Hé, ma sœur! Crois-tu toujours en l'amour? ça m'étonnerait!

Hé, ma sœur!
Crois-tu toujours en l'amour? ça m'étonnerait!

Les avantages d’un métabolisme comme celui de Rose, c’était que la gueule de bois était inexistante. C’était donc volontairement qu’elle faisait la grasse matinée après une soirée de travail et de beuverie sans conséquence. Elle avait ouvert un œil tôt dans la matinée mais cette journée était douce, calme, pas de Slade à son chevet prêt à la juger et la sermonner dès son réveil, un jour où elle pourrait possiblement être de bonne humeur. Elle avait pu faire quelques exercices matinaux, rester un peu plus longtemps sous la douche et vider le cendrier rempli de mégots posé là sur la table avant de se servir un café. Glissant ses doigts entre les battements du volet, elle jeta un œil vers la ville par la fenêtre. Beaucoup voyaient Bludhaven comme la pire ville au monde, pire que Gotham. La corruption y régnait en maître, les bars et autres endroits malfamés ne s’y cachaient pas, et elle ne le savait que trop bien, faisant elle-même partie de ce monde de la nuit que certains pouvaient trouver pour le moins « dégoutant ». Pourtant, elle trouvait cela moins hypocrite. Cette ville ne cachait pas sa crasse derrière des costars et de la fausse gentillesse et courtoisie entre ses habitants. Elle, à qui tout le monde semblait mentir, aimait le fait que cette ville assume être le berceau du crime. Ce qu’elle voyait dans les nuages de pollution, les rues mal lavées avec quelques traces de sang séché et ces personnes déambulant avec une gueule de bois se demandant ce qu’ils avaient fait la nuit précédente, c’était le monde tel qu’il était, pas ce qu’il voulait paraître.

Elle fut sortie de sa contemplation par un bruit à sa porte. On tapait ? Ce n’était définitivement pas Slade, personne ne lui avait appris ce genre de manières à ce sale type. Mais du coup, si ce n’était pas lui, elle ne voyait pas trop qui cela pouvait être, car la plupart de ses connaissances avaient plus tendance à apparaître à sa fenêtre que de prendre la peine de monter des escaliers. Des mafieux, peut-être ? Un gang qu’elle aurait énervé et qui aurait remonté sa trace ? Ou alors un stalker déjanté qui l’avait suivi depuis la fin de son service ? En tout cas, elle s’approcha à pas de velours à sa porte, un glock 17 à la main, ne se considérant jamais trop prudent dans ce genre de situation. Regardant par le judas de porte, elle fut cependant pour le moins étonnée de voir de l’autre côté une femme un peu plus jeune qu’elle à la chevelure rousse et qui ne portait pas d’armes mais… Des muffins ? La scène semblait complètement irréaliste au vu de la ville et la jeune femme aux cheveux argentés soupira. S’il y avait bien un moyen d’avoir l’air louche à Bludhaven, c’était en jouant la bonne petite voisine qui apporte des gâteaux. Dans cette ville, personne ne regardait quelqu’un se baladant avec un holster et un flingue, c’était un phénomène normal… Par contre le petit chaperon rouge qui apporte des galettes à sa mère-grand, ça, ça dénotait sévèrement avec l’ambiance.

Laissant la chaîne sur la porte, Rose entrouvrit alors la porte, arme toujours dissimulée derrière celle-ci et écouta la présentation de son interlocutrice. Déjà, elle savait chez qui elle venait de taper vu qu’elle l’appelait par son prénom. Elle se présenta aussi sous le nom d’Analia mais cela n’avait une valeur que relative, Rose sachant très bien qu’on pouvait donner de faux noms à tour de bras, pratiquant elle-même cela pour s’infiltrer à gauche à droite avec ses déguisements. Cependant, elle claqua sa langue contre ses dents quand la petite rouquine lui dit qu’elle venait pour lui parler de son père et lui proposa des muffins. Elle referma alors la porte, légèrement énervée, pour enlever la chaîne et rouvrit, sans prendre le temps de s’habiller outre mesure après sa douche. Un Boxer féminin et un t-shirt large faisait amplement l’affaire si elle avait besoin de se défendre de toute façon.

