Hooked on a Feeling. | ft. Clark Kent.

C'était l'un de ces jour où elle ignorait ce qu'elle ressentait. Un de ces jour sans, comme on dit. Pamela avait beaucoup de jours sans, ces temps-ci. C'était cette petite voix dans sa tête qui lui suggérait que les choses iraient bien mieux si elle se laissait aller, pour une fois dans sa vie. Pamela était l'érudit, la sérieuse, la douce, Ivy l'hédoniste qui malgré son envie de profiter de la vie, cherchait surtout à détruire celles des autres. C'était deux parties d'elle, qu'elle essayait tant bien que mal d'associer les deux parties d'elle-même pour éviter qu'Ivy ne ressorte à la moindre contrariété.

Les orphelins qu'elle gardait, étaient en internat, en pleine semaine encore, elle trouvait cela préférable de les tenir éloigner d'elle pour qu'ils ne respirent pas le même air qu'elle trop longtemps, sachant ce que cela pourrait donner sur eux sur le long terme, qu'elle le veuille ou non, qu'elle soit Pamela ou Ivy, l'air chez elle pouvait devenir irrespirable à cause des toxines qu'elle ne contrôlait pas. C'était l'heure du thé. Elle attendait l'un de ces rare mais précieux ami, elle avait déjà tout préparé. Clark était l'un de ces rare ami de manière général, mais surtout masculin. De manière général, car à part les Sirens, parfois Bruce Wayne, Pamela avait du mal à s'associer aux autres. Un manque d'envie, de conviction et son instabilité permanente jouait beaucoup. Son instabilité mais aussi, comme pour les enfants qu'elle avait sous sa protection, la difficulté que cela représentait de respirer trop longtemps le même air qu'elle dans une pièce close, elle avait du contrôle sur ses toxines mais pas suffisamment. Elle pouvait éviter que l'air devienne trop irrespirable trop rapidement mais le contrôle n'était pas suffisant. Sa présence était toxique. Autre raison de ne pas avoir beaucoup d'amis, l'intérêt qu'elle représentait ne rendait pas sincère ses relations. Quand on l'abordait, c'était toujours avec une idée particulière en tête et elle finissait par le découvrir. Dans sa paranoïa, elle avait simplement fini par arrêter les relations sociales. Mais il y avait eu Clark, la bienveillance et la bonté incarnée, la gentillesse même, elle avait eu beau le tester de mille et une manières il n'avait jamais échoué, elle avait fini par s'ouvrir à lui. Clark ne l'avait jamais déçue. N'avait jamais agis contre elle sinon lorsqu'elle dépassait les bornes et que le Chevalier Noir ne s'en occupait pas. Clark limitait la casse et ce depuis qu'elle était sortie de l'asile pour la dernière fois. Il s'était naturellement imposé dans sa vie, il pouvait rester avec elle si longtemps qu'il le souhaitait sans souffrir des toxines qu'elle dégageait ou trop souffrir de son instabilité ; il était apprécié tant par Pamela que par Ivy, consensus entre les deux personnalités.

Quand elle commençait à dérailler, il était là. Des visites régulières qui lui faisaient plus de bien qu'elle n'oserait le dire, Pamela était réservée, timide. Pamela avait ses lunettes sur le nez, habillée d'une façon qu'Ivy aurait jugé être coincée, une robe qui arrivait sous les genoux, une coiffure trop attachée. Comme si elle était encore la jeune botaniste d'il y a nombreuses années. Peut-être était-ce Clark qui lui permettait d'agir ainsi, comme s'il lui redonnait peu à peu confiance en la gente masculine - et il y a énormément de boulot pour y parvenir - et l'aidait à se reconstruire. Nombreux étaient ceux qui l'aidaient, les enfants notamment, mais elle devait être leur appui, un modèle, une personne responsable, les rôles ne devaient pas être inversés. Là où Clark l'aidait justement à être comme un appui et l'empêchait de dérailler, avec sa simple gentillesse. Plus qu'une envie, c'était un besoin d'avoir ces rencontres et ces rendez-vous pour ne pas dérailler de nouveau et ce jour, il était plus que temps que Clark arrive. Elle ne vivait pas loin du jardin botanique de Gotham et certains comportements étaient un supplice pour elle. Il suffisait que l'on écrase une plante, qu'on tonde le gazon, qu'on taille un arbre et cela hurlait dans sa tête, des cris stridents auxquels elle s'efforçait tant bien que mal de ne pas répondre. Un travail permanent sur elle.

L'ennui était son pire ennemi. Du moins, l'un de ses pire ennemi. C'était dans ces moments là qu'elle se retrouve seule avec ses pensées et avec son double et cela ne donnait souvent rien de bon. Il lui arrivait d'écouter la musique quand cela n'impactait pas ses plantes, les sachant sensible aux vibrations de la musique. Elle regardait la télévision mais ce qu'elle y voyait, pouvait la faire partir en vrille, rien que voir, par exemple, des fleurs coupées quand un homme apportait un bouquet à une femme ou quand il y avait un mariage avec le bouquet de fleur de la mariée. C'était tant de choses à la fois.

