Why do we fall ?

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harley & barbara

Comme depuis que tout ce bazar avait commencé, je travaillais d'arrache-pied. Ou du moins j'essayais. Disons que je faisais de mon mieux. Cependant, je ne pouvais pas être aussi efficace que je le souhaitais. Avec Kyle chez moi, je me devais d'être prudente. Je ne voulais pas qu'il apprenne ce que je faisais ou qui je pouvais bien être. Pas comme ça. Je n'étais pas prête. Et puis, je voulais que sa sorte de ma bouche et non qu'il découvre le pot aux roses.  Du coup, je ne pouvais pas passer autant de temps que je le voulais derrière mes écrans. Et pourtant, dieu savait que cela aurait été une bonne idée pour traquer Owlman et ses nouveaux alliés. Plus ça allait, plus il en avait. Et plus ça allait, plus fatigué nous étions. Et encore je disais nous, mais je n'étais que la support informatique et technique. Ce n'était pas moi qui sortait  toute la journée et nuit pour aller patrouiller.  Avec l'absence de soleil, il n'y avait plus d'horaire. Le reste de la Batfam était sans arrêt sur le qui-vive. J'étais persuadée qu'ils passaient plus de temps dans leur uniformes que dans des habits normaux. J'espérais qu'ils n'oublient pas qui ils étaient. Il était simple de s'abandonner à un rôle en oubliant la vraie vie. Leur vraie identité. Ils étaient plus que le symbole sur leurs poitrines. Plus qu'un visage masqué et qu'une voix déformée. Ils étaient des hommes et des femmes, des garçons et des filles. Ils étaient des humains. Ils avaient leurs besoins comme tout le monde. Manger, boire, dormir. Je savais que Alfred veillait au grain au maximum. Mais même lui ne pouvait pas avoir les yeux partout. Surtout lorsqu'ils étaient fixés en permanence sur Damian. La mort de son père l'avait atteint bien plus qu'il ne le laissait paraître. Ce que je comprenais sans mal. Sur bien des aspects, il ressemblait à Bruce. Il était aussi peu à l'aise avec ses émotions. Il préférait les cacher. Je savais que j'en faisais autant jusqu'à un certain degré. Je ne voulais pas que l'on s'en serve contre moi. Quelque part au fond peut être croyais je que mes sentiments représentaient une faiblesse. Cependant, ils n'avaient rien à m'envier. Les Wayne étaient les maîtres de l’illusion....et Alfred le maître suprême lorsqu'il s'agissait de les décoder.  Pendant que ce dernier s'occupait du plus jeune, du petit dernier, j'essayais de m'occuper de Tim. C'était  celui dont j'étais le plus proche. En outre, j'estimais que les autres pouvaient se débrouiller par eux-même. Je gardais toujours un œil sur mes Batgirls évidemment. Elles étaient mes petites sœurs et mes protégées. Mais elles étaient bien plus douées pour s'occuper d'elles mêmes sans qu'on leur rappelle.  Tim... Tim était plus comme moi. Il travaillait jusqu'à en oublier l'essentiel. Il était têtu et intense. Lorsqu'il avait un truc derrière la tête, il ne l'avait pas ailleurs. Il fallait qu'il aille jusqu'au bout. Je l'aidais lorsqu'il me le demandait. En combinant nos deux cerveaux, on faisait des miracles. Parfois, je coupais juste court à tout ce qui lui passait par la tête. Si il m'écoutait ou faisait semblant, ma foi je n'en savais rien. Il était assez intelligent pour me tromper.

Un sourire amusé se posa tout de même sur mes lèvres. Ils étaient terribles. Tous autant qu'ils étaient. Pourtant, je ne les échangerais pour rien au monde. Qu'importe qu'ils m’agaçaient, m’insupportaient ou me décevaient, ils était la grande famille que j'avais choisi. Malgré les hauts et les bas, j'étais satisfaite de ce choix. «  … et y'a un hippopotame rose qui vient de passer dans le ciel ». « Quoi ? ». Je me tournais vers Kyle, qui debout me fixait. Apparemment, il essayait de me parler. «  Pardon, j'étais ailleurs ». « J'ai bien vu. Je dois m'absenter, je peux te laisser seule ? ». Pour toute réponse, je lui envoyais un regard qui en disait long. Je n'avais pas besoin qu'il me babysit. Je n'avais pas besoin de lui pour me débrouiller toute seule.Je n'étais plus une enfant. Je savais cependant que je l'avais cherché. L'épisode avec le Joker – même si il commençait à dater- avait laissé ses traces. Je n'avais que moi à blâmer.  C'était bien moi qui était allé le confronter. Et lui qui avait du venir me sauver. La surprise avait été de taille des deux côtés. Néanmoins, je roulais des yeux. D'un signe de la main, je lui demandais de partir.  Ce qu'il fit non sans au préalable déposer ses lèvres sur les miennes. Parfois, j'avais encore du mal à y croire. Je comprenais pas ce qu'il pouvait bien me trouver. J'étais persuadée qu'il pouvait avoir toutes celles qui désiraient. Pourquoi perdait il du temps avec celle en fauteuil roulant ? Des questions que j'étais trop peureuses pour poser. Je ne voulais pas connaître les réponses.

