Un giorno così (zee)

Zatanna &
Barry

Un jour de congé.. cela signifiait forcément repos n'est ce pas ? Ou au moins du temps pour soi ? Il fallait croire que cette simple réalité était un luxe pour quelqu'un comme moi. Réveillé à l'aube par mon communicateur de la Justice League, j'avais du me presser à peine les yeux ouverts. Tout ça pour pas grand chose. Juste une réunion de dernière minute sur un sujet certes grave mais qui aurait pu attendre deux heures de plus. Si ce n'était pas plus. Vraiment parfois bosser avec un groupe d’insomniaque se révélait plus ardu que prévu. Après être rentré chez moi, on aurait pu croire que j'allais enfin avoir le temps de profiter de cette journée qui s'annonçait merveilleusement ensoleillée. Les infos me donnèrent tord. Il y avait en ce moment une prise d'otage en plein Central City.  Sans perdre de temps – mais en lâchant tout de même un soupir qui en disait long – je courrais jusque dans le centre ville. Un important dispositif de sécurité avait été mis en place tout autour de la banque centrale. Voitures, camion du SWAT. Tous les effectifs étaient sur place. Près à intervenir dès qu'ils en auraient reçu l'ordre. Pour travailler dans ce milieu, je savais cependant qu'ils n'allaient pas passer à l'attaque tout de suite. Le protocole a suivre dans ce genre de situation disait était très clair. La première phase était de rentrer en contact avec le preneur d'otage ou le chef de bande si il s'agissait une attaque organisée.  Cette première phase était ensuite suivie par une phase de négociations qui parfois prenait des heures. Ce n'était que lorsque toutes les tactiques pacifistes avaient échouées ou que tous les otages avaient été tué que se déclenchait la riposte. On avait donc encore beaucoup de chemin à faire pour en arriver là. Ce qui s'avérait être une aubaine pour moi – et beaucoup moins pour les personnes dont la vie était en danger. «  Qu'est ce qui se passe ? » demandais je en arrivant à la hauteur de l'officier portant le porte-voix. «  Ah Flash, c'est bien que vous soyez là » me répondit il avec un soulagement visible sur son visage. Je lui offrais un sourire rassurant avant de réitérer ma question. «  Une forcenée s'en est pris à une employée de la banque avant de se barricader avec dans la salle du coffre ». «  D'autres otages ? ». «  Non. Enfin pas que je sache. On a vu plusieurs personnes sortir en courant il y a quelques minutes, mais depuis plus rien ». «  Vous avez réussi à établir un quelconque forme de contact ? ». «  Pas encore. Vu où elle est planquée, on aura beaucoup de mal à la joindre. Un de mes gars essaye de pirater son téléphone portable pour voir si on peut la joindre comme ça. C'est pas gagné ». Sombrement, je hochais la tête. La situation bien qu grave n'était pas aussi catastrophique que les médias prétendaient. Raison pour laquelle j'évitais généralement de leur faire confiance. Je préférais de loin me faire ma propre opinion. Et de toute façon, la leur m'importait peu. Dangereux ou pas, je me devais d'agir. J'étais le protecteur de cette ville après tout. Tous ces citoyens étaient sous ma protection directe. «  Je vais y aller » lui déclarais je.  

Ce fut en marchant, et les bras levés en signe de reddition que j'avançais vers la porte de l'immeuble. Enfermée dans le coffre ou pas, je préférais ne prendre aucune chance. Je passais les portes sans encombres. Avec soulagement, je découvrais qu'effectivement l'endroit était depuis longtemps vide de toute vie. Par acquis de conscience, j'en faisais cependant le tour. L'oreillette au creux de mon oreille crépita. «  La porte blindée du coffre se trouve au deuxième sous sol » m'informa t-on.  Lentement, ce fut donc là que je me rendis. Je me retrouvais bientôt derrière cette dernière. «  Vous êtes assez près ! » me cria une voix à travers un haut parleur. Apparemment, notre forcenée avait une vue directe sur l'avant de la porte. A nouveau je levais mes mains en signe de paix. «  Je ne vous veux aucune mal Madame » répondais je en stoppant néanmoins ma progression. «  Et moi je veux que vous reculiez ». N'ayant aucunement envie de tenter le diable, je fis ce qui était demandé de moi. Mais restais tout de même à portée. «  Comment vous vous appelez ? » tentais je. Seul le silence me répondit. Clairement, cette histoire n'était pas gagnée. Pourtant, j'avais besoin de l'amadouer. Je ne pouvais pas courir partout. Pas sans savoir ce qui se trouvait réellement derrière cette porte. Pas sans savoir sa consistance. Passer à travers les objets n'était pas anodin. Cela demandait de la pratique. Cela demandait des informations. Il fallait courir à la bonne fréquence. Trop faible ou trop fort et je rebondissais sur sa surface. Et c'était sans compter le scénario catastrophe : rester coincé à l'intérieur. Vraiment, ce n'était pas ainsi que je voulais mourir. Ce qui était bien ce destin qui m'attendait si je me trompais. Le blindage écraserait mes os comme une botte écraserait une fourmi.

Pendant plusieurs dizaines de minutes, je tentais sans succès de la faire parler. D'obtenir son nom mais aussi le pourquoi de sa présence en ces lieux.  L'assaillante campa sur ses positions et resta muette. Avec un soupir, je lui informais donc que j'allais quitter les lieux pour quelques instants et que si elle avait un message à faire passer  ou des demandes à formuler c'était le moment. Lorsque rien ne vint, je reculais sans quitter la porte des yeux et montais les escaliers de la même manière. Finalement revenu à l'étage supérieur, je me cachais derrière la haute structure d'une colonne en marbre. Malgré l'urgence de la situation, je prenais le temps de réfléchir. Quelques secondes me permirent de trouver une ébauche de solution. Ou du moins un plan solide. Sortant le téléphone portable de mon costume , je cherchais du pouce le contact qui m'intéressait. «  Dis moi tu serais pas libre pour une petite mission de sauvetage par hasard ? J'ai besoin d'un peu de magie » déclarais je à ma nouvelle interlocutrice lorsqu'elle décrocha. Et ce sans même prendre le temps de dire bonjour. Je savais qu'elle me pardonnerait mon manque de politesse. Nous avions après tout pas le temps d'échanger des plaisanteries. «  Je suis à la banque centrale de Central City sur main Street » l'informais je avant de raccrocher. Maintenant je n'avais plus qu'à attendre que Zatanna fasse son entrée pour lui expliquer mon plan.

Zatanna &
Barry

Bras croisés sur ma poitrine, pied posé contre la colonne et dos également appuyé sur cette dernière j'attendais que mon amie fasse le trajet jusqu'ici. De temps en temps, je jetais un coup d’œil vers la porte blindée située bien plus bas pour m'assurer qu'elle était toujours en place et fermée. Il n'y avait eu aucun bruit depuis que je m'étais éclipsé et je voulais croire que c'était synonyme de bonne nouvelle. Et non d'une catastrophe. Je me redressais cependant lorsque des bruits de pas me parvinrent aux oreilles. « Hello Flash ! Me voilà, prête à dispenser un peu de magie dans la vie des criminels. Qu’est-ce qu’il se passe ? ». « Bonjour Zatanna. Merci d'être venue aussi vite » la saluais je à mon tour. «  On a une prise d'otage en cours dans la salle du coffre à l'étage d'en dessous. Le problème étant que nous n'avons aucun moyen de savoir ce qui se passe à l'intérieur et que la ravisseuse ne s'est pas montrée très coopérative jusqu'à présent » lui expliquais je, embêté par cet état des faits. «  Tu crois que tu pourrais te téléporter à l'intérieur dans son dos pendant que je retiens son attention sur la porte en lui parlant ? ». Lorsqu'elle confirma que c'était possible, je lui relayais les dernières informations que j'avais eu concernant la taille de ce coffre. D'une taille moyenne, je lui conseillais de se téléporter dans le fond de ce dernier afin d'être sur de pouvoir surprendre notre vilaine du jour. «  Attend que je te donne le signal okay ? ». Nous n'avions qu'une chance de faire les choses bien ici. Une chance que je ne voulais pas perdre. Il y avait la vie d'une inconnue en jeu après tout. Et même notre méchante avait aussi le droit de vivre. Après tout, je n'étais que le héro de cette ville. Pas son juge, pas son bourreau. Comme me l'avait toujours répété ma mère, l'on était soit tout puissant soit juste mais jamais les deux en même temps. Doucement, je lui tapotais sr l'épaule en signe muet de remerciement et descendais à nouveau les escaliers pour me présenter, mains en l'air, devant cette large porte couleur bronze.

