé. Selina fait donc en sorte de vite sortir du viseur en glissant sous le bureau qui lui sert rapidement de protection de fortune. Les plans et autres objets sur le dit bureau se retrouvent étalés au sol voir pour certains détruits à l'impact. Le fait que la glace déchargée par Freeze s'ajoute, les anéantit pour de bon et ce, à la grande fureur de l'inventeur. "Tu ne devrais pas faire ça, Catwoman. - Et pourquoi pas. Tu as peur pour tes petits joujoux que j'ai mis à terre ? - Ne fais pas l'idiote. C'est toi, ou ce sont ces gens que tu persistes à protéger. Ne fais pas dans le sentimentalisme alors qu'ils sont un danger pour tous. - Oh je deviens sans doute vieille, ramollie. Ou alors peut-être que je n'ai pas encore le coeur givré. D'ailleurs comment se porte celui de Nora ? Elle te réserve toujours un accueil glacial ?" Nouvelle salve de givre et cette fois, la structure craque. Selina se décale donc et esquive ce rayon de glace qui essaie de l'avoir sans interruption. Mettre en rogne un ennemi peut se révéler fortement dangereux, surtout dans un cas comme Freeze, mais c'était aussi une manière comme une autre de le déconcentrer de son but initial, et d'inverser un peu la tendance. La salve s'arrête. Le bruit des bottes de Freeze se font entendre par légers craquements. Catwoman quand à elle se cache derrière les décors abandonnés du studio pour reprendre son souffle loin de ce fou furieux. "Ce ne sont pas tes piques ni tes charmes qui te sauveront cette fois. Mais ta raison. J'ose espérer que tu auras le tact nécessaire pour comprendre que tu n'as pas le choix." Freeze sort un petit détonateur de sa poche, conscient que dans le cas présent, en ce jour, il est celui qui dominera la situation. Selina ne comprend que trop tard pourquoi. Face à elle se dévoile dans un jeu de spots encore en fonction un bras articulé sur lequel est soudé un des pistolets de l'inventeur. Le son distinct du chargement de l'arme se fait entendre et la femme chat retient son souffle. "Je réitère donc ma proposition, Catwoman. Soit, tu m'aides, soit je te laisse figée sur place et j'appelle le GCPD. - Ok. Très bien. Je vais être raisonnable." Selina sort de sa cachette, suivie de près par le bras articulé qui ne cesse de la viser. Elle reste pourtant souriante et on ne peut plus confiante, à vue d'oeil, ce qui a le don de faire tiquer son homologue masculin. Dans un léger mouvement de hanches et une marche tranquille, la jeune femme arrive aux côtés du chercheur, sans se montrer le moins du monde hostile. "Ne me regarde pas comme ça, Freeze. Tu as raison. On va faire un tour dans l'East End ?"
Et les voici donc après quelques minutes de moto dans les rues attenantes au Monico Hotel. Freeze a exprimé son intention d'entrer dans l'ancien repaire du bras droit du Romain, afin de récupérer les plans et le prototype d'une autre de ses armes. Autant dire que se retrouver avec l'inventeur n'enchante guère Selina, surtout au vu de la menace que peut potentiellement représenter le fameux prototype en question. La bombe lui avait déjà donné un aperçu assez significatif de la dangerosité des petits jouets de l'homme bleu. "Je ne comprends pas. Tu connais ces systèmes, alors pourquoi as-tu besoin de ma présence en ces lieux ?" Le criminel de glace ne répond pas, restant accroupi et concentré face à la première console le séparant d'une des créations issue de ses recherches. Selina quand à elle reste à regarder l'intérieur de ce penthouse en s'étirant. Pas de conversation égal ennui. Ennui égal désintérêt pour le visage crispé de Freeze. Dans la réalité, l'inventeur sentait indubitablement que quelqu'un allait essayer de trouver ses autres cachettes et donc le suivre. Catwoman n'est là que pour servir de leurre et de force combattive quand les ennemis essaieront de passer à l'offensive. Malheureusement, la femme chat se détache de sa position, le laissant seul à ouvrir la seconde porte de sa cache. "Tu caches ça souvent dans les penthouse de riches brésiliens joli glaçon, ou c'est une envie qui t'as pris sur le moment ? - Je n'ai pas de schéma précis. Tout est une question de codes et paramètres bien trop compliqué pour ton cerveau de voleuse. - Oh. Touché. Mais tu sais ce qu'il en coûte de me prendre pour une idiote." Alors qu'il s'apprête à rentrer dans la chambre de stase glacée maintenant ouverte, et que son casque est retiré, Freeze sent autour de sa nuque quelque chose de fin et métallique venir l'étrangler. C'est un sautoir serti d'un superbe rubis qui vient lui compresser violemment ses voies respiratoires. Foutue Catwoman. "Tu vois, mon cerveau de voleuse m'a aussi appris à utiliser contre mon prochain l'objet de mes larcins. Et je sais que tes invités sont bientôt là." On entend effectivement le pas de course de plusieurs hommes arriver vers l'entrée du penthouse. "On sort de ton petit nid et je peux me servir de ton armure comme bouclier. Mais je ne suis pas sûre que tu apprécies à sa juste valeur cette petite marche sans ton casque, et une nuque compressée jusqu'à l'étouffement." Les pas se rapprochent, Freeze se tend, Catwoman sourit en coin et vient susurrer ces quelques mots à son oreille. "Je te l'ai déjà dit, chéri. Ne sous estimes pas tes collaborateurs." La porte s'ouvre dans un grand fracas.
Selina n'était pas dupe. Jauger et observer les gens font partie de sa vie, constamment. Mais ils l'oublient bien trop souvent et la pensent imprévisible et dangereuse. C'est un à priori parfois contraignant quand l'on essaie de monter lors de quelques rares instants une relation, qu'elle soit amoureuse ou professionnelle. Et aujourd'hui, Freeze lui prouve encore une fois cette théorie pourtant fumeuse. Les intrus, tous vêtus de noir et de bleu, et caché par un masque à visière viennent vers eux. Les armes se composent de matraques classiques, de gants électriques, mais aussi à la grande surprise de Victor de bombes ressemblant à sa création. Autant dire que le léger conflit entre la femme chat et l'inventeur de glace s'interrompt prématurément lorsque ceux-ci commencent à les charger pour tenter d'entrer dans la cache. Freeze tire de son fusil à glace en grognant. "Tu mets ma cache en danger. - Allons, Freeze, ce ne sont que douze ennemis. Je suis sûre que nous pouvons les mettre à terre. - Pas avec ces bombes." Au départ, la voleuse ne comprend pas pourquoi ces bombes seraient plus dangereuses que celle ayant fait des dégâts plus tôt dans la journée. Et Catwoman comprend finalement quand deux pauvres agents de sécurité tentent de s'interposer. Ils sont rapidement gelés dans une salve de vent glacial. Même le Penthouse en a pris un sacré coup. "Ça ne t'est jamais venu à l'idée d'utiliser ça dans des pays où l'on crève de chaud ? - Ne fais pas ta fausse compatissante. Mets-les à terre." Selina roule des yeux. Cela ne sert à rien de se justifier ou même de lui prouver qu'il avait tord quand à ses sentiments. Ils devaient déjà s'occuper de cette énorme brochette d'assaillants.
La présence d'un homme appartenant à la Cour des Hiboux n'échappa pas longtemps à Batman. Encore sur la scène au sommet d'un immeuble, le Chevalier noir se rapprocha du rebord pour examiner le quartier, le passer au peigne fin, s'assurer qu'aucun détail d'intérêt ne pouvait lui échapper. Il n'eut pas à chercher bien longtemps ; très vite, il remarqua du mouvement dans un immeuble situé de l'autre côté de la place où avait eu lieu le drame... et il recourut à ses scanners pour suivre la cible. Cette dernière montait rapidement les escaliers, se dirigeant vers le toit. Alors il s'y rendit lui aussi, prêt à intervenir.
Surtout après avoir aperçu, par une fenêtre, le masque du hibou sur son visage.
L'homme était probablement armé ; peut-être pas directement, mais il avait un sac avec lui, le genre de sac qui contenait un fusil démonté et qui pouvait rapidement s'assembler. Rien de tout ça ne pouvait surprendre la chauve-souris, qui attendit que sa victime soit sur le toit, et commence à déballer ses affaires, pour intervenir. Une simple frappe sur la tempe suffisait pour le neutraliser. Il l'attacha en vitesse, puis le fouilla. Pour faire bonne mesure, il retira également le masque, lui permettant d'identifier l'homme.
« Alfred, la Cour a essayé de placer un sniper sur un autre toit. »
« Voilà qui est inquiétant, monsieur. Et toujours aucune nouvelle de miss Kyle ? »
« Non, pas la moindre. J'espère pour elle que tout se passe bien. Elle sait se débrouiller, donc je ne m'en fais pas trop pour ça. »
Il avait confiance en Selina pour ça, oui. Mais il était bien conscient, également, que Freeze n'était pas toujours un allié fidèle. Il n'hésitait pas à tirer parti de la situation pour trahir ceux qui pouvaient le gêner ; le problème, c'était que la jeune femme faisait aussi ça. Elle n'était peut-être pas aussi pragmatique que le scientifique, mais elle n'hésiterait pas longtemps à le trahir si cela servait mieux ses intérêts. Et il avait peur que ça ne cause davantage de soucis.
Mais il avait plus urgent, pour le moment. La GCPD devait contenir les badauds trop curieux, tandis que la Cour semblait déterminée à envoyer des agents dans le quartier pour continuer de semer le chaos. Il appartenait donc à Batman de neutraliser les Ergots et d'indiquer leurs positions à la police. Il contacta donc Gordon, lui expliqua rapidement la situation, et sans attendre que le vieux commissaire ne tente une objection, il se remit au boulot. Car il s'avéra très vite qu'un affrontement n'allait pas tarder à éclater s'il n'intervenait pas.