Une fois seule, je repris mes petites habitudes. Je me posais derrière mes écrans, opérationnelle. Je passais la majeure partie de la journée sur mes réseaux de surveillance. Je comparais les infos que j'avais déjà, à celle que je recevais ou trouvais. Les choses essentielles furent renvoyées vers le bat-ordinateur pour qu'ils aient tout en temps réel.  Mon ventre se chargea néanmoins de me rappeler à l'ordre. Je fus déçue de constater que placards comme frigo étaient vides. Il allait falloir que je sorte. L'idée ne m'enchantait guère. Dehors c'était la jungle. La zone. Avec ce noir ambiant, ne traînaient dehors que les personnes peu  recommandables. Si je n'avais pas peur d'elles – en majorité- je savais être une proie facile. Je pesais le pour et le contre. Mon père passerait certainement à un moment. Je pouvais toujours lui demander de ramener quelque chose. Kyle reviendrait aussi. Mais je ne savais pas quand. Quant à mon père, il était plus qu'occupé. Je ne l'avais qu'entraperçu depuis l'attaque à Metropolis. Gotham était sans dessus-dessous et c'était à lui que revenait la lourde tâche de coordonner les forces de police de la ville. Je prenais donc mon courage à deux mains et commençais à sortir. Il y avait une petite supérette au coin de la rue. Ce n'était pas loin. Je n'avais besoin que de quelques minutes.  Je soufflais un bon coup en arrivant en bas de la tour. Je commençais mon chemin tout en faisant attention à mon environnement. J'avais pris le soin de m'armer avant de descendre. Je n'avais pas grand chose mais les deux bâtons de Kali que j'avais sur moi étaient des armes redoutables. Surtout lorsqu'on savait les manier. Ce qui était mon cas. «  Oh bah princesse où tu cours si vite ? Ah Cours , vous avez entendu ! » « Ouai Joe, elle était bien bonne ». Je fermais les yeux et tentais de les ignorer. Je n'avais plus que quelques mètres à faire pour attendre l'épicerie. «  Ouh elle est vexée ! ». Leurs rires résonnèrent à nouveau. Là encore je les ignorais. Eux et leurs humour à deux balles. Cela ne fonctionna cependant qu'un temps. L'un deux vint se placer en face de moi et me bloqua la route. «Bouge ». Mon ordre le fit sourire. « Ou sinon quoi ? ». Je haussais un sourcil. «  Ou sinon tu vas avoir mal ». Il se marra. Moi je préparais mes bâtons. Ils étaient trop nombreux pour moi. Enfin pour la moi actuelle. Mais si il se décidait à me toucher, je n'allais certainement pas resté les bras croisés. Je préférais prendre des coups que de rester sans rien faire.

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Je me retrouvais bientôt littéralement encerclée. Et cela sans surprises aucunes. Ils étaient très prévisibles dans leurs stupidités. Comme bien souvent d'ailleurs. Et pas que dans ça qui plus est. Prévisibles, ils l'étaient aussi dans leurs masculinités. Du moins dans l’idée qu'ils avaient de cette dernière. Si on me demandait, un homme n'était pas masculin seulement parce qu'il savait jouer des poings. Il y avait bien plus que ça. Taper quelqu'un ne rendait personne virile. Mais c'est ce qu'ils avaient l'air de penser. Ils étaient plus gros, plus grand et plus forts que moi. Ce qui en soit n'était pas bien compliqué. Cela leur conférait un avantage mais pour autant je ne pouvais pas me résoudre à avoir peur d'eux. Au contraire, ils avaient plus tendance à me faire pitié. Parce que je savais très bien qu'ils étaient terrifiés. Pas par moi. Mais pas autre chose. Par quelqu'un d'autre. Et j'avais vu à quoi ce genre de personnages pouvait bien ressembler lorsqu'il tait en prise avec cette peur. Ils étaient pathétiques. «  Tu vas nous faire du mal ? ». Le dénommé Joe rigola de plus belle. Je mettais ma main à couper que c'était lui le chef de la bande. « Et tu comptes t'y prendre comment ma belle ? Tu vas me rouler dessus avec ton petit caddie ? ». Ils s'esclaffèrent à nouveau. Je ne répondis rien mais plissais légèrement les yeux.  En soit , franchement il tenait l une idée. Ma foi, je pouvais toujours demander à Lucius de me faire des roues cloutées. On verrait bien qui rirait le dernier dans ce cas là. Pas les orteils de celui qui se ferait écraser, ça c'était à parier. En vérité, il y avait tellement de changements que je pouvais apporter à mon moyen de transport pour le rendre plus maniable et aussi plus intéressant. Y mettre un jetpack m'avait déjà plus d'une ois traverser l'esprit. Les rues de Gotham , même en temps normal, étaient difficilement praticables avec tous les trous et nids de poules. Les trottoirs n'étaient pas épargnés par le mauvais état générale de la chaussée. Il y avait tellement de choses à faire dans cette ville que le budget principal n'allait pas forcément à la voirie. Et puis au moins dans les airs, je n'aurais pas à m’entretenir avec ce genre de loustic qui pensait certainement que le quotient intellectuel se définissait pas la masse musculaire.

Sans geste brusque pour ne pas qu'il me voit venir, j'attrapais un peu plus fermement mes bâtons. J'étais prête à lui asséner le premier coup. Et ensuite ? Ensuite, c'était un peu alea jacta est. Mais dans l'état des choses j'aurais eu un peu de mal à prévoir une réelle attaque. J'étais limitée. Dans ma position, je n'avais pas non plus des yeux derrière la tête. «  T'es mignonne toi !». Il eut l'audace de passer un pouce sur ma joue. «  Ne me touches pas ! ». «  Attention Joe, elle va te mordre ». Là non plus l'idée n'était pas inintéressante. Mais j'allais plutôt lui envoyer un coup bien placé. J'étais parfaitement positionnée avec ma taille réduite. Je savais que cela allait faire son petit effet. Et encor fallait il qu'il y ai quelque chose à frapper. Il avait l'air de compenser pour quelque chose. Comme tous ses amis. « Excusez-moi, vous pourriez m’aider s’il vous plaît ? ». Le groupe qui avait fini par se forcer en rond serré autour de moi se cassa quelque peu. 'ouverture que cela créa me permit de poser mon regard sur Harley Quinn.  Ni une ni deux, elle engagea les festivités avec mes assaillants du soir. Je restais bouche bée à la regarder asséner coups après coups.  « Allez messieurs je vous attends. Vous sembliez plus vif il y a quelques minutes ». Certains grognèrent, d'autres fuirent. Mais quelque uns restèrent et se remirent en position. Il allait toujours des idiots dans le tas. En tout cas, le cher Joe n'était déjà plus en vue. Il avait détalé bien vite après le premier coup de poing. Prévisible. Tellement prévisible que cela en devenait risible. Le combat reprit, à l'avantage d'Harley bien entendu. Je vins tout de même apporter ma pierre à l'édifice. Je sortis finalement le bâton de Kali que j'avais dans ma main droite et vint frapper dans le creux du genou de l'un de nos adversaires. Il avait essayé d'attaquer la jeune femme par derrière et m'avait oublié moi. Grossière erreur. Après tout, on disait toujours, qu'il ne fallait pas tourner le dos à son ennemi. Ne pas me considérer comme tel avait été sa première méprise. Je n'avais certes plus l'usage de mes jambes mais j'avais encore de la mobilité dans le reste de mon corps. Et notamment dans les bras et les mains. A force de me soulever dans et en dehors de mon fauteuil, j'avais gagné une certaine force dans ces derniers qui plus est.  Maintenant qu'il était accroupi, Harley n'avait qu'à le finir. Et j'espérais qu'elle le fasse sans effusion de sang.