« Ecoutez... je peux vous aider okay ? Mais il faut que vous y mettiez aussi du votre ». Ma voix forte et typiquement masculine rebondit sur les murs environnants. «  Est ce que vous pouvez au moins me dire comment se porte la jeune femme avec vous ? » demandais je après n'avoir obtenu aucune réponse. «  En vie » déclara t-elle. C'était déjà une bonne nouvelle en soit. Maintenant, il fallait juste que cela reste ainsi. «  Est ce que je peux vous demander pourquoi vous faites ça ? ». « Comme si ça vous intéressait ». «  Cela m'intéresse. Si vous ne me parlez pas, je ne peux pas vous aider. Et c'est ce que je fais, j'aide les gens » déclarais je pour tenter de l'amadouer. Un rire à la limite de l'hystérie s’éleva par le haut parleur. «  Oh vraiment?! Flash le grand héro de central city ! Le sauveur, le messie ! » ria t-elle en se payant clairement ma tête. Pour autant, je ne le prenais pas mal. Il y avait de la douleur dans sa voix. Une douleur à laquelle j'étais toujours sensible. «  Et où étiez vous lorsque mon mari est mort ? Où étiez vous lorsque mon fils s'est tué en voiture deux ans plus tard ? Et où étiez vous lorsque cette foutue banque m'a pris ma maison, toutes mes économies et m'a laissé sans rien ! Juste un carton dans lequel mourir voilà ce qu'ils ont eu l'amabilité de me laisser. Et vous voilà le héro à essayer de sauver cette institution pourrie qui vole les honnêtes gens et profite de leurs faiblesses ». Une grimace passa sur les traits cachés de mon visage. L'histoire de cette femme n'était malheureusement un cas isolé. Beaucoup se retrouvaient dans la même situation parce que nous vivions dans une société où l'argent et le pouvoir avaient toujours le dernier mot. Et ça ce n'était pas un combat que je pouvais gagner.  Pour autant,c e n'était pas la faute de cette femme qu'elle avait mise en joug et retenue. Même si je saignais pour elle et pour les difficultés qu'elle avait traversé, je ne cautionnais pas pour autant son acte de violence désespéré.

Sachant qu'elle était pleinement concentrée sur ma présence, je donnais discrètement le signal à Zatanna, le cœur lourd d'avoir à prendre une telle décision. En quelques minutes après ça, tout était terminé et la porte blindée s'ouvrit pour laisser passer les protagonistes. L'otage se jeta dans mes bras et pleura à chaudes larmes, tremblante de la tête aux pieds. Pour autant c'était sur celle qui allait passer le reste de ses jours en prison que mes yeux se posèrent.  Elle ne méritait pas un tel sort. Malheureusement, elle avait elle-même creusé sa propre tombe. Et elle allait devoir vivre avec les conséquences de ses actions. Je priais pour que le juge soit clément dans sa sentence. «  Quelle journée de merde » lâchais je à l'intention de Zatanna, mains sur les hanches une fois que nous fûmes tous dehors et que les deux femmes furent dispatchées entre les pompiers et les policiers. « Franchement je donnerais tout ce que je porte sur le dos pour m'éloigner de tout ça pendant un jour et aller je sais pas.. bouffer jusqu'à exploser quelque part en Europe. Peut être en Italie vu qu'il paraît que c'est sympa à cette période de l'année». Un break ne faisait jamais de mal à personne. Surtout après avoir envoyé une victime directement à la case prison sans passer par la case départ. Du moins, c'était ainsi que cela me faisait me sentir.

Zatanna &
Barry

« Mais tu pourrais, non ? Là, maintenant, tout de suite, aller en Italie, à Rome, sur la plus grande place de la ville, pour t’asseoir en terrasse et profiter du soleil et tout ce qui ne se trouve pas ici et maintenant ». «  En théorie oui je peux ». J'allais tellement vite que voyager n'était pas un inconvénient. Je n'avais qu'à courir. En quelques minutes, je pouvais être prêt  me prélasser sur les plus belles plages de la côte Ouest. En quelques heures, je pouvais entreprendre la plus grande expédition de ma vie d'humain et aller gravir l'Everest pour enfin atteindre ce sommet du monde dont tout le monde parlait. En courant, je pouvais définitivement aller partout ; de l'Antarctique à l'Arctique. Je pouvais tout faire. Et pourtant je ne l'avais justement jamais fait car j'avais des responsabilités et un boulot qui ne laissait que peu de place aux vacances. Même en jour de repos, je pouvais être appelé à tout moment. Je me devais d'être que le qui-vive. Prêt à agir. Mais alors à quoi me servaient mes capacités si justement je ne pouvais pas les mettre à profit pour un but un peu plus égoïste pour une fois ? J'en avais tellement fait depuis que j'étais devenu Flash qu'il me semblait pas égocentrique de vouloir moi aussi en profiter. Au moins un peu. Ce n'était pas vraiment comme si je laissais tout derrière comme ça , de manière indéterminée. « Moi aussi ça me fait rêver. Je reviens de vacances, mais ça n’a fait que me donner envie de repartir » m'informa Zatanna, ce qui déclencha  chez moi un léger rire. «  Je crois que tu es bien la première super-héroïne qui m'ait dit avoir pris des vacances » lui appris je en riant toujours un peu. Ce n'était pas vraiment la chose que l'on entendait le plus souvent dans notre milieu. Justement parce que la criminalité ne dormait jamais. Parce qu'il y avait toujours des gens à sauver quelque part à travers le monde. « Fais-le ! Qu’est-ce qui t’en empêche ? Le boulot ? Ils se débrouilleront sans toi. La Justice League ? C’est bien pour ça que vous avez recruté, non, pour être plus nombreux ! ». Face à ses arguments, je ne pus trouver une raison valable de retourner chez moi m'asseoir dans mon canapé. Le monde était à ma portée et même en cas d'urgence je n'étais jamais très loin, la distance n'ayant finalement aucune signification pour moi. «  Tu sais quoi t'as raison ! » déclarais je alors, sur de moi. Si mes collègues pouvaient partir aux Seychelles pendant deux semaines sans se sentir coupable, je pouvais bien partir une après midi à Rome. Et cela même si je n'avais pas réellement les mêmes responsabilités qu'eux.

Envoyant un sourire vers Zatanna, je m'apprêtais à la remercier à nouveau pour son aide avant qu'une idée ne s'impose comme une évidence dans mon esprit. Elle pouvait venir avec elle. Elle même venait de le dire après tout. Elle avait bien envie de repartir en vacances. Et Rome était son idée de destination. Avec un grand sourire, je la soulevais donc dans mes bras comme un époux porterait sa nouvelle femme. «  Mademoiselle, accrochez vous » lui soufflais je alors que les flashs des journalistes crépitaient en arrière fond. Je savais par avance que j'allais faire la une de tous les journaux dès le lendemain. Pour sa sécurité, je plaçais son visage dans mon cou et lui demandais de respirer calmement contre le cuir de mon costume. J'aurais peut être du lui demander si elle voulait vraiment s'embarquer dans cette aventure avant de commencer à courir. Mais maintenant il était trop tard pour reculer. Avec elle dans mes bras, je ne pouvais pas courir aussi vite que je le voudrais mais j'emmagasinais tout de même assez de vitesse pour pouvoir courir sur l'océan atlantique sans couler. Après plusieurs dizaines de minutes – une demi heure à tout casser – je glissais sur les pavés d'une ruelle de la capitale italienne avant de m'arrêter complètement. «  Bienvenue à Rome » lançais je après l'avoir déposé au sol. «  Euh ça va ? Tu as l'air un peu … verte ? ». J'oubliais souvent que ma vitesse si elle était agréable pour moi, ne l'était pas forcément pour mes passagers. Plus d'un me l'avait prouvé en me vomissant dessus. Par mesure de sécurité, je m'éloignais donc légèrement d'elle. «  Tu as une poubelle là si tu veux » lui signalais je en lui montrant l'objet du doigt. Le propriétaire de la poubelle ne serait certainement pas d'accord mais pour moi c'était quand même que de vomir à même le sol.  Au moins, ainsi , les piétons étaient saufs.

Zatanna &
Barry

Une grimace passa sur mon visage alors qu'elle se mettait à régurgiter. Clairement, le voyage à la vitesse de... l'éclair était à proscrire. Pas très bon pour sa santé. «  Pas taper » déclarais je en levant les mains en signe de paix lorsqu'elle tourna un regard noir dans ma direction. Vu son air farouche je n'aurais pas été surpris de la voir me sauter dessus dans la seconde suivante. Et ce dans le seul but d'essayer de me mettre la tête au carré. Heureusement pour moi, je courrais vite et avais des réflexes surhumains. L'éviter n'aurait pas été compliqué. L'autre solution aurait été bien sur de la laisser me mettre une baffe...que je devais bien avouer mériter. Au moins un peu. « Désolé » reprenais je en tentant de l'apaiser et en reculant vaillamment de quelques pas de plus. « Je crois que pour commencer, j’ai besoin de boire un truc. Frais de préférence ». «  Oui d'accord on peut faire ça , pas de problèmes » lui répondais je , prêt à accepter toutes ses demandes après avoir été la cause directe de tous ses maux... digestifs. Gentleman, je lui tendais le seul mouchoir que j'avais sur moi. Au cas où elle désirait s'en servir. «  Il est propre » crus je bon de rajouter en le secouant légèrement dans sa direction afin qu'elle s'en saisisse. Une fois que ce fus fait, je profitais du fait qu'elle soit occupée pour me changer. Mon costume était des plus confortable mais il était difficile de passer inaperçu avec. Et je ne voulais pas créer un mouvement de panique en arrivant au milieu de la foule vêtu de la tête aux pieds de ma tenue rouge et or. Après tout, les tâches qui nécessitaient la présence de Flash n'étaient jamais très encourageantes pour la sécurité des citoyens.

