So you're from Earth-1 ? [Faith, Andrew et Wally]

"So you're from Earth-1 too ?"

Voila le deal... Tu bois sans foi ni loi. - Mathias

              Assise sur un effondrement de brique, j’avais ce regard évasive, perdue vers le lointain paysage gris et fade dans lequel nous avions été abandonnés depuis trois semaines. Je n’en pouvais plus de cette atmosphère maussade, elle faisait naître en moi une déprime évidente, accentuée par les très mauvaises expériences et épreuves auxquelles j’étais soumise. Je n’arrive pas à simplement sourire, mon cœur était écrasé par une insupportable peine, et surtout par une incommensurable haine. Le plus déroutant était que je ne savais même pas envers qui, je devais diriger mes noires émotions, mon être avait un besoin de trouver un responsable pour ce qui s’était passé quelques semaines plus tôt. Mais rien, je n’avais aucune réponse, j’étais simplement livrée à mes doutes et délaissée à mes troubles. Le bébé avait disparu, alors qu’elle dormait dans mes bras. Je ne savais pas comment cela était possible d’échapper autant à ma vigilance et celle d’un vampire, parce que le bébé a forcément été pris par une personne au pas de velour.
     Si on avait fait du mal à la gosse, qu’on l’aurait ne serait-ce que réveil, ses cris m’aurait alerté… Et si l’enfant avait été blessée, l’odeur de son sang aurait facilement pu nous permettre à Andrew de la retrouver. Alors, c’est pourquoi j’étais persuadée qu’Ellie avait été kidnappée et j’étais prête à retourner terre et ciel pour mettre la main sur celui ou ceux qui ont osé faire une chose pareille. Et combien même, c’était les parents de l’enfant, ils n’avaient aucun droit de rentrer dans notre abri comme des voleurs pour reprendre l’enfant qu'ils avaient abandonné à la base et que j’ai dû protéger au péril de ma vie et que j’ai même dû miraculeusement nourrir au sein pour ne pas qu’elle meurt affamée. C’était injuste, voire barbare comme comportement. À l’heure actuelle, j’en voulais à la terre entière, j’étais désolée de faire subir ma froideur et mes excès de colère à Andrew, il ne méritais pas ça, mais j’étais incapable de retrouver une paix intérieure. Je lui jetais un regard en coin pendant qu’il me tournait le dos.

      J’avais bien trop de chance d’être à ses côtés, au point que je m’en sentais indigne intérieurement. Pas foutue de veiller sur une gosse, comment pouvais-je me regarder dans une glace à l’heure actuelle. C’était impossible, j’en étais incapable. Et puis comment pouvais-je encore mériter sa protection ? Il a été le premier à subir cette colère qui m’animait, alors qu’il faisait tant pour m’aider et qu'il avait déjà tant fait pour le bébé et moi. Le fixant, je m’en voulais d’avoir été si égoïste, de n’avoir pas su faire taire mes pulsions, de ne pas savoir les taire en ce moment même. Je me souviens encore d'avoir foncé tête baissé comme une idiote vers ceux que je pensais à tort être responsable de cet odieux kidnapping, eux qu’on nommait la résistance comme un vieux film à la con des années 80, incapable de trouver une idée de nom plus original. Pardon Terminator, toi, je t’aime bien. Il s’avéra que la résistance n’était pas le genre de groupe malade prêt à foutre la merde et détruire des vies inutilement dans ce monde apocalyptique. Dans l’histoire, j’ai pris le risque d’être simplement la cible de leur sniper.
     J’étais partie en plein jour, c’était pourquoi Andrew ne m’avait pas arrêté dans ma folie. Bref, cette histoire, nous a permis de gagner des alliées et des ressources. Mais cette situation m’avait fait perdre la confiance de mon protecteur et je ne pouvais pas l’en vouloir pour ça, j’étais instable, je le suis encore, en cela il n’y pouvait rien. Je me levais lorsqu’il fut prêt à prendre la route, une lune éclairait notre chemin. Dans mon sac, je gardais précieusement une bouteille de sang pour Andrew et de la viande séché pour moi. L’arc était posé sur mon dos, les flèches longeaient ma jambe gauche, tandis qu’une machette était accrochée horizontalement à ma ceinture vers mon dos. En passant, je n’étais pas encore à l’aise avec ces armes-là, j’espérais ne pas avoir à m’en servir. Je n’avais pas rempli mon sac, car j’espérais trouver des ressources pendant cette mission que nous avait confié la résistance. Nous devions apparemment récupérer un clé USB.