Elle songeait à retravailler. Trouver un lieu, s'y imposer, être à nouveau botaniste. Plus personne ne voudrait l'engager sinon des associations écologistes extrêmes qui approuvaient totalement ce qu'elle faisait. Elle avait leur soutien, quand bien même certains les appelaient hippies ou hipsters ou qu'en savait-elle encore, elle avait leur soutien, mais ils étaient trop marginaux pour qu'elle puisse réellement en profiter. Et s'imposer, elle savait d'avance les risques qu'elle encourait. L'asile l'avait profondément marquée et elle savait que sa cellule l'y attendait toujours. Close. Dépourvu de lumière, juste le stricte nécessaire pour vivre. De l'eau impure. Trop de mauvais souvenirs lui venaient à l'esprit.

Son invité arrivait enfin, pour sa santé mentale ; merci. Il était juste un peu en retard mais ça ne l'étonnait pas, Clark lui semblait être tête-en-l'air, toujours faire mille et une choses à la fois pour finalement oublier ce qu'il devait faire. Cela avait son charme, c'était indéniable. L'homme s'excusait, se montrait charmant et accompagné de ce sourire, comment aurait-elle pu faire autrement que lui sourire ?

Encore quelque minutes et je croyais que tu m'avais oubliée.

C'était plutôt amusant que malgré ces capacités, il se contente d'une voiture. Elle s'approchait, venait déposer un simple baiser contre sa joue. Simple geste qui avait tué bien des personnes. Geste qui paraissait anodin mais ne l'était pas. Un baiser contre sa joue et elle se reculait pour le laisser entrer. Elle restait à distance des gens, quand elle n'était pas d'une humeur à vouloir faire plier le monde entier sous ses caprices. Elle restait à distance aussi par timidité, celle de Pamela, la réservée, la timide.

Quelles sont les nouvelles ? Quelque chose ou quelqu'un t'a retenu ?

Elle déambulait dans la maison après avoir fermé la porte derrière Clark pour rejoindre le salon. Un petit regard par dessus son épaule pour s'assurer qu'il suive tout en se disant que... Qu'aurait-il bien pu faire d'autre que la suivre, de toute façon ?

Les plantes réagissaient à la venue de Clark, habituées à le voir, le connaissant, pour certaines, depuis toujours. Les plantes évoluaient à leur guise dans la maison, quitte à parfois laisser des traces de terre au sol ou des feuilles par-ci par-là. Les plantes bougeaient, s'agitaient, pour certaines qu'elle avait crée de ses propres mains. Pamela souriait car pour une fois, les plantes ne criaient pas, n'avaient pas peur d'être martyrisée, ne communiquaient pas d'un possible danger entre elles et par conséquent à Ivy. C'était mieux quand cela se passait ainsi, cela étouffait aussi ce qu'elle entendait du jardin non-loin.

Pas que Pamela considérait Clark comme sa propriété et qu'il était tenu par des obligations envers elle, mais le savoir en retard la titillait un peu, elle partait du principe que cela faisait parti du charme de Clark et que même les héros avaient des failles, visiblement la geste du temps et la mémoire faisaient parties des failles du super-héros légendaire. Elle aimait l'idée d'un héros qui était, finalement, monsieur tout le monde et avait ses failles, failles qu'il montrait plus ou moins aux autres. Tout n'était pas tout blanc ou tout noir.

Le baiser sur sa joue pour l'accueillir n'était pas si anodin que cela. Dans le fond, elle aimait tester les gens, elle aimait voir si la résistance de Clark était permanente ou quand il le décidait, cette résistance était si exceptionnelle qu'elle aimait vérifier à chaque fois. Comme elle aimait, au fond d'elle, le danger que cela pouvait représenter dans un geste pourtant si simple. Clark n'avait pas l'air effrayé, sûrement avait-il l'habitude que rien ne lui résiste et que rien ne l'atteigne. A moins qu'il ne soit qu'un inconscient de plus, ce qui ne serait pas surprenant non plus. Si tête en l'air, si étourdi. L'air de porter le monde sur ses épaules sans réussir à tout gérer.

La présence de Clark n'affolait pas les plantes. Les plantes ressentaient plus de chose qu'on pouvait le croire. Elles sentaient les prédateurs, qui pourrait être dangereux de qui ne l'était pas. Il semblerait que Clark ait une bonne influence sur son entourage. C'était aussi ce qui avait participé à lui dire que Clark était quelqu'un de bon. Ou alors, elles réagissaient ainsi simplement parce que Pamela acceptait sa présence et ne se méfiait plus de lui depuis longtemps, elle lui faisait confiance. Elles agissaient ainsi aussi avec Harley, après tout.

Clark lui racontait sa journée et elle en souriait, qui osait seulement crier sur Clark ? Il fallait être fou ou ignorant pour le faire, elle n'imaginait pas grand monde qui oserait le faire. C'était aussi le problème des personnes trop gentilles, ce qu'elle avait appris avec Clark, trop gentil alors les gens en profitent et lui marchent dessus, c'était... assez triste.

Te faire crier dessus, c'est terrible. Installe toi confortablement, je reviens.

