Need must shame as the devil drives || Damian

Le voilà encore dans les ennuis. Pourquoi faut-il toujours qu'il se passe quelque chose ? À peine remis de son affrontement avec Colère et Black Adam, le voilà parachuté dans une autre terre. Comme si le paradoxe temporel n'avait pas assez fait de ravage comme ça... Bien sûr, il n'est pas mécontent d'avoir retrouvé les jumeaux et de les avoir ramenés à Gotham. Mais tout de même. Les deux réalités étaient très différentes et le Damian qui a retrouvé les jumeaux est bien différent de celui qu'il était. Et s'il est heureux de les voir, il a bien du mal à s'y retrouver. Bien sûr, leur présence a été une grande aide durant le déferlement de colère dont il a été victime pendant des semaines ce qui lui prouve bien qu'ils sont à leur place à Gotham. Il faut juste qu'il soit un peu moins fermé. Ce qui n'est pas évident pour lui. En plus, il s'est retrouvé dans cette Londres détruite sans eux, sans savoir s'ils sont là et s'ils ne sont pas en danger. A peine arrivé, le gamin s'est mis en route. Sans armes et n'ayant sur lui que sa montre et son téléphone, il a dû déployer tous ses efforts d'ingéniosité et de discrétion pour rester en vie et ne pas se faire remarquer. Se coulant dans les ombres sans jamais être vu. Trouver à manger. Des spots pour recharger son téléphone de temps en temps, dans cette ville détruite, abandonnée à l'adversité et à la violence. Damian a été soufflé. Soufflé de voir que les Amazones étaient responsables de cela. Que Diana était à la tête de toutes ces horreurs. Soufflé et déçu. Déçu de voir que ce symbole qu'il pensait incorruptible est aujourd'hui l'une des pires créatures que l'on puisse imaginer. Et en colère. En colère qu'on ne lui laisse que si peu de chances, si peu de crédit alors que tout le monde peut en arriver là un jour. Oui, depuis son arrivée dans cette réalité, Damian a renoué avec sa vieille amie, la colère. Une colère plus domptable que celle qui a littéralement fait brûler ses veines pendant des semaines. Une colère qui lui avait manquée. Comme si au final, il n'était voué qu'à cela. Mais bien sûr, cela l'a aidé à survivre. Cette colère et toute son histoire. Petit-fils d'un assassin. Fils d'un héros. Adolescent rebelle et combatif. Il s'est fait discret, tâchant de ne pas croiser de gens à aider ni à tuer. Essayant de retrouver des gens de son entourage. Barbara. Alfred. Dick. Bruce. Les bonnes versions. De peur de trouver quelque chose qui ne lui plairait pas et dont il devrait se débarrasser. Serait-il capable de tuer une Barbara qui aurait mal tournée ? Oui. Selon ses critères bien évidemment. Et sa Barbara. Mais pour le moment, il n'a pas eu à faire ce genre de rencontres. Ce qui lui va très bien. Quant au Collectionneur, qui qu'il puisse être, Damian a hâte de pouvoir lui dire quelques mots doux. Ces super-vilains, tous toujours prêt à semer le chaos. Damian est lassé par ce genre de choses. Que les humains puissent vivre en paix, ils se détruisent déjà bien assez par eux-mêmes. Il grogne encore un peu. A force de fouiller dans les décombre, il a pu se faire un petit stock d'outils et d'armes. Un sac à dos abîmé pour transporter tout ça, il ne garde avec lui que la hache. Une meilleur alternative aux armes à feu : plus silencieuse et jamais à court de munitions. Parce qu'il se doute qu'il pourrait bien avoir à lutter contre des hommes cherchant à survivre avant même de croiser la moindre Amazone.

