the wild horde (adopte un mec) | slade & cain & jinny

Les rendez-vous amoureux c'est pas du tout ton truc. Passer toute une soirée à faire la conversation à une fille ? Très peu pour toi. Tu préfères quand ça va vite, quand il n'y a pas besoin de parler pendant des heures pour espérer obtenir un petit quelque chose en retour. Payer le restaurant, faire semblant de s'intéresser à elle, lui poser des questions dont tu te fiches des réponses, qui peut bien trouver plaisir dans ce mécanisme hypocrite ? On t'a souvent traité de tous les noms quant à ton comportement envers les femmes, mais au moins, tu ne fais jamais semblant très longtemps. Si rien ne se passe, tu t'envoles pour aller butiner ailleurs. A quoi bon perdre son temps quand le champ des possibilités est aussi grand ? Il y a tant de sourires à déchiffrer, tant de courbes à redessiner, quel gâchis de s'attarder sur une seule et même fleur. Alors pourquoi tu t'es inscris à un blind date si tu les détestes tant ? Et bien, justement, t'en sais trop rien. T'es tombé sur le formulaire d'inscription, et tes doigts ont machinalement fait le reste. Comme si t'étais appelé à le faire, allant contre tout tes principes douteux et tes besoins primitifs de jeune homme célibataire. Tu t'es dis que ça pourrait être drôle, que ça te changerait un peu de la banalité de ton quotidien dont tu commences dangereusement à te lasser, et puis, c'est aussi la perspective d'une journée qui promet d'être amusante. Assez de raisons donc pour te pousser à sauter le pas, et à t'engager dans un procédé dont tu méprises les règles, tout en réfléchissant déjà à comment les contourner. Et en espérant que ta partenaire sera tout autant encline que toi à transformer ce rendez-vous ennuyeux sur papier en quelque chose de bien plus palpitant. Personne n'est à l'abri d'une belle surprise, et cette Muriel, sur laquelle tu as jeté ton dévolu, maintenant que l'heure approche, tu dois bien l'avouer, t'as plutôt hâte de la rencontrer. Pas parce que tu t'es soudainement trouvé un intérêt pour les cougars, mais bien parce que t'as très envie de savoir qui se cache derrière ce profil atypique.

Ce qui est certain, c'est qu'elle a au moins bon goût, la grand-mère intrépide. En direction de Coast City, tu suis l'itinéraire qui te conduit jusqu'à ce petit bout de plage où des chevaux vous attendent pour une balade en bord de mer, en cette belle journée d'été sur la côté américaine. Elle a l'âme romantique, Muriel ? C'est en tout cas l'impression qu'elle te donne, sans même l'avoir rencontrée. T'as signé pour un braquage de banque, mais une promenade équestre ça te convient tout aussi bien. Vêtu d'un short, d'une chemise et de baskets – toujours avec un style un peu atypique – t'es le premier arrivé sur les lieux, attendant déjà avec impatience l'arrivée de ta dulcinée. Tu en profites pour échanger quelques mots avec la propriétaire des chevaux, toi-même propriétaire d'un haras, et toujours passionné quand l'on te lance sur le sujet. T'en viendrais presque à regretter de ne pas passer la soirée avec elle, tiens. Vous auriez pu passer des heures et des heures à parler pur-sang et Marwari. Qu'importe, tu ne te fais de toute façon aucune illusion, il y a très peu de chances que tu conclues quoi que ce soit aujourd'hui. Mais dans le fond, c'est pas le but. C'est l'attrait de la nouveauté qui t'a poussé à t'inscrire, alors tout ce que tu demandes, c'est passé un bon moment. T'es pas aussi gourmand que t'en as l'air.

Et puis, soudainement, alors que tu caressais la crinière de ton cheval, tu sens cette présence particulière qui s’intensifie. Une présence que l'on pourrait comparer à une effluve de parfum dans l'air, et que tu reconnaitrais entre mille grâce à un lien mystique que tu ne parviens toujours pas à expliquer. Bien que ce soit pratiquement impossible qu'elle soit vraiment là, tu te retournes pour en avoir le cœur net... et c'est bien avec la cowgirl que tu te retrouves nez à nez, te laissant complètement désarmé et sincèrement étonné. « Jinny ? Qu'est-ce que tu fais ici ? » Oh, la belle naïveté qui va de paire avec ton air ahuri. Mais faut dire que tu ne t'attendais pas du tout à la voir, la texane. Quelles étaient les chances pour que vous vous trouviez au même endroit au même moment ? A moins que... Non. « ...c'est toi Muriel ?! » Non. Non. Ce genre de trucs improbables n'arrivent que dans les films ou dans les bouquins, pas dans la vraie vie, et certainement pas avec celle que t'as cherché à tuer il y a quelques semaines. Même si vous avez depuis eu l'occasion de parler un peu, tu sais que votre relation demeure fragile et incertaine, alors aller à un rendez-vous avec elle ? Soit c'est une blague, soit le karma a un sens de l'humour très douteux. « Tu me fais une blague, c'est ça ? » Qu'est-ce que ça pourrait être d'autre ? Il y a probablement des centaines de femmes inscrites à l'événement, impossible que tu tombes précisément sur celle que t'aurais expressément cherché à éviter. Sans offense, hein, mais faut avouer que c'est quand même vachement gênant comme situation, et tu ne te sens pas prêt à pousser le jeu aussi loin.  

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Nan mais elle avait su, que c’était un mauvais plan, de venir. Le genre d’idée pourrie qui n’avait l’air attirante que lorsqu’elle était prise, et s’avérait être carrément nulle seulement une fois qu’il était bien trop tard, le genre d’idée qu’on a pour rigoler, au-dessus d’un café matinal, alors qu’on papote avec la serveuse de son diner préféré à Metropolis qui a remarqué qu’on avait la mine un peu chiffonnée ces derniers temps, et qui a décrété qu’on devrait se changer les idées avant de nous mettre un prospectus pour une opération de charité sous le nez. Parce que c’était exactement ce qui s’était passé, aussi ridicule cela puisse-t-il paraître. Comment est-ce qu’elle avait laissé Lily la convaincre que s’inscrire à ce drôle de blind date la dépassait encore, mais en réalité, elle savait très bien pourquoi elle avait cédé. Lily avait raison, elle avait besoin de se changer les idées, après ces dernières semaines un peu compliquées, et oui, l’idée de se faire passer pour quelqu’un qu’elle n’était pas du tout, ça l’avait bien fait marrer aussi. Alors, elle avait créé le personnage de Muriel, en grossissant le trait à fond, sans rien prendre u sérieux comme elle savait si bien le faire, se figurant déjà en rendez-vous folklorique avec un vieux gentil papy qui, à défaut d’une potentielle âme sœur, aurait au moins eu quelqu’un à qui raconter la fabuleuse histoire de sa vie. Boy oh boy qu’elle s’était fourvoyée.

Parce qu’au final, ça n’était pas du tout un gentil papy, qu’elle avait en face d’elle – oh non. Elle avait débarqué à Coast City en avion, pour une fois, après avoir laissé le Colonel et Sawyer aux bons soins de Conner et du reste de la Young Justice qu’elle avait enfin eu la force d’affronter après la débâcle Turnbull, mais dès qu’elle avait posé le pied sur la plage, son fidèle Stetson toujours sur sa tête mais ses froques habituelles troquées pour un short en jean et un débardeur pour laisser cramer ses épaules, les chevaux promis dans sa ligne de mire, elle avait senti son sourire disparaître pour laisser la place à une expression à mi-chemin entre l’étonnement le plus complet et la panique. Le pannement. L’étonnique. Parce que sitôt qu’elle avait fichu le pied sur la plage, elle l’avait sentie, sa présence. Elle s’était approchée, incrédule, les yeux fixés dans son dos parce qu’elle refusait d’y croire – et maintenant qu’il s’était retourné et qu’ils étaient tombés nez à nez l’un avec l’autre, elle regrettait presque de ne pas avoir fait demi-tour en courant. Au moins, le pauvre Cain avait l’air à peu près aussi sidéré qu’elle. Si ce n’est plus. « Jeeeeee… » fut tout ce qu’elle trouva à répondre – fort à propos. Et en plus, il grilla directement sa couverture. Dammit. « … yep. Muriel, espionne à la retraite, à ton service. » Oh punaise que c’était gênant. Après tout ce qui s’était passé lors de leur dernière rencontre, après tout ce qu’elle lui avait dit – non mais c’était pas possible, nom de nom ! Et le constat évident qu’il était aussi désarçonné qu’elle n’était pas pour la rassurer non plus. Oh, Jinny Hex, what have you gotten yourself into this time ?