Mais Pamela étant ce qu'elle est, elle n'allait pas lui faire la morale à ce sujet, si Clark ne se défendait pas, c'était peut-être aussi parce qu'il savait qu'à la fin, il gagnerait forcément. Elle allait dans la cuisine préparer l'eau à chauffer et les feuilles de thé et de menthe qu'elle avait pu cueillir elle-même et faire sécher elle-même. Ce qui l'amusait souvent de dire qu'au moins, c'était bio, garanti sans pesticides ni herbicides ni quoi que ce soit de chimique, élevé avec amour et tendresse. Elle aimait le printemps, elle aimait voir les abeilles butiner les fleurs et passer des heures de travail dans ses serres et sa maison, les portes grandes ouvertes. Elle mettait l'eau et l'appareil sur la gazinière électrique. Elle revenait s'installer à côté de lui et regardait avec amusement les plantes venir fouiner dans son sac, de la curiosité, sans doute. Mais.

Crois-tu que mes enfants pourraient manquer de délicatesse et détruire quelque chose pour aucune raison, Clark Kent ?

Ivy n'était jamais bien loin et quelque phrases pouvaient la faire tiquer. Il avait beau rire, il avait beau dire cela plus par plaisanterie qu'autre chose, elle était susceptible. C'était dans ces moments là que l'éclat de ses yeux se faisait voir, d'un vert plus vif. Jusqu'à finalement soupirer.

Comme toujours, amour, comme toujours. Des jours avec et des jours sans. Les enfants ne sont pas là pour me distraire, j'ignore où est Harley. J'observe ce qu'il se passe aux informations. J'attends sagement dans mon coin, partagée avec ce que je dois faire et ne pas faire. Je pense qu'il serait bien que je retrouve un travail. Cela m'éviterait de rester ici trop longtemps et réfléchir à trop de choses.

Des petits surnoms comme il lui arrivait d'en donner, avec le temps, Ivy et Pamela parvenaient à ne former plus qu'un et Pamela avait surtout hâte qu'elles ne fassent entièrement qu'une seule et même personne, c'était moins fatigant. Une liane entourait la jambe de Clark, provenant de sous le canapé, jusqu'à ce qu'elle claque de la langue. Elles réagissaient beaucoup à ses émotions, les plantes faisaient parties d'elle, une extension d'elle. Alors quand elle avait envie de se rapprocher de quelqu'un, comme elle avait envie de se rapprocher de Clark, mais qu'elle n'osait le faire, comme par exemple poser sa main sur celle de Clark, les plantes - comme cette liane - prenaient le relais. Elle souriait, ça valait mieux ainsi.

Elle songeait à reprendre ses recherches et ses créations, elle aimerait créer des plantes qui résisteraient aux herbicides communs, créer des plantes qui résisteraient aux fortes chaleurs, aussi, qui ne soient pas des cactus. Que n'importe quelle plante puisse supporter les températures trop hautes ou trop basses, même, sans en souffrir, sans périr. Car les saisons étaient une chose naturelle, mais les crises comme celles de Freeze, pour ne citer que lui, n'avaient rien de naturels et elle ne voulait pas être dépendante de ce genre de caprices. Mieux encore, trouver quelque chose pour que toutes les plantes puissent se nourrir de toute eau, même les eaux salées de la mer. Qu'elles ne souffrent plus de la brûlure du sel. Elle notait les idées, dans un coin de son esprit, se perdant ainsi dans ses pensées. L'air ailleurs pendant quelque secondes. Puis elle revenait à la réalité et se permettait de retirer une liane du sac de Clark et une autre plante. Carnivore, qui plus est.

Je doute que tu trouves des insectes à déjeuner là-dedans, mon bébé.

L'hiver et les insectes qui se faisaient plus rares, plus timides.

Elle se souvenait encore parfaitement de son avant-dernière arrivée à l'asile, elle se souvenait du psychiatre et sa façon de lui parler. Il était admiratif et en même temps il lui parlait comme si elle avait une double personnalité ; avant ce jour-là, elle n'avait jamais véritablement considéré les choses de cette façon. Il y avait Pamela et il y avait Ivy mais ce n'était pas comme s'il y avait exactement deux personnes en elle, ce n'était pas comme si elle était possédée par un démon quelconque. C'était elle, toujours si consciente, c'était juste sa façon d'agir qui différait, une différence de comportement. Mais l'une comme l'autre personnalité avait les souvenirs de l'autre et pouvait réagir à l'autre. Plus Ivy que Pamela, c'était un fait. Mais cela arrivait. Ivy était la partie d'elle qui n'avait pas froid aux yeux, qui n'était pas timide. Mais qui était plus agressive et méfiante et tout cela était du à sa transformation qu'elle n'avait jamais digéré. Clark était le premier homme qu'elle laissait autant s'approcher et cela n'avait pas été une mince affaire, encore aujourd'hui c'était un peu tendu, elle gardait une certaine réserve, certaine méfiance mais ce n'était rien comparé au début. Elle s'ouvrait à lui, le laissait approcher et jusqu'ici ne l'avait jamais regretté. Elle riait avec lui, même, quand il lui parlait du charme de son boss. Il devait quand même avoir des cases en moins, à moins que ce ne soit Clark, le débat restait ouvert.

