Donna Troy | Fire in her veins

La voix mêlée des chants de grec ancien et d’autres dialectes. Le firmament s’étendait juste au dessus du monticule de glaise. Il fallut attendre l’étoile filante, il fallut attendre le moment stratégique pour que l’ensemble se meuve démesurément devant le regard alerte de la sorcière. D’aucune foudre ne perça la voie lactée pour venir s’écraser, d’aucune incantation divine ne vint s’incriminer par-dessus la voix stridente de Malaga. Seule la magie se dénotait et permettait la transformation de la poupée. Recouvrant le sable de peau, les quelques roseaux d’os, la chevelure d’onyx ne tarda pas à surplomber le haut du crâne du nourrisson. Et de ses premiers cris s’extirpèrent des flots de terres. Le tumulte résonna quelques longues minutes sur cette même plage qui accueillit peu de temps avant les enfants prodigues. Et voici que cette nouvelle naissance arracha un sourire satisfait auprès de sa mère, Hippolyte. Amazone de pleins droits, volonté de la Reine, la petite fille reçut pour prénom Donna en hommage à sa sœur aînée. En corrélation avec ses origines qui ne la quitteraient jamais.

« Le Monde est en proie aux changements. » La déesse regardait l’enfant avec des yeux à la fois inquiets, à la fois encourageants. Fière des efforts endurés, fière de détermination et d’espoir, sa main ne tardait jamais à passer sur la chevelure de baie de la petite fille, alors que ses apprentissages contrastaient avec ses élans de tendresse. « Mais n’oublie jamais, Donna, que l’Espoir existe dans chaque chose et que Diana aura besoin de toi. » Le conseil lui semblait prophétique, voire même fabulé pour surement lui donner une raison d’exister. Les Amazones avaient ce don de vouloir défendre les plus faibles, de leur accorder protection dès lors que les plus corrompus cherchaient à les induire en erreur. La défense est leur meilleure force. Ce fait, les deux amazones pareilles à des sœurs l’avaient compris bien avant tout le reste. Parce que Donna ne pouvait exister sans Diana et vice-versa. Leurs âges étaient si proches que l’on aurait pu croire en des jumelles. Le lien qu’elles entretenaient si étroit que l’on pouvait croire en une télépathie entre leurs esprits vifs. Hippolyte et Rhéa avaient réussi là où d’autres auraient échoués. Elles avaient inculqué force, honneur, respect, mais surtout investi les cœurs des deux filles d’un courage certain en l’espoir. Leur indépendance s’entremêlait à ce besoin de soutien pour se comprendre. Pour affronter les regards et railleries des jalousies des autres amazones. Elles vivaient sous cette même étoile ou plutôt sous cette même voûte stellaire. Toutes deux apprirent d’un même corps, d’un même esprit, les rites les plus anciens ainsi que les dialectes de toutes contrées. Malgré la rudesse de l’éducation, les mœurs bien souvent difficiles des Amazones, elles réussirent grâce à leur amitié. Les rites s’enchaînèrent, suivant les rythmes déterminés par leurs maîtres. Artémis leur appris l’art de la chasse, alors qu’Athèna leur inculqua la sagesse, Héra leur enseigna les défenses à tenir pour les Femmes, alors que Aphrodite leur rappelait les bienfaisances d’un Amour entier. Bref, les petites filles reçurent ces apprentissages de manière privilégiée, suscitant pour une fois encore les jalousies des autres Amazones. Et pourtant d’aucune ne fut épargnée de la dureté des combats. Si les coups pleuvaient, ils ne s’arrêtaient que pour mieux recommencer dans un premier temps. Jusqu’à ce que leurs corps répondent à la musculature adéquate, jusqu’à ce que les systèmes de défense s’acquissent au fil des années. De ce travail naquit enfin la reconnaissance d’appartenir à cette famille d’Amazones. De cette détermination soutenue pour et par sa sœur arriva enfin l’âge d’or de Diana et Donna de Themyscira.