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« La joueuse Harley Quinn en place et prête pour le coup final ». Je lui avais présenté son nouveau jeu sur un plateau d'argent. Une grimaça s'installa sur mon visage lorsque je la regardais faire. Je n'eus cependant pas le temps d'ouvrir la bouche. Le coup partit bien avant. Ma grimace s'accentua. Elle la force qu'elle venait de mettre , elle avait du lui fendre le crâne. Moi qui ne voulait pas d'effusions, j'allais pouvoir m'asseoir dessus. Je ne savais pas à quoi je m'étais attendu de toute façon. Ce n'était pas comme si je ne l'avais jamais vu faire. J'avais passé pas mal d'années à lui courir après. Je connaissais ses méthodes depuis. Un an et demi d'inactivité n'allait pas suffire à me faire oublier ce dont je la savais capable. Il fallait croire cependant que j'avais encore de l'espoir en ce qui la concernait. Que je pensais encore trouver le bon enfoui sous toute la vilaine couche, matérialisée physiquement par un épais amas de maquillage. Pourtant, elle m'avait maintes fois prouvé le contraire. Je n'avais pas retenu la leçon. Mais j'avais été son amie. Il y avait de cela fort longtemps. Sa collègue de classe et même sa meilleure amie. Je me souvenais de ce qu'elle était. J'avais des photos dans ma chambre pour me souvenir. Mais tout ça, c'était du passé. Un passé qui devait rester là où il était et ne plus influencer sur ma vision des choses. « Oh c’est décevant. Je pensais que ça allait être comme au golf ». Je lui envoyais un regard de travers. La forme à mes pieds était immobile. Je soupirais. Il allait falloir que j'en alerte les autorités. Dès que mon père allait apprendre que l'appel venait de moi, il allait rappliquer. Peut être me contenterais je d'un tuyau anonyme. C'était Gotham après tout. Les gens ne donnaient que peu leurs noms. Tout le monde avait bien trop peur des représailles. Par ici, ça ne plaisantait pas. Et encore, je ne vivais pas dans le pire quartier de Gotham. Loin de là. Très loin de là.

Je reportais mon regard sur Harley lorsqu'elle lâcha un petit cri de surprise. Le dernier homme de la bande encore debout avait eu la merveilleuse idée de lui tirer les couettes. Elle recula mais se débarrassa bien vite de son assaillant avec quelques coups bien placés. « Il n’y a que les filles entre elles qui peuvent se tirer les cheveux ! ». Je ne pouvais qu’acquiescer. Ça ne se faisait pas. Les hommes avaient leurs bro code et nous... nous avions ça. Et encore, femme ou homme, je ne voulais pas qu'on me tire les cheveux tout court. Par chance, cela ne m'était pas arrivé très souvent. Mais ça m'était arrivé une ou deux fois en mission sous les traits de Batgirl. Je me souvenais comme si c'était hier du jeune baron de la drogue que nous étions allé débusquer. Se saisir de mes cheveux roux dépassant de mon masque avait été son premier réflexe pour essayer de me contrôler. Bien entendu, cela n'avait pas fonctionné. Il s'était retrouvé par terre avant d'avoir pu dire ou faire quoique ce soit d'autres. Le pire dans cette histoire avait été la leçon reçu par Bruce sur le trajet du retour. Mes oreilles en chauffaient encore. Apparemment, cela aurait pu être évité. Je n'avais pas assez fait attention à mes alentours. Vrai ou pas, c'était à présent de l'histoire ancienne.

« Voilà. Ils ne vous embêteront plus ». Une nouvelle grimace passa furtivement sur mon visage.  Je regardais le carnage autour de moi. Je lui en étais reconnaissante bien entendu. L'issue aurait été très différente pour moi si elle n'était pas intervenue. « Barbara ? ». Mes yeux bleus se posèrent dans les siens. Cela me faisait vraiment étrange de l'entendre prononcer mon nom, ma vraie identité. Je n'avais plus été en contact avec elle sous mon identité civile depuis des années. Quelque part, j'étais touchée qu'elle s'en souvienne encor. Au moins, ça, elle ne l'avait pas oublié. Elle ne l'avait pas mis de côté avec le reste de son humanité. « Harleen ». Je pris soin d'utiliser son nom complet. Peut être étais ce aussi un moyen moi de la dissocier de toutes les fois où j'avais eu affaire à elle dans le cadre de mes activités nocturnes. «  Euh merci pour le coup de … main ».  Évidemment, je garais mes distances. Nous n'étions plus les amies que nous étions avant. Même si parfois j'avais envie de l'oublier. Et puis qui disait Harley disait le Joker. Et lui clairement je l'avais déjà assez vu.  Bien assez vu. J'allais le porter sur mon corps pour le restant de mes jours. Il était impossible à oublier. Mais je commençais à faire avec. A accepter la colère. La déception. Et tout ce qui allait avec. Ce n'avait pas été simple d'arriver jusque là. Le chemin serait encore long et semé d’embûches. Je ne me faisais aucun illusion à ce sujet. « Je vais appeler le GCPD pour qu'ils viennent les récupérer ». Mon portable déjà en main, je composais le numéro du standard. Normalement, j'aurais appelé directement mon père ou Harvey. Mais aujorud'hui, je n'avais pas envie d'attendre ou d'être ramené au commissariat ou sermonnée pour je ne savais quelle raison. Probablement, devrais-je  aussi appeler une ambulance par la même occasion. Voir même plusieurs.