Elle déambulait entre cuisine et salon pour préparer le thé et le servir une fois l'eau bouillante, la bouilloire posée sur le plateau. Clark plaisantait avec les plantes, Ivy le prenait mal et la douceur dans la réponse de Clark, incitait forcément Ivy à se calmer. Susceptible. Pamela était-elle vraiment Pamela ou n'était-ce qu'un petit jeu d'Ivy ? Voir ce qui plaît le plus à quelqu'un et s'adapter à ce quelque chose pour en attirer les faveurs, c'était habituel avec elle. Chercher la façon de se comporter et s'adresser qui impacterait le plus quelqu'un, avec Clark, c'était la gentille et fragile Pamela qui fonctionnait le plus. Elle ne l'avait pas été depuis bien quinze années. L'indépendance lui convenait mieux que la fragilité et la douceur. Pourtant, il ne semblerait qu'il n'y avait aucune feinte, mais un comportement naturel avec Clark, qui s'imposait de lui-même.

Ce serait adorable de ta part, Clark. Travailler me manque. Je déborde d'idées mais aucun endroit à part ici pour les exploiter et on sait ce que cela finit par donner.

Rien de bon. Elle avait besoin de contact mais n'en n'avait pas envie, elle faisait une très mauvaise équipière. Ce qui lui conviendrait réellement serait d'avoir un laboratoire, être financée, rémunérée et tout irait pour le mieux pour elle.

Tu sais que je vais toujours bien quand tu es dans les parages, amour. Le problème qu'il me reste, c'est que chaque matin je suis réveillée par des cris stridents, mes pauvres bébés en face se font raser, tailler, écraser. Mais je suis sage. Fatiguée, mais sage. Et je t'ai déjà répondu, idiot.

Aurait-elle pu ronronner qu'elle l'aurait fait, mais elle laissait ça pour Selina. Elle aimait ce petit jeu de séduction avec Clark, qu'elle initiait. Elle ponctuait sa dernière phrase par un petit rire amusé, Ivy était Pamela, Pamela était Ivy. Elle était complexe. Difficile à suivre. Pamela était Ivy, Ivy était Pamela. Différentes et similaires à la fois. Si l'une allait, l'autre aussi. Inversement tout aussi vrai. Elle se penchait le temps de mettre servir l'eau dans les tasses de thé. Un usage maîtrisé des plantes était préférable, traiter la nature avec respect, ne pas prendre plus que ce qu'elle a à offrir. Elle avait beau avoir essayé de calmer la liane, celle-ci semblait s'amuser à remonter le long de la jambe de Clark, partant de sous le canapé. Ce qui la faisait rire. La nature était parfois taquine.

Plus je reste moi et plus je perds le contrôle sur certaines choses. On ne voit pas grand monde ici, on s'ennuie et voilà le résultat...

La liane était la représentation d'elle-même, son extension, c'était Ivy qui murmurait à l'oreille de ses bébés et ses bébés qui agissaient, comme son subconscient qui lui ferait faire des choses sans qu'elle ne semble les faire. Complexe. La liane n'avait pas de piques empoisonnés, elle remontait jusqu'au genou de Clark. Une fleur plus tard sur les jambes de Clark, Pamela prenait sa tasse de thé après avoir mélangé avec sa cuillère puis allait pour en boire une gorgée, agissant comme si de rien n'était. Un nouveau petit rire en regardant les plantes agir, dont celle qui s'était glissée dans le sac de Clark qui était repartie dans son pot de terre. Ses bébés. Elle gagatisait complètement. La nature était si belle qu'elle se perdait dans ses pensées juste à regarder les plantes devant elle. Elle finissait par poser sa tasse et se tourner vers Clark, ne pouvant s'empêcher de lui sourire.

Et à part le travail, quelles sont les nouvelles pour Clark Kent, doux et gentil journaliste ?

Parler d'autre chose que d'elle pendant quelque minutes, pour oublier ce qui pouvait lui trotter en tête. Son regard détaillant le visage de Clark comme elle le pouvait, cherchant quelque signes ; possible fatigue, agacement. Mais rien. Un visage toujours si parfait. Pas tuméfié, pas de trace de coup. Pas de signe de fatigue non plus à première vue. Aurait-il été une poupée que cela aurait été pareil. C'était ce qui l'avait inquiété, au début, trop parfait pour être vrai. Aucun homme ne pouvait être si beau et si gentil à la fois, ni si sincère. Elle continuait d'ailleurs à se dire que Clark était trop parfait pour être réel, qu'aucun humain ne pouvait être ainsi. Le problème venait bien trop souvent des humains, irresponsables. Qu'importe qu'elle ait été humaine autrefois. Et pourtant, Clark était là.

Elle finissait par bien se caler dans le canapé, dos contre le siège. Ivy aurait sûrement trouvé une position moins coincée, Ivy aurait remonté l'une de ses jambe dans le canapé, qu'importe le fait qu'elle soit en robe. Elle aurait sûrement glissée cette même jambe contre Clark. Mais elle ne faisait rien, elle était sage, tel qu'elle l'avait dit précédemment. Très sage, même. Trop sage ? Elle n'était pas habituée aux hommes comme Clark et elle essayait de profiter de l'instant. Ils étaient extrêmement différents, ne venaient pas du même monde, n'avait pas les même idéaux et pourtant. Il était un garçon de ferme, elle était une intellectuelle. Il était un journaliste gentil, sans histoire, elle était une criminelle. Il était stable, elle ne l'était pas.

Je ne te l'ai jamais vraiment demandé mais, que fais-tu ici, exactement ? Est-ce que tu t'assures que je ne déraillerai pas et donc essayer de limiter le travail des pseudo héros en combinaisons moulantes digne de la Gay Pride ou y a-t-il une autre raison ?

