Burning Ice vs Rain - Evelyn Evans vs Raginwald Doe

Raginwald s’ennuyait à mourir depuis que les rideaux de la scène s’étaient baissés, signant la fin de la comédie musicale que la Wild Card avait organisé pour un public des plus attentifs. Quelques morts par-ci par-là et de petits blessés qui n’oublieraient jamais la nuit qu’ils avaient passé en assistant à l’une des plus belles prestations que le gang clownesque avait pu offrir. Adieu costume flamboyant et bonjour vieux sweat-shirt déprimant que l’adolescent s’amusait à customiser afin de donner un peu plus de peps à sa tenue en tant que civil… Ah lalala… Quand est-ce que le Papatron allait leur annoncer la nouvelle date du prochain spectacle qu’ils allaient pouvoir donner à ce fidèle public Gothamite qui n’en manquait jamais une miette lorsqu’ils montaient sur scène ? Il se le demandait très sérieusement puisque subir ces longues périodes d’accalmie lui était tout simplement insupportable ! Et que dire de Dayazell ? Sa future Némésis qui était si active ces derniers temps et que la Reine n’avait jamais eu l’honneur de rencontrer en chair et en os ! C’était très frustrant de savoir que pas le moindre regard n’avait eu l’occasion de se croiser, ne serait-ce le temps d’une seconde. Cette belle et insaisissable corneille semblait lui rire au nez, à sa Majesté qui ne parvenait à atteindre les sommets dans lesquels planait avec aisance l’oiseau de la nuit qui veillait sur la Grande Gothique.
Ce fut alors que la jeune carte prit une décision sur un coup de tête, histoire de changer d’air : Central City était une ville différente de Gotham mais ce n’était pas tromper que d’aller voir ce que pouvait offrir Lady Central en son sein ! L’adolescent ne se priva donc pas d’aller jeter un coup d’œil là-bas afin de se remonter un peu le moral. Sa présence intriguait et avait l’air de mettre mal à l’aise les passants mais Rain n’en avait cure : il était la Reine et une reine avait tous les pouvoirs, en particulier celui de partir sans payer ce qu’il voulait prendre. Et c’était bien ce qu’il comptait faire.
Une petite arme à feu, histoire de secouer un peu le vendeur de la modeste épicerie dans laquelle le jeune homme s’était glissé et le tour était joué ! D’un simple geste de la tête, il réclama le petit pactole que gardait ce radin d’otage gardait pour lui tout seul. Tout allait bien, à merveille, jusqu’à que- une voix vienne l’interrompre dans son petit jeu.

« Monsieur vous n'êtes pas obligé de faire ça, il y a d'autres moyens vous savez. Vous voulez vraiment le tuer pour un peu d'argent ? »

« Hm ? Mais qu’est-ce que j’entends ? demanda le jeune homme en se tournant vers l’inconnue qui avait signalé sa présence de par sa voix. Ho ho ! Il y a méprise ! Je ne compte pas le tuer, juste le traumatiser à vie ! » répondit-il en souriant, tout en jonglant avec son arme.

« Je n’ai pas besoin d’argent. Mais de distractions. » répondit en toute franchise l’adolescent en continuant de jouer avec son pistolet.

Discuter avec quelqu’un comme Raginwald ne mènerait jamais à rien : le garçon était beaucoup trop borné pour lâcher le morceau une fois qu’il avait croqué dedans. Et si la jeune femme en face de lui n’avait pas fait valser son arme pour la briser dans un merveilleux jet de glace, la Reine aurait probablement tué le vendeur pour exprimer son ennui profond qui s’en retrouva soudain effacé par l’action de son interlocutrice. Un rire s’échappa de sa gorge qui n’avait plus autant souffert d’un amusement et d’une excitation aussi sincères. Il avait mal tant il riait. Et applaudit la performance de Evelyn avec un enthousiasme voyant.

« Maintenant c’est fini, tu ne peux plus rien faire alors rend toi ou bats-toi. » déclara son adversaire, le regard combatif et l’air farouche.