« Honnêtement je – j’avais aucune idée que tu allais t’inscrire. C’est le hasard. Promis. » Le hasard, ou peut-être cette satanée connexion qui leur faisait encore une farce de mauvais goût. « Et puis j’avoue, je ne m’attendais pas à ce que toi, ou n’importe quel jeune homme célibataire, s’intéresse à Muriel. » Aussi passionnante soit-elle sur le papier. Mais toujours était-il que maintenant, ils avaient l’air franchement pas malin. Qu’est-ce qu’ils étaient censés faire ? Repartir chacun de leur côté ? Elle faisait semblant de s’intéresser à un des chevaux, Jinny, mais que c’était compliqué, de contenir la cacophonie qui se défoulait joyeusement dans sa tête. « Les organisateurs m’ont dit qu’il y avait un autre participant. » Quelle chanceuse, cette Muriel. « Je comprendrais que tu préfères partir, c’est ce que j’essaye de te dire. Que tu ne te sentes pas forcé, si jamais… » Rarement dans sa vie Jinny avait-elle autant pédalé dans la semoule. C’était même assez spectaculaire, à quel point elle avait envie de s’enterrer dans le sable brûlant. Malgré tout, elle abandonna sa contemplation du cheval pour affronter le regard de son rendez-vous surprise. Il avait meilleure mine que la dernière fois ; et elle sentit, un petit peu, une pointe de soulagement au creux de sa poitrine. « T’as l’air d’aller mieux. » Après la petite frayeur qu’ils avaient eue, dans cette chambre de motel, non, elle n’avait pas honte de l’admettre, elle était contente de le voir un peu plus vaillant. Au moins dans son corps. Mais, avant qu’elle n’ait le temps de lui poser la question mieux que ça, une silhouette à l’approche accrocha le coin de son regard, et elle tourna la tête pour voir un autre vacancier approcher dans leur direction. « Je crois qu’on a notre troisième larron. » souffla-t-elle ; puis, après un dernier regard à Cain, elle fit quelques pas en direction du nouveau venu. « C’est vous, le deuxième rendez-vous de Muriel ? Elle a été appelée en urgence sur un kidnapping en Ouzbékistan. Elle m’envoie la remplacer. Jinny. » se présenta-t-elle, en faisant de son mieux pour se montrer joviale. Après tout, le désastre n’était pas encore garanti, pas vrai ?

Spoiler:

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The wild horde

Les lumineuses idées de Wintergreen épisode 316 : Le speed dating. Il faudrait qu'il fasse un jour comprendre à ce vieux salaud qu'il avait déjà trouvé la femme de sa vie il y avait fort longtemps mais qu'il l'avait perdue. Si Slade n'était pas non plus du genre à ne pas batifoler par moment quand il trouvait une personne intéressante et intéressée, il avait une bien piètre opinion des profils que l'on trouvait habituellement sur ces sites, bonne cause ou pas c'était bien souvent le point de chute des désespérés et des coups d'un soir sans substance, chose qu'un homme de son âge n'avait clairement plus l'envie de faire, ce genre de frasques lui avait apporté une fille indomptable et il était trop vieux pour ces conneries. Non pas qu'il se sente vieillir, il avait conservé par l'exercice et les expériences menées sur lui une vigueur juvénile bien pratique pour continuer ses activités de mercenaire. Mais ce soir c'était ballade au bord de la plage, ball-trap et dîner avec Muriel, sympathique sexagénaire qui, si elle n'était pas au goût physique de Slade, promettait au moins de ne pas être ennuyante, un profil bien singulier choisit par son vieil ami, mais il avait appris à se fier à l'instinct du vieux renard et décidait donc d'oublier le quotidien et de se détendre comme il le lui conseillait, au pire il passerait une soirée agréable avec une personne qui aimait l'action. Il se vêtit d'un jean, de baskets, d'un t-shirt blanc et d'une petite veste légère pour la fraîcheur nocturne du bords de mer, son hélicoptère le déposa une heure avant le rendez-vous à un aérodrome non loin et il prit connaissance des conditions précises de la soirée auprès du membre de l'association avant de se diriger vers le lieu du rendez-vous, cigare à la bouche.

Le regard perdu vers l'océan qui bordait ce formidable coin de paradis, il ne portait aucune attention aux environs quand une voix familière le tira de sa contemplation, une voix qu'il n'avait pas entendu depuis bien des années et qui envoya un frisson glacé dans son dos, son regard se posa sur une crinière rousse et un stetson qui manquèrent de le faire s'étouffer avec son cigare. Jinny était ici, ses sens se mirent en alerte, la coïncidence était trop grosse pour que ce ne soit pas un coup fourré, ses yeux passèrent sur les environs mais aucune trace de quoi que ce soit, la main posée sur sa montre connectée prête à envoyer un signal en cas de danger pour faire venir son matériel de combat, il voyait déjà Wintergreen se moquer de lui et de sa paranoïa. Mais c'était souvent ce qui le gardait en vie, elle était accompagné d'un jeune homme qu'il ne connaissait pas, sa présence fut vite remarquée et il vit Jinny en chaire et en os le saluer comme si elle ne le connaissait pas, ce qui était vrai, elle connaissait Angus Fletcher, sympathique bien qu'absent voisin richissime. Il observa quelques instants de silence en les regardant tout les deux, son identité du jour était celle de Jeffrey Colt, cousins éloignés de illustres Colt et grosse fortune, un autre richissime homme éloigné des caméras dont il empruntait parfois l'identité, le visage de Cain lui disait quelque chose d'ailleurs, un vague sentiment de déjà vu, il salua respectueusement et avec naturel ses deux compagnons pour la soirée. Ses cheveux légèrement teints pour lui donner l'apparence d'un cinquantenaire bien entretenu et son oeil de verre faisaient l'affaire pour camoufler son identité ce soir

-Voilà qui est fâcheux. Je ferait de mon mieux pour ne pas vous gêner.

Il semblait claire qu'il ne ferait pas la cours à Jinny qu'il considérait comme sa propre fille, c'était une manière élégante de dire qu'il ne se mêlait pas de leurs affaires, il devait y avoir un contentieux entre ces deux-là, ça se voyait, un passif qu'il ne pouvait pas encore déterminer.

-Nous sommes ici pour la bonne cause après tout.

Il monta sur son cheval, d'un mouvement expert qu'il s'attendait sans mal à retrouver en mieux chez Jinny, cette gamine avait dut passer la moitié de sa vie à dos de cheval. Il sortit  une pochette en cuir de sa poche intérieure et la tendit vers eux.

-Un cigare?

Il se doutait que Jinny refuserait, mais qui savait si le mystérieux brun qui l'accompagnait était du même moule.

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel

Difficile de faire le tri dans ce torrent de pensées contradictoires. C'est pas que t'es déçu que Muriel soit en vérité Jinny, mais t'es pas enchanté non plus. Enfin, t'en es pas sûr. Y a quand même une grosse part de toi qui est content de la voir. Même si c'est gênant. Même si sa fébrilité est aussi palpable que la tienne. Véritable foutoir que sont ces multiples émotions qui t'assaillent, sans savoir si tu es véritablement heureux de la retrouver ou terriblement confus. Sans doute un peu des deux. Bref, quel bordel. Jinny est la dernière célibataire que tu pensais croiser aujourd'hui, ignorant que ce genre d'événement pouvait l'intéresser, et maintenant il va falloir faire avec et assumer ton choix jusqu'au bout. Situation compliquée pour vous deux, après une nuit de motel un peu particulière  qui aura à la fois fait ressortir le pire et le un peu moins pire. Des vérités ont été dites, des regrets ont été ressentis, un semblant de stabilité a été trouvé, et t'as failli mourir – encore.  De quoi laisser quelques traces au palpitant. Des traces encore fraiches qui rendent ces retrouvailles un peu douloureuses. Mais peut-être sont-elles aussi un espoir de ramasser les pots cassés ? Il y en a tellement, vous n'avez pas eu le temps de tout faire la dernière fois. « Arrête, je voulais entendre ses anecdotes à Muriel, t'as intérêt à en avoir des tout aussi bonnes. » Et tu la crois quand elle te dit que tout ceci est dû au hasard, comment envisager le contraire ? T'as été le premier à subir les aléas de ce lien étrange qui vous connecte au point de vous jouer des sales tours. Ce maudit don de téléportation qui t'a poussé à apparaître dans sa chambre, sans possibilité de repartir. Et voilà maintenant que le hasard s'y met aussi. Enfin, si on peut appeler ça un hasard. Tu commences à douter de tout quand il s'agit d'elle.

Elle a le regard un peu fuyant, Jinny, mais quand enfin tu parviens à le maintenir dans le tien, tu esquisses un fin sourire pour essayer de la rassurer – ou pas. C'est vrai, quand tu l'as vue, ta première réaction a été de vouloir prendre tes jambes à ton cou. T'as pas eu le temps de te préparer psychologiquement à une telle surprise, et dans ton protocole de jeune célibataire très satisfait d'être célibataire, chaque fois qu'une situation ne te convient pas, tu te barres. Sauf que là, t'es plus certain d'avoir envie d'opter pour la fuite. Et t'es même presque déçu d'entendre qu'un troisième participant va bientôt vous rejoindre. Tu n'as absolument rien contre ce pauvre homme, c'est juste que tu commençais à te faire à l'idée de passer cette journée avec elle. Est-ce que ça aurait été si terrible que ça, finalement ? Passée la gêne, t'es persuadé que vous auriez pu tirer quelque chose de cet imprévu. « Je me sens pas forcé. » Voilà qui devrait mettre un terme à la discussion. Non, tu ne comptes pas partir. Après tout, même si les blind date c'est pas ton truc, t'as très envie de tester l'expérience. Et advienne que pourra. Ça ne pourra pas être pire que votre premier quart d'heure au motel, de toute façon. « Je vais mieux. Le médecin m'a dit que ça commençait à cicatriser. » Elle t'aura quand même sauvé deux fois, Jinny, et ça, tu ne l'oublieras jamais. Et avant que tu n'aies le temps de rajouter quoi que ce soit, voilà que le troisième invité fait son entrée sur la plage de Coast City. Un homme d'âge mûr, grand, baraqué, à la poigne de fer. Que ? Quoi ? Vous gêner ? D'un air surpris, tu réponds rapidement : « Oh, euh, non, vous ne gênez pas du tout. » Autant mettre les choses au clair tout de suite, avant que la situation ne devienne encore plus gênante. « Cain Turnbull. » Qu'il est étrange d'assumer prononcer ton nom devant elle, après avoir passé des mois à essayer de le cacher.