Elle voyait bien comme les pseudo héros avaient été débordés ces mois-ci. Elle mentirait si elle disait qu'Ivy n'avait pas voulu en profiter, que les regards se portent ailleurs, pour faire des siennes, l'occasion aurait été parfaite. Mais rien.

Clark était simple, il était gentil et d'un point de vue Ivyesque, il était beau et ce qu'il devait avoir sous la chemise se devinait facilement. Il n'était pas obligé de venir ici et pourtant il venait la soutenir, il avait des choses importantes à faire pour son travail et pourtant il venait prendre le thé ici avec elle pour prendre de ses nouvelles. Cela avait de quoi émouvoir Pamela de voir un homme si attentionné, comme avec le recule ça pouvait l'effrayer en pensant à Woodrue qui avait été si gentil avec elle. Mais il avait profité de sa naïveté et son manque d'expérience, ce qui jouait aussi dans la balance. Elle n'était jamais passée à autre chose. Il était fort probable qu'elle ne laisse jamais approcher un autre homme comme elle laissait approcher Clark et si elle éprouvait un certain désir et amour pour les femmes, le point de vue sentimental restait le même, fermé. Cela tenait déjà du miracle qu'elle laisse Clark approcher de cette façon. Tant l'une que l'autre personnalité, à dire vrai. Miracle qu'elle pouvait parfois s'expliquer et parfois non, tout dépendait de comment elle était lunée.

Et là, pour couronner le tout, Clark lui disait qu'il pouvait lui trouver un travail avec ses contacts. Rien n'était fait mais il essaierait et c'était déjà une énorme avancée. C'était un énorme pas et c'était une intention des plus gentilles. Qu'est-ce que cela pouvait cacher ? Ah, oui. C'était Clark à qui elle faisait face. Elle avait l'impression d'être redevable quand on faisait quelque chose pour elle, elle n'aimait pas franchement ce sentiment mais elle n'était plus à une exception près avec Clark. Clark lui disait qu'il voulait qu'elle aille bien. Il agissait comme un véritable ami. Elle agissait comme une tarée. Et comme un ami, il lui disait qu'il acceptait ce qui faisait parti d'elle, comme les lianes s'enroulant autour de sa jambe. Cela aurait pu être pour le retenir, cela aurait pu être pour le contraindre à quelque chose. Il ne semblait pas s'en soucier. Il était déjà sain et ne craignait pas ses toxines - quel était son secret ? - alors peut-être que les lianes n'étaient pas grand chose de plus. Quel homme sain d'esprit pouvait accepter ça ? Sûrement que dans le fond, Clark était amoureux de la nature lui aussi. Après tout, si ses souvenirs étaient vraiment exact, il venait de la campagne. Cela aidait. Et aussi sûrement que si elle avait voulu le blesser, cela aurait été fait depuis longtemps.

Il lui racontait ce qu'il se passait, sa vie, le retard sur le loyer qui lui faisait ouvrir grand les yeux, elle qui pensait qu'il gagnait bien sa vie comme journaliste. Oh, un chien. Elle adorait les animaux, ils ne lui rendaient pas toujours. Un chien avait besoin d'espace, elle hochait donc la tête. Elle aurait aimé l'aider d'une quelconque manière mais n'avait pas d'argent à profusion, l'argent que ses parents lui avaient donnés, servaient surtout à payer ses propres factures et tout ce qu'il fallait pour les enfants. Elle avait gagné bien des dollars de manière illégales mais donner ces informations à un journaliste, même de confiance, n'était pas l'idée du siècle. Il lui arrivait de partir avec ses amies et finir la soirée avec un certain pactole mais qui seul savait de quoi était fait demain. Hm. Quoi que.

Je pourrais peut-être t'aider, si tu le souhaites. D'une amie à un autre.

Il avait joué le rôle d'un psy. L'avait vu dans bien des états et l'avait empêché d'entrer dans d'autres. Elle espérait juste que Clark ne ferait pas parti de ces hommes qui refusaient qu'une femme les aide pour ce genre de chose. Féministe qu'elle était dans l'âme, elle n'aurait pas bien supporter une telle réponse. Ce n'était pas une question de charité non plus. Pamela avait toujours vécu dans l'aisance et la richesse, elle n'avait jamais eu à se plaindre du manque d'argent jusqu'à devenir Poison Ivy puis Pamela Isley à nouveau et rester juste la Pamela Isley sans emploi. Mais le casino avec Harley, ça payait, c'était la seule manière légale qu'elle avait eu de gagner de l'argent et qu'elle lui raconterait, le reste... cela resterait secret et il n'avait pas besoin de le savoir, de toute façon.

Ses lèvres s'étiraient plus largement alors qu'elle le testait à nouveau et qu'il réussissait le test avec brio.

Vous êtes un vil flatteur, monsieur Kent.

Les plantes continuaient leur cirque et évoluaient autour d'eux, plus ou moins visible. Les enfants qu'elle gardait s'y étaient faits. Les plus jeunes allaient jusqu'à les traiter comme on traiterait un chien ou un chat domestique.

