Visez le symbole de l'exécutif sur le tapis présidentiel : un aigle qui tient entre ses serres des flèches et des feuilles. Visez les photos dans des cadres sur le bureau en chêne : Luthor en photo de groupe avec des milliardaires dont Bruce Wayne. Luthor en train de jouer au golf avec le gouverneur du Nevada. Luthor en train de serrer la main de Black Adam le chef du Kahndaq. Sur les photos Lex arborait son sourire électoral dans le style je-vous-aime-mais-je-vous-méprise.
Luthor était assis, encadré par le drapeau fédéral et le drapeau de l'union. Il se sirotait un cocktail tout en lisant la dernière édition du Daily Planet. Loïs Lane la garce n°1 (jugement sans appel) voulait toujours sa tête. Luthor ôta la cerise de son verre et la croqua. Il regarda sa montre. Plus de minuit. L'insomnie virait à l'épidémie chez tous les membres de son administration depuis que le Daily Planet avait ressortit la carte de la campagne médiatique anti-Luthor. Lex remua son cocktail. Pensées intimes : la chambre des représentants avaient acceptés ses dernières mesures. Normal, il contrôlait plusieurs sénateurs et députés grâce à ses moyens d'écoutes illégales et de surveillance cybernétique. Il savait qui battait sa femme, qui consommait de la drogue, qui touchait des enveloppes et qui fréquentait les prostituées. Lex examina le dessous-de-verre de son cocktail. Il représentait le même aigle en colère que le tapis. Lex tritura sa chevalière. Sa bague avait une émeraude verte qui émettait une étrange lueur verte…
Appel téléphonique, Lex décrocha et entendit :
« Monsieur le président, il est arrivé... »
Il raccrocha et quitta son fauteuil en réajustant sa cravate en soie cousue main. Luthor passa devant des portraits présidentiels en quittant la pièce. Franklin Roosevelt semblait lui jeter un regard qui disait : bien essayé petit. Ulysse Grant aiguisait un certain regard qui disait : tocard. John Kennedy semblait le fixer en disant : c'est le pied de diriger notre foutu pays.
Luthor prit un ascenseur et se dirigea en sous-sols pour sa rencontre nocturne clandestine. Là où se trouvait le bunker présidentiel. Il croisa des gorilles en costard trop serré pour eux. Les hommes les plus musclés qu'on ait jamais vu dans le secret service. Les deux terreurs semblaient s'être étiolés juste après avoir vu arrivé le convive de Luthor en pleine nuit pour cette rencontre secrète. Leur état de nervosité indiqua tout de suite à Luthor que son associé occulte était bien là. Ses gardes du corps semblaient avoir envie de se tirer le plus loin possible de l'endroit. Luthor les laissa sur place et pénétra dans le bunker secret sous la Maison-Blanche. Luthor marcha à travers un couloir en béton. Il entra dans la vaste pièce et referma la porte blindée derrière lui. Mur en composite de carbone coulée dans le béton renforcé. Personne ne pourrait épier leur conversation, pas même Cyborg, encore moins Superman, et surtout pas cette garce d'Amanda Waller.
Visez le pied à terre de Luthor. Un vrai repaire de génie du mal. Des étagères de bibliothèques, éparpillés ça et là des ouvrages : l'eugénisme de Millard, l'anatomie avancée de Grey, la rhétorique de Cicéron, l'art de la guerre de Sun Tzu. Des étagères à dossiers top-secret qui s'élevaient jusqu'au plafond pour exploiter la moindre place possible. Les décorations dans la pièce ? Du sinistre bien à la Luthor. Matez un peu ces planches anatomiques illustrés de cadavres de para-démons, récupérés suite à l'invasion manqué de Darkseid. Lex le curieux les avait charcuté en long, en large et en travers pour les étudier de A à Z. Observez ce cadre d'une photo de presse grandeure nature de Superman. Lex le malicieux avait griffonné dessus : « Némésis, est-ce moi qui t'ai fait apparaître ou est-ce toi qui m'a inventé ? ». En plein milieu de la pièce, le summum de la pensée Luthor : une vitrine blindée contenant un fragment massif de kryptonite. Le minerai reposait sur un coussin en velours pourpre. La pierre avait la même lueur que celle de l'émeraude sur la bague au doigt de Luthor. Un jeu d'échec avec un plateau en acajou et des pièces en érable trônait à côté. Sur un mur entier de la pièce était étalé un gigantesque tableau de liège, sur lequel était épinglé les photos des portraits de la totalité des méta-humains justiciers que la Lexcorp avait recensé sur terre. Et là en plein milieux. Les portraits des 7 fondateurs de la Justice League. Avec bien en évidence, les 3 têtes de la trinité du groupe. Superman tout au milieu. L'épicentre de toute la communauté super-héroïque.
Luthor s'approcha de Sinestro, il retira en passant sa perruque et la déposa sur un meuble. Plus besoin de dissimuler son crâne chauve, ils étaient entre eux. Lex se planta à côté du yellow lantern. Luthor se prit un cigare cubain et se l'alluma avec un briquet en or affichant ses initial. Le président s'entoura d'une volute de fumée en contemplant son mur de cibles à abattre. Il finit par glisser à son collègue :
« Nous y pensons tous pas vrai Thaal ? Impossible pour chacun d'entre nous de l'Injustice League de se retrouver dans une même pièce, sans qu'un de nos compagnons d'armes ne remette ça sur le tapis. »
Invité à la Maison Blanche pour s'entretenir avec le président des États-Unis d'Amérique. Pour un individu lambda, ce serait un grand honneur. Pas pour Sinestro. Tout d'abord parce qu'il n'est pas natif de la planète Terre. En tant que Green Lantern, il eut d'innombrables occasions de rencontrer des leaders de mondes différents. Du simple chef de guerre à l'empereur de centaines de mondes, le renégat Lantern n'était pas impressionné par le statut présidentiel de son hôte humain. D'autant plus qu'il ne représentait que l'un des 193 états composant sa planète sous-développée. Et enfin, Luthor et lui se connaissaient déjà du fait de leur appartenance à la même société secrète. En bref, un simple entretien en tête-à-tête mais qui aurait au moins le mérite d'être plus intéressant que la plupart des discussions qu'il eut avec les oligarques extra-terrestres. Et plus intéressant qu'une discussion avec un Gardien.