Discrètement, méthodiquement, avec une efficacité froide et redoutable qui le caractérisait bien, le Chevalier Noir se mit en action. Plusieurs Ergots, suivant une tactique définie à l'avance sans doute, tentèrent de prendre position à différents endroits pour tirer avec un maximum de létalité sur la police. L'un après l'autre, ils tombèrent, neutralisés par Batman. Vinrent alors les imitateurs de Freeze, avec leurs expérimentales ; ils subirent le même sort. Eux vinrent groupés, mais cela ne les sauva pas. Avec une bombe fumigène bien placée, Bruce eut largement le temps d'atterrir au milieu, de les abattre, puis de repartir.
« Gordon, ennemis neutralisés. Je... »
Une explosion retentit alors, plongeant le quartier dans l'obscurité. Plus de courant, plus de lumière.
Eat them cold Même dans les pires moments, une opportunité s'offre à vous. Il suffit juste de savoir l'attraper, la retenir et l'utiliser à bon escient et au bon moment. Et, dans le cas présent, Selina voit en cette soudaine extinction des feux la possibilité de prendre à revers ses ennemis mais aussi de découvrir ce que Victor cache dans cette maudite pièce. L'inventeur quand à lui, est déjà en train de rentrer dans la cache afin d'aller chercher l'objet de ses convoitises avant que celui-ci ne soit rendu trop instable à cause de ce contretemps. Malheureusement pour lui, Selina le rattrape bien vite à l'aide de son fouet afin qu'il continue à l'aider dans le combat. Et elle l'attrape à la cheville avant de se mettre à tirer d'un coup sec pour ne pas lui donner la possibilité d'exercer une force contraire importante. Freeze tombe donc sur le poitrail de son armure dans un grand bruit métallique. "Pas de ça avec moi, Freeze. - Espèce d'abrutie !" Et nous y voilà. Les insultes et invectives. Il fallait s'y attendre. Après tout, quand un homme ou une femme se retrouve dans une intense frustration, et dans une position humiliante, il faut s'attendre à peu concernant d'éventuelles marques de bienséance. Cela n'empêche tout de même pas Selina de tirer encore et de faire en sorte de se rapprocher du glaçon. Voir de lui plaquer le visage contre la surface encore glacée pour prendre de l'élan et entrer plus en profondeur dans le lieu sacré. "Tu peux m'insulter autant que tu le veux, je sais à quel point te faire humilier par une femme de mon cru te met en rogne. - Tu ne comprends rien ! C'est moi qui ai créé cet objet, c'est moi qui doit le récupérer, le manipuler ! Toi tu ne sais pas. Tu ne sais rien ! - Je sais que tu veux garder ton petit jouet pour toi Freeze, coûte que coûte. Ça ne fait qu'attiser ma curiosité." Et alors que celui-ci tente de rattraper Catwoman, il se retrouve en conflit avec trois de ces inconnus armés encore capables de se battre. Il n'a pas le choix, il doit les empêcher de passer, voir condamner l'entrée pour mieux s'occuper de cette salope oubliant qu'il détient une information capitale sur sa pomme.
En vrai, Selina n'a pas oublié. Elle sait que Victor sait, concernant les meurtres. Mais il ne sait pas que ce n'est pas elle qui a tué. Que c'est Holly qui a tué plus que de raison. Un poids qui reste, un poids qui sans doute l'obligera à faire des choix qui la détruiront à nouveau, mais elle le fera pour elle. Pour qu'elle puisse continuer à vivre et aller de l'avant. Catwoman court donc vers le scellé, dans lequel se trouve une étrange sphère. Sans plus tarder, la jeune femme brise le verre la séparant de l'objet et s'en empare à pleine mains. Freeze quand à lui vient juste de finir de sceller l'entrée, les laissant seuls et dans le noir complet. Ou presque, car Freeze voit la sphère luire dans les mains de la voleuse. Sans plus attendre il tire dans sa direction mais Catwoman esquive. "Tu joues avec des forces qui te dépassent, Catwoman. Cet objet, ils le veulent. Ils ont toujours voulu ce qui fait Gotham, ce qui l'assoit dans sa puissance. - Qui ? Tes fans ? Les riches de Gotham ? Ou toi-même en dupliqué ? Uwh. Non. On oublie cette dernière option. - Tu les connais. Ils sont l'élite, ceux qui se cachent sous des masques. Et toi, toi ... !" Nouvelle salve. Catwoman esquive encore, mais est cette fois-ci obligée de courir car Freeze garde son doigt sur la gâchette. "Toi tu les aides en plus de tuer. - C'est l'hôpital qui se fout de la charité." Cette fois ce n'est pas une vague de glace mais des pics qui viennent trancher la femme chat à certains endroits, combinaison comme peau. Sous le coup de la douleur et sans doute par réflexe, elle ne sent pas la pression qu'elle a effectuée sur la sphère. L'objet se met à émettre de plus en plus de lumière bleue jusqu'à ce que des sortes d'ondes commencent à partir vers Freeze. Les ondes forment un immense tunnel dans lequel le scientifique se retrouve engouffré avant de finir complètement gelé. Il crie, refuse sa destinée avant que tout ne se fige, devant une Catwoman médusée face à la puissance de l'objet. Puis, tout s'arrête l'instant d'après, laissant un trou béant dans le mur de glace et un Freeze complètement à la merci de cet élément dans lequel il se complait tant. Puis elle sort de la pièce, ne voyant que glace et corps gelés dans ce penthouse. Ses yeux viennent se poser sur cette sphère qui cette fois, n'émet plus aucune lumière et Selina comprend. Elle vient de délivrer une expérimentation de Freeze qui maintenant doit se balader tranquillement dans le ciel de Gotham. Ou ... est-ce quelqu'un ? Il lui semble avoir entendu des cris lorsque les ondes se sont manifestées. Son sang ne fait qu'un tour et sans trainer plus que de raison dans le lieu maintenant glacé, la jeune femme glisse jusqu'aux vitres brisées sur cette glace et saute de nouveau dans les quartiers sordides de l'East End. Il faut qu'elle retrouve cette chose pour l'enfermer à nouveau dans cette sphère.
Malheureusement, le fait qu'elle ait été vexée par les paroles de Batman et ait voulu régler cela sans avoir aucun contact avec lui, fait qu'elle se retrouve seule sur ce coup. C'est un choix, et la jeune femme tient à garder sa fierté malgré ce que cela peut engendrer. Après ce n'était pas entièrement sa faute, cette libération. Freeze n'aurait pas dû tirer. "Au moins, j'ai quelques bijoux à rajouter dans ma collection." Voir le verre à moitié plein est tellement mieux que de s'apitoyer sur son sort. Soudain, alors qu'elle court sur les toits, la fameuse chose réapparaît tout en glaçant sur son passage les toits des immeubles. De l'autre côté, des silhouettes familières viennent s'ajouter au bal glacé. Des hommes masqués avec un simili de tête de hibou. "Oh non." Si, la Cour, pourtant affaiblie par nombre de contres de la part des justiciers est de la partie. Et ce, en étant aidés par les mercenaires qu'elle a pu affronter précédemment dans le penthouse. Ils veulent eux aussi récupérer cette entité ou personne manipulant la glace de manière si ... apocalyptique. Des mercenaires viennent vers elle par les portes attenantes aux toits afin de la maîtriser et sans doute de récupérer la sphère. Manque de bol pour eux, Selina les sent venir et saute devant leurs yeux avec la sphère sous un bras et le fouet dans une main pour se rattraper fermement contre une gouttière. Elle disparaît alors de leur vue pendant un temps dans les ruelles de l'East End. Ce n'est pas sans mal que Selina a réussi ce petit tour d'évasion. Cela lui a valu en effet une légère chute et roulade contre le tarmac, quelque contusions et une petite dose mal placée d'endorphine dans son sang. Sonnée mais pas complètement assommée, la jeune femme reprend sa course en espérant trouver de quoi distancer ses poursuivants qui justement, sont en train d'arriver en jeep dans sa direction. "Si un jour on m'avait dit que je serai quaterback, je lui aurai ri au nez." Elle essaie de repartir dans les hauteurs des toits tout en se faisant tirer dessus et en remarquant que la chose de glace en a aussi après elle. La chose vient en effet de crever les pneus de la jeep et vient droit vers la femme chat pour tenter de la glacer avant qu'elle ne prenne trop de hauteur. Pourquoi pressent-elle que tout cela va encore mal se finir ? et surtout qu'elle va être encore la cible de tout le monde. C'est juste une impression. Forte impression. Comme si ... elle avait déjà vécu ça, plusieurs fois.
Le Batman se releva, après avoir été en effet bousculé par l'explosion. Il se dirigea aussitôt vers le rebord du toit, et constata avec un mélange d'anxiété et de détermination le carnage qui régnait en contrebas. La GCPD avait déployé des renforts autour de la place, tentant de résister tant bien que mal aux attaques des Ergots et des imitateurs de Freeze. Le pire, dans tout ça ? La guerre était à trois camps. Et il allait devoir intervenir en plein milieu.
« Monsieur, j'ai de mauvaises nouvelles. »
« Dîtes-moi. Et vite. »
« Le commissaire Gordon a essayé de vous joindre à plusieurs reprises, durant votre... absence. Les imitateurs de Mr Freeze utilisent leurs armes expérimentales pour tenter de contourner les forces de police et forcer l'accès au bâtiment où vous vous trouvez. La Cour a envoyé plusieurs Ergots contre eux, et tentent également d'accéder à votre bâtiment. Je pense qu'ils savent où vous êtes. Il y a également eu d'étranges et inquiétants rapports préliminaires sur l'explosion qui a secoué le quartier, monsieur, et... je crois que Firefly fait des siennes. »
Voilà un sacré coup dur.