Clark avait peut-être encore du mal à faire la différence entre Pamela et Ivy et toutes les nuances qu'il y avait à apporter. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, les psychiatres aussi avaient du mal à se mettre d'accord sur elle et ses possibles maladies mentales ou ses pouvoirs, ils n'y comprenaient rien, étaient trop limités, alors pour un homme qui n'était absolument pas dans le domaine médical et la psychologie, c'était normal qu'il soit perdu. Elle ne lui en voulait pas. Elle replaçait ses lunettes sur le bout de son nez alors qu'elles commençaient à glisser, replaçait une mèche qui tentait de se faire la malle de sa coiffure pourtant serrée, normalement. Ses cheveux devenaient parfois sauvages, semblaient prendre leur indépendance et faire leur vies. Comme quand des fleurs se frayaient des chemins entre ses cheveux libres, cela arrivait souvent. Pas maintenant mais cela arrivait souvent. Elle avait hâte d'être au printemps et respirer enfin profondément l'air tiède. Sa saison préférée. Elle divaguait encore.

Difficile parfois de savoir ce qu'elle faisait avec un simple humain, sinon perdre du temps. Elle était asociale, n'aimait pas créer des liens avec les autres. Pamela n'était pas douée pour ça et était même très maladroite, Ivy ne tissait des liens que pour se servir des gens et le faisait par nécessité et non par réelle intérêt ou envie, elle préférait de loin la compagnie de ses bébés à n'importe quel humain. Il n'y avait qu'Harley qui s'était réellement imposée dans sa vie. Puis Clark était arrivé et s'était imposé naturellement pour une raison qu'elle ne s'expliquait pas, semblant à la fois proche et lointain de tout souci qu'elle pouvait avoir et de qui elle était vraiment. Elle se demandait parfois si elle n'était pas une thèse qu'il avait à remplir, un journal à écrire et rien de plus, rien de moins. Il y avait beaucoup à dire sur elle, elle en avait conscience. C'était flatteur aussi. Elle aurait aimé qu'en un temps plus reculé, elle ait eu cette intention sur son travail. Si elle avait eu plus d'attention et plus d'amis, ça lui aurait évité bien des tracas. Ce n'était pas d'aujourd'hui qu'elle n'avait pas d'amis, Pamela n'en n'avait jamais vraiment eu. Elle était aujourd'hui rouillée sur les relations à entretenir avec les humains, comment il convenait de parler, de se comporter. Ce qu'il fallait dire ou non, faire ou non. Elle n'avait jamais eu de véritable amis car trop concentré sur les études, trop concentré sur elle, trop concentré à vouloir apprendre des choses et devenir l'élève modèle, ce qu'elle était. L'intello de la classe. Pamela n'était pas spécialement belle, ne faisait pas attention à son apparence. Elle ne se maquillait jamais, ses cheveux étaient toujours attachés un queue de cheval ou en chignon, ses tenues étaient de vieilles robes à fleurs sous sa tenue de labo. Si aujourd'hui elle portait une robe plus jolie et féminine, c'était parce qu'Ivy restait là, quelque part, lui indiquait les choses à faire, parfois. Quoi dire, quoi porter.

On ne s'intéressait jamais vraiment à Pamela et c'était ce qui lui avait fait perdre la tête quand Woodrue l'avait fait, c'était inédit. Alors quand elle voyait Clark s'intéresser soudainement à elle, la paranoïa faisait qu'elle faisait forcément le rapprochement. Comme avec chaque homme qu'elle rencontrait, il avait toujours cette alarme dans sa tête. Pourquoi Clark la regardait-il de cette façon ? Pourquoi était-il si gentil ? Pourquoi ci, pourquoi ça. Pourquoi passe-t-il son temps avec moi. Woodrue s'était intéressé à elle, s'était montré gentil et pour lui demander de faire des choses pour lui, comme aller voler des plantes rares et précieuses dans un laboratoire ou un musée et elle obéissait juste pour lui faire plaisir : naïveté et gentillesse sans bornes. Et là, elle se retrouvait bloquée avec elle-même quand elle lui proposait de l'aide, lui souriant et voulant se montrer bienveillante envers cet ami qui avait déjà fait énormément pour elle et faisait encore énormément rien qu'avec sa présence et la paranoïa qui montait et lui faisait se rappeler qu'avec Woodrue, c'était presque pareil. Presque, parce qu'avec le recule, elle savait voir le comportement de Woodrue et ce qui aurait du l'alerter et ces choses là, elle ne les retrouvait pas chez Clark. Il avait l'air un peu secret mais tout le monde avait sa part d'ombre et de secret. Clark lui assurait se débrouiller, elle se contentait d'hocher la tête. Bien, ainsi soit-il. Je suis juste sincère Mademoiselle Isley. Pamela avait envie de le croire. De croire en lui, en ce qu'il lui disait. Elle pouvait voir son aura, positive, bonne. Une part d'ombre qu'ils avaient tous mais il avait l'air bon, infiniment bon. Elle rougissait donc un peu et n'osait pas le regarder, la timidité qui faisait surface. Il y avait longtemps, tiens. Je vois que ta plante semble aimer ma jambe. Même si je sais que c'est toi.

Pamela rougissait d'avantage. Elle regardait la plante faire librement sa vie, sûrement à essayer de charmer à sa façon l'invité en l'entourant et allant jusqu'à créer une fleur sur lui.

