with fire and blood (narcissa)

chapter one, beast of fire and flesh.
« Père est mort. » Elle résonne cette phrase. Comme un écho glacial dans une grotte, un écho qui fait des aller-retours en attente d'une réponse. Le glas est froid, et la résonance qu'il provoque dans les entrailles de Narcissa, ne sont que pures scarifications. « Drusilla, ta mère, est en chemin pour Central City, il faudrait que tu nous rejoignes. » Elle regarde les journalistes autour d'elle. Elle n'était qu'une simple stagiaire au Daily Planet, elle ne pouvait se permettre de disparaître comme ça, alors qu'elle venait à peine d'être acceptée. « Narcissa, tu m'entends? » Elle inspire, croise Perry du regard. « Monsieur, je suis sincèrement désolée mais.. je dois partir. » Narcissa n'était pas le genre de fille à quitter son travail tôt, ou à le faire de manière bâclée. Non, elle, c'était la fille perfectionniste, parfaite miss-je-sais-tout qui voulait toujours atteindre des sommets. « Sérieusement, Blackwood ? C'est seulement votre quatrième jour.. » Il est coupé alors que les écrans de télévisions dans les bureaux commencent à relater les informations. Une photo de son père est affichée, et les gros titres annoncent «  Ephraim Blackwood, retrouvé mort après une fusillade. » Elle raccroche le téléphone alors que son frère est toujours au bout de la ligne. Elle se tourne une dernière fois vers Perry. « Je suis sincèrement désolée. » Il quitte l'écran des yeux et fait un signe de tête à la jeune fille, il comprend. Elle attrape son sac à main, entre dans l’ascenseur. « J'aurai besoin de réserver un vol pour Central City, le premier en partance de Metropolis. » Elle commence à donner son nom, lève la main pour un taxi et se dirige vers l'aéroport.

Elle s'arrête devant la tombe, une rose rouge sang à la main. Elle baisse les yeux vers le cercueil, prison doré dans lequel son père sera à tout jamais enfermé. Sa mère est debout, ses cheveux coiffés en un chignon, un air pincé sur le visage. Pas la moindre émotion. Et Narcissa, elle se devait d'être comme elle. Elle se devait de cacher sa souffrance, pourtant tornade dans son palpitant. Elle inspire profondément, puis tente de jeter la rose. Elle n'y arrive pas. Elle n'est pas prête à lui dire adieu. Parce que, même si sa relation avec son père avait toujours été conflictuelle et difficile, elle arrivait à trouver du réconfort en sa présence. Elle arrivait à se sentir aimée. Amour paternel qu'elle ne connaîtra plus jamais. Elle se tourne vers les membres du cortège, tous de grandes familles de Gotham. La cour des hiboux était réunie en ce lieu, et tous les regards étaient braqués sur la chétive Narcissa. Prochaine héritière au trône des Blackwood. Elle inspire une nouvelle fois, et décide de s'agenouiller. « Vous allez me manquer père. Je sais que tout n'était pas facile entre nous, que mon attitude parfois vous excédait, mais j'espère, que où que vous soyez, vous avez trouvé la paix. Et j'espère, que vous savez, que vous serez manqué ici. » Elle n'arrive pas à lâcher un « je vous aime », elle ne peut pas le faire. C'est bien trop difficile. Encore plus en présence de sa mère, terrifiante harpie sur son trône de fer. Le regard de la furie est braqué sur sa fille, ombre ténébreuse qui culmine derrière la lumière de Narcissa. Elle jette la rose puis se relève. C'est au tour de son frère, mais elle s'éloigne. Elle ne veut pas être près des membres de sa famille, encore moins près de la Cour. Alors elle s'arrête devant le portail du cimetière, et du sac à main assorti à sa robe sort un paquet de cigarettes. Elle en allume une, emplit ses poumons d'une fumée néfaste et cancérigène puis regarde sa mère arriver. Le cancer en personne. « Ton petit speech n'était pas nécessaire, Narcissa. » Elle tire une autre bouffée sur sa cigarette, aussi forte que la colère qui s'agite en elle. « Est-ce qu'ils les ont retrouvés, ceux qui lui ont fait ça? » Elle pose un regard glacial sur Narcissa. Si il lui faisait froid dans le dos, durant son enfance et son adolescence, ce dernier n'a que très peu d'effets sur elle désormais. « Ils ne les retrouveront jamais, sois en certaine. » Le sourire qu'elle peint sur son visage au trait dur, fait marquer une pause à la gamine. Elle inspire une nouvelle bouffée avant d'écraser sa cigarette sur le sol, comme un vulgaire insecte. « Vous n'auriez jamais fait ça.. C'est.. » Le regard de sa mère la perturbe désormais, alors qu'elle comprend peu à peu qu'elle est l'une des instigatrices de cette tragédie. « Comment avez-vous pu ? Il..  » Sa mère croise les bras sur sa poitrine, avant de lever la main vers sa limousine. Le bruit du moteur s'enclenche, et la voiture s'approche d'eux. « La fin justifie les moyens, Narcissa. Ton père allait mettre à mal ce pourquoi nous nous battons depuis de trop nombreuses années. » Elle perd pied la gamine, ne s'attendant absolument pas à un tel dénouement. « Monte, nous rentrons. Nous aurons tout le temps de discuter de ça dans un lieu plus.. privé. » Elle s'offusque la gamine, poupée de porcelaine que l'on entraîne dans son sillage et qu'on brise peu à peu. Feu ardent dans ses tripes qui tente de jaillir. « Non. » Elle rallume une autre cigarette. Cancer qui s'infiltre peu à peu en elle et qui pollue sa conscience. « Je vous ferai tomber, tous autant que vous êtes. Cet acte ne restera pas impuni Mère. » Elle regarde sa mère, puis s'éloigne. Elle marchera la gamine, elle ne veut pas être en compagnie des siens. Parce que les siens étaient rongés par un mal qui ne pouvait être purifié. Elle s'éloigne, dernière bouffée de liberté.

