❝ Sleeping on a razor, there’s nowhere left to fall❞ The rebel clubEast end et ses décors splendides. Plongé dans les ténèbres d'une nuit déjà prête à fondre sur le jour, le quartier le plus mal famé de Gotham lui avait ouvert les bras et elle s'y était glissée, ombre parmi les ombres. On ne venait pas dans le coin l'esprit parfaitement au calme et Artemis avait fermé les yeux sur des images fugitives qu'elle avait aperçu au gré de sa progression. Deals douteux au fond d'une allée, menaces chuchotées dans l'ombre, regard désabusé des silhouettes fantomatiques arpentant les trottoirs. Une galerie de ce qui pouvait se faire de plus sordide. La mise en scène ressemblait à ce qu'elle avait vécu bien trop de fois au cours de ces derniers mois. Un quartier dangereux, à la faveur de la nuit, sa silhouette furtive remontant le long d'une rue anonyme. Il était des affaires qui ne pouvaient se mener de jour dans cette ville et elle l'avait implicitement compris.
La cible l'avait menée jusqu'aux quartiers généraux des services spéciaux et si elle s'était bien gardé de dévoiler quoi que se soit, Artemis peinait à croire que l'homme n'ait pas remarqué sa présence. Elle n'avait pas spécialement cherché à se cacher et une âme un tant soit peu attentive aurait pu se rendre compte de sa petite filature. Elle avait beaucoup hésité avant de faire ce pari un peu fou mais force était de constater que ses méthodes habituelles étaient loin de fonctionner qu'elle n'arriverait à rien en faisant profil bas plus longtemps. Sans compter que la frustration d'essuyer échec sur échec commençait à monter doucement. Après Ashby elle avait cru trouver une autre piste mais voilà qu'elle se retrouvait de nouveau le bec dans l'eau. Ce filon là c'était révélé n'être qu'un cul de sac et en tirant un peu plus sur la ligne, l'amazone était parvenue à remonter jusqu'à ce membre du GCPD dont on murmurait le nom sous cap. Se fiant à son instinct, la rousse avait le curieux sentiment que tout ça sentait le souffre à plein nez mais ne parvenait pas à s'expliquer pour quoi.
Peut-être aurait-elle dû passer à autre chose mais contrairement à ce que lui soufflait sa conscience, elle s'était refusée à lâcher sa piste et avait entamé l'idée folle, ou tout du moins un tantinet désespérée, de le retrouver. Lemoine, c'est ainsi qu'elle avait appris son identité, s'était bien gardé de dévoiler ses agenda personnels à qui voulait l'entendre et elle n'avait appris de lui que ce que le personnage public avait bien voulu dévoiler. Et c'est ainsi qu'elle s'était retrouvée ce soir là à le suivre, tentant de forcer le destin et une rencontre qui ne risquait pas d'arriver si elle ne se décidait pas à aller à lui.
The rebel clubSe déplacer à pied dans ce quartier, surtout quand on était un flic, c'était se mettre une cible sur le front pour dire à tous qu'on pouvait tirer à vue. Ou pas... tout dépendait comment on était perçu. L'avantage de JB, c'était bien le fait que la plupart des petits truands préféraient changer de trottoir s'ils se retrouvaient face à lui, plutôt que de venir frontalement lui chercher des noises. Parce que tout le monde savait combien le français pouvait frapper fort et qu'il n'avait pas peur de le faire. Ce n'était pas tant son badge qui le protégeait, mais plus les pontes pour qui il pouvait bosser et simplement sa façon d'être. Il n'était pourtant pas stupide et savait que beaucoup utiliserait la moindre occasion pour lui tirer une balle entre les deux yeux, ou lui planter un couteau dans le dos. C'était surtout ses arrières qu'il se devait de protéger. Parce que c'était de ce côté-là qu'on pouvait l'attaquer le plus facilement.
Même s'il marchait avec une certaine nonchalance, les mains dans les poches, le regard plutôt planté sur le trottoir devant lui, ses yeux pourtant ne manquaient pas d'analyser ce qu'il se passait devant lui et parfois sur ses côtés. Bougeant imperceptiblement de la tête, la mine renfrognée pour ne pas qu'on l'approche. Alors que son sixième sens de flic lui indiquait qu'il y avait un problème. Oui, il se sentait suivi et ça... ça, ça ne lui plaisait pas.