Que diraient tes parents s'ils te voyaient monter à cheval en compagnie de Jinny Hex ? Sans doute s'étrangleraient-ils. Une Hex et un Turnbull qui chevauchent côte à côte sans essayer de se plomber, c'est aller contre l'ordre des choses. « Non merci, je ne suis pas amateur de cigare, ce serait du gâchis. » C'est poliment que tu refuses la proposition généreuse de votre nouveau camarade, observant en même temps la beauté de la plage californienne. Tu prends jamais de vacances, alors pouvoir profiter un peu de la mer et des paysages est une véritable aubaine qui te fait beaucoup de bien. T'en avais besoin, de tout ça, après des dernières semaines extrêmement pénibles. « Alors, vous cherchez l'amour ? » T'as beaucoup de mal à ne pas t'adresser spécialement à Jinny, mais tu poses ton regard en alternance sur tes deux camarades, curieux de connaître leur réponse. Y a vraiment encore des gens qui espèrent le trouver en allant à des rendez-vous surprises ?

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C’était lunaire, comme situation. Elle, elle avait juste voulu passer un weekend au vert, à profiter du soleil et du bord de mer, possiblement en compagnie d’un papy le temps d’une après-midi à écouter des histoires d’avant-guerre – bon d’accord, elle surestimait peut-être les papys du coin. Mais quand même. A la place, elle se retrouvait prise en sandwich entre le type qui avait tenté de l’assassiner et qu’elle avait tenté d’assassiner en retour, et un type tellement mystérieux qu’il n’en avait même pas décliné son nom, et Jinny se demanda si ce n’était peut-être pas lui, l’agent secret, dans l’affaire. Chouette. Manquerait plus que les services secrets russes ne se soient mis en tête de kidnapper cette pauvre Muriel pour lui arracher ses informations. Mais bien vite, Jinny s’exhorta à calmer son imagination galopante. Cain ne s’était pas téléporté, ni enfui en courant – il avait même dit à demi-mot vouloir rester ? Constat rassurant, qui soulageait Jinny d’un poids, en même temps que la nouvelle de l’amélioration de son état. Le plus dur, visiblement, était passé. Peut-être. Physiquement, au moins, et peut-être, aussi, dans le processus ô combien fragile de leur armistice. Mais ça, pour le savoir pour de bon, ils devraient attendre. Elle doutait que le troisième larron de leur trio ne tienne à entendre leurs états d’âmes de familles en guerre.

En parlant de troisième larron, que Jinny décida arbitrairement de baptiser Mr Mystère, ou the Man With No Name, elle n’était pas encore fixée, il avait l’air de deux choses : redoutablement observateur d’une part, et bon cavalier de l’autre. Cette façon de monter, ça n’était pas celle d’un débutant. Intriguée, Jinny ne put s’empêcher de jeter un regard interrogateur à Cain, d’un air de dire ‘tu sais qui c’est, toi ?’ avant de se diriger à son tour vers une des montures, une superbe jument à la robe complètement noire dont elle caressa affectueusement la joue avant de se laisser distraire par le mystérieux inconnu et sa curieuse offre. « Merci, je fume pas. » répondit-elle avec un sourire, avant d’ajuster son Stetson sur sa tête et de mettre le pied à l’étrier, pour se hisser adroitement sur sa jument. Depuis combien de temps n’avait-elle pas pu monter à cheval, hein ? Bien trop longtemps, la voilà la réponse, et les rênes en main, tous ses soucis s’envolèrent quasi-instantanément. Pauvre Muriel. Elle ne savait pas ce qu’elle ratait.

« Hé, je cherche rien du tout, moi. C’est Muriel qui cherchait à tromper l’ennui de la retraite. » pipeauta-t-elle, bien décidée à jouer le jeu jusqu’au bout, même si elle avait déjà avoué la supercherie à Cain et que l’homme-sans-nom n’était probablement pas dupe non plus. « La pauvre, au lieu de trouver l’amour auprès d’un de vous deux, elle se retrouve à l’autre bout du monde parce que le FBI a trouvé une demande de rançon dans une disco-ball. Les kidnappeurs, c’est vraiment plus ce que c’était. » D’un claquement de la langue, elle intima à sa jument d’avancer, et la bête se plia docilement à ses consignes. Une balade sur la plage, avec le soleil bien haut dans le ciel, sans le moindre nuage. Non, vraiment, c’était pas si mal, comme vacances. « Et vous deux, alors ? » demanda-t-elle en retour, en se retournant alors que la jument se dirigeait tranquillement vers l’eau, visiblement décidée à tremper les sabots pour commencer la balade dans de bonnes conditions. « Qu’est-ce qui vous a poussés à vous inscrire ? Vous ne correspondez pas tout à fait, ni l’un ni l’autre, à la démographie que j’aurais attendue pour quelqu’un comme Muriel. C’est la perspective d’une journée d’aventure qui vous a séduits ? » Sa bonne humeur revenait au grand galop, il n’y avait aucune raison visible de s’affoler à l’horizon, pas vrai ? Alors elle allait en profiter. Pas. De. Raison. Aucune.

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Turnbull? Slade conservait son calme, mais son instinct protecteur se réveilla instantannément, si la mère de Jinny n'avait jamais été particulièrement loquace concernant le passé de sa famille, Slade s'était passionné un temps pour  tout ça. Les Turnbull étaient un nom qui était revenu plus d'une fois dans les écrits d'un certain Theodore Levin, écrivain mineur et minable qui, si il avait tendance à grandement exagérer certaines choses dans ses ouvrages sur les fines gâchettes de la conquête de l'Ouest, donnait de très nombreux noms. Hex et Turnbull, des générations de lutte, c'était ça le passif? Il avait tenté de lui faire du mal? Si il n'avait pas eut un rôle à tenir il se serait jeté sur lui pour le faire parler entre deux bouchées de sable fin, un couteau plaqué contre le visage pour taillader ce joli minois et avoir les réponse qu'il voulait à nl'instant même. Cain Turnbull, un homme sur une pente glissante désormais même si il n'en avait pas conscience. Slade rangeât son offrande de cigare, un sourire amical sans aller dans la jocialité hilare peint sur le visage, il était un homme doté de manières et d'éducation aussi il s'exécuta sans rien dire. Son visage observant tour à tour les deux jeunes, des milliards de questions qu'il était absolument incapable de poser à l'esprit.

-Jeffrey Colt. Ce n'est rien.

Il était vrai que si Jinny avait dut avoir son nom sur le dossier donné par Wintergreen, le jeune homme non. les présentations faites, il entama ceci dit avec une question bien singulière qui fit étrangement sortir Jinny de ses gonds, affabulant sur la sans doute plus qu'imaginaire Muriel choisie à l'origine par Wintergreen, un choix qui se révélait pour le moins plein de surprises qui n'avaient rien d'agréable. Il sentait une pression inhabituelle sur ses épaules, un sentiment de malaise qu'il n'appréciait pas même si il ne devait rien laisser paraître. La rouquine ne tarda pas à relancer la balle dans le camps des hommes, elle disait vrai, il faisait très en forme comme vieux pour s'intéresser à une dame du calibre de Muriel, même si la description laissait entendre que mamie aurait eut de la ressource. Heureusement que Slade préparait avec minutie ses identités et qu'il avait bien entendu prévu la réponse idéale pour ce genre de cas.

-On ne cherche plus l'amour à mon âge, pas quand on est dans ma position, mais je suis très impliqué dans les œuvres de charité, quand mon assistant m'a prévenu pour cette affaire, j'ai préféré choisir autre chose qu'une personne qui aurait l'âge d'être ma fille, je tient à ma réputation d'homme sérieux.

L'invisible Jeffrey Colt était plus qu'utile en cet instant.

-Muriel promettait des discussions intéressantes, mais si vous racontez aussi bien que vous montez à cheval, je ne m'inquiète pas.

Il l'imita en montant le sien d'un geste souple et expert, ajustant son pull sur lui une fois en selle, il attendait la réponse de Cain avec intérêt, mais il était curieux d'une chose.

-Turnbull vous avez dit? Vous auriez pas de la famille dans le Texas?

Jinny n'ayant pas mentionné son nom de famille, il n'avait qu'à feindre feindre l'ignorance sur son identité réelle. Sa stratégie était simple, secouer le cocotier avec méthode et voir quel genre de noix de coco en tombait.

-Les ennemis des Hex si je me souvient bien. Le genre de bonnes histoire sur lesquelles se forge ce grand pays.