« Firefly... je l'ai envoyé à Blackgate il y a un mois. Juste après avoir ramené Selina de Chinatown. A propos, du nouveau pour elle ? »
« Oui. J'ai réussi à retrouver sa trace, je crois, avec l'aide de maître Damian. Il est à côté de moi en ce moment-même et se propose d'aller l'aider. Ou de venir vous aider. »
Hmm. Bruce hésita. Il avait dit à Alfred de garder Damain sous la main au cas où, et la situation était clairement en leur défaveur. Il ignorait si son amante, sa compagne, s'en sortait bien car elle avait volontairement coupé les communications. Mais il répugnait à l'idée d'envoyer le garçon, malgré son initiative, car ils ne s'aimaient pas tous les deux. Et malgré les efforts de Damian, il ne pourrait pas s'empêcher de glisser un commentaire blessant qui pouvait avoir des résultats désastreux. Il connaissait Selina, et il connaissait son fils.
Il hésitait tant et si bien qu'il faillit finir carbonisé. Firefly, à l'aide de son jetpack rouillé, se mit en tête de le pourchasser et d'essayer de le brûler vif. Il utilisa son grappin pour s'échapper, gagner un endroit plus sûr, hors de portée du Vilain.
« Peur, Batman ? Viens... et regarde-moi faire brûler Gotham et l'East End ! Ce quartier mérite la purge, la Cour me l'a dit ! »
Ce n'était pas bon signe, si Firefly était avec la Cour.
« Alfred, envoyez Damian pour aider Selina. »
Il se laissa planer, profitant d'une opportunité ; le Vilain lui tournait le dos, planant avec son appareil fumant. Il lui tomba donc dessus,d e tout son poids, arrachant une aile et les faisant chuter tous les deux sur un toit. Respirant un mélange de carburant artisanal et de cendres, Bruce lutta contre l'envie de tousser et vomir et envoya un coup de poing dans le visage de Firefly. Il gagnait ainsi du temps en écartant le plus gros danger d'entrée.
Mais il espérait qu'il allait bientôt pouvoir recevoir de l'aide de la part de Selina et Damian, car sinon, il allait y avoir beaucoup de morts.
Eat them cold "Donc la solution que Batman a trouvé pour régler la situation est de t'amener ici. Tu m'excuses, mais j'aurai trouvé un de ses véhicules plus efficaces et confortables - Tu ferais mieux de rester concentrée sur cette entité que sur tes rêves matérialistes brisés. - Ce n'est pas une question de matérialisme mais d'amabilité." Damian tourne vivement la tête vers Selina pour la fusiller du regard même si il sait pertinemment que la jeune femme a dit cela pour le provoquer. En dénote son grand sourire malgré la situation assez catastrophique dans laquelle ils se trouvent. Catastrophique est le mot qui convient le mieux à ce déchaînement de froid et de glace que le jeune justicier et la féline femme tentent d'arrêter. Dès son arrivée, Damian a pu observer une scène assez surprenante durant laquelle Selina tentait de frapper avec une sphère mécanique une entité blanche, tandis que des mercenaires tentaient de la canarder depuis les rues. Un beau bordel, en somme. Rajoutons à cela que les deux intéressés s'entendent sans vraiment se supporter et vous avez donc quelques ratés et paroles piquantes fusant dans l'air. Troisième essai de lancer, Damian comme Selina tentent d'acculer l'entité en espérant que cette fois, ils arriveront à la mettre dans ce truc. Malheureusement au moment même où ils pensent cela bouclé, l'entité se sépare de tous côtés, pour venir à son tour les acculer en les entourant complètement. "Et m...erde. Bon tu as une idée petit génie ? - Hm. - Ok." La jeune femme roule des yeux, avant de se mettre à sortir quelque chose des poches de sa ceinture. Le jeune Robin reconnaît immédiatement le dispositif et se met à froncer fortement les sourcils. "N'y pense même pas. - Oh que si." Et Selina lance le petite objet agissant alors comme le Flash, en roulant très rapidement à contresens de l'entité de glace. À force de frottements, une chaleur commence à se dégager et détruit en partie l'entité qui n'a d'autre choix que de se replier. Il ne reste plus qu'eux et le dispositif, et une flopée de mercenaires n'ayant pas dit leur dernier mot. Ils esquivent donc chacun à leur manière cette nouvelle salve de métal. "Tu as volé père. - Oui. Mais tu dois avouer que si je ne l'avais pas volé, nous serions congelés et des cibles faciles pour ces mercenaires." Damian retient comme il le peut un grognement. Elle a raison en soi, mais il a aussi l'impression de déroger aux ordres, chose qui selon ses principes ne l'enchante guère. Comment cette femme fait-elle pour être aussi intelligente, mais aussi agaçante ? Est-ce le pourquoi son père l'aime au point de la laisser maintenant parcourir le manoir ? Le jeune Wayne réfléchit à tout cela pendant qu'ils mettent à terre le groupe une seconde fois, sans vraiment trouver de réponse. Selina s'étire et ronronne de contentement. "Eh bien voilà. Quelques membres cassés, un peu de sang sur le béton, un batarang dans le bras et Robin mis au tapis ces pots de colle. Maintenant, il faut retrouver cette fichue entité." La voleuse commence à s'en aller, mais cela ne semble pas être le cas du jeune Robin qui reste pendu à son communicateur. "Père a des ennuis. - Et moi j'ai une entité qui se balade dans un East End plongé dans le noir complet. À toi de voir ton sens des priorités, chéri. - Parfois, c'est à se demander si tu tiens vraiment à lui." Selina encaisse la pique, voyant à quel point l'arrogance et le mépris fusent dans ce regard, un mépris qu'elle n'hésite pas à rendre, avant de se tourner vers une complète indifférence. Et un silence. Selina s'en va dans les hauteurs, laissant Damian partir pour qu'il aille aider son père.
L'East End n'est pas que le quartier qui l'a vue naître. Il est le symbole même de toutes ces catégories abandonnées par la haute société de Gotham, et la monnaie spéculative de ces entrepreneurs. Spéculer sur la douleur de l'humain, là est l'essence même de la elle aime la taquiner pour que quelques pans s'effacent et laissent apparaître un peu de lumière. Elle aime voler, usurper à ceux qui se croient propriétaires de ces lieux. Elle aime voler car c'est ce qu'elle sait faire de mieux. Elle aime Bruce, mais elle ne peut pas le faire passer avant l'East End, sa vie. Selina sort de ses pensées en voyant qu'elle arrive enfin près de l'entité qui cette fois semble prendre une forme plus humaine. C'est une femme qui alors la regarde au moment même où la voleuse allait lui lancer la sphère et ainsi, l'enfermer à nouveau. "Stop. - Mh non ? - Je ne veux pas retourner là dedans. Je ne suis pas une arme. - Écoute chérie, je ne sais pas qui tu es, je n'ai pas le temps d'écouter tes états d'âme. Tu viens de mettre sous la glace trois zones de l'East End. Donc tu as beau ne pas être une arme, tu restes un danger pour un quartier que j'apprécie grandement. - Est-ce que l'on peut arriver au moins à un compromis ? J'ai tout entendu et j'ai vu cet homme habillé de noir, là bas. Il y a de grands risques, je peux aider." Selina se redresse, soudain intéressée et choquée. Bat serait-il à ce point dans le mal ? Quand elle regarde cette femme, ou plutôt cette fille, tout de blanc vêtue, elle se sent quelque peu désarmée. C'est une gosse. Freeze a enfermé une gosse meta humaine dans une sphère. Certes, leurs pouvoirs sont parfois grands mais de là à mettre une gosse là dedans ? ! Elle a l'air simplement perdue et complètement effarée sous ses grands yeux. Et pourtant, elle sait ce qu'elle veut. Selina a l'impression de se voir un instant, à une époque où tout n'avait de cesse de s'effondrer autour d'elle, quoi qu'elle fasse. "Laisse moi deviner. Tu m'aides, mais je ne dois pas te remettre là dedans." Elle regarde un moment cette sphère qu'elle s'amusait jusque là à faire voler durant cette petite séance de négociations. Cette petite blonde, aux grands yeux, aux iris bruns et aux lèvres rosées. Elle a été scarifiée d'une croix de son front jusqu'au bout de son nez. Est-il raisonnable d'allonger encore son calvaire ? Elle hésite. Avant de lancer la sphère par dessus le toit. L'objet finit donc après une longue descente par s'écraser, par se disloquer. La fille, surprise par ce retournement de situation s'est jetée vers les rebords pour être sûre. Oui, sa cage est bel et bien brisée. Son coeur qui jusque là restait inerte se remet à battre. Joie, soulagement. Tout revient à elle. "J'ai fait ma part, ma jolie. Ne me fais faux bond." Et quand Selina voit l'adolescente se retourner, elle sait qu'elle a gagné sa confiance.
Maintenant, pour la femme chat, tout semble s'accélérer. L'East End est sauvé pour le moment, mais pas Bruce. Elle court, dépasse par moments la fille qui l'accompagne jusque sur cette zone de combat où parfois du feu se dégage. Selina sait immédiatement qu'il s'agit de Firefly. Heatwave a plus de plomb dans la tête que ce pyromane se prenant pour une luciole à propane, et de surcroit il est souvent accompagné de Cold. "Mais quel taré. Tu peux recouvrir les zones sensibles le temps qu'on arrive à le temporiser ? - D'accord. - Merci. Et ... fais attention à toi." Ce n'est pas dans ses habitudes de faire dans le sentimental, mais quand il s'agit d'enfants, de surcroit blessés par la vie, Selina a bien du mal à rester froide. Elle saute donc dans les rues à moitié cramées et trouve plus loin le Batman et sa mitraillette à piques en prises avec Firefly. La situation semblait critique jusqu'à son arrivée. Des tuyaux de gaz dévoilés, des immeubles menaçant de s'effondrer. La petite inconnue fait du bon travail pour que tout ne devienne pas une zone de guerre, et elle semble savoir ce qu'elle fait en gelant certains habitants. En réalité, elle les enferme dans des dômes pouvant résister à la plupart des impacts. Catwoman quand à elle arrive vers Firefly tentant de cramer un Damian se redressant après une sale attaque. Elle lance son fouet et tire d'un coup sec sur le bras pour que le criminel se torde de douleur et se luxe peut-être l'épaule. "Désolée Firefly, mais on doit écourter ton petit barbecue. Les participants ne sont pas friands de viande humaine." Elle jette un petit regard malicieux vers Bruce, avant de jeter Firefly à terre. Au moins, il est vivant mais ... il a souffert. C'est une conséquence au choix qu'elle s'est imposée plus tôt. Devrait-elle le regretter ?