Le voilà encore à chercher à fouiner, explorant inlassablement les décombres de cette ville désolée, ne restant jamais plus de quelques heures au même endroit, et ne dormant que dans des recoins inaccessibles. Lorsqu'il entend les coups de feu, il se met à couvert. Là, juste là, non loin. Il reste là, caché, attendant. Mais il n'y a pas un bruit. Alors il se risque à regarder dans la direction d'où les bruits lui ont semblés venir. Il voit une femme brune, dans une position étrange, debout près d'un amoncellement de corps. Il se demande ce qu'elle fait, imaginant un instant qu'elle la sauve, jusqu'à ce qu'il ne voit une étrange essence scintillante sortir d'un corps, flottant au-dessus d'elle avant d'être aspiré par la femme debout. Depuis son passage au Kanhdaq, il semble avoir gardé une certaine ouverture d'esprit en ce qui concerne la magie. Une sensibilité différente. Il ne peut pas tout voir ou tout sentir, mais là... Peut-être est-ce ce lien qui les unit tous les deux ? Leur amitié, leur présence au roc de l'éternité en même temps qui le rend plus réceptible. Mais ce qu'il vient de voir l'étonne. Parce que cette femme, il l'a reconnu avant même d'appréhender l'ensemble de la situation. Zatanna est là. Est-ce sa Zatanna ou l'autre ? Cela semblerait être l'autre. De ce qu'il en sait, la Zatanna de cette réalité est loin d'être aussi gentille que celle de sa Terre. C'est un survivant qu'il lui a dit alors qu'il questionnait sur une magicienne. L'autre a parlé de deux magiciennes ayant rejoint Diana, dont une qui ressemble étrangement à Zatanna. Damian s'en est inquiété, mais ne l'a pour l'heure pas encore croisé. Peut-être se fourvoit-il sur l'identité de la sorcière décrite par le résistant. Il dissimule son sac à dos dans les décombres ainsi que sa hache puis se déplace, aussi silencieusement que la mort. Il préfère se protéger. Qui qu'elle soit, son attitude n'était pas normale. Sa Zatanna aurait tout fait pour sauver une vie. Mais là... Lorsqu'elle le remarque, il est déjà à quelques mètres de l'endroit où il a dissimulé ses affaires. D'ailleurs, il tâche de se vider l'esprit, notamment pour ce sac, se focalisant sur sa recherche des siens. Sa famille. Parce qu'il se sait repéré, il s'avance, la sondant d'un regard dur. Elle s'adresse à lui. L'enfant du démon. Cela fait longtemps que personne ne l'a appelé comme ça. Il faut dire qu'il a changé depuis son arrivée à Gotham sur l'autre Terre. Sa Terre. Puis, elle lui désigne les cadavres. Il fronce les sourcils. Elle semble bien désinvolte en parlant de gens morts. Depuis quand ? Elle lui sourit. Brièvement, il lui répond d'un sourire simple, plus détendu qu'il ne pensait pouvoir le faire. Presque naturel. Mais la méfiance est toujours de mise alors qu'il fait face à une inconnue. Zatanna est différente. Etrange. Est-ce celle qu'il connait ? Est-ce l'autre Zatanna ? Il se pose des tas de questions mais affiche toujours un air calme, apaisé. Raisonnablement distant. La voilà qui ouvrir les bras pour l'inviter à une étreinte. Il fronce à nouveau les sourcils et la lui refuse d'un signe de tête mais il répond : « Autant qu'on ne puisse aller ici... ». Il la regarde et demande : « Et toi ? ». Puis il interroge : « Qu'est-ce qu'il leur ait arrivé ? ». Il désigne les cadavres à leurs pieds puis demande : « Qu'est-ce que tu faisais avec elles ? ». Bien sûr qu'il pose des questions. Il veut comprendre. Comprendre s'il doit partir maintenant, tenter de la tuer, ou simplement converser avec elle pour s'enquérir de l'état de leurs amis communs. « Tu as croisé d’autres visages familiers ? ». Il va partir du principe qu’elle est la Zatanna de sa Terre. Et aviser en fonction de ce qu’elle donnera à voir.

