What a world of mad wonders is this!

Limbo Town. Quel étrange endroit avec une histoire des plus sombres. Ce village fut fondé par les survivantes de la colonie de Roanoke après qu’une créature particulièrement cruelle et vicieuse eut tué tous les hommes de la colonie et fécondé toutes leurs femmes. Celles-ci, croyant avoir rencontré le Diable en personne, s’isolèrent du monde en se réfugiant sous la terre. De leurs progénitures émergea une nouvelle sous-race d’humains capables de magie innée et né avec des familiers, faisant d’eux les cousins lointains des Homo Magi, communément appelés les Witch-Men, ou Hommes-Sorciers. Pour se protéger du monde, ils embrassèrent leurs différences tout en redoublant leur fanatisme religieux ; leurs racines puritaines s’en retrouvèrent perverties. Limbo Town, complètement isolé du reste du monde, se trouve en réalité dans une autre dimension et il est seulement accessible physiquement que si le portillon est ouvert. Lorsque celui-ci est fermé, il est complètement impossible de s’y rendre, faute d’un portail interdimensionnel.

Et c’est en ce lieu que Klarion Bleak, plus connu sous le nom de Klarion The Witch Boy, est né.

Il fut élevé par Charity Bleak, sa mère, ainsi que par Ezekiel Bleak, son beau-père. Son père biologique, Mordecai Bleak, disparu au-delà du portail de Limbo Town peu de temps avant sa venue au monde. Un observateur pourrait maintenant avoir remarqué que dans cette société, les hommes adoptent le nom de famille de leur femme. En effet, à Limbo Town le mariage est matrilinéaire. Klarion avait aussi une grande sœur nommée Beulah, de quelques années son aînée. C’était un amour difficile que Klarion et Beulah se vouaient : ils étaient des opposés diamétraux. Le jeune sorcier était curieux et insubordonné, alors que sa sœur était complètement dévouée à sa foi, voir zélée.


« Oh Teekl. Teekl mon chat. Un jour, ils nous enterreront aussi. Mes enfants viendront me déterrer pour me faire de moi un Grundy et me faire travailler jusqu'à ce que mon corps s'effondre. »

Le jeune sorcier était assis sur le bord de la fenêtre de sa chambre, le menton appuyé contre les paumes de ses mains. Il regardait son beau-père, Ezekiel qui était en train de sortir son propre père de sa tombe après l’avoir réanimé avec un sort de nécromancie. Le pauvre mort-vivant suppliait son fils de le laisser se reposer en paix. Un élégant chat au pelage orange vif alla s’installer sur l’appui de la fenêtre de Klarion avant de se mettre à regarder ce dernier silencieusement, démontrant son appui à son maître qui broyait à ce moment du noir d’une manière qu’il ne le voyait pas faire très souvent. Le Draaga savait parfaitement que ce sort ne lui était pas réservé, mais la crainte de son maître était palpable dans son esprit. « À quoi bon être né, Teekl ? Quel horrible, horrible monde ! » soupire le jeune sorcier. Teekl tourna la tête vers l’entrée de la chambre de son jeune maître, remarquant aussitôt Beulah, qui se tenait dans le cadre de porte, les bras croisés et le regard accusateur signifiant qu’elle avait clairement tout entendu. Il lâcha un râlement aigu pour avertir son maître, même si Klarion captait ses pensées aussi clairement qu’il entendait les siennes : Silence mon frère, notre sadique sœur t’écoute !

« Ne pense pas que tu puisses y échapper Klarion! Je t’ai vu bourrer ton sac de provisions et de tes bouquins de sortilèges. Tu crois pouvoir te faufiler d’ici et échapper à tes responsabilités vis-à-vis Croatoan ? Réfléchis-y bien à deux fois avant de faire comme notre père, il n’y rien à voir à l’extérieur de Limbo Town. » la voix tranchante de Beulah fit sursauter Klarion

« Qu’est-ce que tu en sais ? » rétorqua le jeune sorcier en roulant des yeux.

« Ce que j’en sais ! Pfft. Tu remets encore en question les textes de la Bible des Ombres, petit frère. Ne laisse pas un soumissionnaire l'entendre, ou vous aller finir sur le bûcher, toi et ton chat maudit. Il y a rien d’autre que de la pierre au-delà du portail, point final. » l’accusa Beulah en le pointant du doigt.

Klarion attendit que sa grande sœur tourne les talons et quitte les environs de sa chambre avant de répondre, ses yeux pétillants de défi : « On vendra bien, sœurette. » Verra bien, le corrigea aussitôt son familier qui miaula son exaspération avant de commencer à se nettoyer le pelage. « Oui oui, Teekl. Tu avais compris » répliqua-t-il, la mine renfrognée.