Bénéficiant théoriquement de fonds quasi-illimités, l'Injustice League s'était montrée généreuse à l'encontre de son membre fondateur Korugarien. Pour préserver son anonymat, des technocrates et des faussaires lui avaient créé une nouvelle identité terrienne. Sous son apparence humaine, il se fait appeler Thaddeus Nestro, est expert et collectionneur en antiquités, et dispose d'un arbre généalogique complet de White Anglo-Saxon Protestants. C'est un gentleman qui vit reclu dans un manoir de style Queen Anne dans le quartier historique de Coast City. Financièrement il vit grâce à un porte-feuilles d'actions géré par une filiale de la LexCorp. Plus de quarante personnes honnêtes peuvent affirmer, main sur la bible, connaître ce passionné d'histoire et certains eurent même la chance de l'avoir connu sur les bancs de l'université. Des photographies illustrant les différentes étapes de sa vie à Coast City ornent les murs et meubles victoriens de son manoir. Beaucoup d'efforts pour masquer sa véritable origine et ainsi lui permettre de comploter discrètement avec ses collègues de la League. Évidemment, Sinestro faisait semblant d'ignorer l'existence des appareils de surveillance miniaturisés truffant son logement. Le contraire l'aurait sans doute vexé.
C'est donc sans crainte d'éclabousser Luthor d'une quelconque relation douteuse que l'honorable historien et actionnaire minoritaire se rendit tardivement le soir au siège du pouvoir nord américain. Les curieux journalistes ne pourraient que spéculer sur la passion de leur chef d’état pour les antiquités. Sous son apparence humaine, Sinestro quitta la voiture l'ayant amené à la Maison Blanche et y pénétra sans problème. Son anneau jaune lui permettait de changer la forme et la couleur de ses vêtements mais également de modifier légèrement ses caractéristiques physiques. Sa peau était de la même pâleur que celle des terriens tandis que sa chevelure et sa pilosité faciale furent masquées afin de réduire les chances d'être démasqué. Il portait un élégant costume trois-pièces de couleur beige. Quant à son anneau, il n'était pas changé mais sa couleur lui donna la consistance de l'or massif et non pas d'énergie pure solidifiée.
Deux malabars aux cheveux ras l'invitèrent poliment mais fermement à le suivre après s'être assuré qu'il ne transportait aucune arme sur lui. Évidemment, ils ne prêtèrent aucune attention à son épaisse bague dorée. Sans un mot, Sinestro les suivit jusqu'à un ascenseur qui les amena au sous-sol. Plusieurs agents de la sécurité rapprochée du président Luthor s'y trouvaient. Leur mine patibulaire se modifia rapidement. La démarche, le regard que dégageait ce VIP commença à les rendre nerveux. Il irradiait littéralement d'une aura inquiétante. Maître des peurs, l'ancien Green Lantern auscultait ces gardes, découvrant leur peur. Peur des chiens, peur des clown, peur du vide, peur de Lex Luthor, etc... Un exercice simple et amusant.
Son escorte le laissa rentrer seul dans le bunker dans lequel se tiendrait la rencontre. Leur peur baissa d'un cran, symptôme de leur satisfaction d'en être débarrassé. Thaal scruta attentivement le décor intérieur fortement personnalisé. Ses ouvrages, ses découvertes, ses travaux, ses obsessions, ses inspirations. Anthropologue de profession, le Korugarien avait sous les yeux tous les éléments qui définissait l'homme qu'était Lex Luthor. Le rêve de tout biographe américain désireux de produire l'ouvrage le plus détaillé de ce célèbre multi-milliardaire. Son regard s'arrêta sur la photographie représentant les membres fondateurs de la Justice League. Hal Jordan s'y trouvait. Cette photo de groupe avait sans doute servit de base au recrutement de leurs némésis.
Luthor était arrivé et avait refermé la porte. Sinestro ne réagit aucunement à son arrivée, toujours concentré sur les éléments épinglés sur le mur. Son hôte exhala la fumée d'un produit addictif et servant de marque de statut social élevé juste à côté de lui. Typique. Prévisible. Aucune réaction supplémentaire de la part de l'invité. L'oligarque commenta la sempiternelle pensée animant chacun de leurs réunions. La seule réaction de son collègue irrité fut d'étrécir ses yeux froids.
« Difficile de ne pas songer à l'unique raison permettant à ce groupe d'exister », ironisa Sinestro en s'éloignant du mur. Imitant son collègue au crâne reluisant, il était également temps pour lui de montrer son véritable visage. En levant son poing gauche, sa bague se mit à luire. Sa main puis son avant-bras, son torse puis le reste de son corps changea progressivement. Sa peau reprit sa teinte magenta et son costume jaune et noir reparut. Son visage arbora à nouveau sa fine moustache, ses cheveux de jais et ses yeux noirs à l'iris doré.
« Je préfère que vous m'appeliez par mon nom de famille, Luthor. » Sinestro croisa les bras et braqua son regard sur son hôte. « J'espère que nous n'avons pas besoin de nous remémorer le leitmotiv qui nous unit et que nous pouvons passer directement à la raison de votre invitation. Non pas que j'aime radoter, mais je ne pense pas que vous m'ayez déranger pour avoir un débat trivial. Alors... De quoi s'agit-il ? »
Sinestro le sévère se montra d'emblée déplaisant. Luthor joua du charme pour essayer de l'amadouer, avec son ton tout doucereux des mondanités.
« Très bien, je vous appellerais Sinestro si vous le souhaitez, mais ne soyez pas aussi formel mon ami, appelez moi Lex. Je sais très bien que vous méprisez les autres tenants de notre association, qui sont souvent d'un abord… primaire... »
Black Manta et son niveau de conversation qui frôlait le vide sidéral, Cheetah et sa férocité qui tournait à l'obsession animale, Zoom à mi-chemin entre l'égomaniaque et le monomaniaque. Deathstroke, qui se prenait pour un condottiere version 21ème siècle. Etc…
« ...mais je suis plus élaboré qu'eux et vous le savez très bien. Après tout nous partageons la même vision du monde : les méta-humains de cette terre et plus largement, tous les êtres à pouvoirs du cosmos, doivent être encadrés, surveillés et au besoin anesthésié ou euthanasié pour que chaque civilisation puisse continuer à perdurer. Nous savons aussi en tant que leader, qu'il est de notre devoir de faire preuve de la sévérité la plus implacable et la détermination la plus brutale, pour garantir la pérennité des communautés que nous avons jurés de protéger. Même d'eux-mêmes. »
Luthor souffla un nuage de fumée et déambula vers une étagère. Il passa devant un buste de lui-même en marbre. Il fouina dans ses dossiers et en brandit 3 qu'il tendit à Sinestro.
