Dad, did you know there's a frozen monkey on the couch? And a hooker? | Lori

Domicile des Zechlin, Dayton, Ohio, janvier 2009
Cher journal,
Aujourd'hui, c'est mon anniversaire, et j'ai huit ans. Et papa et maman ont décidé de m'offrir ce journal, parce qu'ils disent que toutes les petites filles doivent avoir un journal intime pour y écrire des choses. Alors voilà, du coup j'écris, parce que c'est ce que papa et maman m'ont dit de faire. Je crois que le mieux serait encore que je me présente, hein? Alors du coup... je m'appelle Lori. Lori Zechlin. Et j'ai huit ans. Mais ça tu le sais déjà. J'habite à Dayton, là ou je suis née et je dois t'avouer que c'est plutôt moche comme ville. Papa et maman m'ont dit que quand ils étaient jeunes tout le monde travaillait pour faire des voitures, mais que maintenant les gens préféraient acheter des voitures qui viennent du Japon ou d'Allemagne parce que c'est mieux. Même si je comprends pas pourquoi on achète des voitures qui viennent d'ailleurs alors qu'on en a ici. C'est comme pour faire les courses, avec maman on va au Walmart près de la maison, pas au Japon ou en Allemagne. Enfin bref, même si Dayton c'est plutôt moche, on a pas trop à se plaindre, même si on a pas une belle et grande maison comme cette idiote de Rachel McCannis, qui est venue à ma fête d'anniversaire juste pour se moquer. Alors que je l'avais même pas invitée. En plus de ça elle a essayé de me piquer la peluche Beebo que Dawn m'avait offerte. Heureusement que je l'ai vue faire avant qu'elle parte avec cette espèce de vilaine petite peste. La prochaine fois qu'elle essaye de me piquer mes affaire, je lui tire les cheveux jusqu'à lui arracher ses deux couettes. Même si papa a dit que c'était mal de faire ça.

« Lori, c'est l'heure de manger! » La voix de sa mère se fit entendre du bas de l'escalier de la maison, et la petite fille ferma son journal avec hâte avant de le cacher sous son oreiller. Il allait falloir qu'elle trouve bien vite une nouvelle cachette pour ce denier, quelque-chose de moins évident que sous un vulgaire oreiller. Descendant de son lit, Lori sortit de sa chambre avant de dévaler les marches de l'escalier en direction de la salle à manger.


Dayton, Ohio, États-Unis, mars 2016
Entendant son téléphone sonner, Lori plongea sa main dans la poche de sa veste, avant de voir le mot "Papa" s'afficher sur l'écran. Ouvrant le clapet, la jeune adolescente décrocha avant de porter le téléphone à son oreille « Allô? » « Salut ma chérie, c'était juste pour te dire que je vais rentrer plus tard que prévu, je vais devoir faire un peu d'heures supplémentaires. Tu pourrais prévenir ta mère, j'ai pas réussi à la joindre à la maison. » « Tu la connais, elle doit encore être plongée dans une de ses séries télés et pas avoir entendu le téléphone. » S'arrêtant au passage piéton, Lori attendit que le petit bonhomme passe du rouge au vert, avant de se dépêcher de traverser « T'es où là? » « Je suis en train de rentrer à la maison. Faut pas t'inquiéter comme ça p'pa, tu va finir par nous faire une crise cardiaque à être autant stressé. » Depuis que c'était arrivé, son père était devenu à moitié parano, pour le plus grand malheur de Lori, qui commençait à être fatiguée de voir son père l’appeler quasiment tous les jours pour savoir où elle était quand elle sortait de cours. De l'avis de la jeune fille, son père stressait beaucoup trop et surtout pour rien. Comme si une bande d'aliens allait débarquer du jour au lendemain à Dayton. Même plusieurs mois après, son père semblait persuadé qu'une bande de petits bonhommes venus de mars risquaient de venir dans l'Ohio pour tout saccager. Franchement, c'était au moins aussi ridicule que d'espérer voir un jour Michael Jackson revenir d'entre les morts. Qu'est-ce que des aliens viendraient foutre ici, ou n'importe qui de plus dangereux qu'une petite racaille en vrai? Il ne se passait jamais rien à Dayton, et le truc plus le plus dangereux que Lori avait pu voir devait être la fois ou son père s'était foutu un coup de marteau sur le pouce en essayant de planter un clou. Et puis de toute façon, maintenant ils avaient cette fameuse Ligue de Justice pour les protéger de tous les cinglés qui pouvaient risquer de s'en prendre à eux.
