No need to keep your dirty little secrets anymore

CHRONOLOGIE :

• 1994 : Naissance de Seraphine en Louisiane, en pleine Nouvelle Orléans.
• 1998 : (6 ans) Elle entre dans le musée du vaudou de la Nouvelle Orléans et discute avec une étrange femme qui porte des créoles et une turban. Elle s’enfuit et percute un masque en bois. Elle développe son pouvoir de lecture des objets la même année
• 1999 : Sa mère se sépare de son père, un musicien gitan.
• 2005 : (12 ans) L’ouragan Katrina dévaste la Nouvelle Orléans : Seraphine et sa mère fuient et s’installent à Gotham.
Seraphine apprend en regardant faire les malfrats, les sans foi ni loi. Elle vole ce qu'elle peut et profite des proies les plus faibles et les plus fortunées. Nombreux sont les ratés, on en voudra pas à une gamine de 14 ans
• 2008 : Elle flâne et entre dans une boutique d’Antiquités. Rencontre avec Hiro, son premier amour.
• 2015 : Arrivée de Darkseid et création de la Ligue de la justice
• 2016 : Black mask prend le pouvoir à Gotham
• 2017 : Le syndicat du crime débarque. Le bazar ambiant laisse encore plus place au chaos à Gotham. Hiro tombe dans le coma.
• 2018 : Descente aux enfers de Seraphine, qui goûte à tous les excès.
• 2019 : Seraphine est lâchée sur Terre-4 où elle retrouve son père.
• 2020 : Retour sur la Terre.


CHAPITRE I : BRIBES



1998 :

Elle se souvient encore de cette atmosphère lugubre, de tous ces masques sans yeux qui la regardaient en cherchant au plus profond de son âme. La gamine n’avait jamais vu d’endroit comme celui ci, et regrettait d’ailleurs d’y être entrée. Si seulement elle était restée près de sa mère, qui achetait quelques fruits sur le marché, elle ne se serait pas retrouvée nez-à-nez avec cette abracadabrante collection de crânes. La lumière verdâtre se déposait sans hâte sur toutes les curiosités du labyrinthe d’objets anciens avant d’emplir les yeux de Seraphine qui faisait en sorte de ne pas pleurer. Minuscule sous sa cascade de cheveux bruns bouclés qui n’avaient jamais été coupés, elle errait parmi les cadres en bois, les statuettes, les bijoux, les pattes de poulets… L’enfant peinait à retrouver son chemin, sursautant de temps à autre quand elle rencontrait un masque grimaçant. Elle ne vit pas la grande personne qui se tenait, là, dans le coin et la heurta.

Et alors ? demanda la femme de toute sa hauteur.

La petite s’essuya les yeux en se dévissant le cou pour voir cette inconnue. Elle était très jolie dans sa longue robe d’époque. Le teint foncé, les lèvres pulpeuses et des puissants yeux noirs, elle s’agenouilla près de Seraphine l’air pensif. L’enfant reconnu immédiatement cette figure représentée un peu partout dans le musée et fit un pas en arrière.

Tu es perdue ? demanda Marie en penchant la tête sur le côté, faisant tinter ses créoles. Voyant qu’elle n’avait pas de réponse elle tendit la main et l’enfant, après une hésitation plongea la sienne à l’intérieur.

Marie la guida jusqu’à un couloir qui menait vers la sortie et Seraphine lâcha cette main glacée avant de s’enfuir. Elle accrocha un masque africain, qui chuta. Séraphine le retint juste à temps. Des images lui parvinrent alors, floues et éparpillées.

Hélà ! On ne touche pas ! cria le gardien du musée. Mais déjà, la brunette courait vers le marché. Dans le coin du couloir encombré, Marie ricanait en observant cette masse de cheveux se sauver à toutes jambes. Puis, elle recula dans le noir avant de s’évaporer.




2007 :

Les ruelles mal éclairées suintaient tout leur saoul tandis que cet homme bien habillé les traversaient de part en part. Il avait le regard mal assuré malgré sa posture pédante, et, à bien y regarder, on pouvait voir un léger frisson lui parcourir l’échine. Le cliquetis de son trousseau de clé, lorsqu’il extirpa de sa poche paru plus retentissant encore dans cette petite allée malodorante, plongée dans le calme.Mais il ne se laissa pas démonter et approcha de sa voiture, propre comme un sous-neuf. La carrosserie était si brillante, pourtant l’homme ne remarqua pas immédiatement la silhouette qui se tenait derrière lui. Le tintement de clé ne fit pas autant de bruit que celui du pistolet que l’on arme :

La caisse !