« Tu vois, si tu peux faire ça, tu devrais te permettre de le faire tous les jours. Et le jour où tu avoueras à ta copine que tu es Flash, tu pourras l’emmener en vacances d’un claquement de doigts où elle voudra » reprit elle finalement en ayant apparemment retrouvée tous ses esprits. Pour toute réponse, je haussais les épaules un peu penaud. Dans le fond, elle n'avait pas tout à fait tord. Et c'était bien pour cette raison que j'avais cédé à cette envie aussi facilement. Pourtant, il fallait tout de même garder à l'esprit qu'il y avait des lois et des traités internationaux. Lois et traités que nous venions tous de violer. Si c'était l'affaire d'une fois, je supposais que ça allait. Il était de toute façon trop tard pour s'en préoccuper maintenant. Mais il ne fallait clairement pas que cela devienne une habitude. Après tout, il y avait des gens  et des organisations qui n'aimaient pas bien ce que je représentais. Ce que nous représentions. Je préférais éviter dans la mesure du possible d'être considéré comme l'ennemi public numéro un. J'avais déjà bien assez d'ennemis comme ça , sans rajouter la communauté mondiale dans le lot. « Quoiqu’il en soit, c’était impressionnant. Et comment tu te sens, là ? ». «  Comme si je pouvais avaler un troupeau de vaches ». Ce n'était pas très raffiné mais assez proche de la réalité. Mon estomac se chargea d'ailleurs d'appuyer mes propos avec un bruit reconnaissable entre milles. Gêné, j'offrais un léger sourire à Zatanna. «  Allons manger .. et boire. Beaucoup manger et beaucoup boire » décrétais je plus que percé à jour.

Avec un geste de la main, je l'invitais à sortir de l'ombre directement sur la place ensoleillée. Un instant ébloui, je posais une main en visière au dessus de mes yeux pour me protéger. Ne connaissant ni la ville ni la langue, je haussais les épaules et prenais une direction au hasard. Au bout de quelques minutes de marches, je m'arrêtais devant la devanture d'un restaurant aux nappes typiques. Probablement un attrape touriste mais la douce odeur qui s'échappait de la porte laissée ouverte suffit à me convaincre. J'invitais Zatanna à entrer avant d'en faire de même. Un homme arriva rapidement vers nous et nous salua en Italien. Sans que l'on est besoin de préciser, il nous conduisit à une table faite pour deux et nous tendis deux menus. «  Grazie » le remerciais je avec un très fort accent américain. Au moins j'avais essayé. «  Me regarde pas comme ça, c'est  littéralement le seul mot que je connais » rajoutais je en direction de mon amie. «  ça et pizza bien sur » terminais je en ouvrant le menu pour me plonger dans la page dédiée à ces dernières. Rien que les noms me mettait l'eau à la bouche – et ce malgré le fait que je ne comprenais rien. Sauf mozzarella. La consonance des mots lorsque je tentais de les faire rouler sur ma langue à voix basse me fut totalement étrangère mais me donna l’impression que tout était bon et luxueux. Avec des pizzas il était de toute façon très difficile de se tromper.  Fort de cette pensée, je fermais le menu, prêt à commander le double de mon poids en pâte, tomates, fromages et herbes. Je venais faire de l'exercice après tout, il fallait bien que j'alimente correctement la machine. Et même si je n'avais pas besoin du menu en entier, ce n'était pas comme les calories allaient rester. Et puis, la gourmandise n'avait jamais tué personne. Dire que l'on n'avait même pas encore eu la carte des desserts !

Spoiler:

Zatanna &
Barry

Plus je parlais et plus je voyais les yeux de l'homme devenir rond de surprise. Du coin de l’œil, je le vis même s'arrêter d'écrire, probablement pour s'assurer qu'il ne rêvait pas. Un peu gêné, je relevais un regard vers lui par dessus le rebord de ma carte et lui envoyais un sourire qui se voulait rassurant. « C’est le petit-fils de Steve Jobs. Vous ne le reconnaissez pas ? » déclara mon amie, me faisant instantanément comprendre qu'elle pouvait être le problème. A sa place, je me serais probablement aussi inquiété pour mes finances. Même si il ne pouvait pas le savoir, j'étais un type honnête. Qu'importe le montant final inscrit sur la note, cette dernière allait été entièrement liquidée. Une chance que j'avais reçu mon salaire la veille. « Désolée, c’était nul. Il va peut-être aller appeler les flics ! Mais au pire on mange et on part en courant ». «  Oh zee que c'est moche comme idée » la charriais je avec un sourire amusé au coin de la bouche.  Elle qui était quoi … millionnaire ?  Ou un truc comme ça. En tout cas, elle avait clairement plus de moyens que moi et donc aucune raison de se mettre à courir et commettre un acte de filouterie. Si ce n'était pour le frisson du moment. Un pic d'adrénaline qui faisait pulser le sang dans vos veines et vous rendait plus vivant que jamais. Elle comme moi nous y étions certainement addicts. Tous les super héros l'étaient. Même si ils n'étaient pas prêts à l'avouer. Ni aux autres ni à eux mêmes.  Un serveur plus jeune se présenta à nous pour apporter de une carafe d'eau sur la table, le coca demandé par Zatanna et des couverts mieux adaptés à nos commandes. Le jeune homme hésita un instant avant de finalement décider de coller une autre table à la table. Certainement pour accueillir ce qui pour eux était un caprice culinaire de ma part. Ah si seulement il savait. D'un signe de tête, je le remerciais et faisant comme mon amie, me posais plus franchement contre le dossier de mon siège. Yeux plissées, je regardais ce qui se passait dans la rue. Touristes, natifs.. tout ce petit monde semblait se mélanger dans une union quasi parfaite. Et eux milieu il y avait nous. Les visiteurs d'un jour. « Je crois que c’était une bonne idée. J’ai déjà oublié l’existence (…)  des agresseurs armés de mayonnaise. Oui, je n’ai pas oublié ce moment, s’il te plaît, s’il redébarque dans ta ville, ne m’appelle pas ». Un rire surpris passa mes dents et mes lèvres. « Quelle soirée » ajoutais je à sa suite en me remémorant le gala auquel j'avais été magiquement convié. « Alors dis-moi, qu’est-ce que tu as envie de faire ? On cherche les musées à visiter ou plutôt les boîtes de nuit à la mode » me demanda t-elle un peu plus sérieusement par la suite. Je devais avouer que je n'en savais rien. Ce n'était pas comme si nous étions venu passer de réelles vacances ici en ayant un circuit préétabli. Qui plus était, le pré établi cela ne me réussissait jamais. Je préférais de loin ma spontanéité naturelle qui certes me mettait souvent dans l'embarras mais me donnait aussi des opportunités fantastiques.

«  Qu'est ce qui t'intéresserait le plus ? » la questionnais je alors en plaçant mes mains derrière mon crâne pour devenir le symbole même du nonchalant bien être. « Je suis partant pour tout. Musées, balades, boites de nuits.... ». Nous avions quelques heures devant nous, autant bien les remplir. De plus, ce n'était pas comme si nous avions une heure de couvre feu. Il n'y avait plus de papa ou de maman derrière nous pour nous demander de rester sage et de rentrer avant minuit. Pour ma part, il n'y en avait jamais vu mais je supposais que c'était un autre problème. «  Je dois avouer que je jetterais bien un coup d'oeil au Vatican vu qu'on est là ». J'avais beau être de confession juive, cela ne m'empêchait pas de m'intéresser aux autres édifices religieux. Et puis, le Vatican – état à part entière – était plus qu'un symbole religieux au yeux du monde. Il renfermait tellement de beauté architecturale et d'oeuvres connues qu'il aurait été dommage de le louper. L'ouverture d'esprit, il n'y avait souvent que ça de vrai pour profiter des joyaux que le monde avait à offrir. «  J'espère juste qu'on aura pas besoin de nos passeports pour rentrer … sinon ça risque d'être un peu compliqué.. » m'amusais je en haussant légèrement les épaules. Au pire, Zatanna pourrait faire un petit tour de magie. Avant que je n'ai pu lui faire cependant la remarque, le serveur et le gérant revinrent vers nous pour apporter la première fournée de pizza et une salade.  «  Tu peux en prendre si tu veux » lui proposais je en œillant sa salade.  Se faisant je remballais la petite voix dans am tête qui me soufflait que tout ce que j'avais été à moi et que je n'avais pas besoin de partager mon repas. «  Buon appetito » lui lançais je dans un italien très approximatif. Sans aucune grâce, je coupais plusieurs parts de pizza avant de commencer à les manger avec les doigts. L'huile parfumée me colla aux doigts sans que je n'en sois dérangé. Ce n'était probablement pas très glamour mais Zatanna m'avait vu dans des positions bien plus compromettantes au fil de nos rencontres. Et surtout beaucoup plus .. crades. Sang, fluide alien non identiable, poussière... la vie de super héros n'était clairement pas un défilé de haute couture.

