C'est une punition. C'est forcément une punition. Sinon, pourquoi Waller aurait-elle décidé de la séparer du reste de NIGHTSHADE pour l'envoyer elle gérer un démon en compagnie d'un prêtre catholique, à l'autre bout du monde ? Amanda est parfaitement au courant de ce qui lui est arrivé lorsqu'elle était enfant, elle sait ce que Rosie a enduré aux mains d'un envoyé du Vatican. Elle a prétendu ne pas pouvoir envoyer toute l'équipe sur place puisque les fanatiques méta-humains constituant le groupe terroriste Omniscient courent toujours les rues, et que c'est le travail de Lucian de les arrêter. Un mensonge tout sauf crédible, mais comme à son habitude, Waller s'en moque. Elle ordonne et ils exécutent, c'est comme ça que les choses se passent dans l'agence. À moins que ce ne soit un test, une façon perverse de voir si Rosie sera capable de gérer ses angoisses – et surtout ses pouvoirs – confrontée à ses plus grandes peurs, en territoire inconnu et sans Lucian pour intervenir et la calmer ? Loin des États-Unis, dans une région isolée et loin de toute technologie, une catastrophe serait facile à étouffer pour Waller, qui a à sa disposition peut-être plus de moyens que le Président lui-même. Quoi qu'il en soit, Rosie n'est pas ravie de n'être qu'un pantin pour elle, une marionnette avec laquelle elle expérimente sans se soucier des conséquences de ses actions. S'il y a bien une chose que Rosie a compris à propos d'Amanda, c'est que la seule personne dont elle se soucie est elle-même et que la décevoir peut avoir des effets dramatiques. Sans doute peut-elle s'estimer heureuse qu'elle ne lui ait pas implanté une bombe dans la nuque à elle aussi. Vouloir manipuler ses sentiments et ceux de Lucian à sa guise pour parvenir à ses fins, c'est déjà bien assez. Et même s'ils étaient destinés à s'aimer quoi qu'il arrive et en dépit des manigances de Waller, Rosie ne doute pas qu'elle se serve de la situation à son avantage.
Dans le jet censé les conduire à leur destination, Rosie évite soigneusement de croiser le regard du prêtre. Elle fait mine d'être plongée dans la lecture du dossier concernant leur mission, alors qu'elle a pourtant l'esprit bien loin. Waller ne sait pas encore qu'ils sont plusieurs à comploter contre elle pour l'empêcher de se créer une armée de super-soldats n'obéissant qu'à elle, mais cela ne saurait tarder. Cette femme finit toujours par tout savoir, et ceux qui osent lui mettre des bâtons dans les roues le paient cher, très cher. C'est lâche, mais Rosie ne peut s'empêcher de se demander si Lucian et elles n'auraient pas mieux fait de s'abstenir, de prétendre n'avoir rien vu... Mais comment justifier cette lâcheté à Lucian ? Ce n'est pas comme si elle pouvait lui dire avec légèreté "évitons de nous mettre Amanda à dos, tu risques déjà de mourir aux mains d'Omniscient". Le poids du secret commence à peser lourd sur ses épaules, mais elle espère encore pouvoir trouver une façon de le sauver, sans qu'il ne s'aperçoive jamais avoir frôlé la mort de près. Ce qu'il y a entre eux, elle ne veut pas risquer de le gâcher en passant pour une menteuse, et elle ne veut pas l'effrayer non plus. Connaître sa fin est une véritable malédiction, elle a vu des hommes devenir fous en essayant d'échapper à leur destin, et d'autres s'effondrer et finir par mettre fin à leurs jours avant l'heure. Des choses qui n'arriveraient probablement pas à Lucian, mais à quoi bon lui imposer un tel savoir et les souffrances qui l'accompagnent ? La prescience est son fardeau, pas le sien.
Rosie sursaute quand le pilote signale leur arrivée à destination. Un petit village en plein Désert Libyque, perdu au milieu de nulle part. Elle fronce les sourcils. « Notre arrivée ne passera pas inaperçue. » L'appareil amorce sa descente, et Rosie se décide finalement à regarder le prêtre. Elle désigne son col blanc. « Vous feriez sans doute mieux d'enlever ça. » Impossible de savoir comment les villageois réagiront à leur arrivée, et à la présence d'un représentant du Vatican. Contrairement à ce que l’État Saint aimerait croire, la religion chrétienne n'est pas la bienvenue partout. Et peut-être que des hommes et des femmes vivant dans une région isolée n'apprécieront pas de voir un Catholique venir se mêler de leurs histoires. Rosie prend une profonde inspiration après que le jet se soit posé. Le pilote leur fait savoir qu'il reviendra les chercher dans quarante-huit heures et pas une minute avant – ordre de Waller, naturellement. Quel genre d'exorcisme peut prendre autant de temps ? Rosie secoue la tête et attrape son sac, et vérifie une dernière fois sa ligne de communication privée avec Lucian, au cas où... La chaleur étouffante du désert la frappe immédiatement, elle n'est pas faite pour ce genre de températures. Elle met de côté son inconfort pour se concentrer sur la mission. En apparence, tout semble normal... En apparence seulement. Le village est extrêmement silencieux, comme s'il avait été abandonné. Pourtant, Rosie sent des dizaines de présences, humaines et animales. Mais pas que... Elle fronce les sourcils et grimace lorsqu'elle sent le démon essayer de s'attaquer à son esprit. « Je ne suis pas la bienvenue ici. » Heureusement pour elle, fermer son esprit aux attaques extérieures est ce qu'elle sait faire de mieux. Et autant dire qu'être le réceptacle des âmes de toutes les sorcières de sa lignée et des vieux dieux nordiques, cela aide.
Elle fait quelques pas, avant de se heurter à une barrière invisible. Elle pose les mains dessus, mais constante qu'Aaron a pu faire quelques pas de plus qu'elle. « Je ne peux pas entrer dans le village. Quelqu'un a dû tracer une protection contre les sorcières quelque part. Si vous voulez que je puisse vous aider, vous devez la détruire. Vous savez à quoi cela ressemble ? » Probablement pas. Rosie sort son téléphone de sa poche et ouvre le dossier où elle a répertorié tous les symboles magiques les plus utiles. Elle montre celui qui sert à repousser les Völur au prêtre. « Il vous suffira d'en effacer un morceau pour le rendre inutile. » Elle secoue doucement la tête, en proie à un très mauvais pressentiment. « Ce démon savait que nous venions. C'est un symbole destiné aux sorcières vikings, et je suis la dernière. » Voilà qui est tout sauf rassurant. Rosie a été confrontée à peu de démons, mais elle sait qu'ils sont vicieux en plus d'être extrêmement malins et dangereux. Et Waller ne leur a même pas laissé un seul agent de NIGHTSHADE. Personne, c'est à Aaron et elle qu'elle a confié cette mission. Que peut-elle bien avoir à gagner en exorcisant un démon dans une région égyptienne reculée ? Ce n'est pas qu'un test, il y a forcément autre chose... « Je ne pourrai pas vous aider tant que ce symbole ne sera pas détruit. Soyez prudent. » Elle, en attendant... Eh bien, elle va engager la conversation avec ce démon.
I've got it on good authority there's no such thing as Island Witches.••• Nous y voici donc, la première mission avec NIGHTSHADE. Rien de très glamour, de très excitant pour les sens. Un exorcisme, encore et toujours. Il n'en attendait pas moins, pas plus non plus. Aaron aurait préféré pouvoir rester tranquille dans son appartement, à peindre, plutôt que se retrouver envoyé au fin fond du monde, pour chasser un démon. Mais c'était son travail. Même si ce n'était pas de cette manière qu'il le faisait en général. A.R.G.U.S avait les moyens, Waller le démontrait une fois de plus, le jet... c'était presque trop. Lui qui avait l'habitude de se déplacer par lui-même, en seconde classe, généralement. Dormant dans les motels les plus miteux, tentant de se faire le plus discret possible.
Il n'essayait guère de cacher sa présence aux forces du Mal quand elles étaient présentes, après tout, ils savaient quand il venait. Ces démons l'aimaient bien, ils aimaient le tourmenter, jouer avec lui, se battre contre lui. Sans doute qu'en-bas, certains tenaient le pari de le faire tomber. Mais il n'avait encore jamais perdu la partie. En tous les cas, il n'avait jamais renié ce Dieu qu'il servait corps et âme.