La pluie tombe sur son visage, lave ses pêchés. Elle ne pleure pas et ne fulmine pas. Elle ne pense à rien, l'enfant. Parce qu'elle ne sait plus rien, elle ne veut plus rien savoir. Cercle vicieux dans lequel elle avait été enfermée bien trop tôt. Sa relation avec sa mère avait toujours été compliquée. Si durant de nombreuses années elle avait cherché à lui ressembler, à épier les moindres de ses faits et gestes pour en devenir la parfaite copie, elle s'était finalement rendu compte qu'elle ne voulait pas lui ressembler. Elle ne voulait pas devenir une harpie dévoreuse d'enfant, une Lilith sortant tout droit de la bouche de l'enfer. Drusilla était remarquable sur bien de nombreux points, femme d'affaires accomplie, membre d'une élite que beaucoup enviaient, siégeant secrètement à la cour des hiboux comme tous les Blackwood avant elle. Elle était fascinante, mais tout aussi terrifiante. Elle n'était rien d'autre au final, qu'une déesse déchue, le croque-mitaine caché sous le lit des enfants. Elle s'avance dans la nuit noire et impétueuse, jusqu'à se retrouvée près d'une vieille usine désaffectée. Elle n'a pas remarqué, perdue dans ses pensées, la voiture qui l'a suit depuis déjà trois quart d'heures. Elle ne ressent pas le danger, tragédie qui s'apprête à gronder. Éclair dans le ciel, avertissement divin. Elle lève les yeux au ciel, avant de s'arrêter à l'abri. Elle sort son téléphone, il lui faut trouver un taxi. Elle ne pouvait pas rester une seconde de plus dans cette ville. « On dirait que vous avez besoin d'aide? » Elle relève tout doucement la tête de l'écran de son téléphone, avant de se retourner vers l'inconnu. Les inconnus, remarque t-elle, en voyant trois autres hommes sortir de la berline noire. « Non, je m'en sors très bien toute seule merci. » Elle sourit, hypocrisie dans son regard. La pluie tombe plus vite, et les orages se font de plus en pressants. Courroux de Zeus. « Vous êtes certaine ? Vous allez attraper froid à rester sous pareille tempête. » Il se rapproche légèrement, et comme des loups en meute, les trois autres se mouvent de la même manière. « Mon petit-ami arrive. » Éclats de rires dans la voix des canidés. Elle arque un sourcil, alors que l'Alpha s'approche de nouveau. « Je ne vous conseille pas d'approcher. » Elle range son téléphone dans son sac. Ils se mettent à rire de plus belle. « On ne te veut aucun mal, on va juste attendre ton petit ami avec toi. Ce n'est pas bon de rester seule dans un endroit pareil, surtout quand on est une si jolie fille. » Il approche la main de son visage, et replace une mèche des cheveux de la poupée. Il s'apprête ensuite à caresser sa joue, mais elle attrape son poignet et plaque l'alpha sur le mur derrière elle. « Je pensais avoir été claire. » Elle lui tord un peu plus le poignet, avant que l'un de ses trois acolytes pose une main sur son épaule. Elle lâche le voyou, et donne un coup de coude dans le visage de son nouvel adversaire. Elle saute, lui donne deux coups de pieds mais il se protège. Elle retombe droite sur ses escarpins. « J'ai dis, que je n'avais pas besoin d'aide. » Demoiselle en détresse, transformée en machine de guerre. Elle voit l'un des deux voyous sortir une batte de la voiture. Elle penche sa tête sur le côté et arque un sourcil. « Sérieusement? » Elle lève les yeux au ciel. « Allez, vous êtes quatre, contre moi. La batte est peut-être exagérée, non? » Elle tente de les déstabiliser, mais ça ne fonctionne pas. « On est payé une grosse somme pour ce qu'on va faire, on va vraiment pas te louper jolie cœur. » Elle s'arrête. « Qui vous a payé? » Journaliste dans l'âme. « Tu dois bien t'en douter non? » Elle perd pied, tremblement dans son corps. Elle le sait au fond d'elle, mais elle n'arrive pas à ouvrir la bouche. Le coup de poing qu'elle reçoit à l'arrière du crâne, lui fait perdre pied et elle tombe au sol. (..) Elle ouvre difficilement les yeux la poupée. Ses mains sont attachées à des chaînes suspendues au plafond, ses pieds bougent dans le vide. Ils l'entourent,  vautours qui rodent autour de leur proie. Elle tente de tirer sur ses chaînes, mais la douleur qu'elle ressent au niveau des épaules lui fait pousser un cri strident. « Tu risques de te faire mal, à jouer comme ça. » Elle le regarde, et crache à son visage. Regard lubrique qu'il lui lance. De ses doigts, il touche le crachat. Il pose ensuite le liquide sur sa langue, avant de lui sourire. « Ecoeurant. » Elle reçoit un coup dans son dos, et ça lui arrache un nouveau cri. Douleur fulgurante qu'elle ressent, alors que les coups de battes continuent de s'abattre sur elle. Les larmes coulent d'elle-même. Elle allait mourir, telle était sa destinée. Funeste destin qui s'affaissait sur elle. Elle n'entend plus rien autour d'elle, seulement le bruit des poings et de la batte. Son souffle s'accélère, se coupe parfois, avant de reprendre dans des râles morbides. Balafres qui couvrent son corps, sang qui perce sa peau laiteuse. Ils s'arrêtent enfin. Moment de liberté qu'elle voit passer sous ses yeux. Le coup final allait être donné, délivrance qu'elle sentait au creux de ses reins. C'était terminé. Bientôt, elle serait en paix. Bientôt, elle n'aurait plus à souffrir. « Détachez-la, j'ai envie de m'amuser un peu. » Elle ne comprend pas tout de suite la gamine, et tandis qu'elle sent les chaînes se détendre et que son corps tombe lourdement sur le sol, elle fini par comprendre. Il s'approche de son visage, et commence à dénouer sa ceinture. « Non.. Non.. s'il vous plaît. » Sourire carnassier qui illumine le visage de l'alpha. « S'il vous plaît.. battez-moi, tuez-moi.. s'il vous plaît. » Sa voix est faible et haletante. Dans un dernier effort, elle tente de se relever, mais d'une main, il la plaque sur le sol. Elle regarde la ceinture posée sur le sol, et les larmes sortent de nouveau. Ils en avaient loin d'avoir fini avec elle. Elle sent ses mains sur sa peau, acide qui lui brûle la peau. Il remonte sa robe noire, et retire son sous-vêtement. Elle utilise le peu de force qu'il lui reste pour se débattre. Mais elle n'est qu'une biche prise au pièges face à une armée de loups. Elle n'était pas apte à se défendre. Elle n'était pas apte à sauver sa peau. Elle allait mourir, et ce, de la pire des manières. Elle le sent s'insinuer en elle comme un poison, douleur qu'elle a l'impression de sentir jusqu'à sa poitrine. Épée de feu qui lui brûle les entrailles.  Râles qui sortent de la bouche de son agresseur, alors qu'il termine son acte. Elle n'a pas bougée elle, mortifiée par ce qui est en train de lui arriver. Seule les larmes sortent de ses yeux, chaudes, aussi chaudes que le poison qu'elle sent au creux de ses reins. Il attrape sa ceinture, et remonte son pantalon. Il se tourne vers ses acolytes. « L'un de vous en a envie? » Elle ne les regarde même pas. Regard perdu dans le firmament. Elle n'a désormais plus qu'une envie, et c'est mourir. Parce que si son âme l'est déjà, son corps continue d'hurler. La douleur est insoutenable et déchire la moindre parcelle de vie qu'il lui reste. Elle n'entend pas l'homme à la batte détaché sa ceinture, et s'insinuer en elle. Elle ne sent que la douleur, terrible acide qui en elle s'agite. Elle continue de pleurer, souffle court. Elle ne se débat même plus, elle n'est plus rien. La poupée de porcelaine est brisée, plus brisée qu'elle ne l'a jamais été. Son cœur est en morceau, tous dispersés aux quatre coins de la pièce. Son âme elle, est déjà parti en enfer. Elle prie Hadès, elle prie Zeus. Elle prie Shiva, Jésus et toutes les entités religieuses qu'elle connaît pour lui venir en aide. Mais elle le sait, la poupée, sa mère Drusilla, Persephone a déjà fait un pacte avec le diable. Et son destin est noué à jamais. Aujourd'hui marque la fin de sa vie, la fin de tout ce qu'elle aurait pu espérer. La fin du bonheur, de la joie. Tout s'éteint en elle, petit à petit. Le dernier membre du squad s'enfonce à nouveau en elle, et c'est la fin. Elle ne ressent plus rien. Pas même la peine, pas même la tristesse. Elle n'attend qu'une seule et unique chose, la liberté. Liberté chérie qu'elle guette du coin de l’œil, qu'elle attend comme le messie. Il se relève, et va chercher de l'essence. Il asperge la jeune fille, puis en met partout autour d'elle. Sur les murs, sur le sol, sur les portes. Elle ne bouge toujours pas. Poupée désarticulée au milieu de la pièce. Corps couvert de traces, emplit d'impureté. « Ravi d'avoir pu vous aider, mademoiselle. » dit l'Alpha, alors qu'il allume son briquet. Il le jette dans l'essence, quitte la pièce en courant. Les flammes lèchent le mur et le sol, puis embrase la gamine. Paix qu'elle entend susurrer à son oreille. Déflagration.