Zatanna &
Barry

« Je me demande comment tu fais pour te nourrir à ta faim avec ta paye de fonctionnaire. C’est pour ça, en fait, que tu ne te payes jamais de vacances, hein ? ». Pour toute réponse, je lui envoyais un petit sourire. Ah si elle savait. Ma paye de fonctionnaire n'était pas suffisante pour apporter à mon corps ce qu'il avait besoin jour après jour. Le budget nourriture était bien trop conséquent. Je n'aurais eu que ça à payer, ma vie aurait été lus simple. Mais à coté de cette dépense nécessaire, il fallait aussi payer les impôts et autres taxes, mois après mois. Personnellement, je n'avais aucune envie de retrouver le fisc sur le paillasson de mon domicile à quatre heures du matin. Finir en prison pour si peu n'avait absolument rien d’attrayant. Tout le monde en conviendrait facilement. Par chance pour mois, je travailler dans un commissariat, endroit où il y avait toujours de la nourriture gratuite pour celui qui savait y faire. Autant dire que j'étais passé maître dans l'art de me faire offrir un donuts à n'importe quelle heure de la journée. Si bien  que j'arrivais à peu près à satisfaire les besoins de mon organisme très spécial.  Mais il y avait encore des jours où je fonctionnais littéralement sur mes réserves. Dans ce cas précis, l'expression se serrer la ceinture n'avait jamais été mieux employée. Malgré tout, je ne me plaignais de rien. J'avais une vie plutôt pas mal dans l'ensemble et rien à regretter. Si ce n'était le sort qui avait été réservé à ma mère et à mon père. Mais ça c'était une autre histoire. « Okay, commençons par le Vatican, en plus la chapelle Sixtine est ouverte. Mais ils disent qu’il n’y a rien pour se nourrir là-bas, il faudra y penser » déclara finalement Zatanna en ayant fait le tour des propositions ; les siennes comme les miennes. « Peut être qu'ici ils font des pizza à emporter » lançais je en enfournant un gros morceau de pizza aux 4 fromages dans ma bouche avec toute la grâce d'un cochon mangeant sa gamelle. Momentanément gêné pour mon élan de gloutonnerie, je plaçais ma serviette devant ma bouche pour cacher mes joues bien rondes et mes lèvres luisantes d'huile. Vraiment, j'étais un spectacle à moi tout seul. Un fait qui n'échappait pas aux autres clients de ce petit restaurant. Je sentais depuis plusieurs minutes leurs regards sur moi, curieux , interloqués et prêts à juger.  Face à leurs réactions, je ne pus empêcher ma nuque et mes joues de devenir aussi rouge que la sauce tomate qui recouvrait ma troisième pizza. La nourriture était cependant trop bonne pour que je puisse m'arrêter.

Lorsque j'avalais ma dernière part de pizza pour le moment, je me laissais tomber contre le dossier de ma chaise. Mon ventre était tendu et mon visage affichait un air indéniablement satisfait. Voyant que nous avions terminé – ou plutôt que j'avais terminé -, le serveur revint vers nous pour débarrasser les dernières assiettes vides. «  Hum.. dessert ? » demanda t-il dans un anglais au fort accent italien. «  Bien sur » répondais je tout sourire. Il ne restait toujours un peu d'espace pour une petite touche sucré. «  Tiramisu pour moi » commandais je avant qu'il n'ait le temps de partir aller chercher les cartes.  Les classiques, il n'y avait que ça de vrai. Et puis, cela me ramenait à autre époque. Une époque joyeuse, faite de rire, de complicité et d'amour maternel. Ni mes parents ni moi n'étions d'origine italienne mais cela avait toujours été de loin la cuisine préférée de ma mère. Je me souvenais comme si c'était hier de cette soirée passée ensemble dans un petit restaurant italien à quelques rues de chez moi. Cela avait été ma première expérience avec le tiramisu. Et je n'étais pas prêt de l'oublier de sitôt. Une fois la commande de Zatanna prise, l'homme s'excusa à nouveau pour aller chercher ce qui nous avait fait envie. A nouveau, je plaçais mes mains derrière mon crâne dévoilant mon ventre bien tendu. «  Je crois que je vais pouvoir rouler dans les pentes » déclarais je en tapotant d'une main mon petit ventre rebondi avec un sourire amusé aux coins des lèvres.  Rien de gravissime lorsqu'on savait le nombre de calories que je brûlais en courant quelques brèves – mais intenses- minutes.

Lorsque mon dessert fut posé devant moi, je me redressais et adressais mes remerciements au serveur. Ce dernier n'avait pas manqué de nous amener la note en même temps. Sans en regarder le montant, je posais ma carte de crédit par dessus. «  C'est moi qui régale » déclarais je à Zatanna avant qu'elle n'ait pu se plaindre ou décider de payer à ma place. Certes, je ne roulais pas sur l'or mais je pouvais encore faire ça pour elle. Ce n'était après tout pas comme si sa salade allait me ruiner.  Sans rien ajouter de plus, je plantais ma cuillère dans le dessert et l'apportais à ma bouche. Le café, la mascarpone et le chocolat en poudre fondirent sur ma langue. Un vrai délice. Malheureusement pour moi, je n'allais pas pouvoir profiter de ce délice jusqu'à la dernière miette. Alors que j'allais pour enfourner une autre cuillerée dans ma bouche, un client passa à mes côtés et heurta mon coude. Le contenu de ma cuillère s'envola. Yeux ronds, je tentais de le rattraper. Et ce en ayant l'état d'esprit de ne pas utiliser ma vitesse pour éviter de me faire avoir aussi bêtement. Hélas ma tentative se solda par un échec et le bout de tiramisu termina sa course sur le visage de Zatanna. Un silence pesant s'installa entre nous alors que de surprise je restais couvert en l'air, à moitié hors de ma chaise. «  Oh non mon  gâteau... » ne trouvais je rien d'autre à dire en voyant la petite portion de dessert couler le long de sa peau pour finalement venir finir sa course sur la nappe. «  Désolé  » rajoutais je cependant avec un air contrit lorsque je remontais mes yeux bleus sur les siens. Elle n'avait pas l'air ravi. Et je ne pouvais que le comprendre.

Zatanna &
Barry

L'atmosphère entre nous changea du tout au tout. De détendue et amicale elle passe à colérique. Je pouvais en sentir l'électricité sur ma peau. A tel point que cela me hérissa les poils des bras. Dans un geste protecteur, je me surprenais à reculer dans ma chaise, clairement mis mal à l'aise par l'aura qui se dégageait de mon amie de longue date. Pour autant, je me trouvais incapable de pouvoir décoller mon regard du sien, totalement absorbé par la rage que je voyais lire dans ses prunelles. Le sort se brisa cependant lorsque les carafes  et les verres présents sur la table se fendirent en un bruit de verre caractéristique. « Je vais aux toilettes me nettoyer ». Je hochais simplement la tête et la regardais disparaître en vitesse. Sentant les regards curieux, je m'assombrissais dans mon siège et affichais ma tête des mauvais jours, clairement embarrassé d'être ainsi le centre de toute leur attention. A ce moment précis j'aurais donné tout et n'importe quoi pour avoir la faculté de devenir invisible pour me soustraire à leurs regards curieux et réprobateurs.  D'une certaine façon, j'avais cette faculté. Je pouvais faire bouger mes molécules à une telle vitesse que je devenais invisible à l’œil humain.  Cependant, ce n'était pas comme si je pouvais me révéler ainsi. Je n'avais pas envie de faire la une de tous les journaux du monde. Surtout je n'avais pas envie que mon identité civile devienne la propriété de la planète. Alors jours rouges, je restais le plus immobile possible et canalisais mon stress et mon malaise. Pieds fermement posés contre le sol , bras croisés sur la poitrine, j'avais tout d'un enfant boudeur. Mais je m'en fichais. Cette image que je renvoyais était mieux que l'alternative. « Privé de tiramisu jusqu’à la fin de la journée, si tu ne sais pas manger sans en envoyer partout ! » déclara t-elle en revenant et en posant une main sur mon épaule. Elle semblait s'être détendue et j'en faisais donc de même, décroisant mes bras, redressant mon dos et affichant un sourire sur mes lèvres rosées.  « Tiens allez, un dernier pour la route. Et ensuite, allons visiter ce fichu Vatican ! ».  Même si ce petit incident m'avait coupé l’appétit, je pris tout de même le temps de finir le sien. Je ne savais que trop bien à quel point la nourriture était un luxe. De ce fait, je détestais gaspiller. Et puis, il était payé alors autant profiter de cet argent investit. En quelques cuillerées, les deux ramequins furent vidés de tout contenu et je pus finalement payer l'addition et récupérer ma carte bleue.  Gentleman – et me sentant toujours coupable -, je tendais une main vers Zatanna pour l'aider à se remettre sur ses pieds. Avec quelques sourires chaleureux pour le patron et ses employés nous lui firent nos adieux. De retour dans la rue, je ne pus 'empêcher de me sentir lourd. Peut être avais je finalement abusé des portions que j'avais consommé. Une première vraiment depuis que j'étais devenu le bolide rouge le plus célèbre du monde.  «  Je me sens tout ballonné » avouais je un peu penaud à ma compagne du jour. Clairement un peu de marche n'allait pas me faire de mal.

Tranquillement, nous nous mîmes en route vers le Vatican grâce aux panneaux d'indications et aux quelques aimables natifs et touristes qui voulurent bien nous indiquer la direction à suivre. Sur le trajet, j'implorais Zatanna de faire une courte pause dans un petit bar en terrasse. J'étais assoiffé et avais clairement besoin de m'hydrater rapidement. Le gras cela n'avait pas que des effets plaisants.  Armé d'un simple sirop et de la consommation de Zatanna, je tentais de me frayer un chemin entre les corps en mouvements pour la rejoindre dans un petit coin de la terrasse.  Voyant enfin le bout du tunnel – et la voyant surtout elle -, je lui adressais un sourire confiant. Une confiance que je regrettais amèrement dans les secondes qui suivirent.  Et cette fois je n'avais personne d'autres à blâmer que moi-même pour ce qui se passa ensuite. Trébuchant sur une légère aspérité du sol, je fis vaciller nos deux verres sur Zatanna. Par chance seulement une partie réussit réellement à atteindre ses habits. Mais cela ne faisait rien, à nouveau j'avais merdé. Et cette fois ci, j'étais presque sur de subir ses foudres. Deux fois en quelques minutes c'était beaucoup trop pour une personne. Pourtant ma maladresse était légendaire au sein de mes amis et alliés. «  Vraiment... je... ». Suis navré ? Atrocement désolé ? Les mots se perdirent sur ma langue car rien ne semblait être assez puissant pour exprimer  toute l'étendue de mes regrets. «  Dis moi ce que je peux faire » l'implorais je à la place en levant les mains et en reculant légèrement. Malgré  mon ventre rebondi par toute la nourriture que j'avais ingurgité, j'étais prêt à prendre mes jambes à mon cou.