Son équipière était silencieuse, mal à l'aise. Pas besoin de s'appeler Einstein pour le voir, le ressentir même. A force de côtoyer le genre humain, le prêtre avait développé une certaine empathie. Sans ressentir parfaitement les émotions qui traversaient ses interlocuteurs, il était quand même capable de comprendre ce qu'il suscitait chez les autres. Et ce n'était pas la première fois qu'il croisait quelqu'un qui pouvait potentiellement être hostile, ou en tous les cas qui n'aimait guère sa représentation de la religion et la religion en elle-même. Dire qu'il tentait de réhabilité quand il le pouvait, le blason de la Foi. Pas des catholiques ou du Vatican, à quoi bon? Mais de la croyance en Dieu. On pouvait être prêtre et totalement ouvert et compréhensif. Tout le monde ne vivait pas au Moyen-Age et heureusement d'ailleurs.
Mais pour le coup, Aaron avait respecté le silence qu'avait voulu la jeune femme. Il ne souhaitait pas s'imposer. La confiance devait se construire, c'était important. Surtout s'ils se retrouvaient réellement face à un démon, qui n'hésiterait pas à utiliser toutes les fissures pour les ébranler. Il avait donc profité du voyage pour se reposer. Le chapeau descendu sur les yeux, il dormait paisiblement. La voix du pilote le sorti de son sommeil et il s'étira comme un chat, tout en jetant un regard par le hublot. Le désert... ce n'était pas la première fois qu'il venait dans ces terres reculées... l'entité qui posait problème, risquait d'être puissante et compliquée à faire disparaître. Il soupira un instant en se passant un doigt sur la moustache, avant de tourner la tête vers Rosie, qui s'adressait finalement à lui.
- En effet, arriver à dos de chameau aurait été plus discret. Haussant un sourcil à sa remarque sur son col. Au contraire, je préfère montrer directement qui je suis. Cela permettra rapidement de voir si nous sommes les bienvenues ou non...
En effet, il enlevait rarement cette marque qu'il portait autour du cou. Comme un flic et son insigne. Sauf que lui, même en allant dans les endroits les plus chauds, il ne le cachait pas. Quoi qu'il se passe, le col blanc imposait toujours un certain respect, même si on pouvait le détester. Et s'il se prenait quelques coups, et bien... il vivrait avec.
On leur laissait donc 48 heures... une grimace marqua un instant son visage. Il n'aimait pas qu'on lui donne un timing précis. Car un exorcisme pouvait durer quelques heures, comme plusieurs jours. Tout dépendait du démon, de sa prise sur sa victime... de pleins de choses en fait. Enfin, difficile d'aller contre les ordres, n'est-ce pas? Passant la sangle de son sac sur son épaule, le prêtre réajusta son chapeau et se dirigea vers le petit village. La chaleur était étouffante, de noir vêtu, il était certains qu'il en souffrait un peu plus, mais n'en montra rien. Il enlèverait le surplus d'habits, une fois installé.
Les poils de sa nuque se dressèrent d'un coup, cette sensation le trompait rarement, il y avait quelque chose de maléfique ici. Le silence était une preuve aussi d'un problème pernicieux. Son regard se tourna vers la jeune femme qui semblait bloquer par une barrière invisible. Pas la bienvenue... étonnant.
- Alors on est deux.
Au moins, elle était efficace. Il observa rapidement le signe qu'il devait trouver. Il en avait déjà vu, sur quelques cas, avec Constantine. Ce dernier lui avait expliqué ce qu'ils voulaient dire. Il ne fût donc pas si surpris que cela en apprenant ce qu'était l'agent Rosewood. Une sorcière, viking. Rien que cela. Est-ce que sa puissance et sa magie pourrait rendre l'exorcisme moins compliqué? Est-ce que c'était pour cela que Waller l'avait mis en duo avec lui? Peut-être. En tous les cas, cela expliquait aussi pourquoi elle pouvait avoir une certaine... animosité envers ce qu'il représentait.
- Je vais trouver cela. Ils le savent très souvent, difficile de passer inaperçu, à moins d'avoir de quoi se cacher à leur plan. Il ne fallait jamais compter sur l'élément de surprise à ce niveau, les concernant. Je fais au plus vite, soyez prudente, vous aussi...
Rosie regarde le prêtre s'éloigner, puis soupire avant de s'asseoir sur le sable brûlant. La voilà encore sur le point de faire quelque chose qu'elle déteste, et cela dans le seul et unique but de satisfaire Waller. Elle a déjà eu plusieurs contacts avec des démons, et on ne peut pas dire qu'elle ait apprécié l'expérience. Ce sont des entités imprévisibles, souvent vicieuses et cruelles, et particulièrement rancunières. À bien y réfléchir, ils sont un peu comme Waller. La différence, c'est qu'eux au moins, on peut les renvoyer d'où ils viennent en faisant appel à un bon exorciste... Ce qui n'est pas le cas de la directrice d'A.R.G.U.S. Rien ni personne ne semble pouvoir en venir à bout, et elle ne serait pas surprise de voir leur nouveau Président devenir sa nouvelle victime, une fois qu'elle aura tiré de lui tout ce qu'elle veut. Rosie chasse Amanda de son esprit et prend une profonde inspiration. Elle n'a pas la moindre envie d'entrer en contact avec le démon qui possède les lieux, mais au plus vite ce sera fait, au plus vite ils en auront terminé. Comme à son habitude, Rosie élève un champ de force autour d'elle pour se protéger en cas d'attaque. Elle le sait, lorsqu'elle utilise sa télépathie, elle peut devenir particulièrement vulnérable puisqu'elle ne fait plus réellement attention au monde autour d'elle. D'ordinaire, il y a Lucian et le reste de l'équipe pour assurer sa sécurité, mais aujourd'hui ce n'est pas le cas. Et si elle ne doute pas qu'Aaron soit formidable dans son domaine – Waller ne se contenterait pas de quelqu'un de médiocre – elle doute qu'il soit capable de faire quoi que ce soit en cas d'attaque physique. Elle ne peut compter que sur elle-même, une idée qu'elle ne trouve pas rassurante une seule seconde.
Rien n'est plus désagréable que d'ouvrir son esprit à une entité malveillante. Rosie grimace quand elle sent la présence du démon, il lui fait penser à un parasite qui chercherait à la dévorer de l'intérieur. Elle peut ressentir son agressivité – il n'est pas content qu'une sorcière et un prêtre viennent se mêler de ses affaires, il n'a pas l'intention de les laisser le renvoyer d'où il vient. « Tu as peur, sorcière. » Rosie secoue la tête. Elle sait ce que le démon essaie de faire : l'effrayer, la confronter à ses peurs pour la déstabiliser et lui faire perdre le contrôle. Elle ne peut pas se permettre une telle chose. Elle ferait un hôte bien trop puissant pour un démon comme lui, il aurait accès à bien trop de pouvoir en la possédant... « Tu as peur. » « Tais-toi ! » Tout ceci n'est qu'une distraction, elle doit gagner du temps pour permettre à Aaron de trouver et détruire le symbole qui l'empêche d'entrer dans le village. « Ta peur te ronge de l'intérieur, comme de la vermine ronge un cadavre. » « Tais-toi, j'ai dit ! » Elle vacille. Peut-être a-t-elle sous-estimé la puissance de leur adversaire. Ou surestimé ses propres capacités ? Elle serre les poings et se concentre pour que ses barrières mentales résistent aux assauts du démon. Aidée par les esprits de ses ancêtres, elle est plus forte – quitte à être possédée, elle préfère l'être par des entités bien intentionnées. « Tu as peur de ce que tu es. De ce que tu pourrais devenir. Tu as peur de perdre... » « La ferme ! » Elle n'a pas besoin de l'entendre de la bouche de cette maudite créature ; elle sait très bien de quoi elle a peur ! Puisqu'il semble en savoir tant sur elle, ne voit-il pas qu'elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour le renvoyer d'où il vient, afin de pouvoir retourner à sa mission principale, à savoir éviter à Lucian une mort atroce ? « Tu n'es pas très malin, pour un démon ! Quel est ton nom ? » Ils n'aiment pas dévoiler leurs noms. Cela donne trop de pouvoir sur eux, cela leur donne l'impression d'être faibles et faillibles... Et c'est exactement la raison pour laquelle Rosie doit le lui arracher. « DONNE-MOI TON NOM ! » Elle commence à trembler. Elle puise rarement aussi profondément dans le puits de ses capacités, elle n'est pas encore habituée à sentir une magie si puissante couler dans ses veines. Mais cette fois... Cette fois, elle est fatiguée d'avoir peur. Fatiguée de passer son temps à contrôler méticuleusement ce qu'elle est. Fatiguée d'être traitée comme une poupée fragile. Peut-être est-ce le démon qui s'amuse avec ses émotions, qui titille la rage qui sommeille en elle... En fin de compte, ça n'a pas d'importance. Elle lâche prise, et c'est comme si une bombe explosait à l'intérieur de sa poitrine. « TON NOM, DÉMON ! » Il résiste. Elle insiste. « TON NOM ! »
Rosie rouvre les yeux, et grimace quand elle réalise qu'elle a la moitié du visage enfoui dans le sable. Elle se redresse lentement, comme si elle s'attendait à ce que tout son corps soit endolori. De toute évidence, sa confrontation avec le démon s'est soldée par une perte de connaissance. Et pourtant, elle affiche un léger sourire, victorieuse. Quand elle réalise qu'elle s'était instinctivement entourée d'un champ de force protecteur avant de s'évanouir, elle l'abaisse aussitôt et trouve Aaron juste à côté d'elle, l'air... préoccupé ? Elle se relève en secouant doucement la tête. « Vous n'avez pas l'air d'avoir été briefé par Waller ou Lucian... Cela m'arrive souvent, tout va bien. » Peut-être que ses derniers mots sont un peu exagérés, certes, mais elle n'a aucun intérêt à l'inquiéter inutilement. « Vous avez détruit le symbole, merci. » Rosie passe une main dans sa nuque, elle a l'impression que tout son corps n'est qu'une boule nerfs. « Je ne sais pas ce que le démon veut, mais j'ai réussi à lui arracher quelque chose... son nom. Pazuzu. Est-ce que cela vous dit quelque chose ? » Rosie ne connaît pas la mythologie du démon, ni même ses attributions ou ses fonctions. Et puisqu'il ne semble pas du tout venir de Scandinavie, il n'y a personne qu'elle puisse interroger à son sujet. Mais après tout, ce n'est pas elle l'exorciste, n'est-ce pas ?