Il avait cru remarquer, en passant devant une vitrine qu'une femme le suivait, à quelques mètres, elle faisait attention, mais pas complètement, puisqu'il l'avait repérée. Mais peut-être était-ce sa paranoïa qui parlait et que cette inconnue n'en voulait pas à sa personne. Il l'avait testée en prenant plusieurs chemins différents et toujours, elle était là, confirmant sa pensée première. C'était lui qu'elle filait. Les questions ne manquèrent pas d'affluer très rapidement, pourquoi? Qu'est-ce qu'elle voulait? Et surtout... pour qui elle pouvait bien bosser? Junior s'était déjà pris un coup de couteau, il ne tenait pas à être le deuxième sur la liste, pourtant, si ça avait été quelqu'un de payer pour le tuer, il ne l'aurait sans doute pas vu venir aussi facilement.
Heureusement pour eux deux, l'entrée des crimes spéciaux n'était plus qu'à quelques mètres et Lemoine avait à faire. Il verrait bien rapidement si cette personne l'attendrait à la sortie ou non. Montant les marches quatre à quatre, il poussait la porte pour saluer le planton de garde, avant de monter dans les bureaux, pour s'occuper du dossier qu'on lui avait demandé de récupérer. Passant devant une fenêtre, il remarqua la silhouette connue, installée sous un proche, qui regardait dans la direction du bâtiment. Une légère moue marqua les traits du flic, elle était décidée.
S'excusant auprès de l'un de ses collègues, il redescendait au rez, pour passer par l'une des portes arrière du bâtiment. Puisqu'elle voulait jouer à cela, il allait la prendre à son petit jeu. JB connaissait le coin comme sa poche et il savait quelles ruelles empruntées sans se faire voir pour se retrouver dans son dos. Avec vivacité, mais le plus silencieusement possible, il finissait dans le dos de la rousse, son arme au poing, il la mettait en joue à distance raisonnable, ne prenant pas le risque de l'approcher de trop près, sans savoir ce qu'elle pouvait sortir de ses poches. Un coup de couteau pouvait partir très vite dans ces cas-là et il ne tenait pas à aller à l'hôpital ce soir. Il avait assez donné.
- C'est moi que t'attends? Lâcha-t-il alors dans un grondement sourd. Tourne-toi lentement, mains en l'air... le ton dans sa voix était suffisamment menaçant pour faire comprendre que son doigt sur la détente n'était pas là que pour faire joli et qu'il n'aurait pas de remords à la mettre au tapis. Qui t'envoie?
Le lieutenant ne tournait pas autour du pot, mais ce n'était pas son genre, encore moins dans ces moments. Il voulait des réponses, il allait les obtenir, ensuite, il déciderait quoi faire de son interlocutrice.
❝ Sleeping on a razor, there’s nowhere left to fall❞ The rebel club Le bougre ne perdait pas de temps, on pouvait au moins lui reconnaître cette qualité. Et Artemis qui n'était pas du genre à tergiverser devait avouer que ça l'arrangeait bien. Mais comme prévu il n'avait pas l'air spécialement ravi de s'être fait filer et l'avait abordée de façon fort peu commode. Une partie d'elle-même, l'orgueil probablement, lui soufflait de n'en pas tenir compte et de lui montrer exactement qui se trouvait en face de lui. Et une autre qu'elle n'était pas venue là pour se faire un ennemi supplémentaire et qu'elle gagnerait plus en jouant le jeu. Aussi l'amazone se retourna-t-elle sans chercher à protester, ses mains devant elle en signe de dénégation. Mais on ne passait pas à côté de son air résolument tranquille et pas du tout stupéfait de se trouver dans cette position. Il y aurait toujours une part de jeu dans ce genre de tractations et Artemis était décidée à jouer son rôle.
« Je viens de moi-même, répondit-elle le plus calmement du monde, et je me suis dit que ça serait plus facile de procéder comme ça que d'envoyer une invitation par la poste. »
La vérité c'était que son côté frondeur et son impatience lui avait ôté l'envie de considérer une autre option. Ca aurait pris du temps, du temps qu'elle n'était pas spécialement disposée à dépenser. Mais son vis a vis étant par défaut hostile, lui restait à prouver qu'elle n'était pas venu chercher la bagarre mais simplement des réponses. Qu'il n'était pas obligé de lui donner. Après tout, qui était-elle pour exiger qu'il lui livre tout ça aussi facilement ? Mais elle pouvait au moins tenter le coup et passer par un autre moyen c'était donner l'occasion à cet homme de se préparer. L'effet de surprise aurait au moins pour avantage de le cueillir sur le vif.
« Je recherche quelqu'un. Je pensais avoir remonté sa piste mais voilà que tous les faisceaux d'information me ramènent à vous. »
Ses mains s'étaient progressivement baissées à présent qu'elle lui faisait face mais Artemis n'avait pas baissé sa garde pour autant, essayant de lui montrer qu'elle ne constituait pas une menace immédiate pour lui. Plus facile à dire qu'à faire puisqu'elle pressentait qu'on ne pouvait pas raconter des salades à ce genre de personne.