Spoiler:

Zatanna &
Barry

« Comment tu peux être aussi maladroit en étant qui tu es ? ». «  Euh... » laissais je échapper pour toute réponse, ne sachant pas réellement quoi répondre à cette question. Malgré mes pouvoirs, je n'étais qu'un humain. Ou plutôt un méta-humain. Mais être méta ne voulait pas dire que j'étais infaillible. Ou parfaitement parfait. Comme le reste de l'humanité je me cognais, trébuchais et tombais lorsque je ne faisais pas attention à l'endroit où je mettais mes pieds ou au reste de mon environnement. Cela pouvait paraître surprenant mais ça n'en restait pas moins vrai. On entourage me connaissait même comme quelqu'un de maladroit. C'était pour dire. Il fallait cependant avouer que bizarrement Flash l'était beaucoup moins que Barry Allen, et ce à supposer évidemment que l'on pouvait séparer les deux en deux entités différentes. Quoi qu'il en était, Zatanna se sembla pas trouver a réponse satisfaisante et je me retrouvais bientôt arrosé. Par réflexe je fermais les yeux lorsque le liquide – alcoolisé- atteignit mon visage.  La bouche ouverte en un o de surprise parfait, je restais totalement cloué sur place par la surprise. Autour de moi, le silence se fit de plomb et mes joues chauffèrent fortement en réponse. Même en sachant que je l'avais peut être un peu mérité, je ne pus m'empêcher de me sentir humilié. Et si il y avait bien un sentiment que je détestais, c'était celui ci. Trop souvent dans ma jeunesse j'avais été la cible des autres. Barry Allen, le gamin qui n'avait pas de mère. Barry Allen, le gamin qui avait un tueur pour père. Barry Allen, la bête curieuse. La bête de foire. L'animal du cirque.  Pour autant, je ne fis aucune scène et attrapais avec un sourire de remerciement un peu déformé la première serviette qui fut présentée dans mon champ de vision.  Je n'eus le temps cependant d'essuyer que mes yeux avant que Zatanna se réapparaisse devant moi. « Je suis tellement désolée ! » s'exclama t-elle en descendant de la table sur laquelle elle avait malencontreusement atterrie. «  C'est pas grave » répondais je alors, et ce malgré le fait que mon dos était encore raide et légèrement courbé en un signe de protection inconsciente. « Viens, on s’en va ! Avant que les carabiniers arrivent ! ». Sans protester, je la laissais me tirer vers le bras pour m'amener loin de la scène et des regards qui continuaient de nous juger. En quelques pas, nous disparûmes derrière le haut mur de pierre d'une petite impasse. Je profitais de ce petit moment de calme à l'abri des regards pour finir de me sécher le visage et le cou puis jetais la serviette dans la poubelle disposée à deux pas.

«  On ne peut vraiment pas se présenter ainsi au Vatican » déclarais je après quelques secondes de silence. «  T'as de la purée sur les fesses et je sens l'alcool à plein nez. Ils ne nous laisseront jamais entré comme ça ». Pour remédier à ce problème, je ne voyais qu'une solution : faire du shopping. Ou du moins acheter quelques choses pour remplacer nos vêtements tachés et bons pour la poubelle. Une honte car j'aimais particulièrement le tee-shirt que je portais. Ma foi, tout était éphémère. «  Attends moi là » lui soufflais je avant de disparaître, dans un souffle et suivi d'éclairs. Quelques secondes plus tard je réapparaissais à ses côtés, deux tee-shirts de touristes en main et un pantalon que j'espérais à sa taille dans l'autre. Au pire ce dernier serait un peu grand. Au moins, cela nous ferait un souvenir de cette journée qui au final ne s'était pas vraiment améliorée depuis le matin et la prise d'otage à la banque. Changé en deux-deux, je me tournais pour la laisser se changer à l'abri de mon regard. Non pas que j'en aurais profité pour jeter un coup d'oeil. Mais tout de même, c'était la chose polie à faire.  


Une fois qu'elle aussi fut changée, je l'invitais d'un signe de main à reprendre notre chemin.  Après tout, ce n'était pas un accro qui devait nous empêcher de profiter des  quelques heures de liberté que l'on s'était octroyé. Finalement arrivés devant la Vatican, nous nous mîmes dans la queue. Ce ne fut qu'après approximativement une heure d'attente que l'on pu se présenter face aux agents de sécurité. Ces derniers nous fouillèrent sommairement avant de nous laisser entrer dans l'enceinte de ce lieu très particulier. Mes yeux s'ouvrirent en grand d'émerveillement lorsque la basilique Saint-Pierre se dressa face à moi. Ce fut nez en l'air que je visitais cet endroit unique au monde. Je gardais la même position pour visiter la chapelle Sixtine dans le palais pontifical. De bout en bout, la visite se révéla être riche en histoire et beauté. Personnellement, j'en avais apprécié chaque seconde. Perdu dans mes contemplations, j'avais eu toute l'occasion d'oublier l'incident et même la présence de Zatanna à qui je n'avais pas adressé un mot, complètement absorbé par la magnificence des lieux, tableaux, sculptures et autres œuvres d'art. «  C'était tellement beau » lui déclarais je cependant une fois que l'on quittâmes le Vatican pour retrouver le Rome normal et touristique. «  Vraiment, je ne suis absolument pas déçu de cette petite visite improvisée » lui apprenais je en me tournant vers elle. «  Euh... ça t'a plu ? » lui demandais je tout de même, soudainement gêné d'être resté muet aussi longtemps. Il y avait fort à parier que je serais mortifié si elle venait à m'apprendre qu'elle avait trouvé ça pénible à souhait du début à la fin. «  On peut faire ce que tu veux ensuite » proposais je donc. Juste au cas où.  

Zatanna &
Barry

« C’était très beau, Barry. Tu sais, un de mes ancêtres est Leonardo da Vinci (...) ». «  Tu plaisantes ? » lâchais je totalement estomaqué par ce qu'elle venait de me dire. Leonard de Vinci, le grand Leonard de Vinci était un de ses ancêtres... Décidément Zatanna ne cesserait jamais de m'étonner.  Et son histoire familiale avec elle. «  T'as retrouvé des choses lui appartenant ? » demandais je, curieux comme pas deux. Après tout, il avait peut être laissé des choses après sa mort. En tant que descendante, elle pouvait avoir mis la main sur quelques croquis pourquoi pas intéressants. Non pas que j'allais lui demander de me montrer toutes les richesses de son héritage mais c'était comme tenir un bout d'histoire entre les mains. Quelque chose que je pouvais comprendre mieux que personne. Après tout, je ne tenais pas seulement un bout d'histoire mais l'Histoire elle-même entre mes doigts. Ma capacité à retourner dans le temps ou à aller dans le futur pouvait avoir des conséquences … désastreuses. Et à présent tout le monde ne pouvait plus ignorer à quel point ceci était vrai. Si je le désirais, je pouvais tout changer. Tout modifier. Bien sur, je ne savais pas exactement jusqu'à quand je pouvais remonter dans le temps mais il y avait largement de quoi imaginer le pire. Le moindre petit détail pouvait se transformer en déflagration. Nous l'avions tous appris à nos dépends. Les autres plus que moi vu que je ne me souvenais absolument pas de ce petit moment passé à être une autre version de moi-même.  Et puis, je n'avais pas besoin de me souvenir. J'avais Thawne pour me rappeler que je pouvais hypothétiquement traverser les siècles pour me retrouver là où je le souhaitais.  Autant dire, que c'était une sacrée responsabilité. « Allons voir le Colisée, autant faire les choses à fond. Je suis sûre que c’est impressionnant ». Sans avoir à y réfléchir à deux fois, j'acquiesçais. Nous étions là après tout et le Colisée était un point touristique névralgique de cette ville aux millénaires d'histoire.  Sagement, je rejoignais la queue en compagnie de Zatanna et attendais plus ou moins patiemment que cela soit à notre tour.  Une fois à l'intérieur, je m’émerveillais à nouveau de cette structure immense.