Après avoir assuré au moins une bonne demi-douzaine de fois que oui, elle serait prudente en rentrant et que non, elle ne ferait pas la moindre folies, elle finit par raccrocher et rangea son téléphone, continuant sa route vers la maison. Comme si elle allait faire des folies de toute façon. Elle avait quatorze ans, elle était encore au collège, qu'est-ce que ses parents pouvaient bien imaginer qu'elle puisse faire? Elle dormait encore avec son vieux Beebo en peluche, alors c'était bien la preuve qu'elle était loin d'être du genre petite racaille de la cour de récré. Tournant à l'angle d'une rue, Lori arriva en vue de sa maison, et elle finit enfin par arriver chez elle, grimpant les quelques marches du perron avant d'ouvrir la porte « Maman, je suis rentrée! » S'exclama-t-elle en fermant la porte du pied avant de se diriger vers le salon. Posant son sac à dos sur le canapé, Lori s'étonna de ne pas voir sa mère venir l'accueillir, surtout qu'elle n'avait pas vu de mot accroché à la porte pour lui dire qu'elle était partie, chose qu'elle faisait à chaque fois qu'elle sortait en sachant que sa fille pouvait rentrer avant elle. Bah, peut-être qu'elle avait simplement oublié de le faire, ça n'aurait pas été la première fois. Passant dans la cuisine, Lori fouilla les placards à la recherche de quelque-chose pour pouvoir goûter. Mais alors qu'elle se tournait pour aller fouiller dans un autre placard afin de récupérer un bol, son regard capta quelque-chose dehors, dans la piscine.
Au début elle se dit simplement que sa mère avait décidé de faire quelques brasses, mais il y avait un truc qui clochait. Les gens ne se baignaient pas tout habillés. C'est alors qu'elle remarqua le flacon de médicaments que sa mère prenait à cause de sa dépression. Elle mit quelques secondes à réaliser de quoi il pouvait bien s'agir, mais lorsque l'information finit enfin par arriver jusqu'à son cerveau. Lâchant tout ce qu'elle tenait en mains, Lori se précipita dehors en hurlant à pleins poumons « Maman! » Merde, merde, merde! Qu'est-ce qui avait bien pu se passer? Sans vraiment réfléchir, Lori retira sa veste et sauta à l'eau, nageant jusqu'à sa mère avant de réussir à la hisser sur le bord de la piscine « Bordel maman, réveille-toi! » Attrapant sa veste, elle sortit avec des geste maladroits son téléphone, avant de composer le 911.

Dayton, Ohio, États-Unis, juin 2017
Descendant du bus, Lori regarda ce dernier s'éloigner avant de fourrer ses mains dans les poches de sa veste, ses écouteurs profondément enfoncés dans ses oreilles et diffusant à un volume pas forcément conseillé un des nombreux morceaux de metal de sa playlist. Marchant le long du trottoir, l'adolescente regardait d'un œil distrait les passants qui évoluaient en cette fin de journée, à un moment où les gens commençaient à sortir du boulot et prenaient lentement mais sûrement le chemin de la maison. Elle aurait bien fait comme eux, mais depuis le suicide de sa mère, son père semblait s'être enfoncé dans un délire bien loin de la réalité, faisant comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes et que Lori n'avait pas trouvé sa mère morte noyée dans leur piscine après qu'elle se soit avalée une boite entière d'antidépresseurs. Son père la voyait toujours comme la gamine sans défense qu'elle avait pu être à une époque. Et même si elle était toujours une gamine aux yeux de la loi, elle était obligée de se comporter comme l'adulte de la famille en s'occupant entre autres choses des courses. Même si ça pouvait la faire suer au plus haut point, surtout que par un quelconque hasard, c'était toujours lorsqu'elle y allait que tous les petits vieux de Dayton se décidaient à bouger leur cul fripé pour passer deux heures dans les rayons et trois de plus à raconter leur vie dans les moindres détails à la caissière en prenant bien soin de bloquer tout le monde au passage. Dont elle.