Beaucoup disaient que le plus grand ennemi du Batman, c'était le Joker. Que sa peur la plus profonde, ce n'était pas de franchir ses propres limites, de se laisser dominer par la facilité, d'échouer à sauver une ville et un monde, de ne plus tenir son vœu, ce vœu qui faisait de lui ce qu'il était. Pour la plupart de ses amis et de ses compagnons, pour les gens qui le côtoyaient ou qui n'entendaient que sa légende, le Chevalier Noir de Gotham était un symbole pur, impossible à atteindre, que même le Joker n'avait – heureusement – pas su entacher. Pour quasiment tous, seul le Joker pouvait menacer le Batman.
Ils se trompaient.
La Cour des Hiboux était un adversaire formidable, puissant, invisible, nébuleux, qui avait depuis longtemps appris comment fonctionnait la chauve-souris pour mieux la contrer. La Cour savait comment s'y prendre pour conserver une longueur d'avance, ou à défaut, savoir se battre contre Bruce Wayne. Elle connaissait sa véritable identité, celles de la plupart de ses proches, celles des super-héros et des super-vilains les plus influents du monde, et elle n'hésiterait jamais à s'en prendre à Gotham, Blüdhaven ou tout autre lieu important. La Cour montrait de nouveau, en cette journée, sa témérité : car elle n'attendait même plus la nuit pour frapper.
Alors, quand la situation commence à dégénérer, à tourner à la guerre ouverte, et que le Batman reçoit l'aide de son fils et de sa compagne, il sourit. Intérieurement, seulement, mais il sourit, car il sait qu'il peut compter sur eux sans regret. Aussi turbulent soit Damian, il est venu l'aider. Aussi désinvolte soit Selina, elle est venue l'aider.
Et Firefly est mis à terre, neutralisé, définitivement.
« Merci. »
Il joue des épaules, pour s'assurer que tout est en ordre dans son corps. Il a souffert, mine de rien ; sa tenue est sale, abîmée, mais elle tient bon. La cape déchirée n'apporte aucun problème, pas plus que les quelques impacts et marques de brûlures sur l'armure. Il n'a rien ; ou du moins, rien qui ne puisse le gêner.
« On va se séparer. Les imitateurs de Freeze tente de s'en prendre aux forces du GCPD, tandis que la Cour a envoyé des Ergots et Firefly pour s'en prendre à moi. Et évidemment, ils ont des agents qui s'en prennent aussi aux imitateurs. Je ne peux pas m'en occuper seul, donc je vais avoir besoin de vous. Je me charge des Ergots, c'est l'ennemi le plus dangereux. Damian, tu restes là à surveiller Firefly. Des agents de la Cour vont arriver, tu t'en chargeras. Selina, je te laisse les imitateurs. »
Il s'attendait à des protestations. Mais sûrement pas à un refus net de la part de son fils :
« Non. »
« Pas de discussion. Si personne ne s'en occupe, ce pyromane va revenir à la raison et se mettre à tout brûler. On ne peut pas le laisser faire ; et j'ai besoin que tu t'en charges, Robin. »
Le Batman le toléra aucune discussion supplémentaire ; et de toute façon, il ne laissa pas le temps à ses deux alliés de protester encore. Il se laissa tomber dans le vide, avec la ferme intention de s'en prendre directement aux Ergots ; deux d'entre eux l'attendaient déjà en contrebas. Leurs masques sur le visage, ils brandirent des lames brillantes et avides du sang de la chauve-souris.
Eat them cold Damian n'est en rien ravi quand son père s'en va finalement au loin, sans lui. Selina quand à elle regarde son compagnon partir en se sentent quelque peu désolée pour son fils, mais aussi assez vexée que comme à son habitude il parte après avoir reçu toute l'aide nécessaire à ses yeux. Mais elle sait. Elle sait pourquoi il tient à rester seul, à se blesser seul jusqu'à sentir ses limites et son besoin d'aide. C'est assez navrant, mais c'est son moyen pour soi disant garder une certaine distance avec ses proches, ne pas en souffrir ... et bla, bla, bla. La jeune femme soupire et dépasse le jeune Robin en train de ruminer et d'hésiter à mettre un coup de bâton dans le visage d'un Firefly reprenant ses esprits. Lui semble en colère, alors que la voleuse semble avoir quelque chose derrière la tête au vu de son sourire. Cela alerte immédiatement le garçon. "Il a bien dit que je devais m'occuper des imitateurs de Freeze et toi de Firefly ... ?" Elle croise les bras. Damian, lui, grogne, toujours boudeur. "Mais toi tu as envie d'aller aligner les imitateurs de Freeze pour montrer à ton cher papa que tu es grand et fort, je me trompe ?" Selina regarde la rue un moment, avant de se retourner vers Firefly et Damian. Elle n'hésite pas à donner un violent coup de talon au criminel pour que celui-ci reparte paître l'herbe avec les moutons de son inconscient. Le jeune Robin reste imperturbable d'expression, mais en son for intérieur il est effaré. Cette femme a vraiment du culot. "Alors va t'occuper des imitateurs. Moi, je vais embarquer Firefly." Elle prend le criminel par les bas et commence à le traîner jusqu'à une voiture lambda, en bon état dans tout ce souk. Damian hésite à partir un moment, se demandant ce que cette folle a prévu de faire. Elle semble si sûre d'elle et souriante, que ce soit en balançant Firefly sur les sièges arrières de cette voiture, ou en trafiquant les câbles permettant d'enclencher le contact du quatre roues. La perspective de mettre hors de combat quelqu'un l'intéresse bien plus que de rester avec pète le feu mais ... il a aussi peur de se prendre une soufflante. Selina qui se doute pertinemment de l'état d'esprit du petit Robin ouvre la fenêtre et sort sa tête pour le fixer et le rassurer. "Si ça peut te rassurer, je lui dirai que c'est de ma faute, et que tu n'as pas joué le rôle du vilain garçon désobéissant pour une fois. Flocon tu es toujours là ?" La petite adolescente ne se fait pas prier pour apparaître. Elle se met à côté d'un firefly toujours sonné qu'elle regarde avec beaucoup d'attention. "Je savais que ça te botterait de le transformer en igloo." Et Selina appuie sur l'accélérateur, partant non pas vers les imitateurs de Freeze, mais bien vers le plus gros du danger : la Cour des Hiboux.
Autant dire que Selina Kyle n'y va pas avec un gant de velours quand elle impose sa présence auprès des troupes à la botte de cette fichue Cour. C'est à plus de quatre vingt dix kilomètres heures qu'elle arrive dans dans la nouvelle zone de combat, après un un petit détour utile pour prendre de la vitesse. Les premiers ennemis ne peuvent guère réagir, éblouis par les pleins phares pour être finalement éjectés par l'arrière du bolide dans un bon gros dérapage au bruit assourdissant. La petite meta humaine est quand à elle partie depuis longtemps, laissant un Firefly complètement désapé et gelé à Selina. La jeune femme ouvre les porte avant et arrière restantes, laissant son véhicule encore fumant de côté avec ses trois victimes bonnes pour un long séjour dans les hospices. "Tu croyais vraiment te débarrasser de moi comme ça ?" Firefly est jeté à terre, aux pieds d'une Catwoman bien décidée à s'assoir sur le coffre de la voiture et à regarder ce combat, tant qu'on ne vient pas l'inquiéter. Et la petite armée de la Cour a l'air bien plus occupée à mettre à terre la chauve souris, qu'à venger leurs trois petits sbires fauchés, mais encore vivants. "Ça ne te gêne pas si je reste ici ? Firefly n'a plus que son slip sur lui et comme tu n'as pas besoin d'aide ..." Elle hausse les épaules et se retient de rire, ou montrer un quelconque signe de moquerie. Il faut à tout prix qu'elle joue l'indifférence ou le détachement. "Je vais rester là, à regarder ce superbe combat. Et attendre que ton cher Robin finisse d'aider le GCPD. Après, je partirai en tout discrétion." Rester calme. Ne rien laisser paraître. Il faut bien qu'il apprenne que ses choix ne sont pas toujours les meilleurs qui soient. Ce n'est pas parce qu'il a peur de les mettre en danger qu'il a le droit de choisir pour eux. Elle croise donc les jambes et s'allonge, dos contre la vitre arrière du véhicule.
« Tu es sûre que tu ne veux pas m'aider ? Je suis persuadé que ces Ergots en ont après toi aussi, maintenant. »
« Mort à la chauve-souris de Gotham ! Gotham appartient à la Cour des Hiboux ! »
« Bon, peut-être pas autant qu'après moi. Mais on doit pouvoir s'arranger. »
Cinq Ergots. Cinq ils étaient, grands, costauds, rapides, fluets, brandissant des lames pâles comme la brume et qui sifflaient à chaque fois qu'elles fendaient l'air. Cinq adversaires coriaces, entraînés, préparés pendant des jours, des semaines, des mois, voir des années, pour affronter le Chevalier Noir. Le Batman n'aurait du, en théorie, et selon les espérances de la Cour, ne pas pouvoir en réchapper. Il aurait du céder au bout d'un moment. Il aurait du craquer, faire des erreurs, puis finir par tomber devant les yeux de la femme chat, si méfiée et si haïe par la Cour. Mais non.
Car Batman était ce qu'il était : un adversaire formidable, capable de venir à bout d'à peu près tous les ennemis qu'il connaissait. Et ce, sans aide.
Le premier adversaire était une femme, fluette, rapide, brandissant un sabre. Son entraînement laissait supposer un passé de militaire, avec des mouvements proches du kendo. Peut-être avait-elle suivi des cours quand elle était plus jeune, et qu'elle s'en était servie de base pour pouvoir accomplir davantage de choses.
