| Sujet: You who know these streets ... / Jason T. Mer 19 Déc - 19:10 | |
| You who know these streets ...
Une pluie d’hiver tombait depuis le matin sur Gotham City. Des trombes d’eau polluée par les vapeurs charbonnées. Ruelles transformées en ruisseaux. Fluide sale, impétueux, qui transportait les déchets d’une humanité défaite. Un Shyx corrompu par la consommation humaine. Un jeune flic se mouvait au travers de ces torrents opportunistes. Les godasses imperméables affrontaient le défi aquatique. Les pieds véloces comme ceux d’un Hermès désenchanté. Ian resserrait ses pas pour avancer plus vite. Il rentra sa gorge dans le col de son pull pour expulser une toux grasse. Une engine l’avait frappé de plein fouet l’avant-veille. Son organisme affaibli depuis quelques temps avait finalement succombé au virus de saison.
Mais, fiévreux et maladif, Sanders refusait de partie en congé. Cinq ans qu’il n’avait pas pris plus de trois jours consécutifs. Depuis qu’il était en service dans la Strike pas plus. A part cette fois où il était allé voir Etta à Métropolis. Parce que prendre du repos lui était impossible. Tout bonnement impossible. Isabel était dans la nature. Dieu seul savait dans quel état… Comment lui pourrait-il se reposer ? Lui ? D’ailleurs, lui qui avait déjà un sommeil compliqué… les choses avaient empiré. Maintenant quand il fermait les yeux, il voyait des Ukrainiens venir sur lui en horde, et se faire avaler par un tsunami. Une gueule béante qui arrivait ensuite sur lui. Il cherchait ensuite des cicatrices sur son visage. Elles n’existaient pas. Elles n’avaient jamais existé. Pour ces raisons et d’autres, sa dernière blessure avait du mal à cicatriser.
Un néon bleuté apparut enfin dans la brouille. Le lézard bleu. Aussi peu précis qu’un mirage du désert. Junior accélérait davantage encore. Impatient de quitter la chape d’eau. Il sorti sa main rougeaude de sa poche. Le sang circulait mal dans cette zone. Il actionna rapidement la poignée et entra en ôtant automatiquement sa capuche trempée. Cheveux blonds cendrés, un peu long, désordonnés que la pluie avait plaqués. Un visage aimable en excluant les yeux creusés. Ian avait des airs de fantôme torturé quand il oubliait de sourire. Il fonça directement en fond de salle. Le blouson dégoulinant suspendu au dos d’une chaise. Un sac piteux sur les genoux pour extrait carnet de notes et stylos.
Colonnes et colonnes de hiéroglyphes défilaient au fil des pages. Codage familial que seuls quelques linguistes –et sans aucun doute Kory- pourraient décrypter. Ian en fit une dernière lecture. A quoi bon, il les connaissait au signe près à force. Un grog maison pour accompagner son attente crépusculaire. Le soleil allait se coucher dans quelques minutes. Heure de la rencontre avec Todd. Dit Red Hood dans le milieu. Un des mercenaires qui fait officie dans le coin. Gars au fichier trouble, parfait pour la Strike. Profil complexe que Sanders à indirectement croisé au détour d’un cas ou deux. Ils ne se sont encore jamais approchés. Ian attendait de voir. A la suite de la dernière fausse-piste le bleu s’était décidé.
Autant faire appel à toutes les « bonnes âmes » disponible. Il a tapé dans le dernier compte épargne. Celui que ses parents ont prévu pour les cas d’urgence. Il y avait de quoi payer la transaction. Après négociations. Par instinct, Ian leva les yeux au moment où l’homme arriva à sa hauteur. Il repoussa la chaise, pour se mettre sur ses pieds. Un regard direct. Pas d’hésitation dans les gestes. Une détermination flagrante.
_ « Ian. Salut. J’ai déjà commandé. Je t’en prie poses-toi. » Sanders s’occupa de libérer de l’espace sur la table. Il laissa tout en plan sur le coin droit. Avant d’attraper un portrait de sa jumelle pour le mettre en haut de pile. Une quinte de toux et il bascula la tête pour épargner l’autre de ses miasmes. Calmé, il s’excusa d’une voix éraillée. Il attrapa ensuite une enveloppe en papier craft épaisse de cinq centimètres environ. Et il la laissa près de la pile de documents. _ « La somme convenue. … T’as fait gaffe en venant comme je t’ais dit ? » Le questionna-t-il par prudence.
Isabel Sanders (2014) |
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