Thermyscira pouvait à présent compter sur les protections de leurs deux dernières recrues. Chacune avec des qualités et des défauts différents, mais toutes deux unies pour l’immortalité qu’elles partageaient. Un équilibre certain s’en déduisit avec parcimonie, jusqu’à ce que l’imprévu ne sème discontinuité dans ce dernier. Le crash du planeur provoqua de réactions mêlant aussi bien remparts que suspicions. L’humain fut découvert pour la première fois pour beaucoup, Diana et Donna ne furent pas épargner de cette révélation. Et si Diana se montrait curieuse vis-à-vis de l’aviateur, Donna, elle préservait ses méfiances au point de s’effacer de cette découverte. Jeune femme, jeune Amazone, elle demanda conseil à sa mère Rhéa quant aux comportements que ce nouveau genre devait susciter. Cette dernière lui rapporta les conseils soutenus des décennies passées, lui confiant une fois de plus qu’elle se devait de préserver l’Espoir et soutenir sa sœur Diana. L’énigme n’en devenait que plus interrogative alors que la guerre s’introduisait par les flots de leur île. Rapprochant des barques, révélatrices de cette mauvaise nature que l’Humain confectionnait pour se définir une nouvelle conquête. Ses sœurs ne leurs permirent pas cette oraison. Et toutes rappelèrent les enseignements de leurs déesses avec brio. Hélas, les armes des hommes dépassaient les leurs et l’une d’elle fut victime de cette vilénie de fer. L’interpellation de ses enseignements commença alors à s’éveiller dans son âme, ramenant des questionnements au sujet d’un quelconque espoir à préserver face à une telle adversité. Ce fut à cause de cette première remise en question que Donna ne put suivre dans un premier temps Diana. Il lui fallut du temps pour apprendre des enseignements de Rhéa, pour accorder une légitimité certaine à l’Humain. Quelques années tout au plus, avant qu’elle ne se décida à rejoindre sa sœur. Sa place était à ses côtés et nulle part ailleurs. De son courage, l’Amazone reçut des présents à même de l’aider pour sa quête vers l’inconnu : des bracelets ainsi qu’une épée forgés par Héphaïstos, mais surtout ce lasso de Persuasion, que sa mère lui confia tout en la conseillant. « Persuade-les que l’Espoir est primordial. » Sa mission fut entendue et acquiescée avant que l’Amazone ne franchisse le portail qui sécurisait l’île de ses pairs.

Le chaos lui sauta aux yeux, la corruption la prit à la gorge. Cela l’étouffait dans un premier temps, ce temps d’acclimatation qui lui parut durer une éternité. Heureusement, elle retrouva bien vite sa sœur et lui confia ses craintes et ses ressentis vis-à-vis de l’humanité. De l’expérience de son double, Donna trouva une certaine quiétude dans ces espoirs qu’elle se devait de retrouver. Diana avait raison. Le Mal grouillait, mais il y avait tant à défendre. Les innocents étaient en nombre supérieurs et elles ne pouvaient les délaisser sous prétexte d’une civilisation trop jeune pour apprendre. Non. Elle avait raison sur toute la ligne et ses rapports lui apprirent combien ces innocents étaient chers. Ils méritaient d’être défendus tout autant que leurs sœurs sur Themyscira. Grâce à cela, toutes les deux les secoururent pendant des décennies. Diana sous le pseudonyme de Wonder Woman, Donna sous celui de Wonder Girl. Toutes les deux s’attachaient à défendre les plus faibles, leur permettre une vie meilleure dans laquelle l’espoir avait sa place. Dans laquelle, il était possible de croire en l’avenir et ce malgré les malfaisances. Toutes deux rétablissaient un équilibre à leur échelle. Finalement, Donna trouva sa place, elle aussi, dans le monde des Hommes. Désireuse de secourir veuve et orphelin, défendre ceux qui se trouvaient dans le besoin. Elle détenait l’autre clé qui permettait aux humains de voir au-delà de leurs propres intérêts. Elle finit d’ailleurs par se fondre dans cette masse. Apprit également d’eux, en découvrant des paysages qui n’en finirent pas de l’émerveiller. L’intention de les immortaliser n’en devenait que plus importante à mesure que les technologies humaines lui révélaient des possibilités pour se faire. La photographie lui devint une passion, un désir d’apprendre pour mieux rendre hommage à ce que le monde offrait. Grâce à cela, elle touchait du doigt l’espoir et pour cela, elle s’investit dans l’apprentissage de cet art. Délaissant doucement son costume de Wonder Girl alors que des noms émergeaient de-ci de-là des Etats Unis. Un certain Batman ne tarda pas à se faire connaître, mis en exergue sous la description du Chevalier de la Nuit, un peu plus tard, Superman se distinguait sous les traits d’un Ange de la Cité de Métropolis, Green Arrow en tant qu’Archer bienveillant de Star City. Et sa Diana demeurait la plus dévouée des défenseuses de l’humanité.

