always fight back (renée)

Des cris. Des cris assourdissants. Des cris qui ne désirent pas se bouger pour aller déranger le sommeil de quelqu’un d’autre. Ils font persister leur présence comme du ciment. C’est perturbant. C’est surtout angoissant. Des cris et toujours des cris… Ils arrachent les tympans de leur hôte. Et leur hôte n’en peut plus. Cette jeune femme ne trouve plus le sommeil depuis plusieurs semaines, depuis plusieurs mois. Et ce, depuis l’invasion de Darkseïd. Cette invasion… a été totalement imprévisible et destructeur. Cette invasion a littéralement changé cet inspecteur de police. Son âme a changé. Elle n’est plus la même désormais. Son psychiatre lui conseillait de retrouver du calme, loin de la ville, loin de tout évènement catastrophique, mais elle ne le peut pas. Son rôle est de rester à Gotham et de continuer à faire son boulot, à faire régner la justice au sein de ces rues sombres. Alors, se doit-elle d’assumer ses choix en subissant, nuit après nuit, tous ces cauchemars qui lui font complètement perdre la tête. C’est une fatigue mentale. C’est dur et pénible à vivre. Elle ne cesse de se remuer sous cette couette qui est juste en train de l’étouffer. Elle ne cesse de bouger, tirant, serrant fermement un bout de couette entre ses poings, avant que cette dernière ne soit lâchement balancée en dehors de son lit. La sueur se fait totalement sentir. Sa présence est plus que descriptible. Puis un cri. Un cri soudain. Un cri d’effroi. Un cri d’horreur. Il lui faut un certain temps pour se rendre compte que tout ce qui s’était passé n’était pas réel. Il lui faut un certain temps pour réaliser que personne n’était en train de mourir, que personne n’était en train de subir de lourdes violences physiques et qu’elle n’arrivait que trop tard pour avoir la ‘chance’ de pouvoir les aider. Elle n’en peut plus. Elle sature. Elle se redresse, en tailleur, sur ce matelas. Elle passe ses mains dans ses cheveux et ferme les yeux. « Il faut que ça cesse… Il faut que ça cesse… » Et au lieu de crier pour se réveiller, elle se contente juste de faire voler en éclats les objets qui se trouvaient sur sa table de chevet. Il faut qu’elle sorte. Il faut qu’elle prenne l’air. Elle ne veut plus rester ici. Plus maintenant. Pas aujourd’hui.


