Il y a... Je prend un instant pour inspirer et j'écoute autour de moi les vrombissement de la voiture de la Chauve-Souris, les remous que je ressens à l'intérieur de cette dernière quand elle se heurte à ce qui me semble être un trottoir quelconque de Gotham. J'entends le crissement des pneus autour de nous, le chant de quelques voitures quand nous les approchons avec hâte et qu'elle ne s'y attende pas ; puis mon imagination fait le reste et je devine à l'intérieur de ces dernières des hommes ou des femmes pressant de leur pied gauche une pédale de frein et faisant rythmer la soirée des vocalises d'un klaxon apeuré pressé dans la précipitation.
Je me suis plus à m'informer davantage que précédemment sur cette ville, quelques mois plus tôt. Gotham est particulière. La criminalité gangrène ses rues tant est qu'elle s'en retrouve meurtrie et des Justiciers tentent de la sauver ; et pendant ce temps, les citoyens normaux continuent de vivre. Selon un sondage sorti récemment, il n'y aurait que 23% de ses habitants qui auraient déjà vu de leurs propres yeux la Chauve-Souris ou sa voiture ; ce chiffre m'a étonné tant la réputation qui le précède pouvait laisser croire que tout un chacun avait déjà vu l'animal. Mais il faut croire que le Batman, comme on l'appelle, compte ses manifestations avec avarice ; une question de mise en scène, j'imagine. Cela me conforte dans ma pensée selon laquelle le chant des klaxons suivant le crissement des pneus des voitures que nous croisons n'est qu'une mélodie entonné de part sa surprenante rencontre. Mais ce ne sont que de pures spéculations et je n'ai de toute manière pas le temps de m'attarder sur ces gens.
Il y a... un bandeau qui suspend mes yeux quelques minutes, posé sur mon visage par la Chauve-Souris il y a quelques secondes ; il semble tenir à garder l'itinéraire secret, tant il s'était appliqué à nouer le morceau de tissu noir et opaque par derrière ma tête en un nœud double pressant l'arrière de mon crane. A l'extrémité des deux boucles, le tissu tombe et vient caresser ma nuque à mesure que sa voiture tourne et fait jouer quelques lois de la physique dans le mouvement du bandeau. Je compte.
Je compte de sorte à ce qu'à la fin du trajet, il y eu vingt-trois virage à gauche et un peu moins à droite ; au moins seize secs, un pont de franchi – l'eau circulant quelques mètres plus bas me permettant de le deviner – et un tunnel de traversé – cette fois-ci, ce fut la pression ressenti au niveau de mon organisme qui me le permit. Mais la Batmobile avait ce quelque chose de particulier où l'on ne parvenait que difficilement à percevoir un virage quand il n'était pas trop brusque ; elle était silencieuse et à l'instar de la Chauve-Souris, peut-être même trop : alors, tout en comptant, je ne pu que me faire la réflexion que ma concentration dans le but de tracer de tête l'itinéraire effectué pouvait être vaine. Et puis, à combien roulait-on ? Cela risquerait de changer fondamentalement mes calculs.
Dans tous les cas, nous étions finalement arrivé dans ce lieu dont on ne parlait habituellement que comme d'un mythe : une immense pièce appartenant à la Chauve-Souris et où, disait-on, il surveillait tous Gotham et planifiait la moindre sortie. Les rumeurs faisaient états d'un hangar, d'autres d'un appartement sur les toits de la ville et d'aucuns émettaient l'hypothèse qu'il contrôlait la cité par les égouts et que cela expliquait comment il parvenait à arriver et repartir si rapidement sans être vu. Mais cela n'a rien à voir avec un Penthouse, un hangar près des dock ou le bâtiment avoisinant le repère de Killer Croc, comme on appelle l'un des monstres de cette ville.
Il n'y a ni fenêtre ni toit laissant penser à un bâtiment lambda : les murs sont soit tapissés d'écrans, soit de babioles en tout genre, tant est qu'elles semblent cacher des parois faites de roches ; un courant d'air glacial vient balayer la pièce et nous fait nous rappeler de l'époque de l'année dans laquelle nous nous trouvons. Je regarde autour de moi et lève ensuite un regard pour en terminer avec ma dernière hypothèse ; le sommet de cette salle est bien trop haut pour se trouver dans des égouts. A vrai dire, cette hypothèse était bien plus le produit d'une légende folklorique absurde plutôt que d'une réelle réflexion se basant sur des faits probants mais, après l'avoir découverte, je m'étais plu à imaginer une Chauve-Souris faisant régner sa justice au milieu des rats et des excrément de tout Gotham : cette hypothèse était absurde et je m'étais amusé à m'en moquer. Je décroche alors, discrètement, un sourire puis je me tourne vers la Chauve-Souris.
« Si vous vous souvenez, nous avons de nombreuses choses à voir aujourd'hui alors je vous propose de commencer immédiatement afin de ne pas perdre de temps. Il y a un plan à concevoir contre l'un de vos criminels et des recherches à effectuer ; et je crains de n'avoir les connaissances requises que pour l'une des deux choses, alors j'ose espérer que vous n'ayez rien contre le fait d'étudier ma condition par vous même. Tout au plus je puis vous donner quelques échantillons de sangs, de salives ou de peaux. »