« Avec plaisir, ma belle ! Je ne dis jamais non à un peu d’animation ! » répondit-il en se tournant vers le vendeur pour l’éliminer avec ses pouvoirs.

Ah ! Quel infini plaisir d’avoir la capacité de manipuler le métal, pensait le jeune homme alors que la caisse enregistreuse se fracassa avec une violence inouïe contre le crâne de sa pauvre victime. Désireux d’ajouter un peu de piment dans ce duel, Sa Majesté fit fondre, d’un geste souple de la main, l’arme du crime qui semblait fondre avant de s’enrouler autour du cadavre, comme si celle-ci voulait fusionner avec le corps inerte. Celui-ci se redressa contre sa volonté. Un peu de vie insufflée dans ce métal pour ne pas avoir à se soucier du contrôle de son nouveau joujou et hop ! Le tour était joué : il avait créé un zombie prêt à répondre au moindre de ses caprices. Un mort-vivant qui, attiré par le sang de Evelyn, se jeta sur cette dernière. Si la jeune femme savait ce que ce genre de tour de passe-passe causait comme tort à Raginwald…
Mais cette dernière n’en savait rien et c’était tant mieux car ainsi, la Reine conservait un avantage certain. Tant que son ennemie ne connaissait rien de son point faible, elle serait gagnante ! Toutefois, Queen ressentait déjà les effets secondaires de son pouvoir et fut pris de violents vertiges et de maux de têtes à la limite du supportable ; il avait probablement un peu trop forcé sur la dose, ce qui pouvait expliquer cette réaction immédiate. Il força un rire pour se garder stimulé et déclara :

« Alors ? On fait moins la maligne, hein ? »

Les menaces ? Ce n’était pas quelque chose qui impressionnait Raginwald. Après tout, ses parents étaient morts en se moquant de celles de l’organisation ARGUS. Son père adoptif riait tout autant face au danger et l’adolescent n’allait pas se laisser abattre par quelques petites flammes par-ci par-là. Il se contenta donc d’un simple haussement d’épaules, sourire aux lèvres et l’air désinvolte : il avait tué quelqu’un ? Et alors ? Qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire à cette fille ? Ils se connaissaient tous les deux ? Probablement pas. Ou peu. Ah… Central City était vraiment une ville remplie de petites et misérables âmes sensibles qui n’avaient pas l’habitude de voir les morts pleuvoir sur leur pauvre et riquiqui personne.

« Bla. Bla. Bla. C’est pas comme ça que ça marche, ma belle, répondit-il en riant. Tu veux me tuer ? Grand bien me fasse ! Je rejoindrai mes parents. Ils vont bien se marrer quand je vais arriver en mode "Freddy Krueger" ! » plaisanta-il en adressant son plus grand sourire à la jeune femme.

La Reine riait… mais en réalité, ça faisait véritablement mal de mentionner ceux qui l’avaient mis au monde, ceux-là même qui avaient tenté de l’extirper des griffes de l’organisation ARGUS, de le sauver d’une vie misérable qui oscillait entre celle d’un cobaye et celle d’une arme gouvernementale. Il n’aimait pas en parler. Mais si, selon son adversaire, il allait mourir… autant se faire un peu mal, non ? C’était ce qu’on faisait quand on était prêt à combattre jusqu’à la mort, pas vrai ? En tout cas, c’était ce que son Papatron chéri lui avait appris.
La carte royale attaqua donc, sans aucune crainte, utilisant ses pouvoirs pour manipuler le métal qui était à sa disposition tout en profitant de la chaleur environnante qui rendait les projectiles qu’elle envoyait d’autant plus menaçants et dangereux… et pas forcément pour Mia. Il n’en avait rien à faire qu’elle ne soit blessée ou pas. Son objectif ? Quitter cette misérable épicerie afin d’aller au devant de la scène, sous les feux des projecteurs afin de montrer ce fabuleux spectacle à la ville de Central City ! Une foule en délire applaudirait le duel ! Le spectacle qu’il offrirait ! Ou paniquerait… mais ça, Raginwald n’en avait cure. Ce n’était qu’un détail.
Et par on ne sait quel miracle, son plan roula comme sur des roulettes : ils étaient à présent à l’extérieur et bien loin de l’enfer qui se consumait dans les flammes de la colère qui faisaient sombrer le navire ainsi que son capitaine, mort deux fois aujourd’hui. Bien ! Maintenant qu’ils étaient sous le soleil du territoire des speedsters, la Reine allait enfin pouvoir annoncer le début de la prochaine scène. Et ils allaient danser. Oh oui… Ils allaient danser tous ensemble !