Une sorcière et un prêtre entrent dans un bar...Rosie & Aaron I've got it on good authority there's no such thing as Island Witches.••• Aaron avait décidé de faire confiance à son équipière, de toutes les façons, il était bien obligé. Difficile de faire sans elle. Enfin, il aurait très bien pu aller trouver le démon, s'en occuper et revenir seul, certes, mais des mains en plus n'étaient jamais mal venues, si elle était prête à faire ce qu'il lui demanderait. A deux, il y avait parfois plus de chance de s'en sortir au mieux. Il fallait juste espérer que le démon n'arrive pas à toucher les points sensibles des deux agents qui se retrouveraient face à lui.
Il n'avait pas vraiment paru ébranlé d'apprendre ce qu'était Rosie, mais ce n'était pas la première sorcière qu'il croisait et puis... quand on combattait le Mal en personne depuis autant de temps, il devenait difficile d'être surpris par beaucoup de choses. En fait, il était même plutôt content d'avoir une telle personne à ses côtés. Les pouvoirs pouvaient être un plus, vu que lui n'était qu'un simple humain.
Pour l'instant, il était impératif qu'il trouve ce signe, afin de pouvoir continuer leur mission. Marchant d'un pas lent, pour rester sur ses gardes, il suivait une piste que lui seul pouvait comprendre, pour arriver à ce qu'il cherchait. Ce qui était surprenant, c'était bien que le village semblait vide. Pourtant, il sentait les poils de sa nuque se dresser, comme s'il était épié par plusieurs paires d'yeux. Soit les villageois étaient trop craintifs pour se faire voir, soit ces paires d'yeux appartenaient à des gens qui ne leur voulaient pas que du bien. Le prêtre préférait partir sur sa première idée. Si un démon possédait quelqu'un ici, les autres devaient ne pas vouloir s'en mêler, de peur d'être contaminé à leur tour.
Une araignée faisant la grandeur de sa main était tranquillement installée sur le signe de protection, dessiné à l'arrière d'une des maisons. De quoi faire fuir un grand nombre de personne. Aaron, comme beaucoup, n'aimait clairement pas ces bestioles, mais il savait mettre de côté son dégout pour se concentrer sur sa tâche. Rose lui avait dit qu'il suffisait de casser qu'une partie du signe pour que son effet soit altéré. Pour cela, il fallait que cette nouvelle copine à huit pattes bouge de quelques centimètres. Trouvant de quoi la faire bouger, sans qu'elle ne lui saute dessus, il se débarrassa de l'arachnide, avant d'attraper une pierre au sol et de briser le sceau.
Travail accompli, il revenait plus rapidement vers sa collègue, toujours avec cette impression solide d'être observé. La voir étendue la tête dans le sable, ne fût guère pour lui plaire et il accéléra le pas pour la rejoindre. Mais se retrouva empêcher de pouvoir lui porter secours alors qu'il était proche d'elle, comme si une barrière invisible lui barrait la route. Utile...
Aaron était prêt à tenter quelque chose contre cet ennuyant champs de protection, quand la jeune femme bougea, se redressa, un sourire aux lèvres qu'il eut du mal à comprendre. Elle semblait victorieuse, alors que rien n'avait été fait. Sa remarque lui fit légèrement hausser les sourcils.
- En effet, on ne m'a pas dit que vous aviez des tendances à la narcolepsie... lâcha-t-il presque sur le ton de l'humour. Il faudrait par contre qu'elle lui explique rapidement, ils ne pouvaient pas se permettre de se retrouver face à un démon, sans tout savoir l'un de l'autre ou en tous les cas, le plus important. Il était bien caché, sous une vraie mise en garde... l'araignée ne s'était pas installée là par erreur.
Mais son attention fût rapidement totalement captée par son interlocutrice, qui avait donc réussi à avoir le nom de leur ennemi. Ils partaient avec un sacré avantage, ces démons n'aimaient guère partager comment ils s'appelaient en général, c'était leur petit secret. Mais quand elle le prononça, le prêtre ne manqua pas de blêmir bien rapidement. Autant dire que ça n'allait clairement pas être une partie de plaisir.
- Les démons ne veulent qu'une chose. Pouvoir arpenter la Terre, pour ainsi persécuter les Hommes. Se frottant son menton barbu. Pazuzu... hochant de la tête. Je le connais bien, oui. C'est un démon ancien, un roi démon de Mésopotamie même. Autant dire qu'on a du pain sur la planche... son regard balaya à la ronde, il lui tendit une main pour l'aider à se relever. Ca va aller? Comment avez-vous réussi à lui faire dire son nom?
Pour l'instant, l'ennemi se tenait tranquille, il était important qu'ils montent une stratégie de combat tous les deux. Il fallait que Grant sache comment cette femme avait pu lui faire cracher un pareil secret.
Rosie a l'impression d'avoir pris un mur de plein fouet, comme c'est souvent le cas après une conversation avec une entité surnaturelle. Ça n'a rien d'agréable, mais cette fois cela leur aura au moins permis de gagner un temps précieux. Au plus vite ils se seront débarrassés de ce démon, au plus vite ils pourront recommencer à respirer, et Amanda Waller sera satisfaite – au moins pour quelques heures. « Asservir la race humaine, dominer le monde... Les démons ne sont pas plus originaux que les hommes, ils veulent tous la même chose. » Mais aussi cliché que ce soit, certains ont suffisamment de cartes en main pour y parvenir. Et si Rosie n'est pas encore experte en démonologie elle sait reconnaître une menace quand elle en voit une. Contrairement aux êtres humains, la plupart des démons ne peuvent pas simplement être tués, il faut les bannir de cette dimension ou les emprisonner quelque part, mais ils ont la dent dure en plus d'être particulièrement rancuniers... « Pazuzu ou un autre, peu importe. Si nous ne parvenons pas à nous en débarrasser, nous aurons de plus gros problèmes sur le dos. » Aucun démon ne sera jamais plus effrayant qu'une Waller furieuse. Si Aaron ne sait peut-être pas encore à qui il a réellement à faire, Rosie, elle, le sait très bien. La décevoir, c'est s'exposer à des conséquences bien plus terribles que n'importe quoi que le démon puisse leur faire. Du moins, à choisir entre les deux, Rosie préfère affronter le démon plutôt que la directrice de l'agence. S'étant relevée, elle secoue doucement la tête. « Ne le prenez pas mal, mais il vaut mieux que vous évitiez me me toucher. Pour votre propre sécurité. » Et surtout, pour son bien-être psychologique. Bien peu de personnes veulent savoir de quelle façon elles vont mourir, et Rosie n'apprécie pas davantage les visions auxquelles elle ne peut échapper. Elle ne se demande pas pourquoi Waller n'a rien dit au prêtre, elle espérait sans doute être la première à apprendre de quelle façon leur nouvelle recrue trépasserait. Mais non, pas cette fois, Rosie refuse cette main tendue pour protéger Aaron autant qu'elle-même.