Ah ! l’élégant personnage levait désormais les bras en l’air, et fermait les yeux. Il tremblotait, mais s’éclaircit la gorge pour se donner du courage.

Je dois rentrer chez moi, je ne vis pas ici, pitié.

Vous avez eu tort de vous pointer à Gotham.

Un bruit sourd précéda celui du corps de l’homme d’affaire. Il avait reçu un bon coup de crosse mais se réveillerait bientôt. Sans doute sans sa montre, mais son agresseur n’y toucha pas. En revanche, il ramassa les clés et débarrassa le pauvre bonhomme de sa veste de costume avant de l’enfiler :

Classe…

Seraphine siffla avant de d’enlever sa capuche. Elle jeta un oeil à la plaque, immatriculée en Louisiane et s’excusa brièvement à voix haute avant de s’engouffrer dans le véhicule. La jeune fille prit le temps de s’admirer dans le rétroviseur et démarra : la nuit était à elle.


La jeune fille évoluait avec sa mère en plein Gotham. Le plan de cette dernière était simple : conquérir le gratin de la ville grâce à ses charmes, se faire inviter et ainsi grimper dans l’échelle sociale. Il n’était pas rare qu’elle arrive à ses fins, et ça ne manquait pas d’écoeurer Seraphine qui elle, repensait souvent à son père. Lui qui avait été un modèle pendant ses premières années, et qu’elle commençait à oublier doucement. Il ne devait plus qu’une silhouette dans ses souvenirs écrasés par le temps et l’absence de photos. Quand elle pensait à sa mère qui faisait presque le tapin, ça lui donnait la gerbe. La brune restait assise à la fenêtre de l’appartement miteux du centre, à observer la ville, ses changements, ses héros leurs adversaires. Elle se mit à admirer des gens tels que Catwoman qui protégeaient les faibles sans pour autant se targuer de ne faire que le bien.
Seraphine se sentait illégitime dans ce monde, doté d’un pouvoir qu’elle avait en horreur, elle se couvrait les mains avec des gants épais pour ne plus ressentir ces choses qui lui parvenaient quand elle touchait quoi que ce soit. Plutôt que dompter ce don, elle lui donnait le nom de damnation et le réfreinait. Et il en fut ainsi. Elle volait pour s’offrir plus de confort, celui que sa mère se faisait offrir, elle le prendrait de force. Cette vie sans queue-ni-tête dura deux ans, jusqu’en 2008.

2008 :

Il lui sembla qu’elle n’avait jamais vu cette boutique auparavant. La brunette aux longs cheveux s’engouffra à travers les portes vitrées battantes du magasin et s’émerveilla de tant de beaux objets. Même si elle avait un étrange sentiment de déjà-vu, il ne s’agissait absolument pas du même endroit que dans son enfance. Là se mêlaient vases anciens, lampes vertigineuses, tableaux aux couleurs passées, vaisselle, mobilier, décorations, bibelots… tout avait un air de vieux, une douce odeur du temps qui s’est écoulé. Seraphine flânait au beau milieu de toutes ces choses comme un poisson dans l’eau, comme les jeunes filles de son âge le feraient chez un vendeur de vêtements ou de cosmétiques. Elle s'attendrissait, regardait avec envie, mais jamais elle ne touchait à rien, de peur de fragiliser les objets plus que de se fragiliser elle-même. Tout ce bazar avait sans doute un passé chargé et elle tenait pas à s’évanouir là, chez l’antiquaire. Qui était-il d’ailleurs ? Seraphine releva la tête vers un miroir doré, aux détails sculptés à la main, elle admira les dorures avant de croiser son reflet. Ses yeux couleur de miel lui parurent bien moins sombres qu’à l’accoutumée et elle se trouva grandie. Certainement pas epanouie mais elle était devenue une femme, elle n’était plus une enfant. Son regard dévia et c’est à ce moment qu’elle vit, derrière une bibliothèque. Il était grand, lisait “Orgueil et préjugés” avec un certain ennui. Ses cheveux noirs retombaient sur son visage aux traits fins et asiatiques. S’il ne clignait pas des yeux, elle aurait pu croire qu’il était un élement du décor, avec cet air impassible et cette beauté intemporelle. Elle traversa les étals pour l’approcher :

Bonjour, fit-elle.

Il releva la tête vers elle, et elle distingua mieux ses yeux noirs qui la transperçait.