chapter two, death is my gift.

Son regard est dénué d'émotions. C'était comme si la vie elle même l'avait quitté. Elle n'était qu'une coquille vide, un météore traversant l'immensité de l'univers. Elle regarde tour à tour la journaliste, et la perfusion près d'elle. Elle n'avait pas besoin de tout ça, elle ne voulait rien de tout ça. « Est-ce qu'ils ont dit combien de temps tu devais rester ici? » Elle plonge son regard, dans celui azur de Lois Lane. Une collègue de travail, une supérieure, une personne qu'elle admirait. Qu'elle avait admiré. Parce qu'aujourd'hui, plus rien ne permettait d'égayer une once de sentiment ou d'émotion, dans l'entité qu'elle était. Si entité il restait. Elle se souvenait exactement des événements. Elle les revoyaient se jouer sans cesse sous ses yeux, spectacle d'ombre et de lumière. Elle n'arrivait pas à trouver le répit, et son sommeil bien trop court, était rempli de cauchemars. « Trois semaines encore, ils veulent vérifier que je n'ai pas été intoxiquée par la fumée et ils ont des questions encore à me poser. » Des questions auxquelles elle ne voulait absolument pas répondre. Comment dire au monde que sa mère avait tentée d'attenter à sa vie, comme elle l'avait fait avec son père quelques jours auparavant. La dynastie des Blackwood tombait en morceaux, déchéance d'un héritage ancien. « Je ne veux pas me montrer pressante, mais tu aurais du temps pour répondre aux miennes? » Narcissa la regarde de ses yeux perçant. Elle semble sonder l'âme de la journaliste. Elle n'arrive plus à comprendre la détermination qu'elle voit peinte dans les yeux de la rousse, elle n'arrive plus à comprendre les émotions sur son visage. Elle n'arrive plus à comprendre l'être humain. Si Lois était une femme qu'elle adulait auparavant, et qu'elle avait pu placer sur un piédestal, aujourd'hui, la poupée brisée ne savait plus à qui faire confiance. « Tout dépend ce que tu attends comme réponses. » Sa voix est neutre, dénuée de la plus petite parcelle de vie. La lumière s'est éteinte en elle, laissant place à l'obscurité la plus totale. Pourtant, Narcissa sent la clarté, encore plus qu'avant. C'était comme si ce qui lui était arrivé, lui avait ouvert les yeux sur le monde. Elle se souvient parfaitement de ce qui lui est arrivé. De ces venins qui se sont insinués en elle, mais surtout, de ce qui est venu après. Elle se souvient des flammes sur sa peau. Langues de l'enfer qui s'étaient infiltrés dans tout ses pores. Démons qui lui avaient susurrés à l'oreille. Mais quelque chose s'était produit, quelque chose qui lui déchirait le palpitant. Elle était morte. Mais elle avait survécu. Le feu s'était emparé d'elle, et n'avait fait qu'un avec elle. Il l'avait transcendé, et elle en était devenue la quintessence. Son cœur avait cessé de battre, puis s'était relancé, comme si l'Enfer lui même n'avait pas voulu d'elle. Il l'avait rejeté. Peut-être était-elle trop sale, trop abîmée. Ou peut-être, qu'elle était encore trop pure. Trop pure pour l'Enfer, trop impure pour les cieux. Quoiqu'il en soit, elle les blâmait. L'un comme l'autre. Ils n'avaient pas été là lorsqu'elle avait eu besoin d'eux. Batman n'avait pas fait irruption dans cet entrepôt, Superman n'était pas venu à sa rescousse. Personne d'autre qu'elle et ces loups, dévoreurs d'âmes, n'avait entendu ses cris, ses suppliques. Son requiem. La poupée de porcelaine n'était plus, elle avait été transformée en créature immonde. Être fait de chaire et de feu,  une dragonne. Et comme le phénix avant elle, légende qu'elle se plaisait de lire lorsqu'elle était plus petite, elle s'était relevée de ses cendres. Elle avait laissé la pétillante poupée qu'elle était, la gamine à l'esprit vif et impétueux derrière elle. Cadavre qu'elle avait regardé avec pitié et compassion. Elle pose les yeux sur son avant-bras, désormais intact. Comment cela avait-il pu lui arriver ? À quel moment, avait-elle fauté pour mériter ça ? À quel moment les dieux eux-même l'avaient-ils abandonnés ? Était-ce cela, le prix à payer pour avoir la paix ? Mourir pour renaître ? Vivre pour survivre ? Elle s'apprête à ouvrir sa bouche, alors qu'elle voit le regard clément et plein d'empathie de Lois posé sur elle, mais est interrompue. L'infirmière fait irruption dans sa chambre. Elle se tourne vers cette dernière. « Nous avons reçu les résultats de vos prises de sang, mademoiselle Blackwood. » La déesse déchue pose son regard sur le petit carnet qu'elle a entre les mains, puis plonge ses yeux dans les prunelles de la jeune femme. « Et? » Langue qui claque sur son palais, interrogation dénuée d'implication dans sa voix. Elle se fiche royalement de ce que l'infirmière au teint halé