« Tu sais, j'ai réfléchi. A propos de notre discussion pour aménager différemment la Batcave. »
Le second adversaire était également une femme. Contrairement à la première, si elle était mince, elle était grande ; presque autant que Bruce. Elle avait des muscles plus dessinés, et un style plus brutal. Elle manipulait une sorte de machette à la lame particulièrement longue, ce qui ne l'avantageait pas. Elle cherchait par tous les moyens à frapper de taille, car elle ne pouvait percer l'armure de Batman ; en vain.
« Je trouve que l'agencement actuel est parfait : la Batmobile peut aller et revenir sans souci, le Batwing peut se poser sans créer de désagréments. Mais le Batordinateur serait peut-être mieux s'il était plus proche de l'ascenseur. Quant à la chambre... »
Le troisième adversaire était un homme. Un véritable colosse, qui avait des mouvements lents, mais puissants. Il brandissait une épée archaïque, à la lame si affûtée d'un côté qu'elle aurait pu couper à peu près n'importe quoi. Mais sous son masque du Hibou, Bruce pouvait distinguer des traits durs, marqués par l'âge ; il se fatiguait rapidement, et faisait des erreurs impardonnables qui l'envoyèrent très vite au tapis.
« Il faut la refaire, intégralement. Le lit devrait être plus centré, avec un mur qui insonorise davantage. La salle de bains plus grande, également. Peut-être aussi changer un peu la décoration, ajouter quelques tableaux, des vases ? Peut-être même une rose, ou un bouquet. J'aime déambuler dans le manoir avec toi, mais les nuits dans la Batcave sont également très plaisantes. »
Le quatrième adversaire, un homme également, était le plus redoutable des cinq ; il fut donc neutralisé en premier. Il brandissait une faux, une arme exotique, rare et terrible entre des mains expertes. Il la brandissait avec une grande dextérité, allant même jusqu'à réussir à tracer un sillon profond dans un des brassards de Batman. Mais il fut neutralisé par un coup net et sec.
« A moins que tu n'aies des suggestions ? Après tout, c'est un peu chez toi aussi, maintenant. »
Le cinquième et dernier adversaire était un homme, plus jeune sans doute que ses compagnons, car il était plus petit, plus mince, et se déplaçait énergiquement. Il virevoltait tout autour du combat, un sabre dans chaque main, attendant l'opportunité parfaite pour frapper le Chevalier Noir. Mais il dut se résoudre à attaquer de front, sans subtilité, quand ses quatre alliés furent mis à terre par Bruce.
Lequel, une fois les Ergots neutralisés, fronça les sourcils sous son masque en observant Selina.
Eat them cold Bruce maîtrise comme à son habitude la situation. Pas besoin d'intervenir donc. Elle garde tout de même un oeil sur le suivi des événements, au cas où. On ne sait jamais. Ce sera toujours étonnant de le voir se battre, ou bien s'entraîner tout en parlant de choses qui n'ont aucun rapport avec la situation actuelle. Le voilà qui parle de la Batcave et des éventuels aménagements qu'ils ont survolé lors d'une de leurs conversations de retour. "Tu as raison. On devrait même donner la clé à l'un de ces Ergots. Ils ont l'air vraiment intéressés par la Batcave." Elle se moque un peu, mais le voir et l'entendre faire des efforts a le don de l'attendrir ne serait-ce qu'un instant. Ça semblait si difficile pour lui de s'ouvrir, de parler de ces choses ou même d'accepter ses propres désirs. Se rappeler des moments où il se montrait froid voir paranoïaque ou bien obsédé par l'accomplissement d'une mission n'était pas agréable. Ces mains qui serrent, cette voix forte qui tente de vous intimider. Cette ambiance sombre s'installant et vous obligeant à vous débattre. Peut-être que tout cela est temporaire, peut-être que ces ténèbres reviendront. Pour le moment, il est là, Batman ne dévore pas Bruce Wayne. Elle doit cependant se montrer inflexible quand au fait qu'il n'a pas su accepter quelqu'un à ses côtés pour l'aider face aux Ergots de la Cour. "Je ne suis pas pour les roses. J'ai beau a-do-rer quand tu en offres à d'autres, mais ne pas laisser ces fleurs sur leur pied est triste. Ensuite en ce qui concerne les autres aménagements, je ne sais pas." Elle réfléchit pendant que les coups de poings, de genoux, ou de crâne fusent non loin de sa position. Garfield alias Firefly est quand à lui en train de gémir et se remettre peu à peu de son petit choc thermique. "Cela reste ton espace. Et je me vois mal en faire une seconde maison. Ce serait comme si je te proposais de changer la décoration de l'une de mes planques. Pas sûr que cela t'intéresse." Le combat finit par se terminer. Les cinq ergots sont à terre, complètement assommés ou démontés par le Batman qu'ils devaient pourtant neutraliser. Selina se redresse, mains appuyées contre le coffre et tête penchée sur le côté pour feindre l'ignorance. "Mon aide ? Tu avais vraiment besoin de mon aide ?" Selina s'avance vers Bruce, qui reste tendu et inflexible, au cas où l'un de ses ennemis ne pense à tenter un nouveau coup pour mettre le chevalier noir hors concours. Son index vient se poser au niveau du début du buste de l'armure, pour glisser lentement jusqu'à la ceinture. "Et ça t'a agacé ? J'aime quand ça t'agace. Tu as toujours cette petite fossette qui ressort sur le coin droit. Juste là ..." Elle se colle au chevalier noir, mais le repousse au moment même où son visage se fait proche du sien. "Ne fais pas semblant. Tu fais tout pour rester seul. Tu aimes cette vie. Et quand cela ne te suffit plus comme conviction, tu te mets à te détester jusqu'à te refermer sur toi-même et te détester d'autant plus." Selina croise les bras et enjambe les ergots assommés pour retourner finalement vers Firefly. Au loin on peut entendre les sirènes du GCPD, Damian a dû faire sa part du boulot. Tant mieux. Quand à elle, peut-être qu'elle n'aurait pas dû dire cette vérité alors qu'il est si amoché, mais ... il y avait comme un besoin que cette vérité éclate entre eux.
Lorsque les voitures du GCPD arrivent avec le jeune Robin, Selina a déjà profité du mouvement général pour disparaître dans les ombres, et profiter sur les toits les plus hauts de l'East End du coucher de soleil. Autant dire que ce soir, elle n'a pas envie de rentrer à la Batcave. Encore moins dans l'une de ses planques. Non, elle veut plus de bijoux, soudainement. Plus que ceux de ces pauvres riches de brésiliens qui ne reverront pas leurs précieuses acquisitions. Peut-être fait-elle cela pour contrebalancer le fait qu'elle a été une gentille fille aujourd'hui, ou peut-être est-ce simplement son envie, son désir, sa vie qui l'appelle à revenir vers ce chemin. "Quel beau début de soirée. Le parfait moment pour voler au grand magasin Killinger." Bras tendus et menton relevé, Selina apprécie ce léger courant de vent frais qui parcourt ses jambes encore alourdies par les combats survenus plus tôt dans la journée. Elle en oublie le manque de recul de Batman, la petite meta humaine, Damian et Victor Fries. Mais le dernier lui, n'a pas oublié. Il demande vengeance auprès de la femme chat. Il attendra le bon moment pour dévoiler ces informations capitales mais d'abord, il doit la retrouver. La traquer et faire en sorte qu'elle souffre. Elle a après tout brisé une de ses meilleures créations au nom du rien. L'inventeur voit la voleuse déambuler dans les couloirs du grand magasin. Il la voit voler comme elle sait bien le faire avec grâce, souplesse et discrétion. Mais il attend, arme au poing pour la geler. Il va lui faire payer son affront. Personne n'humilie Freeze, et personne ne détruit son travail.
Gotham City se couchait, comme le soleil. Les gens normaux rentraient chez eux, retrouvaient leurs proches, profitaient d'un peu de repos avant le lendemain. La vraie nature de la ville se révélait alors, petit à petit, sortant des ombres pour venir étendre son influence lugubre sur les rues de l'East End, d'Arkham City, de la ville toute entière. Qu'on vive dans le centre-ville, dans les hauteurs riches, dans les quartiers défavorisés, on savait ce qui allait arriver : la sécurité relative du jour allait disparaître. Tout cela allait définitivement partir, jusqu'au matin. Il n'y aurait plus de sécurité, plus de bonheur, du moins pour un temps.
La nuit était le domaine de Batman, mais également des criminels et des Vilains. Des personnes, des fous, des justiciers, des détraqués et des atrocités. Car c'était aussi ça, Gotham City de nuit : des abominations, des drames sans nom, des sauvageries indignes de l'Humanité, mais qui existaient quand même. Personne ne pouvait douter du caractère inéluctable de tout ceci, car cela arrivait chaque nuit. Même la présence du Chevalier Noir et ses efforts constants depuis une vingtaine d'années n'avait pas réussi à éradiquer le Mal. C'était un combat de tous les jours, de toutes les nuits, et les progrès étaient évidents.
Mais il y avait tant à faire, tant à dire. Un seul homme, un seul symbole, ne pouvait suffire. Surtout si ce dernier était là, immobile, aux côtés d'un géant en armure réfrigéré, en train d'observer de loin, depuis les ombres, une femme chat dévalisant un magasin.
« Tu sais que je t'arrêterais, Victor, si tu essayais. »
« Oui, tu le ferais. Tout comme moi je le ferais si tu devais t'en prendre à Nora. Nous sommes tous les deux condamnés à agir pour protéger ceux qu'on aime, Batman. La différence entre nous deux, finalement, c'est que toi tu peux profiter de la personne la plus proche dans ton cœur. »
« Oui. Même si... rien n'est aussi facile ni aussi ordinaire qu'il y paraît. »
Victor Fries était un ennemi par nécessité, pas par choix. En d'autres circonstances, en d'autres lieux, en d'autres temps, ils auraient été alliés. Ils auraient été peut-être même amis. Ou à l'opposé, des ennemis farouches, qui se haïssaient totalement, et qui auraient cherché à se vaincre mutuellement pendant des années. Mais la vérité, c'était que le Batman répugnait à affronter Freeze, tout comme ce dernier répugnait à affronter le Chevalier Noir, car ils n'étaient jamais opposés qu'à cause des circonstances.
