ϟ I will not give you up this time. [PV Kory ❤]

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Darling, just hold my hand.

« Inspecteur ? » Lança-t-on à mon encontre alors que je fixais, accroupi à ses côtés, le corps d’une femme entièrement vêtue de rose, gisant face contre terre. Sa chevelure de feu imposait à mon esprit des pensées dont je préfèrerai me passer. Evidemment, en voyant cette rousse sans vie ni âme, je pensais à Barbara, ou Kory. Et si l’une d’elle se retrouvait à la place de cette pauvre femme ? Autrefois, le Joker aurait pu ne pas se contenter de rendre les jambes de Babs non-fonctionnelles, il aurait pu rendre sa vie non-fonctionnelle. Et je n’étais pas là. J’ai préféré devenir le Justicier et Protecteur de Blüdhaven. Brisant le cœur de Barb’ par cette occasion. Dans quel but ? Vaincre le crime dans cette ville perdue, autant voire plus que Gotham. J’y ai gagné des batailles, oui, rendant la ville un peu meilleure, mais je n’ai jamais remporté la Guerre de l’Ombre qui s’y trouvait. Et Kory, Kory… « Inspecteur Grayson ? » M’interpella-t-on une nouvelle fois, sans pour autant m’extraire à mes pensées. Kory. Autant ai-je rompu avec Barbara avant de partir, autant je n’ai pas dit un mot à la sulfureuse Tamaraneanne – qui aura toujours le don de me faire perdre la tête, que ce soit de par son physique ou par son côté alien s’adaptant difficilement à la vie humaine. J’ai été lâche en quittant les environs de la sorte, sans dire à qui que ce soit où je me rendais. Je ne doute pas que Bruce avait deviné, grâce à l’enquête proche de Blüdhaven que j’avais mené peu avant de partir, me permettant de me rendre compte que cette ville avait besoin de Nightwing. Après tout, Batman est presque aussi bon détective que je le suis, il faut au moins lui accorder cela ! Enfin bon… Lâcheté. Tout ce dont j’avais fait preuve avec Starfire. Je savais qu’elle ne m’en voudrait pas, je ne sais même pas si elle a déjà ressenti ce sentiment humain qu’est la rancœur. Et j’en ai profité.

« GRAYSON ! » Hurla-t-on, cette fois, bien trop proche de mon oreille. Ce qui me fit bien entendu sursauter et manqua de me faire mettre à terre instantanément le responsable, par pur réflexe. Je me réveillais, m’arrachant à mes pensées. La scène de crime. Vieil immeuble, parquet en bois grinçant. Dernier étage. Comment a-t-elle atterri ici ? J’analysais alors le corps, de loin, puis de plus près. Cherchant chaque détail. Un mot était écrit. Rache. Elle l’avait gratté avec ses ongles vernis. « Elle n’est pas allemande. Elle n’a pas écrit Rache pour signifier Vengeance, elle cherchait à écrire Rachel mais n’a pas pu finir. Elle est gauchère. Elle est venue à Gotham pour une nuit, certainement pour écrire un papier sur la vague de suicides à Gotham. Oui elle travaille dans les médias, à en juger sa tenue. » Commençai-je, faisant en parallèle quelques recherches sur mon téléphone. « 35 ou 40 ans, pas plus. Elle vient de Washington, si on se fie à la taille de la valise. » « Quelle valise ? » « Oui, sa valise. Elle est mariée depuis au moins 10 ans mais n’est pas heureuse dans son couple. C’est une croqueuse d’hommes ambulante. Tous ses bijoux sont parfaitement lustrés sauf son alliance, ce qui indique que son couple bat de l’aile. L’intérieur de l’alliance brille plus que l’extérieur donc elle la retirait régulièrement, et ce n’est pas parce qu’elle effectuait un travail manuel, regardez sa manucure, elle est parfaite. Seule raison de retirer son alliance, c’est les amants. » « D.C. ? » « C’est évident non, même pour vous ? Son trench est humide. Elle était donc sous la pluie il y a peu. Le revers de son col est également humide, elle l’a relevé pour se protéger du vent. Son parapluie est sec donc elle ne l’a pas utilisé, parce que le vent était trop fort. La valise nous indique qu’elle comptait rester cette nuit. » Continuai-je, lancé dans mes explications qui semblaient pour moi, évidentes. « Mais il n’y a pas de valise, Grayson. Et comment sais-tu pour D.C. ? » « Le voyage n’a pas duré plus de 3h. Où est-ce qu’il y a eu de la pluie et du vent à 3h d’ici ? Washington D.C. » Lançai-je en montrant mon téléphone, sur lequel j’avais fait des recherches. « Et la valise ? » « Oui d’ailleurs, où est-elle ? Elle devait avoir un téléphone, et trouvez qui est Rachel. Pour la valise, regardez les égères éclaboussures qui maculent sa jambe droite. Elle tirait une valise de la main droite. C’est typique, et vue l’étendue, il s’agit d’une petite valise. Elle prenait soin de son look, donc elle trainait une valise pour la nuit. Vous l’avez mise où bon sang ?! » M’exclamai-je alors que mon téléphone se mit à vibrer dans ma main.

Un message de Kory. Voilà qui était inattendu. Peut-être m’avait-elle entendu penser à elle un peu plus tôt, on ne sait jamais avec les aliens, ils peuvent nous réserver des surprises ! Elle venait me retrouver au Manoir des Wayne. Ah Kory ! Tu sais bien que je travaille ! « Trouvez-moi cette valise, et son téléphone ! Ça devrait être facile, tout est rose. Et ce sont des meurtres, ils ne se suicident pas avec ce poison, ils le prennent eux-même ! Enfin, on les force… Je dois y aller, tenez-moi au courant ! » Lançai-je en partant rapidement en direction de la sortie de l’appartement délabré. « Mais… » Lança l’un des officiers présent sur la scène de crime. Mais j’étais déjà parti, et je me hâtais de rejoindre ma moto. Je savais pertinemment que le Commissaire n’allait pas apprécier que je quitte le travail de la sorte, mais je parvenais toujours à trouver une excuse. Et il s’agissait de Kory. Au fond de moi, j’étais heureux de la voir, et cela passait avant tout. Par ailleurs, considérant les récents événements… Mon cœur manqua un battement. J’étais inquiet à son propos, pour tout et n’importe quoi. Je savais que de forts sentiments restaient enfouis au fond mon être, et cela demeurera le cas à jamais. Je ne saurai l’expliquer, je sais juste que c’est présent. Je montais sur ma moto, mis mon casque, et démarra en trombe. Je slalomais entre les véhicules, grillant par cette occasion quelques feux rouges. Oui, j’étais pressé et impatient. Impatient de revoir la sulfureuse Starfire, et sa chevelure inégalée. Lorsque je me trouvais à ses côtés, j’oubliais facilement mes problèmes. Elle savait être rassurante malgré elle, avec toujours un mot pour faire rire ou pour énerver d’ailleurs. Plus premier degré qu’elle, vous ne trouverez pas. Et elle saura parfaitement vous mettre mal à l’aise, croyez-moi. Quelques instants plus tard, j’arrivais au Manoir, à la longue allée qui y menait en tout cas. Devant la porte se tenait Kory, prête à être accueillie par Alfred fidèle au poste. Elle s’apprêtait à toquer à la porte. Je fis un léger dérapage, coupa le moteur de ma moto et retira mon casque. Je remis la veste de mon costume en place. Je l’admets, ce n’est pas la meilleure tenue pour faire de la moto. Je m’avançais vers elle et me tint face à elle. « Kory, hey… » Murmurai-je presque. Oui, on avait vue mieux comme intro. J’ai toujours du mal à savoir comment me comporter avec Kory, c’est si étrange d’être proche d’elle. Elle dit toujours ce qu’elle pense, ce qui est rare de nos jours. « Pourquoi tu es venue me voir ? Je ne dis pas que ça me fait pas plaisir hein, pas du tout ! Je suis juste surpris. Mais agréablement, j’t’assure ! Bref, tu vois. J’suis content d’te voir. » Lançai-je à son encontre, plus calmement sur la dernière phrase, tout en lui prenant la main, enfin, le bout de ses doigts entre les miens, et lui adressant un sourire. Mon visage s’était détendu.

Là, j’étais bien.

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DICK && KORY

Oh, elle se satisfaisait de peu, Kory. Ou, en tout cas, elle était capable de le faire. Elle avait connu des périodes de disette, pour peu que cela signifiait bien quelque chose, comme expression, et que cela s'appliquait bien à ce qu'elle avait vécu. Peut-être que certains trouveraient à y redire, en soulignant le fait que ce qu'elle avait enduré, c'était pire qu'une simple disette, même si, bon, une disette, ce n'est jamais trop simple non plus ... Mais pour ça, encore faudrait-il qu'ils sachent tout, ou en tout cas, suffisamment, de ce qu'avait bien pu être la vie de la jeune femme avant qu'elle ne se crashe sur Terre. Ce qui était quasiment impossible. Elle avait beau être expansive, très sociable et sans doute facile d'accès, il n'en demeurait pas moins que Kory avait son jardin secret, et qu'elle taisait certaines choses. Pas par honte, mais ... Mais parce qu'après tout, cela ne la concernait qu'elle, et qu'aussi regrettable et tragique tout ceci ait pu être, il n'y avait aujourd'hui plus rien qui pouvait être fait. Il était trop tard, désormais. Si l'on voulait absolument jouer au preux chevalier, au sauveur ou au superhéros, il aurait fallu se bouger avant. Et puis ... Et puis, d'une certaine façon, cette image de jeune femme courageuse, battante et combattante, elle lui plaisait bien. Elle ne souhaitait alors en rien voir quelque lueur de pitié que ce soit dans le regard des gens. On ne vit pas de la pitié, et puis ... Et puis, elle valait mieux que ça, non ? Mieux que le fait d'être simplement cantonnée à ce rôle de jeune fille qu'on avait arraché à ses formateurs, à ses précepteurs, aux Seigneurs de Guerre d'Okaara. Ses propres parents l'avaient jetée dans les griffes de la Citadelle, le prix à payer pour sauver Tamaran et préserver tous ses habitants de la servitude et du génocide dont l'Ennemi les menaçait. La suite ... La suite, elle ne l'oubliait pas. Il était sûrement impossible d'oublier ce genre de choses, et tout ce qui avait pu survenir, par la suite, pendant ces 8 longues années. De toute façon, comment tirer un trait sur tout ça quand, comme elle, on en portait encore les séquelles ? Et puis 8 ans, il fallait avouer que c'était très long, surtout quand on rapportait ça à son âge actuelle. A ses 24 ans. Cela représentait tout de même un tiers de sa vie. Oui, donc, ce n'était définitivement pas rien !

En tout cas, elle avait été au plus bas, mais elle n'avait jamais craqué. A contrario, elle avait aussi été au plus haut, et elle portait même le titre de Princesse, par droit de naissance autant que par droit du sang. De plus, elle avait été érigée au rang d'héritière dès son plus jeune âge, ce qui devait sans doute magnifier et glorifier les choses dans les esprits de ceux qui pouvaient connaître cette information la concernant. D'autant plus que le peuple sur lequel elle avait été destinée à régner n'était pas composé de deux pèlerins et trois mendiants, non. Les Tamaraneans étaient légions, et le nombre de décimale était très conséquent. Et puis, c'étaient des guerriers, tout comme elle. Alors, à naviguer au milieu de toutes ces eaux, Koriand'r s'était adaptée. Elle ne réclamait pas toujours l’irraisonnable, le colossal et l'impensable, à tords et à travers. Elle savait se satisfaire de peu, parce que ... Parce que le sens de l'argent lui était très étranger, et qu'ici, sur Terre, elle se révélait encore un peu incapable de bien évaluer la valeur des choses. Qu'est-ce qui différenciait une pierre d'une pépite d'or, si ce n'était la couleur ? Bref, tout ceci était sans doute compliqué à suivre pour qui ne la connaissait pas, mais comme elle ne se formalisait jamais de tout ça, il était sans doute aisé de se dire qu'il valait mieux passer à autre chose au lieu de se compliquer la vie à essayer de tout comprendre à l’insaisissable. Il fallait faire comme elle disait, c'était plus simple, sans doute. Mais elle avait encore bien des progrès à faire, bien des choses à continuer d'apprendre, bien des mystères à déchiffrer et à saisir. Certaines banalités pour les Humains lui semblaient extraordinaires. De la même façon, certaines conventions sociales lui passaient encore au-dessus. Par exemple, à la télévision, là, où voyait à longueur de temps des femmes si peu vêtues, sans que personne ne semble rien y trouver à redire. Et à côté de ça, elle, elle se faisait encore courser dans toute la Tour par Raven, ou une autre membre féminine des Teen Titans, tout ça pour se voir expliquer qu'elle devrait peut-être se changer ou penser à plus se couvrir ... Oui, c'était ubuesque, paradoxal, et cela ne l'aidait en rien à tout y comprendre. Il ne fallait pas lui en vouloir. Elle venait d'ailleurs, d'une planète où les conventions étaient toutes autres. Où l'on ne se cachait pas derrière son petit doigt, où l'on ne multipliait pas les mensonges et les bassesses. Où les choses de la chair et de la sexualité n'étaient pas tabous, et ne sous-entendaient pas autant de restrictions et de gravité qu'ici, sur Terre.

En tout cas, maintenant, elle vivait sur Terre, et évoluait parmi les humains. Son minois était plutôt connu, d'ailleurs. Enfin, Kory Anders était connue. Et Starfire aussi. D'une certaine façon, elle n'était ni l'une ni l'autre, tout en étant les deux à la fois. Deux pseudonymes, l'un pour la vie de tous les jours et l'autre pour sa vie de superhéroïne. Sa vraie identité, c'était celle de Koriand'r, Princesse héritière de Tamaran. Mais, évidemment, pour des raisons de praticité et de discrétion, il lui avait bien fallu une identité humaine. Pour le coup, Dick s'était attelé à la tâche, et il n'avait pas été cherché bien loin. Au contraire, Starfire, cela venait d'elle. C'était le nom de son vaisseau, déjà, et puis, cela la définissait bien, non ? Dans les deux cas, les humains lambdas n'avaient jamais fais le lien entre ces deux identités, et étaient bien loin de se douter de la troisième, celle qui était bien réelle. Kory Anders, pour elle, c'était cette très jolie jeune femme qui prêtait ses traits à plusieurs campagnes publicitaires, notamment pour de la lingerie ou des produits bio. Starfire, c'était cette Leader des Teen Titans, plus grande que les humains, aux cheveux flamboyants au sens propre comme au sens figuré, aux yeux dénués de pupille, à la peau si ambrée que tout ceci était irréel et inhumain, si extraterrestre, en toute réalité, d'ailleurs. Pour le coup, faire l'addition, le 1+1, ils en étaient incapables. Et seuls certains privilégiés n'avaient pas besoin que la jeune femme avance masquée, ou tout du moins sous couvert de l'une de ses identités de substitution. Dick était de ceux-là. Et, là, maintenant, c'était de lui dont elle avait besoin. Parce qu'avec les évènements survenus à la Tour, et bien la jeune femme n'avait plus de chambre. Cependant, elle n'avait pas décidé de venir le voir au Manoir pour lui demander de dormir dans le même lit que lui, non. En réalité ... En réalité, elle utilisait l'excuse vestimentaire. Voyez-vous, en étant intégralement détruite, sa chambre avait également eu le défaut de lui faire perdre toutes les tenues qu'elle possédait. Elle en avait même été réduite à enfiler sa tenue de Starfire de rechange, celle qui, quand elle avait été réalisée, avait été jugée bien trop osée par un peu tout le monde. Mais il fallait faire avec les moyens du bord. Elle s'était rachetée quelques habits, depuis, histoire de se couvrir, mais ... Mais, justement, si peu de temps après qu'elle soit discrètement posée dans les bois, près du Manoir Wayne, et qu'elle se soit rendue sur le perron, prête à sonner et à adresser un grand sourire à Alfred Pennyworth d'Angleterre qui ne manquerait pas de venir lui ouvrir, et bien Dick arrivait. Sur sa moto, et tout. Et en costume. Ce qui la fit un peu tiquer. Elle se retint de se taper la paume de la main sur le front. Était-elle bête !! Bien sûr qu'il travaillait ! Et qu'il n'était pas tout le temps présent au Manoir, sous prétexte qu'elle avait décidé et pensé qu'il y serait et que, donc, le fait qu'elle s'y rende ne pose pas de problème.

« Richard John Grayson de Gotham ! »

« Dick, je n'ai plus rien à me mettre, c'est dramatique. »

« Tu dois vraiment m'aider, c'est une catastrophe. »

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Darling, just hold my hand.

Le vent se levait, les cheveux de Koriand’r virevoltaient, tout comme les miens. Ses cheveux venaient masquer une partie de son visage. Je commençais à me perdre dans son regard, muni de pupille sous cette identité humaine et publique, en opposition à son identité de Starfire, l’irréprochable meneuse des Teen Titans. Kory était un modèle au sein de cette équipe, et je n’ai jamais eu de mal à la considérer en tant que tel, dans ce rôle qu’autrefois je menais. Elle est née pour être Leader après tout, de par son statut de princesse sur sa planète natale. Elle n’avait pas partagé sa vie d’autrefois avec grand nombre d’individus, mais je me considérais heureux et chanceux d’en faire partie. Sentir la peau de ses doigts entre les miens était rassurant, hypnotisant. Et je voyais son sourire naître, doux, et grandement communicatif. Oui, il y avait une indéniable proximité entre la Princesse de Feu et moi-même, nombreuses ont été les remarques à ce sujet lorsque nous étions tous les deux membres des Titans, par le reste de l’équipe. Et puis, nous avons un passé sentimental, si l’on peut dire. « Kory, je t’ai déjà dit que tu n’avais pas à m’appeler par ce… titre à rallonge, Dick suffit. Je t’appelle Kory, pas Princesse Koriand’r de Tamaran. C’est nettement plus simple non ? » Lui lançai-je d’un souffle, avec un léger soupir en fond, du fait de lui répéter ceci sans cesse. Elle me fit part de la raison de sa présence… Pardon ? J’arquais un sourcil interrogateur tandis qu’elle appuyait le désarroi de sa voix en consultant sa présente tenue. Elle était canon, c’était peu de le dire. J’en profitais pour accompagner son regard, l’envisageant de la tête au pied. Mmh. La tenue lui correspondait après tout, elle qui régulièrement se retrouvait légèrement vêtue. Voire pas vêtue du tout. Elle ramena son regard dans le mien, une mine défaite par un chagrin peut-être un tantinet surélevé quant à la situation dramatique à ses yeux, mais qui ne l’était guère finalement. Je me rendis alors compte que je n'avais toujours pas lâché sa main. J’étais comme aimanté par le contact de sa peau, incapable de m’en défaire. Cela me faisait l’effet d’un manque que je venais enfin de combler, et que je me refusais de ressentir à nouveau, de peur de ne plus me sentir complet comme je me sentais à cet instant. Elle avait ce pouvoir, sur moi. Je me demandais parfois si cela ne faisait pas partie de ses capacités secrètes d’Être venu d’une autre Etoile.

Une fenêtre du Manoir claqua violemment sous l’effet brusque du vent. Cela m’arracha à mes pensées virevoltantes à l’instar des feuilles tombées des arbres. « Hum, je… T’inquiète Kory, c’est pas un souci, je suis sûr qu’Alfred a quelques costumes typiquement British dans ses placards, qu’il serait ravi de te léguer ! » Lançai-je amusé. Je ne pus m’empêcher d’imaginer la rousse enflammée dans une des tenues d’Alfred. Ce qui, bien entendu, m’extorqua un sourire inéluctable. Elle ne rentrerait même pas dedans. Non pas qu’Alfred était petit, mais Kory était… Anormalement grande. Du moins pour un être humain. Elle me dépassait même, ce que les bottines qu’elle portait aux pieds n’arrangeaient pas. « Plus sérieusement, je suis sûr qu’on pourra te trouver quelques tenues inutilisées au Manoir. A moins que tu veuilles faire une séance shopping ? Mais à ce moment-là, je serais obligé de te demander quelle est la seconde raison de ta présence ? Je ne suis après tout pas le mieux placé pour t’accompagner faire les magasins… » Commençai-je, investiguant mes pensées basées sur mes talents d’inspecteur afin de supposer quelle pourrait être sa deuxième raison. « Non pas que ça ne me ferait pas plaisir hein ! » Continuai-je, comme pour me rattraper, de manière à ne pas lui donner l’impression que je ne souhaitais pas passer du temps avec elle, ce qui était totalement faux. Kory avait tendance à… Prendre les choses au premier degré. Littéralement. Tout le temps. Un jour elle a osé faire un jeu de mots alors que nous étions en mission avec les Titans. Cela a fait polémique pendant une semaine, auprès de l’équipe entière. Nous avions même eu peur que notre Starfire s’était retrouvée possédée par on-ne-sait-qui. « Je t’en prie, entre ! » Lui adressai-je alors tout en ouvrant la porte, m’attendant à voir un Alfred débarquer. « Alfred ? AL-FRE-DEUH ? » Hurlai-je presque. Le problème d’une si grande demeure, était de se faire entendre. Etrangement, pas d’Alfred en vue. « Il doit être au potager en train de planter ses tomates, à tous les coups ! » Fis-je, m’adressant d’une voix normale cette fois, à Kory. « On devrait pour te trouver des tenues, perdues dans les affaires de Bruce. Avec toutes les amantes qui sont passées par là… Ex-amantes, bien entendu. » Continuai-je, lui faisant signe de m’emboîter le pas. Je la guidais jusque dans ma chambre, et en posant le regard sur le lit, un flashback me survint. Il y a environ un an et demi, lorsque j’étais revenu de Blüdhaven, mon premier réflexe fût de passer au Manoir des Wayne. Lorsque j’étais entré dans cette même chambre, une montagne de lettres m’attendait, sur ce même lit. Avec un petit mot dont je reconnaissais l’écriture d’Alfred, me précisant que toutes étaient de la part de Kory. A peine mes quelques affaires posées au sol, que je m’étais empressé de lire ces lettres, bien ordonnées dans l’ordre, par Alfred certainement. J’avais hâte de lire les mots de la princesse, mais alors que j’avais ouvert la première, la peur commençait à m’habiter… Compte tenu des circonstances de mon départ, je craignais de lire ses mots. Mais cette peur disparut bien rapidement, alors que j’appréciais chaque mot que je lisais, me délectant de son écriture raffinée. Elle écrivait de la même manière qu’elle me parlait. J’entends par là, qu’aucune réelle animosité liée à mon départ ne se ressentait. Et j’y avais passé des heures, à lire chacune des lettres qui m’étaient adressé. Sans m’arrêter le moindre instant, contrairement à l’appréciation que j’avais eue du temps qui s’écoulait. Il s’était arrêté, rien ne pouvait m’arrêter dans ma lecture. Et plus je lisais, plus Kory me manquait. Plus que de raison. A ce moment, j’aurais tout donné pour qu’elle soit là, que je puisse la prendre dans mes bras, lui disant que ça y est, j’étais revenu. Et lui disant que j’étais désolé. Désolé d’être parti de la sorte. Au final, je ne lui ai réellement jamais expliqué mon départ, et ce que je ressentais. Par peur, certainement. Peur qu’elle ne comprenne pas, et qu’elle ne mesure pas à quel point je me haïssais d’avoir agi ainsi à son égard. Elle avait vécu tant de choses durant mon absence. Et je n’avais pas été là pour la soutenir. J’étais une déception. Peut-être ne le pensait-elle pas, mais je le pensais, me concernant.

« Attends-moi ici, je vais voir ce que je peux trouver. » Adressai-je à Kory, lui montrant le lit d’un geste de la main, pour qu’elle puisse s’asseoir. Je m’éclipsais alors de la pièce pour rejoindre les différentes chambres inoccupées du Manoir, ou peut-être pourrai-je trouver quelques tenues. Après quelques instants, je retournais dans ma propre chambre, plusieurs tenues sur les bras. Je les déposais alors sur le lit, les séparant pour que Kory puisse les envisager. « C’est pas grand-chose je sais, et tout n’est pas très beau, mais tu y trouveras peut-être ton bonheur ! En attendant, je vais enfiler quelque chose de plus confortable. Et si vraiment, on ira faire un tour voir si on peut te trouver quelque chose de plus seyant. » Fis-je un sourire coquin habillant doucement mes lèvres. Et puis, j’avais des choses à lui dire, que je gardais pour moi depuis que j’étais revenu de Blüdhaven. Le besoin de m’expliquer, de déballer tout ce que je gardais en moi. Je me tournais vers mon placard que j’ouvris, et commença à me déshabiller, tournant le dos à la princesse. Oui, je me déshabillais devant-elle. De une, ce n’est pas comme si c’était la première fois, et de deux, Kory n’est pas la Princesse de la pudeur, loin s’en faut. Je doute qu’elle y voit quelque chose à redire. J’ôtais ma veste, puis ma chemise, que je rangeais dans mon placard. S’en suivi mes chaussures ainsi que mon pantalon, qui subirent le même sort. Je me retrouvais alors en boxer devant Kory, sans la moindre gêne finalement. Je pris un simple jean ainsi qu’un tee-shirt bleu au col V, que je déposais dans un petit coin disponible du lit. « Alors ? » Lançai-je tout en commençant à enfiler mon pantalon, et regardant Kory. Bon sang, qu’elle était belle…

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DICK && KORY

Koriand'r venait d'un autre monde. D'une autre planète. D'une autre galaxie, même. Ce n'était donc évidemment pas un petit détail. Pas un petit détail du tout, même. Cela avait une importance considérable, colossale, même. Suffisamment pour renverser tout ce que vous pourriez bien avoir pensé d'elle et cru savoir la concernant, jusque là. Mais elle ne s'étendait pas vraiment sur le sujet. Bien évidemment, ceux qui la connaissaient en tant que Starfire et Kory savaient bien qu'elle n'avait pas vraiment le fasciés et le physique typiques des Terriens. Le fait était, cependant, que des planètes, il en existait des milliers, et même des millions. Et que tant de choses étaient ignorées à leur sujet, ici bas, sur Terre. En fait, pendant si longtemps, les Terriens s'étaient crus seuls, avant de soudainement de se mettre à fantasmer sur ceux qu'ils appelaient les petits hommes verts ! Ils ne voyaient pas vraiment plus loin que le bout de leur nez, pour la très grande majorité d'entre eux. Il n'était donc guère étonnant, sans doute, qu'une armée de héros ait émergée de leur rang pour prendre leur défense. C'était un peu comme crier au feu alors que l'incendie était déjà là, s'il fallait vraiment comparer ça à une vraie situation bien plus concrète. Ce que Kory ne parvenait qu'à faire avec encore beaucoup de maladresse et un manque d'assurance. Encore une fois, ces histoires de double sens et d'expressions imagées, cela n'avait jamais rien signifié pour elle jusqu'à ce qu'elle arrive sur Terre. D'ailleurs, elle n'en avait jamais entendu parler avant de se crasher sur la fameuse planète bleue. Mais elle essayait, autant parce qu'il le fallait que parce qu'elle en avait envie, et par désir, également, de ne pas être laissée de côté et de ne pas sans cesse se sentir perdue quand les personnes présentes autour d'elle multipliaient les jeux de mots. C'était là l'un des grands points de divergence entre les Terriens et elle. Mais, bien évidemment, cela ne résumait pas qu'à ça. D'une certaine façon, toute personne qui connaissait Starfire se doutait bien qu'elle ne venait pas de la même planète. Mais comme des planètes, il en existait des millions, et bien, c'était comme dire que l'eau, ça mouillait. Une vérité plate et parfaitement compréhensible par tous, mais qui n'avait rien de vraiment concret, au final. Rares étaient ceux qui se trouvaient être dans le secret des origines de la Tamaraneanne. Mais tous la savaient différente, spéciale, à sa façon. Elle était mannequin à ses heures perdues, sans jamais avoir fait quoi que ce soit pour le devenir. C'est juste que son joli minois, ses beaux cheveux et ses courbes harmonieuses avaient tapé dans l’œil d'une jeune femme travaillant pour une agence, et depuis ... Et bien, depuis, la jolie rousse avait déjà signé plusieurs contrats,. Et en plus de ça, et de son rôle de Leader des Teen Titans, aussi, et bien elle trouvait encore le temps d'étudier l'histoire et les civilisations anciennes ! Même si elle bénéficiait de plusieurs facilités dans le domaine, la première et plus importante d'entre elles étant quand même qu'elle parlait de nombreuses langues antiques et anciennes, parfois même plus usitées, d'ailleurs. Et si elle devait principalement remercier pour ça Diana, Princesse des Amazones de Themyscira, la jolie brune n'était pas la seule personne que Kory avait embrassé pour ensuite profiter de ses lumières et de ses connaissances sur ce genre de sujet ... Quoi qu'il en était, Kory, il fallait sans doute plutôt la prendre telle qu'elle était, et telle qu'elle venait, plutôt que d'impérativement vouloir la voir changer.

« Oui, c'est plus simple, sans doute. De toute façon, je te l'ai déjà dit, mais ma titulature est bien plus complète que ça, tu mettrais très longtemps à la prononcer en entier. »

« On ne peut pas toujours suivre les règles, en plus. Parce que, normalement, si on était sur Tamaran, tu n'aurais même pas le droit de me parler, ni même de m'approcher, quand à me regarder ou me toucher ... Heureusement que l'on est pas sur Tamaran, je n'aimerais pas te voir subir des sévices de torture pour impertinence et irrespect. »

Elle posa l'une de ses mains sur le visage de Dick, tout en penchant doucement sa propre tête sur le côté, avant de faire la moue, quelque peu peinée et attristée à la perspective de ... De songer à ce qui aurait effectivement bien pu arriver sur Tamaran si Dick et elle s'y trouvaient. Dans le même temps, repenser à sa planète natale lui faisait toujours un petit quelque chose, un peu comme si on attrapait son cœur et qu'on le serrait. Fort. Très fort. Fort heureusement, Dick savait quoi lui dire et comme agir pour chasser d'un revers de la main, virtuel, tous les fantasmagoriques nuages gris qui pouvaient bien commencer à s'amonceler au-dessus de sa tête, et tout autour de son esprit. Mais, dans le même temps ... Dans le même temps, alors que le joli trentenaire lui parlait d'Alfred, la jeune femme ne pouvait s'empêcher de se dire qu'elle ne comprenait pas tout, et qu'elle devait donc faire des efforts. Parce que ... Parce que, léguer quelque chose, ce n'est pas un acte qui n'intervient qu'après le décès de quelqu'un, ou peu de temps avant, en prévision ? Or, Kory n'avait absolument aucune envie d'apprendre que le cher majordome du Manoir Wayne était aujourd'hui mort et enterré, alors que personne ne l'avait encore prévenue avant. De la même façon, elle ne souhaitait pas non plus apprendre qu'il souffrait d'une maladie incurable et qu'il s'apprêtait à mourir d'un instant à l'autre. La proposition de Dick la laissa donc quelque peu dubitative, bien qu'elle n'en dit rien. Sans doute l'expression de son visage en disait-il suffisamment, alors que sa main retombait à ses côtés, non sans vraiment chercher à récupérer son autre main, dont l'extrémité des doigts était toujours en possession de Dick. Cependant, puisqu'elle ne pouvait pas non plus changer du jour au lendemain, et ce en dépit du fait qu'elle était arrivée sur Terre voilà déjà 5 ans, Kory ne demeura pas muette très longtemps.

« Alfred n'est pas très gros. Du coup, tu crois que j'arriverais quand même à fermer les boutons de sa veste, s'il m'en lègue une même s'il ne doit pas mourir tout de suite ? Je veux dire, j'ai un tour de taille plus fin que le sien, certes, mais nous n'avons pas la même poitrine ! Et puis, je serais obligée de mettre le pantalon, sinon, la veste ne sera pas assez longue à ton goût pour bien me couvrir les fesses. »

« Crois moi, tu es très bien placé ! A ce que j'en sais, tu aimes me voir bien habillée, et en même temps, tu n'es pas d'accord pour que les autres me regardent comme si je devais directement enlever mes vêtements pour leur faire plaisir. Tu es un juste milieu, entre le trop habillé et le pas assez à votre goût. »

De toute façon, il s'engouffrait finalement dans le Manoir, non sans l'inviter à faire de même, ce qu'elle ne se laissa pas dire deux fois. Elle aimait bien le Manoir. C'était le premier endroit où elle s'était de nouveau sentie bien, après toutes ces années passées entre servitudes esclavagistes et expériences et tortures des Psions. Elle n'avait jamais vécu ici, certes, mais ... Mais elle avait compris pourquoi c'était chez Dick, chez Bruce, chez Alfred et chez tant d'autres. Parce qu'ici, elle ressentait quelque chose de bien, quelque chose de bon. Même si, la première fois, elle avait bien vu les regards du majordome et du milliardaire la suivre un peu partout, tant par curiosité que par crainte, peut-être, qu'elle ne vole quelque chose ? En tout cas, en parlant d'Alfred, il n'était pas là, et Kory sourit face à l'hypothèse émise par Dick. Elle savait que le pauvre majordome devait avoir la tête qui lui tournait beaucoup, parfois, alors peut-être que le jardinage le détendait, allez savoir ? C'était en tout cas une meilleure piste que de penser que, désormais, Bruce Wayne était tant sans le sou qu'il obligeait Alfred à cultiver lui-même ce qu'il allait lui servir à manger après ! En tout cas, la jeune femme continuait de suivre et d'écouter Dick, bien qu'elle se demanda un instant combien, exactement, Bruce Wayne avait pu avoir d'amantes ? Et si une question lui brûla les lèvres, elle se mordit littéralement les lèvres pour ne rien en dire. Dick aussi, il avait des amantes qui avaient oublié leurs vêtements ici ? Et Jason ? Et Tim ? Pas Damian, non, il était trop jeune pour ça ! En tout cas, dans les escaliers, Kory rattrapa l'une des mains de Dick, à la fois pour s'assurer de ne pas tomber tout autant que par réelle envie, et par nécessité de ne pas le laisser filer trop vite, aussi. Et quand ils arrivèrent dans la chambre du jeune homme ... Kory ne dit rien, mais n'en pensa pas moins. Oh, oui, elle pensait à beaucoup de choses, autant de façon tout à fait naïve et innocente que beaucoup plus corsée et ... Elle sortit de ses songes quand il lui demanda de ne pas bouger, ce à quoi elle répondit par un hochement de tête énergique et positif, accompagné d'un grand sourire radieux et enjoué. Ce qui ne l'empêcha pas de rester debout, tenant son sac d'une main, et de scruter les alentours, se gardant bien, cependant, de poser la moindre question ou de se laisser aller à trop d'interrogations internes. De toute façon, il ne tarda pas à revenir, lui tendant plusieurs cintres sur lesquels quelqu'un avait précieusement pris la peine de ranger des vêtements féminins. Elle soupçonna Alfred, et se sentit intimement persuadée de ne pas être dans l'erreur. Il faisait toujours les choses bien, Alfred.

« D'accord, on fait comme ça. »

« J'aime beaucoup, mais je crois que j'aurais du me tresser les cheveux, ou les attacher, parce que là ... Tu veux bien m'aider s'il te plait ? »

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Darling, just hold my hand.

Le Manoir Wayne prenait énormément de place dans ma vie, dans mes souvenirs. A chaque foulée sur le plancher de la gigantesque demeure, des images du passé me revenaient brièvement, en des flashs continus. Jamais je ne pourrais oublier ce lieu, point de départ d’une vie d’enfant adopté par une famille peu conventionnelle, voire la moins conventionnelle de toutes. Bruce Wayne et Alfred Pennyworth en guise de « parents ». Et lorsque l’on considère l’identité masquée de Bruce Wayne, étant Batman… Enfin, vous voyez où je veux en venir. Je vous mets au défi de trouver une famille plus exotique, à Gotham. Bruce et moi partageons depuis toujours un point commun qui mena à un autre. Notre orphelinat mena à la Justice. J’étais un enfant compliqué, qu’il peinait à dompter, notamment du fait de ses absences répétées – alors que je ne connaissais pas sa seconde identité. J’étais perdu, et il ne savait pas comment m’aider à retrouver la sortie du chemin que j’arpentais. Bruce Wayne n’était pas né pour être père, du moins il en était très loin à l’époque. Aujourd’hui, la BatFam s’est agrandie, et Bruce a gagné en paternité. Il est le défenseur de ces lieux et de cette famille. Mais depuis quelques années maintenant, depuis que je suis devenu Nightwing, j’ai endossé ce rôle à sa place. Il le sait. Je donnerai ma vie pour protéger la BatFam, coûte que coûte. Aujourd’hui je me permets d’être plus présent dans les environs que Bruce ne peut se le permettre, je ne lui en veux pas non, je comprends sa position. C’est ce qui me rend d’autant plus enclin à garder un œil ouvert pour protéger l’héritage des Wayne, et cela passe par cette famille qui m’a accueilli, en la personne de Bruce il y a plus de deux décennies. J’ai été cet enfant désinvolte que Damian est, autrefois. Bien que son bagage génétique soit lourd… Un mélange de Wayne et de al Ghul ? On est à un autre niveau, sur une autre échelle, que mon héritage de trapézistes. Les meilleurs qui soient, mais tout de même. Et Alfred ? Alfred est simplement la meilleure personne qui soit. Pour faire simple, Alfred a élevé et éduqué Richard Grayson, tandis que Bruce, enfin Batman, a éduqué et entraîné Robin, et par extension Nightwing. Je dois autant ma vie à l’un, comme à l’autre. Ils m’ont permis d’être celui que je suis, ou plutôt ceux que je suis, sans me détourner de celui que j’étais. J’ai toujours pu compter sur Alfred, pour prendre soin de moi et me conseiller, m’aider à traverser les étapes d’une enfance difficile. Il devait avoir des impressions de déjà-vu, considérant qu’il s’était occupé de l’éducation de Bruce dans des circonstances similaires. Et pourtant, je lui en ai fait voir de toutes les couleurs à ce bon vieux Alfy. Il est capable d’une patience à l’épreuve des balles, que rien ne peut ébranler, à l’image de sa persévérance. Et puis il est hilarant, déguisé en mexicain – oui j’ai eu ce genre de caprice – habillé d’un poncho et d’une moustache. Ce bon vieux Alfredo ! D’ailleurs, il serait intéressant d’organiser une soirée mexicaine à base de tacos, pour renouer avec l’ensemble de la BatFam, tout en ayant un Alfredo fidèle au poste ! Et puis cela ferait le plus grand bien à Kory, de rigoler… Si cela peut la faire rire, ce qui n’est pas gagné. Mais j’ai confiance en la puissance de la moustache improvisée d’Alfred, personne ne peut y résister. Etrange, tiens… J’imaginais cette soirée en famille tout en incluant instinctivement Kory. J’arquais un sourcil face à cette pensée intervenue tel un réflexe dans mon esprit.

Je demeurais torse nu face à une Kory en bottines et sous-vêtements. Je restais discret, du moins du mieux que je le pouvais, pour ne pas rester bouche-bée face à cette merveille qui s’offrait à ma vue. Ce spectacle n’était pas nouveau pour moi, mais il n’en restait pas moins… Perturbant. Sans m’en rendre compte, j’étais figé face à elle. Je ravalais alors ma salive, dans un léger raclement de gorge, comme pour tenter, vainement, de rassembler mes pensées dans une toute autre direction. Malheureusement, mon lobe frontal associé à l’imaginaire était déjà parti dans des contrées lointaines, certainement proches de la planète d’origine de Koriand’r. C’est dire si c’était loin… Elle commença à enfiler une robe cintrée avec une fermeture éclair sur le devant. Cela va s’en dire que son choix de premier essayage s’orienta sur une robe mettant parfaitement en valeur ses courbes exquises. Oui, je paraissais faible, certains me connaissant légèrement me diraient que moult femmes ont cet effet sur ma personne, mais la réalité est toute autre… KORY avait ce pouvoir, elle l’a toujours eu, depuis le premier instant où nos regards se sont croisés. Lorsqu’elle m’avait embrassé, ce jour-là, pour apprendre notre langue – et prendre ma langue au passage – c’est comme si, sans que cela fasse parti du processus initial, nous nous étions lié. Elle a eu et garde un pouvoir éternel sur moi. Et la revoir, ainsi, dans cette pièce, seule avec moi… Cela s’apparentait à des vestiges d’un passé pas si lointain. Elle quémanda alors mon aide pour s’habiller. Mais j’étais inerte, mon esprit s’était envolé dans une autre dimension. Il me fallut quelques secondes pour traiter sa demande et comprendre ce que je devais faire. « Je euh… Oui, bien sûr ! » Balbutiai-je, peu sûr que ma bouche laissait s’échapper des mots dans une langue correcte. Je lâchais alors le tee-shirt que je n’avais pas pu encore enfiler, sur le lit – comprenez-moi, je me trouvais dans une situation délicate. Je m’approchais d’elle et perdis mon regard dans le sien. Elle s’était arrêté au niveau des hanches, les deux pans basculant de part et d’autre de sa poitrine finement habillée par une délicate lingerie qui lui seyait à la perfection. J’attrapais le bas de la fermeture éclair de ma main droite et rapprochais les deux pans de la robe pour faciliter la fermeture, tandis que la Princesse tenait ses cheveux à l’écart afin de ne pas les coincer. Je remontais alors la fermeture éclair doucement, le dos de ma main droite glissant le long des courbes de son corps. « Je t’ai toujours préféré les cheveux relâchés. » Fis-je d’une petite voix. Je n’avais pas besoin de parler plus fort, nous n’étions qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Je terminais de fermer sa robe et recula d’un grand pas pour la contempler. Ravissante. Elle l’était vraiment. Elle était rayonnante, et dégageait un charisme d’une grande puissance. Faisait-elle cet effet à tous – et toutes ? J’avais conscience qu’elle plaisait, mais plaisait-elle au reste du monde, autant qu’elle me plaisait à moi ? Je n’avais jamais ressenti aussi forte attraction envers une femme qu’en la présence de Kory à mes côtés. Je me demandais si cela faisait partie d’une quelconque de ses capacités. Peut-être était-elle une ensorceleuse…

J’ôtais ces pensées de mon esprit, il n’était pas question d’y songer dans l’immédiat. Je restais bouche-bée face à la vision qui s’offrait à moi. Je n’arrivais pas à décrocher mon regard de celui de Kory, ma vision périphérique me permettant par la même occasion de me régaler de sa tenue qui lui convenait parfaitement. Bon, peut-être pas pour tous les jours, plutôt pour sortir, un soir… Je fis un pas en avant, cette fois, pour me rapprocher d’elle. J’attrapais ses deux mains. « Tu es sublime, Kory. » Fis-je avec la plus grande sincérité du monde. Je ne savais pas quoi dire d’autre, ni quoi faire d’ailleurs. Tout se passait à grande vitesse dans ma tête. Je lâchais ses mains pour venir poser les miennes de part et d’autre de son visage avant de l’embrasser. Pas juste en coup de vent, non, c’était fort. Comme pour transmettre toute la passion que je ressentais à son égard. Et cela brûlait l’atmosphère ambiante, à tel point que je n’ai pu contenir mon acte. Après deux ou trois secondes qui parurent des minutes, je lâchais son visage et m’écarta de quelques pas. « Je… Hum. Je suis désolé, j’aurais pas dû… » Lançai-je, réellement désolé. Malaise… Je ne craignais pas qu’elle tienne rigueur de ce geste, ce que je craignais, est que cela apporte quelque ambiguïté à notre relation, alors qu’il était clair que nous avions eu notre chance et que cela ne marchait pas.

Mais, était-ce réellement le cas… ?

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I will not give you up this time

DICK && KORY

Au tout début, Koriand'r avait eu la tête qui lui tournait. Mais après tout, sans doute l'aurait-on eu à moins ! Il fallait dire qu'en un laps de temps si court, elle avait dû faire face à bien des changements, et avait dû traverser bien des périples. Son arrivée sur Terre ne se résumait pas simplement au fait qu'elle s'y était crashée. Rien de tout ceci n'était prévu, si l'on partait du principe qu'elle n'allait nullement particulièrement cherché à rejoindre la Terre. Pour ainsi dire, à peine en avait-elle entendu parler, avant ça, et encore ... Il fallait dire que la Terre se situait dans une galaxie quelque peu particulière, là où seule Mars pouvait bien lui tenir compagnie en terme de planètes habitées. Alors que, de là tout venait Koriand'r, on parlait bien de tout un système de planètes ! En tout cas, sans vouloir froisser l'égo, la fierté et l'orgueil tous terriens, il ne fallait pas penser la Terre comme au centre de l'Univers. Tout ne tournait pas autour d'elle, et, d'ailleurs, à l'exception de la Lune, rien d'autre n'effectuait vraiment de rotations à son approche. Rien, si ce n'étaient tous ces satellites envoyés dans l'espace, et toutes ces cochonneries que les Terriens laissaient en orbite sans venir les chercher ou sans les rapatrier sur la terre ferme. C'était en partie ça qui avait causé le crash de Koriand'r, d'ailleurs, bien que son vaisseau était déjà bien amoché avant d'entrer dans la galaxie dans laquelle se trouvait la planète bleue. Le fait était, en tout cas, qu'elle s'était bel et bien crashée, et que son vaisseau avait été mis hors d'état. Aujourd'hui, elle le savait récupéré par quelqu'un, mais elle ne savait pas trop par qui. La Justice League, peut-être ? Ou alors, Kal-El ? A moins qu'il ne s'agisse de Bruce. Elle n'avait jamais demandé, parce qu'elle savait que cela ne la mènerait en rien. En réalité, ce n'était de toute façon pas vraiment son vaisseau. Elle l'avait volé, en fait. Volé alors qu'elle s’enfuyait des griffes des Psions, en espérant fortement ne plus jamais s'y retrouver de nouveau. Alors, l'appareil en lui-même n'avait pas vraiment de valeur sentimentale pour elle. Et puis, ce n'était pas comme si elle pouvait demander à le récupérer afin de pouvoir rejoindre enfin Tamaran ... Elle savait très bien ce que risquait tout son peuple si elle y remettait les pieds, sans parler du fait qu'elle ne savait pas trop si elle pourrait contenir toutes ses émotions si contrastées et si paradoxales si elle revoyait ses chers parents ... Ceux-là même qui l'avait troquée et livrée à la Citadelle. C'était donc une histoire très compliquée, qui ne se résumait d'ailleurs pas qu'à ça. Autant dire, donc, qu'en arrivant sur Terre, ou plutôt qu'en s'y crashant, elle avait déjà bien des valises derrière elle, et plus d'un squelette dans le placard, pour peu que cette expression puisse bien vouloir dire quelque chose. Dans le même temps, les gens avaient fait fi de ça, majoritairement parce qu'ils ignoraient tout de son passé. Il avait donc, au final, assez rapidement été attendu d'elle qu'elle se mette à la page et qu'elle s'habitue à la vie au milieu des Terriens. Autant dire que cela avait été tout sauf une mince affaire ! Fort heureusement, elle n'avait pas été seule, et des êtres comme Dick l'avait aidée. Mais pas suffisamment pour qu'aujourd'hui, elle puisse pleinement se fondre dans le paysage sans qu'on ne se retourne sur son passage ou qu'on se demande d'où elle venait. Mais il y avait des techniques de drague, dans le lot, des phrases bien clichées qui la perdaient encore plus. En tout cas, la confiance quasiment aveugle qu'elle avait en Dick s'expliquait quelque peu par tout ceci. Par le fait qu'il était le premier Terrien sur lequel elle était littéralement tombée. Par le fait qu'il avait pris soin d'elle, qui l'avait menée en sécurité au lieu de la livrer aux mains de petits savants fous. Par le fait qu'il n'avait jamais abusé de la situation avec elle, quoi que certains puissent en penser.

« Merci, tu es un amour ! »

Donc, Kory, elle souriait, loin de se douter de ce qui pouvait bien se tramer dans l'esprit de Dick. Elle n'avait point cherché à le perturber, à le choquer ou à le provoquer. C'était juste qu'elle savait qu'elle était en sécurité avec lui, et qu'il ne lui arriverait rien de mal en sa présence. Et puis, encore une fois, les règles de la bienséance terrienne ne s'imposait pas encore derechef à elle, quand elle faisait quelque chose. Sans parler du fait qu'elle savait n'avoir aucune explication à fournir à Dick concernant ses manières ou son attitude. De la même façon, elle aurait pu retirer son collier pour être sure qu'il ne se coince pas dans ses longs cheveux, mais par coquetterie, elle n'en avait rien fait. D'autant plus que cela risquait de déformer ses habits, non ? Compte tenu du fait qu'elle était naturellement bien plus grande et que ses courbes étaient encore plus féminines une fois au naturel ! Elle ne se sentait donc pas non plus gênée de lui demander de l'aide, pas plus que de sentir son contact proche, là, tout près d'elle. Il n'allait quand même pas se tenir à distance, ce ne serait pas pratique, et puis, c'était loin d'être la première fois qu'il se livrait à une telle chose, n'est-ce pas ? Que ce soit avec elle ou avec une autre, d'ailleurs. Elle était parfaitement au fait que Dick n'était pas un moine, et qu'il avait donc des relations charnelles, comme disent les Terriens. C'était une bonne chose, d'ailleurs, car à ce qu'elle en savait, sur Terre aussi, ce n'était jamais trop sain de rester trop longtemps sans faire ce genre de choses. Bien qu'en parcourant internet, la jeune femme était tombée sur des sites étranges qui avançaient des hypothèses qui l'avaient quelque peu laissée dubitative. On explose réellement, ici, sur Terre, quand cela fait trop longtemps que l'on n'a pas eu d'orgasme ? Elle aurait bien posé la question à Dick, mais comme il semblait fortement qu'elle ait tendance à lui faire recracher ce qu'il avait dans la bouche quand elle s'aventurait sur des sujets comme celui-ci, elle s'en abstenait. Et puis, à l'Université, elle avait un professeur qui leur avait bien expliqué qu'internet était une invention de Satan et qu'il ne fallait rien croire de ce qu'on y trouvait. Une hypothèse qui plaçait quelque peu Kory dans l'embarras, compte tenu du fait que, partout, on invitait les gens à se référer aux sites internet pour obtenir plus d'informations sur telle ou telle chose ... Mais, pour en revenir à Dick, visiblement, il s'appliquait, bien qu'il ne regardait pas forcément ce qu'il faisait, préférant plonger son regard dans le sien. En tout cas, cela prouvait bien qu'il avait l'habitude, s'il n'avait pas trop besoin de regarder ce qu'il faisait pour bien se débrouiller !

« Moi aussi, je préfère avoir les cheveux détachés, cela me ressemble plus. Mais avec la gravité terrienne, ils ne flottent pas forcément très bien, alors, ça fait des nœuds et je dois souvent les démêler. »

« Tu t'excuses parce que tu ne m'as pas demandée avant, c'est ça ? Ce n'est pas grave ! Tu sais, je ne suis pas une Terrienne moi ! Même si tu t'en souviens sans doute parfaitement. Et puis, quand tu m'as dis qu'il fallait que je demande avant, quand je voulais embrasser ou avoir une relation sexuelle avec quelqu'un, je ne me souviens pas que tu m'ai dis qu'il fallait absolument que les gens me demandent avant s'ils voulaient faire pareil avec moi ... »

« Ça m'est égal, tu sais ... J'aime toujours quand tu m'embrasses, et je suis toujours d'accord ... Parce que je sais que je suis en sécurité avec moi, que tu ne m'utilises pas, n'est-ce pas ? Je croyais juste que c'était toi qui ne voulait plus ... »

« Et puis, je suis sublime, tu l'as dis toi-même. Tu es un homme, c'est normal que tu succombes, non ? Je crois que c'est ce que Diana a dit sur les hommes ... »

« Ne sois pas désolé ... »

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Darling, just hold my hand.

Il était une fois un jeune orphelin. Ses parents trouvèrent la mort dans un accident douteux, aux circonstances réelles non définies. Il se retrouva bien seul, perdu, dans un orphelinat où il n’était pas le bienvenu. Il se fit martyrisait à de nombreuses reprises, par les coups d’autres enfants d’à peu près son âge. Pour quel motif ? Il n’en savait rien. De fait, des adultes souhaitèrent le déplacer dans un orphelinat religieux, mais là non plus il savait pertinemment qu’il n’y trouverait pas sa place. Pour lui, si la religion était fondée sur une entité concrète, pourquoi cet Être supérieur lui aurait ôtait ses parents ? Fort heureusement pour ce jeune garçon, un milliardaire le secouru. Il a fallu du temps à l’enfant pour qu’il parvienne à se sentir chez lui, à se trouver un but. Il y parvint malgré tout, au fil des années. Le riche homme n’était pas son père, du moins pas biologique, mais il tâchait de le considérer comme tel. Puis, il lui apprit de nombreuses choses. L’art de se défendre, et de protéger les démunis. Oui, c’était cela le but de ce jeune garçon qui aujourd’hui était un adulte accompli. Enfin, c’est ce qu’il ressentait par moment. Il y avait des hauts, des bas, mais il trouvait toujours un repère à un moment ou un autre. Il avait un cœur lié à l’indépendance. Pour quels motifs ? Il ne l’avouerait jamais, mais principalement par peur.

J’étais terrifié, purement et simplement. Je craignais chaque jour que mes proches allaient rencontrer un malheur, et disparaîtraient. Je me sens responsable du décès de mes parents, sans que cela soit avéré mais il s’agit d’un réflexe humain que de se sentir responsable des drames qui nous entourent et nous touchent directement, au plus profond de nos âmes. Enfin, je suppose… C’est une pensée qui ne m’est pas inconnu. Lorsque cette peur surgissait fortement, je ressentais le besoin de m’écarter, de prendre du recul, de manière à me recentrer sur moi-même. Ma famille, la Batfam, peut toujours compter sur moi. Presque toujours. Blüdhaven est une preuve de non consistance dans ce principe. Je leur ai tourné le dos, sans un mot. J’ai quitté Barbara, alors que nous étions heureux. Mais cette peur, me faisait craindre qu’un malheur n’intervienne. Mon absence n’a pas empêché que cela arrive, cependant, me direz-vous. Kory… En lisant ses lettres, cela n’a pas empêché les moments difficiles. Oui cela semblait stupide, cette crainte, comme quoi les drames seraient associés à ma présence. Cela semble même égocentrique, nombriliste. Mais j’avais vécu un véritable traumatisme. Et même si des preuves contraires devraient me rassurer, je demeurais terré dans cette phobie. Comment désirer une vie de famille, une relation stable ? Être père ? Comment même, considérer une vie heureuse ? J’étais Richard Grayson, l’orphelin justicier, ayant frôlé la vie à de trop nombreuses reprises, ayant vue des proches en danger. Babs handicapée, Bruce considéré décédé pendant de trop longs mois, Kory en bombe-alien, prête à exploser à tout moment. Alors oui, je suis certainement lâche, fuyant à la moindre occasion prétextant un besoin d’espace afin de me ressourcer et me reconcentrer sur moi-même, sur ma vie d’inspecteur du G.C.P.D., de Justicier derrière le masque de Nightwing, ou d’humain en la personne de Richard Grayson.

Je ne quittais pas le regard de Kory. Intérieurement, je percevais les battements de mon cœur, tambourinant dans ma poitrine, résonnant dans mon corps. Je voulais fuir instantanément, mais je n’y parvenais pas, je ne parvenais pas à effectuer le moindre mouvement. Je percevais chacun de ses mots avec attention, alors que pourtant je semblais être transporté ailleurs, dans une autre dimension, désirant fuir spirituellement si je ne le pouvais physiquement. Elle se voulait rassurante, et souriante. Rayonnante, en somme. Cette qualification semblait revenir en boucle dans mon esprit, mais cela la décrivait que trop parfaitement. Sa source de puissance était le Soleil, et cela lui correspondait à la perfection. Elle était un Soleil. Cela semble niais, et cliché, et pourtant c’est ce qu’elle a apporté dans ma vie. De la lumière, et de l’espoir. De l’Amour, peut-être bien, même. Etait-ce réellement le cas ? J’étais incapable d’y répondre, non pas par doute, mais parce que je me refusais ce ressenti. Je me refusais une attache si forte pour éviter que mes peurs deviennent omniprésentes, atteignant un point de non-retour. Je ne voulais pas aimer comme on l’entend nous, les êtres humains. J’empêchais mon esprit de trouver une réponse à cette question. Alors je l’écoutais, avec attention, son sourire brisant peu à peu la carapace que je m’efforçais de former autour de moi. Sans le savoir, elle faisait de l’humour. Elle était drôle, de manière générale, de par son côté décalé. Elle l’était, si l’on considère la race humaine. Pourtant, je ne rigolais pas. J’avais réagi bêtement. L’embrasser de la sorte était bête, et impulsif. Mais j’en mourrais d’envie. Cette envie ne m’avait pas quitté, par ailleurs, elle demeurait présente, et insatiable. Elle s’approchait petit à petit, jusqu’à attraper ma main. Sa peau était d’une douceur incroyable. Et ses mots achevèrent la barrière, si faible, que j’avais tenté de créer. Souhaitait-elle retrouver ce que nous avions autrefois tenté d’avoir ? Souhaitait-elle réessayer, recommencer, en effaçant le passé ? Tant de questions qui me brûlaient les lèvres. Et je repérais presque une réponse positive dans ses mots, ses réactions. Son visage, son regard, cette petite mimique sur ses lèvres que déjà, auparavant, elle avait. Je retirais ma main de la sienne. « Kory je… Non… Je peux pas… » Commençai-je en lui tournant le dos, tête baissée, le regard fixant le sol de ma chambre. « Je suis désolé de t’avoir laissé tomber. Tu sais, quand je suis parti sans un mot, à Blüdhaven… » Continuai-je, me raclant la gorge, n’étant pas à l’aise à ce propos. « Je n’aurais pas dû te laisser tomber comme ça. Non, je n’aurais pas dû. Tu mérites mieux, mieux que moi… Je ne suis pas celui que tu veux… Enfin, celui que tu devrais avoir à tes côtés, chaque jour. » Je me retournais finalement vers Kory, essayant de capter à nouveau son regard, par une force survenue d’une source inconnue. « Sur Terre, embrasser quelqu’un n’est pas quelque chose d’anodin. Lorsque c’est pur, honnête, c’est que tu veux créer quelque chose avec la personne que tu embrasses, que tu veux vivre quelque chose de fort et d’intense avec cette personne. » Je m’avançais alors vers elle, me rendant compte que j’avais instauré de la distance, à contrecœur cependant. « Et quand tu te lances là-dedans, tu ne vas pas voir ailleurs, tu ne vas pas ouvrir ton cœur pour quelqu’un d’autre. Non… Tu échanges ton cœur avec celui de la personne que tu embrasses, et que tu veux embrasser chaque jour comme si c’était le dernier. Tu lui confies ton amour. » Je fronçais les sourcils, me rendant compte que ma bouche parlait plus que la raison le devrait. Je ne contrôlais plus mes paroles. Voilà, les conséquences de Kory sur ma barrière. « Tu comprends ce que je veux dire ? Tu comprends ce que ça implique ? » Fis-je en me rapprochant encore d’elle, posant ma main sur sa joue, après avoir dégagé la mèche de cheveux qui me barrait la route. « Oui, tu es sublime. Oui, j’ai succombé. Oui, je te veux. Mais non, je ne veux pas te blesser. Je ne veux pas que tu souffres par ma faute. Tu es primordiale à ma vie, je ne pourrai pas supporter de te blesser une nouvelle fois, tu ne le mérites pas. Et oui, je t’ai… » Je me stoppais net dans mon élan. Je craignais déjà d’en avoir trop dit. C’était contradictoire avec mon désir de ne pas craquer, pour son propre bien. « Te voir ici, dans cette pièce, me rappelle de nombreux souvenirs, plus agréables les uns que les autres. » Je caressais alors délicatement la peau de sa joue à l’aide de mon pouce, et l’envie d’apposer mes lèvres contre les siennes revinrent alors, plus forte que jamais. Le fait d’avoir craqué, puis de s’être ouvert, avait un côté libérateur. Un poids que je traînais depuis quelques temps, déjà. « C’est quelque chose que tu voudrais, vraiment, Kory ? » Demandai-je finalement. Un peu la carte du tout pour le tout. Ça passe ou ça casse, comme on dit. Mais au vue de sa réaction, je me devais de lui poser cette question. Par ailleurs, je lui avais exposé ce que je ressentais vis-à-vis de cette situation, et de mes craintes. Elle avait toutes les cartes en mains désormais, pour peu qu’elle parvienne à comprendre ce que cela implique, d’un point de vue humain. Je n’ai nullement l’envie de jouer avec elle. Non, pas le moins du monde. J’éprouvais bien trop de respect à son égard… J’étais cependant sincère, lorsque je lui ai fait part de ma peur de la décevoir. Il m’est interdit de lui forcer la main sur quoi que ce soit. Mon cœur battait toujours dans un écho assourdissant, comme dans l’attente d’un jugement létal. « Je ne veux pas te décevoir… » Avouai-je, comme le plus intime de mes secrets.

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Koriand’r était un puits de connaissances. Ce n’était pas elle qui le disait, on en avait simplement fait le constat, en plusieurs instincts, et via plusieurs sources. Sans doute son esprit était-il naturellement capable et enclin à engranger des informations, à les stocker, à les réutiliser. Peut-être que cela tenait de sa physiologie toute tamaraneanne, allez savoir ? Elle ne pouvait pas exactement en avoir la preuve ni même la confirmation. Parce que tout ceci sous-entendait une comparaison, un travail comparatif, où Humains et Tamaraneans seraient mis dos à dos, mis en compétition. Or, aux dernières nouvelles, Koriand’r était la seule représentante de son espèce et de sa planète. Et pour pouvoir pleinement obtenir certaines informations, il faudrait opérer une dissection et une analyse anatomique. Et la jeune femme n’avait nullement envie de servir de cobaye, ni même d’être ouverte en deux sur une table d’opération ou dans un sombre laboratoire. Elle n’avait certes pas exactement connu ce genre d’expériences, mais elle avait tout de même traversé son lot de déboires concernant les pratiques scientifiques, médicales et expérimentales. Hors de question, donc, pour elle, de signer quoi que ce soit en ce sens. Et elle savait très bien qu’elle ne serait certainement pas la seule à s’opposer à ce genre de choses. En tout cas, elle espérait pouvoir compter sur ses proches, comme les Teen Titans, par exemple. Dès lors, il était sans doute impossible de savoir si le fait qu’elle puisse emmagasiner tant de connaissances était typique des Tamaraneans ou si, plutôt, elle faisait preuve d’une excellente mémoire et possédait de redoutables capacités cognitives et réflexives. Les faits étaient juste là, et elle faisait aisément avec.

Elle écoutait. Elle tâchait d’apprendre, petit à petit, progressivement, à chaque fois. Elle écoutait, elle regardait, elle observait, elle décortiquait, et si elle était encore loin de tout y comprendre, elle s’efforçait sans relâche de faire des progrès et d’émerger de tout ceci avec un regain de connaissances. Il y avait tant de choses qui différaient, entre ce qu’elle avait connu jusque-là et ce qui se faisait ici sur Terre. De la même façon, sans doute se faisait-elle de fausses idées de la vie sur Tamaran. Après tout, elle avait passé la majorité de son existence et de sa vie loin de sa planète natale, celle-là même dont on la destinait à devenir Reine, un jour. Elle avait quitté les siens à l’âge de 9 ans pour aller s’entraîner auprès des Seigneurs de Guerre d’Okaara. Puis, elle avait été capturée et livrée à la Citadelle, pour sauver son peuple et tout Tamaran. Les Psions avaient fini par lui mettre la main dessus, et l’avaient gardée sous leur coupe, pour la soumettre au pire. Et lorsqu’elle avait fuis … Lorsqu’elle avait fuis, elle s’était crashée sur Terre. La Terre, cette même planète sur laquelle elle évoluait depuis 5 ans à présent. Dès lors, sans doute certains de ses souvenirs étaient flous, concernant Tamaran. Ou peut-être avaient-ils quelque peu pu être corrompus par tout ce qu’elle avait traversé depuis, et plus simplement par le temps qui passe, qui s’écoule et qui transforme un peu tout. La mémoire a ses failles, la mémoire a ses tourments, et la mémoire a ses dérapages. Alors, chaque jour était un défi quotidien, un apprentissage éternel et sans fin. C’était la raison pour laquelle elle ne cherchait point à faire taire Dick, même si elle n’y comprenait pas tout ou que cela pouvait bien la chiffonner. Sans doute une autre femme qu’elle pourrait quelque peu s’énerver et s’agacer des incertitudes et des hésitations, des cas de conscience et des phases d’introspection à voix haute. Mais elle n’était pas n’importe qui, n’est-ce pas ? Elle n’était pas une femme comme les autres, et, encore une fois, elle voulait apprendre et comprendre. Son interlocuteur la connaissait suffisamment pour le savoir et le comprendre, et c’était peut-être pour ça qu’il s’enquérait quelque peu de savoir si, oui ou non, elle comprenait ce qu’il tentait autant de lui expliquer que de lui enseigner concernant les relations entre Terriens, entre Humains. Mais peut-être, et sans doute, même, que de son côté à lui, il ne comprenait pas tout non plus, la concernant elle.

« J’ai eu de la peine, quand tu es parti, et je n’ai pas compris. Tout ce que je savais, c’était que je n’y étais pour rien. C’est Alfred qui me l’a dit. »

« Tu ne m’as pas mise en danger. Tu ne m’as pas laissée aux mains d’ennemis. Alors je ne t’en ai pas voulu. Même si je n’ai pas compris. »

« Je ne sais pas ce que je veux, Dick. C’est compliqué pour moi de le savoir, parce que rien ne m’a destinée à vivre ici, sur Terre, auprès de toi, de vous tous. Alors, je prends ce qu’on me donne, et je suis les préceptes et les enseignements d’Horace. Carpe Diem. Cela signifie qu’il faut cueillir le jour, y aller pas à pas, plus ou moins. »

Koriand’r le savait, il n’était pas évident de la comprendre. Parce qu’il fallait avoir les clefs, et elle ne les donnait pas à tout le monde. En plus de ça, elle devait bien bouleverser tous les référentiels, toutes les grilles servant à comprendre et à décrypter. Elle ne venait pas de Terre. Elle n’avait même pas grandi ici, contrairement à Kal-El dont, finalement, l’origine n’influait pas forcément tant que ça sur l’homme et la personne qu’il était aujourd’hui. Kory venait d’ailleurs, un ailleurs inconnu pour tous, car, peu importe ce qu’elle pouvait dire et expliquer, il y avait une différence entre entendre et réellement le vivre. Sans doute perdait-elle et déroutait-elle bien du monde, mais elle n’y pouvait rien. Tuer et faire taire sa nature profonde n’était pas dans ses plans, pas plus que dans ses desseins. D’une certaine façon, elle voulait rester elle-même, ne serait-ce qu’un peu, et, dans le fond, jamais l’un de ses proches ne l’avait enjointe à se normaliser, à n’être que Terrienne, désormais, Terrienne et rien d’autre. C’étaient ses spécificités et ses particularités qui permettaient de faire d’elle la jeune femme unique qu’elle était. Peut-être que c’était pour ça que Dick voulait se montrer si pédagogue avec elle, qu’il ne cherchait pas à mettre le doigt sur ses méprises et ses erreurs. Cependant, elle se sentait un peu perdue, et déroutée, et c’était comme s’il y avait une boule qui naissait dans sa gorge, malgré tout.

« Tu penses que je ne suis pas pure, et que je te mens, en n’étant pas honnête ? Je t’assure que t’avoir dans ma vie, c’est très important pour moi, que je ne prends pas ça à la légère. »

« J’essaie de comprendre. Je veux comprendre. Mais tout ça, c’est … Cela ne fonctionne pas comme ça, les relations humaines, sur Tamaran. Notre cœur et notre amour sont sans limites, et non la propriété de qui que ce soit d’autre, excepté de nous-même. Mais … Alfred m’a dit qu’affirmer appartenir à quelqu’un était surtout une façon de signifier à l’autre que l’on tient à lui, qu’il compte énormément pour nous. »

« Je ne souffre pas, Dick. Pas pour ça, en tout cas. Je n’ai jamais souffert pour les raisons du cœur, tu sais. Mais … Mais, je ne sais pas, avec toi, il y a plein de choses nouvelles. Tu es le premier de ta planète que j’ai embrassé, le premier terrien qui m’a déshabillée pour d’autres raisons que pour des shootings photo, le premier que je n’ai pas laissé tout seul dans son lit au petit matin. Et, tout à l’heure, quand j’ai dit que j’avais eu de la peine que tu partes sans rien dire, je ne mentais pas. J’ai eu de la peine, et il y a eu ce sentiment bizarre, en moins, là, au niveau du cœur. Tu me manquais, et en même temps, je m’inquiétais, j’avais peur que tu trouves une rousse moins compliquée que moi. Quelqu’un qui comprend tout sans que tu n’aies rien à lui expliquer. »

« Je ne veux pas te décevoir non plus, et je ne veux pas que tu sois fâché contre moi, ou agacé parce que je ne suis pas les règles. Et je veux pouvoir t’embrasser et plus sans avoir à expliquer pourquoi j’en ai envie, pourquoi toi et pas un autre. Je n’ai jamais fermé les yeux, avec toi, parce que je ne vois que toi quand on est ensemble, je ne pense à personne d’autre, je n’en ai pas besoin. Je ne veux pas me compliquer la vie, ou me faire des nœuds dans la tête autant que tu m’en fais dans les cheveux quand tu joues avec et que tu t’en empares, quand on couche dans le même lit. Mais je ne veux pas que tu doutes, ou que tu te dises que je ne fais pas d’effort, que je fais les choses mal, n’importe comment … »

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Darling, just hold my hand.

L’estime de soi, et la confiance en soi, étaient deux notions qui pouvaient se lier. Ce lien n’était pas forcément direct mais finalement, lorsque l’on y pense, cela se rapproche énormément. J’avais de l’estime, tout comme de la confiance, en moi. Mais pas pour tous les sujets. Avec des femmes lambda, aucun problème ne faisait surface. Je n’avais pas la moindre gêne à partager une nuit avec elles, de temps à autres, sans partager grand-chose de plus romantique ou solennelle. Cependant, lorsqu’il s’agissait de Koriand’r, les faits étaient tout autre. La preuve à cet instant, je n’étais pas sûr de moi, j’étais volatile dans mes propos, la voix tremblotante, hésitante… Dites-moi, il y a 5 ans, qu’une femme (qui n’était pas née sur Terre, qui plus est !) aurait cet effet sur moi, et je vous aurais ri au nez. Pourtant je devais admettre qu’aujourd’hui, tel était le cas. Et cela était perturbant. Merveilleux d’une part, terrifiant d’une autre. Elle se trouvait juste là, devant moi, délicieusement vêtue à cet instant, la douceur de sa peau sous mes doigts, sa respiration venant effleurer ma propre peau de sa chaleur enivrante, le parfum de ses sublimes cheveux endiablés venant titiller mes narines, et tous ces détails, tous ces infiniment importants détails, me rendaient heureux. Dans un état d’esprit plein de gaieté, d’euphorie, et surtout d’apaisement. Je voulais enseigner le meilleur à Kory, qui s’efforçait de toute sa volonté à s’intégrer sur cette nouvelle planète qui était sienne depuis cinq longues années désormais. Seulement, je ne considérais pas être le meilleur. Je ne considérais pas être celui qui parviendrait à lui faire comprendre, et voir, toutes les merveilles que la Terre peut offrir. Je ne considérais pas mériter toutes les qualités qui font que, je me suis lié d’amour à Kory. Et elle se mit à parler, de longues minutes durant. Je m’accrochais aux mouvements de ses lèvres comme si je m’étais retrouvé hypnotisé. Chaque mot, venait faire travailler mon cerveau, traitant la donnée avec rapidité et beaucoup de ressources. Et lorsqu’elle partagea la peine qu’elle avait ressenti lors de mon départ, de ce pur abandon, je ressentis cette même peine. Et déception. Je me décevais, car en plus d’être attristé d’avoir laissé Kory sans un mot, je n’arrivais pas à me dire que j’avais fait le bon choix. Heureusement, et selon ses mots, Alfred avait su être là, et trouver les bons mots pour justifier en partie mon choix. Et il avait bien fait, je suppose. J’écoutais son récit, l’histoire qu’elle déballait à mon oreille attentive. J’étais accroché à ses mots, le regard plongé dans le sien. Alors qu’elle arriva à la fin, je posais mon front contre le sien, fermant les yeux.

« Non, tu n’y étais pour rien. Si je ne t’ai rien dit, c’est parce que c’était trop difficile. Je n’arrivais pas à me résoudre à t’annoncer mon départ, du jour au lendemain, pour une durée indéterminée. Je pouvais le dire à tout le monde, sans souci, mais pas à toi. » Débutai-je, d’une traite, sans hésitation. « Tu sais, même si comme tu le dis rien ne t’a destiné à vivre ici, pour moi, tu es ici chez toi. Je n’imagine pas ma vie, mon quotidien, sans te savoir dans les environs. C’est comme si… Comme si tu avais toujours été à mes côtés. » Je rouvrais les yeux, comme si l’honnêteté dans mon regard, cette franchise, voulait être perçue par celle pour qui je prononçais ces mots. « Alfred a toujours trouvé les mots justes. Et il l’a encore prouvé. C’est exactement cela. Il n’y a pas de titre de propriété entre personnes, c’est seulement pour signifier que la personne à qui on offre son cœur, et celle qui a le pouvoir d’en faire ce que bon lui semble. Cela nécessite une confiance aveugle, pour ne pas donner ce privilège à une mauvaise personne… Qui plus est, cela signifie que l’on désire n’avoir personne d’autre dans sa vie, pour partager son quotidien. C’est cela la plus grande symbolique, ici sur Terre. » Je percevais son attention, elle assimilait chacun de mes mots, en quête de savoir et d’apprentissage. Elle a toujours été comme cela avec moi, Kory. Curieuse et attentive. Elle se nourrissait de mes mots, et cela était inéluctablement flatteur, j’étais forcé de le reconnaître. « Je sais pertinemment que tu ne penses pas à mal, que tu veux faire du mieux que tu le peux, que tu essaies de t’intégrer de la meilleure des façons. Mais je sais également que tu ne peux pas renier tes origines, tes habitudes durant des années, ce que l’on t’a appris sur ta planète. Je sais que tu ne peux pas aller à l’encontre de tout ça, du jour au lendemain, par bon vouloir ou par simple claquement de doigts. Et ça me convient très bien, tu sais, Kory. Je ne te le demande pas, d’ailleurs. Je ne te l’ai jamais demandé, ça aussi tu le sais. Malgré mon caractère, je tâche au mieux de faire preuve de patience avec toi, car je pense, non, je sais que tu le mérites. Tu es formidable, Kory, et pas un jour ne passe sans le penser. Sans penser que j’ai une chance incroyable d’avoir ta confiance, ton attention, et tout ce que tu me donnes à côté de tout ça. Sans oublier de mentionner les moments fougueux échangés, bien entendus, parce que quels moments ! » Fis-je, décochant un léger sourire accompagné d’un rire. « Être le premier à t’avoir fait connaître tout ceci n’est pas pour me déplaire, j’avoue… Mais par moments, je me dis que j’aimerais être également le dernier… Tu vois ? » Demandai-je avec une petite hésitation, le temps d’être sûr des mots à employer. Ceux-ci semblaient bon. « Et tu m’as fait connaître plein de nouveautés également ! Devoir me mettre sur la pointe des pieds, presque, pour t’embrasser… La première non-terrienne qui se retrouve à mes côtés sous la couette. La première personne à m’avoir brûlé les doigts alors que je les passais dans tes cheveux. Et de la même manière, j’étais heureux de te retrouver le matin, au réveil, sans que j’ai à prétexter devoir aller travailler… » Lançai-je toujours dans la bonne humeur. « Cette manière que tu as eu de te livrer à moi, Kory, c’est de l’humanité. Tu as parlé comme une humaine, désolé de te le dire ! » Lançai-je avec une pointe d’humour dans la voix avant de retourner aux propos sérieux. « C’est une bonne chose, ça veut dire que j’ai réussi. La peine, le manque, la peur, et tout ce qui concerne cette partie-là, justement, font partie des fondamentaux des sentiments humains. » Lançai-je en posant délicatement mon index au niveau de son cœur. Puis cette même main utilisée, vint attraper la sienne, entremêlant mes doigts aux siens. « Je te promets, par ailleurs, que tu es ma rousse préférée ! Personne ne t’arrive à la cheville, crois-moi. C’est parce que tu es compliquée que je t’ai… que je t’apprécie, tu sais. La facilité ne m’attire pas le moins du monde. Et cela ne m’a jamais posé le moindre problème de devoir t’expliquer les choses, le fonctionnement humain. » Fiou. C’était moins une ! J’étais passé proche de prononcer le mot fatidique. Pourtant, cela était venu naturellement dans cette phrase, dans cette longue lancée de mots. « Tu ne m’as jamais déçu, tu peux en être rassurée. C’est plutôt moi qui dois avoir cette crainte, de toute manière j’ai déjà le sentiment de t’avoir déçu. C’est le cas simplement par le fait que tu as ressenti de la peine. » Continuai-je dans mes aveux. « Kory… Oh et puis merde ! » Lançai-je subitement, quittant la proximité avec elle l’espace d’un instant, en tournant les talons, puis en revenant vivement vers elle. « Je t’aime Kory ! » Fis-je, en retrouvant ses mains pour les enfermer dans les miennes. Ses derniers mots, à la jeune rousse, avaient eu raison de moi. Ses confessions m’avaient achevé, je n’avais pu censément garder cela pour moi. « Oui, je t’aime. Tout ce que tu as dit vouloir, je le veux également. Tu ne me déçois jamais, et je n’ai aucune raison de me fâcher ou d’être agacé. Lorsque tu vas à l’encontre des règles humaines, ça me fait plus rire qu’autre chose, ou alors me met mal à l’aise que tu abuses vraiment ! Mais c’est ce qui te rend attachante, ce qui fait que je me suis rapidement lié à toi. Je veux être celui que tu embrasses matin et soir, après et après avoir profité d’une nuit ensemble. Je te veux à mes côtés depuis très longtemps, et je n’ai jamais pu me résoudre à réellement te le dire. Par peur, et crainte, comme je te l’ai déjà avoué. Mais ça suffit ! Après tout ce que tu as dit, je ne pouvais pas rester impassible. Alors autant te dire les choses telles qu’elles sont. Je suis humain, je ressens comme un humain, alors après tout ceci, oui, j’ai commencé à t’aimer, et ça a continué avec le temps. Tu ne ressens pas cela, par ta nature, mais tu t’y rapproches peu à peu il semblerait. Ce n’est pas un problème, tu l’avoues à ta manière, tu le montres à ta manière. Finalement, nos envies se recoupent, à la croisée des chemins, après avoir emprunté deux voies distinctes. Il n’y a pas besoin d’expliquer, c’est comme ça et puis c’est tout. Je ne veux pas m’expliquer non plus, on se rejoint là-dessus… Et crois-moi, je ne doute pas de toi, et je sais reconnaître tous les efforts que tu fais, je l’ai toujours reconnu ! Et tu ne cesses de me surprendre, jour après jour. Tu ne fais pas les choses mal, Kory, tu fais les choses à ta manière, avec ta personnalité, ton instinct. Et je ne veux pas que tu arrêtes d’agir de cette façon… » Terminai-je après une longue tirade… Avant de l’embrasser fougueusement, mes bras allant se plonger dans son dos pour entourer sa taille. Ce baiser, marquant la fin de mes aveux, signifiant avoir terminé de tout lâcher, sans retenue quelconque.

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I will not give you up this time

DICK && KORY

Sans doute ne pouvait-on point s'en douter, d'un point de vue extérieur, mais Kory ressemblait plus à un roc qu'à une frêle brindille. Elle avait déjà vécu bien des tourments, traversé des épreuves qu'elle ne souhaiterait pas même à sa pire ennemie, et ce même si cette dernière avait justement déjà vécu certains de ces évènements cauchemardesques. Elle s'était crashée sur une planète dont elle savait si peu et qui ne savait rien de son peuple, de sa planète et d'elle. Une planète sur laquelle vivaient des êtres emplis de défauts et dé péchés, dotés de desseins fort peu reluisants et même sérieusement répréhensibles. Mais sur cette planète se développait également le pouvoir de la Nature qui ne cessait de reprendre ses droits lorsque tout était bien trop parti a volo. Une planète emplie d'êtres innocents et purs, ou en tout cas de personnes dotées de bonnes intentions et qui méritaient qu'on les protège et qu'on se batte pour elle. Il n'en demeurait pas moins que pour trier le bon grain de l'ivraie, il fallait batailler dur et se lever tôt. Mais tout ceci, et bien plus encore, Koriand'r l'affrontait sans s'effondrer. Elle chancelait, certainement, oui, à certains instants, mais elle ne ployait pas. Elle était trop bornée pour ça, et elle avait bien trop envie de continuer à vivre plutôt que de se laisser aller. Dans un coin de son esprit, elle continuait de penser que son peuple avait besoin d'elle, et qu'un jour peut-être, elle se devrait d'aller les secourir. Et dans cette posture là, elle se devait d'être au niveau, de ne point leur faire honte et de ne point les décevoir. Et elle appliquait cette maxime à sa vie de tous les jours, car pour l'instant, elle se devait d'aider, d'épauler et de protéger les humains. Avec, en premier lieu, ces compagnons des Teen Titans, mais aussi ces autres personnes qui comptaient beaucoup pour elle, comme Dick, par exemple. Alors ... Alors, quand il avait disparu, sans un mot, elle ne l'avait pas pris pour elle, pas plus qu'elle ne s'était mise à pleurer tout ce qu'elle en savait. Et si elle était régulièrement venue déposer son courrier à Alfred, toutes ces lettres adressées à un homme qui n'y répondait pas, et qui ne les lisait pas, cela n'avait jamais été pour s'accrocher, telle une sangsue, à un espoir éventuel, ni même pour tenter, en douce, d'entrer dans le Manoir en contournant le majordome. Et quand Dick était finalement revenu vers elle, elle avait trouvé ça normal. Normal qu'il retrouve enfin le bon chemin, en somme. Même si elle n'avait rien oublié des longs mois passés sans sa présence et sans qu'il ne donne de nouvelles. Cependant ...

« Tu craignais que je ne comprennes pas, si tu m'avais expliqué ? »

« Et je ne peux pas non plus imaginer ma vie sans toi. Tu es comme un phare, en fait. A toi, je peux tout dire sans que tu ne me juges, et sans que tu ne me laisses tomber dans un piège, comme avec les propositions de campagnes publicitaires que je peux me voir proposer et que tu trouves bien trop indécentes et débauchées. »

« Et tu sais d'où je viens, par quoi je suis passée, pour la plupart des évènements qui ont ponctué ma vie. Et tu ne me regardes pas avec pitié, ou tristesse. Tu ne t'attardes pas sur certains stigmates physiques. »

Concernant la suite ... Et bien, concernant la suite, elle était un peu perdue. Cela était presque, pour elle, comme reproduire l'une des fameuses scènes de ses dessins animés où l'on voit s'animer de complexes formules mathématiques là, dans les airs, à côté de la tête déboussolée d'un personnage tentant de résoudre une équation ou de trouver la solution à un problème qu'il rencontrait. Pourtant, Kory le savait très bien, il y avait un sens à trouver à tout ceci, des pièces à lier ensembles pour reconstituer un puzzle. Et tout ça était tout de même bien plus clair qu'auparavant pour elle. Parce qu'elle avait fait de nombreux progrès de compréhension, et qu'elle était désormais suffisamment familiarisée avec la vie sur terre pour saisir de surcroit certaines choses supplémentaires. Il n'en demeurait pas moins qu'elle devait encore faire des efforts et se perfectionner, sans parler du fait que tout ceci n'était pas encore entièrement devenu naturel pour elle. C'était un peu comme si elle devait encore convertir bien des éléments et bien des expressions avant d'espérer pouvoir les comprendre. Ce n'était donc pas encore immédiat, et elle devait encore en passer par une phase préalable qui pouvait prendre un peu de temps et la laisser, un instant, un peu perdue et dans l'incompréhension. Ainsi, un instant, face au fait que Dick évoquait vouloir être le dernier auprès de qui elle connaitrait certaines choses, elle se demanda s'il fallait qu'elle comprenne là qu'elle allait bientôt mourir. De la même façon, pendant une fraction de seconde, elle se demanda s'il se réjouissait vraiment de l'avoir faite passer par des émotions négatives et qu'elle ne voulait pas vraiment de nouveau ressentir. Alors, elle n'en disait rien, et continuait de l'observer avec de grands yeux, alors qu'il avait toute son attention auditive. Cela devait lui donner un air profondément sérieux et passionné, et le monde autour d'elle perdait de son emprise. Fort heureusement que, tout comme les Terriens, elle n'avait point besoin d'y penser pour pouvoir respirer ou battre des cils. Car elle aurait alors présentement bien été incapable de tout faire en même temps. Mais, finalement, c'était comme si de multiples signaux d'alarmes s'étaient enclenchés dans sa tête et dans son esprit, à mesure des paroles de Dick, la poussant à réagir.

« Non, Dick, tu ne m'as pas déçu ! Je ... Je n'ai juste pas compris ... Et moi, j'aime comprendre, je veux comprendre, pour être plus intelligente. »

Cependant, elle sursauta face à cette injure qu'il lâcha et à ce petit déplacement très étrange auquel il se livra, s'éloignant d'elle pour pratiquement se précipiter sur elle dans la seconde qui suivait ou presque. La jeune femme savait se contrôler, et elle n'avait rien d'une débutante qui balbutiait avec les phénomènes méta-humains dont elle était capable de faire montre. Fort heureusement pour son interlocuteur, d'ailleurs, car une starbolt en pleine poitrine n'a jamais fait de bien à qui que ce soit. De toute façon, Dick emprisonnait ces mêmes mains tout à fait capables de faire bien des ravages, et ce alors même que Kory savait, sans devoir se le faire confirmer, que le jeune homme ne cherchait ici en rien à se protéger. Elle savait qu'il savait qu'elle était capable de se contrôler et que, donc, il ne risquait rien. D'autant plus qu'il la connaissait suffisamment bien pour sans doute être en mesure de déceler les signes avant coureurs qui laissaient toujours à penser qu'elle s'apprêtait à sortir de ses gonds et à ne pas faire dans la dentelle. Bien au contraire, au final, à mesure de ses paroles, le jeune homme devait bien avoir à faire à une jeune femme dont la bouche ne cessait de s'entrouvrir et dont les yeux s'arrondissaient de plus en plus à mesure de la stupeur. Quoi qu'il en était, elle ne pouvait pas dire qu'elle avait mal entendu, malgré le fait qu'elle sentait son cœur battre jusque dans ses tempes. Les humains pouvaient être passionnés, ça, elle le savait, mais, là, tout de même ... C'était une grande première pour elle, en somme. Parce que, habituellement, les hommes qui voulaient l'embrasser ne se privaient pas d'être bien plus triviaux et bien plus directs, même si, dans la plupart des cas, ils ne récoltaient alors qu'une fin de non recevoir, car Dick lui avait tout de même appris à ne pas accepter de se laisser parler d'une certaine manière. En revanche, il ne lui avait jamais rien dit concernant ceux et celles qui pouvaient bien s'adresser à elle comme il venait de le faire. Et lorsque, finalement, il l'embrassa, avec tant de fougue et de passion, elle n'eut même pas l'esprit de se demander comment il était parvenu à tout de même respirer au milieu de cette foule de sentiments et de révélations. Car elle était une digne Tamaraneanne, et sur Tamaran, on ne se prive jamais de ressentir le bienfait des contacts charnels et physiques, en aucune circonstance, et ce même si elle sentit ses propres mains glisser sur les épaules de Dick, face à cette absence de tissu qu'elle aurait bien pu agripper pour avoir un point d'encrage. Les cheveux du jeune homme, juste au-dessus de sa nuque, devraient donc faire l'affaire pour le moment, car Kory n'avait nulle envie de repousser Dick, ça non. De toute façon, parti comme il était, l'aurait-il laissée faire ? Quoi qu'il en était, il fallait tout de même reprendre son souffle, à un moment, non ?

« Dick ... Qu'est-ce que je suis censée répondre ? »

« Merci ? ... Non, ça ne doit pas être ça ... »

« Ce que je ressens pour toi ressemble tant à ce que Mère m'a dit concernant sa connexion avec mon père ... Et je crois que je n'ai jamais rien ressenti de plus fort et de plus incompréhensible et insaisissable ... Je te veux toi. »

Made by Neon Demon

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Darling, just hold my hand.

En cet instant, c’était un jeu essentiellement axé sur le respect de l’autre. L’un prend la parole, énonce ses vérités intérieures, dévoile son cœur avec toute l’honnêteté dont il est capable. L’autre écoute, attentivement, il capture chaque parole comme s’il s’agissait d’un mot divin. Rien ne se perd, dans cette conversation. Chaque mot énoncé est réfléchi. Chaque mot entendu est analysé, muri, pour en dégager une signification plus grande encore. Tu ressens une connexion passionnée et fusionnelle entre ton interlocutrice et toi. Et ce contact, entre vos peaux, vos têtes, vos corps, accentue cette connexion. Cela peut sembler risible mais Richard, tu as besoin de ce lien du corps, tu en ressens les aspects bénéfiques. Cela te permet de te dévoiler un peu plus, cela rend l’instant plus réel. Tu as besoin de cette réalité, pour ne pas te perdre dans de sombres pensées qui te mènerait vers un inconnu incontrôlé. Tu t’es souvent accroché à quelque chose, à une idée, un but. Les chemins que tu as suivis ont toujours été basés sur quelque chose de concret, te servant de motivation. Aujourd’hui, ta motivation finalement, elle se trouve devant toi. Tu vieillis Richard, tu viens d’avoir trente ans. Ta carrière d’inspecteur est bien avancée, peut-être deviendras-tu commissaire. Je n’en doute pas. Ta carrière de justicier, sous les traits de Nightwing, n’est plus à faire. Bien entendu que tu ne vas pas l’arrêter, tu en as besoin, mais cela ne peut plus te définir tel que cela te définissait autrefois. Tu as besoin de plus, après ces années passées à sauter de toit en toit. Il te manque un objectif de jeune adulte, il te manque un frisson supplémentaire, une source d’adrénaline. Ne serait-ce pas Kory ? Ta vie amoureuse a souvent été catastrophique, pour ne pas dire tout le temps. Comptes-tu devenir vieux, sénile, et seul ? Demanderas-tu à Catwoman de te porter des chats à adopter ? Ne sois pas ridicule, l’idée ne te convient pas. Tu peux prétendre à plus. Tu mérites plus, malgré tes frasques habituelles en compagnie féminine. Permets-toi de vivre la nouveauté. Permets-toi de vivre l’inconnu. Permets-toi de vivre ta vie. Permets-toi, surtout, de revivre. Subitement, Kory t’interrompt. Bien évidemment qu’elle désire comprendre. Elle est de ce genre-là, à vouloir tout comprendre. Une grande curiosité, oui, mais également et surtout un désir de connaissance, pour mieux s’adapter. Un désir de compréhension, pour être un peu moins perdue jour après jour. « Comment t’expliquer ça facilement… Je voulais de l’espace. Je voulais être seul pour me trouver un but, un objectif, tu vois ? Ici, à Gotham, il y a tout ce qu’il faut. Il y a suffisamment de Héros pour cette ville. Gotham n’avait pas besoin de moi, comme elle n’a pas spécialement besoin de moi aujourd’hui, d’ailleurs. Tu sais, depuis la mort de mes parents, j’ai le sentiment d’être… Comment dire. Un vagabond ? Ouais, sûrement. J’ai p’têt des problèmes de confiance en fait, qui sait ! » Termines-tu affichant un sourire rieur. Ce serait une grande première, que ce soit le cas. Mais passons… Un léger silence s’installe. Vous êtes collés l’un à l’autre, vous ne percevez que les battements de cœur mutuels, vos respirations… Tu profites de la sensation du souffle de Kory sur ta peau. Chaud, parfumé et enivrant. Agréable, en somme. Ce lot de petits détails te transporte dans une autre dimension. Tu apprécies chaque instant de cette vie virtuelle créée par ton esprit, d’ailleurs.

Ton envie d’embrasser les lèvres pulpeuses de la jeune femme est omniprésente. Lorsque tu as une idée en tête, après tout, tu vas jusqu’au bout. Les mains de Kory agrippent tes cheveux courant dans ta nuque, tandis que tu entoures ses hanches des tiennes. Quelques secondes plus tard, vous daignez enfin faire une pause, par souci de respiration. Il serait idiot de mourir de la sorte, bien que ce soit une mort on ne peut plus mignonne – mais terriblement conne. Kory, il est difficile de la faire rougir pour plusieurs raisons : sa personnalité, et sa couleur de peau ! Pourtant, tes mots semblent l’avoir touché en plein cœur. Littéralement. Et je parle de cœur humain, qu’elle sait se forger petit-à-petit, au fil des années passées sur Terre, ou à tes côtés. Et tu la considères, de haut en bas, alors qu’elle semble mal à l’aise, ou du moins dubitative. As-tu dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Elle est alors maladroite, mais rien d’anormal jusque-là. Tu te permets de la rassurer. « Tu n’es pas censée répondre quoi que ce soit Kory. Il n’y a pas un manuel que tu dois suivre scrupuleusement dans ce genre de situation, tu dois juste… » Tu t’interromps net, alors que Kory repart sur sa lancée. Ton cœur s’emballe, alors que tu écoutes attentivement ses mots, en observant le mouvement de ses lèvres. Tu perçois de la part de la jeune femme ce qui se rapproche le plus d’une déclaration solennelle. Tu en perds tes pensées, tes mots, tes moyens. Sans t’en rendre compte, tu resserres un peu plus l’étreinte avec son corps. Tu déglutis péniblement, comme pour ravaler ton envie de hurler. Mais tu veux hurler de joie, au fond de toi tu en meurs terriblement d’envie. Tu tentes de rassembler tout ce que tu as de force et de contrôle en toi, pour lâcher quelques mots libérateurs. « Tu… Tu vois… Tu n’as pas besoin de moi pour apprendre. Tu comprends toute seule. Tu ne pouvais pas dire mieux, Kory… Tu comprends, et je te comprends. On se comprend. » Tu souris. Avec une pureté sans limite, tu te sens bien Richard, plus que bien même. Ces mots, finalement, tu souhaites les entendre depuis si longtemps. Tu n’attendais que ça, qu’elle prononce cette phrase. Tu ne t’en rendais pas compte jusqu’alors, mais cette conversation était nécessaire pour que le déclic opère. Cette conversation, te remplit de joie et de bien-être. Tu sens une flamme parcourir ton ventre, des papillons de feu s’en emparent. « Je te veux toi. ». Ces mots résonnent dans ton esprit, dans un écho assourdissant. Tu tentes de réaliser ce que cela signifie. Le parallèle avec la connexion entre ses parents. Ce sentiment indescriptible et insaisissable… Tout cela, mis bout à bout… Oui, tu y es Richard. Tu y es, tant et tellement qu’une envie brûlante te prend. Tu la veux également. Là, tout de suite, maintenant. Vous ne vous êtes jamais contrôlés. Jamais. Vous avez toujours su profiter d’occasions qui n’en étaient pas, vous avez toujours su choisir les pires moments. Mais ce moment-là, précis, il est tout autre. Tu ne peux aller à l’encontre de tes sentiments, de tes pulsions. Cela te semble évident, et incontrôlable. Tu brûles de désir. Vous vous tenez, l’un contre l’autre, aux côtés du lit de ta chambre recouvert de vêtements. Tu ne prends même pas la peine de les enlever que tu déposes Kory sur le lit, tes lèvres collées aux siennes. Kory est venue sonner à la porte du Manoir dans l’optique de renouveler sa garde-robe, quel dommage que tu lui en prives presque immédiatement, alors que tu retires le tissu qu’elle venait de revêtir. Pendant la manœuvre, ton regard croise le sien, et ton regard, il raconte tout ce qu’il se passe dans ton esprit, dans ton corps.

Tu ne veux qu’elle, et tu comptes bien lui montrer, jour après jour.

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DICK && KORY

Koriand'r ne comprenait pas tout. Du moins ne pouvait-elle pas s'identifier à toutes ces émotions qu'évoquait Dick, parce qu'elle ne les avait pas réellement traversés. Mais pour certains points, en revanche ... Ses propres parents n'étaient pas morts lorsqu'elle avait fui les griffes de sa propre sœur ainée, peu de temps après avoir échappée aux crocs acérés et aux expériences dépravées des Psions. Mais, aujourd'hui, elle n'avait aucune connaissance de la réelle situation sur Tamaran. Elle ne pouvait y retourner, sous peine de génocide planétaire de la part de la Citadelle. Et même ... Même si c'était le cas, même si elle avait les pieds et les poings déliés concernant une telle décision, elle ne saurait trop comment agir et réagir. C'était que tant d'émotions se bousculaient en elle concernant ses parents. Elle avait vécu durant des années avec des maux chevillés au cœur et à l'âme, et jamais elle n'avait pu les confronter aux principaux responsables de tout ceci. Tout ceci avait surgi dans sa vie à un instant où elle ne s'y attendait pas le moins du monde, et depuis, tant de choses avaient changé. Le temps s'était écoulé, également, et si l'on posait les choses sur la table, le constat était indéniable : la dernière fois qu'elle avait été en présence de ses parents, elle n'était encore qu'une enfant, plus ou moins, après tout. Une enfant qui différait quelque peu de la jeune femme qu'elle était devenue, parce qu'entre temps, elle avait fait de cruelles expériences, et avait maintes et maintes fois senti des saveurs acres et amers envahir son palais. L'existence ne l'avait point gâtée à partir de l'instant où elle avait été livrée à la Citadelle. Et si ses royaux géniteurs n'avaient rien à voir avec les Psions et leurs macabres et terribles entreprises, la jeune femme ne pouvait malgré tout s'empêcher de penser qu'elle était hors de portée de ses parents pour qu'ils puissent intervenir, et ce parce qu'en premier lieu, ils avaient fait passer leurs devoirs monarchiques avant leurs intérêts familiaux. Une partie d'elle comprenait leur décision, mais dans le même temps, elle avait attendu un geste, un mot, un signe de leur part. Et là où Komand'r, elle, avait pu bénéficier de l'intervention de ses partisans pour la tirer des griffes des Psions, Koriand'r, elle ... Elle n'avait reçu aucun secours, et c'était encore aujourd'hui comme revivre la scène, quand elle y repensait. Ce qu'elle évitait donc de faire, pour ne pas souffrir, et pour ne point devoir se retrouver face à un cas de conscience. Peut-être était-elle injuste, mais ... Mais elle ... En fait, les émotions étaient si complexes à gérer, surtout pour elle, Tamaraneanne qui, naturellement, les vivait pleinement, qu'elle se sentait comme face à de colossales montages infranchissables. De toute façon, Dick n'était en rien responsable de quoi que ce soit dans ces domaines là, alors inutile de lui en faire porter le fardeau, ou de l'en blâmer, n'est-ce pas ? D'autant plus que si elle se savait capable d'administrer des remontrances, elle était également parfaitement au fait de ses difficultés à être dans la subtilité et l'approche douce et prudente. La franchise était l'une de ces choses qui se révélaient appartenir autant à la catégorie des qualités qu'à celle des défauts !

« Je pense comprendre la logique. Je suppose que c'est un peu comme quand moi, je vais m'asseoir sur le rebord d'un cratère de Lune, et que les villes ne sont plus que des amas lumineux à la surface de la Terre ... »

« Un grand sage m'a un jour dit qu'il n'y avait pas de mal à avoir la bougeotte, mais qu'il ne fallait jamais hésiter à se créer un chez soi. J'ai eu du mal à saisir le concept, car j'avais plutôt l'impression de n'avoir de cesse de fuir plutôt que de voyager délibérément, mais il est parvenu à me convaincre. Et pas uniquement parce qu'il était très séduisant et qu'il embrassait comme un dieu, ou parce qu'en ce temps là, il était mon Leader adoré. »

Depuis son arrivée sur Terre, Kory s'interrogeait parfois sur sa rapidité à comprendre et à s'adapter aux us et coutumes humaines, à la vie sur Terre, à la logique des choses d'ici. Parfois, elle avait la sensation d'y aller pas à pas, alors qu'on lui disait qu'il n'y avait rien de répréhensibles à ça. D'autres fois, c'était comme si elle avait avancé à grande enjambée, alors qu'on l'en féliciterait presque en lui disant qu'au fond, cela devait tenir de certaines propensions instinctives et innées, comme si cela avait fait écho à des concepts qu'elle avait déjà bien ancrés en elle. Dans les deux cas, c'était bien, non, parce qu'elle avançait ? Mais parfois, c'était l'effet inverse qui se produisait, ce qui la décevait toujours. Faire marche arrière n'était pas très agréable, et sans vivre ça comme un échec, elle regrettait d'avoir cru avoir compris, avoir saisi, alors qu'en fait non. Il fallait encore du temps et du labeur à ses proches pour la convaincre que reculer n'était pas toujours signe et symbole d'échec et de déconvenue. Que cela pouvait tout aussi bien représenter l'idée capitale et majeure de la remise en cause perpétuelle des acquis, de la nécessité de savoir s'adapter, et de ne pas se reposer sur ses lauriers. La première fois qu'elle avait entendu cette expression, la jeune femme avait tenté l'expérience, pour se dire finalement qu'à part ressortir de sa sieste avec une délicate odeur de laurier, elle n'avait pas vraiment mieux ou moins bien dormir que si elle s'était reposée sur un canapé. Mais évidemment, on lui avait depuis appris le sens réel de l'expression, et elle pensait avoir assimilé ça. Même s'il lui demeurait toujours autant désagréable de se dire qu'il pouvait lui pendre au bout du nez une future et prochaine déconvenue. Elle voulait bien gérer, car elle n'escomptait en rien de décevoir qui que ce soit. Elle voulait qu'on lui fasse confiance, sans doute parce qu'elle avait parfaitement conscience qu'en tant que jeune femme née hors de la Terre et hors de cet univers, on était toujours instinctivement plus rapide et prêt à voir en elle des différences quelque peu péjoratives, clivantes et limite xénophobes, et ce même sans le vouloir. Une fois, Garfield lui avait assuré que le Soleil était l'élément qui lui correspondait le mieux, parce qu'essayer de la comprendre et d'évoluer à ses côtés, c'était comme essayer de mettre la main sur le Soleil : ça brûle, et on joue à la patate chaude, tout en s'obstinant à vouloir continuer. Elle, elle avait sourit et même rit de la comparaison, et elle se disait qu'il lui arrivait parfois d'être celle qui manipulait les choses sans trop savoir s'y prendre, mais en continuant à s'obstiner. En était témoin son attitude présente, face aux paroles de Dick.

Sur Tamaran, on ne se lance jamais dans de grands serments, ou en tout cas jamais concernant les choses charnelles. Parce que cela n'a pas lieu d'être, et que le sentiment d'exclusivité n'existe guère qu'au sein du couple royal et à la tête des grandes familles nobles, quand la nécessité dynastiques est en jeu. Car nul ne doit jamais douter de la légitimité d'un être à hériter des responsabilités familiales qui sont les siennes à la tête d'une grande lignée noble, et que cette vérité est encore plus essentielle quand il se trouve que l'on parle et que l'on évoque le futur de la monarchie. A ce qu'elle en savait, son père avait eu bien des conquêtes et des relations, mais à partir de l'instant où il avait fondé une famille avec Luand'r, tout ceci avait cessé. Alors tous savaient très bien que Koriand'r tout autant que Komand'r et que Ryand'r était issue de l'union du Roi et de la Reine. Bien évidemment, ici, sur Terre, les choses étaient bien différentes. Et, voyez-vous, les humains étaient bien prudes et vertueux quand il s'agissait d'évoquer l'amour, les relations monogames et tout ce que cela sous-entendait, alors que le vice et la luxure étaient exploités à renforts de bras par certaines industries. Même au sein des campagnes publicitaires, on n'hésitait jamais à utiliser des pointes d'érotisme. C'était d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles Kory savait que Dick devait se faire parfois bien des cheveux blancs quand elle lui apprenait qu'elle avait signé un nouveau contrat. Sans doute parce que la première fois que, sur une séance photo, on lui avait demandé de se déshabiller un peu, la jeune femme s'était presque mise en sous-vêtements, direct, sans pudeur ni hésitation, alors que le photographe voulait juste que l'on aperçoive un peu de son épaule et qu'elle ouvre deux ou trois boutons de son chemisier ... Et contrairement à ce que Dick pouvait bien dire présentement, si, elle avait encore besoin de lui, et des autres. Pas de tout le monde, évidemment, car le principe de la bête de foire ou de l'animal étrange ne lui convenait point, lui rappelant de sombres heures et de sombres instants de son propre passé. Mais elle savait compter parmi les siens des personnes dignes de confiance, à qui elle n'hésitait jamais à se référer, pour des raisons différentes. Expliquer pourquoi Dick était au nombre de ceux-là coulait de sens, mais dans le même temps, cela prendrait des heures à la jeune femme s'il fallait qu'elle explique tout bien en détails. A côté de cela, il y avait des gens comme Diana, avec qui Kory se sentait partager suffisamment bien de points communs, toutes deux étant des Princesses héritières ayant évoluées longtemps sans contact avec les Humains, et devant apprendre leurs codes et leurs coutumes. Il y avait aussi Kal-El qui, certes, avait vécu depuis presque toujours sur Terre, mais qui était aussi peu terrien et humain qu'elle. Mais Dick ressortait invariablement et immanquablement du lot.

« Dick, j'aurais toujours besoin de toi dans ma vie ... »

Elle n'était pas une enfant, elle n'en était plus une depuis longtemps, avant même la fin de l'enfance d'ailleurs. Et même si certaines de ses attitudes et certains pans de son caractère pouvaient en laisser penser autrement, il fallait surtout mettre ça sur le compte de sa différence principale : elle n'était point Terrienne, elle n'avait pas grandi bercée par les us et coutumes de la Terre, elle n'était pas humaine, et son éducation avait été toute autre. Plus que cela, elle avait hérité, dans son ADN autant que dans son instinct des réalités immuables qui faisaient la vie sur Tamaran depuis des millénaires. Mentir n'était pas dans les apanages de son peuple, pas plus que de faire des détours pour dire ou faire ce qu'on voulait. Les expressions au sens figuré n'existaient pas sur Tamaran. Tout comme bon nombre de concepts. Au contraire, certaines valeurs étaient primordiales pour les siens, alors qu'ici sur Terre, on avait beau les élever dans les cieux et les défendre, elles étaient maintes et maintes fois bafouées, quand elles ne servaient pas d'alibi, de faire-valoir, ou que leur seule utilité était surtout de se donner bonne conscience et de se faire passer pour ce que l'on n'était pas vraiment. Dès lors, elle ne cria pas au feu lorsque Dick l'embrassa de nouveau, en se montrant cette fois-ci bien plus entreprenant. Pour elle, ses intentions étaient évidentes, elle ne s'en voilait donc pas la phase et ne jouait pas stupidement aux ingénus. Il avait raison, elle comprenait. Elle le comprenait, et ils se comprenaient. Ce qui lui tira un sourire quelque peu carnassier. Son but initial, en venant jusqu'ici, n'avait pas été d'en arriver là, mais elle ne se plaignait absolument pas de la suite des évènements, et elle doutait fort que, pour Dick, il puisse en aller autrement. Il n'abusait de toute façon pas d'elle, parce qu'elle le voulait autant que lui. Elle le lui avait même dit. Et puis, comme diraient les gens, elle était majeure et vaccinée, et c'était une grande fille. Elle savait ce qu'elle faisait, et elle ne viendrait pas se plaindre ou crier au loup par la suite. Mais Dick le savait déjà, tout ça, alors inutile pour elle de verbaliser ce qu'elle ressentait et ce qu'elle en pensait. Elle le lit dans son regard, de toute façon, et elle espère bien que son propre regard est des plus parlants et véridiques. De la même façon, lorsqu'elle attrape l'une des mains du jeune homme pour la porter sur sa poitrine nue, et plus particulièrement sur son collier, elle espère que son regard est suffisant porteur de paroles. Elle n'a jamais eu honte de son corps, Kory, et ne dissimule sa véritable apparence que par précaution et question de sécurité autant que de survie. Mais il revient à Dick de décider de ce qu'il veut. De celle qu'il veut. Kory Anders, ou Koriand'r. Et peu importe son choix, cela n'y changera rien pour elle.

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Spoiler:

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Darling, just hold my hand.

Tu n’as jamais eu de guide intitulé « Aborder et comprendre une extra-terrestre sexy et premier degré en 10 leçons » entre les mains, pourtant, tu jures que parfois, cela aurait pu te servir. Les premiers temps avaient été compliqués, et très particuliers. Tu as toujours eu du succès avec les femmes, ou presque, mais que l’un d’elles t’embrasse dès votre rencontre, ça non, ce n’était jamais arrivé. A croire qu’en plus de lui avoir appris l’anglais par ce procédé – c’est ainsi que les Tamaranéans apprennent les autres langues – un lien s’est crée entre vous. Un lien qui dire depuis, preuve en est la situation actuelle. Quelques instants avant que son vaisseau de ne se crashe sur Terre, tu aurais pu parier n’importe quoi sur « Je ne ferai pas ma vie avec une aliène ! Déjà que pour que je me case stablement, y a un coup à faire… ». Te sens-tu idiot, en cet instant, Richard Grayson ? Tu peux. Tu ne peux dire si Kory sera la dernière personne que tu verras au réveil, mais à croire qu’au fil de ces dernières années, tout vous ramène l’un vers l’autre. Tout le temps. Peu importe les événements. Imaginez deux aimants surpuissants que la plus grande des distances n’empêchera jamais de se retrouver. Je suis impressionné par tant d’attractivité mutuelle, surtout entre un homme et un être venu d’ailleurs. Preuve en est que ces frontières n’empêchent rien, absolument rien. Pour en revenir au fameux guide, si un jour l’envie te prend de changer de carrière, ou d’occuper ta retraite, rien ne t’empêche de l’écrire. Je suis sûr que cela serait une référence, un véritable best-seller. Tu pourrais décrire tout ce que tu as vécu en la compagnie de Koriand’r ces 5 dernières années. Années dynamiques, c’est le moins que l’on puisse dire.

Tu te remémores alors en un éclair tout ce que vous avez traversez ensemble, de votre rencontre à cet instant précis. Alors que vous êtes collés l’un contre l’autre, tout te semble surnaturel. Vos premières missions ensemble, avec les Titans, alors qu’elle venait seulement d’arriver sur ta planète. Votre complicité quasi-instantanée grâce à une confiance presque aveugle, tandis que les autres membres étaient légèrement sur la défensive – ce qui peut se comprendre. Mais tous ont vu rapidement en Kory, ce que tu voyais toi. Cette personne que tu chéries tant. Votre complémentarité sur le terrain a rendu les missions bien plus aisées, lorsque vous ne vous éclipsiez pas derrière un tas de cartons d’un entrepôt aux mains de malfrats mal intentionnés pour… Vous savez. Discuter. En tête-à-tête. Pour… Echanger. La philosophie de l’échange, vous voyez ? Bref. Nombreuses sont les scènes légèrement dérangeantes, surtout lors d’une mission officielle. Mais Kory assumait tout, et cela t’a entraîné à faire de même. Certainement ta période préférée en tant que Titan, et en tant que Leader de l’équipe. Puis, tu as décidé de t’éclipser. Et quoi de plus naturel que de laisser l’équipe entre les mains de Kory ? Tu t’es rapidement senti de trop, presque inutile, sachant pertinemment que tu pouvais être une distraction pour Kory. Les entraînements étaient simples : elle te mettait à terre en guise de démonstration. Tu lui as donné toutes les clés pour aborder tactiquement toutes les situations. A partir de là, tu n’avais rien de plus à apporter, Koriand’r était capable de tout faire à ta place. Tu restais dans son ombre pour lui apporter quelques conseils lorsque le besoin s’en faisait ressentir. Grâce à ce retrait, tu as pu te concentrer sur ta vie, sur ton autre métier d’inspecteur… Et tu as décidé de partir pour Blüdhaven.

C’est un peu cela le résumé de ta vie, Dick. Tu aides les autres, tu apportes le maximum que tu peux par tes compétences, ton expérience. Lorsque le « ménage » est fait, lorsque tu sens ta mission accomplie, tu te retires. Tu ferais un excellent professeur finalement. Et si tu ouvrais une université pour super-héros ? Tu te raserais la tête, te baladerai en fauteuil, et serai très mystérieux. Tu visualises le concept ? Ça me semble tout à fait dans tes cordes. Tu te casserais un peu les dents au début, à n’en pas douter, mais je suis certain que tu ne finirais pas trouver ta vitesse de croisière ! « Je pense comprendre la logique. Je suppose que c'est un peu comme quand moi, je vais m'asseoir sur le rebord d'un cratère de Lune, et que les villes ne sont plus que des amas lumineux à la surface de la Terre ... » Fait la jeune Tamaraneanne. Tu arques un sourcil, peu sûr d’où elle souhaite en venir. Tu la laisses poursuivre. « Un grand sage m'a un jour dit qu'il n'y avait pas de mal à avoir la bougeotte, mais qu'il ne fallait jamais hésiter à se créer un chez soi. J'ai eu du mal à saisir le concept, car j'avais plutôt l'impression de n'avoir de cesse de fuir plutôt que de voyager délibérément, mais il est parvenu à me convaincre. Et pas uniquement parce qu'il était très séduisant et qu'il embrassait comme un dieu, ou parce qu'en ce temps là, il était mon Leader adoré. » Tu soupires alors, avant de laisser échapper un léger rire. Tu as beau savoir que Kory est capable des pires maladresses verbales, elle ne cesse de te surprendre. Cela explique en un sens ce qui t’attire chez elle. Tu aimes la surprise, l’inconnu, et à n’en pas douter, Koriand’r est plus que capable d’apporter tout cela. Tu agites alors la tête de droite à gauche, dans un mouvement lent et presque imperceptible. Tu n’as pas attendu plus longtemps pour relier tes lèvres aux siennes. A vrai dire, après cette conversation imprévisible, tu n’avais envie que de cela. La sentir contre toi, sentir sa présence, son parfum. Sa peau sous tes doigts. Cela t’avait bien trop manqué, finalement, et tu te sentais bien trop pris dans un élan de tendresse tactile pour ne pas succomber. « Dick, j'aurais toujours besoin de toi dans ma vie ... » Ces mots ne t’aident pas à te contrôler d’avantage. Vos corps se divulguaient alors un peu plus, au fil des secondes qui s’écoulaient dans un soubresaut. La main de la jeune femme agrippa la tienne, pour la faire glisser sur sa poitrine dénudée jusqu’à son collier magique, lui permettant de changer d’apparence, entre Kory et Koriand’r. Vos regards embrasés se croisèrent, et tu compris aussitôt ce qu’elle signifiait par ce geste. A vrai dire, vous n’avez que rarement besoin de mots pour comprendre. Vous avez longtemps fonctionné au regard, dès votre alliance au sein des Titans. « Tu sais, je n’ai jamais fait la moindre distinction entre Kory Anders, et Koriand’r. Pour moi, il s’agit d’une seule et même personne. Les deux réunies forment la Kory que je connais. L’une sans l’autre… Ce ne serait pas pareil. » Commences-tu, dans un souffle, d’une voix basse. « Je ne suis pas plus attaché à une de tes apparences, mais… Je t’ai vu la première fois en tant que Koriand’r, et dans l’immédiat, c’est elle que je souhaite retrouver. » Fais-tu finalement. Lorsque Kory reprit son apparence d’origine, en tant que Koriand’r, tu repris enfin ton envie là où tu l’avais laissé. Vos corps vinrent rejoindre le lit de ta chambre, sans se quitter un instant. Tu te sens terriblement bien. Beaucoup trop, même, te disant que cela ne peut durer. Mais tu préfères apprécier l’instant plutôt que penser à autre chose.

Vous êtes tous les deux sous les draps de ce lit. La dernière fois était… Il y a bien longtemps, finalement. Ton bras enlace le corps de Koriand’r, et ton autre main caresse sa peau. « Eh bien… Je crois que tu n’étais pas venue dans l’idée que cela se termine comme ça, mais finalement, tu devrais perdre tes vêtements plus souvent ! » Plaisantes-tu à l’encontre de la jeune femme. Elle qui cherchait à se refaire une garde-robe, s’était retrouvée sans le moindre vêtement. Belle ironie ! « Hum… Et maintenant ? » Demandes-tu. Il est vrai que maintenant… Tu es perplexe. Que va-t-il se passer ? Tu n’as pas envie qu’elle parte, là tout de suite, pas après tout ce qu’il vient de se passer. D’un autre côté, tu as déserté ton travail pour finalement profiter de plaisirs charnels en plus de mettre à plat certaines choses, ce qui finalement, sont d’excellentes raisons. Mais peut-être que Koriand’r a plus important à faire désormais, comme réellement reconstituer une garde-robe !

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DICK && KORY

Nul ne pouvait dire que, niveau écoute, Kory se situait en bas de l'échelle, et qu'il fallait sans cesse tout lui répéter parce qu'elle était éternellement ailleurs, ou parce qu'elle ne faisait aucun effort. Il ne fallait pas croire, mais chaque jour, elle déployait une énergie considérable pour s'accrocher, et pour ne pas lâcher prise, afin de toujours plus et de toujours mieux se familiariser avec l'environnement au sein duquel elle évoluait désormais. Elle écoutait, et si elle ne faisait pas que ça, elle était acharnée dans cette voie. Parce que ses facultés d'observation, certes, n'étaient pas non plus à remettre en cause, mais il fallait bien qu'elle puisse recouper les indices, pour obtenir un faisceau concordant, et parce que les apparences étaient bien souvent trompeuses. Ce n'était pas qu'un adage terrien, c'était absolument vrai. Et cela l'était sans doute d'autant plus qu'on relie toujours ce que l'on voit à un bagage personnel et émotionnel, à un vécu, à une éducation, à un contexte social, également. Ses références, Kory les tirait de son peuple, mais aussi des douloureuses épreuves qu'elle avait traversées, des infectes expériences auxquelles elle avait survécu. Or, tout ceci ne concordait pas avec la vie sur Terre. Ce n'était pas un échantillon approprié pour comprendre et juger les choses. D'où la nécessité pour elle de sans doute poser un milliard de questions, d'avoir besoin qu'on comprenne qu'elle faisait des efforts, mais que cela demandait du temps que de se fondre un tant soit peu dans la masse, de reléguer au second plan toute une partie de sa vie et de son système de compréhension. Mais en règle générale, étant bien entourée, elle bénéficiait de la compréhension et de la gentillesse des gens. De toute façon, elle repérait facilement ceux qui n'envisageaient pas le moindre effort, de sorte à ne plus se tourner vers ces gens là en cas de besoin. C'était une solution leur bénéficiant à tous, des deux côtés. Ils s'évitaient des maux de crâne, et elle s'épargnait leur blase, leur condescendance et leur sentiment de supériorité. Parfois, il y avait même de la misogynie, une notion dont Kory ne comprenait absolument pas l'intérêt parce que sur Tamaran, sans être révérée, la place des femmes valait autant que celle des hommes. Sans parler du fait que si, ici, sur Terre, toutes les religions monothéistes représentaient leur dieu unique sous la forme d'une entité masculine, sur Tamaran, tous croyaient en X'Hal, et tous la vénéraient. Et aux dernières nouvelles, X'Hal n'était pas moins qu'une femme. De toute façon, cela se serait su depuis longtemps sur la nation tamaraneanne entière n'était pas prête à être dirigée par une femme. La levée de boucliers se serait rapidement faîte à l'instant même de la naissance de Koriand'r, sans doute. Et puis ... Et puis le peuple avait souffert et pleuré le sacrifice consenti de force par la jeune femme, lorsque la belliqueuse Citadelle était venue imposer ses conditions. Nombreux étaient ceux qui s'étaient insurgés, et ceux qui avaient cherché à négocier. Même si ceux-là s'étaient sans doute un peu trop empressés de vouloir alors se débarrasser de Komand'r. Pas parce qu'elle était femme, mais parce qu'ils la voyaient comme bien trop tarée, au sens propre du terme, pour leur servir à quelque chose et dignement pouvoir les représenter et les servir d'une quelconque façon.

Peut-être que nombre de ses paroles ne font que peu de sens. Peut-être qu'elle est dure à suivre, parce que ses pensées vont à tout va, et que son esprit est bien plus vif que celui de la majorité des Terriens. Le fait qu'elle ne soit pas de cette planète et qu'elle n'en partage pas de gênes communs fait que, sans doute, de grandes disparités existent, sans parler de l'éducation qu'elle a reçu. Il y a fort à parier qu'ici sur Terre, les êtres destinés depuis leur naissance aux mêmes grandes responsabilités qu'elle ne se comptent que sur les doigts d'une main. A ce qu'elle en savait, il y avait au moins Diana, et ce bien que le peuple des Amazones ne pouvait numériquement pas rivalisé avec le peuple tamaranean. Depuis toute petite, elle était censée régner un jour sur plusieurs milliards d'habitants, sur son peuple, sur sa planète. Cela impliquait donc un certain nombre de principes primordiaux d'éducation, et un standing allant avec. On l'avait laissée découvrir bien des choses par elle-même, cependant, là où sur Terre, certains en viendraient à tout critiquer de ces principes d'éducation. Par manque de cadre, selon eux, par perte de temps précieux, aussi, sans doute. Mais l'éveil intellectuel ne peut pas se faire enfermer dans des salles sans fenêtres, le nez plongé dans les livres, n'est-ce pas ? Petite, Kory, elle, elle avait exploré cette flore potentiellement létale. Elle avait approché de près cette faune dont bon nombre de représentants avaient des crocs et des griffes, voire des serres, suffisamment acérés pour ne vous laisser aucune chance. Enfin ... Enfin, cela ne l'empêchait donc pas aujourd'hui de partiellement poursuivre dans cette voie, et ce même si bon nombre de variables avaient changé, pour ne pas dire toutes ou presque. Elle avait besoin de stimulation intellectuelle, et allait donc toujours assez vite dans ses pensées et réflexions. Même si elle savait mettre le pied sur la pédale de frein, comme on dit, pour ne pas se retrouver trop larguée par rapport aux autres, et aussi pour s'éviter quelque déconvenue en pensant avoir tout compris et donc être allée dans le bon sens, alors que non. Il fallait la canaliser, et le fait de devoir gérer tous ces jeunes des Teen Titans l'aidait énormément. C'était très chronophage, donc cela lui laissait moins de temps pour ses quelques divagations intellectuelles, ce qui était une bonne chose, sans doute. Il y avait aussi ces figures tutélaires, qui n'hésitaient pas à lui indiquer qu'elle s'emportait un peu, qu'elle était tout feu tout flamme, sans mauvais jeu de mots. Et puis, il existait des moyens d'extérioriser un trop plein d'énergie, et ce même ici sur Terre, sans forcément avoir recours aux techniques qui viennent en premier à l'esprit. Le recours à des terrains connus de Koriand'r comme des Tamaraneans était donc toujours une bonne chose. Ce que visiblement Dick avait décidé de ne pas se priver de faire ! Mais loin de Kory l'idée de s'en plaindre ...

« Alors je serais Koriand'r ... Quitte à ce que tu t'en brûles les ailes. »

Elle bailla, Kory. Pas parce qu'elle était lassée, et pas non plus parce qu'elle s'ennuyait. Mais parce qu'il paraît que c'est là un réflexe naturel du corps. Et pas que du corps humain visiblement. Il s'agissait là d'un effet thermorégulateur, visiblement, pour que le cerveau prenne l'air, se refroidisse, quelque chose comme ça. Elle l'avouait bien volontiers, mais elle ne s'était jamais réellement penchée sur la question. A peine avait-elle entendu quelques bribes d'un documentaire que Rachel avait regardé concernant le corps humain et son fonctionnement. Il fallait dire que, dans le même temps, elle était occupée à réparer les dégâts qu'elle avait causé en cuisine. Sans parler du fait que c'était comme battre des cils, ou respirer, des choses que l'on faisait sans y penser, sans réfléchir, sans l'ordonner à notre cerveau, et sans se demander pourquoi on agissait ainsi, du moins, la plupart du temps. Parce que, croyez-là, dans certaines situations, même respirer devient un effort à faire, une action à entreprendre, et cela peut alors être très très douloureux. Non, en réalité, là, si elle baillait, c'était sans doute parce qu'elle était un peu fatiguée, ou parce qu'elle avait chaud, ou les deux à la fois. Ou peut-être, justement, cela n'était-il présentement qu'un geste réflexe. Ce qui était moins un geste réflexe, en revanche, c'était de frotter le bout de son nez dans le cou de Dick. Une façon de le marquer, une façon de laisser sa trace, son empreinte, son odeur. Se lancer dans des aventures et prouesses sexuelles avec Koriand'r amenait son lot de particularités, de spécificités et de surprises. Et c'était sans doute dans des instants comme celui-ci qu'on devait au mieux saisir l'importance du fossé qui vous séparaient génétiquement à elle. Elle tenait des félidés plus que des humanoïdes, c'était ainsi. Elle en viendrait presque à ronronner, même, alors qu'un rire franc et sincère fila d'entre ses lèvres.

« Et qui te dit que je n'avais pas anticipé tout ceci ? »

« Non, en fait, tu as raison, je n'avais absolument rien prévu. Moi qui venait en effet juste pour obtenir ton aide pour me vêtir, voilà que cela a abouti à l'effet inverse ! Pas que je m'en plaigne cependant ... »

« Maintenant, je crains fort que je ne sois condamnée à prendre une bonne douche, voire un bon bain. »

« Il va falloir que je frotte, et tout, cela risque de prendre du temps, surtout dans les recoins difficiles à atteindre, comme dans le dos par exemple. Et ensuite, il va falloir que je m'essuie, et tu sais, l'eau, c'est pernicieux, ça s'imprègne partout, pfioou, aucun millimètre carré n'est épargné. Et je vais devoir faire ça seule, tu te rends compte ... »

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Spoiler:

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» Give me five [Feat. Tim]
» Music give a soul to our hearts and wings to our thougts. ✽ Raven
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» To test a man's character, give him power ⚔ Dick
» you need chaos to give birth to a dancing star (Diana)