« Juste en passant, la terre aurait bien besoin d'un membre de votre corps de lanternes pour assurer sa protection de divers dangers, aussi bien quotidiens qu'occasionnels. »
Les 3 trombines dans les dossiers du président des USA : un clone contrefait de Superman avec une tête de déterré, un type patibulaire engoncé dans une armure grise avec un éclat minéral vert sous protection au milieu du torse et une mocheté coloré pourpre qui se résumait à une masse avec une bouche vorace au milieu. 3 noms au dessus des photos. Projet Bizarro n°3. Projet Metallo. Projet Parasite.
« Ils ne sont pas encore au point, mais ça ne serait tarder. L'un d'eux est forcément un candidat idéal pour rejoindre vos rangs, pensez-y à l'occasion. »
Sourire de requin. « Appelez-moi-Lex » manquait de subtilité. Il était clair qu'il voulait que Sinestro dote l'un des sbires secrets de la Lexcorp d'un anneau de puissance jaune, afin de pouvoir l'accaparer et l'étudier en laboratoire, pour s'approprier un tel pouvoir. « Appelez-moi-Lex » était persuadé dans sa démesure de pouvoir y arriver… Le chauve agita son cigare d'un geste lent dans sa main, le regard pensif dans le vide, dans le style réflexion commune.
« Avant de vous parler plus avant de la raison de votre présence ici, j'aimerais votre opinion quand à un sujet encore problématique, même pour des gens de notre stature. Pendant des années j'ai adhéré à la théorie des « cordes » de la physique quantique. Le destin ou le hasard a fait que depuis l'année dernière cette théorie s'est révélé vraie et a aboutit. Elle a maintenant un nouveau nom pour désigner un fait indubitable : le multivers. Votre sentiment à ce propos ? Vous avez bien quelques opinions quand aux opportunités et aux dangers de ce concept avec lequel il va nous falloir composer à l'avenir ? »
« Appelez-moi-Lex » s'approcha du mur affichant les portraits de leurs nombreux ennemis. Il enfonça carrément la braise de son cigare dans le visage papier de Superman afin de le défigurer.
Luthor lui rappela la ressemblance de leur objectif principal, bien que Sinestro ne fut pas d'accord sur un point bien précis. Les deux hommes luttaient contre l'organisation représentant la soi-disant justice dans leur zone de lutte respective afin d'y ramener l'ordre. La seule différence entre eux, en dehors de la différence Terre/Univers, c'est que le multi-milliardaire terrien devait faire face à un nombre de méta-humains anormalement élevé. Un combat honorable qui lui valu le respect du Korugarien.
Cependant, Luthor ne se contentait pas de parler pour ne rien dire. Lui dévoilant une partie de ses résultats dans sa lutte contre les méta-humains, le leader de l'Injustice League lui présenta ses armes méta-humaines de représailles en mentionnant leur candidature spontanée pour intégrer le Sinestro Corps. Sa façon intéressée d'énoncer sa convoitise pour les anneaux jaunes manquait de subtilité.
« Les anneaux choisissent leur porteur. Je ne dispose que d'un droit de veto », répondit-il en survolant brièvement les dossiers. Bien que ses allées de Qward forgeaient ses anneaux en masse à partir d'énergie jaune pure, Sinestro ne pouvait se permettre d'agir par favoritisme. Les Green Lanterns, bien que faibles par leurs chefs et par leurs lois, formaient une armée qu'il ne pouvait ignorer. Similaire au fonctionnement du groupe Suicide Squad de la Terre, son Corps rassemblait de très nombreux criminels dont leur perte ne l'inquiéterait pas outre mesure. Leur loyauté dépendait de leur soif de pouvoir, de leur désir de vengeance et de bien d'autres paramètres. Autant dire que la grande majorité de ses Lanterns lui étaient dévouée par la simple peur de perdre leur anneau. Les sbires de Luthor se devraient d'être loyal envers Sinestro et surtout utiliser littéralement la peur comme une arme.
Il est évident que Sinestro n'hésiterait pas un seul instant à faire une entorse à cette règle de recrutement si cela lui apportait un avantage stratégique. L'une de ces exceptions est Hal Jordan qui, bien que refusant l'emploi de la peur, bénéficie d'un entraînement intensif de Green Lantern.
« Le multivers ? Il me semble évident qu'il existe. Nous en avons eu la preuve récemment avec l'attaque du Syndicat du Crime. En supposant qu'il existe une version alternative de notre univers pour chacune des actions qui n'ont jamais vu le jour, il existerait donc une infinité d'univers possibles. Je ne suis pas physicien donc je n'irai pas plus loin que cette réflexion. Quoi que puisse cacher le multivers, cela me motive à rétablir l'ordre dans notre univers pour mieux nous en défendre. »
Parlant avec expérience, Sinestro connaissait les risques de ces incursions d'autres univers parallèles. Ultraman avec une force pour la kryptonite et une faiblesse pour la soleil, soit l'exact opposé de Superman avait à lui seul fait en sorte de discréditer toute forme d'attaque conventionnelle à son encontre. Inutile de planifier des contre-mesures. Elles pourraient s'avérer sans effet ou, pire, avoir l'effet inverse. Ce fut pour cette raison que Sinestro s'arrangea pour détruire Power Ring lorsque ce dernier fut vaincu. Malheureusement simpliste, c'était le seul plan envisageable : détruire ces menaces.
« Et vous ? Qu'avez-vous décidé ? Vous n'êtes pas le genre d'homme à poser des questions de cette nature sans y avoir réfléchi. »
Sinestro devina aussitôt que si Luthor avait abordé le sujet du multivers, c'était à cause des menaces qui en découlaient. Et bien évidemment le Syndicat du Crime.
« J'ai plusieurs choses à aborder à ce propos. Parlons faits, résumons l'état des lieux. »
Le président des USA s'éloigna du mur affichant leurs différents ennemis et prit place à son bureau. Il ouvrit un tiroir et en déposa sur la table plusieurs dossiers de la CIA et du FBI dont il consulta les portraits anthropométrique et les notes tout en parlant au yellow lantern.
« Récapitulons. Seaman a été abattu par Wonder Woman, Deathstorm a été annihilé par Poison Ivy, notre bon ami le Dr Zoom a réglé son compte à Johnny Quick. Vous mêmes vous nous avez débarrassé de Power Ring. Tous les autres sont désormais en captivité. On peut tenir Atomica pour quantité négligeable, je ne fais pas grand cas d'Owlman. Quand à Superwoman, elle est certes très puissante, mais sans tous les autres, elle est à notre portée. Ma grande inquiétude c'est Ultraman. »
Luthor serra son presse papier d'un geste nerveux.
