A murder is a silent poetry [Maze Wilde]

« Tu ne dois jamais pleurer, quoiqu'il arrive ». Une petite fille dansait sur un trottoir escarpé de Groznyï, elle s'était faufilé à l'extérieur de son appartement, pour profiter du soleil hivernal. Peu à peu, les habitants de l'immeuble se mirent à observer ses longues arabesques, ses gestes gracieux et la mouvance de ses petites jambes potelés, mais aucun sourire ne se dessinaient sur leurs lèvres. Bien au contraire. Ils semblaient tous horrifiés par ce spectacle, quelques-uns se cachaient le visage dans leurs mains, comme si cela allait effacer cette vision, tandis que d'autres secouaient la tête en signe de désapprobation. Imperturbable, la petite Miléna, s'élançait dans les airs, suivant le rythme du grondement de la guerre. Tout autour d'elle n'était que destruction et chaos, mais l'enfant s'en moquait, elle continuait à danser entre les voitures calcinées et les murs nécrosés. Il n'y avait aucune trace de peur sur son doux visage, seulement l'entêtement d'une enfant de quatre ans. Peu de temps après, sa mère arriva en courant, hurlant son prénom, mais elle se confronta à une Miléna qui refusait de partir. Certains voisins se détournèrent de cette dispute, tandis que d'autres continuèrent à fixer leurs sombres regards sur la fillette. Son aîné était bien étrange, mais la dernière l'était plus encore. Dans les premiers temps, ils se disaient que Miléna était une enfant durcit par la guerre, elle avait seulement une ans lorsque les premiers combats avaient commencé, elle était peut-être libérée du poids de la peur. Après tout, n'avait-elle pas assisté à des massacres ? N'avait-elle pas dû, comme beaucoup, courir pour se mettre à l'abri durant les fusillades ? Mais à présent, ils savaient ce qui se cachaient derrière ce sourire enjôleur et la raison qui poussait cette mère à être aussi distante. Cela n'avait rien avoir avec l'innocence enfantine, non, Miléna était aussi froide que la mort. Depuis qu'ils l'avaient vu briser la nuque du chat qui avait oser la mordre, c'était de cette manière qu'elle était décrite dans ce quartier. Ils apprirent alors à la craindre et à l'éviter.

« Tu dissimuleras ta beauté pour préserver ta pureté et l'honneur de ta famille ». Le chapiteau devint silencieux, plus aucun chuchotement ne parvenait à ses oreilles, rien, hormis sa propre respiration. Les spectateurs retenaient leurs souffles lorsque la jeune fille, déguisé en garçon, bandit son bras pour lancer sa lame. Certains fermèrent les yeux, tant la peur les tenaillaient, mais lorsqu'ils les ré-ouvrirent dans ce bruit sourd caractéristique, ils virent le poignard enfoncé dans la pomme et son assistant, sans aucune blessure. Miléna était devenue une véritable Guillaume Tell, mais ses ambitions n'étaient pas aussi noble. À chaque fois qu'elle lançait sa lame, la pomme prenait une autre forme, celle du visage de sa mère. Car contrairement à Louiza, elle savait que ce n'était pas la Baba Yaga qui les avait enlevées, non, la jeune fille savait la vérité. À la mort de son père, elle les avaient vendues aux plus offrants. La peur l'avait toujours habité, son corps tressautait à chaque fois qu'elle entendait les hurlements des victimes du conflit ou lorsque la terre se mettait à trembler, mais tout cela n'était rien face à la terreur que lui provoquait sa propre chaire. Miléna était la Baba Yaga qu'elle contait à sa sœur, c'était elle qui nourrissait son imagination et qui l'a maintenait éveiller. Alors elle avait commit l'irréparable, abandonnant ses enfants à des Russes. Dès lors, elles firent toutes les deux recueillies par le Géant du cirque, un homme pas très intelligent, mais si facile à manipuler.