Sa réaction le surprend. Il est étonné même s'il ne le montre pas. Il ne comprend pas bien ce qu'elle est en train de lui dire. Et les mots qui sortent de sa bouche semblent être une langue étrangère entre ses lèvres. Pourquoi Zatanna semble si détachée face à la mort de ces femmes ? A la mort de ces gens ? Que lui le soit, ce n'est pas surprenant. Pas qu'il vueille savoir à tout prix qui elles étaient, il veut savoir ce qu'elle faisait exactement. Par curiosité. Pour vérifier qui elle est. Par inquiétude pour elle. Il plisse un peu les yeux, seul signe visible d'une quelconque réaction avant de répondre : « Pas inhabituel non, ce monde est jonché de cadavres... ». Voilà tout ce qu'il est bien disposé à répondre à ce qu'elle lui dit. Peut-être est-ce l'autre version de Zatanna. Et alors, il est probablement dans de graves ennuis, mais pour le moment, il ne va pas s'opposer à elle tant qu'il ne sait pas. La suite de ses propos l'étonne aussi. Trois âmes envoyées en enfer. Mais à bien les regarder ces femmes ne semblent pas réellement de genre à finir en enfer. Il est surpris. Mais la prière pour les âmes, cela ne l'étonne pas vraiment. C'est plutôt normal pour elle. Alors il acquiesce. Cependant toujours sur ses gardes, regarde à nouveau autour d'eux. Les lieux sont calmes. Cela ne le restera probablement pas. Et cela ne le dérange pas outre mesure. Il n'est pas du genre à trembler, transi de froid. Il se sent un peu désarmé mais est loin d'être privé de ressources.

Sa réponse sur les visages connus et croisés ne l'aide pas à définir laquelle elle est. Mais visiblement, cela ne semble pas réellement la chambouler, au contraire, elle semble prendre plaisir à être là. Il repose son regard sur elle. Il est surpris de la voir si détendue, elle qui s'inquiète pour les plus petits êtres portés par la Terre devrait être catastrophées d'être là, rongée d'inquiétude pour ses proches. Mais non. C'est surprenant. Méfiance se renforce dans son esprit, ses muscles se tendant sous ses vêtements, sans pour autant qu'il soit prêt à attaquer. La voilà ensuite qui bondit pour atterrir devant lui, lui posant une question. Et la réponse qui suit ne fait que renforcer ses craintes. C'est la Zatanna de Terre-I qui est là. Mais cette Zatanna n'est pas celle qu'il connaît. Que s'est-il passé ? Est-elle tombée sur son double qui plutôt que de la tuer l'aurait ensorcelée ? Il ne comprend pas réellement. Il se contente de dire : « Tu as l'air différente pourtant de la Zatanna m'a soigné au roc de l'éternité ». Ce n'est pas un reproche, juste une constatation. Froide, simple. Comme tout ce qu'il dit. Il n'est pas réellement sur de comprendre ce qui se trame devant lui, mais une chose est sûre, elle ne parle pas comme elle le ferait. En réalité, il a l'impression de se faire face. D'entendre des lèvres de Zatanna des mots que lui-même pourrait prononcer. Et cela n'est pas une bonne chose, bien au contraire.

Elle reprend la parole. Il écoute. Intrigué. De quoi parle-t-elle exactement ? Elle s'excuse de son mensonge et reconnaît qu'il avait raison ? Damian a très souvent raison, donc trouver de quoi elle parle pourrait lui prendre du temps. Mais elle lui fournit la réponse. C'est sa voix qui s'élève alors qu'elle reprend la parole. Il ne s'en étonne pas, la magicienne a de multiples talents. Il écoute ses propres paroles. Il n'avait pas besoin de sa confirmation pour le savoir. Damian ne sera jamais totalement comme les autres, peu importent les questionnements de Barbara sur toute notion de normalité. Mais ce qu'elle lui dit l'interpelle à nouveau. Personne pour te faire la leçon. « Tu as raison, tuer est dans ma nature, je ne l'ai jamais caché, bien que cela fasse longtemps que je n'ai pas tué d'innocent ». En a-t-il jamais tué ? Ses cibles de la ligue des assassins n'avaient rien d'enfants de cœur même s'ils n'étaient pas tous des assassins ou des violeurs. A bien y réfléchir, probablement dans le lot, s'est retrouvé un homme d'affaire honnête dont le business gênait les activités de Ra's. Mais Damian s'est résolu depuis longtemps : son âme ira directement en enfer, sans même passer par la balance divine tant son âme est corrompue par le sang qu'il a versé. Mais ce n'est pas le cas de Zatanna. Alors il dit : « C'est surprenant, c'est pourtant toi qui est toujours prête à m'empêcher de prendre des vies, en téléportant des voitures de police... ». Il la regarde, suspicieux. Qui est-elle ? La pente est dangereusement glissante. Mais si Damian a la main leste quand il s'agit de coups, ce n'est pas un tueur compulsif. Il lui dit : « Il était temps que tu commences à entendre mes arguments…. Alors, pourquoi pas, cela peut-être amusant ». Il ne le pense pas. Enfin, pas totalement. Mais il est curieux de tenter d'en savoir plus sur elle.