« Ces idiots de la Justice League l'ont mit en captivité malgré sa nocivité. C'est une calamité néfaste qu'on ne peux risquer de garder en vie. Je veux sa mort... »
Luthor avait encore le souvenir du duel douloureux qu'il avait livré contre le dangereux double maléfique de Superman et les blessures qu'il lui avait infligé à travers son armure de combat. Lex avait été contraint de marcher avec une canne pendant le reste de sa campagne électorale pour la Maison Blanche.
« Il n'y en a plus qu'un dernier en liberté, le seul qui n'a pas été tué ou capturé dans cette cabale venu d'un autre monde… »
Il ne cita pas son nom, mais Lex évoquait evidemment Alexander Luthor, son propre double maléfique. Il était le Shazam de la dimension du Syndicat et avait la particularité de pouvoir absorber n'importe quel pouvoir, une fois qu'il avait tué son détenteur.
« On aura un mal fou à le défaire en combat singulier celui-là. Il est au moins aussi puissant qu'Ultraman. Ils le craignaient tous. Et je soupçonne que je serais sa prochaine cible. Il est mon jumeau physique. Il lui suffit de me tuer en secret et de prendre ma place pour se retrouver à la tête des Etats-Unis. »
Lex se mit à relire nerveusement le dossier d'Alexander Luthor.
« Pire, il a engendré un fils avec Superwoman. L'enfant est doté de la même capacité que son père. Il peut absorber n'importe quel pouvoir. Les amazones l'avaient gardé pour elles aux dernières nouvelles. Je ne sais pas ce qu'il est advenu de mon… euh je veux dire du fils de mon double. »
Confusion dans le regard de Luthor, c'est avec gêne qu'il s'empressa d'évoquer le point suivant.
« Et le dernier point, le plus inquiétant, c'est ce qu'a évoqué Atomica lors de son interrogatoire par la Justice League. Le Syndicat avait fuit son monde mourant à cause d'une entité cosmique qui détruit les mondes et les dimensions. Elle a cité un nom : l'Anti-monitor. »
Luthor quitta son bureau et vint se planter devant la vitrine blindée de son imposant fragment de kryptonite. Il le contempla, les mains croisés derrière le dos et révéla enfin pourquoi il avait sollicité cet entretien avec Sinestro.
« Il faut liquider l'héritage du Syndicat pour de bon, mais je ne peux pas le faire seul. Voilà pourquoi j'ai besoin de votre soutien. Je veux que vous m'aidiez à tuer Ultraman. A retrouver mon… le fils de mon double. Et enfin que vous dénichiez tout ce qui est connu à propos de notre nouvel ennemi, l'Anti-monitor. Il doit bien y avoir des archives sur Korugar ou d'autres planètes à ce propos ? »
Comme il s'y était attendu, Luthor n'avait pas mentionné le multivers et avait invité Sinestro sans avoir une bonne raison. Le leader de Korugar acquiesça silencieusement au récapitulatif de l’événement majeur que fut la prise de contrôle temporaire de la Terre par le Syndicat du Crime. Le dossier médico-légal concernant Power Ring attira davantage son attention. Sinestro avait procédé, de manière indirecte, à son extermination avec satisfaction. Non pas parce qu'il s'agissait d'Hal Jordan, mais d'une mauvaise imitation de son ami et élève. Ce pleurnichard trouillard ne méritait pas de vivre.
Le non-humain du duo resta muet lorsque son allié poursuivit les faits et ses réflexions personnelles. Il resta relativement impassible sauf durant la dernière partie de son monologue qui entraîna un sévère froncement de sourcils du Yellow Lantern. Luthor finit par récapituler ses objectifs et par mentionner la planète natale de son interlocuteur. Sinestro ne répondit pas aussitôt à la question posée. Il se caressa pensivement la moustache, le regard braqué sur le lourd morceau de kryptonite. S'avançant de quelques pas pour se placer à côté de Luthor, Thaal continua d'observer l'éclat du cristal couleur émeraude. Ce funeste fragment d'une civilisation perdue renforça la raison pour laquelle il se trouvait dans ce bunker souterrain : renverser les Gardiens. De la même couleur que les constructions de son ancien Corps, ce fragment de la planète Krypton était une preuve supplémentaire de l'incapacité de ces immortels à prendre les bonnes décisions.
« La mort d'Ultraman n'est pas une priorité », finit-il par lâcher. Il allait répondre à ses interrogations point par point en commençant par ce qu'il jugeait de moins important. « Cependant, sa mort est une nécessité. Bien qu'emprisonné et sans kryptonite, il représente un risque que nous ne pouvons ignorer. » Un risque extrêmement faible du fait de la difficulté de s'approvisionner en kryptonite et de sa faiblesse pour le soleil jaune. En tant normal, Sinestro n'aurait même pas considéré son cas mais cela aurait été hypocrite de sa part de ne pas laisser Luthor se défouler sur Ultraman alors qu'il avait lui-même éliminé la mauvaise contrefaçon de sa némésis.
« En ce qui concerne l'enfant, je vous conseille plutôt de vous adresser à Cheetah. C'est elle l'experte en Amazones. », dit-il en s'éloignant de la vitrine. « Par contre... » Il s'immobilisa. « Retrouver son père ne représentera aucune difficulté. » Le bras à moitié tendu devant lui et la paume de main ouverte en direction du plafond, Sinestro matérialisa une représentation extrêmement fidèle de son propre anneau. « Avec ses pouvoirs et sa personnalité, c'est un candidat potentiel pour le Sinestro Corps. Il me suffit de programmer un anneau pour le traquer et le capturer. Bien entendu, je ne vous ferais pas l'affront de le recruter. Il est trop dangereux. »
La menace que représentait ce double justifiait amplement l'enfermement de Luthor dans ce bunker. Cela n'empêcherait pas son jumeau méta-humain de forcer le passage, mais compromettrait un éventuel coup d'état sans éveiller les soupçons. Sinestro s'approcha du tas de dossiers confidentiels qu'il éplucha pour retrouver celui d'Atomica.