« Tu feras face à tes ennemis et continueras ton combat même si tu sais que la mort t'attend ». Assise à une terrasse, Maze sirotait son verre, se délectant de cette chaude journée d'été. Rejetant ses longs cheveux blonds en arrière, elle se leva et quitta l'esplanade d'un pas léger. Derrière elle, des voix s'élevèrent, des cris de panique. Un homme s’étouffait. Alors que tout le monde se précipitait vers lui, appelant les secours, l'ancienne Mélina regarda sa montre et se mit à sourire. Il était mort. Cette dernière continua son chemin, fière du résultat de sa première mission. Elle repensait à tout son parcours, à son départ pour le cirque Haly, à ses heures d'entraînements, à ses os brisés et surtout, à son tout premier meurtre. Maze avait laissé derrière elle sa vie d'avant et avait rejoint, en compagnie de sa sœur, la cour des Hiboux. Elle passa des années entre leur mur, à être transformé à leurs images, modelé pour qu'elle devienne une arme, une Ergot. Entre leur main, la Tchétchène était devenue une femme aux mille visages, épousant parfaitement l'image de son organisation. Un caméléon qui se pliait aux exigences de ses supérieurs et qui savait se transformer en une autre qu'elle. Chaque jour, Maze se rapprochait de cette histoire que Luz racontait et appréhendait, de l'image qu'elle avait véhiculé toute sa vie, car ici, entouré de ses hiboux, elle ne portait plus de masque.

« Tu marcheras toujours derrière ton père ou ton époux, jamais devant ». Son agenda sur les genoux, Maze cherchait un numéro de téléphone du traiteur. Une autre idée de menu lui était venue à l'esprit, et elle devait régler ce détail au plus vite. Elle était loin de cette image de la tueuse à l'imagination débordante, mais elle appréciait cette double vie. Toujours à devoir se surpasser, organisé plusieurs soirées en même temps, et cela lui apportait un confort de vie plutôt agréable. L'ancienne Miléna refusait catégoriquement de revivre dans la pauvreté, et avait dorénavant des goûts bien affirmée. C'était ça le rêve Américain après tout. Et alors que ses doigts feuilletèrent les pages bien remplit, son regard se posa sur une date entourée à l'encre rouge. Elle avait rendez-vous avec lui. Un des aristocrates qui dirigeait la cour des Hiboux. Maze avait toujours obtenu ce qu'elle voulait, en manipulant, trichant ou même en charmant, tout était utile. Et c'est ce qu'elle faisait avec lui, devenant une femme à convoiter, dans ses bras, elle réussit à obtenir des avantages, mais surtout à protéger sa sœur. L'Ergot manquait cruellement d'amour à offrir, mais sa sœur était son ancre. Elle avait accepté de mentir pour la protéger de la vérité, de continuer à vivre dans sa réalité, et à faire un marché avec les Hiboux. Son aîné n'était pas une tueuse, mais elle avait des talents plus qu'utile. Jusqu'ici, elle avait réussi à la sauver. Même si elle ressentait peu d'émotion, elle était attaché à sa sœur et lorsqu'elle se retrouvait dans d'autres pays, à travailler pour le Parlement des Hiboux, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une forme... elle n'avait pas de mot pour décrire ce que c'était, mais ce manque de contrôle ne lui plaisait pas.

« Tu n'attaqueras jamais ton ennemi dans le dos ». Maze ne faisait pas partie des personnes qui aimaient les surprises. Non, vraiment. Elle n'aimait vraiment pas ça. Marchant au hasard dans les rues qui lui rappelaient étrangement Groznyï, elle tentait de comprendre ce qu'elle voyait. Les grondements de la guerre s'élevait ici aussi, mais ici c'était où ? Désabusé, la Wilde croisa les bras et s'installa sur un reste de ban, à bouder. Maze avait survécu au Russe, aux cirques, aux Hiboux totalitaires, à ses missions, aux méta-humains, aux attaques diverses et variés, à l'effondrement de l'hôpital de Gotham, au tsunami peu naturel, sans oublier à cette fichue aire glaciale et maintenant ça ? Et dire que le gens de son peuple avaient peur d'une Baba Yaga, une simple légende... Que diraient-ils aujourd'hui face à autant de danger ? Sur ce ban de fortune, Maze regrettait le bon vieux temps, où une cible était facile à atteindre, c'était simple et agréable. Un petit meurtre par-là, un petit meurtre par-ci. Pour cette jeune femme qui n'avait connu que la souffrance, il y avait une forme d'art à prendre la vie d'un être, où était l'art dans cette ville détruite ? Elle aurait pu bouder encore durant des heures, mais une voix, provenant de... nulle-part se fit retentir et tandis que l'homme ne terminait jamais sa tirade, Maze roula des yeux. Vraiment ? Comme si elle avait le temps pour ça ! Les simples humains comme elle n'avaient-ils pas déjà assez souffert ? Mais non, ceux qui avaient aussi survécu à l'invasion de Darkseid et à l'attaque du Syndicat du Crime devaient à présent se débrouiller dans cette ville dévastée. Et où était le Batman et toute sa clique ? N'étaient-ils pas les héros de Gotham ? Ne pouvaient-ils pas se rendre utile pour une fois dans leurs vies ?

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