et à la joie de vivre écœurante a à lui dire. « Vous préférez peut-être que je vous dise ça seule à seule? » Elle se tourne vers Lois. Elle pense n'en avoir rien à faire Narcissa, mais l'éclair fugace de sa conscience lui crie qu'elle aura besoin de quelqu'un. « Je repass.. » Elle l'arrête dans sa phrase. « Elle peut rester. » En d'autres termes, elle avait besoin de quelqu'un près d'elle. Même si la plus grande partie de son âme abyssale, scandait qu'elle n'avait besoin de personne. Parce qu'elle était seule, et qu'elle l'avait toujours été et le resterait toujours. Qu'allait lui dire l'infirmière de toute manière ? Qu'elle avait attrapée une MST, le sida ? Rien qui ne pourrait au final, briser la poupée qu'elle avait été. Parce qu'elle n'était plus. « Nous les avons refait plusieurs fois, et vos analyses de sang montre que.. » Elle passe une main dans ses cheveux. « N'ayez pas peur, rien de ce que vous pourrez dire ne me fera du mal. Accélérez. » reptile qui sort de la bouche de la déesse. « Vous êtes enceinte. » Impassibilité sur son visage. Gêne sur celui de l'infirmière. Surprise dans les yeux de Lois. « Je suis quoi? » Première émotion qu'elle laisse passer, comme si le filtre autour de son âme s'était dissipé.  « Vous êtes enceinte. » Elle se met à rire la dragonne. D'un rire jaune et sarcastique. Elle lève les yeux vers le plafond, et rit encore plus fort. Les cieux se jouaient d'elle, l'Enfer se riait d'elle. Les Moires s'amusaient avec sa destinée. Elle pose une main sur son front, cachant légèrement ses yeux. Et ses rires se font plus bruyants, jusqu'à se transformer en larme. Tristesse qui s'empare d'elle. Émotion qu'elle tente de rejeter mais qui pourtant, continue son chemin. Sa carapace se brise, et l'émotion continue, soufflant tout sur son passage. L'univers entier s'était ligué contre elle, contre cette déesse déchue. Souffrance qu'elle ressent, alors qu'elle pose une main sur son bas ventre. « Ce n'est pas possible, » souffle t-elle. Elle ne pouvait l'accepter, elle ne pouvait pas. Elle se met à revivre encore et encore son agression. Et elle continue de fondre en larmes, femme forte qu'elle essaie d'être depuis le début. Farouche déesse qu'elle se croyait être. « Je ne peux pas, je ne peux pas, je ne peux pas. » Elle le déteste cet enfant. Elle le déteste et elle les déteste. Elle les déteste, parce qu'ils l'ont salis à vie. Elle les déteste parce qu'ils ont éteint la lumière en elle, parce qu'elle a perdu le goût de la vie. Parce qu'elle n'a même pas envie de survivre. Et parce que chaque respiration, est comme des coups de rasoirs qui entaillent ses veines. Parce qu'elle n'est plus libre, parce qu'elle souffre. Elle souffre la déesse, tâchée d'impureté. D'une saleté dont elle n'arrivera jamais à se débarrasser. Elle n'était plus rien, plus que l'esclave d'un souvenir traumatisant. D'une épreuve dont elle n'arriverait jamais à se relever. Parce que, si elle s'était relevée de ses cendres, elle n'était pas entièrement elle même. Elle.. elle perd pied. Et dans cette chambre d'hôpital froide et glacée, elle se sent une nouvelle fois abattue. Poids du monde qu'elle ressent sur ses épaules, comme Atlas avant elle. « Vous.. vous.. » Elle se tourne vers elle, furie furieuse. « Sortez de ma chambre ! Sortez ! Sortez ! Sortez, sortez! » Cries d'agonies qu'elle lance à l'attention de l'infirmière. Elle ne bouge pas tétanisée par la harpie qui se dresse devant elle, harpie prête à se transformer en dragonne à tout moment. « Vous l'avez entendue ? Sortez. » Et Lois s'approche de la déesse, et d'un geste téméraire et réconfortant, la prend dans ses bras. Le contact est étrange au début, dérangeant. Et même si ses bras lui crient de s'échapper, elle accepte le contact avec sincérité. Elle en avait besoin, elle avait besoin de cette attention. Elle avait été trahie par sa mère, elle avait été trahie par l'être qui devait le plus compté à ses yeux. « Ils m'ont fait tellement de mal, Lois, ils m'ont détruit. Je ne ressens plus rien, je ne ressens rien d'autre que du dégoût. Je suis sale, je me sens sale. Je ne peux pas. Je ne peux plus. Je n'en peux plus. C'est trop difficile. » souffle saccadé, pleurs qui ne cessent de couler. Elle aurait préféré le Styx, elle aurait préféré la mort. Elle aurait aimé ne pas être arrachée à cette paix qu'elle avait ressentie une demi-seconde. Ce semblait de paradis qu'elle avait ressentie dans la mort, dans l'abandon. Elle avait voulu s'y abandonner, elle avait voulu que tout s'arrête. Mais tout ça était pire, bien pire encore que ce à quoi elle s'attendait. « Où était Superman quand j'avais besoin de lui? » Elle inspire profondément et se calme.