      J’étais plutôt épatée de savoir que certain avait encore un moyen d’utiliser la technologie. On n'avait pas l’électricité dans notre abri nous concernant, mais on s’était de toute façon habitué à vivre avec le peu qu’on avait. Lorsque nous arrivâmes, nous tombâmes sur un jeune homme que je ne connaissais ni d’Adan, ni d’Eve. Lui rendant son signe de main, je lui répondis… « Faith. » C’était à mon sens tout ce qu’il avait besoin de savoir de moi pour l’heure, laissant la liberté à Andrew de lui confirmer ou pas que nous étions de Terre-1. Il avait l’air maladroit, mais je me disais que si on l’avait désigné pour cette mission, c’était qu’il avait des grandes qualités. Je n’avais pas le temps, ni même l’envie de douter de lui. Je voulais en finir vite pour repartir à la recherche du bébé. Il récapitula la mission, je me contentais de rester silencieuse, mais attentive.  

"So you're from Earth-1 too ?"

Voila le deal... Tu bois sans foi ni loi. - Mathias

              Ce type semblait jeune, assurément plus jeune qu’Andrew par son âge, mais si je devais désormais me méfier des apparences. Il semblait physiquement plus jeune que lui, mais aussi plus jeune que moi. Mais si je ne savais pas vraiment quel âge, j'avais en réalité. L’état était dans une impasse lorsqu’il a fallu me donner un âge. Des médecins avaient eu l’idée la plus logique de faire analyser ma dentition afin de trouver approximativement l’âge que j’avais. Sauf que le résultat était étonnant… Mes dents semblaient neuves comme si je venais à peine de naître. Alors, la seule solution était de choisir par rapport à mon apparence. À leurs yeux, j’étais assurément une femme étant encore dans la vingtaine. On m’aurait donné vingt-cinq si je n'avais pas demandé à avoir un peu plus. J’avais déjà la mentalité à trouver un moyen de travailler pour ne pas vite me retrouver dans la merde et de ce que j’avais appris, vingt-cinq ans, c’était encore l’âge de fin étude et on prenait que rarement au sérieux les jeunes avec l’ambition de travailler.
     J’aurais entre nous tenue à mettre trente ans sur ma carte d'identité si je l'avais pu, mais je ne les faisais pas. J’étais malgré tout assez chanceuse d’avoir réussi à gagner deux années de plus sur mon identité, vingt-sept ans, ce n'était pas si mal. Enfin bref, j’étais persuadée que ce Wally West était aussi physiquement plus jeune que moi. Vingt ans, peut-être un ou deux de plus ? Je ne sais pas, il avait l’air d’être dans cette tranche d’âge là. Sa réaction face à l’apparence Lycanthrope d’Andrew avait été bien meilleure que la mienne. Je veux dire, qu’elle ne fut ma surprise de savoir que le vampire et les Loup-garou était la seule, et même créature. Underworld, tu m’as trahi, même si je t’aime encore. Bref, je ne savais pas que c’était lui la première fois et j’avais flippé bien comme il faut. Sans doute, était-ce m’a présence qui avait rassuré ce gamin ? Qui sait, chacun avait sa manière de traiter la peur et parfois, rire ou faire comme si de rien était une réaction naturelle. Et je ne parle même pas encore des réactions liées aux dénis.