« Jordania a mis la main sur quelqu'un que je recherche, or, sa trace s'est évanouie depuis plusieurs semaines et dès que j'essaie d'en apprendre plus, c'est ton nom qui reviens à chaque fois. Je ne suis pas venue chercher la confrontation. Le fil que je tenais à été coupé avec sa mort, j'ai besoin de retrouver ma ligne et la trace de son trafic par la même occasion. »
Elle se doutait que ça ne suffirait pas à obtenir son adhésion mais Artemis n'était pas en position de force et elle pouvait bien s'avouer prête à quelques concessions pour l'obtenir. Si pour ça il fallait faire le gros dos et montrer patte blanche, elle était décidée à le faire. Elle avait enchaîné les échecs et les déconvenues. Le temps défilait inexorablement, et du temps, Asma n'en avait pas. Un sentiment d'urgence qui avait poussé Artemis a couper au plus court et se présenter à cet homme qui ne lui devait rien mais dont elle espérait qu'il lui fournirait la clé pour délier tout ça.
The rebel clubC'était bien le fait que cette inconnue semble totalement calme et pas du tout surprise d'avoir été repérée qui pouvait rendre un peu plus paranoïaque Lemoine. Après tout, dans cette ville, les pièges pouvaient avoir plusieurs visages, ce n'était pas toujours des bombes planquées dans des recoins d'allées crades... parfois c'était un assassin qui aimait vous regardez droit dans les yeux, avant de vous trancher la gorge. Il connaissait bien les façons de faire de chacun, voilà pourquoi il faisait toujours bien attention et que pour le coup, aux moindres faux mouvements de cette femme, il n'hésiterait pas à faire feu. Mieux valait la blesser sur un malentendu, que de se retrouver dans une boîte en sapin pour les fêtes...
- Ouais c'est vrai que les lettres c'est presque trop civilisé... raya-t-il un peu mauvais.
Le lieutenant n'était pas franchement d'humeur à faire de l'humour. Tant qu'il n'en saurait pas plus sur elle, il ne baisserait pas la garde. Ce qui le rendait plus ironique dans ses réponses, par contre. Chacun gérait son stress comme il le pouvait. Et même s'il n'en montrait rien, le flic avait tous ses sens en alerte, prêt à réagir à n'importe quelle attaque. Gardant bien ses distances, il prenait le temps d'étudier les traits de son interlocutrice, ne se souvenant pas l'avoir déjà vu dans leurs fichiers.
Les informations qu'elle lui donnait, pour le moment, n'allait pas dans le sens de lui plaire. Déjà, qui pouvait-elle bien chercher, ensuite, pourquoi est-ce que tout ramenait vers lui? Venait-elle venger un être cher qu'il aurait pu descendre? Possible... fort probable même. Il ne lui en laisserait clairement pas l'occasion en tous les cas. Le nom de Jordania ne fit qu'augmenter la suspicion du français, mais le fait qu'elle le cherchait parce qu'il avait potentiellement attrapé cette fameuse personne qu'elle recherchait, rabaissait un peu ses alarmes. Il ne baissait pour autant pas son arme, pas encore totalement convaincu ou en confiance. Pourtant, il était tout à fait attentif à tout ce qu'elle lui disait. Surpris d'apprendre que son nom ressortait plus souvent qu'il n'aurait fallu concernant cette histoire.
- Qui t'as parlé de moi? Il avait intérêt à rapidement savoir qui était au courant pour cette affaire. Parce que si les langues se déliaient si facilement, il allait falloir qu'il y mette un terme rapidement. Couvrir Junior et sa tête était primordial. Aucun des deux n’irait en taule pour ce meurtre. C'est qui que tu recherches?
Ses questions étaient courtes et concises mais si elle voulait qu'il abaisse un peu sa garde, il valait mieux se montrer coopérative. Sans quoi... et puis... rien ne lui disait que ce n'était pas un leurre. Une nana en interne qu'il ne connaissait pas, envoyée pour le faire tomber. Quand on vous disait que ce mec pouvait être un brin méfiant, ce n'était pas des blagues.
- J'vois pas trop ce qui me pousserait à te faire confiance à l'instant. Alors avant d'aller boire un café pour se raconter nos vies, vaut mieux que tu te montres claire directement.
Bon pour montrer qu'il était prêt à faire un effort, il abaissait au moins ses bras, même s'il restait en position de défense. Un pas en avant et elle reverrait avec précision le canon de son arme. Pour l'instant, rien ne lui disait qu'il pouvait totalement faire tomber les barrières. C'était ça qui permettait de rester en vie aussi longtemps, dans une ville comme celle-ci.
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