Le voilà qui recommence à faire quelques pas. Tant pis pour son sac à dos. Il reviendra le prendre plus tard, s'il est toujours là, sinon, il repartira de zéro, l'enfant est assez débrouillard pour le faire sans crainte. Il faut jouer de subtilité à présent. Dans ses propos. Dans ses pensées. Il se laisse couler tranquillement dans l'esprit d'un Damian plus sauvage, moins empathique, sans aucune limite morale. Cela fait longtemps que les limites très précises de cet esprit se sont assouplies et que de nouvelles valeurs ont rejoint les anciennes, le forçant à quelques remises en question. Mais Gotham s'efface, ne reste à la surface que le Damian qu'il était avant de quitter la ligue des ombres. Si d'aventure Zatanna devait traîner dans son esprit, les pensées superficielles seraient celles-ci. Celle de l'adolescent discipliné et froid qui traque celui qu'il cherche et qui traque ceux qu'il pourrait tuer. Peut-être même Bruce pour se débarrasser enfin de cet homme qui tente de le brider. Il questionne : « As-tu trouvé des informations sur l'identité de celui qui nous a envoyé ici ? ». Il marque une pause tout en continuant d'avancer, vigilant aux alentours, guettant tout mouvement suspect avant de préciser : « Peut-être devrions nous le remercier pour cette ère de liberté ». Et de grandes possibilités. Beaucoup de choses à faire, à découvrir. Un véritable plaisir. De temps en temps, il soulève quelques rochers, il tourne quelques cadavres guettant les visages, et fouillant les dépouilles pour trouver quelques ressources intéressantes. Si la magicienne est toujours bien armée, lui aurait bien envie de trouver quelques couteaux ou même une barre de fer. Il ne mettra probablement pas la main sur un katana, mais une épée atlante pourrait avoir été oubliée-là. Soudainement, alors qu’il voit une adolescente passer, fouinant un peu plus loin pour trouver quelques ressources, il s’arrête. Il arrête Zatanna du bras et dit : « Trop facile, il nous faudrait un peu de difficulté. Et si nous tentions de faire un concours… Celui qui tuera le plus d’Atlantes ». Pas question de toucher aux amazones pour le moment. Les atlantes lui semblent plus accessibles pour lui et il ne sait pas à quel point cette Zatanna est fidèle à Diana. Sur Terre-I, elle l’est. Mais la Diana de Terre-IV est différente. Et cette version de Zatanna-I est déconcertante. Et lui n’a jamais caché une certaine défiance à l’égard des Atlantes. Alors, cela ne sera pas étonnant. Et cette adolescente pourra vivre encore quelques heures avant que quelqu’un d’autre ne veuille s’en prendre à elle.

Il ne répond pas lorsqu'elle jauge la vie humaine. Que lui puisse parler de cette façon, cela ne serait en rien étonnant, mais venant de Zatanna, la créature la plus douce de cette planète, nul doute que ces mots ne sont pas les siens. Damian ne comprend pas ce qui se passe. Il ne comprend pas qui parle. Mais ce n'est pas la sorcière qu'il connait. Cette fille qui se tient là, qui lui parle, ce n'est pas celle qu'il a l'habitude de cotoyer, avec laquelle il s'entraîne, pleine de joie de vivre et d'une douceur extrême à laquelle il n'est pas habitué, toujours prête à se donner à fond pour protéger les autres sans jamais savoir s'arrêter de peur d'être égoïste. Définitivement, Damian sent que quelque chose cloche, sans savoir quoi. Il relance la question sur autre chose, cherchant des informations sur le collectionneur, plus pour l'occuper que par véritable intention, puisque de toute façon, cela lui importe guère, d'autres seront bien contents de pouvoir s'occuper de celui qui a télescopé deux réalités sans se soucier du mal qu'il allait entraîner. Ou en s'en souciant un peu trop justement. Mais elle ne sait rien lui dire. Visiblement, elle ne semble pas s'en préoccuper. Encore quelque qui ne convient pas à sa Zatanna. Il ne peut pas croire que leur expérience au roc de l'éternité, que son expérience auprès de Colère l'ait transformée à ce point. Non, l'enfant n'y croit pas. C'est autre chose sans qu'il ne puisse savoir quoi.

