The last man standing will be a woman

Si les prophéties annonçaient l’arrivée du Pharaon venu des étoiles, le bâtisseur de l’Egypte, celui qui ferait entrer la dynastie dans une toute nouvelle ère, Snéfrou le Juste ignorait qu’il y assisterait de son vivant et que ce serait la sienne qui serait changée à jamais.
Pourtant, il dut reconnaître en les voyant de ses propres yeux, que cet homme et femme arborant des ailes de faucon et un casque à son effigie, capable de soigner leurs blessures de leur simple volonté, ne pouvaient être que l’incarnation terrestre de Horus. Et malheur à ceux qui ne respecteraient pas les avatars de la divinité !
Aussi, le premier Pharaon de la quatrième dynastie fit son possible pour que ces dieux, ses semblables, soient reconnus en tant que tels par l’ensemble de son pays et gratifia ses éminents invités du titre de Prince et Princesse et de noms capables de s’intégrer harmonieusement à leur Histoire.

Khufu et Chay-Ara finirent par garder pour eux leur véritable affiliation et le hasard qui accompagnait leur spectaculaire arrivée dans l’atmosphère. Plus personne ne les écoutait de toute façon quand ils sortaient de ce rôle que le Pharaon leur avait donné. Le plus sage leur semblait d’user des privilèges du pouvoir avec le plus de clarté et de bienveillance possible. Ils mirent leurs connaissances à profit permettant au pays de faire un véritable bond technologique et de devenir bien plus prospère. Ils n’hésitaient jamais à prendre les armes et guider les terribles armées, depuis les airs, sur le champ de bataille quand il s’agissait de défendre les intérêts de leur peuple d’adoption. Snéfrou aurait été plus aveugle que Mekhenty-Irty s’il refusait de reconnaître que se tenait devant lui le véritable guide de l’Egypte. Afin que sa volonté ne se perde pas tandis qu’il traverserait le Nil à l’aide des passeurs pour sa dernière demeure alors que son djet reposerait dans la pyramide qu’il a lui même fait ériger, il reconnut Khufu comme son légitime successeur.

La passation est toujours un événement redouté par les égyptiens, surtout après un règne aussi serein et juste que celui de Snéfrou, car ce bel équilibre est alors fragilisé et menace de sombrer dans le chaos. Cette fois, la superstition de ce peuple eut le dernier mot. Car en privant son fils ainé et Vizir Néfermaât du trône, le Pharaon venait d’activer le piège mortel qui se refermerait sur Khufu et sa princesse. Car Néfermaât n’a jamais oublié les élucubrations du couple royal peu après leur arrivée et ne reconnaît en eux rien de divin mais une simple imposture qui le prive de s’élever au rang des Dieux. Le Vizir trouva du soutien dans sa sombre entreprise en sa demie-sœur Mérititès, privée de son rôle d’épouse royale alors qu’elle fut offerte par son père à Khufu qui lui préféra la femme-oiseau. Deux mortels faisaient pales figures face à la puissance de ces faux Dieux, aussi Néfermaât s’entoura d’un prête au service d’Anubis qui suggéra de faire appel à Seth – éternel rival de son neveu Horus, afin de mener à bien ses noirs desseins. Hath-Seth le prêtre convoqua alors ses dieux et promit à Seth de prendre la revanche sur son neveu en destituant Horus et sur cet homme emplumé qui se faisait passer pour lui et bafouait ses terres en construisant ces gigantesques pyramides dans le désert de Gizeh (là même où leur vaisseau s’est écrasé et où il a été enfoui), domaine de Seth. Mais Seth ne fut pas le seul Dieu à aider dans son entreprise le prêtre félon, il entraîna dans son sillage Rê qui lui était redevable et la fille de ce dernier, Sekhmet. Tous unis pour faire basculer un trône qui avait que trop longtemps était sous l’égide de Horus, ils façonnèrent une arme « déicide » provenant du même monde que les faux dieux. Et le piège de se refermer sur le nouveau Pharaon et son aimée, les condamnant à un cycle de réincarnation dont le prêtre se serait bien gardé.

Frappé par la maladie, Néfermaât renonça au trône pour y installer son fils Djédefrê, le premier à inclure le nom de Sa-Rê dans sa titulature en reconnaissance de l’aide apportée par ce Dieu pour la conquête pharaonique. Pour les mêmes raisons, il ordonna la construction du Sphinx afin de rendre les honneurs à Sekhmet tandis qu’Anubis ne reçut jamais les âka et ba promis (ce qui scella rapidement le destin funeste du tout nouveau pharaon).