wolfgang amadeus crevard - dealer de mort

« Maman est malade. »
Tu observes Jonesy, l'ainé de la fratrie, tout en tirant sur ta cigarette presque à moitié consumée. Tu tires, et expulses la fumée entre tes lèvres. Un nuage blanc se dissipe dans les airs, tandis que ton frère attend ta réaction. Tu n'es pas surpris. Tu as vu sa santé décliner ces dernières semaines. Femme vive et active, elle est devenue aujourd'hui l'ombre d'elle-même. Toujours fatiguée. Toujours distraite. Quand elle a pris la décision de consulter un médecin, tu savais déjà que les dés étaient jetés. Pipés. Contre la rambarde du balcon, tu ne réponds pas, tu réfléchis.
« Comment on va faire pour lui payer le traitement ? »
Votre père s'est barré quand tu avais trois ans. Avec lui, il a emporté son salaire confortable de notaire. Mais ta mère, elle, ne parvient pas à joindre les deux bouts. Femme de ménage pour quelques entreprises, elle se lève très tôt le matin, et enchaine ensuite avec quelques extras en tant que serveuse dans le restaurant du quartier. Deux boulots qui vous font à peine vivre. Quatre enfants à charge, c'est beaucoup. Un cancer,  c'est impossible.
« Elle est où ? »
« Dans sa chambre, elle se repose. »
Tu écrases ta cigarette avec ta chaussure, avant de rentrer à l'intérieur pour retrouver ta mère. Quand tu entres dans sa chambre après avoir frappé quelques coups, elle semble dépitée. Elle ne veut pas t'affronter, pas encore. Elle ne veut pas lire la peine dans ton regard. Mais ce n'est pas de la peine que tu éprouves, c'est de la colère. Pourquoi elle ? Pourquoi vous ? Tu te souviens parfaitement de cet instant, suspendu dans le temps. C'est là, dans cette pièce, que tu as basculé la première fois vers une pente bien trop glissante. Celle du crime. Un an plus tard tu t'es retrouvé en maison de correction. Libéré mais la cheville emprisonnée, obligation d'être chez toi avant 20h. A l'époque, tu n'étais qu'un petit délinquant parmi tant d'autres. Vol, cambriolage, quelques braquages non armé. Et puis, ça n'a plus suffit. La maladie s'est aggravée, et avec elle, il a fallu que tu t'adaptes. Pour la sauver. Comme tu lui as promis, dans cette chambre, ce fameux jour fatidique.


« T'es sûr de ce que tu fais, Wolfie ? »
Maximilian n'est pas rassuré. Il sait qu'il y a des territoires sur lesquels il ne faut pas s'aventurer. Votre affaire est florissante. Tu viens de sortir de prison, grâce à votre influence sur certains flics de Gotham. Les pourris, ceux qui font honte à leur uniforme mais qui arrangent tes affaires. Vous vendez de plus en plus, de plus en plus loin. Votre champ d'action ne se limite plus à votre quartier et aux alentours. Aujourd'hui, t'es sur le point de prendre une décision radicale.
« C'est le moment ou jamais, ils sont tous occupés par Darkseid et ses insectes. »
Tu ne parles pas des héros qui luttent chaque jour contre l'extraterrestre, mais des criminels de la ville. Toi aussi tu veux une part du gâteau. Tu veux gravir l'échelle du crime et étendre votre influence. Vous êtes quatre, tes deux frères ainées, toi, et ta petite sœur. Tu ne voulais pas qu'elle prenne part à tout ça, mais elle ne t'a pas laissé le choix. Votre première source de revenu : la drogue. Vous dealez dans les rues, parfois même dans certaines soirées chics où tous ont besoin de se repoudrer le nez. Ta sœur, Billie, gère les paris illégaux. Chacun d'entre vous a une place à tenir. Et ainsi, vous pouvez maintenir votre mère en vie. En plus de vivre dans un loft que vous n'auriez jamais pu vous offrir avant de tremper dans les sales combines.
« Crane, il plaisante pas. Son gang est parmi les plus dangereux de la ville. Je suis pas certain que ce soit... »
Le paradémon s'écrase contre la vitre du loft et fait exploser le verre en mille morceaux. Saloperie d'insecte. Tu sors ton arme et tire sur l'intrus.
« Butez-moi cette saloperie ! »
Les Buchanan versus le paradémon. Tu ne sais pas combien de minutes dure le combat, mais quand vous en avez terminé, c'est un bordel sans nom. 
« Qui a ramené cette merde ? Lequel d'entre vous a la frousse ? »