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel

« Bien sûr, Muriel. » C'est ça, qu'elle essaye de vous baratiner avec sa fausse identité. Le fait est qu'elle s'est inscrite à un rendez-vous à l'aveugle, et que si elle a l'impression de jouer le jeu, en vérité, elle ne le joue pas du tout. T'as envie de connaître ses vraies raisons, pas celles inventées par son alter-ego. Elle se défile complètement la cowgirl, mais t'as pas encore dit ton dernier mot. Elle ne s'en sortira pas avec cette pirouette, la tricheuse. « Que c'est gentil d'avoir pris sa place pour ne pas nous laisser seuls. » Tu lui adresses un sourire légèrement provocateur, pour clairement lui faire comprendre que sa réponse était loin d'être satisfaisante. Et sans surprise, la question vous est vite retournée. C'est Jeffrey Colt – ce nom !–  qui se lance en premier. Lui aussi est dans la retenue, une pudeur contagieuse qui fausse les cartes du jeu. Bien, aucun d'entre eux n'a l'air de vouloir assumer les véritables raisons de leur présence ici. Il n'y a peut-être que toi, finalement, qui t'est inscrit dans l'optique de rencontrer quelqu'un – enfin, t'as signé pour une nuit, pas plus. Et non, t'es pas branché petite mamie aventurière, tu te doutais que derrière ce profil se trouvait une fille au sens de l'humour aiguisé. La raison principale de ton choix. Par contre, que ce soit Jinny Hex cachée derrière Muriel, non, ça tu ne l'avais pas du tout prévu. Par chance, le malaise palpable de tout à l'heure commence doucement à s'estomper. « Alors vous êtes tous les deux plus intéressés par l'aspect charité de l'événements que par l'idée de trouver l'amour. » Bon, maintenant que le combo a été dévoilé, tu vas pas dire que t'es déçu. Que ce soit Jinny ou Jeffrey, t'es pas franchement emballé par l'idée de séduire l'un ou l'autre aujourd'hui. Sans offense, hein.

Sur le point de répondre à ton tour à la question, t'es pris de court par Jeffrey qui met le doigt exactement là où il ne fallait surtout pas le mettre. Et ton sourire disparaît presque aussitôt, non sans avoir lancé un regard lourd de sens à ta camarade. Bien heureusement, elle ne lui a confié que son prénom. Une chance, parce que tu dois bien avouer que cette remarque te laisse dubitatif, pour ne pas dire carrément méfiant. « En Louisiane. » Quelles étaient les probabilités pour que vous retrouviez avec un homme parfaitement au courant de cette rivalité pourtant très personnelle. Tu ne le nies pas, quiconque a vécu dans les parages de vos chez-vous respectifs a probablement entendu parler brièvement de ces histoires familiales, mais de là à mentionner la guerre Hex-Turnbull comme s'il s'agissait là d'une banalité historique, non, vraiment, c'est louche. Et tu sens la même agitation chez Jinny. Au moins, maintenant, elle sait qu'il est préférable de cacher une partie de son identité. Pour l'heure, tu ne laisses rien transparaitre, et c'est l'air facticement détendu que tu tournes la tête vers ton interlocuteur trop curieux à ton goût, faisant fi de l'alerte rouge qui raisonne dans ton esprit. « Vous êtes bien renseigné, monsieur Colt. J'ignorais à quel point nos petites querelles étaient de notoriété publique. » Petites querelles, euphémisme. Mais t'as pas très envie de t'épancher trop longtemps sur ces histoires, encore moins avec le passif relationnel que tu partages avec Jinny. « Colt, comme Samuel Colt ? Votre histoire a l'air tout aussi chargée que la mienne. » Tentative plus ou moins habile de détourner l'attention. En espérant qu'il ne cherche pas à creuser plus profondément.

Machinalement, tu viens caresser le museau de ton cheval, comme pour reprendre le contrôle de la situation en t’agrippant à quelque chose que tu connais on ne peut mieux. T'aimes pas ça, quand tu sens que l'autre en sait bien trop, et surtout, bien plus que toi. Il te manque des éléments cruciaux, et ils viennent de transformer ce simple rendez-vous en quelque chose de potentiellement étrange. Trop méfiant ? Trop parano ? Peut-être. Mais justement, il devrait savoir que c'est le propre des Hex et des Turnbull, de toujours se retourner pour surveiller qui pourrait se glisser dans leur dos. « Et pour répondre à ta question, Jinny, disons simplement que ça me change des soirées mondaines et des bars. C'est plus originale comme rencontre. Et le profil de Muriel a su piquer ma curiosité. Je voulais savoir qui se cachait derrière celle qui a su attirer mon intérêt. » Un coup de poker. Et si tu t'étais réellement retrouvé devant une grand-mère de soixante-dix ans, t'aurais joué le jeu jusqu'au bout. Ça n'aurait de toute façon pas pu être pire que maintenant.

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… c’était une blague, pas vrai ? Dans sa poitrine, Jinny sentit son cœur chuter en même temps que celui de Cain – ça, au moins, facile de savoir qu’ils étaient sur la même longueur d’ondes, surtout quand leurs secrets de famille pas si secrets que ça étaient exposés au grand jour, apparemment. Surtout aussi peu de temps après leur horrible confrontation. Mais Jinny ne serait pas une Hex si elle n’avait pas un instinct de préservation un poil plus élevé que la moyenne ; alors, si son visage trahit sa panique pendant un bref instant, elle se composa bien vite à nouveau une expression de bonhomie polie toute texane qui ne laissait plus rien paraître. Allons, respire, mini-Hex. Si ce type s’appelait Colt, c’était presque naturel qu’il ait un jour entendu parler des Hex et des Turnbull, non ? Elle se demandait même si elle n’avait pas lu quelque part une histoire à propos d’une rencontre entre Jonah et Samuel Colt lui-même, ou un de ses fils, peut-être. Bref, ça ne devrait pas être si surprenant que ça. Pourtant, il y avait cette inquiétude sourde qu’elle sentait vibrer en Cain, et qui se répercutait jusqu’à elle à travers cette chambre à écho qui existait entre eux. Lui, il s’inquiétait. Et peut-être bien qu’il avait raison. Et de toute façon, quel autre choix avait-elle, que d’écouter ces ressentis qu’elle peinait à dissocier des siens ?

Mais, si problème il y avait à l’horizon, pour l’heure, elle était bien plus encline à profiter de l’horizon véritable qui s’étendait sous leurs yeux. Elle n’avait pas beaucoup vu la mer dans sa vie, Jinny, alors découvrir la côte californienne à dos de cheval ? Muriel ou pas Muriel, elle était bien contente d’être là, même si elle ne s’était pas tout à fait attendue à se retrouver avec un Turnbull et un Colt. Son regard, curieux et songeur sous l’ombre de son Stetson, s’attarda sur ce fameux Jeffrey. Curieux personnage. « Un Turnbull et un Colt se retrouvent sur une plage pour cavaler ensemble. C’est toute l’histoire du Sud qui se retrouve aujourd’hui. » musa-t-elle, sourire amusé suspendu aux lèvres. Est-ce que ça aurait fait une différence, de révéler son nom de famille à elle, alors qu’elle était depuis quelques années devenue une figure publique ? Peut-être, peut-être pas. « Quelle coïncidence. » conclut-elle sans s’étendre plus avant sur le sujet. De toute façon, ils étaient là tous les trois, alors autant voir ce que cette drôle de journée leur réservait, pas vrai ?

Sa jument, docile, avançait tranquillement dans le sable humide, laissant les vagues calmes lui lécher les sabots, et à nouveau, Jinny se retourna pour regarder ses deux camarades. « J’ai au moins autant d’histoires à raconter que Muriel. » répondit-elle à Cain, mais aussi à Jeffrey. Au moins, s’ils étaient venus dans l’espoir de rencontrer une excentrique, aucun des deux ne repartirait déçu, quel que soit l’âge réel ou supposé de leur cavalière. Puis son regard s’attarda à nouveau sur Jeffrey ; marrant comme sa dégaine et sa façon d’être lui évoquait quelque chose. Oh, c’était pas une ressemblance physique, loin de là, c’était… dur à dire. Comme une familiarité dans la façon d’être. « C’est marrant, vous me rappelez quelqu’un que j’ai connu quand j’étais petite. Rien à voir physiquement, mais, je sais pas, vous avez un air. » Une attitude cordiale et mystérieuse et assurée, comme le vieux Fletcher. Depuis combien de temps elle n’avait pas eu de ses nouvelles à celui-là, d’ailleurs ? Fou comme le temps passait vite. « Vous avez dit que vous aviez un assistant. Vous aussi vous êtes dans le business des armes à feu, ou la famille s’est diversifiée, depuis le dix-neuvième siècle ? » demanda-t-elle, sincèrement curieuse. « Cain aussi est entrepreneur, si je ne m’abuse. Finalement, peut-être que je devrais vous laisser tous les deux parler affaires. Vous devriez en avoir, des choses à vous dire. » Tournant la tête pour regarder la mer, elle avisa un poste de surveillance désert – la plage avait visiblement été privatisée pour l’occasion – et une idée germa dans sa tête rousse, qui s’illumina d’un sourire fripon. « Vous savez quoi ? Peut-être bien que je vais faire ça. Elles se méritent, les histoires de Muriel. Et les miennes. » Et soudain, d’une pression de la jambe et ‘un ‘yah !’ sonore, la texane fit partir sa monture au galop. « Le dernier au poste doit un verre aux deux autres ! » lança-t-elle en se retournant à peine, hilare, et bien décidée, danger ou pas danger, à profiter de cette journée.

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The wild horde

Ils auraient dut voir leurs têtes ces deux là, il ne laissait rien paraître, son cheval avançant avec calme pendant qu'il le dirigeait avec l'assurance de celui qui connaît son affaire. Voir le visage du jeune Turnbull se décomposer avant qu'il ne réplique suite à son erreur de géolocalisation en lui tirant un sourire gêné et de rapides excuses, mais derrière cette façade, Slade se régalait de savoir ce qu'il y avait derrière tout ça, voilà une éternité qu'il n'avait pas vu Jinny qui ne semblait pas le reconnaître pour le moment, ce qui était de bon augure, il avait toute liberté pour opérer sans éveiller les soupçons. Le jeun Cain semblait en tout cas prompt à tenter de dévier du sujet. Slade lui offrit un sourire de pur entrepreneur essayant de vendre un bon produit et eut un léger rire.