Entrant dans le magasin, Lori attrapa un panier avant de commencer à se déplacer dans les rayons, attrapant tout ce dont elle pouvait avoir besoin tout en jouant à esquiver les autres personnes occupées à faire leurs courses. Et comme elle s'y attendait, tous les petits vieux avaient décidé d'arrêter de regarder leurs émissions télé pour venir l'emmerder elle. Et les deux petites vieilles qui se racontaient leur semaine en bloquant bien le passage avec leurs chariots au milieu de l'allée, et le petit vieux qui poussait son caddie avec la vitesse d'une tortue en train de faire un AVC... heureusement que Lori pouvait avoir sa musique pour la détendre, ou bien elle aurait... fait un truc probablement dangereux et interdit par la loi. Et comme à chaque fois, l'adolescente se retrouva derrière une bonne grosse file de pépés et mémés qui avaient l'air d'avoir fait leurs courses pour toute l'année à venir et qui non contents de passer trois plombes à faire passer tous leurs articles, se permettaient en plus de faire du zèle en racontant à la pauvre caissière comment leur chat avait pu cracher sa boule de poils de la journée sur leur tapis comme si c'était la chose la plus merveilleuse de l'univers. Finalement, quand ce fut enfin au tour de la brune, elle se contenta d'un simple signe de tête à la caissière, paya ses articles avant de fourrer le tout dans son sac à dos.
Sortant du magasin, Lori prit enfin la direction de sa maison, comme à son habitude réfugiée dans sa bulle de solitude et de mauvaise humeur. Quand soudain, alors qu'elle prenait un raccourci qui passait par une ruelle pas forcément engageante, elle se retrouva nez à nez avec deux types qui avaient tout de la parfaite racaille de quartier. Et quand elle tenta de faire demi-tour, elle vit que deux autres types lui bloquaient le passage. L'un des Quatre Fantastiques lui arracha son sac, avant de lancer avec fierté « Tiens donc, mais qu'est-ce qu'on a là? T'es sur notre territoire poulette, va falloir payer la taxe. » « Rendez-moi ça. » Grogna Lori en serrant les poings « Sinon quoi? Tu va nous lancer un regard noir? » Lança un autre avant de s'esclaffer, mais son rire s'éteignit aussi vite qu'il était arrivé quand il se prit une violente gifle qui résonna dans la ruelle « Espèce de garce! » L'un des types dans son dos tenta de lui attraper le bras, mais Lori sentait alors un déferlement de puissance parcourir chaque fibre de son être, alors qu'elle serrait le poing. Les pauvres, pour un peu elle aurait presque pu les plaindre. Mais cette bande d'attardés l'avait cherchée, et ils allaient s'en mordre les doigts. Parce que Lori était loin d'être la petite fille sans défenses que son père persistait à voir en elle. C'était même tout le contraire. Le suicide de sa mère avait été une tragédie, mais c'était le même jour qu'elle avait découvert qu'elle était une sorcière. Et le genre qui faisait passer Harry Potter ou encore les sœurs Halliwell pour des amateurs. Et alors que la brute levait la main avec l'intention claire de la frapper, Lori psalmodia en vitesse « Gone! Gone! The form of man. Rise! The Demon Etrigan! » Et celui qui s'apprêtait à le frapper poussa un hurlement d'une grande virilité alors qu'une main griffue l'attrapait par le cou avant de le plaquer contre le mur. Adieu la petite fille, les quatre rigolos faisaient face à l'un des pires démons qui soient, alors que l'adolescente puisait sans limites dans les pouvoirs de la créature « C'est qu'il fait moins le malin, maintenant que c'est moi qui ait la main. » Les trois autres tentèrent de s'enfuir, mais Lori tendit la main et un mur de flammes leur bloqua le chemin « Maintenant rendez-moi mes affaires, ou je repeint cette ruelle avec vos globes oculaires. » Bordel ce qu'elle pouvait détester cette envie irrépressible de parler en faisant des rimes à chaque fois qu'elle puisait dans les pouvoirs d'Etrigan. Mais en tout cas, tout ça eut l'effet escompté, car les quatre prirent leurs jambes à leur cou en abandonnant le sac de Lori au passage, que la demoiselle ramassa avant de le repasser à son épaule « Bouffons. » Et remettant ses écouteurs, elle reprit sa route en direction de chez elle.