Comme aujourd'hui, comme ce soir.
« Je cherche un remède à Nora depuis tant d'années, chauve-souris, que j'ignore aujourd'hui si je parviendrais à en trouver un, un jour. Mais ton amie m'a humilié, m'a volé, et m'a empêché de me rapprocher de mon but. Tu sais que je dois le faire. Que je ne peux pas laisser cela impuni. »
« Si nous devons nous affronter, Victor, alors laisse-moi d'abord te poser une question. Pourquoi la Cour ? Que vient-elle faire dans cette histoire ? Les Hiboux ont toujours cherché à me nuire, depuis toutes ces années. Ils ont voulu retourner mes proches contre moi, s'en prendre à eux, alors pourquoi toi ? Ils savaient que je ne t'aiderais pas, sauf en de telles circonstances. Pourquoi, Victor ? »
La réponse vint, évidemment. Bruce ne fut pas surpris de l'apprendre. Il savait, au fond de lui, pourquoi. Il savait quelle était la raison qui avait poussé la Cour à agir de nouveau contre lui et contre Freeze. Il savait aussi que, en soi, ça n'avait rien à voir avec l'homme de glace. Mais avec une toute autre personne.
« Pour elle, Batman. Pour Catwoman. Tu es un symbole de force implacable, de justice, intouchable et incorruptible. Mais tu as tes faiblesses, comme tout le monde. Et la tienne, c'est elle. Ils le savent, désormais. Les Hiboux s'en prendront à elle pour t'attaquer et te blesser. Pour te tuer, ou te transformer en l'un des leurs. »
»Qu'ils viennent. »
Freeze eut un petit rire.
« Oui, qu'ils viennent. La Cour est un ennemi redoutable, Chevalier Noir. Mais tu es plus redoutable encore. Voyons si tes compétences sont toujours aussi aiguisées. »
Et l'affrontement commença. L'instant de paix, de calme, de discussion, s'était envolé. Il avait duré peu de temps, mais il avait apporté les dernières réponses à un puzzle aux pièces manquantes. Et maintenant, il cédait sa place à un autre moment, plus tumultueux, plus violent. Qui ne serait pas sans alerter une certaine jeune femme.
Eat them cold Elle sait. Elle sait pertinemment ce qui adviendra lors des prochains jours ou des prochaines semaines. Que la Cour, ou tout ennemi de Batman va tenter de la tuer, pour briser le chevalier noir. Plus ils seront nombreux à le savoir, plus le danger sera grand. Plus la paranoïa de Bruce grandira et plus ces instants de paix ne seront que de vagues souvenirs. Ces pensées lui viennent, alors qu'elle s'empare de cette parure ressemblant à un flocon dans sa structure. Le Grand Magasin a toujours été l'un de ces endroits où trouver le beau qui tape à l'oeil du riche, pour l'inciter à dépenser ses millions. Avec la fin de l'hiver, la maison Boucheron est celle qui ferme la marche de la saison ce qui va leur valoir ce soir la disparition la plus belle pièce de leur collection. "Des pavés de diamants sur or blanc et un diamant coussin magnifique. Ils ont vraiment mis les grands moyens." Lorsque les pierres viennent caresser son visage, Selina se sent un peu revivre, un peu plus elle-même. Les doutes disparaissent un moment au profit de la contemplation de cet objet de magnificence. Qu'elle cache dès l'entente de bruits de combat.
Elle arrive finalement sur les lieux où Freeze et Batman ont décidé de régler leurs comptes. Cette vision a pour effet de l'agacer, en sachant que c'est à elle qu'en veut Victor, pas au chevalier noir. Aussi beau soit-il dans son combat, aussi puissant se montre-t-il face au danger que représente l'inventeur, Bruce ne voit en rien ce que ses décisions apportent. Peut-être doit-elle aussi accepter le fait qu'il la protège, comme il l'a toujours fait, mais depuis ces sentiments dévoilés, Selina était souvent saisie par la peur et les doutes. Ils ne peuvent changer ce qu'ils sont. Ils ne peuvent vivre sans cela. Est-ce que ce besoin peut entrer en conflit avec ce que Gotham peut recéler comme dangers ? "Vraiment ? Ça ne vous a pas suffi l'East End ?" Elle appuie son épaule droite contre le rebord d'une des portes coulissantes à moitié gelées dans la bataille. "Dans ce cas, je vous laisse régler vos comptes. J'ai encore deux endroits à aller visiter. Amusez-vous bien ! - Pas si vite ! Où est ... - Libre comme l'air ! Chose qui aurait dû être faite depuis bien longtemps. - Tu ne comprends pas ! Cette fille était sans doute la solution au remède. - J'ai juste vu une ado en quête de liberté que tu avais enfermé dans une de tes machines. Bye les beaux frustrés." Et Selina se met à courir avant que Freeze n'ait le temps de la figer sur place, mettant sur son dos le sac rempli de ces bijoux volés et autres petits objets de consommation inutiles mais forts chers pour les bourses modestes. L'inventeur rage, mais est encore aux prises avec le Batman. Il tente donc avec bien plus de hargne de se dégager et de tirer sur la femme chat. Mais celle-ci arrive finalement aux vitres qu'elle n'hésite pas à briser d'un bon coup de ses bottes pour ensuite tomber dans le vide. Hors de la portée des tirs de Freeze et hors de la vue du Batman.
Elle a besoin de fuir ce soir. Elle ne fuit pas Bruce, mais elle fuit cette justice et sa némésis qui ne cessent de vouloir la changer ou bien de l'utiliser pour des projets on ne peut plus honteux. Fuir, les laisser derrière soi pour montrer qu'elle se fiche bien d'eux et de leurs raisons. La Cour, le GCPD, la JLA, ou la Ligue des Ombres. Elle se fiche de ces fous qui essaient de contrôler ces vies en se croyant dans leur bon droit, à coups de cruautés. Leur rire au nez alors qu'ils abusent parce que l'on est seule contre eux, que l'on veut être seul tout court. Mais Selina rit de bon coeur. Elle cache ses pleurs et ses doutes sous ces rires qui les agacent et elle continue ses casses. "Tu sais pertinemment que la fille Patterson dilapide la fortune de son écrivain de père de manière grossière." Penchée vers ce coffre fort caché dans le bas de ce mur de chambre, Selina se déhanche et laisse dans ses mouvements ses courbes de fessier et de dos montrer tout leur talent au chevalier de Gotham. "Et j'ai bien le droit à ma petite récompense, sachant le service que je t'ai rendu aujourd'hui. Tu as même pu cueillir Freeze. Ah te voilà toi." Elle sort du coffre une broche en forme d'oiseau nommé par sa joaillerie l'oiseau d'or. Une broche sertie de saphirs jaunes, grenats spessartites, onyx, et diamants, laissée à l'abandon dans le fond d'un coffre, sans même un écrin pour le dorloter durant son long congé. Selina le prend entre ses griffes et ronronne de plaisir. "Tu ferais mieux de rentrer. On va commencer à croire que nous sommes ensemble." Se moquer de la situation peut le blesser, mais il ne sait pas qu'elle se blesse aussi. Parce qu'elle a envie de le protéger, quitte à imposer les distances. "Ou je risque de te griffer et on sait tous les deux que ça va mal se passer." Sortir les griffes, mettre de la distance. Oublier ces aménagements de BatCave. C'est de cela dont elle avait peur depuis le début. Elle ne veut pas briser cette distance, elle ne veut pas qu'il souffre à cause d'elle chaque jour en passant devant une chose qu'ils ont choisi ensemble dans ce manoir. Non, tout cela doit rester impersonnel. Pour son bien.
Le Batman file de toit en toit, sous la pluie qui commence à tomber dans la nuit de Gotham. Il sait que Selina est partie, et il sait où elle est passée. Il a remonté sa trace, tranquillement, sachant pertinemment qu'elle ne cherchait pas à le fuir et qu'elle ne cherchait pas à le blesser ; aussi mesquine puisse-t-elle se montrer par moment, elle n'est pas comme ça, ne pense pas comme ça. Elle est incapable de lui en vouloir pour ce qu'il a dit et fait aujourd'hui, tout simplement parce qu'elle sait que ce n'était pas mal intentionné. Au contraire. Mais là, s'il file aussi vite que possible, aussi rapidement qu'il le peut grâce à ses moyens... c'est parce qu'il sait que le temps presse.
Il a stoppé Freeze, oui. Il l'a livré au GCPD, sachant très bien qu'il finirait par être libéré d'une manière ou d'une autre. Il a aidé Robin à en finir avec les derniers agents de la Cour des Hiboux ce soir ; le garçon est alors reparti, son père n'ayant plus besoin d'aide, et le Chevalier Noir avait commencé à remonter la piste de Catwoman... et découvrit bien vite qu'il n'était pas le seul à vouloir le faire. Inquiet, il s'était dépêché, essayant de déterminer qui avait pu se mêler à tout ça. Et il avait rapidement compris qu'il ne pouvait s'agir que d'un agent de la Cour. C'était beaucoup trop évident, et il s'en voulait d'avoir d'abord cherché à déterminer lequel de ses ennemis habituels aurait pu être là.
Il se souvenait des imitateurs de Freeze, ainsi que de l'imitateur qu'il avait affronté avec Barbara. Etait-il possible que ce dernier ait été un agent de la Cour ? Etait-ce possible que les Hiboux avaient tenté une autre approche, en imitant le Batman pour mieux l'affronter ? Ce soir, il avait combattu des Ergots, entraînés et forts. Mais s'il y avait un autre imitateur...
« Alfred, la Cour pourchasse Selina. »
Le fait d'en arriver à le dire à voix haute témoignait de son impuissance. Il avait prévu cette éventualité depuis longtemps, évidemment, comme il avait prévu des scénarios et des plans pour à peu près tout ce qui pouvait arriver dans le monde. Il était un stratège, un homme intelligent et qui anticipait les coups de ses ennemis. Mais il ne s'était pas attendu à celui-ci ; et le fait que Catwoman soit en danger le mettait en colère. Il s'en voulait, car c'était sa faute s'il arrivait quelque chose à la jeune femme. Ce serait sa faute si elle...