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Ma tête se secoua d'elle-même au rythme de la musique affreuse du standard. J'avais déjà dis à mon père de la faire changer. Mais apparemment , la remarque était tombée dans une sourde oreille. D'un côté, je comprenais. Il avait bien des choses bien plus importantes à gérer. La musique affreuse du standard devait être en dernier dans sa longue liste de chose à faire. Autant dire, qu'elle allait rester là un petit moment. A moins que je m'en chargeais. C'était une idée. Ce ne serait pas la première fois – ni même la dernière- que je m’infiltrerais dans le réseau automatique de la police de Gotham. « Attends ! ». «  Hé ! Mon téléphone ». Le cri offusqué quitta ma bouche dès que je sentis l'appareil m'être enlevé. «  Mais rends le moi ! ». Je détestais qu'on touche à mes affaires de la sorte. Et surtout à mon téléphone portable. Rien que lui en soit était déjà incriminant. Pas assez pour remonter à Batman ou au reste de la famille mais assez pour prouver que je n'avais pas que des activités licites. Autant dire, que je n'avais aucune envie qu'il se retrouve entre de mauvaises mains. Là tout de suite, les mains d'Harley, c'était pas le top. Stupéfaite, je la regardais le glisser dans son haut et dans ce que je devinais être son soutien-gorge. Je n'avais aucune envie de plonger la main là dedans. J'étais pas sûre de la voir toujours accrochée au reste de mon corps si j'osais. De plus, elle me surplombait. Même sans être très grande. J'aurais beaucoup de mal à aller le chercher par moi-même. J'allais devoir lui demander de me le rendre. Poliment, pour ne pas l'aggraver. «  Harleen, s'il te plait, peux-tu me rendre mon téléphone. J'en ai besoin ».  Je soupirais lorsqu'elle resta à me fixer. Apparemment, je n'allais pas le récupérer tout de suite. Ce qui n'était vraiment pas une bonne nouvelle. Premièrement, parce qu'avec le contexte actuel, je devais être joignable à tous instants. Je me devais de l'être. Et deuxièmement, parce que j'avais besoin de signaler ces hommes à la police pour qu'on les mette en cellule. Par manque de preuve, ils seraient relâchés demain. Mais une nuit derrière les barreaux au GCPD c'était mieux que de les laisser dehors. Au moins pour les douze prochaines heures, ils n'allaient pouvoir s'en prendre à personne. Sauf aux policiers du commissariat. Mais ils avaient les épaules pour endurer les pires insultes que les petits cerveaux de ces idiots pouvaient imaginer.

« Pourquoi est-ce que tu es dans un fauteuil roulant ? ». Mes lèvres se fermèrent sur la nouvelle demande qui était prête à les franchir.  Mon regard vert d'eau se posa sur elle, accusateur. Se moquait elle de moi ? Je fronçais les sourcils et restais silencieuse. Je la détaillais. Elle n'avait pas l'air de jouer la comédie. Mais avec elle, je savais que je devais m'attendre à tout. Mes sourcils se froncèrent un peu plus. Je n'étais pas convaincue par son air innocent. Je savais de quoi elle était capable. J'en avais été victime même. Je l'avais vu à l’œuvre. Certes, elle venait de me sauver la mise. Mais, je ne pouvais pas croire une seule seconde qu'elle n'était pas au courant. J'eus un léger mouvement de recul lorsqu'elle s'agenouilla pour se mettre à ma hauteur. Intérieurement, je grognais. Je détestais quand les gens faisaient ça. Ils ne se rendaient pas compte mais c'était pire que tout.  Je n'avais pas besoin que l'on s'abaisse à mon niveau pour me parler. Ou pour tout autre chose. Je n'étais pas une enfant. Ils ne faisaient ça que par pitié et j'avais souvent bien du mal à le cautionner. Peu pouvaient le faire sans que cela m'irrite. Je le montrais pas mais le sentiment était là. Enfoui dans l'intimité de mon subconscient. « Que s’est-il passé ? ». La voilà qui recommençait. Je ne savais pas à quel jeu elle jouait. Cela ne me plaisait guère. Tout le monde semblait être au courant. Tout le monde sauf elle. Vu son statut et sa relation avec le Joker, je trouvais ça difficile à avaler. Je connaissais le clown, il ne se gênait jamais pour se vanter. Et là, il avait réussi un coup de maître. Ou presque, vu que son petit jeu avait in fine échoué. Pour moi, le réconfort qu'apportait cette pensée était minime. Seul le fait de savoir que mon père avait survécu à cette horreur avec sa santé mentale me soulageait et venait effacer quelque peu la détresse que je pouvais encore ressentir. Un son remonta le long de ma gorge. J'analysais la situation. A force, je ne savais plus quoi en penser. Elle avait l'air honnête dans sa confusion. Dans son envie de savoir, aussi brutale soit elle. Mais l'on disait toujours que les apparence étaient trompeuses. «  Tu sais vraiment pas ? ». J'avais besoin d'en avoir le cœur net. Son expression ne changea pas. Ma bouche se tordit sous la réflexion. «  C'est ton copain qui m'a fait ça. Il a trouvé ça drôle. Tu imagines que moi , beaucoup moins ». Je n'allais as enjoliver la chose.  Ce n'était pas mon genre. Et puis, je n'étais toujours pas convaincue par ses questions.

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« Le Joker ? ». Sans le vouloir, j'adoptais la même expression qu'elle. Sourcils froncés, yeux légèrement plissés. Elle était dubitative et moi je l'étais tout autant. Je trouvais ça irréel qu'elle n'ai aucune idée du pourquoi du comment. C'était Harley Quinn. Rien que son nom suffisait à comprendre pourquoi cela était étonnant. Je gardais mon regard sur elle, prête à déceler tout changement dans son comportement. Harley n'était plus la Harleen que j'avais connu par le passé. Je ne savais pas à quoi m'attendre. La plupart du temps, la jeune femme était imprévisible. Je n'avais que moyennement envie d'être prise au dépourvue si elle décidait soudainement de finir le travail. Après tout, son puddin' -comme elle aimait l'appeler- était la cause de tout ceci. Elle le considérait comme un dieu. Tout ce qu'il faisait était bien. J'avais l'impression d'avoir passé des heures à essayer de lui démontrer le contraire. Du moins, Batgirl avait essayé. Elle avait échoué. Royalement. Si elle décidait de m'attaquer, je n'allais pas pouvoir lui résister bien longtemps. Je voulais cependant avoir la satisfaction de lui donner un coup ou deux. Ça rattraperait ma passivité avec le Joker. Son attaque surprise ne m'avait laissé aucune chance. J'avais été une marionnette entre ses mains. Il avait fait de moi ce qu'il avait voulu. « Pourquoi a-t-il fait ça ? ». Un rire franchit mes lèvres. L'on pouvait probablement se demander pourquoi le Joker faisait les trois quarts de ce qu'il faisait. Sa logique n'appartenait vraiment qu'à lui. Et à personne d'autres. Seul lui pouvait comprendre. Pourtant, j'y avais longuement réfléchi. J'avais longuement ruminé. Il avait voulu rendre mon père fou. Aussi fou que lui l'était. Du moins, c'était ce que j'en avais conclu en écoutant les bruits de couloir. Personne ne m'en avait jamais vraiment parlé. Tous les gens qui savaient et me connaissaient avaient simplement banni le sujet. Pour comprendre, j'avais du tendre l'oreille. Et apprendre par moi-même. Je me souvenais avoir été soulagée en apprenant que cela n'avait rien à voir avec mon autre identité. Celle aux oreilles bien plus pointues que les miennes. Immanquablement si cela avait été la raison de son attaque, beaucoup de questions auraient du être posées. A commencer par ce qui m'avait trahi. Ou nous avait trahi. Il y aurait eu de fortes chances que le Joker aurait découvert toutes nos identités. Ce que j'avais vécu, je ne le souhaitais à aucun autre membre de mon club très sélect. L'idée d'en retrouver un autre dans un fauteuil roulant m'était tout simplement insupportable. Je ne pouvais pas l'imaginer. Je le refusais même catégoriquement.