« Non. » Une simple réponse. Une simple négation. « Renée… Tu ne vas pas continuer à faire cavalier seul tout de même… » Elle roule des yeux. Ce n’était pas le moment. Ce ne sera jamais le moment désormais. Elle se mordille nerveusement le bas de sa lèvre inférieure, laissant ses doigts pianoter ‘dans le vent’ sur la surface de sa table de bureau. « Ecoute… La situation n’exige pas un nouveau partenaire à mes côtés. Je m’en sors très bien toute seule. Je n’ai aucune envie d’avoir un nouvel humain dont je dois m’occuper et me soucier pour sa survie. C’est clair ? Ou tu as besoin que je te mette les pendules à l’heure pour mieux comprendre ? » Au fur et à mesure que les mots s’échappaient de ses lèvres, le ton de sa voix augmentait, s’élevait. C’est un sujet délicat à aborder avec elle. Depuis son entrée au GCPD, l’inspecteur a connu, par deux fois, la mort de son partenaire. Il est légitime et compréhensible que le souhait de ne pas réitérer l’expérience se fasse. « Tu n’es qu’une tête de linotte. A force de n’en faire qu’à ta tête, tu finiras par… » Son collègue n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Pour cause ! Renée se retourna brusquement et le fit basculer de l’autre côté du bureau du revers de sa main, l’ayant poussé en appuyant sa main contre son torse. « Si tu ne comprends toujours pas avec ça, tu n’es qu’un cas désespéré. » Ses mots sont prononcés calmement, mais au fond d’elle, son âme est en train de bouillir. Le sort du monde est incertain. Personne ne sait et ne peut deviner de quoi le lendemain sera fait. Renée a d’autres chats à fouetter que de se soucier des lubies de cet abruti. Les autres collègues présents au bureau se sont retournés face au choc entendu. Certains sont surpris, d’autres s’en amusent discrètement. Renée passe à côté d’eux sans faire attention de ce qu’ils pourraient bien penser. Sauf qu’ils savent depuis un certain temps maintenant qu’il ne fallait pas l’énerver et surtout qu’il ne fallait pas entamer une conversation sur un sujet fâcheux. Traversant la pièce, elle jette un coup d’œil sur la porte du bureau de Jim. Un très fin et léger sourire étire le bout de ses lèvres. Si seulement pouvait-elle remonter le temps et retourner dans le passé… là où tout était moins compliqué qu’aujourd’hui… Ses yeux se baissent et elle reprend la route. Sortant des locaux du GCPD, son regard essaie de se créer une vision plus nette dans toute cette obscurité. Le Soleil n’est plus. Gotham était déjà réputé pour être une ville de l’ombre… Là, il l’est en perpétuelle continuité. Et cela ne donne que davantage l’occasion aux troubles faits de faire régner la terreur dans les rues de Gotham… Et d’ailleurs, en parlant de troubles faits… Accourant derrière ces deux individus ayant commis un acte de vandalisme, elle sort son talkie-walkie : « Appelez une ambulance ! Deux victimes à terre à quelques mètres de l’entrée du GCPD ! Grouillez-vous ! » C’est comme si rien n’avait changé pour ces bandits… Leur routine habituelle. Et elle court à leur trousse, après avoir vérifié que ces deux victimes ne soient pas au bord de la mort...