« Mesdames, messieurs et personnes en tout genre ! Approchez ! Approchez ! Venez admirer la comédie musicale que nous vous proposons avec- ugh… cette jeune femme pleine de peps ! Nous allons casser la baraque alors venez nombreux assister au désastreux phénomène que nous vous offrons ! » clama-t-il, haut et fort en faisant de grands gestes, tel un Monsieur Loyal.

« Alors tu est prêt à mourir ? » demanda la petite boule de feu qui était clairement sortie de ses gonds.

L’adolescent eut un soupir avant de bâiller à s’en décrocher la mâchoire, puis il fit quelques étirements d’un air las et déconfit… comme s’il s’ennuyait. Et c’était bel et bien le cas : il s’était, semble-t-il, lassé de cette confrontation avec Evelyn- ou avec Mia plutôt. Il avait compris que la jeune femme n’était pas toute seule dans sa tête et le fit savoir à son public imaginaire, ne prenant pas en compte les civils qui observaient de loin le chaos que les deux adversaires causaient. Après une longue série d’étirements et de bâillements, il émit un léger rire, très amer et pointa alors un doigt accusateur en direction de Mia.

« Vous êtes un sacré numéro toutes les deux, hein ? demanda-t-il avant de continuer sur un ton presque monotone. Mais vous êtes vite devenues lassantes. Vous ne valez pas ma future Némésis. »

Dayazell. Ce nom qu’il avait toujours entendu. Ce nom qu’il avait déjà vu dans quelques journaux. Ce nom dont il n’a jamais pu voir le visage : une étoile filante inatteignable qu’il aimerait tant pouvoir ne serait-ce qu’effleurer quelques instants, même si c’était au prix d’un doigt ou deux. Un individu moralement ambigu et pourtant droit dans ses bottes. Un spécimen qu’il voulait obtenir, qu’il voulait faire sien… mais c’était devant l’allumette qu’il se retrouvait. Une pseudo-justicière comme tant d’autres qui aimaient menacer le méchant parce que les "criminels" méritaient qu’on leur casse les dents ou que l’on les élimine de la surface de la Terre. Une peste de plus qui le confortait dans sa vision des choses : les héros n’en étaient pas et ne le seraient jamais. C’était tout simplement des abrutis qui se pensaient supérieurs et qui jouissent de l’amour que leur portent les humains ordinaires… mais où étaient-ils quand ARGUS a fait exploser la tête de ses parents biologiques, hein ? Où étaient-ils lorsqu’il était torturé par cette maudite organisation qui n’avait que pour seul dessein de le transformer en arme ? Et cette allumette confirmait pouvoir le tuer ? Le vaincre ? Quelle blague de mauvais goût. Il avait survécu à bien pire que ça.

« C’est ce que les zéros disent tous : "vous faites pitié". Mais tu veux savoir la vérité, p’tite allumette ? C’est toi et tous les autres qui n’avez absolument rien compris et rien fait pour aider les gens COMME MOI, s’écria-t-il en attaquant son ennemie avec des projectiles de métal. VOUS N’AVEZ RIEN FAIT POUR SAUVER MA FAMILLE ET VOUS CONTINUEZ DE JOUER LES GENTILS ? La bonne blague, tiens ! » hurla-t-il avec une haine à peine voilée.