« ‘Tain, même quand il vient pas il trouve le moyen de me pourrir la journée… Rentre. » Dit-elle en invitant son interlocutrice d’un signe de tête et en prenant le paquet de muffins dans sa main. Elle fouilla dans le paquet et en donna un directement à celle qui venait de les amener.

« Tiens, mange celui-là. » Elle pouvait paraître froide, abrupte… Et elle l’était. Son manque de confiance et ce qui certains traiteraient de paranoia était un simple mécanisme de survie et en agissant ainsi, elle se permettait tout simplement de s’assurer qu’on n’essayait pas de l’empoisonner avec des muffins. De toute façon, dès que Slade était cité dans une conversation, ça ne sentait pas bon et ses sens se mettaient directement en alerte.

« Et tu veux me dire quoi sur Slade ? C’est toi qui remplace sa blondasse qui remue la caillasse ? La vache… Plus ça avance plus il les prend au berceau, ce taré… » Oui, elle parlait de Tera Markov… Et non elle ne l’aimait pas, celle-là. Elle la voyait tout simplement comme un caniche prête à remuer la queue dès que son fou dangereux de père lui en donnait l’ordre… Et qui s’amusait en plus à lui taper sur les nerfs de façon copieuse. Elle espérait tout simplement ne pas avoir maintenant une Terra bis sur le dos.
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Hé, ma sœur!
Crois-tu toujours en l'amour? ça m'étonnerait!

Au vu de ce que disait son interlocutrice, elle ne connaissait pas Tera Markov, ce qui était déjà un bon point. Le reste était plus… Compliqué. Elle venait d’ARGUS mais s’en était échappée et surtout… Elle avait de l’ADN de Slade ? Ca c’était une nouvelle à laquelle la jeune femme ne s’attendait pas.

« Du coup t’as été créée comme Superboy sauf qu’à la place de Luthor, ils t’ont collé Slade… Super. » Lâcha-t-elle en versant une tasse de café qu’elle posa sur la table pour la jeune femme en face d’elle. Elle piocha aussi un des muffins pour croquer dedans en s’asseyant légèrement sur le bord de l’atelier de cuisine. Le simple test qu’elle avait fait à Analia n’était que pour voir sa réaction. Bien sûr, avec son métabolisme accéléré, il fallait une dose bien plus puissante de poison pour agir sur elle… Et encore, pour quelques heures au plus, en général. Il lui était même arrivé quelques fois de s’empoisonner elle-même pour se faire passer pour morte et infiltrer ainsi un trafic d’organes plus facilement. Elle se rappela de la tête qu’ils avaient tirée quand elle s’était réveillée au milieu des autres cadavres. Enfin… Le fait qu’elle se soit barrée d’ARGUS n’arrangeait pas grand-chose à ses affaires. Waller et sa bande n’allaient clairement pas laisser une autre de leur création en liberté sans essayer de la retrouver. De plus, vu qu’elle avait de l’ADN de Slade, il était fort probable qu’ils pensent aussi qu’elle viendrait voir sa « famille ». Au moins maintenant elle était au courant et ne serait pas surprise si des unités paramilitaires venaient la réveiller.

Elle reposa son arme sur la table, non loin d’elle, mais moins sur la défensive qu’au départ malgré tout, laissant sa jeune interlocutrice s’expliquer. Alors comme ça Slade lui avait fourni une planque et lui avait dit de se méfier des titans ? Elle était bonne celle-là… Si elle ne connaissait pas le bonhomme comme si c’était son propre père, elle demanderait bien pourquoi il dirait de ne pas faire confiance à une bande de jeunes héros et pourquoi donner une planque à quelqu’un qu’il ne connait pas.