L’équilibre aurait en demeurer sous cet aspect. Malheureusement, la menace extérieure ne tarda pas à répondre aux bienséances. Désireuses d’introduire le chaos, dans ce monde qui méritait le meilleur, voilà que Darkseid voulu étendre son pouvoir en envahissant le monde. Investissant ce dernier d’une corruption totale. Heureusement il fut possible aux justiciers de s’allier pour affronter le dédain. Wonder Girl ne tarda pas à se battre aux côtés de Wonder Woman, elle-même accompagnée des autres surhommes. Et de cette équipe la menace fut décimée. L’humanité était sauve, pouvant reprendre le cours de son existence, pansant les plaies que l’extérieur lui avait ouvertes. Enfin, les hommes pouvaient essayer de se soutenir d’un même front pour oser agir en tant que grande famille. Ce fut en suivant cette même idée que l’Amazone aux cheveux de bais accepta de former ce que l’on connut sous le nom de la Young Justice. Accompagnée de certains acolytes, il en fut un avec lequel elle laissa tomber l’ensemble de ses barrières, Dick Grayson. L’équipe parut être l’une des meilleures expériences de la jeune femme. Il lui semblait recouvrer cette véritable appartenance comme elle ne la connaissait qu’à Themyscira. L’appel de la Justice League pour la Young Justice fut entendu au moment où le fléau s’abattit à nouveau sur les humains. Le combat qui s’en suivit à Gotham City fut une véritable catastrophe. Brisée de l’intérieur, pour avoir craint de perdre sa sœur, Donna perdit le contrôle de sa retenue et fut investie d’une rage folle. Engendrant violence, brutalité, cet aspect d’elle-même tendit à l’effrayer au point qu’elle s’effaça. Abandonnant le nom de Wonder Girl, découvrant une soif de sang et de vengeance, Donna craignait que l’espoir qu’elle était censée prévaloir ne l’est abandonné. Et il l’avait fait. Elle avait faillit perdre sa raison d’exister et s’était heurtée de pleine fouet à son échec. Abasourdie, elle revint néanmoins à Themyscira quand on l’appela. Sa joie n’en fut que plus évidente au moment où les retrouvailles avec Diana furent effectives. Pourtant, persistait cette impression d’être brisée à l’intérieur. Elle préféra alors rendre le costume de Wonder Girl, qu’elle confia à Cassandra Sandsmark, qui selon elle, était bien plus méritante. Ce fut également à cette occasion qu’elle put apprendre que Diana avait un frère, Jason, et était fille de Zeus. Donna comprenait ainsi son existence. Les raisons pour lesquelles Hippolyte l’avaient façonné, pour remplacer le vide qu’aurait connu Diana. Et voici que ce dernier n’avait plus de raison d’exister, puisqu’il serait à jamais comblé par son jumeau. Toujours brisée, Donna n’en demeurait pas moins heureuse pour sa sœur. Néanmoins, le gouffre l’enfonçait doucement vers cette quête d’identité qu’elle devrait à présent trouver. Qui était-elle réellement ? A quoi servait-elle ? L’Amazone préféra retourner dans le monde des hommes où elle ressentait bien plus son appartenance que sur l’île.

Le bonheur frappait aux portes de sa sœur. Lui accordant les bienfaits de fonder une famille en compagnie de Jason Todd. Bien évidemment, Donna fut heureuse pour sa Diana. Parce qu’elle méritait de connaître une telle bonté, parce qu’elle donnait tant qu’elle méritait de recevoir. D’ailleurs, c’est sous cette même optique que la jeune femme participa au choix de la bague de fiançailles. Malgré son aspect brisé, Donna n’en restait pas moins, la sœur qu’elle avait toujours été. L’espoir continuait même à se délivrer sous les traits de la petite Ophelia. Si belle, si fragile, si innocente, le bonheur de Diana était palpable à moindre escient et apaisait le cœur meurtri de Donna. Elles avaient besoin l’une de l’autre et malgré les aléas, rien ne changerait jamais pour Donna. Cette dernière devint Troia et entreprit de suivre d’un œil éloigné les Teen Titans. Bien sûr, son équipe mais surtout Dick, lui manquent. Pourtant, elle sait que tous agissent pour le meilleur de l’humanité et l’espoir. Ce dernier résiste malgré tout. Il fait parti d’elle et continuera à le faire malgré les épreuves.

Aujourd’hui victime, comme tous, de Brainac, Donna s’est vue projetée sur cette nouvelle Themyscira. Mettant ses fondements même à rude épreuve, elle ne comprend pas les raisons qui ont poussé ses sœurs à agir de cette manière. Elles, qui, ont toujours prévalu à défendre les innocents, voilà qu’elles les victimisent et crient en une forme de domination raciale sur tous. Cela ne peut être réel. Malgré ses brisures à l’intérieur, l’Amazone ne peut permettre de telles horreurs.

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