-Chargée on peut le dire, notre "malédiction" est plus connue que la rivalité entre les Hex et vous, mais un passionné comme moi ne pouvait que tomber sur votre famille dans le pedigree incroyable de celui qui est resté jusqu'à sa mort le tireur de le plus rapide et le plus mortel du far west : Jonah Hex. Il as alimenté nombres de fantasmes journalistiques, quand votre ancêtre ne payait pas pour le rouler dans la boue avec des articles de presse cinglants. Ca doit vous sembler une éternité, mais mon grand père me racontait ces histoires, pour moi c'est presque de l'histoire récente.

Tout celà allait bien plus loin bien sûr, mais il avait déjà jeté le trouble, mieux valait ne pas trop insister pour le moment, Jinny gérait ça avec un peu moins de stress, basculant immédiatement sur l'heureuse coïncidence, le coup incroyable du destin qui les rassemblait sur cette plage, un Tunrbull, une Hex et un mercenaire épris de bons sentiments paternels envers elle, Jinny avait bien grandit de ce qu'il pouvait voir, elle était encore plus sûre d'elle qu'auparavant, sa facétie n'avait pas disparue et d'une certaine manière elle semblait heureuse, la mort de sa mère avait dut être un coup dur, il ne l'avait pas revue, même pour l'enterrement, mission en Russie, il s'en souvenait bien, sa véritable famille avait occupé le reste de son temps. Elle avait rejoint la Young Justice de ce qu'il en savait, Tim Drake, red Robin... Un des assassins de son fils était désormais une de ses connaissances, l'art de la guerre se basait sur les informations et il en avait toujours besoin.

-Une sacrée coïncidence mademoiselle en effet.

Il sentit le regard de Jinny sur lui, elle ne semblait pas savoir, mais elle était en lieu de se poser quelques questions, voyons voir ou ça ménerait, il fit comme si de rien n'était, encaissant sans broncher la question qui vint.

-Fonds boursier en ce qui me concerne, j'ai décidé de faire fructifier ma part de l'héritage en bourse, mon métier est devenu la paperasse, mais je ne vais pas vous embêter avec les détails. Je ne trempe pas dans les armes, j'en ais une sainte horreur.

Jeffrey n'avait rien du riche membre de la NRA, en fait il payait massivement les associations luttant pour la régulation des armes à feu.

-Il n'est pas courtois de parler affaires là ou ce n'est pas nécessaire, et j'avoue que me sortir de la tête tout ces pourcentages n'est pas une mauvaise chose. J'imagines que Mr Turnbull me suivra sur ce point.

C'est alors que presque sans prévenir elle leur lança un défi en même temps qu'elle partait à toute vitesse. Slade saisit l'occasion, ils avaient besoin de faire quelques messes basses, il commença par observer avec un air presque choqué de vieux monsieur laissé sur le bord de la route Cain saisir l'avantage immédiatement, nul doute que le jeune homme avait envie de tout sauf de perdre face à un vieil homme, Slade l'observa partir quelques secondes avec un grand sourire digne d'un méchant diabolique avant de partir à leur suite, il laissa Cain le perdre facilement, prenant son temps pour arriver, il n'était pas sensé être un cavalier particulièrement bon après tout, Jeffrey possédait des chevaux mais les montait peu. Il les talonna de quelques minutes, il avait la carte de la région en tête et savait comment ne pas les croiser en étant assez vigilant. Quelques messages et il informait Wintergreen de la situation, du matériel devait lui être préparé sous peu, mais pour l'instant, il devait retrouver le duo de choc.

Il surgit au détour du chemin, un air paumé sur le visage, cherchant une trace d'eux aux environs direct de leur destination.

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel

Qu'il fasse attention à ce qu'il dit sur ta famille, le Colt, parce que t'es pas du genre à laisser qui que ce soit manquer de respect à ton clan. T'es le premier à voir leurs défauts – et bon sang qu'ils sont nombreux ! – mais t'acceptes mal quand un autre que toi leur casse du sucre sur le dos. La remarque était probablement inoffensive, simplement là pour faire la conversation et remettre dans le contexte le pourquoi du comment de ses connaissances sur votre guerre familiale, mais en additionnant le tout, tu commences à t'en méfier de plus en plus, de ce type. Jinny dirait que t'es parfaitement à l'aise dans l'exercice de la manipulation et des apparences, mais en vérité, pas tant que ça, et ton agacement pourrait vite se faire ressentir. Tout autant que ta méfiance. « J'ignore tout de la malédiction des Colt, vous aussi vous construisez des maisons en laissant les fantômes de vos victimes élaborer les plans ? » Référence à la maison Winchester et à ses légendaire fantômes ingénieurs, véritable demeure sans queue ni tête, en vérité entièrement sortie de l'esprit dérangé de Sarah Winchester. Mais ton intérêt n'est pas feint, s'il pouvait t'en dire plus sur cette fameuse malédiction, tu serais ravi de l'écouter avec attention. Pour l'heure, la discussion dévie sur le travail, non sans une petite pointe de provocation dans l'initiative soudaine de Jinny. S'il lui prend l'idée de réellement vous laisser tous les deux pour parler affaires, elle peut être certaine que ta vengeance sera terrible. Par chance, l'homme n'a pas l'air particulièrement enclin à étaler sa vie professionnelle, ce qui est à la fois un soulagement et un nouveau mystère. « Je suis aussi pour l'idée de laisser le travail là où il est. » Qu'elle le veuille ou non la cowgirl, c'est un rendez-vous à trois. Elle va pas s'en sortir comme ça.

Et c'est qu'elle est d'humeur joueuse, en plus. De quoi détendre au moins l'atmosphère, toi qui prend toujours très à cœur le moindre défi. Reste d'une éducation très strict qui t'a toujours incité à être le meilleur. Un sens de la compétition très aiguisé qui te pousse donc à démarrer cette course au quart de tour. Heureusement, toi aussi tu maitrises plutôt bien l'équitation, et même sans parvenir à rattraper Jinny, au moins, tu parviens à réduire un maximum la distance. De temps en temps, tu jettes quelques coups d'oeil en arrière pour scruter l'avancée du troisième larron, mais peu à peu, sa silhouette se dessine de moins en moins bien dans ton champ de vision. Et bien, il semblerait que la première tournée soit pour lui. Les sabots de ton cheval qui tapent dans le sable, la bise maritime qui t'ébouriffe les cheveux, le plaisir est réellement là, et tu en oublies presque tes réticences de tout à l'heure quant à Jeffrey. Peut-être que t'es trop parano. Pour un Turnbull, c'est assez commun. Arrivé au poste de surveillance, où Jinny t'attend avec son air victorieux, tu tires sur la bride du cheval pour t'arrêter à côté d'elle. « Je crois que notre nouvel ami s'est perdu. » Est-ce le moment opportun pour lui confier tes doutes ? Non, allez, t'es ici pour passer un bon moment, pas pour chercher les ennuis où ils n'existent probablement pas. A la place, tu lui fais une confidence, le plus naturellement du monde : « Je t'ai déjà dit que je faisais du polo ? Apparemment c'est un sport plus noble que le rodéo. » Petite pique lancée à tes parents, qui t'ont imposé ce sport sans que tu n'aies réellement ton mot à dire. Et même si t'es plutôt doué dans le domaine, c'est pas franchement une activité que tu trouves épanouissante. Rien de plus qu'une autre corvée. Le poids du fils prodige.

C'est au loin que tu distingues enfin Jeffrey, alors aussitôt tu siffles et lui fait signe en levant le bras pour qu'il vous rejoigne. Le pauvre a l'air complètement paumé. Et quand il arrive finalement à votre niveau, tu lui souris, l'air triomphant toi aussi : « Y a un bar pas loin, sortez déjà la carte bleue. » Toi, la victoire modeste ? Jamais ! Mais ça fait aussi partie du jeu. Le perdant doit payer les verres ET autoriser les deux autres à fanfaronner. « Bon après, pour être fairplay, contre Jinny, on avait aucune chance. » C'est elle l'héritière de Jonah Hex, elle a ça dans le sang. Et qu'elle profite du compliment, pas sûr qu'elle en ait un autre de si tôt. En route, tu commences à avoir soif. Et après quelques mètres à chevaucher au trot, vous arrivez à un bar près de la plage. Le temps de confier les rênes à un serveur, puis vous vous installez en terrasse, les pieds dans le sable. « Jinny, je crois que maintenant on mérite tes histoires. » Et après s'être faite à ce point désirée, elles ont plutôt intérêt à être bonnes.

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C’était peut-être un cliché, le coup de la cowgirl a cheval, mais ces bons vieux clichés faisaient tellement partie de sa réalité a elle qu’elle s’en foutait comme de sa première paire de chaussettes, de n’être qu’une caricature ambulante. Et puis, si ça faisait rire les autres, grand bien leur fasse ! Tant mieux, même ! Ils vivaient à une époque tellement déprimante, ou les apocalypses et autres désastres sonnaient à leur porte tous les quatre matins, pourquoi ne pas profiter de chaque occasion possible pour arrêter un peu de se prendre au sérieux. Alors oui, une balade à dos de cheval, Stetson visse sur la tête, ça lui convenait parfaitement, comme rendez-vous foireux avec un Colt et un Turnbull. Et puis, elle n’était montée en selle depuis qu’elle avait quitte Dripping Springs, laissant les deux canassons familiaux aux bons soins d’une voisine et de son ranch – et elle réalisait, maintenant qu’elle galopait à toute berzingue le long de la plage, que l’exercice lui avait effroyablement manque. Pendant sa course, elle se retourna, constatant que Cain gagnait du terrain et que Jeffrey avait disparu ; bah, ils auraient le temps de s’en inquiéter une fois passée la ligne d’arrivée. Le souffle court et un sourire triomphant aux lèvres, Jinny gratifia sa monture d’une petite tape affectueuse sur le cou. Good girl.

