I accept the fact that tomorrow will come. And I'm going to rise to meet it (Donna)

Themyscira, il y a une 10aine d’année
Dooooooonna ! Une voix lointaine, si lointaine et étouffée que je me demande si je l’ai réellement entendue. Je hausse un sourcil puis cette information s’éloigne et je repose mes yeux sur le paysage devant moi. Un sourire naquit à nouveau sur mes lèvres pendant que j'observe Themyscira se fondre dans un l’horizon au milieu de nuage en basse altitude. D’une main, sale pourtant, j’écarte des cheveux de mes visages et dépose ainsi des pigments colorés sur ma joue. Mais je n’y fais pas plus attention que cela car toute ma concentration est maintenant portée sur la toile posée devant moi. Je pose mes doigts sur la palette de pigments que j’ai avant de les apposer à nouveau sur la toile et de tracer doucement la forme d’un nuage au-dessus d’un pic rocheux. Themyscira. Ma maison. Notre maison. Un lieu magnifique dont je découvre une nouvelle beauté régulièrement. Un nouvel angle de vue quand j’escalade un nouveau parcours. Une vue liée à la façon dont le ciel bouge autour de nous. Un léger changement dans la couleur des feuillages lié à l’éclairage différent à ce moment-là de la journée. Oui des petites merveilles du quotidien. Et mon quasi unique sujet de dessin. Je peux dessiner l’île, son paysage et ses habitantes, les amazones. Mais je n’ai pas grand chose d’autres à dessiner malheureusement. Toutefois je m’en contente, ne voyant pas réellement ce que je pourrais dessiner d’autre. Je ne connais et n’ai connu que Themyscira alors à cet instant je ne suis pas, pas encore, intéressée par autre chose. Autre chose que mon chez moi, ma routine de combattante et mes instants de paix où je me retrouve à tenter d’immortaliser un instant le paysage. Je relève les yeux de ma toile jusqu’au paysage. Malheureusement le mouvement du soleil a fait disparaître la nuance de paysage que je peignais. Je soupirais en faisant la moue. Je fermais les yeux dans le but de me remémorer le paysage tel que j’avais voulu l’immortaliser. Donna ? Je ne sursautais pas. Depuis le temps, c’est à dire depuis que j’étais venue au monde, j’avais l’habitude des interventions de Diana dans mes pensées. Je ne relevais même pas la tête et gardais les yeux fermés. C’était comme si un murmure était parvenu à mes oreilles sauf qu’il venait de l’intérieur et non de l’extérieur. Oui Diana ? Mère te cherche. Je soupire doucement et redresse mon buste en m’étirant. Puis, je remballe mon matériel. Au vu de la position du soleil dans le ciel je devais être en retard à l'entraînement, si ce n’est l’avoir déjà complètement raté. Autant dire que c’était quelque chose d’extrêmement rare si ce n’est quelque chose qui tenait de l’irréel. Mais je ne sentais pas l’envie d’aller suer sous le soleil de Themyscira en armure aujourd’hui. J’ai préféré profiter du calme des montagnes. J’étais une guerrière et j’aimais me battre, cela ne fait aucun doute mais j’aimais profiter aussi d’instant de plénitude comme cela. Peut-être était-ce pour cela que je reste une moins bonne guerrière que Diana. Sans compter le fait que Diana était Diana, ce qui fait une bonne raison pour être moins douée qu’elle. Prudemment, je redescends par le petit sentier escarpé que j’avais emprunté à l’aller. J’essaye de me dépêcher parce que j’ai totalement consciente que quand Hippolyte me cherche et que Diana me le dit… éventuellement, ça chauffe pour moi. D’ailleurs, quand je vois un groupe d’amazone m’attendre en bas la montagne, je fis la moue. Son altesse devait pas être contente. Donna ? La Reine exige votre retour. Je hoche simplement la tête et attrape le bout de tissu que l’une d’elle me tend. Je m’essuie le visage avec. Que se passe-t-il ? Un homme sur l’île. Un homme sur l’île… Oh par tous les dieux ! Un homme sur Themyscira ! C’était… assez inattendu et pour moi, si ce n’est pour toute l’île, une première. Quelque chose que je devais absolument voir ! J’étais très curieuse de voir à quoi cela ressemblait réellement un homme. Autre chose d’une statue ou une représentation peinte dans un livre. Ne perdant pas une seule seconde je me lance après les amazones qui sont déjà reparties. C’était pas le genre de choses qui arrivent souvent ! Et je ne savais pas encore à quel point cela allait changer ma vie.