La douleur est fulgurante. Elle a l'impression de se faire déchirer, dévorer de l'intérieur. Le démon lui lèche les tripes, lui mord les entrailles. Il écarte chaque parcelle de son corps. Acide qu'elle ressent à nouveau. Cri d'agonie qu'elle pousse, alors qu'on lui dit que tout va bien. Si elle avait espéré que la mort était son cadeau, la déesse le regrettait désormais. Douleur fulgurante qui l'a prend dans l'intestin. Elle va mettre au monde le suppôt du diable, et ce dernier lui rend la tâche difficile. Il lui fait revivre la douleur de son agression, il fait revivre la douleur qu'elle porte comme un fardeau depuis presque un an. Mais pourtant, c'est dans cette douleur qu'elle se sent vivante. C'est dans cette souffrance qu'elle accepte la vie, qu'elle accepte l'avenir. Parce qu'avenir il y aura pour elle. Sa mère se tient à ses côtés, vile harpie qui se montre désormais maternelle. Vile Lilith, qui désormais se montre rédemptrice et miséricordieuse. Elle ne lui a pas pardonné Narcissa, elle ne lui pardonnera jamais. Mais elle a besoin d'elle, plus que de quiconque au moment présent. Elle aurait préféré quelqu'un d'autre malgré tout. Elle aurait préféré Lois, elle aurait préféré cette nouvelle amie qu'elle avait acceptée. Cette personne qui lui montrait la voie de la lumière, cette déesse à la chevelure de feu et à l'âme aussi pure que la lumière divine. Elle sent le démon glisser entre ses cuisses, et pousse un nouveau cri. Apocalypse qu'elle ressent, excès de ses sens, fer rouge qui l'a fait pleurer de plus belle. Elle n'a qu'une peur maintenant, et la mort n'en est pas une. Elle l'accepterait comme une vieille amie. Souffrance qu'elle ressent une dernière fois, avant de pousser un long soupire de soulagement. L’antéchrist était né et ses premiers pleurs résonnaient dans la pièce. « Vous voulez le prendre? » Elle détourne les yeux Narcissa. « Non. » Elle ne regarde pas la bête, elle ne regarde pas le démon. Elle ne veut pas voir son regard à lui, elle ne veut pas voir la marque qu'ils auront laissés sur ce monde. Enfant du diable, du malin. Enfant de l'un de ses agresseurs. Elle n'était qu'un réceptacle, elle n'était rien d'autre. Un simple vaisseau pour ce nexus. Elle l'entend pleurer et ferme les yeux. Elle ne veut plus l'entendre. Elle est enfin libre. « Vous êtes certaine? » Elle se retourne dans un effort surhumain. « J'ai dis que.. » ses yeux alors, se perdent dans ceux du garçon. Elle cligne des yeux, puis se sent happée dans une galaxie. Et elle la voit la lumière, l'astre dont elle avait besoin. Il était le soleil de ses nuits. Elle allait être sa lune et ses étoiles. Parce qu'une connexion venait d'être faite, une connexion inéluctable et désormais inaltérable. Elle l'aimait. Et il allait l'aimer. Il allait l'aimer comme personne d'autre ne pourrait jamais l'aimer. Il allait l'aimer d'un amour véritable et inconditionnel, d'un amour qui transcenderait toute sa peine, qui lui ferait oublier les douleurs du passé. Elle voulait cet enfant, elle le voulait plus que tout au monde désormais. Et elle était prête à remuer la terre et la mer, l'enfer et les cieux, ne serait-ce que pour le tenir entre ses bras. « Donnez le moi. Donnez moi mon bébé. » L'infirmière engagée par sa mère s'approche et lui tend le bébé. Elle lui dépose dans les bras, et Drusilla s'éloigne légèrement. « Mon beau et magnifique petit garçon. » Elle caresse le bout de son nez, et ça lui arrache un sourire. Elle se tourne vers l'infirmière. « Je ne peux pas l'abandonner, il.. il.. je suis désolée mais je ne peux pas. » Perspéphone fulmine et tente de prendre l'enfant des bras de sa fille. « Nous étions d'accord pour faire adopter cet enfant, nous ne pouvons nous permettre de.. » Elle lève la main vers sa mère Narcissa. Son corps fulmine, et la dragonne s'empare d'elle. Démon venu d'outre-tombe, feu des enfers elles-mêmes. La main tendue s'enflamme. « Je brûlerai cet endroit, je te brûlerai et quiconque tentera de s'emparer de mon enfant. Il est à moi. Il est tout ce qu'il me reste de bon. » Elle se tourne vers l'infirmière paniquée, puis se tourne de nouveau vers l'impie. « Je mettrai cette ville à feu et à sang, je ferai jaillir l'enfer sur terre, je ferai pleuvoir du sang. Je te brûlerai, comme ils m'ont brûlés. Comme tu m'as brûlé. » La reine s'écarte et recule. Elle ne dit rien, horrifiée par le monstre qu'elle a engendrée. « Ce n'est pas une menace mère, c'est une promesse. » La dragonne éteint les flammes, et elle enlace son fils à nouveau. Parce qu'il n'était pas le démon qu'elle avait pensé qu'il serait, il était son tout, la lumière qui lui manquait. La mort n'était pas son cadeau, pas plus que la souffrance. C'était la vie. Et à cet instant, elle le comprit. Si elle ne tuerait pas sa mère, elle ferait pourtant ce qu'elle avait dit. Elle ferait ce que Batman et Superman n'avaient pas été capable de faire pour elle, ou tant d'autres avant elle. Elle nettoierait cette ville, avec le feu et le sang.