Je peux vous aider ? demanda-t-il en la jaugeant, l’expression indéchiffrable.
Cette boutique est à vous ?
Oui, en effet. Il la déshabilla du regard. Je m’appelle Hiro Nightingale. Sur ces mots il se leva en tendant la main. Seraphine n’hésita pas l’attrapa.

Ce sentiment qui la submergea connecta leurs coeurs comme on connecte les fils d’une ampoule. Et, allez savoir ce qu’il s’est passé : tout lui parut comme une évidence. Il aurait pu être l’histoire d’amour parfaite dont rêvent toutes les adolescentes, mais Seraphine était attirée par tant d’autres desseins, comme un papillon de nuit piégé dans un sapin de noël, qu’elle passa à côté de cette romance. Si pour lui elle ressentait du désir, il lui aurait été bien difficile d’appeler ça de l’amour. Elle eut été impossible pour elle d’accéder à ce sentiment dont elle était depuis toute jeune privée. Mais comme ne souffre pas du manque quand on a jamais touché à la drogue, Seraphine s’en passait très bien.

***

Hiro et elle devinrent malgré tout les meilleurs amis du monde. Magpie et Nightingale pour toujours. Lui, la vingtaine lui parlait de ce qu’il connaissait de la vie et elle à quinze lui en racontait une version différente. Il passa peu de temps avant qu’il ne découvre pour son pouvoir. Une boutique de vieillerie laisse forcément des traces. Jamais cependant il ne l’exploita pour cette raison : il l’aimait. Il aimait sa façon d’apprécier ce que tant d’autres gens appelaient des anciennetés. Si seulement il avait prit le temps de le lui dire. Mais tout s’enchaîna trop vite. Seraphine, ravie de pouvoir échapper à sa routine morne, cessa de se contenter de ce qu’elle avait pour rêver à plus. Son attrait pour l’ascension la grisait. Hiro la guida sur le chemin de l’éducation : “T’instruire, dans la vie, c’est t’assurer le progrès.” Elle qui n’avait jamais vraiment été à l’école s’y rendit. Puis, les week end, elle les passait avec Hiro, à apprendre l’histoire. Il lui enseignait des faits, elle lui communiquait des sentiments appartenant à d’autres époques, des souvenirs. Cet équilibre dura un temps, et forgea Seraphine dans un métal plus raffiné, comme dans un parfait remake de “My fair Lady”.
Il arrivait parfois que Seraphine retombe dans ses vieux travers. Elle volait de temps à autres, se disputait violemment avec sa mère et venait à sécher les cours quand elle n’avait plus le coeur à rien. Elle voulait tout accélérer pour arriver le plus vite possible en haut de l’échelle, et elle dégligea Hiro un temps.

2011 :

Sa mère la poussa sur le devant de la scène, la faisant entrer en soirées, dans des galas, la fit rencontrer nombre de gens. On lui offrait des robes, du parfum, des chaussures… Tout cela mena la jeune femme à se poser des questions sur cette attention qu’on lui prêta. La surprise ne fut pas immense quand on la présenta à un jeune de son âge, fils de mafieux. Sa mère l’avait vendue. Le soir même, Seraphine empaquetait ses affaires pour se ruer dans la boutique d’Hiro. Il vivait à l’étage, et quand il entendit qu’on tambourinait à sa porte, il ouvrit. La pluie battait au dehors, et Seraphine, trempée, se jeta dans ses bras.
Personne ne sait vraiment s’ils ont passé la soirée à discuter ou s’ils ont vécu une grande nuit d’étreintes passionnées, mais Seraphine vint habiter au dessus de la boutique. On la chercha un an tout au plus puis on finit par la laisser tranquille.
Puis vient 2015, la terre subissait les assauts de Darkseid qui détruisait toute chose sur son passage. La boutique n’en fut que peu impactée comparé au reste de Gotham, à l’économie et à l’appartement de sa mère avec qui elle a désormais coupé les ponts.
Comme le pouvoir est pris par les temps les plus sombres, Sera ne manqua pas de se créer gentmment une place après le sauvetage de la terre par la Ligue de Justice. Elle expertisa les objets qui s’étaient perdus dans la catastrophe pour les restituer à leurs propriétaires. Des bijoux, des breloques couteuses… tout ce ramassis luxueux qui se vendait à droite et à gauche retourna à son maître, gratuitement. Du moins au début. Seraphine voulait se rendre parfaitement indispensable et c’est ce qu’elle parvint à faire. Sa condition de méta-humaine tendait à rester secrète mais difficile d’expliquer comme elle parvenait à expertiser tout ces trucs sans l’aide d’aucun pouvoir.