« Maître Bruce, je tâche de retrouver miss Kyle. Maître Damian n'est pas encore rentré, voulez-vous que je l'envoie vous épauler ? »
Non, songea le Chevalier Noir. Il ne voulait pas d'aide. Il en oublia même de répondre, car il venait enfin de retrouver où était partie Selina. Il se hâta encore davantage, si toutefois c'était possible, et commença à sentir la fatigue de la journée s'accumuler dans ses muscles. Il puisa dans ses réserves, conscient qu'il n'avait pas le droit de baisser les bras. La vie de la femme qu'il aimait en dépendait. Et il arriva enfin là où elle s'était tenue ; une chambre à l'étage d'une grande bâtisse dans les « meilleurs » quartiers de l'East End.
Mais il n'y avait nulle trace de Selina.
« Cat ? » appela-t-il.
Elle n'était pas là, bien sur. La fenêtre par laquelle il était entré gisait, brisée en fragments, sur le sol. Dehors, la pluie et le vent faisaient leur lugubre travail. La chambre était mal éclairée, mais le Batman aperçut un coffre fort ouvert, dévalisé, ainsi qu'une importante flaque de sang. Il aperçut également des morceaux d'étoffes, et d'autres de lycra. Ce dernier matériau provenait sans conteste de la tenue de Cat... mais pas l'étoffe.
Il reconnut aussitôt de quoi il pouvait s'agir.
Un autre imitateur.
Exactement comme celui qui surgit alors des ombres, et tenta de s'en prendre à lui.
Eat them cold La chute avait été violente. Comme le combat avec cet homme à la solde de la Cour. Selina gisait à terre, mortifiée, blessée, mais pas morte pour autant. L'homme quand à lui peine à se redresser, un oeil crevé par la pointe qui servait à attacher la fameuse broche. Mais il a eu l'ascendant sur la femme chat et pouvait ainsi faire son rapport à ses supérieurs. "Aucun lien du côté de Catwoman. Ses rapports avec le Batman semblent inchangés. - Pourtant il est sur le lieu du vol. Tuez la. Cela vaut mieux. - Bien reçu." Mais le temps qu'il charge son arme, son adversaire a disparu. Plus tôt, il avait dû se battre contre cette femme combattive et agile, au risque de perdre certains de ses membres, ou bien ... son oeil. Il avait pu lui aussi la blesser voir la planter de ses deux dagues dans les épaules ou bien l'une de ses hanches, mais cela n'avait pas été sans conséquences. La chute. Catwoman l'avait poussé jusque vers cette fenêtre alors qu'il avait toujours sa dague de plantée dans ses chairs. Une chute longue durant laquelle il n'a pourtant pas été écrasé à terre, juste raclé et balancé dans cet appartement habité par une famille, qui n'a pu que regarder la scène avec horreur. Car la femme chat ne s'est pas gênée pour crever un oeil de son adversaire, alors que celui-ci tentait de l'étrangler. Maintenant, il doit la retrouver. La tuer, pour éviter de se faire tuer. Son échec ne sera pas apprécié de ses employeurs, pas du tout. Alors il charge, part dans le couloir de l'étage en espérant qu'elle ne soit pas partie trop vite. Mais il voit juste des traînées de sang. Sur les murs, sur le lino sale ... elle a pris les escaliers. Alors il suit la piste en courant, s'aidant de son oeil valide pour continuer à la traquer.
La prochaine porte qu'elle éclate et par laquelle elle décide de s'enfuir la mène vers deux appartements à l'abandon, où les bâches de travaux, les débris et les échafaudages sont encore présents. Il faut tenir encore quelques secondes pour arriver jusqu'à cette autre sortie et ... "Et merde ... !" Un autre mercenaire, ou tueur, ou toute chose servant de toutou à la Cour lui barre le passage, alors qu'elle se pensait presque en sécurité et barricadée dans une de ses planques. Cela l'étonne d'ailleurs, car personne à part elle et Gwen ne connaissent cette planque. À moins que ... "Non. C'est impossible. S..." Elle n'a pas le temps de dire ce nom, qui semble soudainement sortir tout droit d'une autre époque. L'homme en question lui envoie dans le bide un coup de poing qu'elle n'arrive qu'à amortir en partie au vu de son état. Mais aussi parce que son adversaire a un pouvoir qu'elle reconnaît entre mille. Le choc est rude, autant que l'est cette révélation. Gwen lui a pourtant assuré qu'il avait disparu, coupé les ponts. Alors pourquoi. Pourquoi est-il là. Selina se redresse, sonnée, parcourue de spasmes et complètement effarée avant de se recevoir un coup de poing en plein visage. La voilà de nouveau à terre, en gémissant de douleur. L'inconnu s'accroupit au dessus d'elle et envoie une décharge dans sa blessure à la hanche pour la faire hurler de douleur. "Alors comme ça tu t'es décidée à fricoter pour de bon avec la chauve souris ? - Et toi ... de montrer que tu es toujours vivant ? - Si tu savais. Il s'est passé des trucs. Ouais, beaucoup de trucs. - Des trucs. Ha. Ça te donne tous les droits pour être un sale enculé tes ... trucs. Même si ça ne change pas, par rapport à avant. - Très drôle. Aller, ça mérite une petite récompense. - Hnnnraaaaaaargh." De nouveau Catwoman se met à hurler de douleur, parcourue par des pics et des soubresauts violents créés par cet amas d'électricité généré par ces mains larges et glacées. Même dans le regard de cet homme qu'elle a un jour connu, il n'y a plus la lueur malicieuse, ni de moquerie. Non, c'est devenu une machine à tuer cynique et sans pitié. L'homme qu'elle avait connu n'est plus et ce même si celui s'approche de son visage pour lui chuchoter ces mots, d'une voix qui n'a de suave que les mots. "Tu me manquais tu sais. Mais je ne te dis pas de passer le bonjour à Gwen. - Parce que tu crois que je vais me laisser crever comme ça ?" Et de toutes ses forces et de tout son contrôle, Selina balance à la figure de son adversaire une bombe au poivre en pleine face. Vient ensuite les griffes dans ses gonades. En espérant qu'il soit plus vivant que les machines à tuer congelées de la Cour. Ah. Il hurle. Il est donc bien vivant. Elle le dégage comme elle peut sur le côté avant que son deuxième copain n'arrive et se traîne en crachant sang, poussière et jurons dans son sillage.
Selina arrive finalement à fermer les portes renforcées de sa planque. Heureusement pour elle, ce système ne comporte pas d'électronique, car avec l'expert se trouvant de l'autre côté ce serait peine perdue. Mais le fait de devoir actionner le mécanisme lui demande énormément d'énergie. Vient ensuite le moment où elle se retrouve les fesses au sol, le dos posé contre le métal froid, à essayer d'éponger temporairement avec les bandages dans les poches de sa ceinture. Elle sort son second communicateur et commence à ramper vers le matériel se trouvant cinq mètres plus loin, tant bien que mal. "Gwen ? - Selina ? ! Il se passe quoi j'ai entendu dire que ... ! - Calme toi. Juste ... ne viens pas ... à la planque sur Elizabeth Street. Ou ... viens mais ... accompagnée. Ensuite ... - Ok, quoi d'autre ? - Spark. De retour." Un grand blanc s'en suit. Gwen à l'autre bout blêmit. Elle était pourtant sûre de l'avoir tué. elle l'a vu à terre, gisant dans son sang, inanimé. Et elle avait menti à Selina, ne pouvant lui dire qu'il s'agissait d'un agent infiltré d'une équipe spéciale de recherches, et qu'elle avait eu cette information grâce au Pingouin. La jeune femme se reprend. Sentant le manque de réaction de son interlocutrice et soupçonnant un truc, Selina reprend, tout en se hissant sur le canapé, et en appuyant sur le système de sécurité qui coupe tout courant, et fait du lieu un simili bunker. "Je vais tenir ... je pense une bonne vingtaine de minutes. Le ... le temps de prendre des ... analgésiques ... recoudre ... et me dégager par l'issue de secours. Celle là ... il ... il ne la connaît pas. - Ok je viens avec la voiture. - Accompagnée. - Le temps que j'arrive avec Slam, Holly, ou n'importe qui d'autre tu te feras achever. - Vous pourriez ... arrêter de tous me prendre pour une ... assistée ? Je vais m'en sortir. Reste en retrait, on va ... devoir parler de Spark. Et ce n'est pas ... morte que tu me ... diras quoi que ce soir rrrrgh nom de dieu." Selina hurle et gémit, sentant que les agrafes chirurgicales tirent sur sa peau, encore plus avec l'ajout de la colle. Ça a beau être du matériel passé par Leslie Thompkins, quand c'est fait à la va vite ça fait un mal de chien. Elle avale ensuite trois pilules pour tenir le coup. Cinq minutes s'écoulent. Il lui en reste cinq pour partir d'ici, comme elle l'avait prédit. Ils avancent sur l'ouverture de la porte. La jeune femme se lève donc en râlant, traînant son corps jusqu'à l'issue se trouvant dans un tunnel aménagé. Seul bémol, elle a calculé ce tunnel de secours pour une personne capable de se rattraper. Ses agrafes sautent au moment de l'impact sur les sacs de sable. Et la voilà de nouveau en train de saigner et sentir la douleur la prendre. Ça va aller. Elle peut le faire. Sans eux. Elle doit juste se traîner jusqu'à cette moto.
