(barry) Run boy run !

THEN

« You see the smile that's on my mouth
It's hiding the words that don't come out
And all of my friends who think that I'm blessed
They don't know my head is a mess »
(The story, Brandi Carlille)


« Maman regarde ! Maman je suis Flash ». «  Oui mon chéri, tu es le meilleur des superhéros ». Nora Allen ria de bon cœur en regardant son fils unique , Barry, courir au milieu du salon dans une reproduction enfantine du costume du superhéros à la vitesse légendaire. «  Maintenant il serait dommage que Flash arrive en retard à l'école pour sauver ses camarades du vilain professeur Jones, terreur des mathématiques ». Henry sourit de toutes ses dents lorsqu'il arriva dans la pièce, accueilli par le chaos matinal. «  Allez champion va te changer et je t'amène à l'école ». L'enfant bouda légèrement et traîna les pieds jusqu'à l'étage pour s'habiller en conséquence. Quelques minutes plus tard, il était sapé de la tête au pied et en route pour l'école. Les yeux rivés sur le paysage à travers la vitre, l'enfant profita du calme du trajet. Bientôt, il serait plongé dans la clameur des autres étudiants et le silence ne serait plus qu'un agréable souvenir. «  N'empêche je suis sûr que Flash, il ne prend pas des cours de maths » bougonna l'enfant en jetant finalement un regard furtif à son père. Ce dernier ria légèrement et haussa les épaules. «  C'est un super héros, il doit être bon à tout ! ». Henry laissa un sourire fleurir sur ses lèvres lorsque son enfant baissa la tête en signe de concentration. «  Donc si je suis bon à tout à l'école, je peux être Flash ? ». «  Quelque chose comme ça ». Barry hocha la tête et un air déterminé s'empara des traits de son visage. L'enfant n'était pas mauvais à l'école. Bien loin de là même. Cependant, comme tout un chacun, il avait ses préférences. Si il aimait les maths, il trouvait l'enseignement pénible et peu  intellectuellement difficile. Pour faire court, il s'y ennuyait.   Quand au reste, il était plus ou moins doué en littérature. Tout ne trouvait pas forcément grâce à ses yeux. Surtout à un tel âge. Il y avait dans l'esprit d'un gamin plus intéressant que lire Moby Dick.

Fort de ses nouvelles résolutions, Barry passa la journée concentré. Cette dernière terminée, il prit le chemin de la maison sans ses parents. Ces derniers ne venaient que rarement le chercher pour le ramener en fin de journée. L'école n'étant qu'à deux pâtés de maison, le retour était rapidement fait. Ce soir là cependant ce ne fut pas un bon goûter maison qui attendit Barry mais une fenêtre en éclat et une porte d'entrée fracturée. Tout d'abord surpris, le garçon rentra doucement, pratiquement sur la pointe des pieds. Après quelques secondes, il appela sa mère d'une petite voix, peu rassuré. La maison était froide et semblait sans vie. Un silence glacial lui répondit. Prenant son courage à deux mains, l'enfant pénétra un peu plus dans la demeure. Suffisamment pour y découvrir des traces de sang et le corps sans vie de celle qui lui avait donné la vie. Cette soirée là, la vie entière de Bartholomew Henry Allen, plus communément appelé Barry Allen, bascula.



NOW




Plus le temps passait et plus cette journée me revenait en mémoire. Plus je devenais vieux et plus les détails au lieu de s'effilocher avec le temps devenait vibrant de sincérité et de réalisme. Un peu comme si tout cela ne s'était passé que quelques heures auparavant. Gagner de l'âge était vraiment une drôle d'expérience. Dire que je n'avais que trente-cinq ans. J'avais encore pas mal d'années à vivre avant de tirer ma révérence. Du moins je l'espérais. Dans mon monde, tout était incertain. Je pouvais mourir demain. En soit tout le monde pouvait mourir demain. Un stop non maîtrisé, une voiture lancée dans une course effrénée... les causes de morts étaient nombreuses. Cependant, mes chances de mourir étaient plus élevées que la normale. J'étais Flash. Ce rêve d'enfant. Cette histoire que je m'étais maintes fois racontées. Tout cela était devenu une réalité. Mais le rêve n'était pas aussi merveilleux que je me l'étais imaginée. Elle était venue avec un prix. Un terrible prix. Une mère décédée, un père en prison. C'était tout cela qui m'avait conduit à être qui j'étais. Et ces traumatismes étaient encore des plaies béantes. Sous mes sourires, sous mes mots doux et réconfortants, sous mon humeur, je souffrais. Je souffrais de ce deuil que je ne réussissais pas à faire. Je souffrais de l'abandon. A nouveau, je me demandais si quelqu'un voyait vraiment qui j'étais. Cette personne fragile. Cet homme meurtri. Probablement pas. Peut être certains, mais ils étaient alors trop respectueux pour l'évoquer. Ou alors ils s'en fichaient. C'était tout à fait possible aussi. Après tout, la vie n'était jamais un long fleuve tranquille. Ni pour moi ni pour les autres. Et surtout pas pour mes amis les plus proches. Ces super héros aux milles couleurs et personnalités titanesques. Clark venait d'une autre planète et était son dernier représentant. Hal avait perdu son père jeune. Un peu comme moi, cette perte l'avait poussé à devenir l'homme qu'il était. Quant à Bruce Wayne... ma foi son nom parlait souvent de lui même. En y réfléchissant bien, il y avait définitivement un thème récurrent parmi les héros de la terre. Nous étions orphelins. Soit il nous manquait une mère, un père ou les deux parents.  A croire que c'était une condition sine qua non de notre entrée au sein de la Justice League.