Elle soupire. « Je lui ai demandé gentiment... » Elle secoue la tête. « Je ne crois pas qu'il avait déjà rencontré quelqu'un comme moi. Une sorcière de ma caste, je veux dire. S'il vient de Mésopotamie comme vous le dites, je ne pense pas qu'il se soit fréquemment frotté aux vikings et à leur magie. » Rosie est toujours la première à se sous-estimer, se pourrait-il qu'elle soit parvenue à surprendre le démon en usant de ses dons ? « Je n'étais pas seule. Disons que parfois... D'autres esprits se joignent au mien pour m'aider. » Elle hausse les épaules. Le moment n'est pas forcément bien choisi pour expliquer ses pouvoirs à Aaron, mieux vaut avoir cette conversation quand une entité surnaturelle ne risque pas de leur tomber dessus d'une seconde à l'autre. « Je suis télépathe, je vais sonder les habitants du village, donnez-moi une minute. » Rosie commence à se demander si Waller ne l'a pas collée sur cette mission pour la forcer à faire usage de la plupart de ses dons, et tout particulièrement ceux qu'elle évite d'exploiter en temps normal. Tout est calculé, rien n'est laissé au hasard. Un nouveau soupir s'échappe d'entre ses lèvres pincées et elle ferme les yeux. Quand elle les rouvre une minute plus tard, elle grimace en réalisant qu'un fin filet de sang s'écoule de ses narines ; elle l'essuie avec empressement avec sa manche. « Pazuzu possède un petit garçon de six ans. Sa famille est terrorisée. Quant au reste des villageois, la plupart sont simplement effrayés, mais une dizaine de fanatiques sont prêts à tout pour protéger le démon et empêcher son exorcisme. Il leur a promis de grandes richesses, des terres, des femmes... Bref, tout ce qui est cliché au possible mais continue d'attirer les foules. » Une dizaines d'hommes hostiles... Bon sang, Waller n'aurait-elle pas pu au moins laisser Lucian venir avec eux ? Rosie n'a rien d'un fin stratège, elle se contente la plupart du temps de suivre les ordres, créer un plan d'attaque n'a jamais été son travail. « Je peux vous protéger des attaques pendant que vous exorciserez le démon. Techniquement je pourrais ordonner à ses sbires d'aller s'asseoir dans un coin et de ne plus bouger, mais je ne vous cache pas que je n'ai jamais essayé sur autant d'individus en même temps... Et je ressens la présence d'entités moindres dans le village, je crains que certains ne soient possédés par de petits esprits. Rien de bien méchants, mais ils pourraient tenter de nous distraire. » Ou de les pousser droit dans la gueule du loup, au choix.
Rosie fouille dans son sac pendant quelques secondes, avant d'en tirer une pierre de quartz circulaire, qu'elle tend à Aaron. Gravée d'un symbole runique de protection, elle tient dans la paume de la main. Elle la lui donne en prenant garde à ne pas le toucher et lui offre une brève explication. « Je sais que ça n'a pas l'air de grand chose, mais cela vous protégera au moins des entités moyennes. À leurs yeux, vous serez comme invisible. » Son livre de magie viking ouvert, apprendre à créer des talismans protecteurs a été l'une des premières choses apprises par Rosie. Ce n'est pas encore de la magie de haut niveau, mais elle y travaille. Elle s'apprête à entrer dans le village, mais se ravise et fronce les sourcils. « Vous savez que c'est un test, n'est-ce pas ? Waller veut savoir de quoi vous êtes capables, et ce que vous avez dans le ventre. » C'est tout sauf un hasard si elle les a tous les deux catapultés dans le désert pour faire face à une entité extrêmement dangereuse. « Vous n'avez sans doute pas eu le temps de réellement la cerner, alors permettez-moi de vous mettre en garde... Si vous échouez ou si vous la décevez, d'une quelconque façon, elle vous le fera payer. Elle révélera au grand jour le petit secret du Vatican. » Elle aussi, sait ce que cache l'état religieux au reste du monde. Mais contrairement à la directrice d'A.R.G.U.S, elle ne révélera rien. Mais Amanda Waller n'a certainement pas le même code moral qu'elle.
Une sorcière et un prêtre entrent dans un bar...Rosie & Aaron I've got it on good authority there's no such thing as Island Witches.••• Aaron n'allait clairement pas contredire la demoiselle. En effet, les humains n'avaient rien à envier aux démons. Ces derniers voulaient la même chose. Mais en pire. Leur but était bien de faire régner un chaos total sur Terre. De voir tous les Hommes se damner pour rejoindre leurs rangs, se venger de ce Dieu tout puissant qui leur avait tourné le dos. C'était à peu près tout. Rien de plus compliqué en fait. Une histoire de vengeance. Enfin, pour ceux qui avaient un lien avec Dieu, justement, les autres... s'amusaient. Du fun, c'était tout ce qu'ils attendaient. Ils adoraient les voir se poser mille et une questions, être tentés, passer à l'acte, faire le pire, revenir à eux, puis finalement accepter de se faire prendre. Et enfin, pouvoir fouler cette Terre, dans un habit de chair et de sang. Glauque à souhait. Aaron les détestait profondément, surtout que quand ils n'arrivaient pas à leurs fins, c'était le vaisseau qui en pâtissait. Et la mort, était souvent une option. Ce n'était pas comme dans les films, si un démon décidait de se la jouer "L'Exorcist", la nuque ne tenait pas le cou et crac... la vie s'envolait et c'était perçu comme une défaite pour le prêtre. Après tout, la mort de la victime était ce qui pouvait arriver de pire. Il n'en avait pas vécu souvent, mais il y en avait eues et ces disparitions, le hantaient encore aujourd'hui.
Waller semblait réellement inquiéter Rosie, il l'observa, pas surpris, mais intrigué.
- Pourquoi avoir si peur d'elle? Ce n'est pas le Diable en personne quand même...
Et Grant savait qu'il serait plus inquiet face à ce dernier, que la patronne d'A.R.G.U.S. Quand bien même il aurait tort, il ne changerait pas d'avis. Rien ne battait le Diable.
Rosie se relevait sans son aide, il n'en prenait pas ombrage. Si elle préférait ainsi, il s'en accommodait parfaitement. Surtout si c'était mieux pour son bien-être. Il tenait à garder les pieds sur terre vu ce qui les attendait. Les explications qu'elle lui fournissait le laissaient intrigué, encore. Alors comme ça, elle avait toutes ces capacités? Il voyait mal le fait de demander gentiment à un démon son nom, par contre, qu'elle ait eu de l'aide... il en avait tellement vu que cela le surprenait à peine.
- Je vois. Marquant un temps. Il est suffisamment vieux pour avoir croisé des Vikings. Le problème avec ce genre de démon, c'est bien le fait qu'ils se balladent, qu'ils aiment se balader même. Je ne comprends pas pourquoi il revient dans ce trou perdu. Enfin... il a pu être surpris de voir que des esprits Vikings pouvaient encore avoir une quelconque puissance au jour d'aujourd'hui, par contre.
Honnêtement, l'exorciste estimait qu'ils ne seraient pas de trop, si quelques esprits amis venaient donner un coup de main. Après tout, plus on était plus on s'amusait, non?
Elle était aussi télépathe, décidément, cette jeune femme était pleine de ressource, pas besoin de se demander plus longtemps ce qu'elle faisait dans cette équipe. Avec cette puissance, autant dire qu'elle pouvait faire des dégâts, comme faire retourner une situation catastrophique à l'avantage de l'équipe. Silencieux, il la laissait faire, tout en observant les environs, lui n'avait pas besoin de pouvoirs pour savoir qu'il n'y avait clairement pas que des amis dans leur périmètre. Mais le contraire l'aurait étonné. Les démons aimaient bien se protéger, surtout dans des endroits comme ce village. Son attention était toute acquise à Rosewood quand elle revint vers eux, pour lui faire un résumé de la situation.
Une moue marqua les traits de l'homme, tandis qu'il enlevait un instant son chapeau pour s'essuyer le front d'un revers du bras, les nouvelles n'étaient pas bonnes, la pire étant le vaisseau qu'avait trouvé Pazuzu, un gamin, trop jeune pour pouvoir tenir longtemps contre l'esprit fort de l'être maléfique. Mais peut-être suffisamment malicieux pour lui jouer quelques tours, avant qu'il ne prononce le "oui" fatidique. Problématique aussi, parce que le corps d'un enfant pouvait tenir plus difficilement à l'exorcisme en lui-même, car cette pratique faisait du mal, parce que l'ennemi se battait, jusqu’au bout, jusqu'à tuer.
- Les démons sont les meilleurs menteurs et manipulateurs qui existent. Vous le verrez bien assez tôt. Son chapeau remis sur sa tête. Hum... bon... auriez-vous un moyen de nous protéger par une aura comme vous l'avez fait pour vous? Je préférai vous avoir à mes côtés. Mieux vaut être deux face à un être tel que lui.