Klarion regarda ce que son beau-père venait de placer dans sa paume. Quoi que ce fût, s’était emballé dans un étrange papier jaune et marron. Il n’avait jamais rien vu de similaire. Il retourna l’étrange objet en forme de lingot dans sa main et remarqua qu’il y avait des mots d’écrits sur l’autre côté de l’emballage. « Oh Henry… ? Qu’est-ce que ça veut dire ? » Ezekiel gratifia Klarion d’un petit sourire avant de lui ébouriffer les cheveux. « Ça veut dire que tu as raison Klarion, il y a un monde qui vaut la peine d’être exploré à l’extérieur de Limbo Town. » Ezekiel attrapa l'objet avant de déchirer le papier qui l'entourait, révélant sous celui-ci ce qui ressemblait à une pierre brune. Puis, il le cassa en deux morceaux pour en donnant un à Klarion. « Tiens. » dit-il simplement avant de croquer dans celui qu’il tenait encore de sa main. Klarion, réalisant tout juste qu’il s’agissait de nourriture, approcha sa portion de son nez pour le sentir. « Ça ne sent pas grand-chose… » dit-il, un peu déçu. Il plaça néanmoins un bout de la Oh Henry! dans sa bouche et ses yeux s’écarquillèrent aussitôt de surprise. Ce n’était pas mauvais du tout! Puis, le chocolat se mit à fondre sur sa langue et, alors qu’il dégustait la sensation et la saveur, le jeune sorcier su aussitôt qu’il ne pourrait jamais se contenter de vivre ici-bas si le monde de la surface, aussi dangereux soit-il, renfermait de tel trésors. « Oh Henry ! Ezekiel ! C’est formidable, où as-tu trouvés ça ? » demanda le jeune homme, qui planifiait déjà recréer l’expérience. « Ça s’appelle du chocolat. Quand tu seras baptisé et officiellement un adulte, je t’amènerai avec moi au-delà du portillon quand nous irons chercher des provisions et je te montrerai où j’ai trouvé ces petites merveilles. D’ici là, tu ne peux en parler à personne » répondit Ezekiel, son index déposé sur ses lèvres. Klarion hocha la tête docilement. Il n’aurait pas à attendre très longtemps ; il serait un adulte dans un peu plus de cent-cinquante retentissements des cloches. C'était bien la première fois qu'il avait hâte de devenir adulte, ce qu'il avait toujours redouté auparavant. Pas trop loin, des oreilles attentives auraient pu entendre un chat qui faisait des petits sons étrangement similaires à des ricanements.

Teekl savait pertinemment que son maître ne serait pas capable d’attendre aussi longtemps.


La situation s’était rapidement transformée en véritable cauchemar. Tout a commencé avec Klarion qui avait décidé qu’il ne voulait pas attendre plus de cent jours avant d’avoir l’occasion de mettre la main sur du chocolat encore. Il avait suivi furtivement Ezekiel, qui accompagnait quelques autres Witch Men et leur Grundies, passé les limites du village alors que ceux-ci allaient chercher des matériaux. Après seulement quelques minutes de marche dans l'obscurité, une créature terrifiante qui semblait être faite de plusieurs êtres attaqua les sorciers, son beau-père et leur familier, les massacrant si rapidement qu’il n’eut même pas la chance d’essayer de les aider. Lorsque la bête s’éclipsa, Klarion attendit prudemment quelques minutes avant de se rapprocher de la forme qu’était Ezekiel sur le sol, remarquant en se faisant que les Grundies étaient tous intacts, leurs maîtres n’ayant pas le temps de leur demander de pourfendre la créature et celle-ci clairement pas intéressé par la chair en décomposition. Une fois à côté de son beau-père, il constata avec tristesse que celui-ci était bel et bien mort. Le pauvre n’avait eu aucune chance. Des larmes coulèrent le long des joues du jeune sorcier. Ezekiel n’était peut-être pas son vrai père, mais il l’avait toujours traité lui et Beulah comme s’ils étaient les siens, avec amour. Et puis Ezekiel était l’unique personne dans sa vie qui n’avait jamais démontré la moindre affection envers le penchant rebelle de Klarion, l’encouragent à remettre en question les paroles de la Bible des Ombres. Malheureusement, il n’eut pas le temps de lui dire ses adieux ; l’hideuse créature n’était pas allée très loin. Elle avait probablement senti le jeune sorcier et elle s’était tapie dans les ombres en attendant une bonne occasion. Elle sauta vers lui avec la ferme intention de verser son sang sur la roche froide qui constituait le sol dans ses souterrains.

Klarion avait beau être jeune, mais il était malin. Il avait pris la précaution d’assouvir les Grundies et, dès qu’il vit la créature, il leur ordonna d’abattre la sale bête.

Aussi redoutables que puissent être les zombies, il s’avérait que la créature était trop implacable pour eux. Il était rapidement devenu évident pour Klarion que ses nouveaux soldats allaient perdre cette bataille, et il décida qu'il était plus que temps de courir pour sa vie. Cependant, le jeune sorcier n’avait jamais mis les pieds à l’extérieur de Limbo Town et il n’avait pas la moindre idée où il se dirigeait. Il n’a pas fallu très longtemps pour que la créature le rattrape après avoir ravagé les Grundies. Klarion continua à courir, sans jamais jeter le moindre regard derrière lui, trop concentré sur sa survie. Puis, soudainement un énorme monstre de fer et d’acier, qui projette un halo de lumière aveuglant, sembla rugir en fonçant dans sa direction, et, alors qu’il ferma ses yeux, attendant sa mort inévitable, la créature qui le pourchassait poussa des cris d’agonie, bien qu’il puisse à peine les entendre avec tout le boucan fait par cette autre l’entité étrange. Puis le vacarme sembla s’atténuer petit à petit, comme si le monstre de fer s’éloignait. Pourtant, Klarion attendit que le son disparaisse complètement avant d’ouvrir les yeux, son petit cœur battant plus fort que jamais auparavant. La première chose qu’il chercha des yeux fut le corps de la bête qui l’avait presque déchiqueté vivant. Puis, il se rendit compte qu’il se trouvait dans un tunnel bien étrange. Celui-ci semblait avoir été sculpté dans la terre elle-même par des créatures intelligentes. Peut-être que d’autres de ses êtres comme celui qui venait de lui sauver la vie ?

