DAILY PLANET ✸ dixième édition

Le retour de New Themyscira n'aura pas été de tout repos. Après leur re-téléportation, nombreux ont été ceux qui se sont retrouvés perdus loin de chez eux et sans aucun moyen de communication pour trouver de l'aide. Bien heureusement, la solidarité a permis la création de points de ravitaillement improvisés, qui aura largement permis à ces égarés de retrouver le chemin de la maison. Aujourd'hui, trois mois plus tard, les choses commencent enfin à rentrer dans l'ordre. Le réseau wifi et les antennes-relais ont repris du service, après une abondance de messages et d'appels bloqués et transmis dans leur entièreté seulement récemment. Ce qu'il reste de cette stase prolongée est désormais de l'ordre du traumatique. En effet, difficile de se relever après avoir perdu des proches ou avoir été blessé soi-même lors de batailles sur Terre-4. Mais encore une fois, et ce malgré la montée d'une intolérance vrombissante nourrie par la peur, l'entraide et l'altruisme auront permis aux plus touchés d'entrevoir un espoir de s'en sortir. Les bâtiments utilisés en guise de refuge pour les égarés de retour sont aujourd'hui transformés en refuge pour sans-abri. Quant à la nature, qui semble avoir repris ses droits pendant six mois, espérons que nous trouverons là aussi une façon de réellement coexister.

Panique aux Nations Unies, et surtout dans les rangs de certains partis politiques opposés aux méta-humains : l’ambassade de Themyscira a confirmé, dans un décret public, la naissance d’une alliance entre l’île des Amazones, Atlantis, et le Kahndaq. Cette alliance, qui prend la forme d’un pacte de non-agression et d’un décret unissant leurs ressources dans une coalition inédite dans toute l’histoire de l’humanité, constitue un véritable coup de tonnerre dans le paysage international. Certains voient dans cette alliance entre Amazones et Atlantes la garantie que les événements tragiques de New Themyscira ne se reproduiront pas sur notre planète, mais nombreux sont ceux qui redoutent, et s’opposent avec virulence, à ce qu’ils voient comme une union des nations méta-humaines de la planète, laissant l’humanité sur la touche. Pour la reine Hippolyte, tout récemment sortie de l’anonymat aux côtés de Wonder Woman, le pari est risqué. Les sondages indiquent une certaine méfiance vis-à-vis de ces nations habituellement indépendantes et isolationnistes, et certains soupçonnent que cette alliance pourrait bien couvrir quelque chose de bien plus sombre qui se prépare. L’alliance a été conclue par la reine Hippolyte, jusque-là inconnue de l’humanité, la reine Mera, fraîchement sacrée reine et régente d’Atlantis, et Black Adam, dont l’image controversée soulève elle aussi de nombreuses questions. Chez les anti-métahumains, c’est la levée de boucliers, et si quelques voix s’élèvent pour souligner les bénéfices d’une telle alliance pour l’humanité elle-même (après tout, Wonder Woman n’est-elle pas princesse de Themyscira et entièrement dévouée à la protection de notre monde, et la reine Mera ne s’est-elle pas déjà battue aux côtés de la Ligue ?), la vaste majorité des gouvernements conserve encore un silence méfiant. L’avenir, et la première apparition d’Atlantis et du Kahndaq aux Nations Unies, seuls, nous le diront.

Hausse conséquente de la vente d'armes aux Etats-Unis depuis le retour de New Themyscira : est-ce réellement une surprise ? En effet, beaucoup s'alarment et s'inquiètent de l'arrivée imminente de Brainiac, et commencent à prendre de nombreuses précautions pour se préparer à ce qu'ils comparent à l'apocalypse. Mais cette peur palpable tend les relations sociales de chacun, et transforme la prévention en paranoïa exacerbée. Si bien que l'on recense déjà plusieurs cas de blessés par balles après quelques tensions entre voisins un peu trop sur les nerfs. Il y a également une recrudescence de construction de bunker sur des terrains particuliers, et certains proposent même des cours pour apprendre à se défendre et à repousser ceux qui s'aventureraient sur leur propriété. S'il est normal de vouloir se protéger et protéger ses proches, n'oublions pas qu'il est tout aussi important de ne pas se tromper d'adversaire.

Six mois d’inactivité humaine ont laissé des traces de par le monde, et si l’agriculture et nos technologies ont souffert de ce sommeil impromptu, ce n’est pas le cas de Mère Nature. Depuis trois mois, les chercheurs n’ont de cesse de découvrir de nouvelles zones envahies par une végétation dense et inhabituelles, ou des mouvements migratoires animaliers inattendus – phénomènes surprenants que la communauté scientifique s’accorde pour expliquer par l’absence d’intrusion humaine dans le cours de la nature. D’après l’Organisation Mondiale de la Protection de l’Environnement, des espèces animales et végétales au bord de l’extinction ont connu une nouvelle recrue, le taux de CO2 a baissé, le réchauffement climatique a ralenti. Pour toutes les organisations de défense de l’environnement, ils s‘agit là d’une excellente nouvelle, et d’un premier pas dont l’humanité doit profiter pour mettre en place des mesures permettant de préserver ces progrès. Hélas, nombreux sont les industriels en désaccord avec cet état d’esprit, leurs chantiers, usines, et autres sites d’exploitation mis en péril par l’invasion de la nature sur leurs sites industriels. Des violences ont déjà éclaté aux Etats-Unis, en Europe, et en Amérique du Sud entre militants écologiques et industriels. Mais les écologistes tiennent bon : on rapporte même la création de communautés se réclamant d’un courant spirituel à mi-chemin entre paganisme et activisme environnemental, s’installant dans ces nouveaux hameaux de nature pour les préserver des assauts des bulldozers, croyant dur comme fer à un signe que la nature cherche à reprendre ses droits. Certains parlent même de l'apparition d'un 'dieu-plante' ou d'un 'monstre des marais', bien que son existence n'ait nullement été confirmée. Ceux que leurs détracteurs qualifient de « doux dingues » ou de « hippies hallucinés » tiendront-ils face à la détermination de l’industrie ? Hélas, la confrontation a des airs de David contre Goliath, sans la fin heureuse…