« Les archives de Korugar ne vont aideront pas, Luthor. Je suis le plus grand historien de ma planète et je l'étais également chez les Green Lantern qui ont accès aux archives d'Oa et donc de l'univers tout entier. », précisa modestement l'anthropologue. « C'est sans compter sur les Gardiens qui détiennent les secrets les plus importants. J'eus ironiquement l'occasion d'en découvrir un lorsqu'ils me bannirent dans une dimension opposée à la nôtre : l'Univers d'Anti-Matière. »
Sinestro finit par retrouver l'interrogatoire de la criminelle jusqu'à ce qu'en le parcourant, il mit le doigt sur le passage confirmant ses soupçons. Il poursuivit la leçon d'histoire.
« J’atterris sur la planète Qward, l'alter-égo d'Oa, sur laquelle je m'allia avec les indigènes pour façonner mon anneau. Les Qwardiens ont, à plusieurs reprises, mentionné ce nom. Sans preuve de son existence, je cru alors que l'Anti-Monitor n'étais qu'un mythe. Une entité aux pouvoirs colossaux, un destructeur de monde, leur dieu. Qward et ses lunes sont les seuls astres stellaires de ma connaissance. Cela signifie-t-il qu'il a détruit le reste de cet univers ? S'agit-il du même Anti-Monitor ? Un seul Univers d'Anti-Matière pour l'ensemble du multivers ? »
Se retournant vers Luthor, Sinestro le regarda avec gravité. Un kryptonien dopé à la kryptonite, un nouveau-né voleur de pouvoirs et son père en cavale ne représentaient pas la moindre menace en face d'une légende de ce calibre. « Nous devons envisager le pire, Luthor. »
Les réponses du yellow lantern provoquèrent des sentiments mitigés chez Luthor. Son allié se souciait peu des affaires terrestres, vu son peu d'empressement à l'aider à propos d'Ultraman et de la progéniture de son double. Il n'y avait guère que pour capturer le Luthor de l'autre monde, que Sinestro était prêt à prendre des initiatives. Et encore. Lex soupçonnait malgré ses propos qu'il était surtout intéressé pour recruter un tel potentiel de combat dans ses rangs… Mais Lex en bon politicien ne laissa rien paraître de son mécontentement, face à la tiédeur de son allié pour lui apporter son soutien. En revanche Sinestro était déjà convaincu quand à la menace cosmique à laquelle ils allaient devoir faire face d'ici un ou deux ans.
« Nous sommes tous deux réalistes. Nous savons que personne dans cet univers ne serait en mesure de détruire un tel être d'anti-matière. Mais nous pouvons peut-être le repousser dans son monde et l'empêcher de détruire le notre. Il y a eut un précédent : Darkseid. Nous pouvons travailler à partir de là. »
Il y avait une similitude entre le dieu sombre d'Apokolips et le dieu d'anti-vie qui représentait la prochaine menace. Darkseid avait beau être quasiment divin, l'ensemble de la Justice League l'avait vaincu en combat singulier avant de le renvoyer sur son monde cendreux. Depuis 4 ans s'étaient passé et le tyran n'était plus sortie de sa tanière pour retenter une invasion de paradémons sur terre.
« Vous avez raison nous devons envisager le pire pour nous… »
Moue de dégoût et de lassitude sur le visage de Luthor.
« ...en nous alliant avec la Justice League encore une fois, comme pour affronter le Syndicat du crime. Seul l'union totale des méta-humains les plus puissants à travers la terre, pourrait nous donner un atout. »
Pour protéger l'humanité, Luthor était capable de remettre à plus tard son éternel duel contre Superman. Il savait aussi que le froid et rationnel Sinestro, saurait cesser toute hostilité contre les autres green lanterns, le temps de défaire leur ennemi du moment. En revanche il allait être compliqué de convaincre tous les autres de l'Injustice League de revoir leurs ambitions à la baisse. Black Manta se fichait éperdument de mourir, du moment qu'il emportait Aquaman dans la tombe. La part bestiale de Cheetah prenait trop souvent le pas, pour qu'elle puisse s'accorder avec Wonder Woman assez longtemps. Zoom avait son propre ordre du jour. Voyageant aussi bien dans le passé et le futur, il était le seul du lot à pouvoir réchapper à la destruction de la terre par l'Anti-Monitor.
« Qui sait, à toute chose malheur est bon. Nous pourrions gérer les évènements de façon à faire d'une pierre deux coups. Envoyer nos bêtes noires en première vague d'assaut pour affaiblir l'engeance pour nous. Une fois qu'ils se seront tous fait anéantir jusqu'au dernier, nous n'aurons plus qu'à achever l'engeance. »
Souffla Luthor avec un sourire lugubre, mi-sérieux et mi-plaisantin. C'était le scénario le plus plaisant, même s'il y avait peu de chance que ça marche. Vu le danger, ils allaient être tous contraint de faire face en même temps. Luthor posa une main sur la vitre blindée et observa son xenominéral le plus précieux d'un air pensif.
« Ma meilleure arme, la kryptonite, provient du fin fond de l'espace. Peut-être existe-t-il quelque part diverses matières ou autre artefact capable de contraindre ou de réduire l'anti-matière ? C'est une piste à explorer. »
Luthor marcha jusqu'à sa bibliothèque et en consulta les volumes. Son regard s'arrêta sur le Prince de Machiavel. Il ajouta, sans qu'on sache très bien s'il ironisait ou était on ne peut plus sérieux dans ses propos :
« Quel dommage que cette chose Monitor ne cherche que l'annihilation. S'il avait juste voulut conquérir et dominer l'univers, nous aurions pu en tirer avantage en cas de défaite. Après tout ce genre de conquérant a toujours besoin de gens de notre condition pour gérer ce qui a été conquis. En cas d'échec, ces idiots de « super-héros » auraient trouvé la mort ou la clandestinité. Alors que nous autres pragmatiques, auront su changer de camp au moment opportun, pour finir gouverneur des terres conquises. Vu mes compétences j'aurais pu être dirigeant de la terre entière plutôt que juste de l'Amérique. »
Luthor soupira.
« Mais vu que ce cas de figure n'arrivera jamais et que ce nouvel ennemi ne veut que l'anéantissement de tout, nous n'avons d'autres choix que d'opposer une résistance totale. Une sorte de combat d'arrière-garde opiniâtre. Je ne veux pas rester dans les livres d'histoires comme le président qui a sauvé l'Amérique. Ça a déjà été accomplit dans le passé par certains. Je veux rester dans l'histoire comme le président des USA qui a sauvé la terre entière. Ça c'est inédit et original. Et à la mesure de mon envergure d'homme d'état.»