Elle aurait droit à psalmodier quelques phrases en latin, pendant que lui procéderait à l'exorcisme en lui-même. Tendant la main paume face au ciel, pour récupérer la pierre.
- Parfait. Si vous pouvez faire pareil, nous nous ferons au moins oublier des esprits qui auraient possédés certains des fanatiques. La fixant un instant. Mieux vaut ne pas nous séparer, ni séparer nos forces. J'imagine qu'envoyer nos assaillants s'asseoir dans un coin risque de vous épuiser?
Waller revenait sur le tapis, ainsi que le pourquoi de cette mission et... le pourquoi de sa présence. Il haussa un sourcil.
- Un secret n'en est plus un, du moment qu'il est partagé avec plus d'une seule et unique personne. Certains auraient mieux fait de se taire. Il se moquait bien que le petit secret du Vatican ne voit un jour le jour. En revanche, la menace d'être excommunié ne lui plaisait guère, car sans son col, il ne pouvait plus exercer en tant que prêtre et ça... ça se serait un drame. Allons-y. Il chercherait plus tard à savoir comment Rosalie pouvait être au courant d'un tel secret.
Aaron n'était pas venu pour se tourner les pouces, n'avait jamais reculé devant ce genre de problématique et estimait qu'il valait mieux foncer dans la gueule du loup. De toutes les façons, ce dernier les attendait, il n'enverrait pas ses sbires sur eux tout de suite. Il attendrait de voir, bien qu'il connaissait le prêtre, mais les démons étaient des joueurs et jouer avec des gens comme eux, ils adoraient.
- Une dernière chose. Tout ce qu'il pourra dire ou faire, sera seulement à but de vous faire vaciller, de vous faire douter. Ne l'écoutez pas, sous aucun prétexte. Ne céder pas à ce qu'il vous fera voir. Restez concentrée. Sortant une bible de son sac, qu'il lui tendait. A la page 31. Vous lirez ça en boucle, mettez-y tout ce que vous croyez dedans. Pas besoin de croire en Dieu, le but est d'y mettre le plus de force possible. Et si vos... amis veulent venir nous aider, surtout... ne les empêchez pas de se manifester. Ce démon est redoutable et dans le corps d'un enfant... c'est ce qu'il y a de pire.
L'homme marchait lentement, prêt à tout. Il poussa alors avec délicatesse la porte de la case incriminée. Des bruits montaient d'une pièce adjacente. Une mère, aux traits tirés, lui pointait du doigt la porte en bois où se trouvait le démon. Ils savaient qu'il était là pour les aider et même la peur de l'esprit maléfique ne tuait pas l'espoir que cet homme de Dieu pourrait sauver leur garçon, peut-être... avec un peu de chance et... de Foi?
Prenant une grande inspiration, fermant son esprit à tout, Aaron poussait alors cette nouvelle porte, la chaleur était écrasante, sa chemise lui collait à la peau, il l'oubliait, l'odeur était acre, pour lui, ça sentait déjà la mort, le gamin était assis dans son lit, il les fixait d'un regard à glacer le sang. Un sourire inhumain marquait ses traits.
- Te voilà, prêtre, j'attendais ces retrouvailles avec impatience!
Combien sont-ils à avoir sous-estimé Amanda Waller ? À avoir été berné par les apparences ? À ne pas avoir cru qu'elle puisse avoir autant de pouvoir parce qu'elle n'avait pas un statut évident, à cause de son sexe et sa couleur de peau ? Rosie ne sait pas quels préjugés envers Amanda Aaron peut avoir, mais il a tort de ne pas prendre ses menaces au sérieux. Elle est peut-être la personne la plus puissante de la plante, capable de faire plier de la Ligue de Justice au Vatican. Si Aaron devait la décevoir, ou simplement la contrarier, elle serait capable de dévoiler jusqu'à la couleur des sous-vêtements du Pape et cela éprouver l'ombre d'un remord. Rosie est en persuadée, le Diable lui-même est certainement moins effrayant que cette femme. Et puis, le Diable, elle ne l'a jamais vu... Amanda, elle croise son regard froid tous les jours et sait très bien ce qui l'attend si cette femme devait cesser de la trouver utile un jour. À côté d'un sort réservé par Waller, l'enfer doit ressembler au paradis. Rosie soupire et secoue doucement la tête, comme pour chasser la directrice de ses pensées, mais sans beaucoup de succès. « Je pourrai nous protéger, oui. Mais je ne pourrai pas disperser mon attention partout. Je ne suis pas... » Dr Fate ? «« J'apprends encore. » Voilà pourquoi, d'ordinaire, c'est toute l'équipe qui est envoyée régler une affaire et pas une paire d'agents. Les avoir séparés des autres, l'avoir envoyée à l'autre bout du monde dans un coin désert avec un prêtre, c'est une recette parfaite pour un désastre. Un test oui, mais un test que Rosie n'est pas certaine de réussir à passer. « Si j'occupe les sbires du démon, c'est la seule chose que je pourrai faire. Ils sont trop nombreux. » Quand elle doit partager son attention entre plusieurs choses foncièrement différentes, les risques augmentent. Trop à son goût, et sans Lucian pour la calmer à l'aide d'une forte dose de tranquillisant spécialement créée pour elle en cas de dérapage, elle ne peut que craindre le pire. Confrontée à ses propres démons, elle ignore quelles seront ses réactions.
Quand Aaron lui tend une bible, Rosie grimace et secoue la tête avec fermeté. « Non. Hors de question. C'est votre travail, pas le mien. » Elle peine de plus en plus à masquer son aversion pour le catholicisme. Si elle devait prendre cette bible et lire les passages qu'il lui indique, elle sait très bien ce qui arriverait, qu'elle le veuille ou non, les souvenirs du prêtre ayant tenté de l'exorciser deviendraient impossibles à ignorer, et elle deviendrait elle aussi une proie idéale pour le démon. Elle n'a pas beaucoup plus envie de laisser d'autres s'emparer de son esprit, peu importe qu'ils soient bien intentionnés. C'est une violation comme une autre, si la situation est critique et qu'elle n'a pas le choix elle abaisse ses protections, mais si elle peut l'éviter et rester maîtresse de la situation et de son propre corps par la même occasion, elle le préfère. Et elle se moque bien de l'avis d'Aaron sur la question, même si elle ne ressent aucune animosité envers elle, elle ne lui fait pas encore confiance. Elle ne doute pas qu'il sache ce qu'il fait, mais c'était aussi ce que disait le fou qui avait jugé bon de taillader sa peau pour tenter de faire disparaître les runes gravées dans la peau de son dos. Le démon lui fait moins peur qu'un homme de foi qui croit avoir Dieu de son côté quoi qu'il arrive.
Dans la petite habitation où le démon a trouvé son hôte, l'atmosphère est glaciale malgré la chaleur étouffante du désert égyptien. Rosie a l'impression que des milliers d'insectes rampent sur sa peau, son instinct lui hurle de faire demi-tour. C'est exactement ce que le démon veut, qu'ils le laissent tranquille. Mais il y a la vie d'un petit garçon en jeu, si ce n'est celui du village tout entier. L'enfant n'a déjà plus visage humain, et l'odeur qui règne dans la pièce est à vomir. Quand le démon s'exprime, Rosie frissonne. Rien à voir avec la voix d'un enfant, ni même avec la langue de la région. « … Retrouvailles ? » Elle lance un regard suspect à Aaron. « Vous avez déjà affronté cette chose ?! » De plus en plus tendue, Rosie serre les poings. Elle ne doit pas laisser le contrôle de la situation lui échapper, alors elle prend une profonde inspiration avant d'élever tout autour d'eux un champ de force qui empêchera les alliés de Pazuzu de les atteindre. Du moins temporairement, car elle ne doute pas qu'ils tentent de percer cette défense. À son tour, Rosie s'exprime dans une langue perdue et le démon se retrouve plaqué contre le mur, dans l'incapacité de bouger. Mais il lutte furieusement contre le sort, elle ne sait pas combien de temps elle pourra garder sous son emprise une entité aussi puissante que lui. « Je ne vais pas pouvoir le retenir longtemps, vous feriez mieux de vous dépêcher. » Que Dieu leur vienne en aide, pas vrai ?