Bien entendu, il n'y avait pas que du mauvais. Loin de là même. Sauver des vies étaient gratifiant. Aider sa communauté était la plus belle chose à faire. De mon point de vue bien sur. Et puis, comme tout le monde je vivais sur cette planète alors la protéger parce que j'en avais les moyens étaient presque une obligation. Bien souvent une nécessité. C'était un job que je faisais sans me plaindre. Je croyais dur comme fer à nos actions et à notre rôle. J'étais un croyant si l'on pouvait dire ainsi.  Et c'était sans compter bien sur ma religion juive. L'enseignement que j'avais reçu de mes parents m'avaient permis de croire qu'il y avait toujours des jours meilleurs. Et qu'il fallait se battre le cas échéant. Et puis il y avait quelque chose de magique à être le héro de quelqu'un. Surtout celui des enfants. Les inspirer à faire quelque chose de bien de leur vie était une récompense que je n'aurais jamais pensé recevoir. Ils étaient pourtant le plus beau des cadeaux. Les parents en revanche... il fallait avouer que les rencontres pouvaient vite devenir étrange voir gênante. «  Allen ! Arrête de rêvasser ! ». La voix forte me sortit de mes rêveries et je sursautais sur ma chaise de bureau. «  La centrifugeuse bipe depuis au moins cinq minutes ! ». «  Oh oui oui. Pardon.. » murmurais je en me levant pour aller l'éteindre. Mon collègue secoua la tête et me laissa vaquer à mes occupations, non sans bougonner et m'insulter dans sa barbe. Je ne m'en formalisais pas et me plongeais dans les résultats qui s'étalaient devant mes yeux. Lorsque je ne sauvais pas le monde et ses habitants dans mes collants rouges, j'étais ces derniers en tant que technicien de la police scientifique. Je m'occupais des scènes de crime. J'analysais les indices. C'était l'autre pan du métier si je pouvais m'exprimer ainsi. Il était tout aussi gratifiant et permettait de mettre derrière les barreaux plus d'un individu. Bien sur, cela signifiait aussi que nous étions arrivés trop tard. Après tout et en toute logique, il n'y avait pas de scènes de crimes sans crimes. J'avais appris cependant que je ne pouvais pas être partout à la fois. Même en courant au maximum de ma vitesse. Etre Flash ne m'avait pas rendu omniscient.  Je n'étais pas Dieu. Juste un gars pas tout à fait normal. Ou du moins plus tout à fait normal.

Un autre bruit me sortit de mon boulot. «  Ah flûte » grognais je en avisant le symbole qui alluma mon téléphone portable. Rien qui pouvait me compromettre. Mais moi je savais ce que cela signifiait. Je savais que l'on avait besoin de moi. Et par moi j'entendais Flash, pas Barry Allen. Sauf que je n'avais pas fini mes heures de boulot pour la journée. J'allais encore être le sujet de toutes les remontrances. Mais comme toujours, je n'hésitais pas. «  Spencer, tu peux me couvrir, je dois aller .. regarder à nouveau cette scène de crime ». « Encore ?! » s'étonna mon collègue. «  Euh oui ... un truc cloche ». A force, j'allais finir à court d'excuse. Comment personne ne voyait à travers mon petit manège était étonnant. Mais j'avouais que cela m'arrangeait bien. Sans lui laisser le temps de répondre, je quittais les locaux d'un pas pressant – mais sans courir. Ce ne fut qu'une fois à couvert que je laissais mon costume s'échapper de la bague à mon doigt et que je m'en couvrais. Quelques secondes et une téléportation plus tard, j'arrivais au QG de la Justice League. Cette dernière depuis l'attaque du syndicat était positionnée sur la lune. La Watchtower avait été complètement réduite à l'état de cendres par nos doubles diaboliques. Rien qu'à y penser, mes poings se serrèrent.  Tant de vies avaient été perdues. Et pas seulement par l'explosion de la Tour. Ces conquérants venus d'ailleurs avait ravagé la planète. Et pendant un temps nous avions été impuissant. Tsunami, absence de soleil.. le monde était passé par les plus terribles preuves. Heureusement, ces heures sombres étaient enfin derrière nous. Le monde s'était relevé. Comme toujours. Après tout, nous avions survécu à Darkseid. J'étais donc persuadé que nous pouvions survivre à n'importe quoi. En outre, Darkseid avait été un événement important pour moi. Pour nous. La Justice League avait vu le jour grâce à cette invasion. Évidemment, j'avais aidé. J'en avais rejoint les rangs. Mes capacités me donnaient par ailleurs une longueur d'avance sur les autres. La force que je dégageais en courant avait été capable  de happer les échappées d'anti matière. Une découverte surprenante qui avait été la bienvenue. Un bon dernier, je m'asseyais à la table et m'excusais à demi voix. Ils étaient habitués depuis. C'était maladif chez moi d'être en retard. Vraiment ce n'était pas ma faute. J'étais ainsi fait.

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