Lex Luthor et Thaal Sinestro, deux individus sceptiques à l'esprit scientifique, ne purent que supputer l'existence et les capacités de l'Anti-Monitor. Thaal s'était contenté de relier l'évocation de ce nom durant l'interrogation d'Atomica et dans les récits religieux de Qward. Prudent, il préféra se préparer au pire des scénarios. Quant à Luthor, il agrémenta la prudence de son interlocuteur de suppositions et autres comparaisons hasardeuses. Le Korugarien appréciait l'esprit rationnel de son collègue de l'Injustice League, évitant de reléguer paresseusement l'inexplicable en justification mystique et surnaturelle. Il comprenait l’irrésistible besoin de son interlocuteur - sentiment qu'il partageait – de vouloir établir des théories probables pour combler leur ignorance sur ce sujet. Cependant, ces suppositions ne lui convenaient pas.
Le comparer à Darkseid ? Le tyran d'Apokolips, être aux pouvoirs quasi-divins, pouvait certes servir de point de départ à leurs investigations mais la comparaison s'avéra trop biaisée pour Sinestro. Luthor, simple Terrien coincé sur sa misérable planète, n'avait que ça dans son registre. L'Univers possédait plusieurs divins immortels que le sceptique Sinestro n'envisagea même pas de comparer au bruit de couloir Anti-Monitor. Sauter directement à une conclusion était contraire aux procédés de la méthode scientifique.
Quant à l'envoi des justiciers de la Ligue en mission suicide, Sinestro manifesta des opinions contraires. Se débarrasser d'eux pour affaiblir leur ennemi commun était une stratégie simple et diablement efficace. Par contre, il se refusait de sacrifier bêtement Jordan. Le leader du Sinestro Corps caressait toujours l'espoir de recruter son dernière élève.
« Établir un plan de bataille à partir d'un événement similaire, rechercher une faiblesse à exploiter et en profiter pour se débarrasser de nos ennemis... Je suis parfaitement d'accord avec ces trois principes là, Luthor. Mais nous oublions un détail qui a toute son importance : nous ne savons rien sur cette chose. Nous ignorons ses intentions nous concernant. »
Comme mentionné plus tôt, Sinestro avait envisagé le scénario catastrophe. Dans le même temps, il n'envisageait pas de consacrer son temps précieux à combattre un fantôme dont ils ignoraient tout. Ce serait oublier que les deux seuls témoignages provenaient d'une criminelle et d'armuriers issus de deux univers différents de celui sur lequel Luthor et lui se trouvaient. Les témoignages d'une survivante choquée psychologiquement et de zélotes belliqueux ne peuvent être considérés sérieusement. Sinestro acceptait l'idée de consacrer une partie de son temps sur Terre afin de poursuivre la formation de Jordan sur la réalité de l'univers dont la seule solution aux problèmes est le jaune de la peur. Par contre, il refusait de perdre davantage de temps à affronter une chimère. L'Anti-Monitor disposait-il de la capacité de voyager d'un univers à un autre ? Si oui, son intention est-elle de se rendre dans leur univers et non pas un autre composant le multivers ? Se contenterait-il de la Terre de son univers et/ou du leur ? Sinestro n'accepterait de consacrer ses efforts que si cette chose représenterait une menace pour l'univers tout entier. Si seule la Terre fut menacée, il s'arrangerait pour tenir Jordan éloigner de sa planète natale le temps qu'elle se fasse vitrifier.
« Ce qu'il nous faut, c'est organiser une mission d'exploration. Plus nous en saurons sur cette chose, plus nous serons en mesure de retourner la situation à notre avantage. » Le stratège extra-terrestre réfléchit un court instant. « Pour nous rendre dans leur univers parallèle, nous aurons besoin d'un moyen de transport et surtout de coordonnées. Idéalement en obtenant l'information auprès du Syndicat. Au pire, nous devrons nous y rendre par nos propres moyens. Luthor. Disposez-vous d'un tel appareil ? Et pensez-vous que les objet ou les corps provenant d'une autre dimension possèdent une signature énergétique quelconque nous permettant de retracer leur point d'origine ? »
Les dépouilles mortelles des criminels du Syndicat pourraient alors s'avérer utile. Sinestro garda volontairement pour lui le fait que Qward abritait le batterie centrale stockant la peur émise dans tout l'univers et servant également de source d'alimentation pour le déplacement entre son univers et celui de l'Anti-Matière.
La proposition de Sinestro étonna Luthor. Explorer le cosmos était une chose, mais parvenir à entrer dans une autre dimension en était une autre. La Lexcorp avait envoyé des sondes spatiales aux confins de la galaxie pendant des années. Maintenant qu'il contrôlait la NASA en tant que chef de la nation américaine, il pouvait accomplir encore plus dans ce domaine. Mais explorer le multivers n'avait pas encore été pensé par les cerveaux de Star Labs, Wayne Enterprise ou Lexcorp. Ou si c'était le cas, une telle technologie n'existait pas encore ou en était encore à ses balbutiements pour permettre un tel voyage. Luthor riva son regard sur sa kryptonite verte. Le xénominéral alimentait les technologies Lexcorp les plus révolutionnaires, il disposait aussi de la kryptonite rouge, bleu et noir. Mais aucune n'avait de propriétés suffisantes pour ouvrir un passage dans une autre dimension.
« J'ai bien peur qu'il n'y ai rien sur terre qui permette d'entreprendre une telle expédition, malgré la présence de l'élément méta-humain sur ma planète. Je ne pourrais pas vous aider pour cette initiative. Vous devrez vous en remettre aux autres civilisations aliens de votre connaissance, qui ont peut-être le savoir et les moyens pour tenter cette démarche. »
Le président des USA revint d'un pas vif vers son bureau et en consulta à nouveau les pages des dossiers sur le Syndicat du Crime.
« L'idée des corps de nos ennemis vaincus est intéressante, mais j'ignore si nous arriverons à en tirer quelque chose. Voyons ça. Deathstorm n'est plus qu'un amas carbonisé. Sea Man a disparut dans le ravage nautique qui a frappé Metropolis. Le corps de Power Ring est partit à la dérive dans le cosmos. La seule dépouille encore intact serait celle de Johnny Quick, mais rien n'est moins sûr. Notre allié le professeur Zoom, l'a abattu en Sibérie. Les services secrets russes ont du le récupérer. Comment savoir s'ils l'ont disséqué ou incinéré ? Il sera délicat pour mon administration de récupérer une telle chose par voix diplomatique. »
Luthor désigna du doigt une des planches anatomiques d'un cadavre de paradémon.