chapter three, and i see fire.

Elle regarde la photographie sur son bureau. Elle ne peut s'empêcher de sourire, en voyant le regard et le sourire adorable de l'enfant. Gabriel était son monde, son ange à elle, la lumière qu'elle avait eu besoin pour surmonter ses peurs et ses propres démons. Il était divin, plus divin encore que n'importe qu'elle divinité en laquelle elle avait pu croire. Elle lève son regard sur Perry. « Blackwood, je veux votre rapport à la première heure demain, sur mon bureau. » Elle opine, un sourire aux lèvres. Tant de chose s'étaient produites depuis son accouchement. Premièrement, elle avait pu reprendre le chemin du Daily Planet. De stagiaire, elle avait été promue au rang de journaliste. Un poste qu'elle désirait ardemment, avant la tragédie. Elle s'était liée d'amitié avec Lois Lane l'intrépide, et elle s'était rendu compte que, cette femme qu'elle plaçait sur un piédestal, qu'elle idolâtrait en dévorant chacun de ses articles, n'était au final qu'une humaine. Si cela aurait pu lui faire perdre le respect qu'elle avait envers elle, bien au contraire, son enthousiasme avait augmenté. Elle fantasmait cependant beaucoup moins sur cette dernière. De simple poupée brisée, porcelaine tachée, elle était devenue une dragonne. Une dragonne au feu brûlant. Elle avait apprit à user de ses pouvoirs et à les contrôler, et désormais elle était prête. La liste qu'elle se répétait tous les soirs avant d'aller se coucher était longue, bien trop longue. Pourtant elle le savait, elle allait rayé de cette liste, et de la planète, tous les noms écrit à l'encre sang sur ce morceau de papier. Il n'y aurait bientôt plus toutes ces personnes susceptibles de faire le mal, et de détruire tout ce qu'elle espérait de bon. Elle se lève, et se dirige vers le bureau de Lois, espérant que cette dernière y soit. Par chance, elle s'apprête seulement à partir. « Je sais que tu n'as que très peu de temps, et je ne veux pas venir t'embêter avec ça, mais est-ce que tu as trouvé leur identité? »  Lois s'arrête, et fouille dans ses papiers. Elle en sort une bonne dizaine, un véritable travail d'investigation. « C'est tout ce que j'ai pu trouver, n'hésites pas à m’appeler si tu as besoin de plus. »  Elle sourit, la remercie. Elle attrape les papiers et commence à les lire. Ivanov, Fairchild, Stark et Lopez. Elle connaissait enfin leurs noms. Elle savait enfin qui ils étaient. Et bientôt elle leur ferait payer, bientôt elle leur rendrait ce qu'ils l'ont fait. Ce qu'ils lui ont arrachés. La dragonne se lève, prend ses affaires et quitte les bureaux.



and should the sky be filled with fire and smoke,
Elle pousse la porte et entre. Elle retire son manteau puis ses escarpins, et les range. « Gabriel, Parker, je suis rentrée. » Parker, c'était la baby-sitter. Gentille adolescente, que l'on lui avait conseillé. Elle entend le bruit de la télévision relatant les informations, et s'avance. « Je vous attendais pour partir. » Elle sort son porte monnaie, et sort deux billets de cinquante dollars. Elle les tend à la gamine. « Gabriel est déjà endormi? » Elle fronce les sourcils la gamine, avant de sourire, de manière nerveuse. « Non, pas que je sache. Je veux dire, son père est venu le chercher. » Et la lumière redevint obscurité. « Son père? » La gamine sent qu'elle a fauté. Elle sent qu'elle a fait confiance à la mauvaise personne, et que bientôt le courroux divin de la déesse en face d'elle va s'abattre. « Monsieur Ivanov, il a dit que vous deviez venir chercher Gabriel.. là où tout à commencer. Il a dit que vous comprendriez. » Stupide gamine. Narcissa, la pousse, et ouvre grand la fenêtre. « Tu es virée Parker, dégage. » La jeune fille s'exécute. Elle s'excuse, encore et encore, mais Narcissa ne l'écoute déjà plus. Elle ne veut entendre qu'une seule chose, le bruit de la porte qui se referme. Fenêtre grande ouverte, la déesse étend les bras. Flammes de l'enfer qu'elle appelle, souffle dévastateur de la dragonne. Elle s'embrase, réchauffant l'air autour d'elle, augmentant la température à un pic astronomique. Et d'un simple mouvement, la dragonne fend les cieux.