Puis cette fille vient interrompre leur avancée. Damian tente une distraction aussi habile qu'inutile. Ses paroles le heurtent alors qu'elles ne le devraient pas. A quoi s'attendait-il donc ? Voilà bien ce qu'il est pour les autres : un tueur. Et cela ne changera jamais. Il la regarde bondir, se servant de la magie sans se brider. Les éclairs touchent l'adolescente qui est projetée sur un tas de gravats. Damian se met en route pour contourner. L'adolescente tente de se sauver, sonnée, tente de se cacher, petit animal blessé, traquée par un prédateur bien plus puissant qu'elle. Du coin de l'œil, il remarque son tatouage s'animer mais rien ne fait et la magicienne s'approche encore. Et lorsqu'elle s'approche trop prêt de l'endroit où l'adolescente a disparu, c'est à son tour de bondir pour s'interposer, avec souplesse. Il se redresse et la repousse du plat des mains sur le torse : « Ça suffit ! ». Sa voix claque froidement. Son regard se fiche dans celui de la magicienne. Il n'a pas peur. Il n'a jamais eu peur d'elle. Et s'il doit mourir en cet instant, alors qu'il en soit ainsi. Il ne le fera pas pour cette gamine qu'il ne connait pas et dont il se moque éperdument. Il le fera pour tenter de la ramener. De l'aider à reprendre pied. Quoi qu'il se passe pour elle, il est temps que cela cesse avant qu'il ne soit trop tard.

Devant elle, s'opposant à son passage, lui refusant ce qu'elle cherche, il la regarde sans faillir. Et si elle a voulu jouer à celle qui pioche dans leurs souvenirs communs pour tenter de l'influencer, alors lui aussi peut faire cela. Sans pouvoir imiter sa voix, il se contente donc de sa propre voix de répéter ses mots, fouillant dans sa mémoire pour retrouver les mots exacts de cette Zatanna qui jurait de toujours protéger les plus faibles parce qu'elle était bien incapable de ne pas le faire : « Ne pas mener cette vie, ça reviendrait à s'asseoir sur le bord de la route et à regarder les gens se faire tuer, en sachant que je peux l'en empêcher, mais sans bouger le petit doigt, juste parce que des fois, je n'ai pas envie d'être celle qui s'en mêle. Je t'assure que pas capable de ça ». Il la regarde et dit : « Qui que tu sois, tu n'es pas elle. Et je ne te laisserais pas lui faire du mal ». A cette fille. A Zatanna. Est-ce un sort ? Ou une possession ? Une manipulation quelconque ? Il ne sait pas. Mais elle savait pour le roc de l'éternité et pour les soins, donc il est pratiquement sûr qu'il s'agit de la Zatanna de Terre-I. « Je pourrais tuer cette fille sans jamais m'en sentir coupable mais toi, toi tu t'en sentirais coupable. Et d'abord, la Zatanna que je connais serait incapable de faire du mal à qui que ce soit ». Il s'avance d'un pas assuré pour la faire reculer et si elle refuse alors il tente de la pousser. Si cette fille a un minimum de sens logique, elle s'enfuira pendant qu'il s'affaire à occuper Zatanna. Il se doute que la magicienne ne va pas se laisser faire et que cette fois, elle ne jouera pas à la loyale. Elle utilisera probablement la magie mais il luttera autant qu'il le pourra prêt à tout pour l'empêcher de faire ça, quitte à le faire lui-même. « Je ne te laisserais pas tuer cette fille ». Hors de question.