Pendant un instant, je me détachais de Zatanna pour parcourir à mon rythme les ruines de ce vestige romain. Planté en plein milieu de l'arène, je pouvais presque imaginer le déroulement des combats et sentir le sang sous mes chaussures. Il s'était passé des choses horribles ici et ce pour le seul divertissement des plus riches. Dans un sens, rien n'avait réellement changé depuis cette époque. Certes, il n'y avait plus ni d'esclaves, ni de gladiateurs ni d'empereurs mais la vie restait réglementée par les mêmes castes, par les mêmes groupes sociaux. Les riches et les pauvres. Avec l'émergence d'une classe sociale moyenne en son centre. Et puis, je n'étais pas naïf au point de penser que l'esclavagisme était une notion oubliée depuis longtemps. Malheureusement la traite des êtres humains étaient toujours d'actualité. Et je ne le savais que trop bien pour parfois faire tomber des réseaux de trafics humains et/ou sexuels. Le nom avait changé , les moyens aussi, mais quelque part la finalité restait la même. La nature humaine n'avait pas bien évolué. J'avais même tendance à croire que nous faisions machine arrière. C'était probablement assez pessimiste mais difficile de penser autrement lorsqu'on voyait ce que je voyais. Jours après jours, enquêtes après enquêtes, scènes de crimes après scènes de crimes.  Finalement, je rejoignais mon amie et continuais la suite de la visite à ses côtés, mon regard se posant sur tout ce qui était à ma portée et mes doigts effleurant avec délicatesse la surface de chaque pierre. « Tu crois qu’un jour nous aussi on aura des monuments ou des statues en notre honneur, comme les empereurs romains, pour tous nos services rendus ? » me demanda t-elle soudainement en me sortant de mes pensées.

«  Tu sais … j'aimerais dire que non » commençais je en mettant mes mains dans les poches de mon jean. «  J'aimerais dire non parce que je pense qu'aucun de nous ne cours après la gloire ou la reconnaissance ou même la célébrité. Parce qu'on fait ce qu'on fait car on peut le faire, sans rien attendre en retour » continuais je, «  malheureusement je peux déjà te dire que ces monuments et statues ils existent déjà » finis je en plongeant mes yeux bleus dans les siens. «  T'as déjà entendu parlé du Flash Museum ? » lui demandais je par la suite. « Tout ce que propose ce musée est dans le titre vraiment. Photos, articles, statues et même des choses que j'ai laissé derrière moi sans faire vraiment exprès... tu y trouves un peu de tout. C'est un temple fait à ma grandeur » plaisantais je malgré moi. Je n'avais rien demandé de tel. Et je ne voulais rien de tel. Je ne me considérais pas comme quelqu'un d'exceptionnel. Certes, je pouvais faire tous ces trucs de dingue mais je n'étais pas le seul. Et au fond j'étais juste un homme. Avec des défauts et ses qualités. J'avouais que l'existence d'un tel musée me dérangeait. Hélas, je ne pouvais pas faire grand chose contre. Si Flash s'interposait, il y avait fort à parier que je n'aurais pas fini d'entendre parler de mon côté humble. Alors, à défaut de pouvoir combattre un tel phénomène, je me taisais. Le seul point positif que je trouvais à cela était le fait que Flash me transcendait. Qu'il devenait une idée, un modèle. Un véhicule de valeurs que chacun pouvait s'approprier, que chacun pouvait exercer dans la limite de ses capacités. Après tout, au contraire d'un homme, une idée ne mourrait jamais.

Zatanna &
Barry

« Je crois que j’en ai entendu parler, oui. Ça doit être difficile à vivre pour tous les criminels de Central City, dis donc. Peut-être qu’un jour j’irai le visiter ». Un léger rire s'échappa d'entre mes lèvres. «  Tu parles, ils essayent de le piller tous les quatre matins » lui apprenais je en continuant à rire. «  Le pourquoi m'échappe complètement. Probablement une histoire d'argent » terminais je en haussant les épaules. Je ne savais pas si il y existait un marché noir pour les objets ayant appartenu aux super héros mais si je devais faire une supposition éclairée je répondrais par l'affirmative. De nos jours après tout, il y avait un marché sur tout. Bien sur, cela me dérangeait de penser que des criminels se faisaient de l'argent sur le dos de pauvres innocents crédules. Et sur le mien.  « J’imagine qu’il vaut mieux avoir un Flash Museum qu’un Condiment Kink Museum ou un Darkseid Museum (...) Après, peu importe sur qui se porte l’adoration des gens, ce n’est jamais bon signe ». Conscient de la véracité de ses propos, j'acquiesçais. Après personnellement ce n'était pas l'adoration des gens qui me dérangeait le plus. C'était ce qu'ils en faisaient avec. Leurs attitudes. Si ils choisissaient de faire le bien autour d'eux parce qu'ils étaient portés par les valeurs que nous véhiculions alors je ne pouvais que les encourager à continuer. Mais si au contraire, ils profitaient de cette adoration pour faire le mal ou pour servir leurs propres intérêts, alors je ne pouvais le cautionner. Après tout, j'étais moi même pratiquant d'une religion. Je comprenais cette envie de se tourner vers une puissance que l'on voyait comme supérieure. Mais cela ne devait pas servir d'excuses pour faire tout et n'importe quoi au détriment de la société dans laquelle nous évoluions.

« Qu’est-ce que tu as envie de faire ? On doit faire un arrêt goûter ? J’aimerais que cette journée ne s’arrête pas » me demanda finalement Zatanna. «  Il nous reste encore quelques heures pour en profiter » lui répondais je avec un sourire.  Même si la fin d'après midi pointait le bout de son nez, nous avions encore toute la soirée pour nous occuper. Et il me semblait me souvenir qu'elle avait eu dans l'idée d'aller danser. C'était définitivement une activité que nous pouvions faire une fois la nuit tombée. Ce n'était pas comme si j'avais besoin d'être au boulot avant demain matin. «  Je pense qu'on a assez visiter pour la journée. Que dirais tu de prendre une glace et de déambuler dans les rues de Rome ? On a pas encore vu la fontaine de Trevi, ça serait l'occasion rêvée » proposais je finalement.  Lorsqu'elle répondit par l'affirmative, je tapais dans mes mains satisfaits et commençais à marcher en suivant les panneaux indiquant la direction de la célèbre fontaine. Sur le chemin, je m'arrêtais devant un marchand ambulant de glace à l'italienne. Sélectionner les parfums nous demanda quelques minutes mais nous pûmes repartir chacun avec notre gourmandise de l'après midi. Avec tout ce que j'avais mangé, ce n'était probablement pas raisonnable. Mais Zatanna avait parlé de goûter et j'avais été bien incapable de résister à l'attrait que cela représentait. Et puis, ce n'était pas comme si les kilos allaient rester. Dès le lendemain, ils ne seraient déjà qu'un mauvais souvenir.  

Satisfait de mon choix, je reprenais tranquillement ma route aux côtés de mon amie.  Absorbé dans ma dégustation, je ne remarquais que nous étions arrivés que lorsque le monument se dressa de toute sa splendeur devant mes yeux. «  Magnifique » soufflais je. On n'en faisait pas des comme ça aux États-Unis. Bien sur, nous avions nos propres édifices classés comme le mémorial de Lincoln mais ce n'était pas pareil. Il n'y avait pas la même histoire derrière. Contrairement à mes compatriotes, je n’oubliais pas que notre pays était jeune et que son histoire – bien que déjà impressionnante- ne valait pas celle qui était renfermée dans le sol du continent européen. « ça me donnerait presque envie de venir m'installer ici. Ça fait rêver ». Bien sur, ce n'était que des paroles en l'air. J'étais bien trop attaché à ma vie d'américain pour décider de venir ici sur un coup de tête. Et puis, si je devais m'installer quelque part, cela serait sur la terre de mes ancêtres. En Israel. Encore un pays que j'aimerais bien voir et pour lequel le temps me manquait cruellement. Peut être qu'il allait falloir que je fasse quelques efforts. Il serait bête de mourir avant d'avoir pu y aller.

Zatanna &
Barry

Amusé, je regardais Zatanna se tourner pour jeter une pièce dans la fontaine. L'objet tapa l'eau avec un petit son et coula jusqu'au fond pour venir reposer sur le tapis déjà conséquent de pièces en tout genre. De là où je me tenais, je pouvais voir toute sorte de monnaie mondiale : dollar, lev, zloti, euro...Ces petites pièces étaient la preuve que le monde se retrouvait à Rome. Ce qui allait de paire avec le dicton tous les chemins mènent à Rome lorsqu'on y réfléchissait. Il fallait dire que cette ville était un point clé du tourisme international. Cela n'avait donc en soi rien de bien étonnant. Mais il était toujours sympathique de se rendre compte à quel point cela pouvait être vrai et de partager un peu ce sentiment d'appartenance à une communauté ouverte d'esprit et aventureuse. « Tu pourrais le faire. Il doit y avoir plein de criminels ici aussi. Je suis sûre que l’Italie a sa propre Lega della Giustizia ou va savoir comment ça s’appelle, ils pourraient t’embaucher ». Un rire passa mes lèvres. «  Je n'en doute pas une seule seconde mais je suis bien où je suis. Vous allez devoir me supporter encore un peu ! ».  Certes les Usa n'étaient pas aussi chargés d'histoire mais c'était ma maison. Et il n'y avait rien de tel que la maison. Surtout, j'avais des choses à finir sur le territoire américain avant de penser à aller m'installer ailleurs sur Terre. Une tâche qui se révélait évidemment plus simple en habitant directement sur place. Et cela même si la distance n'avait pas réellement de valeur à mes yeux de méta humains. Je ne pouvais pas après tout courir partout 24h/24H. « Mais peut-être qu’il vaut mieux que ça reste une destination de vacances. Le genre d’endroit où tu vas uniquement pour des raisons exceptionnelles. Comme avec une fille, par exemple. Romantique, et tout ça ». Un son remonta le long de ma gorge alors que mes yeux bleus embrassaient la foule encore compact. Personnellement, je n'étais pas certain de trouver ça romantique. La ville était magnifique et ses monuments grandioses mais la marée humaine de touristes ne rentrait pas dans ma définition de destination romantique pour une petite semaine en amoureux. Après cela pouvait venir du fait que contrairement à ce que l'on pouvait penser je n'étais absolument pas un homme de la ville. Je n'étais venu à Central City que tardivement pour les besoins de ma carrière. Mais en réalité, j'étais comme Clark – si on oubliait qu'il était kryptonien. Je venais de la campagne. D'une toute petite ville où les gens vivaient leurs vies au rythme de leurs élevages et de leurs champs. Moi-même dans ma jeunesse avait voulu cette existence toute simple en me destinant à une vie de fermier. Mais la destinée en avait voulu autrement. A supposer que l'on croyait évidemment à ce genre de choses.