« Bruce, vous ne pouvez pas faire ça. Vous avez beau être en meilleure condition physique que la quasi-totalité du monde, mais même vous, vous ne pourrez pas tenir. Vous devez vous reposer. Vous n'arriverez à rien si... »
« Je peux le faire, Alfred. Vous savez que je peux le faire. Je me reposerais quand tout sera terminé. »
« Non. Même Batman ne peut pas faire ça. Vous êtes debout depuis tôt ce matin, et vous avez lutté toute la journée pour réussir à mettre en échec la Cour, Firefly et Mister Freeze. Vous avez réussi. Miss Kyle a été attaquée, mais vous la connaissez : elle s'en sortira. Et même s'il lui est arrivé quelque chose, vous ruer à sa recherche, sans la moindre idée d'où elle est ni de qui la poursuit, et sans repos, est absolument et définitivement stupide. »
« Alors quoi ? Je range l'armure, je dors, et je repars en chasse ? Au risque qu'elle meurt ? Qu'elle soit torturée ? Blessée encore davantage ? Elle a perdu énormément de sang, Alfred, vous l'avez vu comme moi. Elle ne pourra pas tenir aussi longtemps. »
« Bien sur que si. Et vous le savez. Vous refusez simplement, parce que vous avez peur pour elle – ce que je comprends tout à fait – et que vous avez peur de culpabiliser. Vous vous dîtes que vous auriez du l'accompagner, être plus présent. Dire autre chose, faire autre chose, pour éviter qu'elle ne soit dans cette situation. Non, évidemment, vous ne pouvez pas penser à autre, maître Bruce. Je sais ce que vous ressentez, mais... »
« Non ! »
Bruce tapa du poing sur la table, la faisant trembler. La tasse de café se renversa, et se brisa au sol. Le masque du Batman tomba également. Son accès de colère, de frustration et de – il était vrai – peur le rendait déraisonnable. Mais il n'en avait cure. Il se foutait pas mal du reste, car Selina était en danger.
« Non, Alfred, vous ne savez pas. Je ne dis pas que vous êtes incapable de ressentir quoi que ce soit, mais vous n'êtes pas moi. Vous n'avez pas le lien que j'ai avec elle. Vous n'avez toute cette... cette frustration, ce sentiment que j'aurais du faire quelque chose de plus pour que tout cela n'arrive pas. Je me suis ouvert, il y a peu, et j'en paye maintenant les conséquences. Selina en paye les conséquences. »
Alfred resta un instant immobile, à fixer l'héritier des Wayne de ses yeux vifs et intelligents. Une expression de tristesse y passa.
« Je ne comprends pas ce que vous faîtes la nuit. Je ne suis pas le Batman, je ne suis que le majordome. Je n'ai pas juré devant le corps de mes parents de traquer les criminels et de les combattre jusqu'à mon dernier souffle. Mais je vous ai élevé. Dans l'espoir, fou, impossible, qu'un jour vous ayez une fin heureuse. Ou du moins, une fin digne de ce que vos parents ont laissé derrière eux, et de l'homme que vous êtes devenu. Miss Kyle vous aime, certes, vous l'aimez en retour, certes. Mais vous êtes blessé, fatigué, affaibli. Votre place n'est pas, cette nuit, dans les rues de Gotham. Vous devez vous reposer. Vous n'arriverez pas à la sauver dans cet état. »
En d'autres circonstances, les paroles sages et justes d'Alfred auraient fait mouche. Elles auraient réussi à percer la colère et a raisonné le Chevalier Noir. Mais déjà, ce dernier jetait un regard agacé à son majordome, et continuait de se débarrasser de son armure. Cette armure qui était brisée, cassée, et qui n'était rien de plus que le symbole de ce qu'il avait fait ce soir : du fait qu'il avait échoué.
Alors, une fois qu'il en fut débarrassé, il se dirigea vers un coin de la Bat-cave, là où étaient stockées ses différentes armures.
« Non, Alfred. Je ne suis pas digne de qui je suis, de ce que je veux montrer, si je ne peux pas dépasser mes limites. J'ai combattu des adversaires plus dangereux que la Cour. J'ai combattu des ennemis venus d'ailleurs. La Cour va apprendre, elle aussi, ce qu'est la peur. Elle me craindra, et je récupérerai Selina. »
Alors, un bandage teinté de rouge en travers du torse, la fatigue sur les épaules, Bruce prit une nouvelle armure, la revêtit... puis se dirigea vers la Batmobile. Alfred tenta une dernière fois de s'interposer devant lui :
« Bruce... »
« Je dois le faire, Alfred. Et je le ferai. Vous savez quoi faire si je ne reviens pas. »
Car au final, tout cela n'était jamais qu'un plan, qu'un scénario, parmi tant d'autres. Y être confronté était terrible, affligeant, dévastateur pour leurs esprits, mais ils savaient quoi faire. Batman était un stratège. Il avait tout prévu. Alors il partait à la rescousse de la femme qu'il aimait sans se retourner, car il avait un plan pour tout.
Même si ce dernier impliquait la mort de Bruce Wayne.
Eat them cold Selina n'a jamais réussi à atteindre sa moto. Elle en était proche, ses doigts touchaient le pneu arrière. Mais ce n'était pas assez, pas assez. Elle git pendant les prochaines minutes là, face contre terre, en se sentant complètement vidée. De force, de sang. Jusqu'à ce que quelqu'un la retourne, elle ne voit qu'une ombre un peu floue. Ensuite vient le moment où elle a l'impression d'être soulevée, perfusée. Elle croit reconnaître dans un moment de lucidité la blouse blanche et le pull rouge de Leslie. La voix de Gwen elle, parle d'urgence, fuite, lointain. Pas plus mal au vu de la situation. Il valait mieux rester loin oui ... loin. Et c'est le néant. Pendant deux jours, au moins, selon les dires de Gwen qui l'accueille à son réveil. La situation était critique, mais Leslie et ses bénévoles ont réussi à la sauver suite à la réouverture de la plaie. "Quand à Spark, je ne sais pas quoi te dire. Je le pensais ... - Mort. - Je. Oui. J'ai ... - Je ne veux pas connaître tes raisons, Gwen. Tu es quelqu'un de censé. Si tu l'as fait, c'est que cela devait être fait. - Oui. Même si avec le recul, en repensant à ses paroles, j'ai quelques doutes. Je me sens nulle, Selina." Gwen se prostre, cache son visage sous ses mains. Mais à sa grande surprise, alors qu'elle se pensait seule dans cette tourmente, Selina, cette amie commune qu'elle avait eue avec Lola, vient chercher sa main. Elle qui d'habitude tient les distances, se fait forte et seule ... Gwen soupire et la laisse joindre sa main à la sienne avant de s'effondrer. "Je suis désolée. - Je sais. Et c'est la seule chose qui compte."
Une semaine et demie a dû se passer depuis ces singuliers événements. Elle n'a pas contacté Bruce, tout du moins pas directement. C'est Slam qui a fait une fois la liaison pour qu'il sache qu'elle est toujours vivante. Il paraît que le détective ne s'est pas gêné pour invectiver le chevalier noir et lui jeter dans un coup de sang du whisky au visage. S'en est suivi un combat entre ces deux idiots. À chaque fois, ils en viennent en mains, sans doute pour affirmer leur position d'alpha. Et à chaque fois, Slam revient avec un bel oeil au beurre noir, sa chemise de déchirée, ou bien la bouche en sang. Il valait mieux voir le bon côté des choses : au moins, il est au courant. Il sait qu'elle est vivante, qu'elle n'est pas en train de se faire torturer ou charcuter par la Cour. Mais elle n'a pas envie de le voir. Elle n'a pas envie qu'il la voit dans cet état. Selina clopine jusqu'à la fenêtre de sa planque de Old Gotham, papiers dans une main, café dans l'autre. Elle réfléchit, cherche un moyen de neutraliser ces forces de la Cour en se montrant bien plus maline qu'eux. "Vous avez joué vos cartes, les gars. Maintenant c'est à moi de vous trouver pour que vous le sentiez passer." Sa piste, ce serait des flics. Lieutenant Winston, les detectives Mulrooney et Davis. Un lien avec une dette qui remonterait à bien plus que cette simple dette. Sous tout cela, se trouve une unité de meta humains sous couverture qui travaillerait dans le but d'éliminer à petit feu la criminalité à Gotham. Qui contacter. Qui serait à même de s'enjailler à faire tomber en bonne et due forme ces enfoirés. "Il n'y a qu'une possibilité." Oui, ce n'est pas la plus engageante, mais elle sera efficace et directe. l'ARGUS.
"Comment va-t-il, Alfred. - Il ... Maître Bruce n'est pas dans son état normal. Je vous avoue que malgré votre message, il reste dans un profond état de colère. - Je vois ..." Un long silence se fait entre eux, dans le hall de ce manoir plongé dans le noir. "Il est de sortie ? - Oui. Un gala de charité. Voulez-vous l'attendre ? - Non. Je ne pense pas que cela soit très utile et juste dans l'état actuel des choses. - Quelque chose vous trouble Miss Kyle ? - J'ai envie de le voir, Alfred. Je veux l'embrasser, me serrer contre lui jusqu'à en avoir mal aux bras. Je veux vraiment qu'il sente ce que je ressens. Là n'est pas la question. Mais je ne peux pas. Pas maintenant. Cette distance doit rester là pour le moment. Dites lui ... Selina soupire, et passe une main dans ses cheveux courts. Elle est visiblement embêtée, triste, taraudée par son envie de rester et cette obligation qu'elle s'est elle-même imposer pour protéger Bruce. "Dites-lui simplement que la Cour a cru bon d'utiliser des fantômes de mon passé. Cela peut éventuellement lui arriver. - Bien. Rien d'autre ? - Je t'aime Bruce." Cette fois, ce n'est pas Alfred qu'elle regarde, mais une des caméras du hall. Elle fixe la loupe de ces yeux emplis de regrets, mais aussi d'amour pour un homme absent qui ne peut entendre et sentir au plus près ces mots. Mais elle ne peut pas rester, elle ne peut pas lui prouver malgré son désir et sa passion. Selina tait tout cela à contrecoeur, et part par cette fenêtre en étant habitée par une immense frustration. Il faut qu'elle se focalise sur son objectif principal : faire tomber cette branche de la Cour. Les émasculer, et faire regretter à Spark ce qu'il lui a fait subir, durement.
Accueil 
![Fraîchement assortis [PV Catwoman] Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif)