This dream is for all of us.

This dream is for all of us
steve & james

Bras étirés vers le plafond, je me surpris à sourire à pleines dents. Cela faisait, me semblait t-il, une décennie que je n'avais pas pu profiter d'une journée de repos comme celle-ci. Mes dernières vacances remontaient à mon congé maternité. Autant dire que je ne considérais pas forcément ce dernier comme étant de tout repos. Bien sur pendant les derniers mois de ma grossesse, je n'avais rien fait. Ordre du médecin. J'avais pour obligation de rester au lit, sous peine de créer des dommages corporels irréparables à mes enfants.  Mais cela n'avait pas été aussi reposant que l'on pouvait bien le penser. Au contraire même. Quand à l'accouchement en lui même. Je supposais que cela se passait de commentaires. Jamais, je n'avais autant souffert de ma vie. Après deux péridurales ratées par une infirmière incompétente, j'avais finalement subie une césarienne d'urgence sous anesthésie générale.  Selon certaines personnes, mon réveil avait été chaotique et avait été ponctué de jurons destinés à l'infirmière ratée. Un fait qui avait beaucoup fait rire mon père habitué à mon caractère plutôt doux et toujours aimable. Personnellement, je me sentais parfaitement justifiée dans mon laisser aller. Elle m'avait fait un mal de chien. Ce n'était que bien plus tard que j'avais appris à quel point elle avait vraiment mal fait son boulot. Un peu plus et je restais paralysée à vie. Rien que d'y penser, cela me donnait envie de me pointer à la maternité où elle travaillait encore pour aller lui passer un soufflon. Mon côté juge n'était jamais loin. J'étais la bouche de la loi et de la morale comme on disait. Malgré mon air soit disant aimable, je n’hésitais jamais à l'ouvrir. On ne faisait pas mon métier après tout lorsqu'on était timide.

Après quelques secondes de plus à me prélasser, je finis par rabattre les couvertures au pied du lit pour m'extirper de ce dernier. Avant de sortir de ma chambre, j'enfilais une sortie de lit en satin. Je me laissais guider par la suite par les bruits de la maison. Jenna, la femme de ménage, était apparemment occupée à nettoyer la salle de bain. Judith, la nounou de 25 ans et jeune fille au pair australienne, semblait occupée à ranger la chambre des jumeaux. Je passais dans chaque pièce pour leur faire mes salutations matinales. Le fait qu'ils soient mes employés n’enlevait rien à la politesse. Quand au chef cuisinier de la maison, il était afféré à son endroit préféré. La cuisine. Lui en revanche, ce n'était pas mon employé. Non, c'était mon mari. Un mari qui me comblait un peu plus chaque jour que nous passions ensemble. Sortir avec lui, nous fiancer, nous marier et avoir des enfants avaient été les meilleures décisions de ma vie. Je n'en regrettais aucune.  Avec un sourire tendre sur les lèvres, je m'accoudais à la chambranle de la porte et le regardais faire. Apollon et Artémis, mes jumeaux, gazouillaient gaiement en écoutant leur père dans le parc pour bébés montés un peu plus loin.  Je ne restais pas inaperçue bien longtemps. Artemis tourna la tête dans ma direction et commença à s'agiter en poussant des cris stridents. Son frère, alerté, commença à en faire de même. Face à leur enthousiasme, je dus troquer mon point d'observation pour leur servir de porteur.  Avec la force d'une expérience gagnée pendant la dernière année, je les soulevais à tour de rôle pour les laisser reposer chacun sur une hanche. Mes lèvres chaudes ne tardèrent pas à se poser sur leurs peaux douces. Je m'imprégnais de leurs parfums tout en marchant les quelques pas qui me séparés de l'homme de ma vie. « Bonjour » soufflais je avec un sourire en me penchant pour déposer un chaste baiser sur ses lèvres. Avec deux enfants dans les bras, c'était bien tout ce que je pouvais lui accorder. Les deux garnements auraient eu tôt fait de nous rappeler à l'ordre dans le cas contraire. C'était leur nouveau jeu. Repousser papa lorsqu'il embrassait maman et inversement. La jalousie des bébés était quelque chose de hautement amusant. Personne ne touchait à leur territoires. «  Bien dormi ? » lui demandais je en le contournant pour retourner dans le salon.  Avec délicatesse et sans mouvements brusques, je me posais dans mon canapé.  Bientôt je servis de mur d'escalade pour deux bambins pleins d'énergies.  Avec des bébés, nous n'étions jamais au bout de nos peines.