« Tu veux faire un vœu ? ». Je la considérais un instant avant de finalement hausser mes épaules. Des vœux j'en avais fait par centaines depuis la mort de ma mère. Aucun ne s'était réellement réalisé. Dieu restait hermétique à mes supplications. Non pas que cela mettait à mal ma foi. Après tout, il fonctionnait mystérieusement. Mais je supposais que lancer une pièce ne pouvait pas faire de mal. Au mieux, cela m'amenait réellement quelque chose. Au pire, cela finissait dans les caisses d'une association caritative. Autant dire qu'il n'y avait pas trop de raisons d'hésiter. Dans tous les cas, quelque chose de bien découlait de ce lancer. Comme Zatanna quelques minutes auparavant, je sélectionnais une pièce dans la poche de mon jeans et me tournais. Avant de lancer l'objet par dessus mon épaule, je formulais mes vœux habituels, yeux fermés pour plus d'authenticité.  Un geste sec de la main plus tard et ma pièce vint rejoindre ses compatriotes au fond  de la fontaine. Adviendra ce que pourra. Me tournant à nouveau, j'offrais un sourire à Zatanna. «  On continue notre ballade ? » lui proposais je en lui donnant mon bras avec un petit air mutin. Il faisait encore assez jour pour marcher. J'étais d'avis d'en profiter.

Zatanna &
Barry

« Alors, qu’est-ce que tu as souhaité ? ». Un rire surpris passa mes lèvres. «  Si je te le dis alors ça ne se réalisera jamais n'est ce pas ? » déclarais je, en faisant évidemment référence aux vieilles croyances qui avaient bercé nos enfances. Cette idée qu'un souhait ne pouvait se réaliser que si il était tenu secret était au même niveau que la petite souris et le père noël. Tout cela n'était que des légendes urbaines. Malgré tout, ces légendes avaient un attrait certain. Loin d'être réellement superstitieux, je me décidais tout de même à garder mes vœux pour moi. Ils étaient trop importants à mes yeux pour prendre le moindre risque. Même si cela était stupide. A la place, je lui envoyais donc un petit sourire en coin mystérieux. « Moi j’ai fait un vœu pour la paix dans le monde. On ne sait jamais, un jour ça pourrait bien arriver ». A nouveau, un rire – cette fois ci amusé et non surpris – me fut arraché. «  Je crois qu'on est pas prêt d'être au chômage super-héroique ». La paix dans le monde était une noble cause. Et plus encore, c'était un belle cause. Une cause pour laquelle, elle comme moi, nous nous battions. Jours après jours. Années après années. Pour autant, aucun de nous n'était naïf au point de croire que cela pouvait réellement exister. La guerre était inhérente à l'être humain. Tant qu'il y aurait des hommes, il y aurait des conflits. Pour la terre – à défaut de pour la Terre -, pour l'eau, pour un simulacre de pouvoir. L'être humain n'était pas une espèce qui savait se contenter de ce qu'elle avait. Ou de ce qu'elle pouvait trouver ou créer grâce à son ingéniosité. Il lui en fallait plus. Il lui en fallait toujours plus. Comme le disait le dicton, l'herbe était toujours plus verte chez le voisin. N'ayant jamais eu la vie facile, je pouvais comprendre l'envie. Et la jalousie. Mais de là à en devenir mesquin ou violent... non. Ça je ne le comprenais pas. Et comme je ne le comprenais pas, je ne le cautionnais pas non plus. De toute façon, me connaissant, il y avait de fortes chances que même en comprenant, je ne le cautionnerais pas non plus. Je supposais que ce n'était juste pas dans mon caractère.  Ni dans ma façon de voir la vie.

« Quand on va rentrer, qu’est-ce que tu vas faire ? Qu’est-ce que tu as sur le feu en ce moment ? Sauver ta ville ? Sauver le monde ? Je crois que j’ai ça aussi dans mon agenda, quelque part » questionna t-elle par la suite alors que l'on continuait à déambuler sans but dans les rues de la ville. «  Si on parle de l'immédiat en rentrant , je vais probablement prendre une douche, manger et me mettre dans mon canapé. Ce qui je ne te cache pas était au départ mon programme pour la journée » avouais je en rigolant légèrement. Franchement, il n'y avait aucune honte à l'avouer. Des fois ne rien faire était la meilleure chose à faire. «  Mais si il y a un problème quelque part, il faudra bien que je quitte mon canapé à nouveau » ajoutais je en haussant les épaules. Ce n'était pas quelque chose que je pouvais prévoir. Il fallait donc prendre les choses comme elles arrivaient et s'adapter en fonction. «  Qu'est ce qui te tiens occupé en ce moment ? » Demandais je en lui renvoyant son interrogation. Évidement  j'étais curieux de savoir ce qu'elle faisait de ses journées lorsqu'elle n'était pas là à passer quelques heures avec moi sur le territoire européen.

Zatanna &
Barry

« Voyons voir… Il faut encore gérer des conséquences de cette timeline atroce qu’on a subie il y a quelques mois… » commença t-elle. En réponse, ma bouche tomba quelque peu. Même si je n'étais pas à l'origine de ce paradoxe temporel, je ne pouvais pas quelque part m'empêcher de me sentir responsable. Ou du moins de partager les tords. Et ce sentiment  de culpabilité était renforcé par le fait que je ne me souvenais absolument pas du dit paradoxe.  Contrairement à beaucoup de mes amis. Moi je m'étais endormi un jour et m'étais réveillé le lendemain. Du moins c'était ainsi que je percevais la chose. Je ne savais si c'était une chance ou son contraire. Je savais cependant que la curiosité rongeait mon esprit toujours bien trop actif. J'aurais aimé savoir quel genre d'homme j'avais été dans cette autre réalité. Avais je eu une vie mouvementée ou au contraire une vie calme ? J'avais tant de questions. Je savais cependant que personne ne pourrait jamais y répondre. Mes proches ne se souvenaient pas de m'avoir croisé ou rencontré dans ce paradoxe. Peut être alors avais je trouvé plus qu'une vie paisible. Peut être avais je tout simplement trouver la paix éternelle. Après tout,  je n'étais éternel ni là bas ni ici. « J’ai fait un rapide aller-retour en enfer… Je dois trouver un moyen de me débarrasser d’un vieil ennemi, je suis partie en vacances… Et puis j’essaye d’éviter ARGUS en ce moment, parce qu’ils sont un peu pénibles ». «  Attend quoi ? T'es allée en enfer? ». Avec Zatanna, je n'étais jamais au bout de mes surprises. Pour autant, je ne m'étais pas attendu à une telle réponse de sa part. Pour autant, j'imaginais que cela allait de pair avec la magie et ses pouvoirs. J'étais peut être, malgré mes capacités, un peu trop terre à terre. Ce qui était assez amusant lorsqu'on savait que je pouvais aller dans le futur, retourner dans le passé et voyager d'une réalité alternative à une autre. Mais l'enfer.. cela avait une connotation différente. Peut être étais ce parce que j'étais religieux. «  En tout cas, tu as l'air effectivement bien occupée.. » lançais je finalement en tapotant sa main de la mienne en signe évident de confort. « Et je ne plaisantais pas quand je disais qu’il fallait que je reparte en vacances. Je ne sais pas toi, mais moi, en ce moment, je ne me sens pas moi-même ».   Personnellement, je ne me sentais pas si différent que d'habitude. J'avais peut être un peu plus d'appétit ces derniers jours mais cela ne m'inquiétait pas outre mesure. Ce n'était pas comme si c'était un cas isolé.

Un léger rire passa mes lèvres cependant qu'elle mina la scène de toute à l'heure. Même si je m'étais sur le coup sentie humilié, je ne lui en voulais pas. Je savais avoir mérité un tel châtiment vu toutes mes sottises. Après tout, son comportement n'avait été que la conséquence du mien. De ce fait, je balayais toute cela d'un signe de main, lui montrant ainsi qu'elle était pardonnée – et ce même si à mes yeux, il n'y avait rien à pardonner. « Oh, et aussi, je vais bientôt faire un spectacle à Central City. Tu me diras si tu veux des invitation ». «  Je suis toujours partant pour un petit spectacle tu le sais donc ça serait avec plaisir » lui répondais je avec un sourire. Les spectacles de Zatanna étaient toujours incroyables et je n'allais donc pas cracher sur des places gratuites si elle me les offrait. Bien sur, je n'aurais jamais osé le lui demander. Je pouvais être culotté mais j'avais été tout de même bien élevé. «  Alors que veux tu faire à présent ? » lui demandais je après quelques secondes alors que nous continuions à déambuler dans les rues. Au fur et à mesure de nos pas, le soleil se couchait et bientôt la nuit viendrait de plein droit prendre sa place. Pour autant, il nous restait encore quelques heures pour profiter des douceurs que cette ville et que ce pays avait à offrir.