Mon frère ! Qu’est-ce qui c’est passé ? Klarion chercha des yeux Teekl, mais tout ce qu’il remarqua était le corps écrasé de la bête et quatre barres d’acier qui reposaient sur le sol. Mais il n’était pas préoccupé, s’il l’entendait dans sa tête, il était sain et sauf. « Je ne suis pas sûr, Teekl. Je pense que j’ai été sauvé par un ange de Croatoan ! » lui répondit le jeune sorcier en s’approchant de barre de fer qui jonchait sur le sol, se demandant si ses anges laissaient toujours ses étranges traces derrière eux.

Il entendit alors un bref rire grave. « Non gamin, ça, c’est juste un train. » Klarion se retourna aussitôt, sur ses gardes. Devant lui se dressait un grand et mince Witch Man à la barbe négligée, vêtu d’un grand manteau et d’un chapeau qui ne ressemblait en rien à ce que les hommes de Limbo Town se devait de porter. Klarion fronça les sourcils en confusion ; il n’avait jamais vu cet homme et tout le monde se connaissait à Limbo Town. « Mon nom est Ebeneezer Badde » s’introduisit l’Homme-Sorcier en lui tendant sa main.

Curieusement, alors qu’il lui serrait la main, le jeune sorcier eut la nette impression de déjà connaître cet homme.


Le jeune sorcier repensa aux supplications de l’homme qui s’était révélé être son père alors qui montait les escaliers vers la surface. Badde n’avait changé son fusil d’épaule qu’après avoir bu toute la foutue bouteille que la racaille lui avait donnée en échange de son propre fils. Mais trop tard, Teekl mena les centaines d’enfants qui constituaient le Léviathan directement à eux, comme il lui avait demandé.

« Arrête-les ! Je voulais t’aider Klarion, je te dis ! Arrête-les ! Arrête-les ! »

Comme si l’on pouvait reprendre sa trahison. Non, c'était trop tard. Il n'avait aucun scrupule à le regarder mourir, lentement étouffé et déchiré par une véritable ruche d’enfants de la surface dont les esprits étaient tous connecté ensemble. Ils étaient qu’une seule et même personne et personne à la fois, et, tout comme lui, ils n’avaient aucune pitié pour cet horrible homme qui les avait pourchassés et vendus. Ce traitre avait abandonné sa mère, sa sœur et lui. Ezekiel avait toujours été son vrai père et il s’en voulait de ne pas l’avoir vu avant. Il demanda gentiment la direction vers la surface au Léviathan, et aussitôt plusieurs enfants virent prendre ses mains pour ensuite le guider à travers les tunnels du métro. Arriver près d’une station, les enfants lui expliquèrent qu’il ne pouvait aller plus loin sans se faire voir par les grandes personnes du monde de la surface, qui voudrait les arracher les uns aux autres, et qu’il devait donc continuer le reste du chemin tout seul. Klarion les remercia, refusa leur offre de rejoindre leur ruche, et leur dit au revoir avant de reprendre son chemin.

La lumière attira son attention alors qu’il atteignait les dernières marchent de cet escalier qu’on lui avait assuré menait au monde de la surface. Et voilà, il sortait du métro et pris ses premiers pas sur le monde surface. Un, deux, trois. Stop.

Le ciel fut la première chose que Klarion remarqua. Ça n’avait rien à voir avec le sol du village de Limbo Town et les stalactites que son peuple avait ensorcelées pour produire de la lumière artificielle. C’était d’un bleu envoûtant et ça s’étendant à perte de vue. Et puis il y avait cet étrange orbe de lumière qu’il n’arrivait pas à regarder directement sans se faire mal aux yeux. Ensuite, ses yeux furent attirés par des énormes structures de pierre, qui ne ressemblaient à rien qu’il n’ait jamais vu auparavant, se dressant autour de lui. Finalement, il remarqua soudainement qu’il était entouré d’un nombre incalculable d’humains vaquant à leurs occupations comme si rien n’était. Il devait y en avoir des centaines !

Klarion se trouvait à New York, au beau milieu du Times Square, en l’an 1922.

« Sang de Grundy ! Teekl, Teekl ! Tu vois toutes ces étranges personnes, mon chat ? Il doit y avoir au moins vingt fois plus d’habitants ici à la surface qu’il y en a dans tout Limbo Town ! » s’était-il exclamé, croyant naïvement que le monde de la surface se résumait à ce que ses yeux lui permettaient de voir à ce moment précis. Teekl lui répondit d’un miaulement qui démontrait que le félin partageait clairement son excitation Oh ! Oh ! Klarion, s’il y a autant de personnes, imagine combien de rats je vais pouvoir manger ! « Et combien de chocolat il doit y avoir ! » rajouta le jeune sorcier en lançant ses bras dans les airs et manquant de peu se faire écraser par une automobile. Puis, il plissa les yeux en regardant autour de lui. « En parlant de rats, je ne vois pas de familiers avec eux, Teekl. Quel étrange monde de merveilles délirantes ! » dit-il avant de remarquer que plusieurs piétons s’arrêtaient pour le regarder avec des expressions qu’il n’arrivait pas vraiment à déchiffrer. Il regarda ses mains pour confirmer qu’il était toujours sous un sortilège d’illusion, cachant la couleur de sa peau moins qu’ordinaire à ces lieux, et remarqua que ses vêtements ne se fondaient pas du tout à la foule. Il jeta un sort d’illusion pour donner une apparence plus régulière à son linge pour éviter de se faire fixer par tous ces êtres humains sans arrêts puis il jugea que le temps de se lancer à l’aventure était venu. Son Draaga bien installé sur ses épaules, il se mit à parcourir ce monde qu’il trouvait déjà beaucoup plus intéressant que le sien.