« Du polo ? Toi ? » répéta-t-elle en arquant un sourcil dubitatif, avant de se fendre d’un rire – parce que son imagination, comme d’habitude, s’était aussitôt emballée, et que le résultat était franchement plutôt très drôle. « On parle bien de ce sport de riches ou vous jouez au golf à dos de cheval parce que c’est trop fatigant à pieds ? Ce polo-là ? » Elle versait dans la moquerie et la caricature outrancière, se doutant bien que les joueurs de polo avaient probablement plus de mérites que ce résumé grossièrement erroné, mais le contraste avec le champion de rodéo qu’il avait failli être était quand même tordant. « J’aimerais bien voir ça, tiens. » Elle l’avait dit sans réfléchir ; mais, a la réflexion, il y avait peut-être un peu de vrai, là-dedans. Et puis, elle l’avouait, imaginer les Turnbull en match de polo les dimanches, ça bousillait un peu leur aura d’ogres mangeurs d’enfants Hex. Ce qui, dans sa situation, était plutôt appréciable. « Bon, et le troisième parti de l’histoire du Far West, on l’a perdu en route ? » Comme pour répondre à sa question, Cain agita le bras, et Jeffrey les rejoignit, l’air pas tout à fait sûr de lui. Mais un pari était un pari – a eux la détente et le verre !

Aaaah qu’ils étaient bien, la, tous les trois, aussi absurde soit le tableau. A peine assise dans sa chaise, Jinny s’était débarrassée de ses chaussures pour tendre les jambes devant elle et enfoncer avec délice ses orteils dans le sable, prête à endurer tous les coups de soleil de la planète pour profiter de cet instant estival en compagnie de l’héritier du créateur des Colt qu’elle avait dans son pick-up, et de son pire ennemi théorique. Très théorique, aujourd’hui, visiblement. « Hmmm. Okay. C’est vrai que vous vous êtes bien débrouillés, même si Jeff s’est visiblement perdu en suivant une mouette. » répondit-elle en adressant une œillade malicieuse a leur drôle de compagnon. Elle réfléchit un instant pendant que le serveur leur ramenait leurs boissons – pina colada pour elle, merci Jeffrey – puis se redressa un peu sur sa chaise. « J’ai un jeu à vous proposer. On raconte tous les trois trois anecdotes sur nous-mêmes : deux qui sont vraies, une qui n’est qu’un mensonge. Et les deux autres doivent deviner laquelle est fabriquée de toutes pièces. » Et évidemment, elle se lançait la première, en abandonnant pour de bon cette pauvre Muriel, qui avait mérité son repos, au placard. « J’ai quitté le Texas pour aller à Metropolis en 2017. Quand je suis arrivée en ville, en moins de dix minutes, j’ai failli écraser un superhéros, et j’ai sauvé la vie du flic qui m’a vue faire et m’a demandé de sortir du véhicule. » Sirotant sa pina colada, elle prit le temps de réfléchir à sa seconde histoire. « Je suis responsable de l’arrestation de mon cavalier du bal de prom parce que ce crétin a cru bon de braquer le bowling de notre ville. » Dernière réflexion. Voyons, que pourrait-elle leur sortir d’autre ? « Je suis déjà allée à l’intérieur d’Arkham Asylum. Juste pour y ramener un fugitif, mais c’était marquant quand même. » conclut-elle, un sourire au coin des lèvres, en scrutant ses deux compagnons tour à tour. Voyons s’ils étaient perceptifs, ces deux-là – et surtout, s’ils avaient des histoires a raconter, eux aussi. S’ils devinaient correctement, elle accepterait même de leur donner le détail des siennes. A vous messieurs.

Spoiler:

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Cain semblait sur le qui-vive, ce qui n'était pas vraiment le cas de Jinny pour le moment, il leur fit un grand sourire en arrivant, acceptant avec grâce et dignité de devoir payer des coups aux jeunes, esquissant un rire de vieil homme amusé aux blagues des deux jeunes sur sa performance, aucune raison d'être mauvais joueur pour un homme du calibre de Jeff et réagir autrement serait de toute manière très malavisée, il devait faire retomber la pression pour le moment, creuser avec délicatesse. Il aurait largement l'occasion de retourner à l'assaut dès que l'occasion se présenterait, pour le moment les jeunes avaient besoin de s'amuser un peu, il partit au bar commander les consommations, encore une fois pour éviter de se trouver dans leurs pattes, s'effacer afin de réduire son niveau de menace tout en gardant le rôle du vieil homme amusé par la situation, un jeu d'enfant.

Conservant de son côté l'intégralité de sa tenue vestimentaire, il était heureux que sa couverture lui permette de profiter d'un bon Glenn McKenna 15 ans d'âge vieilli en fût de chêne français, loin d'être préféré, mais le meilleur qu'un bar grand public en lors de mer pouvait lui offrir. Il le buvait de la même manière depuis des années de toute façon, un passage rapide sous le nez pour que son nez au sens supérieurs puisse savourer les arômes, il portait ensuite le ver à ses lèvres et prenait une première gorgée, légère, avant d'enchaîner avec une lampée un peu plus généreuse, un geste qu'il avait fait des milliards de fois et difficile à camoufler, pas unique, mais au rythme rodé et mécanique. Jinny venait de finir les explications du petit jeu qu'elle voulait leur soumettre, Slade trouvait cela assez original, il aimait les jeux d'esprit, même si celui-là semblait étrange, ça ressemblait plus à quelque chose qu'on ferait entre amis selon lui, mais il se prêtait de bonne grâce au jeu malgré tout.

Jinny avait des anecdotes qui n'était pas pour l'arranger, non pas qu'il ait prévu de faire comme si il la connaissait par coeur, il n'y avait pas de meilleur moyen de griller sa couverture, mais les anecdotes qu'elles racontaient ne faisait qu'éveiller cet espèce d'étrange sentiment paternel qu'il ressentait avec elle. Jinny, cette jeune Texanne qui hier descendait des ballons au stand de tir faisait parti de la Young Justice, il avait été estomaqué quand Wintergreen le lui avait annoncé, l'imaginer déambuler dans les couloirs d'Arkham ou même pourchasser des criminels avait de quoi lui glacer le sang, il savait quels dangereux psychopathes hantaient les coins les plus sombres des cloaques de ce monde, il avait vu le visage du mal chez les autres vilains, il avait été ce visage plus d'une fois, il avait peur pour elle, très peur. Cain de son côté n'était qu'un élément suspect, un genre d'OVNI improbable, mais il semblait bien connaître Jinny, c'est fou ce que quelques années peuvent faire.

-La première est fausse, trop de détails.

Il n'avait pas vraiment réfléchi et s'était sans doute trompé, était parti sur la réponse qui lui semblait la plus probable, mais il n'y avait bien que la deuxième proposition qui lui plaisait, surtout si c'était ce sale petit voyou de Josiah Smith, ce sale petit merdeux avait déclenché plus d'une fois les alarmes de sa propriété locale avec ses copains en essayant de voir ce qui se cachait chez lui, le secret dont il avait entouré sa vie ayant attiré des rumeurs que certains jeunes du coin étaient avides de vérifier. Le vieux Fletcher fait des expériences bizarres sur ses canassons, le vieux Fletcher organise des orgies dans sa luxueuse villa, y'avait même un taré du coin pour dire qu'il était un extraterrestre avec soucoupe volante et tout ce qui allait avec. C'était en tout cas son tour.

-J'ai été élu Roi du bal de promo et la Reine as été ma première femme, je possède un vin français ayant appartenu à la réserve de Napoléon, j'ai été major de promo dans une école de l'Ivy League.

Jeffrey n'avait pas été major de promo, même si il avait fait partie des têtes de classe, il n'avait pas eut l'ultime honeur de la première place.

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel

Evidemment qu'elle se moque, Jinny, et tu prends une mou boudeuse que l'instant de quelques minutes, car en toute honnêteté, t'es le premier à le détester, ce sport. Autre facette lassante de ton statut de fils prodige que l'on expose à la galerie. Enfin, ça c'était avant. Maintenant, c'est plutôt l'inverse, on a tendance à te planquer au fond du placard, comme un Harry Potter qui aurait lamentablement échoué à Poudlard. Sauf pour le polo, étrangement. Ce serait sans doute trop compliqué à expliquer aux invités pourquoi le cadet Turnbull ne participe plus aux tournois. Lui qui en plus était si doué. « T'aimerais voir ça ? » Tu répètes après elle, pas certain d'avoir bien entendu. Ce n'est pas l'aspect moquerie et le plaisir de te voir dans une tenue de polo qui t'interpelle, mais plutôt l'envie qui se cache derrière. Te regarder participer à un match voudrait dire te revoir. Et te revoir voudrait dire poursuivre votre relation chaotique – mais indéniablement agréable aussi sur certains aspects. Un dilemme qui s'est posé il y a déjà plusieurs jours, quand en te téléportant par mégarde dans sa chambre, vous avez tenté de remettre de l'ordre dans vos affaires personnelles. Rien de bien glorieux en conclusion, mais assez satisfaisant quand même pour émettre l'hypothèse d'un après. Alors oui. Peut-être qu'un jour elle te verra réellement jouer au polo, Jinny.