      Andrew, derrière moi, avait repris sa forme humaine, ce qui lui permit de se présenter convenablement à notre ami du jour. Ce dernier le prit pour un métamorphe, quelque part, il l’était, j’imagine. Il était apparemment tellement de choses qui pouvaient nous tromper sur sa nature réelle. Je les laissais discuter entre eux, tandis que je fis un peu le tour des lieux, le besoin de me rassurer sur la sécurité de ce denier avait été plus fort que moi. C’était devenue essentielle d’agir ainsi pour assurer notre survie. D’ailleurs, à chaque fois que nous retournions à notre abri, nous prenions soin de vérifier que la sécurité était encore actif. J’avais eu l'idée d’installer de simples ficelles tendues d’un point A à un point B, si elles étaient défaites ou abîmées, c’était que quelqu’un était entrée à l’intérieur de la planque. Et même quand les ficelles n’étaient pas défaites, on vérifiait malgré tout que nous étions seules. Andrew m’avait parlé de cette capacité à devenir de la brume qu'ont certaine de son espèce. Écarter l’hypothèse qu’il y avait aussi en ce monde des vampires de Terre-4 ou même de Terre-1 comme lui, était une option risquée.
     Lorsque mon attention s’était reportée sur les deux hommes, Wally nous faisait signe de le suivre. Je n’étais pas fan de ce que nous nous apprêtions à faire. C’était comme si nous étions en train de jouer les caïds pour le compte de la résistance afin de leur assurer la victoire dans leur petite guerre, à laquelle nous étions indéniablement soumis. Mais la question que je posais, c’était pourquoi ces enfoirés avaient besoin d’objet entre les mains d’un type qui était instable ? Qu’est-ce que cette foutue clé foutait entre ces mains en premier lieu ? Autant vous le dire, je n’aimais pas la résistance, mais il faut dire que je n’aimais rien de ce monde dans tout ce qu’il représentait. L’idée de rester coincer ici jusqu’à ma mort était suffisante à me faire déprimer davantage que je l’étais déjà ces derniers temps. Et déprimée je l’étais, oui, et j’en voulais à Andrew pour ne pas avoir arrangé les choses, pour m’avoir mis face à l’horreur de ce qui pouvait être une vérité, mais bien trop insoutenable à l’heure actuelle.

      Je ne voulais pas croire en ça… Pas maintenant, je n’étais pas prête à l’accepter. Alors je fuyais tout conversation potentielle avec lui, pour ne pas qu’il aborde à nouveau ce sujet. Je marchais derrière Wally silencieusement, jusqu’à arriver à l’endroit où devait vivre l’homme possédant la clé USB dont nous avions besoin. À peine qu’il avait frappé à la porte, que le petit gars manqua de se faire refroidir par ce fou en face de nous, nous menaçant de son couteau. « Putain ! » Crachais-je, avant de reculer moi-même. Ce con nous agressait vraiment sans chercher à comprendre qui on était, c’était quoi cette blague. Perturbé ? Foutrement, qu’il l’était. J’avais aussi noté les étranges éclairs entourant notre ami et cette vitesse dont il avait fait preuve… C’était comme ceux qui se faisaient nommer les flash à Central City de notre monde, non ?  

"So you're from Earth-1 too ?"