« Bah tiens… Il recommence. » Lâcha-t-elle avant de répondre à l’insinuation de la jeunne fille aux cheveux roux qui semblait se dire que Rose détestait son père. « On va plutôt dire qu’il ne fait rien pour arranger les choses… Enfin, tu le verras par toi-même. » Après tout, il y avait bien trop de choses à dire sur cette famille dysfonctionnelle. Est-ce qu’elle le détestait ? Elle essayait, mais ce n’était pas aussi facile. Il restait sa seule famille avec Joey et peu importe les vacheries qu’il pouvait faire, il restait son père. Elle aimerait tout simplement qu’il arrête d’en faire, quelques fois, qu’il agisse au moins une fois comme un père et qu’il ne s’amuse pas à gâcher les éternelles seconde chances qu’elle pouvait lui laisser en la jugeant, la rabaissant, tuant ses amis, plongeant sans cesse dans ses travers… C’était à croire qu’il voulait se faire détester, que Wintergreen avait toujours eu raison depuis le début. Bref, tout cela serait bien trop long à raconter à la jeune femme qui disait qu’elle ne considérait de toute façon pas Deathstroke comme son paternel et qu’il ne devait probablement pas la considérer comme sa fille.

« Ca tu le sauras le jour où il mettra lui-même une prime sur ta tête pour envoyer quelqu’un te buter juste pour avoir le plaisir de venir te sauver au dernier moment… Ouais, c’est ce qu’il appelle une journée « père-fille ». » Dit-elle avec un sourire sarcastique sur le visage. Son interlocutrice était venue pour discuter à propos de Slade ? Elle allait être servie

« Son délire de ne pas faire confiance aux Titans, c’est bien un truc à lui ça… La seule chose à laquelle tu dois faire gaffe avec eux, c’est à ce que leurs bons sentiments ne viennent pas te contaminer… Tu veux être une héroïne et quelques jours avec eux, tu te retrouves à regarder un dessin animé sur des poneys qui parlent à la télé… Non, il leur en veut parce que son premier gosse est mort en les affrontant pour lui ressembler. Un accident si tu veux mon avis, mais Slade est du genre à toujours remettre la faute sur les autres… Et pas besoin de condoléances, je le connaissais pas. » Elle n’avait jamais eu l’occasion de parler avec Grant avant sa mort, tout ce qu’elle savait, c’est qu’elle avait maintenant son identité de Ravager qui était aussi passée par Wade deFarge… Entre un gars qu’elle ne connaissait pas et celui qui l’avait kidnappée, elle était servie niveau prédecesseur. Encore un cadeau de son père… En tout cas elle ne se faisait pas appeler Ravager III ou Red Ravager Ou même Deathstroke-Girl comme les associés de la Chauve-Souris… Non, elle serait la seule Ravager, les autres n’avaient été que des prototypes et elle était la version finale, tout simplement.

Elle proposa alors à son interlocutrice de s’asseoir tandis qu’elle-même prenait place sur une chaise autour de la petite table ronde.

« En tout cas, si ça peut te rassurer, je vais pas t’appeler « soeurette » juste parce que t’as ses gênes. On peut se mettre d’accord là-dessus déjà. Et aussi, avant toute chose, commence pas à croire que tout simplement parce que tu as de son ADN, tu vas devenir aussi perchée que lui. Son autre fils est un des gars les plus sympas que je connaisse, comme quoi… » Et ça, elle en connaissait un rayon avec des alliés venus de chez ARGUS qui semblaient perdus avec leur héritage génétique… Un en particulier qui se faisait appeler Superboy. Même si la phrase semblait être dite avec une légère moquerie, elle n’en demeurait pas moins une morale plutôt sympathique pour son interlocutrice, une façon de lui conseiller d’être elle-même, de ne pas faire les erreurs qui lui avaient couté un œil quelques années plus tôt. Un conseil amical caché derrière du sarcasme… Des fois elle se débectait de voir ce qu’elle avait vraiment hérité de son géniteur.