« A cause de ton oncle ? De Batman ? De moi ? ». Je soupirais. Elle semblait vraiment sérieuse et honnête dans son ignorance. Malgré tout, je restais encore sur mes gardes. Cela me semblait tellement gros à avaler. Pourtant, tout portait à croire qu'elle me disait la vérité.  «  De mon oncle ». De par notre passé, Harleen était au courant de mon vrai lien de parenté avec James Gordon. Beaucoup pensaient qu'il était mon père. Beaucoup se fourvoyaient. Il l'était pas mon père. Pas de sang du moins. Je le considérais comme tel. Il m'avait élevé après tout. Il m'avait tout donné.Il continuait à le faire. Néanmoins, cela ne changeait rien au fait, qu'il était mon oncle et moi la fille de son frère. Je ne me souvenais que très peu de ce dernier. Parfois, je regrettais mon manque de souvenirs. Un fait que je ne pouvais changer. J'avais appris à vivre avec. «  D'après ce que j'ai cru comprendre... Joker pensait pouvoir prouver que tout homme, quel qu’il soit, peut devenir fou à la suite d'une seule mauvaise journée». Il avait échoué. Mon père n'était pas devenu fou. Mais la consolation était bien maigre et les séquelles toujours bien présentes. Il ne l'avait pas rendu fou, mais il l'avait rendu rongé par la culpabilité. Il essayait de la cacher. Cependant le sentiment fort brillait au fond de ses prunelles. Je devais avouer détester le voir me regarder comme ça lorsqu'il pensait que j'étais occupée ailleurs. « Tu n'étais vraiment pas au courant ? ». A nouveau je plissais les yeux. Je n'étais pas prête à lâcher le morceau. « Quoiqu'il en soit, il a choisi mon père – mon oncle- pour tester sa petite théorie. Il s'est attaqué à moi, pour prouver ses dires. Ça n'a pas fonctionné. C'est vraiment tout ce qu'il y a à en dire ». En vérité, il y avait bien plus. Mais, même moi, je n'avais pas tous les éléments. Il y avait également des choses que je préférais passer sous silence. Je me souvenais d'avoir été prise en photos. Je me souvenais avoir été mise à nue. Un spectacle macabre pour ses seuls yeux. J'avais été la pièce de résistance.  Le plat principal. Je ne préférais pas y penser. Surtout que je ne savais pas ce qu'il avait fait de ses photos. Peut être les avait-il toujours. Cela me révulsait.

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harley & barbara

« Non, je n’en savais rien ». Un son remonta le long de ma gorge. Apparemment, elle était sincère. Je trouvais toujours cela étrange. Je n'allais pas mentir. Pour moi Harley et le Joker formait un tout indissociable. C'était comme si elle ne pouvait pas respirer sans lui. Je les avais toujours vu collés l'un à l'autre. Ou tout du moins, je l'avais toujours vu collé à lui. Peut être que ma vision des choses était faussée. Peut être devais je abandonner le filtre Batgirl pour imaginer à quoi leur relation ressemblait. Et puis, j'avais été hors de la course depuis un petit moment. Peut être qu'Harley avait tout simplement changé. Peut être qu'elle n'était plus aussi proche du Joker que lorsque j'étais encore sur mes deux pieds. Après tout qu'en savais-je ? Pas grand chose. Pour cette raison, je voulais bien lui accorder le bénéfice du doute. Juste pour cette fois, et cela malgré la grossièreté de la situation. En outre, elle ne semblait pas se moquer de moi.  A ça, je voulais y croire. Et puis, pour ce soir, elle m'avait aidé. Je pouvais donc lui donner quelque chose en échange. Bien entendu, je n'étais pas assez stupide pour lui accorder ma pleine confiance. Il y avait beaucoup trop de choses entre nous. Elle pensait ne pas m'avoir vu pendant des années. Mais la réalité était bien entendu tout autre. « Tiens, tu peux les appeler ».  Je me saisis de mon téléphone et fit exactement ça. A nouveau mes oreilles furent assaillies par l'affreuse musique du standard. Je grognais doucement. Je prenais ça presque comme une attaque contre ma personne. Finalement, l'on me répondit. Je fis bien attention à ne pas donner mon nom. Avec un peu de chance, la personne à l'autre bout du fil n'était pas assez familière avec ma voix pour me reconnaître.  Je patientais lorsqu'elle me le demanda. Lorsqu'elle me reprit, je lui donnais la position de l'incident dont j'avais été témoin. Autant dire que je lui donnais l'endroit exact où je me trouvais. Endroit où je ne comptais pas rester. Je répondis à toutes ses questions et refusais de donner mon identité. La policière rouspéta. Je savais à quel point cela les énervait. Mais j'avais eu d'assez d'histoires pour ce soir. Je raccrochais finalement lorsque je n'avais plus aucun détails à lui donner. J'étais restée vague sur bien des points, prétextant être arrivée sur les lieux  juste à temps pour trouver plusieurs hommes inconscients au sol. Une voiture n'allait pas tardé à arriver pour sécuriser la zone. Ce qui signifiait que c'était pour moi l'heure de décamper.