Une sorcière et un prêtre entrent dans un bar...Rosie & Aaron I've got it on good authority there's no such thing as Island Witches.••• Bien, il n'aurait donc pas de réponse à sa question. A croire que même prononcer le nom de cette femme, parler d'elle, était interdit. Étaient-ils sur écoute? Pouvait-elle avoir des oreilles partout et donc ils prenaient un risque dès qu'ils l'évoquaient? Peut-être... ou alors tout le monde devenait de plus en plus paranoïaques et elle comptait là-dessus. C'était malin, sournois... bref, Waller quoi. Et lui, était sans doute traité de fou de ne pas la craindre plus que cela. Mais le démon qu'il fallait affronter l'inquiétait beaucoup plus qu'une femme de chair et de sang.
Il était plus important de se concentré sur le combat qui allait suivre. Car oui, un exorcisme était une sorte d'affrontement entre une entité et de pauvres humains qui faisaient tout ce qu'ils pouvaient pour sauver des âmes. Aaron comprenait donc qu'il se retrouvait avec... ce que l'on qualifiera d'une "apprentie". En ce qui concernait ses pouvoirs en tous les cas. Qu'importe, ce qu'elle était déjà capable de faire serait d'une grande aide, il le savait déjà. Un petit mouvement de la tête montrait qu'il notait donc les informations.
- Bien, alors gardons la protection, je pense que ce sera le plus important, surtout si nous nous retrouvons face à ses sbires.
Il espérait juste que les runes qu'avait la magicienne permettraient de les garder loin. Il regrettait presque la compagnie de Constantine pour le coup, à trois, ils auraient pu faire cela presque les doigts dans le nez... presque. Surtout qu'il allait donc se retrouver seul face au démon. Que Rosie refuse net de toucher le bouquin qu'il lui tendait pour l'aider dans son travail, ne l'arrangeait clairement pas. Mais il n'était pas non plus du genre à vouloir obliger les gens à faire des choses qui les dérangeaient et vu sa mine, il comprenait que la demoiselle devait avoir un sacré problème avec la religion, il resta neutre.
- Bien sûr que c'est mon travail... nous sommes juste plus forts à deux. Votre champ de protection ne le fera pas partir... tentant de lui faire comprendre que ce n'était pas anodin qu'il lui demande une pareille chose. Enfin... il secoua la tête, rangea la bible et se concentra sur ce qu'il avait à faire.
Ils régleraient les problèmes après... s'ils s'en sortaient... bon ça c'était le côté peu optimiste du personnage. Mais il rentrait dans la pièce avec les pensées inverses. De toutes les façons, dès qu'il vit le gamin, sa détermination était d'acier. Il fallait le sauver, coûte que coûte et bien entendu, le démon le savait. Il en riait déjà.
- Plus ou moins... jamais ils ne s'étaient fait face ainsi, mais Pazuzu faisait partie de ces entités qui adoraient venir titiller des hommes comme le père Grant.
La tension de la jeune femme était palpable. Si Aaron la ressentait, il était évident que le démon lui, s'en nourrissait avec un certain plaisir. Bien entendu, il n'allait pas gagner si facilement, il avait compris que cette humaine avait de quoi le mettre en difficulté, mais avant qu'il ne puisse agir, voilà que son corps d'accueil se retrouvait coincé contre le mur. Un hurlement inhumain passait ses lèvres. Voilà... elle l'avait énervé.
Grant quant à lui, se mettait rapidement en habits, de son sac il sortait le crucifix et la bouteille d'eau bénite dont il avait besoin pour le début de l'exorcisme. Mouvement de croix, bible ouverte dans une main, il lisait avec puissance les mots qui devaient mettre à mal la bête. Elle voulait qu'il travaille vite, malheureusement ça ne marchait pas ainsi. C'était un combat de longue haleine, surtout face à un être aussi puissant.
Pourtant, comme tous les autres, il n'aimait pas devoir se plier au bon vouloir de ce Dieu unique. Il le fatiguait, ilS le fatiguaient même. Des objets commençaient à voler dans la pièce, pour venir s'écraser dans le champ de force de Rosalie, il testait sa puissance, il la fatiguait, en l’attaquant en fourbe, les objets devenaient de plus en plus gros et lourds, elle finirait bien par lâcher.
Le prêtre s'avançait au plus proche du corps du garçon, continuant sa litanie, il était important de ne pas relâcher, malgré le regard plus qu'inquiétant de son vis-à-vis. Il aurait mieux valu pouvoir l'attacher au lit avant de commencer...
- BOUH!
Une violente attaque kinésiste envoya valser nos deux agents d'A.R.G.U.S à travers la pièce. Le dos de l'exorciste s'écrasa dans le mur, dans un grondement sourd, il en avait vécu des touts autant agréables. On ne s'y faisait pas pour autant. Et pourtant, ce fût l'état de la jeune femme qui l'inquiéta en premier, la cherchant du regard dans la pièce, tout en se redressant avec peine.
Rosie maudit Waller de lui avoir imposé cette mission. Avec des centaines d'agents à sa disposition, c'est elle qu'elle envoie assister le prêtre exorciste. Elle a beau savoir que ce n'est rien de plus qu'une façon cruelle de la tester, elle est furieuse. Furieuse de toujours être traitée de la sorte, traitée comme si elle n'avait pas droit au plus élémentaire des respects. Si Rosie perd le contrôle, Waller ne pourra s'en prendre qu'à elle-même. Ce qu'elle ne fera jamais bien sûr, son ego lui interdisant de remettre en question ses décisions, aussi douteuses soient-elles. Jamais Rosie n'a autant eu besoin de Lucian à ses côtés. Dans une situation pareille, il saurait quoi lui dire pour la rassurer, pour qu'elle reste concentrée sur sa tâche. Mais ici, entourée d'êtres hostiles et d'un homme qui lui rappelle les pires moments de son existence, elle sent le contrôle de ses émotions et de ses dons lui échapper. Ses sentiments sont certainement exacerbés par le démon, qui se nourrit de sa peur à la façon d'un vampire qui sucerait le sang de sa victime jusqu'à ce que mort s'ensuive. Elle lutte pour rester concentrée, mais Pazuzu joue avec ses nerfs en projetant divers objets sur son champ de force. Pour l'agacer, pour briser l'enchantement, mais Rosie tient bon. Le mieux qu'elle puisse faire, c'est donner tort à Waller en étant plus forte que ce que la directrice pense. Et rien ne lui ferait plus plaisir que de renvoyer ce démon dans les tréfonds de l'enfer pour quelques siècles, à défaut de pouvoir l'y condamner pour l'éternité.
Quand le démon se lasse du latin du prêtre, il exprime sa puissance à travers son hôte, et Rosie voit le visage du garçon se déformer au point de ne plus rien avoir d'humain avant d'être projetée à travers la pièce comme Aaron. Elle heurte violemment une armoire avant de retomber au sol, mais reprend rapidement ses esprits pour rétablir son champ de force avant que les alliés de Pazuzu ne puissent les atteindre. « Je vais bien », grogne-t-elle en se relevant, de plus en plus irritée par le comportement du démon. À quoi joue-t-il ? À quoi bon se contenter de cette petite démonstration de force ? Rosie fronce les sourcils en observant la créature. « Tu n'es pas aussi puissant que tu aimerais nous le faire croire... » C'est une affirmation. Et à présent qu'elle sonde un peu plus profondément le démon, elle se trouve stupide de ne pas l'avoir fait plus tôt. Un petit rire moqueur la secoue et elle s'avance vers Pazuzu avec détermination. « Tu es toujours à moitié coincé en enfer ! C'est pour ça que tu n'as pas quitté ce village, tu ne peux pas... Tu ne peux pas, parce que si tu t'éloignes du portail duquel tu es sorti et qui te lies encore aux limbes, tu ne parviendras pas à conserver ton emprise sur ce garçon, et sur ces gens... » Il ne s'est pas complètement libéré des enfers, il a besoin de gagner en puissance pour y parvenir. À grand renfort de prières, de sacrifices, de rituels pervers... Ou peut-être a-t-il simplement besoin d'un hôte plus puissant... ? Qu'il se le tienne pour dit, ce ne sera certainement pas elle ! Il y a bien assez de monde dans son esprit et de toute façon... Il n'y a pas accès. Si Rosie décide de laisser ses ancêtres prendre le contrôle, ses barrières mentales seront parfaitement infranchissables. Elle ignore quelles seront les conséquences sur son être après, mais un problème à la fois.