« Bonjour Klarion. Je suis un fan. Tu peux m’appeler Mister Melmoth »

Même si on pouvait ignorer le fait alarmant que cet étrange homme connaissait son prénom et qu’il venait de le trouver au milieu de nulle part, il y avait quelque chose qui clochait chez cet homme ; D’un il puait la magie.  De deux il portait une combinaison complètement rose, et même si Klarion n’avait été à la surface que quelques semaines, il savait déjà que c’était considéré comme étrange ici. De trois, tout comme Klarion, Melmoth portait un sortilège d’illusion à travers lequel le jeune sorcier arrivait clairement à percevoir que son interlocuteur ressemblait plus aux siens qu’aux hommes de la surface. Pour finir, si ce qui s’était passé avec Ebeneezer lui avait appris quelque chose, c'était bien d’écouter ses tripes et de ne pas faire confiance à un étranger. Mais pour le moment, il allait jouer le jeu. Après tout, battre Ebeneezer Badde, le chasseur d’enfant, à son propre jeu avait été plutôt amusant et satisfaisant. « Bonjour Mister Melmoth. C’est quoi un fan exactement ? » demanda-t-il, n’ayant jamais entendu le terme auparavant.

« Oh ne t’inquiète pas de pas ça, ça n’a pas la moindre importance. Comment trouves-tu le monde de la surface ? » l’interrogea l’étrange homme. Klarion haussa les épaules. Bien sûr, il adorait son expérience, mais il n’appréciant pas trop se faire interroger par ce personnage particulier. « Tu n’es pas impressionné ? » enchaîna l’homme en rose, surpris, avant de passer son bras autour des épaules du jeune sorcier et de l’entrainer vers une ruelle. « Sachant d’où tu viens, je pensais que tu trouverais cet endroit fabuleux, Klarion. Quelle déception. Où est ton cher familier ? » Le jeune sorcier regarda du coin de l’œil Teekl, qui se mit à les suivre de loin, prenant bien soin d’éviter le regard du nouveau venu.

« Je sens ta réticence jeune homme. Je ne suis pas ton ennemi » murmure-t-il à son oreille. Klarion le regarda suspicieusement. « Ennemi ou non, j’essaie simplement de savoir ce que vous me voulez, mais puisque vous ne répondez pas à mes questions... » répliqua le jeune sorcier, ce qui fit bien rire Melmoth. « Bien sûr ! Bien sûr ! Ce que je veux n’est pas important, c’est ce que tu désires qu’il l’est » déclare-t-il d’un geste de main qui désignait tout ce qui les entourait avant de poser son index sur le torse du jeune homme. « Ici, tu prends ce que tu veux quand tu veux. » Klarion laissa un petit rire sarcastique s’échapper de ses lèvres. Oui, c’était effectivement le cas. Où voulait-il en venir exactement. Mais le mystérieux étranger ne se découragea pas et il continua : « Après tout, qui pourra t’en empêcher ? Viens avec moi, nous avons tant de choses à apprendre l’un de l’autre. » Puis, un portail de lumière se forma devant les yeux surpris du jeune sorcier. Melmoth le regarda avec des étincelles de malice dans les yeux et lui signalant de le suivre à l’intérieur.

« D’accord. Je suis peut-être un peu intéressé, mais faut vraiment laisser tomber à ce costume rose, Mister Melmoth. » concéda-t-il à voix haute avant de mettre le pied à travers le portail.


Le jeune sorcier mangeait un morceau de chocolat en balançant ses jambes dans le vide, regardant la splendeur nocturne de la ville de New York. La ville ne semblait si différente la nuit, illuminée par ces innombrables de lumières. Il était assis aux pieds de la Statue de la Liberté. Teekl, confortablement niché sur ses cuisses, ronronnait paisiblement.

« Tu vois tout ça Teekl, mon chat ? C'est à nous. Regarde ce que tous nos frères et sœurs manquent dans leur entêtement et leur ignorance. » s’exclama-t-il en désignant l’étendue impressionnante de la cité. À nous ? s’interrogea le familier. « Oui ! À nous ! Ici on peut faire ce qu’on veut ! C’est comme Mister Melmoth me l’a dit : qui peut nous en empêcher ? Tous les rats de New York t’appartiennent si tu le désires mon adorable compagnon. Il n’y a rien dans ce monde qui pourrait nous forcer à retourner sous terre. » répliqua le jeune sorcier avant de se lever pour faire quelques pas de danse, pour démontrer son point. Puis il s’inclina devant Teekl, tel qu’il l’avait vu lorsqu’il s’était faufilé à l’intérieur d’un théâtre. « Et ça c’était avant que tu lui prennes ceci » dit-il en faisant apparaître dans le fond de sa paume une pierre précieuse d’un geste de mains des plus simples. La pierre en question était complètement vidée de tout pouvoir à présent, mais il avait décidé de la garder puisqu’il la trouvait plutôt jolie. Il ignorait complètement quel genre de magie il en avait absorbé, mais c’était définitivement… Différent. L’énergie s’était jointe à la sienne, et il sa propre magie avait adopté une saveur plus sombre, séduisante et addictive. Le jeune sorcier ne s’était jamais senti aussi libre, mais surtout, puissant.