« Impossible de dire si l'examen des restes de nos ennemis s'avérera concluant. J'ai bien tenté d'ouvrir un passage vers Apokolips pour surveiller Darkseid et son monde à partir des corps de sa horde qui ont été récupérés. Mais sans succès. »
Lex prit place derrière son bureau et les yeux toujours rivés sur les portraits anthropométriques des derniers survivants du Syndicat du Crime, il joignit ses deux mains contre son menton dans un geste pensif.
« Il ne nous reste plus qu'à interroger vivement nos captifs, mais ça sera dur de leur arracher des aveux, sur le moyen de passer d'une dimension à l'autre. Atomica ne sait rien du procédé, c'est la plus faible du groupe, une vulgaire faire-valoir. Owlman est enfermé dans un mutisme sans fin. Superwoman ne cesse d'être narquoise et de nous tourner en dérision, elle n'est obsédé que par l'enfant qu'elle a conçut avec mon double maléfique et qui lui a été retiré par Wonder Woman qui l'a dissimulé. Il semble aussi qu'elle ait perdu le sens des réalités. Pour ce qui est de la confusion mentale, Ultraman n'est pas mieux lotit. Dans sa souffrance continuelle de la lumière solaire jaune, il ne cesse de divaguer et tient des propos incohérents. »
L'avis de Luthor était clair, ça serait à Sinestro d'enquêter sur la venue prochaine de l'Anti-Monitor. Lex se concentrait surtout sur le moyen de préparer son arrivé et de le défaire. Pour ça il songeait entre autre à une nation américaine unifié et discipliné au besoin par un état d'urgence brutal en cas de crise, tel qu'une nouvelle invasion cosmique.
« Les faucons du Pentagone ont beaucoup pensé à un retour de Darkseid, ou à une autre attaque d'une entité du même genre. Moi aussi de mon côté. Il est pour l'instant compliqué de trouver des mesures pour mettre au pas les méta-humains et les faire rentrer dans le rang, pour combattre le moment venu une telle menace. En revanche mon administration ne cesse de faire preuve d'imagination pour empêcher la discorde et la confusion dans la société civile le moment venu... »
Le ton de Luthor se fit plus doux et inquiétant.
« Des mesures drastiques, des projets de contention, des initiatives disons… singulières…. »
Regard complice du politicien au yellow lantern.
« Juste pour le cas où bien sûr… rien de certains malgré les probabilités. Mais disons que… parmi mes sbires, euh je veux dire, les hommes que j'ai placé à des postes clé…. »
Vous voyez cette lueur dans son regard ?
« … les mots de : dictature totalitaire, prise de pouvoir, restriction des libertés civiques, propagande ciblée, restrictions intellectuelles et sociales ont été… prononcés. »
Luthor avec son sourire bienveillant vers Sinestro, dans le style confidence-de-vous-à-moi.
« Thaal… mon ami, je pourrais compter sur vous et votre élite jaune pour un coup de pouce opportun le moment venu ? »
Visez ce sourire de requin. Luthor au plus fort de son cynisme, ni plus ni moins.
Sa présence sur Terre n'étant motivée que par son plan nécessitant la présence constante de son ancien élève sur sa planète natale afin de ne pas entraver ses plans, Sinestro se remémorait très régulièrement son mépris pour cette planète d'arriérés. Il n'y consacrait qu'un faible pourcentage de son temps mais même cette faible présence l'irritait. L'univers tout entier lui était accessible. Des milliers de monde cent fois plus intéressants et stratégiquement indispensables. Sans compter sur le faible niveau technologique des Terriens. Autant dire que la réponse négative de Luthor, bien qu'ultra prévisible, lui fit grincer des dents. Le leader des Yellow Lanterns n'eut alors que deux possibilités : consacrer encore plus de son précieux temps à résoudre un mystère soit infondé soit cataclysmique, ou ignorer cette rumeur pour récupérer son retard dans la lutte l'opposant aux Gardiens.
« Même si je parviens à mettre la main sur une technologie nous permettant d'envoyer une équipe de reconnaissance dans ce monde parallèle, sans coordonnées du point d'arrivée, nous n'irions nul part. » Autant dire que son projet visant à explorer cet autre Terre et ainsi évaluer la menace fut enterrée avant même de naître. « Je vais néanmoins tâcher d'en savoir plus sur cet Anti-Monitor. »
En tant que locataire du Bureau Ovale, Luthor poursuivit la discussion sur la nécessité de renforcer son emprise sur son pays en restreignant les libertés individuelles afin de mieux se préparer à une nouvelle invasion. Un objectif respectable, mais risiblement expliqué. Sa pitoyable manière d'exagérer les termes relatifs à une dictature exaspérait son homologue de Korugar. Ce président démocratiquement élu brûlait d'impatience d'imposer le totalitarisme sur ses électeurs. Ou alors il se moquait ouvertement de la politique dictatoriale de Sinestro.
« Bien sûr. Je ne vois aucune objection à soutenir un allié. Cependant, je ne vous aiderai pas si mes Lanterns ne produisent qu'un effet court-termiste. N'envisagez les coups d'état qu'en dernier ressort. L'Histoire ne vous jugera pas sur la façon dont vous avez prit le pouvoir, mais sur la durée de votre règne. »
N'importe quel tyran à deux sous suffisamment motivé et équipé peut conquérir le monde, mais seul un visionnaire peut le faire durer. L'idée que Luthor devienne leader incontesté de son pays ne lui fut que partiellement agréable. Sinestro respectait davantage la conception du pouvoir de son allié Black Adam faisant passer les intérêts de son pays avant ses propres intérêts. Néanmoins, aucun autre candidat n'égalait les ressources intellectuels, financières et politiques que Luthor à la tête d'un pays aussi individualiste, consumériste et vénal que ces Etats-Unis.
« Votre campagne présidentielle démontre votre capacité à imposer votre autorité sur vos électeurs. Jouez avec leurs peurs. Soutenez la majorité en dénigrant la minorité. Sapez la crédibilité de vos opposants. Soyez fort en actes et en paroles. Vous n'aurez plus besoin de leur arracher leurs libertés des mains puisqu'ils vous la serviront sur un plateau d'argent en échange de sécurité. Mais tout ça, vous le saviez déjà. »
Sinestro se rapprocha d'un ancien globe terrestre sur un piédestal richement décoré ayant davantage sa place dans un musée que dans un bunker souterrain. Le Korugarien suspectait cet élément décoratif de contenir des breuvages alcoolisés et autres millésimes assortis dans des carafes en cristal. Dans le cas présent, son intérêt se limitait uniquement aux motifs peints sur le globe.