Elle se tourne vers Aaron, sa détermination retrouvée. « Je vais le retenir. Faites ce que vous avez à faire avec lui, n'y allez pas de main morte. » Rosie se précipite vers le démon, qu'elle plaque de nouveau contre le mur à l'aide d'un sort beaucoup plus puissant cette fois ci. La magie ayant un coup, du sang commence à couler de son nez mais elle l'ignore. Il faut qu'elle tienne bon, elle pourra se soucier de sa santé une fois l'exorcisme terminé. Elle pose sa main contre le front du démon, qui semble véritablement surpris par la puissance qui émane de la jeune sorcière. Si Rosie ne lui a pas fait une forte première impression, voilà qui devrait remettre les pendules à l'heure. Étant la première à toujours se sous-estimer, elle est elle aussi surprise sa capacité à retenir le démon. Surprise et effrayée, car c'est exactement ce que Waller cherche à obtenir d'elle... Qu'elle laisse sa puissance s'exprimer, pour avoir une Homo Magi puissante dans ses rangs. Mais comme le dit le dicton, à force de jouer avec le feu, ne risque-t-elle pas de se brûler les doigts ? Rosie repousse Amanda dans un coin de son esprit, elle se souciera d'elle plus tard. En attendant, elle accompagne la prière d'Aaron pour augmenter sa puissance. Sauf que les mots qu'elle prononce ne sont pas en latin mais en vieux norrois, elle les prononce pour la toute première fois de façon tout à fait instinctive, guidée par toutes les femmes de sa lignée.
Une sorcière et un prêtre entrent dans un bar...Rosie & Aaron I've got it on good authority there's no such thing as Island Witches.••• Les démons ont toujours aimés jouer. Depuis qu'il les connait, le prêtre les avait toujours vus chercher ceux qui tentaient de les faire sortir de leurs hôtes. Ils aiment voir à qui ils ont affaire et au bout d'un moment, sans que cela ne soit vraiment décidé, ils passaient à l'attaque et c'était bien là que les dégâts pouvaient potentiellement arriver. Ou alors ils s'ennuyaient et tuaient leur hôte. Ce n'était pas quelque chose d'important, car toujours, ils trouvaient mieux ailleurs.
La preuve que Pazuzu s'amusait, les envoyer valser dans les airs si facilement. Heureusement que le prêtre trouvait cela habituel. Il était rassuré aussi que la jeune femme lui réponde rapidement. Elle allait bien. C'était bien tout ce qui comptait. Mais ce petit jeu semblait l'énerver elle aussi, elle s'attaqua plus frontalement au démon, ce qui le surprit autant qu'Aaron qui ne s'attendait pas à cela. Qu'elle le plaque ainsi contre le mur, sans lui laisser la possibilité de faire quoi que ce soit était une aubaine.
Sans attendre, déjà sur ses pieds, l'exorciste attrapa alors le col du garçon et lui colla son crucifix sur le front à côté de la main de la sorcière, en espérant que cela le ferait fuir plus vite. La peau brûlait sous ce touché, ça commençait à sentir le cochon grillé, mais il ne lâchait pas. Redoublant ses injonctions de partir. La bête hurlait, ce n'était pas les cris d'un enfant, mais bien celui d'une créature non-humaine, bien décidée à faire le mal jusqu'à la fin des temps. Il aurait pu leur casser les tympans à force. Mais face à une sorcière et un exorciste déterminé, il a bien du mal à ne pas battre en retraite. Son regard se plante alors dans celui du prêtre. - Fini de jouer! - Oh non! Sûrement pas!
Il savait ce que le démon voulait faire et il ne lui laissera pas la possibilité d'emporter cette âme innocente avec lui. Prononçant alors son nom, il lui ordonnait à son tour de retourner aux enfers auxquelles il appartenait. Car savoir le nom d'un démon donnait un pouvoir sur lui. Et finalement, après une longue bataille, tout s'arrêtait. Tout retombait au sol, le calme, le silence revenait.
Grant avait encore les oreilles qui bourdonnaient, mais il n'y faisait pas attention, pas plus qu'à son manque de souffle, comme s'il avait retenu sa respiration jusque-là. Il attrapait l'enfant dans ses bras qui venait de perdre connaissance, pour le poser sur le lit et s'assurer que tout allait bien.
Mais dans la précipitation, il entendit nettement le déclic d'une arme. Il avait presque oublié les sbires du démon. Certains étaient repartis en même temps que lui, n'ayant plus rien à faire ici, mais d'autres s'accrochaient ou alors avaient-ils reçu des ordres et ce n'était pas lui qui était visé. Dans un bon il attrapait Rosie - se moquant pour le coup de savoir s'il avait le droit de la toucher ou pas - pour lui éviter de se prendre de la mitraille dans le dos.
- Couchez-vous!
La déflagration frappa contre le mur près d'eux, mais pas de blesser, heureusement. Le temps que l'homme arme à nouveau son arme, le prêtre lui volait déjà dessus, se battre n'était pas dans ses meilleures compétences, mais il n'avait pas affaire à un humain normal. Sortant une bouteille d'eau bénite de sa poche, il la débouchonnait d'un mouvement rapide et jetait tout son contenu au visage de son adversaire, qui touché, portait ses mains au visage dans un cri bestial. Son crucifix en main, il le plantait devant sa tête et avec rage, lançait une nouvelle litanie en latin, qui fit disparaître plus rapidement ce mauvais esprit que le premier auquel ils avaient fait face.
Soufflant profondément, Aaron posait ses deux mains sur ses jambes pour tenter de reprendre une respiration normale. S'essuyant d'une main la sueur qui coulait sur son visage. Il tournait la tête vers sa collègue.
- Désolé... ça va?
L'homme n'avait pas l'esprit tranquille, il avait l'impression que ça avait été beaucoup trop simple. Est-ce que Pazuzu était vraiment parti? Ou avait-il tout simplement changé d'hôte? Et l'enfant, pourrait-il s'en sortir? S'en rappelant, il oublia ses douleurs et rejoignit rapidement le lit pour voir dans quel état il se trouvait... ce n’était pas beau à voir...
- Il a besoin d'un médecin, on ne peut pas rester ici... il faut trouver un véhicule pour partir d'ici.
Rosie ignore de quoi elle est réellement capable, et c'est précisément la raison pour laquelle elle bride ses pouvoirs la plupart du temps. D'une certaine façon, elle s'est elle-même enchaînée, craignant ce qu'elle pourrait faire si elle s'autorisait à être libre, complètement libre. Cette simple démonstration de force contre Pazuzu l'effraie, parce qu'elle ne se pensait pas capable de tenir en respect un démon aussi ancien et puissant. C'est exactement ce que Waller voulait, la mettre dans une situation où elle n'aurait d'autre choix que d'exploiter ses dons, comme elle l'avait fait face à l'Enchanteresse. Stratégie cruelle mais efficace, et au final c'est tout ce qui compte pour elle. Elle n'imagine pas les conséquences que de telles manœuvres peuvent avoir sur ses agents et de toute façon, cela lui importe peu. Seuls les résultats comptent... Et elle sera satisfaite, ce sont des résultats qu'Aaron et elle vont lui apporter... Quand le démon disparaît, Rosie a l'impression que l'atmosphère de la pièce change d'un coup, l'air est de nouveau respirable et le soleil réapparaît dans la pièce. Mais le répit est de courte durée, tous les sbires de Pazuzu n'ont pas encore disparu, et sans les réflexes du prêtre, Rosie se serait retrouvée avec un trou béant dans la poitrine. Dans son effort de la protéger, Aaron a initié un contact physique, et c'est cela plus que son atterrissage brusque au sol qui la perturbe au point qu'elle doit lutter contre les visions qui assaillent son esprit pendant plusieurs secondes, ce qui la rend ainsi incapable de faire quoi que ce soit pour les protéger contre leur agresseur, qui heureusement ne représente pas une réelle menace pour eux. Pour autant, Rosie est secouée, et convaincue que Lucian la retrouvera couverte d'hématomes à son retour.
« Je vais bien... Merci. » Les sourcils froncés, Rosie se relève et s'efforce de retrouver ses esprits pour pouvoir sonder les environs à la recherche de toute présence démoniaque. « Pazuzu est parti... Et ses petits camarades de jeu sont partis avec lui. Je ne ressens plus aucune présence maléfique dans le village. En revanche, je ne saurais dire où ils sont allés... » Avec un peu de chance, ils sont retournés en Enfer et y resteront un bon moment. Quoi qu'il en soit ils ne sont plus leur problème, leur mission est accomplie. Enfin, celle que leur a assigné Waller l'est... Mais ils ne peuvent pas abandonner le petit garçon à son triste sort. Avoir été possédé par une entité aussi puissante et vile que Pazuzu n'a pas été sans conséquences sur sa santé. Quand Rosie rejoint Aaron à son cheveux, elle plaque une main contre sa bouche, choquée par l'état de l'enfant. « Oh, bon sang... » Les mots lui manquent pour décrire ce qu'elle voit, elle n'a jamais vu un être humain dans un tel état. Le pauvre garçon semble sur le point de rendre son dernier souffle, il est déjà aussi pâle qu'un mort. « Il n'y a rien à des kilomètres à la ronde. La première ville est à plusieurs heures de route... » Et son hôpital avec. Mais la médecine des hommes peut-elle réellement faire quelque chose pour un être ayant été possédé ? Rosie se retient de grimacer et s'agenouille auprès du petit, et après quelques secondes d'hésitation elle prend pose ses paumes de chaque côté de son visage. Elle ferme les yeux et se concentre, essaie d'entrevoir tous les futurs de l'enfant comme Dr Fate lui a appris à le faire. Quand elle retire ses mains, elle a légèrement blêmi. « Il s'appelle Amir... Et dans quatre de ses cinq futurs possibles, il ne survit pas à Pazuzu. » Il a donc une chance sur cinq de survivre. Le sort n'est pas en sa faveur, mais tout n'est pas perdu... Elle inspire à fond.