« Tiens, tiens… Ne serait-ce pas ta grande sœur, mon petit ? » Le Pingouin… Son sourire macabre et ses doigts boudinés recouvrent la gorge de Benny, le frère cadet de trois ans de Renée. Il se délecte de ce petit festin qui semble s’offrir à lui. Il semble prendre un malin plaisir à torturer ce jeune homme. Les yeux rivés sur la vidéo d’une de ses caméras de surveillance, il observe l’inspecteur Montoya, ainsi que ses collègues, s’occuper de ses sbires. Les coups de poing partent à la volée. Les tirs de plusieurs balles se perdent tantôt sur le torse d’un individu, tantôt ils rebondissent contre un mur. Cette observation se fait alors que ses phalanges continuent encore et toujours à se refermer plus fermement encore autour de la gorge du frère de Renée. Si seulement avait-il écouté les conseils et les mises en garde de sa sœur. De visite à Gotham City pour une durée indéterminée, Renée lui avait interdit de sortir de l’appartement après vingt heures, heure de couvre-feu ordonné par le maire de la ville. Désobéissant, il avait pris la poudre d’escampette pour aller à rejoindre de vieux amis. Sauf qu’à l’instant où il met les pieds dehors, à l’instant où il traverse une rue pour en prendre une autre, il est pris dans une embuscade orchestrée par le Pingouin et par… Owlman. Ce dernier s’était déjà préparé à tuer Benny. Il fut ‘sauvé’ in extremis par le plan machiavélique du Pingouin, semblant intéressant à mettre en exécution pour Owlman. Cependant, bien qu’il ait mis l’exécution de côté, il n’a pas hésité à se jeter sur lui et à l’affubler de plusieurs coups sur des parties stratégiques de son corps frêle. Déjà bien amoché, personne ne pouvait prédire combien de temps il lui resterait à vivre. L’étranglement du Pingouin ne l’aide pas à tenir le cap et à se maintenir en vie. Déjà bien faible, il sent, petit à petit, la vie s’échapper de son enveloppe corporelle. « Oh mon… LÂCHE-LE !!! » Renée et quelques membres du SWAT ont réussi à se frayer un chemin jusqu’à l’antre du Pingouin. Porte explosée, arme tenue fermement, pointée sur le criminel, le cœur de Renée ne fait qu’un tour. Ses yeux observent, sans savoir quoi faire, l’état déplorable de son frère. Benny semble avoir pris une légère connaissance en ayant entendu la voix de sa sœur, mais ce ne fut que très passager. « Oh… Pauvre flic… Tu penses faire le poids contre moi ? J’ai le soutien d’Owlman, il ne peut rien m’arriver. » « J’en ai strictement rien à foutre de ton pote et de toi, ordure ! Relâche mon frère ! TOUT DE SUITE ! » Menaçante, agressive, elle s’avance vers le Pingouin en tirant plusieurs fois sur lui, mais sans l’atteindre, les yeux totalement embrumés par l’émotion. « Fais encore un pas de plus et je le tue ! » Le tuer… A en voir l’état physique de Benny, il ne ferait qu’abréger la souffrance du jeune homme. Renée n’a d’autres choix que de s’arrêter net à quelques mètres de son frère. Les membres du SWAT ont été tous interceptés par les sbires surentraînés de la Pègre de Gotham. Deux d’entre eux arrivent brusquement derrière elle et la maintienne à bout de bras, cette dernière tentant, par tous les moyens, de se libérer de leur étreinte. « Pas lui… Prend-moi… Tue moi… mais laisse-le… » Jamais de sa vie, Renée n’a supplié un criminel. C’est un acte de faiblesse… mais de dernier recours pour l’inspecteur. Elle était en train d’assister à la mort de son frère, sans qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit. Pensant s’être parvenue à se dégager, elle se voit être violemment balancée à l’autre bout de la pièce, atterrissant brutalement contre le mur. Profitant de leur position de force, l’un des hommes du Pingouin se rue vers Renée pour l’asséner de plusieurs coups. Cette dernière se tient le ventre. Elle lutte du mieux qu’elle le peut en parant les attaques de son ennemi, mais sans avoir la force nécessaire de se remuer. Elle n’est pas Batman. Elle n’est pas une Chauve-Souris. Elle sent sa conscience s’éloigner de son esprit, de son corps. Ses oreilles réceptionnent les rires mauvais de la Pègre de Gotham. Sur le sol, tremblante, saignante sur le visage notamment, ses yeux observent le corps de Benny s’écrouler sur le sol. L’étreinte du Pingouin lui a été fatale. Renée venait d’assister à la mort de son unique frère, sans qu’elle ne puisse rien y faire. Elle-même ignore ce qui adviendra d’elle. Le seul son qui se fait un chemin est : « VICTIMES A TERRE ! GROUILLEZ-VOUS ! DÉBARRASSER VOUS DE CES IGNOBLES ! » Une lutte acharnée s’exécute… Laissant encore des corps derrière elle…


Le syndicat du crime. La Pègre de Gotham. Signe d'une potentielle fin du monde avec toutes les catastrophes qui sévissent dans le monde? Renée l'ignore, mais la blessure de sa dernière bataille est encore ouverte. Renée a perdu son seul et unique frère, son unique soutien familial. Elle a assisté à sa mort, totalement impuissante. Dévastée, détruite, elle aurait vivement souhaité mourir également sur place. Au moins, aurait-elle été à ses côtés… Au moins, ne s’en voudrait-elle pas de vivre aujourd’hui. L’épreuve de la révélation de cette perte à ses parents a été des plus périlleuses et des plus douloureuses. Dans la peine, dans la douleur, ils ont accusé leur fille d’avoir tué leur fils. Une accusation qui n’est pas du tout passé pour Renée. Une accusation qui vient à hanter ses nuits aujourd’hui. Pour elle, le Syndicat du Crime a enlève un être cher à son cœur. Elle est totalement aveuglée par la vengeance. Malgré qu’il lui ait fallu deux mois de « repos forcé » afin de se remettre de ses blessures à son rythme, Renée n’a pas hésité à appeler The Question. Il est sa roue de secours, sa bouée de sauvetage. Renée a besoin de lui pour voir plus loin que le bout de son nez. Bien qu’elle ait refusé, fût un temps, la proposition de The Question à le rejoindre dans sa croisade, il est possible que désormais la donne soit changée…

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