if this is to end in fire, then we sould all burn together, watch the flames climb high into the night.
Elle n'était pas revenue à Central City depuis l'accident, son agression. Elle n'avait même pas été sur la tombe de son père, pourtant placée dans le cimetière de la ville. Sa mère avait voulu l'évincer de Gotham, et l'avait laissé là, comme pour faire disparaître son existence même de leur arbre généalogique. Drusilla avait tout détruit, elle avait détruit les personnes qui l'aimaient. Telle une déesse des enfers, elle siégait toujours à la cour des hiboux. Et si Narcissa était revenue, Reine immortelle qu'on ne soumettrait pas, elle savait pertinemment que sa fille n'était pas là pour le bien de la cause. Elle avait plaidé pour l'évincé, elle avait plaidé corps et âmes, mais ses supplications n'avaient pas été entendues. La princesse guerrière, la dragonne, avait achevé Cerbère. Elle file à travers les cieux, rage qu'elle ressent dans son corps. Souffle ardent qui émane d'elle, et qui illumine le ciel. Elle se fichait des répercussions Narcissa, elle se fichait d'avertir la Ligue de sa présence, elle voulait qu'on la remarque. Elle voulait qu'on sache que la dragonne était en liberté, que sa chaîne avait été brisée. Et qu'elle allait mettre le monde à feu et à sang. Parce qu'ils s'en prenaient à ce qui comptait le plus à ses yeux, ils s'en prenaient à sa prunelle, son cœur, son âme, à son enfant. Elle ferme les yeux et augmente la température de ses flammes, lui permettant de se projeter encore plus vite à travers la nuit noire et glacée. Elle allait rayer cette usine de la carte, elle rayer ces hommes de l'existence, du fil conducteur de la vie. Elle le savait, les Moires jouaient avec leurs fils, taillaient leurs ciseaux divins sur ce qu'elle allait accomplir. La destinée.

desolation comes upon the sky, now i see fire.
Fracas lorsqu'elle pénètre dans l'usine. L'endroit est insalubre, couvert d'une noirceur opaque. Elle n'a jamais été réaffectée, elle n'a jamais été nettoyée. Lieu abandonné. Elle pose les pieds sur le sol, et éteint les flammes. Peu à peu son corps reprend forme humaine, ses chaires se refont, son corps entier se régénère. « Où est-il? » crie t-elle. Sa voix fait écho, murmure d'outre tombe. Elle se souvient des cris stridents, elle se souvient de l'horreur produite à l'endroit exact où elle a posé les pieds. Ils entrent dans la pièce, Gabriel au bras d'Ivanov. L'enfant ne pleure pas, il est calme et désemparé. « J'ai pensé qu'il valait mieux réunir la bande, que l'enfant apprenne d'où il vient. Ne pas savoir qui est son père doit-être dur pour lui. » Il s'avance encore puis s'arrête, il dépose un baiser sur le front de l'enfant et se tourne une nouvelle fois vers la dragonne. « J'imagine que pour toi c'est pareil, après tout, on est trois à t'être passé dessus. » Poison dans ses reins. Elle sent le venin monter, la douleur tant refoulée refaire surface. Elle dépose les yeux sur le sol, avant de reposer les yeux sur ses anciens agresseurs. Ils ne comprenaient pas encore, qu'ils n'étaient que des loups. Des canidés agissant en meute, mais qu'elle, elle était une déesse, une dragonne dévoreuse. Et comme presque tous les membres des panthéons réunis, elle n'était pas miséricordieuse. La rédemption se trouvait dans la mort. Son bras s'enflamme, et elle le tend dans la direction d'Ivanov. « Je ne ferai pas ça si j'étais toi, tu ne voudrais pas brûler.. comment il s'appelle déjà ? Gabriel ! Tu ne voudrais pas brûler Gabriel, ce cher petit chérubin. » Elle frissonne, et éteint les flammes de son avant bras gauche.

and if the night is burning, i will cover my eyes.
Son cœur palpite, déchirure dans son abdomen. Elle ne leur laissera pas le loisir de faire du mal à Gabriel, elle ne peut pas. Elle a trop souffert pour l'avoir, elle a trop souffert pour le protéger. Elle ne peut pas se permettre de l'abandonner. Et ces hommes font partis de sa liste et elle a promit. Elle a promit à la poupée de porcelaine, au cadavre brisé encore étendu sur le sol devant elle, qu'elle mettrait ce monde à feu et à sang. Qu'elle la vengerait, et qu'elle vengerait toutes les autres. Démon vengeur, Déesse tortionnaire, Dragonne au souffle infernal. « Ce n'est pas lui que tu veux. Ce n'est pas lui que vous voulez. » Elle s'avance sans remarquer que ses acolytes se sont tous placés autour d'elle. Répétition d'une scène qu'elle ne connaît que trop bien. Elle inspire profondément, et regarde son fils. « Tout va bien se passer mon cœur, tout va bien se passer. » Elle le rassure, autant qu'elle se rassure. Elle regarde Ivanov, dragonne fière. « Ce n'est pas ma mère qui vous paie cette fois, personne ne vous a demandé de faire ça, alors pourquoi? » Elle cherche toujours des réponses, journaliste en son âme. Elle veut savoir le pourquoi du comment, elle veut comprendre l'acharnement. « On aime pas le travail bâclé. Aussi simple que ça. » Elle sourit, et se met à rire. Elle pouvait comprendre, elle non plus n'aimait pas le travail bâclé. Elle aussi était minutieuse et perfectionniste. Elle aussi, voulait que les choses soient faites correctement, et plus encore. Et c'est pourquoi, ils n'allaient pas s'en sortir vivant. Elle allait les tuer, un à un. Pas même Flash, justicier de Central City ne viendrait les sauver. Et comme elle avant eux, Batman et Superman ne feraient pas leur apparition. Les anges ne descendraient pas, Dieu ne les entendraient pas. Seuls les enfers allaient entendre leurs lamentations, leurs cris d'espoirs et d'agonies dans le brasier qu'elle allait engendrer. Et Hadès lui-même, applaudirait, abaissant son chapeau de flammes pour saluer la Déesse. Elle allait déchaîner les enfers sur terre, elle allait faire s'élever les démons.