« Je peux le maintenir en vie en utilisant un sortilège, mais ça ne le sauvera pas. Je n'ai vu aucun véhicule quand nous sommes arrivés, mais il y en a peut-être un quelque part... Mais j'ai peut-être une autre idée. Dans mon sac, il y a une radio. C'est une ligne directe avec A.R.G.U.S, mais nous pouvons essayer de capter une autre station. Essayez de trouver celle de l'hôpital le plus proche, ou convainquez le pilote du jet de faire demi-tour. » Il n'est censé revenir que le surlendemain, mais le garçon ne survivra jamais jusque là. Désobéir à Waller pourrait lui coûter son poste, mais qui sait... Peut-être jugera-t-il que la vie d'un enfant innocent vaut ce sacrifice ? Rosie l'espère, mais elle a appris à ne pas trop en attendre de la nature humaine. « Je vais faire de mon mieux pour l'aider, mais il faut que vous trouviez comment l'évacuer. » Rosie n'est pas encore suffisamment douée pour lancer un sort et faire autre chose en même temps. D'autant que celui-ci est particulièrement compliqué, la Mort n'aime pas qu'on l'empêche de récolter une âme... Mais elle va faire de son mieux, la vie d'un enfant innocent est en jeu.
Une sorcière et un prêtre entrent dans un bar...Rosie & Aaron I've got it on good authority there's no such thing as Island Witches.••• Ils avaient vraiment réussi? Aussi facilement que cela? Aaron était impressionné. Vraiment. Par la puissance de cette femme, car c'était sans doute elle qui avait fait disparaître au mieux le démon. Ou en tous les cas, avait réussi, d'une façon ou d'une autre à l'affaiblir suffisamment pour que l'exorcisme se passe presque sans accroc. Mais cela l'inquiétait, non pas Rosie, mais Pazuzu, il continuait à penser que tout cela était bien trop aisé. Quelque chose clochait quelque part et il ne serait pas surpris de voir cette saloperie revenir sur les devants de la scène à un moment ou à un autre. Pas ici, pas dans ce désert, mais ils n'avaient pas fini de se croiser tous les deux, il pouvait y mettre sa main à couper. Hochant de la tête, il appréciait pourtant d'entendre que les menaces à l'horizon semblaient avoir toutes disparues.
- Bien. Secouant la tête. Sans doute loin d'ici, le mieux serait en Enfer, mais j'en doute...
Des démons de cette puissance, ne se chassait pas en un claquement de doigt de la surface de la terre, ils avaient des moyens de rester, de s'accrocher aux miettes.
Oui, y avait rien de beau à voir quand un corps s'était défendu jusqu'au bout contre l'envahisseur. Les démons faisaient des dégâts, laissant pourrir la chaire, tuant peu à peu tous les organes, mais une fois le parasite sorti, si la médecine faisait correctement son travail, les possédés pouvaient survivre. Physiquement en tous les cas, c'était psychiquement que c'était le plus compliqué, comment expliquer ce que l'on avait ressenti, ce qu'il s'était passé, quand on nous prenait pour un fou la plupart du temps? Grant avait souvent été à l'écoute de ces gens, pour les aider de son mieux, pour leur faire comprendre qu'ils n'étaient pas fous, qu'ils avaient vraiment vécu cette horreur, mais qu'ils avaient gagnés et que c'était ça le plus important. La convalescence de ce genre d’événement était longue et douloureuse et parfois... parfois ça n'aboutissait pas.
Ce garçon ne serait pas un échec.
Lui non plus n'avait pas vu de véhicule en arrivant, mais ils pouvaient être caché. Il écoutait alors attentivement son équipière et se redressait rapidement.
- Faites tout ce que vous pouvez pour le maintenir en vie... je m'occupe du reste.
Une chance sur cinq, ça faisait vraiment peu, mais toute chance était bonne à prendre et Aaron n'était clairement pas le genre d'homme à ne pas essayer. Surtout pour sauver la vie d'un jeune garçon. Il fouillait dans les affaires de Rosie pour trouver la radio dont elle venait de parler. Il préférait éviter A.R.G.U.S ces gens n'étaient pas les sauveurs dont il avait besoin.
Sortant rapidement de la case, il tentait toutes les fréquences possibles et inimaginables, sans réponse pour autant, à croire que ce coin était réellement perdu au milieu de nul part. Ce n'était pourtant pas possible que personne n'ait de moyen de transport. Des gens s'approchaient alors de lui, ils avaient compris que le danger était parti, qu'ils étaient ceux qui l'avait éloigné. Ils voulaient voir, les remercier. Cherchant ses mots dans la langue qu'ils parlaient, il trouva enfin le moyen de se faire comprendre.
Il revenait en trombe dans la chambre.
- Il y a bien un véhicule et à quelques kilomètres, un camp que la Croix-Rouge a posé avec un dispensaire. C'est là qu'on doit aller. Et vite! Je peux...? S'approchant du lit, pour emmailloter le gamin dans une couverture, afin de le porter avec plus de facilité et de rendre son voyage moins pénible.
Les natifs du coin avaient alors ramené un 4x4 qui semblait sortir d'une autre époque, mais qui roulait et c'était ça l'important. Le conducteur les attendait, le moteur chaud, il n'y avait plus qu'à monter et partir en trombe. Aaron murmurait une seule phrase en boucle:
- Reste avec nous Amir, reste avec nous.
A part prier, il n'avait plus grand chose d'autre à faire, malheureusement.
Pour le prêtre, le trajet sembla durer une éternité, mais le camp avait finalement été atteint. Les médecins sur place avaient pris en charge le gamin, sans aucune promesse de le sauver. Mais ils feraient tout pour. Personne n'avait posé de question, dans ces régions, on voyait de tout. Aaron débarquait avec une bouteille d'eau, qu'il tendait à Rosie.
Accueil 
C'est une punition. C'est forcément une punition. Sinon, pourquoi Waller aurait-elle décidé de la séparer du reste de NIGHTSHADE pour l'envoyer elle gérer un démon en compagnie d'un prêtre catholique, à l'autre bout du monde ? Amanda est parfaitement au courant de ce qui lui est arrivé lorsqu'elle était enfant, elle sait ce que Rosie a enduré aux mains d'un envoyé du Vatican. Elle a prétendu ne pas pouvoir envoyer toute l'équipe sur place puisque les fanatiques méta-humains constituant le groupe terroriste Omniscient courent toujours les rues, et que c'est le travail de Lucian de les arrêter. Un mensonge tout sauf crédible, mais comme à son habitude, Waller s'en moque. Elle ordonne et ils exécutent, c'est comme ça que les choses se passent dans l'agence. À moins que ce ne soit un test, une façon perverse de voir si Rosie sera capable de gérer ses angoisses – et surtout ses pouvoirs – confrontée à ses plus grandes peurs, en territoire inconnu et sans Lucian pour intervenir et la calmer ? Loin des États-Unis, dans une région isolée et loin de toute technologie, une catastrophe serait facile à étouffer pour Waller, qui a à sa disposition peut-être plus de moyens que le Président lui-même. Quoi qu'il en soit, Rosie n'est pas ravie de n'être qu'un pantin pour elle, une marionnette avec laquelle elle expérimente sans se soucier des conséquences de ses actions. S'il y a bien une chose que Rosie a compris à propos d'Amanda, c'est que la seule personne dont elle se soucie est elle-même et que la décevoir peut avoir des effets dramatiques. Sans doute peut-elle s'estimer heureuse qu'elle ne lui ait pas implanté une bombe dans la nuque à elle aussi. Vouloir manipuler ses sentiments et ceux de Lucian à sa guise pour parvenir à ses fins, c'est déjà bien assez. Et même s'ils étaient destinés à s'aimer quoi qu'il arrive et en dépit des manigances de Waller, Rosie ne doute pas qu'elle se serve de la situation à son avantage. 