Domicile des Zechlin, Dayton, Ohio, février 2018
Cher journal,
Ça doit faire une éternité que j'ai pas écrit dans ce truc. Ouaip, la dernière fois ça remonte à mes quinze ans, avant que... enfin voilà quoi. Je vais en avoir des trucs à écrire. Déjà y a le fait de découvrir que je suis une sorcière... enfin je crois que je suis une sorcière. Je sais même pas si c'est vraiment de la sorcellerie. Enfin ce qui est sûr que ce que j'arrive à faire c'est tout sauf naturel. Mais que ça doit clairement être magique parce que, j'ai eu beau tenter j'ai jamais réussi à me retrouver avec les pouvoirs de Superman. En même temps, si ça peut m'éviter de me retrouver avec mon string par-dessus mon jean, je m'en passe très bien. Y a quand même des limites au bon goût, et je crois qu'on a oublié de les enseigner à ce mec. Mais bon, franchement c'est loin d'être horrible d'avoir des super-pouvoirs. Même si le mien se résume à piquer ceux des autres et à essayer de ne pas faire exploser tout le quartier quand je m'en sers. Mais hey, Dayton est toujours là, alors c'est que je m'en sors pas trop mal. Tant que je m'approche pas de ceux du Dr Fate. D'accord, ils sont cools, mais il me gonfle à me montrer à chaque fois un futur aussi palpitant et plein de bons sentiments qu'un épisode de My Little Pony. Pompom girl? Mariée et mère de famille? Et puis quoi encore, Lex Luthor président? Quoique, ce type a l'air de s'y croire vu qu'il se présente pour être le prochain président. Non mais sérieux, qui serait assez con pour élire un mec pareil? Même Joffrey Baratheon il est plus subtil quand il se comporte comme une ordure de première. Et puis s'il est élu, il va faire quoi? Construire un grand plafond au-dessus des États-Unis pour empêcher les aliens de rentrer? J'aimerais bien le voir empêcher Superman ou Wonder Woman aller où ils veulent. Je suis sûre que ça serait très drôle et que ça mériterait clairement de payer le déplacement jusqu'à Washington. Ou alors juste chourer les pouvoirs de quelqu'un pour m'y rendre.
Enfin bref, en parlant d'aliens... on y a encore eu le droit à ces crétins. Et pas qu'une fois. À croire qu'on est la seule planète de l'univers qui vaille le coup d'être envahie. Ils peuvent pas aller se faire dorer la pilule sur Tatooine ou aller emmerder les vulcains? Mais non, faut qu'ils viennent sur Terre, et qu'ils essayent de nous la faire à l'envers avec des copies taïwanaises de la Ligue de Justice. Non mais sérieux, tout le monde a capté que Superwoman c'était juste un cosplay version sado-maso de Wonder Woman. Sérieusement, ils auraient du lui coller une paire de collants en résille histoire de faire plus cliché. Enfin bon, la Ligue elle a encore sauvé le monde, tout s'est bien terminé et je pense que j'ai pas du me faire que des copains ce jour-là parce que... bah mes pouvoirs sont ce qu'ils sont, donc ceux à qui j'ai emprunté les leurs j'espère qu'ils ont réussit à planquer leurs fesses. J'aurais presque de la peine pour eux, mais si j'avais pu décider de mes pouvoirs j'aurais pas coché l'option « Je les laisse sans pouvoirs pendant que je fais mumuse avec ». On m'a pas laissé lire le contrat avant de le signer. On m'a pas vraiment laissé signer le contrat non plus. Enfin après je m'en plains pas trop, j'arrive à me servir de ceux des grandes pontes du milieu sans provoquer une catastrophe planétaire en même temps, c'est déjà bien pour quelqu'un qui est encore au lycée et qui vient tout juste de passer le permis. D'ailleurs en parlant de lycée, va falloir que je me bouge moi. Encore une journée au paradis des imbéciles aux hormones en ébullition. Au moins on va s'estimer heureuse et se dire que cette face de putois de Rachel McCannis a arrêté de me chercher depuis que je lui ais flanqué la peur de sa vie avec les pouvoirs du Spectre.