Toi aussi tu optes pour un cocktail, un Cuba Libre, classique indémodable et l'un de tes péchés mignons, avant de porter toute ton attention sur le jeu lancé par Jinny. L'idée te plait bien. L'occasion de tester le lien qui vous connecte l'un à l'autre à travers ces devinettes, en plus. Deux vérités, un seul mensonge. Très bien. Tu écoutes chacune de ses anecdotes, tentant en même temps de déceler quelque chose dans ses émotions qui pourrait la trahir. Quoi ? Tu sais que ça fonctionne pas comme un détecteur de mensonge, mais ça vaut quand même le coup d'essayer. Après tout, ce truc n'est pas prêt de disparaître, alors autant tenter de l'apprivoiser un maximum. C'est Jeffrey qui se lance le premier, et qui désigne la première histoire comme étant erronée. Toi, en revanche, tu optes pour un tout autre choix. « Moi je dis que c'est la troisième. T'es jamais allée à Arkham. » Réelle nouvelle fonctionnalité de votre connexion ? Instinct ? Pur hasard ? T'en sais rien. Tout ce que tu sais, c'est que c'est la réponse que t'as envie de donner. Et vient ensuite au tour de votre camarade de se lancer. Le défi est bien plus grand, puisque tu ne sais rien du tout de cet homme. Pire encore, t'as l'impression qu'il joue un jeu dont tu ignores encore les tenants et aboutissants. T'es pas certain qu'il soit entièrement honnête avec vous, mais pour l'heure, tu continues de te plier aux règles de l'ambiance bon enfant de ce trio improbable et improvisé autour d'une table et de quelques coktails. « Je vais dire le vin. Ce truc doit être de toute façon imbuvable. » D'un haussement d'épaules, tu attends la réponse de Jinny, et te lances toi aussi sur le terrain, non sans avoir pris quelques secondes pour réfléchir. « J'ai raté ma remise de diplôme parce que j'étais encore trop bourré de la veille. » Presque. En vérité, t'as simplement été en retard. « Y a un drapeau des Etats confédérés dans le garage de la maison familiale. » Pourquoi le cacher, puisqu'ils semblent en être si fiers. « J'ai entretenu une liaison secrète avec une prof quand j'étais au lycée. » Liaison étant un bien grand mot. Disons simplement qu'elle t’enseignait un peu plus que les mathématiques. Alors, est-ce qu'ils vont réussir à trouver le mensonge ?

Il est très sympa ce jeu, mais t'as envie de le corser un peu plus. Deux vérités, un mensonge, okay, mais vous pouvez faire encore mieux. « Pour la seconde manche, je propose que chacun d'entre nous confesse quelque chose qu'il n'avait encore jamais dit à personne auparavant. Un secret inavoué. » Et qui restera bien évidemment à cette table, sans jamais la quitter. Est-ce qu'ils vont accepter de prendre le risque de se dévoiler, ou est-ce qu'ils vont se dégonfler ? Toi, t'es prêt à aller jusqu'au bout de ce défi, et t'espères que tes partenaires seront tout aussi joueurs.

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Jeffrey d’abord, hein. Sous l’ombre de son chapeau, le regard de Jinny glissa à nouveau sur leur mystérieux compagnon – pas si mystérieux que ça, d’après les airs qu’il se donnait, mais elle avait bien appris sa leçon, l’héritière des Hex. Ne jamais se fier aux apparences. Elle était mince, la ligne entre méfiance bienfaitrice et paranoïa, et malgré tout, c’en était une qu’elle n’avait pas envie de franchir ; alors Jeffrey aurait sa chance, comme les autres, jusqu'à preuve de ne pas la mériter. C’était peut-être comme ça, qu’on surpassait un héritage familial lourd de plusieurs générations. Attentive, Jinny sourit en l’écoutant formuler son hypothèse, puis raconter lui-même ses trois anecdotes. Sur quoi se baser, quand elle n’avait jamais rencontré ce type auparavant ? L’exercice était marrant, sans conséquences, alors elle écouta l’hypothèse de Cain, puis elle proposa la sienne : « Moi je pense que vous avez été major de promo, mais que c’était pas l’Ivy League. Peut-être une université étrangère. Genre Oxford ou Cambridge. » Un pari totalement hasardeux, ce qu’elle souligna d’un haussement d’épaules jovial. « Ou alors les mariages entre roi et reine de prom, c’est vraiment que dans les films. Ce qui ne m’étonnerait pas non plus. »

Puis, ce fut au tour de Cain de passer ses propres histoires, vraies ou fausses, sous le crible de leur attention, et Jinny redoubla d’attention en portant son cocktail à ses lèvres, se demandant, elle aussi, si le fil invisible qui avait décidé de relier leurs cerveaux pouvait lui offrir la moindre opportunité de tricherie. Enfin, elle en doutait ; après tout, elle ne l’avait pas vu venir, le coup des Montaigu qui sortent de l’ombre, et elle n’avait toujours pas réussi à déterminer si c’était parce qu’elle s’était mis un millier d’œillères devant les yeux ou si vraiment, elle n’avait eu aucune chance. Mais ces considérations quittèrent bien vite son esprit, concentrée qu’elle était. D’abord, elle eut un rire, en imaginant Cain rater sa remise en diplômes ; puis elle arqua un sourcil, imaginant, hélas sans grande peine, le drapeau en question, qui faisait après tout aussi partie de son histoire familiale. Puis, elle s’étrangla avec sa boisson, en toute élégance. Wait, what. « … well, damn. » marmonna-t-elle en se martelant légèrement la poitrine, une fois qu’elle eut reprit contrôle de ses poumons indignés par ce mauvais traitement. Peu soucieuse de l’humiliation encourue, elle plissa des yeux en scrutant l’expression de Cain.

« Okay. Ta famille a définitivement le drapeau confédéré dans son garage. » Peut-être même dans le salon, à ce stade. « Et je peux totalement croire à cette histoire de prof de lycée. » Et elle espérait qu’elle avait fini en prison pour longtemps, mais ça, elle n’osa pas le demander. « Donc c’est la première histoire, le mensonge. » Peut-être avait-elle raison, peut-être avait-elle tort, mais, curieusement, elle était à peu près sûre d’elle, contrairement à son hypothèse concernant Jeffrey. Croisant à nouveau les jambes devant elle, Jinny en conclut qu’il était temps de révéler le pot aux roses, après ce tour riche en émotions. « Jeffrey, mister Colt, je suis navrée, mais tous ces détails étaient 100% véridiques. Le superhéros en question était Robin. Vous savez, de Batman et Robin. » admit-elle en adressant un sourire encourageant à leur comparse, avant de tourner la tête vers Cain. « Bravo à toi. J’ai jamais foutu les pieds à Arkham, et j’espère bien ne jamais avoir à le faire. » Mais le jeu ne s’arrêtait pas là, pas vrai ? Cain avait ait une proposition, une qui laissait Jinny songeuse. Un secret inavoué, hein ? Restant un instant silencieuse, à observer chacun de ses compagnons l’un après l’autre, Jinny songea que, quand même, elle était drôle, cette situation. Révéler un secret au fils ennemi et à un parfait inconnu aussi ancré dans l’histoire de l’Ouest qu’ils ne l’étaient ? Le pari était osé. Mais, s’ils étaient beaux joueurs, alors ils passeraient tous sur le grill. Sous le soleil éclatant de Californie, Jinny se sourit à elle-même. Les bars en bord de mer avaient remplacé les saloons, mais les parties de poker, visiblement, restaient à peu près les mêmes. L’astuce, la seule qui compte, n’était-elle pas de ne pas exposer son dos à la porte ? Jinny laissa échapper un ‘hmmm’ songeur, l’ongle de son doigt tapotant contre son verre, puis elle se décida.

« Okay. Un truc que j’ai jamais dit à personne. » commença-t-elle en se redressant dans sa chaise, prête à raconter son histoire ; et, une ébauche de sourire un peu facétieux accroché aux lèvres, elle poursuivit : « Quand j’avais quinze ans, j’ai fugué de la maison pendant deux semaines. Enfin, officiellement, j’ai vraiment fugué que deux jours, avant d’appeler ma mère pour la rassurer et lui dire que j’étais chez une copine pour qu’elle arrête de s’inquiéter et n’appelle pas le shérif du coin. On venait de se disputer. J’avais besoin d’air. En réalité, j’étais pas du tout chez une copine. J’avais pris un sac de couchage et quelques vivres, un de nos chevaux, et j’ai filé droit dans les plaines vers le sud. » Elle marqua une brève pause pour jauger de la réaction de ses deux camarades et avaler une gorgée de cocktail, puis repris. « Un des nombreux trucs bizarres que ma mère m’a fait apprendre sans jamais vraiment me dire pourquoi, c’était parler apache. Enfin, un de leurs dialectes. Il y avait ce type, un Apache Lipan, qui venait vendre des trucs à Dripping Springs une fois par mois, et qui m’enseignait deux-trois trucs. Il a toujours dit qu’on était les bienvenues chez eux, mais on y était jamais allées. Alors c’est là que j’ai filé, sans trop savoir pourquoi. Comme un instinct. Les Ndawé qohä, le long de la rivière Atascosa. Ils m’ont accueillie sans trop poser de questions, et j’ai passé deux semaines chez eux à ne plus penser à ma mère, et à apprendre pourquoi notre famille connaissait des Apaches. Entre autres choses. » Jonah, encore Jonah, toujours Jonah. Son ombre qui, déjà alors, la suivait partout, sans même qu’elle ne s’en rende compte. Mais Jonah, en revanche, c’était un autre secret – et celui-là, elle allait le garder pour elle. « Je suis rentrée couverte de coups de soleil, et ma mère n’en a jamais rien su. The end. » conclut-elle avec un petit rictus triomphant. Une histoire, et mille questions derrière, comme une boîte de Pandore. Bienvenue dans la famille, les amis. « Et vous, Colt ? C’est quoi votre secret inavouable ? » demanda-t-elle en se tournant vers leur homme-mystère. Après tout, il devait bien avoir deux-trois choses à leur raconter, lui aussi.