Klarion, tu ne penses pas que Melmoth risque d’être furieux s’il se rend compte qu’on lui a volé de quoi ? demanda le chat, inquiet, qui reprenait tranquillement sa place sur les cuisses de son maître, qui s’était assis à nouveau, ses pieds se balançant une fois de plus dans les airs. « Peut-être, et alors ? » répondit-il simplement en rejetant les soucis de son familier d’un geste de la main désintéressé. Ça ne te dérange pas de perdre la chance d’apprendre ce qu’il sait s’il le découvre ? miaula Teekl, surpris. « Oh Teekl, il n’a plus grand-chose à nous apprendre. Il croit que je n’ai pas remarqué que ses leçons ces dernières semaines ont commencé à tourner en rond. » Il tâta sa poche de sa main. Oh zut, plus de friandises. « Je doute qu’il se soit attendu à ce que je sois aussi doué, il a ralenti le rythme pour étirer la durée de notre petit accord. Il veut plus d’information sur Limbo Town et mon peuple. Il sait que très bien que je ne vais pas rester une fois qu’il n’aura plus de valeur mes yeux » expliqua-t-il à son familier, un sourire sinistre qui se formait sur ses lèvres alors que son estomac s’agitait d’excitation. Ces derniers mois, il s’était rapidement rendu compte que Melmoth était beaucoup plus puissant qu’il le laissait paraître. Plus puissant que même tous les soumissionnaires de Limbo Town combinés ensemble. Le défier ainsi lui donnait des sensations fortes. Il ignorait pourquoi, une partie de lui mourrait d’envie de l’affronter. C’était risqué bien sûr, il ignorait l’étendue de ses propres capacités, mais il n’y avait rien comme le baptême par le feu, non ? « Pour toute sa puissance, l’idiot n’a pas encore remarqué que je lui donne que de la pacotille depuis un bon moment » chantonna le jeune sorcier, grattant les oreilles de Teekl affectueusement. « Il me crois si facile à manipuler ! Moi ! Ah ! Lorsqu’on apprend le sens du mot trahison comme je nous l’avons fait, Teekl, on ne fait plus confiance aussi facilement. Pour toutes ses erreurs, mon père m’a certainement inculpé une leçon opportune » soupira-t-il en poussant gentiment son familier pour qu’il puisse se lever à nouveau.

« Je ne sais pas ce qu’il veut à mes semblables, mais lorsque je le saurai, tu peux compter sur moi pour lui mettre des bâtons dans les trous. Mais pour le moment, allons chercher plus d’autres sucettes et plus de chocolat ! » Une fois sur ses pieds, il s’étira un peu. Dans les roues mon frère, dans les roues miaula Teekl, le corrigeant une fois de plus. D’un claquement de doigt il ouvra un portail vers sa boutique de bonbons préférée et le traversa sans perdre de temps, le Draaga suivant de près les pas légers et enjoués de son maître.


Et voilà que Klarion et Teekl se retrouvaient maintenant attaché à un bûcher. Les habitants de sa ville natale maudite étaient sur le point de les brûler vif au nom d’hérésie, sa sœur menant la charge. Celle-ci refusait d’écouter le moindre mot qui venait de sa bouche. Ce qui aurait dû être de la peur fut remplacé par de la colère. Comment osaient-ils? Il était revenu de la surface après que son incursion eut attiré l’attention d’un homme particulièrement mauvais. Découvrant les intentions sinistres de l’homme, Klarion retourna chez les siens pour les avertir du malheur qui allait bientôt s’effondrer sur eux. Et son propre peuple, et même sa sœur, chair de sa chair, avait répondu en demandant qu’il soit offert en sacrifice pour apaiser Croatoan. Comment leur expliquer que son père, l’homme qui s’était présenté à lui en tant qu’Ebeneezer Badde, lui avait montré qu’il n’y avait probablement jamais eu de Croatoan. Ça n’était qu’un mensonge de plus pour que Limbo Town reste isolé du monde la surface, pour que ses habitants restent tous dociles et soumis jusqu’au retour de l’être maléfique qui les avait engendrés. Et que celui-ci était en chemin. Avec ses nouvelles capacités, Klarion aurait probablement peu réduire en cendres suffisamment de ses assaillants pour calmer les ardeurs des autres avant de se faire attacher… Mais c’était de la famille ! Des amis ! De la famille d’amis ! Ses professeurs ! Il ne pouvait pas se résigner à leur faire de mal sans essayer de raisonner avec eux d’abord. Malheureusement, la raison avait échoué et maintenant qu’il était attaché il se retrouvait sans défense, sur le point de découvrir ce qu’une personne ressentait lorsqu’elle se faisait brûler vive. Que du plaisir.