Il plisse les yeux. Il n'aime pas ce qu'il est en train de se passer. Quand il perçoit l'éclat argenté, il sait. Il comprend. Définitivement, cette personne qui lui fait face n'est pas la Zatanna qu'il connait. Peut-être son enveloppe, mais il ne peut pas croire qu'elle soit elle-même. Non. Elle lui attrape les poignets. Et cette fois, quelque chose s'allume dans son esprit. Cet état d'alerte qui s'était mis à ronronner depuis de longues minutes dans son esprit vient de s'enflammer, hurlant qu'il est temps de partir. Oui mais la laisser là ? Livrée à elle-même ? Se déchaînant dans un monde à la recherche d'innocents à tuer ? Impossible. Damian ne peut s'y résoudre. Parce qu'il sait qu'elle ne pourra jamais se pardonner d'avoir fait ça. Et que même s'il ne comprend pas bien ce qui se passe, il ne baissera pas les bras, ne se rendra pas sans combattre, même s'il doit mourir. Elle parle. Il écoute. Tente de se dégager mais elle resserre la prise. Elle lui assure qu'elle est bien elle, qu'elle est juste libérée de ses chaîne qui la rendaient malheureuse. Il secoue la tête et dit : « Je ne te crois pas... ». Il tire à nouveau pour tenter de se dégager. Son regard est triste, mais Damian ne se laisse pas amadouer. Le gamin a un cœur dur et bien plus sombre que celui de celle qui lui fait face. Elle croit être libre, elle croit pouvoir être heureuse comme ça… « Qui que tu sois, quoi que tu sois, tu ne seras jamais libre et affranchie. Il y aura toujours une part de toi qui luttera, encore et encore. Et cette part, c’est la Zatanna que je connais et elle ne renoncera jamais à lutter ». Il l’appelle. Il la convoque. Il cherche à lui donner la force nécessaire pour se libérer.

La jeune fille se sauve. Avec difficulté mais elle s'éloigne. Et c'est une bonne chose. Mais Zatanna ne l'entend pas de cette oreille. Une âme pour une âme. Combien de fois l'a-t-il entendu ? Et combien de fois Ra's lui a promis que son âme serait une offrande s'il ne réussissait pas ses missions ? S'il ne devenait pas le meilleur ? Encore et toujours, Damian en revient au même point : la place qui est la sienne. Les flammes commencent à remonter le long de ses bras mais il garde la tête froide souriant en coin : « Oh mais vas-y... Prends-moi. Je viens te chercher ». La douleur commence à se propager dans ses bras. Il serre les dents mais ne crie pas. Elle s'élève, l'entraînant avec elle. Ils flottent, une dizaine de mètres au-dessus du sol et les flammes continuent à le dévorer. Mais il profite de la position pour poser ses pieds dans son ventre. A plat. Et il frappe. Un coup. Deux coups. Trois coups. Encore et encore. Avec toute la force que la douleur lui insuffle. Peu importe qui elle est. Il ne se rendra pas sans combattre et la martèle de coups jusqu'à ce que finalement, elle ne le lâche. Il tombe. Un petit filin sort de sa montre s'agrippant à un poteau électrique abîmé. Cela amorti à peine la chute. Il roule et se redresse. Le filin s’enroule à nouveau dans sa montre automatiquement. Dans un réflexe de survie, il se roule au sol pour se débarrasser des flammes. Il se redresse et la regarde : « ZATANNA ». Il la regarde. « ZATANNA ! ». Il fait quelques pas rageur tout en la regardant : « Tu es plus forte que ça Zatanna ! ». Il devrait s'enfuir. Mais il reste là, encore. Il en appelle à sa force. A sa bonté et à sa bienveillance. Peu importe la douleur qui fourmille encore dans ses veines alors que la magie gronde furieuse de ne pas avoir pu l'emporter tout entier.