Les attaques de la Reine… n’avaient aucune forme de pitié. Que le métal élimine ce qu’il pouvait trouver. Que la Reine s’écroule à cause du manque de sang. Rien n’importait plus en cet instant que de faire payer à ces prétendus protecteurs leurs mensonges. Ils devaient le payer. ILS. DEVAIENT. PAYER.

Les héros… Ah ! Tous de fiefs menteurs qui excellent dans l’art de la belle parole, de l’hypocrisie et de la comédie. Des individus qui se cachent derrière un masque grossier et qui prétendent préserver la paix et protéger les innocents et après, c’est Raginwald qu’on accuse de se réfugier derrière son passé traumatique ? Quelle grave et cruelle erreur que d’imaginer une seule seconde que Sa Majesté voulait s’attirer la pitié et l’empathie de ses ennemis. En réalité, elle ne comprenait pas pourquoi certaines personnes tenaient tant à lui venir en aide, à lui donner une chance de se repentir quand elle-même ne voyait pas pourquoi elle accepterait de suivre une voie aux contours flous et incertains.
Raginwald assumait parfaitement et tout simplement ses actes. Les gens qu’il pouvait tuer ? Il les avait tué car ils étaient un obstacle sur le chemin de la Wild Card ou du Royal Flush. Il les avait tué car ça faisait parfois partie du spectacle ou encore- il les avait tué car ils n’avaient aucune forme de respect pour la population méta-humaine. Il ne rejetait pas ce qu’il était aujourd’hui sur le compte de son passif mais n’était pas bête au point d’ignorer le fait que ce qui l’avait construit, c’était son vécu et les individus qui s’y s’étaient glissés qui l’avaient influencé : Waller et ses larbins ainsi que Le Joker. Et ce, peu importe ce que Raginwald en pensait ; c’était un fait avéré.


Et ces chaînes, personne ne les lui remettraient. Personne. Et surtout… personne ne l’empêchera de vivre libre, pas même cette petite allumette. Allumette qui s’énervait. Ça allait enfin devenir amusant.

« Cette fois je ne rigole pas, tu va mourir et c’est moi qui te tuerais pour te montrer ce que c’est qu’un vrai méchant. » déclara-t-elle avant d’enflammer le sol.

« Qu’elle est mignonne quand elle est furax ! »

Le jeune manieur de métal n’hésita pas une seule seconde, créant de quoi s’élever dans les airs pour ainsi échapper aux flammes de l’enfer qui ne faisaient aucune réelle distinction entre lui et les autres. Après tout, beaucoup de monde avaient les pieds posés sur le sol bouillant et maintenant brûlant de cette arène à l’intérieur de laquelle il avait ameuté tant de passants curieux de savoir ce qui pouvait bien se passer. Les cris d’agonie et les hurlements poussés par ces pauvres imbéciles étaient un délice et s’ils n’étaient pas méta-humains, alors c’en était qu’encore plus exquis ! Alors certes, il était lui-même en colère et s’était légèrement emporté- mais ce n’était pas un problème. Sa colère s’était transformé en un plaisir malsain : il voulait continuer de faire tourner en bourrique cette allumette, la narguer et la pousser à faire le plus de mal possible à de pauvres âmes innocentes : elle a gâché son lèche-vitrine ! Il comptait ramener des cadeaux à sa famille et elle a mis le feu à l’épicerie !
Quelques lampadaires transformés en milliers de fines aiguilles métalliques et alors l’expression "il pleut des cordes" prit un sens soudain très glauque et pervers. Si ça ne la tuait pas, ce n’était pas gravissime. Son objectif était de l’énerver toujours plus pour que le nombre de victimes s’agrandisse et que l’autre qui partageait le corps avec l’allumette s’en veuille pour l’éternité.