Fermant son journal, Lori se leva de son lit, lança son stylo sur son bureau avant de tendre la main vers son journal, alors que son apparence changeait, son haut se transformant en une veste de costume noire et un corset blanc, et que sa tête s'ornait d'un chapeau haut de forme « lanruoJ, emref-iot te etser élliuorrev. » Le cadenas du journal se ferma de lui-même avant de se verrouiller, et alors que l'adolescente retrouvait une apparence normale, elle attrapa son sac à dos et son lecteur MP3, dévala l'escalier avant de quitter sa maison.


Domicile des Zechlin, Gotham City, États-Unis, décembre 2018
Fermant la porte de l'ascenseur, Lori enfonça sans la moindre délicatesse le bouton du sixième étage, et la cabine s'ébranla peu après. Elle avait encore du mal à se faire à... tout ça. Elle n'arrivait même pas à comprendre exactement ce qui s'était passé et pourquoi est-ce que sa vie avait changée du jour au lendemain. Elle s'était couchée un soir dans son lit, à la maison, comme elle pouvait le faire tous les soirs, et le matin elle s'était réveillé dans une chambre qu'elle ne connaissait pas, dans un appartement qu'elle ne connaissait pas plus. Mais cette sale surprise n'avait été qu'un pétard mouillé à côté du véritable choc qu'avait été de voir sa mère bel et bien vivante, pleine de joie de vivre, en train de prendre le petit-déjeuner à la table de la cuisine comme si de rien n'était, comme si... elle n'avait pas fini au fond d'une piscine après s'être envoyée une pleine boite de médicaments. Sa vie aurait presque pu être parfaite si le pays n'avait pas été sous la coupe d'un malade mental qui avait de quoi faire passer les nazis pour des mecs sympas. Mais tout ça, c'était du passé. Le monde avait recommencé à tourner à peu près rond pour tout le monde, même si ça voulait dire perdre à nouveau sa mère, chose qu'elle supportait encore difficilement alors qu'elle avait enfin finit par s'habituer à la revoir dans sa vie. Plus d'une fois elle avait été à deux doigts de tenter de la ramener à la vie, mais elle avait toujours fini par renoncer. Et pour couronner le tout, ils n'avaient même pas retrouvé leur maison de Dayton. Mais bon, elle essayait de voir le verre à moitié plein en se disant qu'elle aurait pu se retrouver dans une ville pire que Gotham City. Même si c'était vraiment très dur de faire pire que Gotham City.
Sortant de l'ascenseur, Lori passa la porte de l'appartement qui était à présent sa maison, et balança son sac dans le couloir alors qu'elle retirait ses chaussures « P'pa, je suis rentrée! » Mais comme elle s'y attendait, son père était au boulot et elle n'eut que le silence pour réponse.Faisant un crochet par la cuisine, elle attrapa la bouteille de jus d'orange dans la porte du frigo, avant d'en boire une gorgée à même le goulot. Mais alors qu'elle pénétrait dans le salon, elle s'arrêta soudain en voyant qu'elle n'était pas seule, et que dans le canapé en face du fauteuil ou sa mère était assise se trouvait... un singe affublé d'un manteau à carreaux en tweed, d'un t-shirt ou on pouvait lire l'inscription You are dumber than me, d'un pantalon élimé et d'une casquette tout droit sortie de Sherlock Holmes, qui la regardait avec de grands yeux intéressés « Ok, un singe dans mon salon. Quoi de plus normal Lori? C'est juste une journée ordinaire dans la ville la plus dingue de la planète, faut pas t'en faire. » Demanda-t-elle à voix haute, même si personne ne risquait de lui répondre. Posant sa bouteille sur le sol sans lâcher le singe du regard, elle s'approcha doucement de l'animal avant de se pencher vers lui, alors que ce dernier la regardait encore avec de grands yeux « Hé ben mon gros, tu t'es perdu? Tu veux un sucre? » « Je suis tout à fait là ou je devrais être et sans façon pour le sucre. Et pour ta gouverne, je suis un chimpanzé, pas un