Je n'ai pas toujours le contrôle sur tout cela. C'est comme si je leur parlais sans le faire, comme s'ils étaient des prolongations de mes bras et choisissaient d'agir pour moi alors que je ne décide de rien. Les plantes sont parfois comme des enfants capricieux. Souvent.

Mais la liane finissait par se retirer, elle s'en était amusée au début mais elle savait aussi ce que pouvait signifier ce genre de geste. Il aurait suffit d'un mot de travers ou un geste maladroit de Clark pour que la prise sur sa cuisse se raffermisse considérablement et cherche à le broyer. Elle ne le savait que trop bien. Alors la plante finissait par le relâcher.

Mais j'imagine que c'est cette partie de moi qui tient à te montrer que je t'apprécie énormément et que je suis heureuse que tu sois là, avec moi. Malgré ton retard.

Elle s'essayait à une blague pour se détendre un peu. Parce qu'elle se tendait justement à dire ces choses là. Elle savait qu'elle pouvait être elle-même avec Clark, s'il devait la juger, ce serait fait depuis longtemps.

C'est peut-être égoïste mais je trouve qu'on ne se voit pas assez souvent. Je sais que tu fais de ton mieux mais ta présence me fait toujours énormément de bien.

La présence tranquille de Clark lui faisait du bien, lui permettait de ne pas trop réfléchir à certaines choses et ne pas laisser Ivy prendre le dessus. Elle n'écoutait pas les plantes du jardin à côté, dans ces moments là, préférant se concentrer sur son invité. Clark était un homme simple et la simplicité lui faisait du bien, trop acharnée à défendre la veuve et l'orphelin, elle en oubliait la simplicité de la vie. Trop à cran sur l'activisme et l'écologie, elle en oubliait ce que c'était de parler de choses banales.

Crois-tu que l'on pourrait se voir ailleurs qu'ici, un de ces jour ?

Pas qu'elle lui proposait un rencard mais pourquoi pas, c'était surtout le fait de se voir dans un autre contexte que celui de sa maison, la faire sortir l'aiderait aussi à s'aérer l'esprit. Et pourtant elle était bien chez elle, elle y avait tout le confort auquel elle était attachée et l'asociale qu'elle était, se complaisait dans cet enfermement et cette solitude. Qui seraient forcément synonyme de "je vais péter les plombs et raser le quartier au premier qui tond le gazon". Le printemps allait être si beau que difficile à supporter.

Elle avait développé une phobie de l'enfermement, réelle phobie. Elle avait désormais horreur qu'on essaie de lui imposer des choses, déjà qu'avant elle n'aimait pas des masses cela, elle pouvait encore s'y faire. Ce qui était désormais impossible. Les choses se déroulaient telles qu'elles se déroulaient, Pamela essayant de calmer ses plantes un peu trop curieuses et un peu trop tactiles avec leur invité, il fallait aussi dire que des invités, ils n'en n'avaient pas beaucoup par ici, ils ne s'attardaient que rarement. Pamela s'occupait aussi de boire son thé. Au moins, Clark ne se vexait pas et ne semblait pas s'en formaliser, c'était un contact un poil trop proche, certes, mais elle ne regrettait finalement pas que ses plantes agissent de la sorte, c'était son prolongement et les plantes n'étaient pas violentes avec Clark, juste que l'intimité, elles ne connaissaient pas, forcément.

Je sais que tu ne souffres plus quand je suis là, lui disait-il. Elle souriait, amusée qu'il lui sorte ça comme ça. Adorable. Il est vrai qu'un filtre s'imposait, sans qu'elle ne sache pourquoi. Clark l'apaisait. Il lui faisait du bien. Et là, LA proposition.

Son regard s'illuminait, pas du vert typique d'Ivy mais de joie. L'idée l'emballait énormément. Partir se promener au bras d'un homme était déjà une idée quasi-improbable en soi, ce n'était pour ainsi dire jamais arrivé. Mais en plus y aller en bonne compagnie et dans un de ses endroit préféré, elle ne pouvait que s'illuminer. Elle connaissait chaque coin et recoin du jardin, elle connaissait chaque plante.

Oh, quelle merveilleuse idée, Clark ! J'adorerai cela.

Titiller cet aspect de sa personnalité était à double tranchant, cela pouvait faire des miracles et des dégâts aussi, il suffisait d'un rien. Toujours cette histoire de tondre le gazon ou tailler les arbres et cela pouvait suffire à l'énerver. Voir une plante trop sèche, pas assez nourrie. L'idée emballait tant l'une que l'autre, d'ailleurs, ajouté Clark à leur cause était une bonne idée aussi. Un journaliste qui ferait passer leur idées dans les journaux, à travers le monde, peut-être. Sur internet et non par papier.

Je serai ravie de vous guider et vous présenter chaque plante, Mr Kent.

Elle avait simplement reposé sa tasse de thé, vide et s'était levée, à croire que cela pressait soudainement. Elle passait déjà du temps dans ces jardins mais s'évitait d'y être trop souvent. Ce n'était pas comme si on pouvait lui refuser l'accès mais c'était par principe. Elle vivait de toute façon juste à côté donc elle pouvait y venir souvent sans tomber dans l'excès comme chercher à y vivre et changer ces jardins en serre sauvage gigantesque, une fois de plus.