Zatanna &
Barry

« On pourrait se trouver un endroit en hauteur. J’adore regarder les villes la nuit. Ou bien, on peut opter pour l’autre solution : on va dans une boîte de nuit, pour danser et se mettre la tête à l’envers ». Un léger rire secoua mes épaules face à son air enjoué. «  Et si on faisait les deux ? Après tout, il est encore tôt … je ne suis pas sûr que les boîtes de nuit soient ouvertes à cette heure ci » déclarais je, pensivement. Je ne connaissais pas la vie nocturne européenne mais j'imaginais que comme aux Etats-Unis les boites de nuit devaient avoir des horaires d'ouverture bien spécifiques. Effectuant une recherche rapide sur mon téléphone, je découvrais que la plupart des clubs n'ouvraient pas avant la douce heure de minuit. [color=#AC2B43«  Oui, ça ouvre dans trois heures. On a encore un peu de temps pour profiter de l'extérieur »[/color] lui apprenais je. Rangeant mon téléphone, je lui offrais un sourire et l'invitais d'un geste de main à reprendre notre route. Bientôt, les passants dans les rues – bien que toujours présents- se firent plus rares. Ce fut autour des tables de bar ou en terrasse que nous les retrouvâmes. Personnellement, et après avoir demandé son avis à Zatanna, j'optais pour un vendeur de nourriture de rue. Nous avions déjà bien profité du restaurant à midi et je n'étais pas sur de pouvoir financièrement survivre à deux raz de marées alimentaires. Mon estomac cependant n'allait pour autant pas être en reste car je commandais la plus grosse boite de pâtes fraîches que l'homme pouvait me vendre. Pour la bonne forme, j'en rajoutais deux de plus. Juste pour le plaisir. Et pour l’appétit. Les bras chargés de mes victuailles, j'attendis que Zatanna récupère ce qu'elle avait choisi pour reprendre ma route.

Pendant quelques minutes, nous marchâmes ainsi. Finalement, je me stoppais lorsqu'une idée s'imposa comme une évidence dans mon esprit. «  Attend ! » lançais je dans un souffle avant de disparaître, emporté par ma vitesse. Au pas de course, je sillonnais les lieux dans un périmètre proche afin de trouver le meilleur point de vue possible. Ce dernier se révéla être le toit en tuile rouge d'un immeuble ancien. Satisfait de l'emplacement, je calais ma nourriture entre les tuiles pour ne pas la voir chuter. Une fois fait, je fis demi tour et allais chercher ma partenaire. Je glissais à ses côtés en m'arrêtant et la prenais dans mes bras comme à l'aller. Je lui adressais un simple clin d’œil énigmatique avant d'utiliser ma vitesse. Dans un coin de mon esprit, j'espérais qu'elle ne se remettre pas à vomir. J'imaginais cependant qu'avec un voyage aussi court, cela n'allait pas être le cas. En effet, il ne nous fallut pas plus de quelques dizaines de secondes pour atteindre la destination que j'avais présélectionné. « Bon, ça ne sera pas très agréable pour s'asseoir mais … regarde la vue ! ». Placé sur ce toit, j'ouvrais en grand les bras vers le paysage urbain lumineux qui nous faisait face. Avec un grand sourire d'enfant heureux, je me tournais vers elle afin d'avoir son avis et son approbation. Finalement, je cherchais un endroit ou m'asseoir – sans rien casser.  Lorsque je le trouvais je me posais tranquillement avec mon premier carton de pâtes et en engouffrais une bonne bouchée dans ma bouche. Pendant un temps nous mangeâmes en silence, profitant autant de nos mets que de la beauté de la vue et de la compagnie de l'un et l'autre. Lorsque j'eus terminé, je délaissais mes cartons sur le côté et me reculais avec prudence pour aller poser mon dos contre le conduit cimenté de la cheminée. Un soupir d'aise s'échappa d'entre mes lèvres lorsque je pus ainsi supporter mon poids et mes un mètre quatre vingt dix. Autant dire que je ne faisais pas dans le petit gabarit. Qui aurais cru que je serais arrivé un jour à une telle taille. Je me souvenais après tout encore des rendez vous chez le médecin de ma petite ville de campagne. Ces derniers se terminaient toujours sur la même note.  Pendant l'enfance et l'adolescence, j'avais juste été plus petit que la moyenne normale. Depuis, il convenait d'admettre que je m'étais bien rattrapé.

Zatanna &
Barry

« Merci pour cette journée Barry. Je ne m’y attendais pas et je ne savais même pas que j’en avais besoin, mais c’était le cas. En tout cas, quoiqu’il arrive à l’avenir, j’en garderai un précieux souvenir ». Ravi, je lui offrais un sourire tendre, définitivement amical. Je ne pouvais qu'après tout me réjouir du fait qu'elle avait apprécié ces petits instants volés, ou plutôt spontanés, en ma compagnie. Je devais avouer que à moi aussi cela m'avait fait du bien. Surtout, cette journée battait sans hésitation celle qui aurait été la mienne si j'étais resté chez moi, à Central City. « Pas besoin de me remercier Zee, c'est à ça que ça sert les amis n'est ce pas ? » lui soufflais je avec un autre sourire de mon cru. «  Et puis... tu sais que le Barry Express est toujours là pour t'amener où tu le désires si jamais l'envie se faire ressentir ! » terminais je  dans un léger rire en plaisantant. Cela ne me dérangeait aucunement de lui servir de taxi grande vitesse de temps en temps. Surtout pas lorsque l'objet de la demande était de partir même pour un jour dans un autre pays. Depuis que j'avais reçu mes pouvoirs, j'avais définitivement une âme d'aventurier et cette dernière se ravissait par avance des périples que j'allais pouvoir entreprendre dans le futur. Que ce dernier soit proche ou lointain. Je savais par expérience que la vie était pleine de surprises. Si je n'avais aucune envie de découvrir les mauvaises, j'étais excité à la seule pensée d'au contraire découvrir les bonnes surprises. « Quand j’étais petite, mon père me parlait toujours de ma mère, et jamais de ses ancêtres à lui, et pourtant, tu ne peux pas faire plus italien que Zatara ». Un nouveau rire passa mes lèvres. Il était vrai que son nom de famille parlait de lui-même. «  Au moins comme ça, j’ai fait un genre de pèlerinage. J’aurais aimé venir ici avec lui, mais avec toi, c’est pas mal non plus ! ». Un sourire ourla mes lèvres alors que je posais mes yeux bleus à nouveau sur sa silhouette légèrement recroquevillé. Elle était grâce là où j'étais le symbole même de l'abandon. « Les parents c'est toujours... quelque chose » déclarais je à sa suite sans avoir réellement su comment finir ma phrase. Je n'avais jamais vraiment connu son père et ne pouvais donc pas décemment le juger lui ou ses raisons. La famille était de toute façon un sujet compliqué auquel j'évitais de faire allusion. Il fallait dire que la mienne était … dans un état lamentable et qu'il y avait plus joyeux pour moi que d'en parler. Alors pour éviter de m'expliquer ou de répondre aux questions des gens un peu trop curieux, je n'abordais jamais le sujet ou le changeais de sujet dès qu'il revenait sur le tapis.

Laissant à nouveau le silence s'installer entre nous, je reprenais ma contemplation nocturne. Plusieurs minutes passèrent ainsi sans que l'un de nous ne ressente le besoin de dire quelque chose. Finalement, la bougeotte me gagne et je fus forcé de me relever. Depuis que j'étais Flash, j'avais en effet bien du mal à tenir en place de manière trop prolongée. J'étais même certain d'avoir atteint un record d'immobilité sur ce toit, ce soir. Évidemment, cela ne prenait pas en compte les heures passées à dormir.  Pianotant sur mon téléphone, je fis une recherche rapide de la boite de nuit la plus cotée de la ville. Tant qu'à faire, autant faire les choses biens. Trouvant ce que je cherchais, j'affichais la carte et montrais le tout à Zatanna pour savoir si cela lui convenant. Lorsqu'elle me donna sa réponse, je ramassais nos achats et courrais vers la poubelle la plus proche avant de revenir vers Zatanna et la descendre du tout. La jeune femme aurait certainement pu se débrouiller toute seule – elle avait après tout les pouvoirs pour – mais j'estimais qu'il était de mon devoir de la faire descendre de son perchoir. Je l'avais mise là après tout. Mains dans les poches, je commençais à marcher tranquillement, Zatanna à mes côtés. A une rythme de croisière normal – à comprendre humain -, la boite se trouvait à une bonne demi heure de marche. Rien de déraisonnable en terme de durée et de distance. De plus, marcher normalement nous permettrait d'arriver après l'ouverture des portes. Un fait qui me réjouissait car je n'avais jamais aimé attendre devant les portes d'une boite de nuit ou d'un bar. Bizarrement, je trouvais qu'il y avait quelque chose de triste à cela. Pourquoi ? Je n'avais jamais su me l'expliquer. Je supposais cependant que nous avions tous nos bizarreries. Et franchement.. il y avait pire que celle-ci.