Metropolis, mars 2017
J’étais au studio de photos quand j’avais entendu l’explosion. Les murs avaient tremblé et mon sujet de photographie était tombée du haut de ses talons. Et même moi, en équilibre pour prendre une photo avec une vue plongeante, j’avais failli chuter. J’avais rapidement évalué du regard les dégâts du Aurora Photo Studio. Ce n’était pas grand chose. Quelques objets qui étaient tombés. Mon gobelet de thé vert qui s’était renversé sur des clichés à peine imprimés. Quelques personnes qui étaient tombées mais aucun d’eux n’était réellement. Je les avais aidé à se remettre debout, à appeler les secours pour une cheville foulée même si je savais que ces derniers seraient trop occupés pour venir, avant de trouver une excuse pour m'éclipser. C’était dans ce genre de moment que j’enviais les héros dont l’identité était publique parce qu’ils n’avaient pas à tergiverser en s’excusant pour pouvoir rapidement mettre les voiles et aller sauver le monde… enfin à défaut du monde, la ville. Ou plutôt ses habitants. J’étais en train de me débarrasser de mes vêtements de mes vêtements de civils quand j’ai senti et entendu la seconde détonation. Je poussais un juron, mauvaise habitude acquise auprès des membres de la Young Justice. Je jurais pas avant d’être arrivée dans le monde des hommes. Enfonçant mon oreillette, je sortais dans la rue et me dirigeais à toute vitesse vers la provenance des explosions. Young Justice ? Ici Troia. Explosion à Metropolis, quelle est la situation ? Bien que, heureusement, ce n’était pas tous les jours que nous avions des bombes qui explosent à Metropolis, cela avait quelque chose de fortement habituel et familier. Et d'étonnement peu déconcertant. Je n’atteins jamais le lieu d’une des explosions, m’arrêtant en chemin pour venir en aide à des personnes blessées à cause de celles-ci ou leurs conséquences. La panique avait envahi la ville et moi je ne sais plus où donner de la tête. Remettant un enfant à sa mère, je prend un petit instant pour souffler et regarder autour de moi. Automatique ma mère se porte à mon oreillette. Les gars, quelles sont vos situations ? Nous étions dispersés dans la ville et même si j’avais entièrement confiance en eux je pouvais m’empêcher de m’inquiéter un peu. J’entends la voix de l’un d’entre eux et un léger sourire rassuré se posa sur mes lèvres. Il est de courte durée car soudainement j’ai l’impression que le monde s’arrête de tourner. Je sens un froid immense m’envahir, une douleur qui n’est pas la mienne me traverser. Je porte mes deux mains à ma poitrine d’où provient la douleur. Mais ce n’est pas ma douleur. Je sens le froid, le métal entre mes chaires, ses chaires. Je sens ma gorge qui se sert comme si je m’étouffais. Pourtant, je trouve la force d’ouvrir la bouche. NOOOOOO...OOOON. Un hurlement sort d’entre mes lèvres alors que je tombe à genou. J’entends des gens autour de moi. J’entends les voix de mes amis, rassurantes, dans l’oreillette. Mais rien n’y fait. Tout cela est trop loin de moi. Je ne sens que ce froid qui me parcourt. Je sens cette douleur qui l'enserre. Mais je ne la sens plus. Dans un instant de lucidité au milieu de la douleur, je tend mon esprit vers celui de ma soeur mais je ne le trouve pas. Pour la première fois en plus de 5000 ans, je n’arrive à l’entendre. Non. Pas ça. Des larmes commencent à rouler le long de mes joues. Une main se pose sur mon épaule mais je la sens même pas. Je n’ai plus physiquement mal. Mais pourtant, j’ai l’impression de ne jamais avoir autant souffert qu’à cet instant. Ce n’est pas possible. Pas elle. Pas ma soeur. Pas ma jumelle. Pas la seule personne sans qui j’ai l’impression que le monde n’est pas. Diana. Une plainte sort de ma bouche dans un son étranglé. Pas elle. Pas Diana? Elle ne pouvait pas être morte.

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