Voila le deal... Tu bois sans foi ni loi. - Mathias

              Quelle horreur, je pouvais sentir ce cœur affolé battre dans ma poitrine comme s’il voulait en sortir. L’adrénaline était montée d’un coup en moi, les mains tremblantes, j’agrippais mon arc sans pour autant oser attraper une flèche dans le carquois longeant mon genou droit. Ce n'était pas comme avoir affaire à une bête où la mort avait l’utilité de me nourrir et donc d’assurer ma survie. Là, c’était un humain devant moi, une personne vivante. Bien sûr que j’étais incapable ne serait-ce que de sortir une flèche pour assurer ma défense. Bien trop effrayer à l’idée que par erreur ou dans un mouvement de panique, je décoche la flèche sur lui. Et sans doute, très lâchement, je ne voulais surtout pas avoir sur la conscience la mort d’un homme. Je ne voulais pas laisser ce monde m’atteindre de la sorte, je refusais de bousiller un peu plus la personne que j’étais. J’avais des principes et de valeur, je devais tenter de m’accrocher à elle coûte que coûte.
     Et j’étais grandement soulagée de savoir ce petit gars et surtout Andrew à mes côtés, je ne savais pas de quoi était capable ce Wally West, mais j’avais déjà une plus grande idée des capacités d’Andrew et ce dont il était en mesure de réaliser. Des prouesses sur-humaines qui pouvaient laisser sur le cul plus d’un, j’ai largement eu mon lot de découverte entre Zatanna et maintenant ce vampire. Le voir se transformer en brume avait quand même quelque chose de très féerique. C’était comme assisté l’apparition et la disparition d’une nymphe des vents. Sans doute que je m’égarais et sans doute que ce moment d’égarement était un moyen de calmer ce cœur affolé qui me faisait perdre mes moyens. Et au final, je m’étais remise à souffler quand Andrew neutralisa l’homme avec une prise qu’on ne voit que dans les films, genre la prise chorégraphiée et répétée pour la scène. Oui. Et très honnêtement, j’aurais jamais cru voir ça en vrai.

      J’étais très loin d’avoir le cœur d’une combattante, très loin d’avoir envie d’en être une d’ailleurs. Mais Andrew avait raison, je devais être capable de savoir me défendre tout seul. Nous ne savions pas encore combien de temps, nous continuerions à jouer au petit jeu de l’autre malade intergalactique. Et puis Andrew ne pouvait pas toujours être là pour me protéger, alors c’est aussi ce qui m’avait poussé à accepter d’apprendre à utiliser les armes que j’ai désormais à ma disposition. Étais-je une combattante à cette époque lointaine ? Cette époque où les dunes de sable étaient encore des oasis qui s’étendaient à perte de vue. J’étais… Non, je suis après tout une Akkadienne, faisant partie d'un peuple connu pour ses combattants et ses conquêtes. Mais je n’en avais aucune idée si j'ai un jour été forte, car même si je me rappelais de mes plus gros traumatismes passés, au final, ma vie m’était encore inconnue. Un mystère qui ne s’éclaircissait pas avec ma seule volonté.  
     Je rangeais mon arc, soudainement fatiguée d’avoir simplement paniqué. Je ramenai ma chevelure en arrière avant d’inspirer profondément, comme un moyen d’évacuer les dernières traces de stress qui m’avait envahie. Je levais mon regard vers Andrew qui aidait l’homme à se relever, je croisais mes bras. Intérieurement, je ne pouvais m’empêcher de me demander pourquoi il était aussi agressif et qu’est-ce qui pourrait l’empêcher de faire de nouveau un truc louche. Peut-être était-ce tout simplement là ma fragilité et mon manque de capacité qui me poussait à me méfier de lui, c’était même sans doute le cas, mais je ressentais le besoin de rester à une bonne distance de ce malade. Et qui sait, son agressivité pouvait bien venir d’une forme d’hystérie. Oui. Il était peut-être atteint d’un syndrome quelconque, je ne suis pas psychologue, mais j’ai envie de dire que dans un monde comme celui-ci, ça doit être courant de péter un câble et de perdre la raison.

      Le petit jeune avec nous me fixa après avoir lancé qu’on pouvait discuter sereinement… La façon dont il posa le regard sur moi, c’était clair comme de l’eau sur roche. Je n’étais pas très chaude ou très enjouer à l’idée d’ouvrir le dialogue ou de le refermer. Mais cela dit, il faisait déjà plus que moi dans cette situation, je pourrais culpabiliser que continuer à m’enfoncer dans mon silence. Injuste pour eux. « Bon okey… Écoute, le vieux, la résistance pense que tu possèdes une clé USB importante pour eux. On vient la récupérer. Où est-elle ? »