Soudainement, ils entendirent des bruits venant de beaucoup plus loin dans le village. Des cris de panique et de douleur ainsi que des bruits qui ressemblaient clairement à des sortilèges qui se fracassaient les uns contre les autres. De la fumée commença à sortir de certaines maisons et des flammes pouvaient être discernées au loin. Melmoth était arrivé. La foule se dispersa et plusieurs coururent vers leur maison, probablement pour vérifier que les membres de leur famille n’étaient pas blessés.

« Ne bouge pas » sa sœur ordonna en coupant les cordes qui le maintenaient ligoté au bûcher. Aussitôt fait, Klarion claqua des doigts pour sectionner celles qui retenaient son Draaga et commença à se diriger vers le portillon pour laisser derrière lui tous ces idiots puritains qui avaient refusé de l’écouter. « Tu nous as dit que tu l’avais déjà croisé, non ? Aide-nous Klarion ! Sauve le village » l’implora-t-elle alors qu’il s’apprêtait à partir. Klarion soupira et se retourna pour la regarder avec un air désintéressé. « Oh ? Maintenant on demande à l’hérétique de nous prosterner, c’est bien ça ? » réplica-t-il d’un ton sarcastique. Protéger, mon frère, tu veux dire protéger. miaule aussitôt un Teekl amusé. « Pas maintenant Teekl! » se fâche le jeune sorcier. Sa sœur reste sans voix, mais la peur est apparente dans ses les yeux de celle-ci alors que ses petites mains serrent les siennes avec désespoir. Klarion la regarda silencieusement pendant un court moment avant de soupirer, se défaire de son emprise et de se remonter les manches. Il n’était pas convaincu être suffisamment puissant, même investie de ce nouveau pouvoir sombre, pour être capable de vaincre l’abomination qui était venue revendiquer ce qu’il avait créé plusieurs siècles de ça. Mais il allait certainement essayer.

Même s’il se jura que ça serait la dernière fois qu’il ferait quoi que ce soit pour cet saleté de village.


Le jeune sorcier se trouvaient quelque part Irlande, debout sur le bord d’une falaise. Il avait réussi à sauver les siens, le pouvoir que le rubis lui avait donné était trop grand même pour une créature immortelle comme Melmoth. Pourtant, celui-ci c’était moqué de Klarion avant de prendre les jambes à son cou :

« Hahahahaha ! Tu n’as aucune idée de ce que tu as fait, du genre de pouvoir avec lequel tu viens de jouer, mon petit ! Et ça ne change rien ! Je gagne quand même! Tout ce que tu as fait aujourd’hui, c’est me faire perdre quelques années. Et toi, tu es condamné. Tu ne pourras pas m’arrêter quand tu seras mort ! »

Tout un monologue des plus lourd. Il n’y avait pas trop accordé d’intérêt, pour lui ça n’avait été qu’une tentative désespérée de lui foutre la poisse. Mais maintenant il lui fallait faire face aux conséquences de ses actes. Ça n’avait pas pris trop de temps avant que les premiers symptômes commencent à apparaitre. Il avait tenté de chercher désespérément une solution. S’il avait pris cette magie dans ce petit morceau de rubis qu’il tenait dans le creux sa main, il devait pouvoir l’y remettre non ? Bah non, il s’avérait qu’elle était fusionnée avec lui à un niveau métaphysique. Elle ne faisait pas que partie de lui, elle était lui. Et son corps était complètement incapable de maintenir cette source sombre de magie. Il n’avait pas vraiment décidé de baisser les bras, s’il le pouvait, il continuerait à chercher une solution. Abandonner n’était pas vraiment comme lui... Mais son corps ne le supportait plus. Sa peau avait adopté une texture semblable à celle de la pierre, le simple fait de respirer était si douloureux que son Draaga en avait des frissons et utiliser la moindre magie accélérait le processus. Les cloches s’apprêtaient à sonner pour lui et rien ne pouvait plus le sauver. Teekl, aux côtés de son maître, ne bougeait pas un poil, sachant que son heure était arrivée ; lorsqu’un Witch Man périt son familier en fait de même peu de temps par la suite. Klarion restait donc là, immobile, un morceau de chocolat sur la langue à regarder l’Océan. Il avait décidé de mourir ici, à la surface. Il n’avait pas pardonné aux siens ce qui s’était presque produit. Ça ne l’empêcha pas d’être craintif du sort que Melmoth leur réservait, ils les aimaient malgré tout et ne voulait pas les voir souffrir, mais c’était leur problème maintenant, il ne pouvait plus les protéger d’une manière ou d’une autre.

« Au revoir mon tendre ami. Tu as été le meilleur chat que n’importe qui puisse espérer. Désolé de ne pas avoir toujours été un maître digne de toi. »

Oh, mon frère, ne dit pas de sottise. Tu m’as fait découvrir ce monde fabuleux qu’est la surface et j’ai eu la chance de courir sur ce sol que mes compères ne verront jamais. Je ne comprends pas toujours ce qui se passe dans tête, mais tu es le maître le plus divertissant que j’aurais pu souhaiter avoir !

Le jeune sorcier ne répondit pas, mais le familier pouvoir voir à travers leur lien que ses mots faisaient gonfler son cœur d’affection.

Et puis il y a un côté positif à tout cela. Tu ne te feras jamais déterré par un de tes enfants et pour te faire mettre au travail dans les champs ou dans les mines.

« Ha ! Je suppose que tu as raison. Je ne finirais pas en Grundy. »

C’était une courte vie, mais je ne l’échangerais pour rien.