Alors qu’elle est invitée par les partisans de Falcone à une soirée privée, elle expose ses talents et on lui donne le surnom de Mrs Whisperer, puisque personne n’a son vrai nom. Hiro et Seraphine montent une entreprise d’expertise sous le manteau, sous couvert de la boutique d’Antiquité. Son pseudonyme court à travers Gotham, et les clients qui se présentent débarquent de tous les bords : héros, vilains, mafieux...



La fumée des cigares embrume l’espace clos de la réception. Les hommes portent leurs costumes trois pièces et les femmes de longues robes. Ils sont tous dans les tons gris, noirs, ou osent des bordeaux sombres. La musique grésille à travers le gramophone et se fraie un chemin derrière les rires et les dialogues des mafiosos. Les femmes qui sont là sont des épouses, des éléments de décoration ou membres actifs de la pègre de Gotham. Toutes cessent de discuter quand un éclat bleu traverse la réception d’un pas assuré. La couleur est vibrante, d’un bleu électrique dense, elle déchire le brouillard de tabac qui continue de s’élever dans les airs. Juchée sur des escarpins, elle ne porte pas de tenue aguicheuse ni de traîne pailletée : elle porte un costume d’homme. Savamment ajusté sur la poitrine et sur les hanches, la veste épouse ses courbes et dévoile ce qu’il faut de poitrine pour rester professionnelle et capter l’attention. Elle s’arrête, jauge les invités et rabat sa crinière brune sur son épaule. Au fond de la salle, un homme se lève une mallette à la main :

Mademoiselle Whisperer, je vous attendais.



2016 : Alors que Seraphine poursuit son ascension, qu’elle regagne une place parmi les puissants après avoir été diplômée, les choses tournent au vinaigre. C’est Black Mask qui prend le pouvoir sur les autres familles.

2017 : Le syndicat du crime fout le bordel sur Terre. La peur de mourir envahit Hiro, qui avoue ses sentiments à Seraphine. Elle prend peur, ne peut accepter de perdre son amitié mais est animée par une émotion nouvelle. Elle est partagée et demande à son plus proche ami, partenaire, du temps. Mais la terre est ravagée, les gens paniquent, et avec Batman prétendument mort, les crimes se multiplient à Gotham. Un voleur brise la porte de la boutique pour emporter des objets de valeurs et tire sur Hiro avant de s'enfuir. Il tombe dans le coma.
Seraphine renoue avec sa mère, plus seule que jamais. Elle hérite de la boutique de Hiro à titre provisoire. Elle subit la longue nuit hiver causée par le syndicat du crime et est épargnée par les criminels de Gotham grâce à ses relations.

2018 : le soleil revient mais Hiro reste dans le coma. Seraphine tente de reprendre sa vie où elle l'a arrêtée, mais sa tristesse la traîne dans les bars et elle entame une période sombre de coucheries et d'alcool où elle s'auto-détruit à petit feu.




CHAPITRE II : TERRE-1 vs TERRE-4

2019 à 2020:

L’arrivée sur Terre 4 pour Seraphine comme pour beaucoup n’a pas été une partie de plaisir.
New Themyscira était sensiblement aussi what-the-fuck que Gotham, en bien moins charmante. Elle a tiré profit de son pouvoir et s’est servie de souvenirs d’objets trouvés ça et là pour comprendre rapidement les enjeux de ce monde en ruine, et s’infiltrer dans la résistance de terre-4. Séraphine y retrouve son père qui était exactement le même que dans ses souvenirs en plus exténué et en bien moins souriant. Elle aurait voulu rester sur New Themyscira uniquement pour lui, mais la jeune femme pensait aussi toujours à son amour de jeunesse resté sur place.
Elle a fait un tri dans ses principes alors qu’elle a manqué d’être tour à tour violée et tuée. Elle s’est travestie et a tué au passage deux trois malotrus qui ne manqueront à personne. Elle s’est retrouvée face à son alter de terre-4, qui s’est avérée plus vilaine qu’elle mais aussi bien plus puissante. Ses alliés n’étaient autres que les atlantes et elle faisait régner sa loi sur les cendres tout en se cachant, puisque horriblement lâche.
Séraphine évolue facilement par la suite, se remémorant ce que c’était de se salir les mains à l’époque. Ces six mois d’enfer ont eut, pour elle, au moins le bénéfice d’éviter qu’elle s’encroûte et lui foutre un coup de pied aux fesses.

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