« Tu allais où ? Je vais t’y accompagner pour éviter que tu tombes encore sur des types de ce genre ». Harley me coupa dans mon élan. J'avais été prête à lui souhaiter une bonne soirée et prendre congé. Je la regardais un peu surprise. Peut être n'aurais je pas du. A ses yeux, j'étais son ancienne amie après tout. Pour moi, l'étrangeté de la situation ne cessait de grimper.  « J'allais à la petite supérette au coin de la rue ». Je lui montrais l'endroit d'un geste de la main. Je restais immobile un instant avant de mettre en route. Fidèle à ses paroles, elle commença à me suivre. Si j'en croyais les regards des quelques passants, nous formions un drôle de duo. Beaucoup changeaient d'ailleurs de couloirs en apercevant Harleen. Sa réputation la précédait. Il fallait dire aussi qu'elle était … facilement reconnaissable. Je grimaçais malgré moi et priais que personne ne me reconnaisse. Je n'avais pas envie d'expliquer à mon père ce que je faisais en sa compagnie. Harley n'était plus une bonne fréquentation à ses yeux depuis bien longtemps. Ancienne meilleure amie ou pas. «  Désolée de t'avoir fait venir ici pour rien ». Une moue se posa sur mon visage en avisant le bout de papier qui annonçait sur l'échoppe était exceptionnellement fermée pour la soirée. C'était bien ma veine. Je supposais qu'il ne me restait plus qu'à rentrer à présent. Dire que je m'étais fait attaquée pour.. rien. Il y avait de quoi rendre n'importe qui amère. Avec mon réfrigérateur et congélateur vides, je ne pouvais même pas passer ma frustration sur un pot de glace. La vie, par moment, était vraiment injuste. «  Merci en tout cas pour m'avoir aidé ». Pour la deuxième fois, mon départ fut interrompu. Pas par Harley cette fois mais par mon ventre qui choisir ce moment précis pour se rebeller. Et se manifester. Impossible que le bruit qu'il fit ne soit pas arrivé aux oreilles de mon accompagnatrice. Il émit un deuxième son qui dans le silence qui régnait entre nous fut d'autant plus bruyant. Je fermais un bref moment mes yeux de gêne. Je les rouvris pour les poser sur l'enseigne du dinner qui nous faisait face. Tentateur et à présent impossible à ignorer. «  ça te tente ? ». D'un signe de tête, je lui désignais le petit restaurant ouvert 24h/24. «  Je t'invite ». Je pouvais bien faire ça pour la remercier, après tout.

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Je ne savais pas ce qui m'avait pris. Deux secondes auparavant, je craignais que quelqu'un me reconnaisse en sa compagnie. Et voilà que maintenant je l'invitais à me joindre dans ma quête alimentaire. Si cela parvenait aux oreilles de mon paternel, je n'avais pas fini d'en entendre parler. Néanmoins, il m'avait élevé. Il m'avait toujours dit d'être polie. J'estimais que c'était ce que j'avais fait. Après tout, elle ne pouvait pas avoir rater le gargouillement de mon estomac. Un mort l'aurait probablement entendu. De toute façon, elle allait probablement refusée. Tomber sur moi avait été un hasard. Elle devait être dans le coin pour une raison, autre que celle de me tenir compagnie pendant mon repas du soir. J'allais juste attendre qu'elle décline et puis je m'en irai seule me rassasier. « Avec plaisir ». Je manquais de m'étouffer de surprise. Par chance, cela passa pour une soudaine quinte de toux. D'un signe de la main je l'invitais donc à me suivre. Clairement, je n'étais pas allée au bout de mes calculs. Ce scénario je ne l'avais pas jugé plausible. C'était une erreur. Quelque part je devais m'avouer satisfaite. Heureuse même de l'avoir à mes côtés. Et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, plus de temps elle passait avec moi, moins de temps elle en passait dehors à faire je ne savais quoi. Je comptais bien la questionner sur ses activités avec l'air le plus innocent que j'avais en réserve. Peut être pouvais-je glaner deux ou trois informations intéressantes. Des informations qui pourraient me servir par la suite. Je n'arrêtais jamais de travailler. Etre Oracle était un job de tous les instants. Je n'avais pas sans arrêt besoin de mes ordinateurs. Ensuite, j'étais tout simplement contente de passer du temps avec elle. Mais ça je n'osais me l'avouer réellement. Notre passé commun était si loin. Pourtant en cet instant, il semblait si proche. Je me souvenais encore des moments que l'on passait ensemble lorsque nous étions enfants. Les mercredis avaient toujours été notre journée favorite. L'on sortait toujours plus tôt de l'école, ce qui nous permettait de nous arrêter acheter des sucreries sur le trajet du retour sans que nos parents ne s'en rende compte. Du moins le croyait on à l'époque. Mon père m'avait avoué qu'il avait toujours su ce que je fabriquais. Il était le détective comme il disait. Un détective qui n'avait rien eu besoin d'autre que les traces de sucre au bord de mes lèvres pour savoir ce qui se tramait dans son dos. Apparemment c'était mon innocence de l'époque qui lui avait fait garder le secret de sa découverte. Peut être pouvais je retrouver une petite part de ces mercredis.