« Je regrette seulement ne pas avoir plus temps. Il y a tellement pleins d’endroits dans cette merveilleuse terre que nous n’aurons jamais la chance de voir. Pleins de friandises que nous n’allons jamais pouvoir déguster. Pleins de pièces de théâtre et de films que nous ne pourrons jamais voir… »

Il se tut et ferma les yeux. Teekl, tant qu’à lui, se leva aussitôt pour venir se frotter contre ses jambes, sentant ce qui se produisait à l’intérieur du jeune sorcier. Soudainement des fentes blanches sur la de celui-ci peau se formèrent un peu partout sur son corps, sa magie s’en échappant comme du sang le ferait d’une plaie. Puis son corps s’embrasa et Teekl n’eut pas le choix que de reculer et de regarder, horrifié, Klarion qui poussa des cris d’agonie alors qu’il brûlait vif. Au final, il n’avait pas vraiment échappé au bûcher.

Teekl, dévasté, attendu patiemment sa propre fin près de l’endroit où son maître s’était évaporé.


Un gros matou orange vif se trouvaient, au beau milieu de la nuit, sur un croisement de routes, quelque part sur l’Île de Roanoke. Cet endroit avait une connexion particulière avec le félin et son maître. C’était ici que la tragédie qui avait créé leur peuple s’était produite. L’endroit propice à un rituel tel que celui qui s’apprêtait à être complété. Le Draaga surveilla l’automobile qui se dirigeait vers le croisement où il attendant patiemment. La voiture s’arrêta près du croisement, mais suffisamment pour que sa présence n’interfère pas avec ce qui allait se produire. La porte s’ouvra et révéla un homme qui devait être dans le début de sa trentaine. Il ajusta son veston puis marcha directement vers le chat. L’animal, qui était au moins aussi gros qu’un lion de montagne, observa l’homme de ses yeux rouge écarlate tranquillement. Une fois qu’il se trouva lui aussi au centre du croisement, l’humain s’inclina respectueusement devant le Draaga.

Tu es un peu en retard. Heureusement pour toi, pas trop en retard. Tu as un peu plus que la moité du temps que je t’avais réservé pour faire les préparations nécessaires pour le rituel. Dépêche-toi. ordonna le chat, sa voix résonnant dans la tête de l’homme qui semblait tout à coup beaucoup plus nerveux.

« Bien sûr, pardonne-moi, je me suis fait arrêter par des policiers en chemin, je m’y applique immédiatement » dit-il en s’excusant. Malgré le retard, les préparations se produisent sans vrai incident, sous l’œil attentif du familier qui corrige les petites erreurs commises par le novice. Il fallait absolument effectuer des préparations physiques et avoir une personne qui canalisait un sortilège pour réussir ce qu’ils s’apprêtaient à faire. Même si les explications de son maître étaient précises, il ne restait qu’un familier ; ses pouvoirs restaient limités et il ne pouvait pas remplir ce rôle comme un magicien ou un sorcier le pouvait. Il avait donc dû trouver quelqu’un d’initié aux arts occultes avec suffisamment compétent pour jouer son rôle, mais pas trop bien informé, sans quoi il pourrait demander un prix plus cher, ou pire encore, reporter sa demande à des personnes vachement dangereuses. Ça n’avait pas évident, mais il avait éventuellement trouvé ce qu’il recherchait.

Tout était prêt, ne restait plus qu’à commencer l’incantation. Le gros chat se plaça au centre du cercle ritualiste. D’ici environ quarante secondes la lune atteindre son plus haut zénith. Commence l’incantation à ce moment précis expliqua le chat au mage, qui hocha la tête. Puis le chat ferma ses yeux et entra dans une sorte de transe.

L’homme commença le rite comme convenu. Après plusieurs minutes une silhouette spectrale commença à se former au milieu du cercle, juste en face du gros chat qui était toujours profondément concentré sur l’énergie qu’il tentait d’ancrer à lui. Puis, petit à petit, la silhouette devint de plus en plus opaque et après un long moment lassa place à un jeune homme qui devait à peine avoir dix-huit années. Puis, le mage se tut. Le jeune homme ouvrit ses yeux et regarda autour de lui, essayant clairement de comprendre ce qui venait se de passer.

Teekl, qui venait de rétrécir à sa taille régulière, se jeta aussitôt dans les bras de son maître en ronronnent, et Klarion le serra instinctivement contre lui, tout fort. Oh qu’il aurait pleuré en pendant ce moment s’il en avait été capable ! Il est vrai que son familier ne l’avait jamais vraiment quitté. Normalement le Draaga aurait dû mourir peu de temps après son maître. Mais le jeune sorcier n’avait jamais vraiment perdu la vie, il était simplement devenu différent et son partenaire Teekl fut condamné à parcourir la terre pendant des décennies, seul. Même sans son corps, ils étaient restés connectés télépathiquement et ils se parlaient constamment, mais ce n’était pas la même chose. Teekl n’avait pas eu la chance se frotter contre son maître pendant si, si longtemps. Celui-ci caressa la tête de son affectueux compagnon avant lui murmurer :

« Tu as réussi à me réarmer, mon tendre ami. »

C’est toi qui as trouvé la solution mon frère. Je n’ai fait qu’écouter tes instructions. Je t’ai apporté des barres de chocolat Oh Henry. ronronna le chat contre le torse du jeune sorcier, choisissant pour une fois de ne pas corriger l’erreur de qui s’était glissé dans les mots celui-ci.