« Je ne me cherche pas d’excuses. Mais maintenant que je suis libre, je ne laisserai personne m’empêcher de vivre ma vie comme je l’entends. »

Evelyn et Mia Evans : des jeunes femmes qui faisaient partie de ces personnes qui n’avaient pas été gâtées par la vie, au contraire. Elles étaient probablement de ceux qui avaient un jour été témoins de la cruauté humaine dans toute sa splendeur et surtout sous toutes ses formes. Sa Majesté était bien au courant ou plutôt s’en doutait-elle. Il serait plus exact de dire que cette dernière devinait ce qui se cachait derrière ce visage qu’elle affrontait. Cette double face.
Raginwald savait et pourtant il avait choisi d’ignorer la possible compassion qu’il aurait pu ressentir à l’égard des deux sœurs. C’était d’un je-m’en-foutisme certain, flagrant et surtout d’une arrogance sans nom. Pourquoi agissait-il ainsi ? La raison était plutôt simple, évidente : elles avaient eu le culot de s’interposer. Elles avaient eu l’audace de l’empêcher d’effectuer ses courses en toute tranquillité, elles l’avaient contrarié alors que le pauvre adolescent ne faisait que chercher des cadeaux à offrir à sa petite famille adorée… Un plaisir simple gâché. Des petites emplettes sabotées.
Mais le pire dans toute cette histoire ce n’était pas cela, oh non ! Oh non. Le pire dans toute cette histoire c’était que Queen n’avait jamais eu l’intention de tuer ce pauvre vendeur. Il le connaissait plutôt bien, même s’il ne l’avouerait jamais. Et surtout, il l’appréciait. Il l’aimait bien ce vieux bougre. Cet homme était marié à une jolie méta-humaine et il était le père d’une famille aimante qu’il avait toujours couvert d’un amour sincère et pur.
Chose plutôt surprenante : le jeune homme s’était déjà surpris à venir acheter deux ou trois bricoles en toute légalité, histoire d’aider cet épicier à boucler les fins de mois… histoire de l’aider à nourrir ses gamins. Cela ne l’avait jamais empêché d’agir comme le criminel qu’il était lorsqu’il venait à Central City. Ce n’était pas drôle sinon ! Blague à part, la Reine tenait également à lui rappeler qu’il n’était pas à l’abri du danger. Qu’en tant qu’être humain ordinaire et sans défense, il ne devait jamais baisser sa garde et rester en alerte.




Malheureusement lorsque vous étiez éduqués par la Wild Card, la moindre provocation était capable de vous donner des ailes qui vous poussaient à vous envoler toujours plus haut pour voir à quoi pouvait bien ressembler le ciel. Raginwald avait alors fini par céder à ces pulsions inculquées par Le Joker. Il avait craqué et avait voulu savoir ce qui allait se produire s’il commettait un acte irréversible, et surtout, impardonnable. La réaction des deux sœurs ne l’avait absolument pas déçue. Mais au fond de lui, l’adolescent s’en voulait quand même un peu d’avoir tué ce type. Il n’avait rien demandé… Il n’avait rien demandé.




Ce fut à ce moment-là que Sa Majesté se rendit compte qu’elle avait mal. Oui, c’est vrai. Mia avait passé le relais à sa sœur pour que cette dernière puisse lui donner une bonne leçon ; il les avait poussé à tuer des gens innocents après tout. Son poignet était endolori et presque engourdi par ce froid carbonique qui brûlait sa peau en ce moment même. Mais ce n’était pas grand-chose à côté de ce qu’il avait pu subir au sein des laboratoires secrets de ARGUS. Il peinait peut-être à respirer, certes, mais il avait appris qu’il fallait se taire lorsque les gens vous frappaient : ils n’aimaient pas vous entendre appeler à l’aide et puis… personne ne viendrait jamais à votre secours. Il endurait donc tranquillement. Raginwald était resté silencieux, tout du long, et ne brisa ce silence que lorsque la jeune femme prononça ces mots :

« Tu as fait beaucoup de mal et tu mériterais que je te tue mais je pense que t’emmener à la police serait une pire punition pour toi, non ? »

« Tous les mêmes, se contenta de cracher la jeune carte en détournant le regard. Tous les mêmes. Tu te crois en sécurité, c’est ça ? Tu as buté des gens, l’allumette. Tu es dans la merde jusqu’au cou. Comme moi. »