Abandonné. Le mot le heurte. Il n'y croit pas. Zatanna et son courage. Zatanna et sa force. Zatanna et sa colère. Il ne peut entendre cela et l'accepter sans rien dire. Il ne peut même pas y croire. Parce que la magicienne est investie d'une puissance sans limite et qu'elle possède une force que peu d'êtres vivants ont. Il ne croit pas à un abandon. Il grogne : « Tu mens ». Il plisse les yeux. Il pense la connaître mieux que ça. Assez pour ne pas croire de tels mots. « Cela t'arrangerait bien, n'est-ce pas qu'elle ait baissé les bras ». Mais dans le fond, ce sont juste des mots justement. Pour le briser. Pour la briser. Pour prendre le contrôle. Pour le garder. Et pouvoir assouvir ses envies sans s'en sentir bridé. Les choses évoluent trop vite pour qu'il ne puisse vraiment réagir. Et la douleur lui vrille le corps à mesure que les flammes se répandent alors il résiste et il frappe, encore et encore jusqu'à pouvoir s'échapper. Une fois au sol, il relève la tête. L'appelle. Mais Zatanna ne répond pas. A la place, c'est encore cette paradie de Zatanna démoniaque qui lui parle. Il rit, ironiquement. « Brave ? ». Il la regarde et dit : « Est-ce brave de prendre la vie de ces pauvres gens alors qu'ils ne peuvent pas se défendre ? ». Il persifle. La méprise. Il en connaît un rayon sur les tueries. Et tuer un innocent est loin d’être un acte de bravoure. Affronter un adolescent de treize ans avec des pouvoirs capables d’anéantir le monde, cela n’en est pas non plus. Cette femme qui flotte dans les airs est d’une lâcheté sans nom. Se cachant derrière cette fausse confiance en elle, assouvissant une soif sordide de sang et d’âme sans pour autant être forte ou courageuse.

Avant qu'il n'ait eu le temps de continuer à persifler son venin elle écarte les bras. Un premier éclair jailli, puis un second. Et très vite, l'enfer se déchaîne littéralement sur terre. Des cratères se creusent, les débris volent dans tous les sens, une fumée dense se forme. Au milieu de tout cela, l'air est irrespirable. Il se glisse dans l'un des cratères, qui ouvre maintenant sur les égouts avant d'être frappé. En posant sa main au sol, sur la plaque, il prend une décharge qui le sonne en partie. Mais bien caché, il peut se remettre de ses émotions. La douleur des flammes ensorcelées se dissipent. Son âme est toujours là, bien accrochée à son corps. Et s'il sent un peu le brûlé, il a évité le pire. Les fourmillements se dissipent. Il se sent idiot avoir été si inconscient en touchant cette plaque, mais dans la poussière il ne l'avait pas vue. Trop bien cachée par plusieurs jours sans nettoyage. Lorsqu'il n'y a plus d'éclair, il profite de la fumée pour sortir. Les cratères laissent apparaître plusieurs barres de fer, surement prises dans le bitume et le goudron, à présent offerte. Il peut en dégager deux. Elle le cherche, mais il se coule dans la fumée qui se dissipe petit à petit alors qu'elle appelle son âme. Mais il est toujours vivant. Et tant qu'il sera vivant, il résistera. Avec le plus de force possible, il tente de lancer sa première barre de fer, comme s'il avait lancé un javelot. Et se déplace encore pour lancer la seconde, tentant de la toucher. Pas forcément de la tuer, mais bien de la toucher, espérant qu'elle s'est abaissée de quelques mètres pour le chercher, visant l'ombre qui plane, difficile à discerner à cause de la fumée, au-dessus de lui. Il n'abandonnera pas son amie comme ça. Même s'il n'est pas sûr de comprendre ce qu'il lui arrive, il le fera. Il s'embusque à nouveau, dissimulé derrière un bloc de pierre, et lève son regard sur lui. Sort ? Possession ? Si elle est victime d'un sort, il ne peut rien faire. Alors il commence à réciter une prière, trouver dans un vieux manuel traînant au manoir, tentant un exorcisme religieux, faisant appel à Dieu et à toute sa force pour bannir ce démon. Si cela en est bien un. Si cela est la vraie Zatanna. Peut-être est-ce celle de Terre-IV qui aurait volé les souvenirs de sa Zatanna. Difficile d'être sûr. Mais il veut essayer.