« Hum-hum. Parlons de mon paiement maintenant » déclara le mage après s’être éclairci la gorge.


La période d’adaptation à ce nouveau monde ne fut pas sans difficulté pour Klarion. La technologie c’est génial et tout, mais ça peut aussi être une véritable épine dans le pied. Il y a des maudites caméras partout, les autorités sont sérieusement plus efficaces qu’auparavant, ce qui le force constamment à bouger de ville en ville, et, comme s’il n’y avait pas déjà de personne qui font de la magie sur cette planète, certains humains commencent à avoir accès à des bidules qui s’en rapproche dangereusement. Bon c’est n’est pas que du mauvais bien sûr. Le divertissement est disponible sous d’innombrables nouvelles formes, souvent à disponibles par un simple mouvement de pouce. Les véhicules de cette époque humilient sérieusement ces vieilles boîtes lentes parmi lesquelles il se faufilait sans arrêt. L’internet c’est vachement pratiquement, même si c’est un couteau à double tranchant et qu’il faut s’en méfier. Il y a aussi plus d’attention portée sur les gens avec des habilités spéciales, comme lui, que jamais et ça c’est sans parler du fait que le grand public sache plus ou moins que la magie ça ne soit pas que dans Harry Potter que cela existe.

Mais c’est avec l’Invasion qu’il fut bien forcé d’admettre que ce monde était encore plus fou que lorsqu’il l’avait quitté. Héros ou pas, cette Terre il l’aimait bien comme elle l’était et le jeune sorcier s’était soulevé contre les armées de paradémons de Darkseid. Et c’était que le début, comme si tout d’un coup ils se retrouvaient tous sur des rails qui ont des trajectoires qui s’empiètent constamment les unes sur les autres, tôt ou tard voués à s’écraser violemment contre une autre catastrophe ou une autre. Puis vint le Syndicat du crime. Meh, pourquoi sans mêler? Les héros vont sûrement s’en charger. Il se trouve à Metropolis lorsque le Tsunami frappe. Alors qu’il est sur le point de s’ouvrir un portail pour que lui et son chat se tire vite fait de là, il remarque un autobus d’école, rempli de gamins, immobilisé dans la panique. Il aide les occupants à s’en tirer en ouvrant un portail qui gobe le bus au complet et le fait réapparaitre loin de la ville. Ça ne lui monte pas à la tête, il le fait parce que ça ne lui coûte rien de plus qu’un simple claquement de doigts, et qu’il a le temps de le faire avant de se barrer. Il se fait un point de partir aussitôt par contre, car il n’a pas l’intention de regarder tous les autres mourir ou de faire son petit martyr et d’essayer de sauver le plus de personnes possibles avant que le tsunami emporte tout sur son chemin. Finalement, après plusieurs jours de Chaos apocalyptique, le Syndicat est vaincu. Mais le monde saigne abondamment et la populace à encore plus de difficulté en se remettre qu’elle en avait eu après l’Invasion et Klarion n’est pas persuadé que les choses ne puissent jamais vraiment revenir à la normal. Le monde change et il faut s’adapter. Tant mieux pour lui, s’adapter c’est l’une des choses à laquelle il excelle. Enter the "Barpoint." Oh, ça c’était tout un phénomène des plus étrange. Quelqu’un déconne avec le temps et il se retrouve dans cette réalité alternative où il est un criminel, luttant tant bien que mal contre Vandal Savage et son régime fasciste. Ses souvenirs de l’évènement son flou, avec rien de plus que quelques moments de lucidités qui font en sorte qu’il est plutôt heureux que ça n’était que temporaire.

Puis vint les péchés capitaux. Ça… Ça fut moins drôle. Il est plutôt évident que Klarion est une personne qui est déjà plus qu’un peu orgueilleuse. Il est le centre de son propre monde. Normalement il est capable de cet aspect de lui relativement sous contrôle. Sa personnalité au potentielle destructrice en fut décuplée. Pendant une courte période de temps, il se transforme en vilain à part entière, prenant tout ce qu’il désire violemment et tuant ou blessant de façon méprisante ceux et celles qui ont eu la malchance de croiser son chemin au mauvais moment. Pendant cette période cauchemardesque, ses actions n’ont rien de rationnelles. Un regard qu’il n’apprécie pas? Il est possible que vous en perdiez la langue, comme ça la prochaine fois que vous le regardiez, vous allez peut-être le faire respectueusement. Vous avez un costume plus beau que le sien ? Si vous êtes chanceux il va le déchirer, sinon il est possible qu’il se débarrasse de vous pour le prendre. Vous êtes une simple employée dans une bijouterie que l’informer qu’il doit payer avant de partir avec cette bague qu’il a glissé dans sa poche ? Il va peut-être jeter un sort sur votre collier pour que vous vous taisiez pour de bon. Sa mémoire de ce qu’il a fait pendant cette crise est encore plus nébuleuse ; il avait l’impression d’être rien de plus qu’un passager dans son propre corps et qu’il se tenait dans un véritable smog, ses vices brouillant son esprit au-delà de la raison. Même Teekl ne s’avait pas où s’en tenir avec lui pendant que tout cela se déroulait. Par bonheur, la menace a éventuellement été contenu, mais il craint que certaines des atrocités qu’il a commises pendant la crise ne finissent par le rattraper.

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