« J'espère que vos plans ne se limitent pas à vos cinquante-et-un états fédéraux », poursuivit-il en pivotant lentement le globe du bout des doigts qu'il finit par immobiliser au centre de l'Océan Atlantique. « L'Atlantis est une épine dans le pied pour une quelconque forme d'unification mondiale. Aquaman et Ocean Master sont trop isolationnistes pour accepter cela. L'ancien roi est hostile à l'humanité, mais avec notre aide il pourrait soit être notre allié soit être neutre. Cela aurait au moins l'avantage d'affaiblir la Ligue. »
Nouveau mouvement du poignet pour tourner le globe dans le sens horaire. Il le stoppa brièvement sur le Proche-Orient avant de les poser sur l'Europe de l'Est.
« Kahndaq est acquise à notre cause. Quant au Vlatava, le Comte Vertigo y travaille. Mais qu'en est-il des autres pays ? »
Luthor se renfrogna devant le refus clair de Sinestro, de lui donner une aide déterminante, dans le cas où il serait contraint de prendre le contrôle total de l'état-nation américain par la force. Lex avait songé que l'alien était un partisan des méthodes radicales pour assurer l'ordre. Mais visiblement, il n'avait que faire des affaires terrestres, du moment qu'elles servaient ses intérêts. Il était clair que du jour où il ne trouverait plus d'alliés valable pour l'aider dans son combat contre le green lantern corp, Sinestro se désintéresserait de la terre, qui ne serait plus qu'un facteur d'irritation marginal pour son yellow corp. Lorsque Sinestro lança condescendant qu'il espérait que les plans de Luthor ne s'arrêtait pas à l'état fédéral américain, Luthor piqué au vif répliqua avec cette froideur qui avait tendance à terroriser ses larbins ordinaires et ses multiples sous-fifres de la Lexcorp :
« Cela fait des années que je cherche à protéger la terre des menaces venus du cosmos. Qu'elles s'appellent Superman ou Darkseid. Mais je ne suis pas un méta-humain, je fais avec les moyens que j'ai conçut à force de travail, d'efforts, de recherches et de patience. De même que j'ai toujours vu plus loin que mon fief personnel de Metropolis, maintenant que je dirige la politique de l'état du monde qui comporte le plus de méta-humains sur son sol, je pense évidemment bien au-delà des frontières américaines. »
Et pour souligner ses propos, le président Luthor plaça ses deux mains sur le globe terrestre en un geste aussi protecteur que possessif alors que Sinestro l'immobilisait après l'avoir parcouru.
« Je ne m'en fait pas trop à propos d'Atlantis. Lorsqu'ils ont tenté de nous envahir en 2013, leur attaque a cessée aussitôt que leur leader a été défait en combat singulier. C'est un peuple plus discipliné que les humains mais aussi moins résilient, dès qu'on décapite leur direction. De toute façon, seul les affaires maritimes les intéressent et ils n'ont que faire de la surface quand elle ne nuit pas à leur écosystème. L'idéal serait de renverser Aquaman par une révolution de palais pour y placer son frère qui nous est acquis en tant que membre de notre ligue. Orm est bien des choses, mais ce n'est pas un cynique. Il a une forme d'honneur assez poussé, aussi pervertit soit-il. »
Luthor réajusta ses boutons de manchettes dorés au sceau de la Lexcorp et se détourna du globe pour se rapprocher de son bureau.
« Pour ce qui est des autres nations, il faut bien avouer que la Chine, l'Inde et la Russie ont prit le pas sur la puissance économique américaine et même militaire depuis un certain temps. Mais pour ce qui est de l’élément méta-humain, de sa contention et de son approche sociologique et technologique, les USA restent à l'avant-garde. Tous les autres pays tournent leur regard vers le mien à chaque assaut ennemi surhumain. Les crises des paradémons et du Syndicat du Crime ont été résolus sur notre sol. Tenez j'ai ici un exemple de mesure qui va nous servir à l'avenir contre nos ennemis communs. »
Luthor enclencha un hologramme qui diffusa des images de la Lexcorp.
« Le plus haut building de Metropolis, j'avais dressé ce phare symbole de civilisation, pour éclairer l'humanité. Les labos de ma société allaient innover et montrer le chemin futur de la civilisation humaine. Hélas, la ville de Metropolis, puis ensuite tout le reste du pays, ont choisis de prendre pour phare et pour guide moral ceci à la place. »
L'hologramme afficha des vus de Superman.
« Ils lui ont donné un surnom, un peu comme on donne un nom à un ouragan, pour essayer inconsciemment d'oublier le danger qu'il représente. Ils lui ont donné leur amour et leur confiance à cause de sa stupide allure de boyscout associée à son sourire niais. J'ai essayé pendant des années de gagner la bataille médiatique contre lui, mais ça n'a jamais marché. A moi donc de lui succéder comme modèle. »
L'hologramme afficha alors la nouvelle armure de combat secrète de Luthor. Elle était grise acier et arborait sur le torse un « S » lumineux en tout point semblable à celui de Superman. Sans oublier la cape rouge pour parfaire le tout.
« Voici mon accoutrement lorsqu'il faudra faire face à la prochaine attaque méta-humaine de grande envergure sur notre monde. Une fois Superman mort, je lui succéderai dans le rôle comme symbole de la grandeur terrestre, comme visage de l'héroïsme. La plèbe et le commun ont toujours eut besoin de symboles forts et intangibles. Puisqu'ils veulent à tout prix celui de Superman, je vais le leur donner. Une fois l'actuel Superman mort, il restera dans les livres d'histoires comme le banal prémisse du nouveau Superman qui l'a dépassé à tous les niveaux. Lex Luthor, le vrai champion de l'humanité.»
Luthor éteignit l'hologramme et ajouta :
« Mais je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Je dois aller prendre un peu de repos. Demain j'ai une série de rendez-vous avec le District attorney de Central City, le gouverneur du Missouri, le maire de Coast City, l'ambassadeur du Kahndaq et même le président du Rotary Club de Metropolis. »
Il se dirigea vers la porte blindée du bunker présidentiel pour l'ouvrir.
« Vous me tiendrez au courant pour l'Anti-Monitor. Ah et lors de la prochaine réunion de l'Injustice League, s'il vous plaît, n'évoquez pas mon double maléfique. Mieux vaut garder pour nous nos démarches à propos de ce qui reste du Syndicat du Crime. Je préfère que les autres ne soient pas dans le secret pour le moment. »
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