singe. » Si Lori avait déjà du mal à se faire à l'étrangeté de la situation, ce ne fut rien à côté du moment ou elle comprit que la personne qui venait de dire ça n'était autre que le sin... chimpanzé. Poussant un cri qui tenait autant de la surprise que de la peur, et recula vivement, se prenant au passage les pieds dans le tapis. Se relevant bien vite, elle resta à bonne distance avant de poser ses mains sur ses hanches, prête à emprunter les pouvoirs de la première personne qui lui viendrait à l'esprit pour foutre ce macaque dehors « Okay, t'as cinq secondes pour me dire qui t'es avant de passer par la fenêtre! » « Je m'appelle Bobo T. Chimpanzee, mais tu peux m’appeler Detective Chimp. Ou juste Chimp. » « Et qu'est-ce qu'il fout chez moi Sherlock Bonobo? » Demanda Lori avec méfiance, alors qu'elle s'asseyait sur le fauteuil sans lâcher la bestiole du regard. Même si ce... chimpanzé ne lui avait encore rien dit, elle sentait que ça puait l'embrouille à plein nez et qu'elle risquait fortement de ne pas aimer ce qu'elle allait devoir faire. Avec le temps, elle avait appris que la magie avait toujours un prix, et que pour elle ça avait l'air d'être le fait de voir toutes les catastrophes magiques lui tomber sur le coin du nez.
Descendant du canapé, Chimp se mouva jusqu'à la cuisine, et Lori le vit revenir quelques instants plus tard avec une bouteille de bière à la main, totalement indifférent au regard étonné que lui lançait l'adolescente « Quoi? Ça risque d'être long, alors autant se mettre à l'aise. » L'animal parlant reprit sa place, avant de boire une gorgée de sa bouteille « Dis-moi, est-ce que tu es au courant de ce qu'il s'est passé ces derniers mois? » « Un peu. Je sais que quelqu'un a fait mumuse avec la réalité, mais tout est revenu à la normale. Et si vous comptez sur moi pour retourner sous le règne d'un espèce de crétin, je préfère vous prévenir que c'est clairement pas dans mes cordes. » Face à elle, le chimpanzé éclata de rire, manquant au passage de renverser le contenu de sa bouteille sur le canapé. Si ça vie était devenue une longue suite de situations bizarre depuis le jour ou elle avait découvert ses pouvoirs, voir un singe éclater de rire devant elle comme si c'était la chose la plus naturelle du monde se classait dans le top dix « Oh non, loin de là! Là-bas je me suis retrouvé enfermé dans un zoo sans une goute d'alcool, une véritable horreur. Mais un de ceux qui ont permit d'annuler tout ça... disons que vous pourriez vous être mutuellement bénéfique. John Constantine, tu connais? » « Trench, clope au bec, mauvaise humeur? Possible que je lui ai déjà emprunté ses pouvoirs à l'occasion. Mais sans vouloir vous offenser, j'ai pas besoin d'un prof. J'ai toujours réussi à me débrouiller seule et ça m'a très bien réussi jusqu'à présent. » « Crois-moi, je connais ce vieil imbécile depuis longtemps, et tu serais surprise de ce qu'il pourrait t'enseigner. Lui et toi vous avez un gros point commun: Vous êtes bien plus intéressants que ce qu'on pourrait croire au premier regard. » Lori n'était pas plus emballée que ça par l'idée de devoir se coltiner du jour au lendemain un chaperon, mais elle ne pouvait nier que ce Chimp avait raison. Elle le savait pour lui avoir déjà emprunté ses pouvoirs, mais ce John Constantine ne manquait clairement pas de ressources et de talents. Et si la moitié des rumeurs qui couraient sur ce gars étaient vraies... « Bon d'accord, je veux bien faire un essai. Quand est-ce que je commence? » « Pas tout de suite, il est actuellement... retenu ailleurs. » « Et qu'est-ce qui le retient? » « L'enfer ma petite. Ce pauvre John est bloqué en enfer parce qu'il est mort. » Oh, Lori sentait que sa discussion avec ce foutu macaque allait être très longue et pas forcément des plus agréables.

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