and as the sky's falling down, it crashed into this lonely town, and with that shadow upon the ground, i hear my people screaming out.
Elle voit le feu s'embraser, elle le sent qui lèche sa peau, qui lui égaye les sens. Elle va réduire ce monde en cendres, elle va faire jaillir le monstre, le dévoreur. Et la désolation s'en suivra. Elle va détruite toute parcelle de vie, elle va faire disparaître le crime de cet endroit. Elle va le purifier, elle va expier les pêchés. Ses bras s'enflamment, et des boules de feu jaillissent de ses mains, fondant vers ses cibles. « Qu'est-ce que.. » Il pensait sûrement qu'elle n'était capable que de s'enflammer, d'embraser son corps, comme le cadavre qu'ils avaient laissés, mais ils étaient loin du compte. Bien trop loin du compte. « Je suis la chose, qui fait faire des cauchemars aux monstres. » Et instantanément, la déesse s'embrase. Bûcher qu'elle crée, flammes qui lèchent son visage et ses lèvres. Feu bestial et trivial qui vient pourfendre ses tripes. Elle n'avait pas voulu montrer à Gabriel ce dont elle était capable, mais elle  n'avait pas le choix. Elle brûlerait cet entrepôt, quitte à y rester. Parce que c'était là où tout avait commencé, et c'était là où tout se terminerait. Elle n'était plus la Narcissa Blackwood d'il y a trois ans. Elle n'était plus la Narcissa Blackwood, qui avait fait la une du Daily Planet dans l'article de Lois Lane condamnant la violence faite aux femmes. Elle n'était plus rien de tout ça. Elle n'était qu'une boule d'énergie, une flamme intarissable. Une dragonne, une Supernova. Elle était cette étoile que l'on voyait au loin, lumineux. Astre funeste qu'on savait mort, mais qui pourtant, brillait de milles feux. Elle était cette chose, ce monstre antique ravageur. Elle était cette créature mythologique ailée, au venin flamboyant. C'était un dragon, et elle faisait tomber des royaumes. Elle s'élève dans les airs, tant la température de son corps a augmenté. Tournant sur elle-même, elle continue d'envoyer des flammes dans la direction de ses anciens agresseurs. Proies qu'elle se plaisait à vouloir dévorer. Un à un ils tombèrent. Cri qui percent l'atmosphère, bûcher humain qui courent à travers la pièce. Elle les voit mourir et souffrir. Ils courent à leur perte, cherchant un moyen de s'enfuir. Mais c'est trop tard. Le poison est déjà bien trop avancé, et les flammes les dévorent. Un à un ils tombent, rejoignant le Styx. Un à un, les Moires coupent les fils de leur destin. Elle retombe sur le sol, gardienne des flammes, princesse téméraire au cœur assombris. Le volcan se tait un instant. Il ne restait qu'eux. Ivanov et elle. Comme au début, comme à la fin. Cercle éternel. Une danse du feu et de la glace. Elle expire, et le regarde. « Laisse mon fils partir, et je te promets de te tuer plus rapidement. » Il ricane. Il dépose le gamin au sol, et s'avance vers la déesse. « Sans tes pouvoirs. » Elle arque un sourcil, et éteint les dernières flammes qui dansent entre ses doigts.

now i see fire, inside the mountains, i see fire, burning the trees and i see fire hollowing souls, i see fire, blood in the breeze. feel the heat upon my skin.
Il s'approche d'elle, coup de poing qu'il tente de lui mettre. Elle l'évite, lui donne un coup de pied. Elle s'est entraînée encore plus dur après son agression, de peur que tout ça recommence. De peur, qu'elle ne s'en sorte pas une nouvelle fois. Son frère l'avait entraîné spécialement, elle qui était vouée à diriger, était désormais une guerrière imprenable. Elle lui donne un coup de coude, puis un coup de genou. Il recule, place une main sur son nez qui saigne, et sa rage se fait plus violente. Il redevient l'Alpha, la bête sanguinaire. Et dans ce combat titanesque, il finit par venir à bout d'elle. Un coup dans le crâne, un autre dans la mâchoire. Un dernier dans la poitrine. Elle tombe au sol, puis se relève. Coup de pied qu'elle donne encore, poings qu'elle s'acharne à déposer sur son visage. Il attrape une barre de fer au sol, et la roue de coups. Souvenirs violents, douleur brûlante. Elle tombe au sol, et il continue. Le regard de la déesse se perd, file vers celui de son fils. « Maman! » que l'enfant dit en pleurant et criant. Elle ne peut pas le perdre, elle n'a pas le droit. Alors elle lui crie de partir, tandis que le loup continue de s'acharner sur sa carcasse. Elle lui demande de s'enfuir, elle lui demande d'ouvrir la porte et de ne pas se retourner. Elle lui ordonne et elle lui scande. Protection maternelle qu'elle instaure, amour sur lequel elle tire. Il hésite, il ne veut pas la laisser. Alors elle lève sa main, et une boule de feu fond en direction du gamin, tombant à quelques mètres de lui. Cours lui dit-elle encore. Il s’exécute. Elle le voit partir, et les coups se font plus rudes. Elle ne pleure pas, et elle ne crie pas. Parce qu'elle a fini de jouer. Parce que maintenant, elle va ouvrir la bouche des enfers. Du sang qui perle à ses lèvres, et qui ne cesse de se régénérer, la déesse fulmine. Elle attrape la tête d'Ivanov d'une main, et le fait basculer. Elle se retrouve au dessus, chevauchant l'animal comme une guerrière Amazone. Elle lui donne un coup de poing dans le visage, deux puis trois, puis quatre. Et quand il tente de reprendre le dessus, la déesse s'enflamme. Chaire calcinée au bout de ses doigts, rage qui s'empare d'elle. Elle a la colère des Titans, elle a la colère des dieux. Démone infernale et indéfectible. « Ravie d'avoir pu t'aider, joli cœur. » murmure t-elle à son oreille. Ses yeux s'écarquillent, et dans un cri funeste. La pièce s'enflamme. Supernova qu'elle déclenche, explosion et déflagration qu'ils ressent sur leur peau. Soleil ardent qu'elle dégage, poison léthal qu'elle emploie. La chaleur augmente, et ce n'est plus des flammes qui grimpent sur leurs corps, qui s'enlacent en une danse intrépide, mais le monde autour d'eux. L'explosion retentit, et l'Enfer avale la pièce.

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