Je la remerciais lorsqu'elle m'ouvrit la porte et me laissa passer. Un soupir passa mes lèvres lorsque l'air chaud du dinner m'enveloppa. La terre s'était définitivement refroidie depuis la disparition du soleil. L'immobilité d'une partie de mon corps n'aidait en rien à lutter contre la chute des températures. J'avais toujours l'impression d'avoir froid à présent. Comme le reste, je m'en étais accommodée. Plus ou moins.  Yeux fixés sur ma destination, j'essayais de ne pas faire attention à la réaction des autres clients.  En silence, je m'installais face à ma place et plongeais ma tête dans mon menu. Ce menu je le connaissais déjà presque par cœur. Ce n'était pas la première fois que je venais y manger. Il faisait les meilleurs pancakes de tout Gotham. « Ca fait très longtemps que je n’ai pas mangé dans un restaurant ».  Je relevais mes yeux verts vers elle. Elle semblait mal à l'aise. Presque perdue. J'eus de la peine pour elle. Comme souvent. J'avais toujours eu l'impression d'avoir failli en ce qui la concernait. De ne pas avoir assez essayer. Au fond, je savais que je n'aurais jamais pu en faire plus. Cependant, je ne pouvais pas me débarrasser de ce sentiment. Celui d'avoir échoué. Celui de l'avoir laissé tomber. C'était un poids avec lequel j'avais finalement appris à vivre. Elle avait rendue la tâche plus facile en s'en prenant plusieurs fois sauvagement à mon autre moi. A la justicière. «  Ils font de très bons pancakes , si jamais t'aimes encore ce genre de nourriture. Leur sauce au chocolat est absolument exquise ».  Pour certains , l'heure était trop avancée pour manger ce genre de délicatesse. Mais je m'en fichais. J'appréciais manger un bon petit déjeuner à la place de mon repas du soir. « Sinon j'ai entendu dire que leurs omelettes sont très bonnes également ». Après ça, je la laissais à son menu. Elle finirait bien par trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Une serveuse approcha peu rassurée. Je lui souris pour la mettre à l'aise et lui donnais ma commande. Une fois que Harley en fit de même, elle décampa. «  Alors qu'est ce qui t'amènes dans cette partie de la ville ? ». Pour la subtilité... je pouvais repasser. Cependant, un silence désagréable avait commencé à s'installer entre nous. Le briser m'avait semblé être une nécessité.

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« Une course pour … lui. Des trucs ennuyeux et qui m’empêche de faire ce que je veux ». Rien ne m'étonna dans sa réponse. Il était évident qu'elle était dans le coin pour affaire.  Pour ses affaires à lui. Jamais les siennes. Ma bouche se plissa et je restais silencieuse. Que pouvais je répondre de toute façon ? La seule chose que j'aurais pu faire aurait été de lui demander ce qu'était cette.. course. Cependant, dans ma position, je ne le pouvais pas. Je ne pouvais pas presser le sujet comme je le voulais. Tout de suite, j'étais Barbara Gordon. Juste Barbara Gordon. Et même si Barbara Gordon était de nature curieuse, la question serait malvenue et tout aussi suspecte. Du moins pour le moment. Peut être qu'une occasion viendrait à moi plus tard. Je devais me montrer patiente. « Toi que fais-tu dans la vie maintenant ? ». «  Oh euh rien de bien intéressant ». Il était évident que je ne pouvais pas tout lui raconter.  Je ne m'étais jamais révélée à ses yeux pendant ma période Batgirl, je n'allais pas le faire maintenant. «  Je travaille à la bibliothèque de Gotham. Je suis assistante bibliothécaire ». Cela devait être bien pathétique à entendre. Surtout cela n'avait rien à voir avec ce que j'avais voulu faire lorsque nous étions amies. A cette époque, je ne rêvais que d'une chose. Faire partie de la police de Gotham comme mon père. J'avais voulu le même parcours. Mon père avait été mon héro. Il l'était toujours. Ce rêve avait été tué dans l’œuf. Et non pas par ma condition. J'avais encore mes jambes à l'époque. Mon père lui n'approuvait juste pas mon choix de carrière. Il me l'avait bien fat comprendre. Flic, évidemment, j'aurais pu le devenir ailleurs. En dehors de sa juridiction. Là où sa signature n'était plus requise. Là où sa voix n'avait aucun poids. J'aurais pu devenir un agent fédéral. J'aurais pu quitter sa juridiction. Mais sortir de Gotham m'avait paru impossible. Laisser toute ma vie derrière et mes responsabilités... cela m'avait paru inconcevable. Et puis, c'était du GCPD dont j'avais voulu faire partie. Le GCPD et rien d'autre.

J'émis un léger rire avant de hausser les épaules. J'en avais voulu à mon père. Pendant longtemps. J'avais refusé de lui adresser la parole pendant des semaines. Je l'avais vécu comme une trahison. Il 'avait blessé. Aujourd’hui, je comprenais ses raisons. Il avait voulu me protéger. Me protéger d'une vie que je vivais déjà sous un autre nom. Une vie dont il ne savait rien. Pour autant, j'étais ma propre personne. Je n'étais pas juste sa fille. J'aurais voulu qu'il me laisse une chance. Une seule chance de lui prouver que je pouvais être un bon policier. Que je savais me débrouiller. Il m'avait coupé l'herbe sous les pieds et n'avait rien voulu entendre. Même aujourd’hui, ça piquait encore lorsque j'y pensais. «  C'est pas ce dont je rêvais enfant mais j'aime bien. Ça me permet de donner de mon temps à la communauté. Puis tu sais moi et les livres, toute une histoire d'amour». Quelque chose que je mettais un point d'honneur à faire depuis plus d'une décennie. Je taisais le fait que j'avais aussi repris des études. Je ne voulais pas trop lui en donner. De peur qu'elle l'utilise contre moi. Ou que lui l'utilise contre moi.  « Ton oncle est toujours aussi protecteur ? ». Un rire passa mes lèvres. Sans le savoir, elle venait de mettre pile le doigt l'objet de mes pensées. Je secouais la tête. «  Il est pire que dans tes souvenirs ». Une mini grimace passa sur mon visage avant que ce dernier ne devienne plus sombre. « Ma … condition l'a beaucoup affecté ». Je ne cherchais pas à la culpabiliser. Je disais simplement la vérité. De plus, elle avait posé la question. «  Ah chouette la nourriture est là ». A court de mots, je n'avais rien trouvé d'autre que de 'extasier sur l'arrivée de la serveuse. Mon estomac se rappela à nous par un bruyant grognement. Je roulais des yeux. Un burger  et des frites de patate douce trouvèrent leurs places face à moi. Un son remonta le long de ma gorge face au doux arôme qui s'échappait du met. «  Bon appétit ». Je n'attendis pas qu'elle me le renvoi pour commencer à piocher dans mon panier de frites. J'étais affamée. Bien plus que je ne voulais l'admettre. L'étrange compagnie de Harleen n'avait pas joué sur ma faim. Pendant un moment, aucun mot ne fut prononcé entre nous. J'avouais ne pas savoir comment aborder la conversation avec elle sans l'interroger. Le temps où nous parlions de tout et de rien était vraiment révolu depuis longtemps. Une autre dynamique avait pris la place. « Du coup toi tu fais quoi quand  .. enfin tu sais.  ».  Quand tu ne passes pas ton temps avec lui. Quand tu n'es pas enfermée à Arkham. Quand tu ne te bats pas contre les justiciers de cette ville. Toutes ces fins étaient possibles. Pourtant je ne les prononçais pas. Il y avait des choses que je ne pouvais tout simplement pas révéler. Et des questions que mon identité civile ne pouvait pas poser.