C'est à l'enterrement de votre mère qu'ils ont fait irruption. Jonathan Crane et ses hommes. Ils n'ont pas frappé avec le gaz, ils ont simplement tiré dans le tas. Tes deux frères sont morts sur le coup, le corps non loin de celle qui leur a donné la vie. Toi, t'as pu t'échapper et entrainer ta sœur avec toi. C'est la seule que tu es parvenu à sauver. Vous avez fui, vous avez abandonné le loft, mais ils vous ont vite retrouvé. Ils t'ont arraché Billie, et ils t'ont obligé à regarder. L'image est gravée pour toujours dans ton esprit. Jamais tu ne l'oublieras.
« Alors comme ça tu t'autorises à vendre sur mon territoire ? »
A quoi bon nier ? Oui, tu as empiété sur sa zone. Et tu l'as fait sans hésiter. T'as vendu ta drogue. T'as pris ses clients. Pris son argent. Mais tu ne pensais pas que les choses finiraient ainsi. Tu pensais t'en tirer, parce que Wolfie Buchanan s'en tire toujours. Mais pas cette fois. Cette fois, t'as commis l'erreur de trop. Trop arrogant. Trop ambitieux. Trop imbu. T'as merdé, et maintenant tu vas en payer le prix. Ta mère, tes frères, et ta sœur. Canon froid sur sa tempe, pas une seule larme coule le long de sa joue. Comme toi, elle est beaucoup trop fière. Tu craches par terre, de haine.
« Si tu la touches je te crève, Crane. »
Il rigole. Evidemment, t'es pas en position de force. Tu n'as rien à négocier, si ce n'est ta propre vie.
« Elle y est pour rien, c'est moi que tu veux. Prends-moi à sa place ! »
« Exactement, c'est toi que je veux, je n'ai donc aucun intérêt à te tuer. Tu vas travailler pour moi, Buchanan. »
Tu ne travailles pour personne. Ca fait des années que tu montes tes propres affaires, tu ne dois rien à qui que ce soit, et certainement pas à la vermine comme lui.
« D'accord. Mais seulement si... »
Pan.
Le coup part. Sa cervelle explose. Son corps retombe comme un pantin désarticulé sur le sol. Ta sœur n'est plus. Tu hurles. Tu sens presque tes poumons éclater. Tu hurles encore. Et il t'a laissé là, hurler toute la nuit.


Tu travailles pour l'homme que tu hais. T'as volé son territoire, il t'a volé ta famille. T'es prisonnier d'une dette que t'as déjà payé au prix fort. Immunisé au gaz, tu es contraint de travailler avec d'autres tarés dans son genre pour rester en vie. Le Syndicat du crime aurait pu être ton échappatoire, mais la vengeance est un plat qui se mange froid. Tu feins la docilité. Tu prétends être un membre de son gang. Masque à gaz sur le visage, tu as commis de nombreux méfaits en son nom. Il prévoit de plonger Gotham dans le chaos, il a un plan pour mettre à terre tous ses habitants. Maintenant que le Syndicat n'est plus, il est libre de reprendre les rennes. Mais tu ne le laisseras pas faire. Si tu n'es pas celui qui le fera tomber, tu y contribueras.