La première barre de fer se brise contre un bouclier. Elle lui parle. Il en profite. La seconde, elle, réussit à la blesser et il en sourit satisfait. Mais cela ne sert à rien. A rien d'autre qu'à lui faire gagner un peu de temps. « Et pour combien de temps ? Tu ne t'arrêteras jamais, n'est-ce pas ? Même lorsque nous aurons réussi à réintégrer notre monde... ». Il se repositionne, pour commencer à réciter cette prière lue dans un ouvrage du manoir. Et cela la fait rire. Mais il ne se démonte pas. Il essaye. Parce qu'il a beau être un satané petit con, il se bat. C'est ce qu'il sait faire le mieux. La cause n'est pas toujours la meilleure, mais s'il en choisit une, il ne baisse jamais les bras. Et le monde est ce qu'il est parce qu'il y a des gens comme Zatanna pour le porter. Alors si elle sombre, si elle devient comme lui, alors où ira le monde ? Le leur, bien évidemment. Et puis... Dans ce monde, Zatanna est maléfique. Encore une preuve qui le pousse à se battre, convaincu des bienfaits qu'elle apporte au monde en combattant des malfaiteurs et en empêchant des gens comme John, ou comme lui - surtout comme lui - de sombrer du « mauvais côté ». Même s'il n'est pas convaincu qu'il y ait un mauvais côté puisque ses valeurs morales sont floues. Elle recommence à parler. Il continue à réciter sa litanie en écoutant d'une oreille attentive. Elle se repose et il se déplace, pour répondre : « Peu importe tes explications, si tu ne l'es pas totalement, alors il y a encore une chance. Encore une raison de se battre ». Il grince et provoque : « Tu aurais pu au moins choisir une âme aussi noire que la tienne ». Le démon est là, il guette, il entend, il en est sûr à présent. Qu'il vienne. Qu'il le prenne s'il le souhaite. Il ramasse une nouvelle barre de fer. Elle lui dit que c'est ce qu'elle est désormais. Il dit : « Les gens sont ce qu'ils sont s'ils sont seuls à l'être. L'emprise, quelle qu'elle soit, ne fait pas des gens ce qu'ils sont, mais ce que l'autre veut qu'ils soient ». Il persifle un juron et change à nouveau de cachette, évoluant dans la fumée juste avant qu'elle ne disparaisse. Il inspire, et finalement se redresse silencieux pour s'approcher dans son dos, prêt à frapper. Prêt à la transpercer. A la tuer pour l'empêcher de nuire. Mais elle se tourne. « Je te vois ». Il n'a pas peur. Avec la force de la rage qui l'anime, il tente de lui planter la barre de fer dans le ventre en lui hurlant : « Trouve toi un hôte à ta hauteur ! ». « Prends moi ! ». Le cri est silencieux, la flamme est colérique dans son regard. Voilà ce qu'il dit. Parce que lui pourrait tuer des milliers de gens sans jamais s'en lasser, sans jamais s'en ombrager, sans jamais qu'aucune part de lui ne lutte contre cela. Alors que Zatanna aura toujours cette part, même inconsciente, qui résistera. Parce que c'est dans sa nature. Damian en est convaincu, même si elle a abandonné, il restera toujours une partie d'elle pour résister, même si c'est une part bien cachée au fond d'elle. Le démon ne pourra jamais totalement en faire son hôte, même s'il le voulait, même si elle le voulait, parce que cela va à l'encontre de sa nature. Il grogne. Mais la crevasse qui s'ouvre sous ses pieds l'empêche de faire plus. Il tombe. Il revoit Bruce sombrer à la Cour des hiboux. Il revoit les jumeaux. S'inquiète de savoir qui prendra soin d'eux. Puis, il regarde les bords de la crevasse et finalement empoigne un élément de construction saillant. Le choc est rude pour ses épaules, et lui tire un râle de douleur, mais il ne tombe plus. Et il a survécu à l'affrontement. Il escalade un peu jusqu'à se nicher dans une alcôve de la fissure attendant qu'elle s'en aille pour remonter. Ce combat, il ne peut pas le mener seul, il le sait. Mais il le fera s’il le faut. Il ne baissera pas les bras.