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« Je fais …des courses qui me font perdre mon temps ». Je ne retenais qu'à peine une grimace. La réponse ne m'étonnait pas franchement. Ces dernières années, je ne l'avais jamais vu sans lui. Il était évident qu'elle avait peu de passe temps. Elle était toute dévouée à la cause. A sa cause à lui car il fallait bien reconnaître que seul lui comptait. A bien y réfléchir, je ne l'avais vu traiter Harley de manière bienveillante. Leur relation avait toujours été dysfonctionnelle. Et pas dans le bon sens du terme.  Il fallait dire qu'il n'y avait pas de place pour son égo et pour le reste. Il avait choisi la seule chose qui l'intéressait. Par curiosité, j'aurais bien aimé lui demander quel genre d'homme il pouvait bien être en privé. Mais cela n'aurait servi à rien. Il était probablement aussi affreux que le reste du temps.  Je serais très surprise d'attendre que le Joker pouvait être autre chose que le... Joker. L'homme semblait être à une seule vitesse. Encore une fois je me questionnais sur son passé. Mais également sur son identité. Je n'avais jamais pu la trouver. Bruce non plus. Personne ne savait qui il était. En soit, je devais reconnaître que c'était un sacré tour de force. Un tour de force extrêmement frustrant. «  Ouai... ». Ce fut la seule réponse que je me perdis à voix haute. Le reste, opinions comme interrogations, je les gardais pour moi. Harley ne m'avait pas sauvé à la gorge et pire elle m'avait sauvé la mise. De plus, malgré toute ma méfiance à son accord, elle était restée cordiale. A moi d'en faire de même.  D'autres opportunités surviendraient.

Le silence se fit lourd entre nous. Ne sachant que faire du malaise, je me concentrais sur ma nourriture. Les frites de patates douces vinrent trouver leur chemin jusqu'à mes lèvres. Du coin de l'oeil, je regardais Harley  couper et déguster un morceau de son omelette. « Par contre, j’ai appris à m’occuper des plantes et à être entouré d’animaux ». Ce sujet de conversation la rendait bien plus enthousiaste. «  Oh vraiment ? ». Je savais, bien entendu, de qui elle tenait ses habitudes. Les Gotham Sirens étaient connues. Très connues. D'autant plus pour quelqu'un avec mon passif.  Ou avec mon statut : celle de fille du commissaire. Mon père, il fut un temps, râlait fréquemment après Ivy et ses tendances écologiques un peu trop poussées. Pour ne pas dire meurtrières. « J’aimerai bien avoir des animaux aussi, rien qu’à moi. Peut-être un chien … ou un chat … ou autre chose ». «  Je pense que c'est une bonne idée ».  Je lui offris un sourire. Peut être que ça lui ferais du bien. Les animaux étaient connus pour avoir un effet thérapeutique. Elle devait être familière avec l'idée. J'espérais seulement qu'elle n'avait pas dans l'idée d'adopter ou acheter un molosse pour ensuite le lancer sur la foule. Clairement dans ce cas là, la laisser avoir des animaux serait une fausse bonne idée. Mais d'après es souvenirs, elle avait toujours été plus ou moins attirée par la faune. Déjà enfant, elle récoltait les lézards dans la cour de récréation pour leur faire des abris. Sur ce point là, elle avait toujours été mon contraire. Non pas que je voulais du mal aux animaux mais ils ne m'avaient jamais plus intéressés que ça. Je les aimais généralement de loin. Jusqu'à Miaou. Mais là encore, l'histoire était différente. Le chaton avait été abandonné. Mon père n'avait pas eu le cœur de le laisse dehors, seul , sans nourriture et dans le froid. En soit, je n'avais rien demandé. J'avouais cependant que j'appréciais la présence de l'animal. Elle était réconfortante et c'était d'autant plus vrai lorsque je me retrouvais seule. « Tu as des animaux toi ? » «  Oui. J'ai un Chaton. Je l'ai appelé Miaou ».  Je haussais les épaules, consciente du prénom ridicule que je lui avais donné. Disons qu'il n'y avait pas plus simple et bateau que ce dernier. Je n'avais pas eu l'inspiration. Le nom, de plus, sonnait comme une évidence. «  Oui je sais pas le meilleur nom de la planète ». J'en riais à présent.  Un jour peut être lui en trouverais je un autre. Mais je m'avouais attaché à la simplicité de celui avec lequel je l'avais baptisé.

La conversation, bien que souvent entrecoupée par des silences étranges où perçait la gêne, continua entre nous pour le reste du repas. Ma dernière frite fut avalée et lavée par la dernière gorgée de mon milk-shake. Contrairement à beaucoup, tremper mes frites dans un milk-shake ne me dérangeait aucunement. C'était même l'un de mes pêchés mignons. Et je me fichais pas mal de savoir si cela pouvait bien dégoûter les autres. Ceux qui faisaient des grimaces n'avaient tout simplement jamais goûté à la combinaison. Elle était à tomber. Et comme on disait, l'on ne pouvait dire jamais pas qu'une fois avoir goûté. Lorsque toutes les assiettes et verres furent vidés, j'appelais la serveuse pour qu'elle m'apporte l'addition. Fidèle à ma promesse, je payais le tout sans rechigner et sans commentaires. «  Allons y ». Le cou et la moitié du visage englouti par mon écharpe, je suivis Harley à l'extérieur de l'établissement. L'air était plus froid et plus sec que lorsque nous étions entrées dans le restaurant. «  Merci pour le sauvetage Harleen et euh...c'était sympa de passer un moment avec toi ». Je n'ajoutais rien de plus. Pas de à la prochaine fois ou on se refait ça dans trois jours. Je ne me faisais que peu d'illusions sur le sujet. Peut être serions nous amenées à passer encore du temps ensemble. Peut être pas. Je ne pouvais pas le prévoir. Elle, non plus.   Avec un dernier sourire, je la quittais. «  Oh et Harleen... fais attention à toi ». Je l'avais dit sombrement en me retournant. L'avenir nous dirait ce qu'il adviendrait de tout cela.