Quel dommage que tu ne t'occupes pas de ce genre de journaux, une revue scientifique serait des plus passionnantes, il y a tant à dire, tant à voir ! Si les gens ouvraient les yeux et cherchaient à s'intéresser à la flore avec des articles, je suis sûre qu'ils y deviendraient plus sensibles !

Elle s'emballait, s'en rendait compte et se mordait la lèvre inférieur. Calme toi, Pam, calme toi. La passion qui parlait, ce n'était pas Ivy, c'était bien elle et sa passion pour le savoir mêlé à la flore. Elle soufflait pour se décontracter un peu.

Je suis prête, allons-y !

Nombreux étaient ceux qui pensaient que chaque feuille, chaque fleur, était la même. Mais c'était un monde entier de découverte qui fascinait Pamela. Et Pamela était aussi capable de créer des plantes alors il suffisait d'imaginer tout ce qu'il y avait et tout ce qui n'était pas encore découvert, ajouté à ce qu'Ivy pouvait créer. C'était un monde d'infini possibilités pour elle. De joie profonde, aussi et surtout. Forcément, ça impactait son moral et sa conversation.

Son comportement changeait quand Clark était là, elle remarquait certains changements, d'autres pas. Elle n'était pas constamment sur la défensive et Clark n'était pas de ces hommes qui semblaient à tout prix vouloir imposer leur masculinité aux autres comme si c'était une preuve de force incontestable. Il était reposant et elle avait fini par se faire à sa gentillesse. Il y avait encore quelque problèmes comme lorsqu'il avait parlé de ses plantes pouvant l'attaquer, ce qui était une blague était devenue pour elle une attaque, une pique. Mais en général, elle trouvait qu'elle s'en sortait plutôt bien. Pamela, Ivy, toutes deux féministes, l'une le montrant plus que l'autre. C'était un de reproche général qu'elle faisait aux hommes, vouloir asseoir leur dominance juste parce qu'ils sont des hommes.

Ou en tout cas, si c'était le cas avec Clark, elle ne l'avait pas encore vraiment ressenti et c'était tant mieux. Tellement de facteurs à prendre en compte qui jouaient en sa faveur, tant de choses qu'elle avait décortiqué chez Clark et tant de tests qu'il avait passé haut la main. Elle était détendue, n'avait pas cette tension sur les épaules, ce poids. L'impression de pouvoir simplement respirer sans observer chaque geste de Clark dans la maison, des fois qu'il marche sur une plante qu'il n'aurait pas vu.

C'était une superbe idée, quoi qu'un peu dangereuse, d'aller aux jardins botaniques. Elle n'était pas sortie juste pour le plaisir de sortir avec quelqu'un depuis très, très, très longtemps, trop pour s'en souvenir. Surtout avec un homme, dont elle évitait soigneusement la compagnie en temps normal. C'était risqué mais peut-être que prendre ce risque avec Clark serait bénéfique, il ferait comme il réussissait jusqu'à présent. Peut-être. C'était beau, l'espoir. Tout le monde en a besoin, de l'espoir. Toujours est-il qu'elle était on ne peut plus joyeuse à cette idée et que cela se voyait à son comportement comme à son regard qui s'illuminait. Rester entre quatre murs était agréable mais ce genre de promenade serait encore mieux. L'idée de partager ses connaissances et qui sait, en faire un article dans un journal connu pourrait impacter du monde et donc, plus de monde pourrait faire attention si ce monde était éduqué et savait comment était réellement la nature. Les gens étaient souvent des ignorants et cela jouait trop souvent à son goût contre la nature.

Bien, ainsi, ils iraient tout deux aux jardins. Clark lui disait qu'il allait prendre des notes, ainsi soit-il, elle n'allait pas s'en plaindre ou essayer de l'en dissuader, bien au contraire. Pamela allait replacer le plateau dans la cuisine, elle s'arrangerait plus tard pour tout ranger, elle allait enfiler une paire de chaussures - l'horreur totale pour elle qui passait le plus clair de son temps les pieds nus - et sa veste, comme s'il n'y avait aucune minute à perdre. Pourtant elle déambulait joyeusement, sautant d'une humeur plus réservée et timide à la joie même.

Ivy se comparait souvent à une nymphe. Porter des chaussures était abominable mais elle savait que si tôt ils arriveraient là-bas, si tôt elle se déchausserait et l'idée de retrouver sa famille entièrement ne pouvait que lui plaire.

Je te présenterai tous les lieux, on y est bien. Je suis sûre que cela te plaira !

D'une humeur à une autre. S'empresser d'ouvrir la porte, de sortir, sachant que Clark la suivrait. Pamela avait beau être toute petite, elle n'en n'était pas moins rapide, la raison de l'être se valait aussi.

Quelle magnifique journée ! Un bel homme rien que pour moi et dans l'un de mes endroit préféré, je suis comblée !

Un petit rire amusé pour accompagner ses paroles. Excessive sans trop l'être non plus. Enjouée, surtout. C'était comme revoir des êtres qu'on aimait mais qu'on avait pas pu voir depuis trop longtemps. L'envie de prendre des nouvelles en vrai plutôt qu'à distance, voir s'ils allaient bien. Sentir leur odeur, les écouter, les voir, les sentir contre elle aussi. Forcément, elle était de bonne humeur en sachant tout ça.