AVENGEDINCHAINS

The wild horde

Les histoires du jeune Turnbull étaient hautes en couleur en tout cas, si aucun d'entre eux n'avait trouvé le pot-au-rose, Jinny se trompant de peu dans son hypothèse même si elle avait trouvé, peu étonnant en considérant qu'aucun d'eux ne connaissait Jeff, c'était une question de probabilité et la chance avait joué un rôle primordial cette fois-ci. Voir Jinny s'étouffer à la mention du drapeau confédéré avait quelque chose d'ironique, mais il était vrai qu'il ne semblait pas vraiment tirer de fierté de ce fait, sans doute là donc pour brouiller les pistes de son côté, mais Jinny avait vendu la mèche, les Turnbull étaient connus pour leurs liens avec le Klan après tout pour qui connaissait la famille, ce fait était anodin, voir négligeable. Il attendit de voir Jinny finir d'exposer ses théories et sa réponse avant de prendre quelques secondes pour réfléchir, se prêtant assez volontiers à ce jeu, elle semblait en tout cas très bien connaître Cain ce qui était relativement troublant, il pouvait ressentir sans peine une légère complicité entre eux, intéressant.

-Je mise sur la professeure, mais principalement par ce que c'est illégal, enfin, probablement selon votre cursus.

Son ton n'était pas particulièrement empli de jugement, il devait même reconnaître que ce fantasme adolescent assez classique était amusant. Il ne doutait pas forcément de la véracité et ne serait pas franchement étonné que cela ait été vrai, mais il n'allait pas se contenter de suivre comme un mouton et ça pimentait un peu le jeu. Jinny finit par leur révéler la vérité, il ne s'attendait pas à être rassuré sur sa capacité à prendre des risques, après tout il savait qu'elle s’était fait un nom à Gotham et à la Young Justice, chaque jour qui passait les rapprochait de celui ou ils devraient se faire face, pour l'heure il était heureux de voler quelques heures de quiétude et de pouvoir profiter de sa présence. Il était cependant heureux de ne pas l'imaginer au milieu des cinglés qui peuplaient l'asile d'Arkham, un endroit qu'il ne recommanderait à personne. La mention du nom de Robin, peu importait lequel des enfants perdus de Wayne elle parlait, ne manqua cependant pas de lui tirer une petite grimace, il restait difficile d'entendre prononcer ce nom.

-Pour ce qui me concerne, Jinny avait partiellement raison, j'ai bien été dans l'Ivy League, même si j'ai fait des études à Paris, mais je n'ai pas été Major de promo, ça se jouait à peu.

Il prêta une oreille relativement inattentive à la suite, si il enregistrait ce que Jinny disait, il sentait son esprit concentré inconsciemment sur autre chose, les rouages de son esprit avaient été agités par la mention du nom d'un de ses ennemis et de bien mauvaises pensées lui traversaient la tête. Il devait avouer que cette histoire d'Apache ne le surprenait qu'à moitié ceci dit, les "historiens" de l'époque avaient bien mentionné que sa blessure était un châtiment de ce peuple infligé à d'autres membres, il n'était donc pas à négliger que le gunslinger ait put vivre parmi eux, même si les sources étaient parfois contradictoire sur le sujet, vendu comme esclave ou capturé par un de leurs guerriers, c'était flou, mais l'homme n'était pas connu pour sa gouaille et pour s'épancher de toute façon. Il sentit soudain l'intérêt de Jinny se concentrer sur lui, il maintenait un visage imperturbable et sentit une certane malice en elle alors qu'elle le pressait de continuer.

-Vous parlez comme mademoiselle Lane du Planet. Mais soit...

Le secret n'était pas d'en savoir beaucoup sur Colt, mais il y avait une histoire dont il était sûr que l'homme n'avait jamais parlé, Slade et Jeffrey n'étaient pas vraiment de parfait étrangers.

-Un jour je rentrait chez moi dans ma propriété de Metropolis, il faisait nuit et des phares me suivaient depuis quelques kilomètres, la voiture à soudain accéléré et des hommes ont commencé à me tirer dessus, l'instant d'après, j'ai vu un homme dans un genre d'armure moderne sortir de mon coffre et tirer sur mes assaillants, les abattant chacun d'un seul tir, leur voiture à fait un roulé boulé et il s'est présenté... deathstroke, il avait été engagé par mon assistant qui avait découvert qu'un contrat avait été mis sur ma tête. Il m'a ordonné de m'arrêter, m'a présenté une facture au montant exorbitant et s'en est allé tout simplement.

Slade aurait volontiers hurlé de rire rien qu'en imaginant à nouveau la tête de Jeffrey, mais il se retint.

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel

Et bien, elle a l'air bien plus perturbée par ton aventure douteuse avec une professeure que par le drapeau des confédérés dans le garage, Jinny. Son frémissement fait naitre des frissons sur ta propre peau, toujours dans la continuité de ce lien qui vous unit. Est-ce aussi grâce à lui que tu tapes dans le mille ? En tout cas, t'es pas peu fier d'avoir trouvé la bonne réponse, toujours pleinement satisfait quand tu parviens à obtenir ce que tu voulais. Tendance exécrable pour quiconque s'oppose à toi. Par chance, ce brave Jeffrey n'y verra que du feu, vous êtes là pour vous amuser, et certainement pas pour rentrer dans une quelconque compétition. N'est-ce pas ? « C'était facile. » La victoire modeste, toi ? Non, ça ne te ressemble pas. Mais elle va pouvoir fanfaronner elle aussi. « Et oui, j'ai bien assisté à la cérémonie de remise des diplômes. C'est pas passé loin, mais j'y étais. » Tu adresses un sourire complice à Jinny et sa réussite, avant de te tourner ensuite vers votre autre camarade. Le pauvre, t'as l'impression de tricher un peu, lui qui n'a aucune idée de ce qui se trame entre vous deux. T'es pas certain que la connexion puisse servir de détecteur de mensonges, mais la finalité est là, c'est pour l'instant un sans faute de votre côté. « Effectivement, c'est illégal, mais c'est bel et bien arrivé. Appelons ça une erreur de parcours. Ou l'apprentissage de la vie. » Euphémisme. T'as bien compris qu'ils étaient surpris, et toi aussi avec le recul tu parviens à trouver cette relation particulièrement douteuse. Mais quand on est adolescent et en pleine fleur de l'âge, difficile de faire la différence entre le bien et le mal, et de déterminer où se trouve la limite à ne pas franchir. C'est fait, tu n'as en rien été traumatisé, mais tu comprends parfaitement leur désarroi. Hé, personne a dit que les anecdotes se devaient obligatoirement d'être bon enfant, mais t'es désolé si t'as foutu un petit froid avec ton histoire.

Et c'est un raté pour le mensonge de Jeffrey. Tant pis. Tu dois avouer que t'as du mal à lire en lui, l'aura qu'il dégage est très particulière et te laisse à la fois agacé et intrigué. Avec la prochaine manche tu peux mettre ton ego de côté, rien à remporter, il s'agit simplement d'apprendre à se connaître. Et c'est Jinny qui commence. Une histoire qui lui ressemble. Et qu'importe ce que cela signifie vraiment, une histoire qui lui ressemble. Peut-être que c'est parce qu'en fermant les yeux t'arrives à l'imaginer, aussi aisément que des coups de pinceaux sur un tableau que vous auriez composé à deux, ou peut-être que c'est parce que tu ressens ce qu'elle ressent, et que que ce souvenir qui lui appartient trouve son écho dans ta propre mémoire. Comme si t'avais été avec elle ce jour-là. Tu l'entends presque, la voix de l'Apache, dont l'apprentissage te parvient grâce à ce lien invisible mais bien concret. Et si c'est une sensation toujours déroutante, cette fois, t'es ravi de pouvoir toucher du doigt quelques bribes intimes de son histoire. Le fardeau peut aussi se transformer en privilège. « C'est chouette comme expérience. Et ça ne m'étonne pas vraiment de toi. » Une aventure telle que celle-ci racontée par une cowgirl qui parcourt le pays en camionnette, rien de bien surprenant. C'est maintenant au tour de Jeffrey, que tu écoutes aussi avec beaucoup d'attention. Une rencontre avec Deathstroke, rien que ça. « Oh, wow. Ça a du être impressionnant. Mais vaut mieux l'avoir de son côté que l'inverse. » Même si effectivement, la facture a dû être salée, et tu serais bien curieux de connaître le nombre de zéros.

Et voilà que vient ton heure de te dévoiler. Sans réellement savoir quoi leur raconter qui pourrait égaler leurs récits. Après quelques secondes de réflexion, tu optes finalement pour une option bien plus personnelle. Pas de séjour chez des peuples amérindiens ou de rencontre impromptue avec des mercenaires, mais ce que tu vas leur raconter est tout aussi marquant pour toi. « Vous savez quand on est gamin, on fait toujours ces cadeaux artisanaux à l'école pour la fête des mères. Des colliers de perles, des sculptures en pâte à sel, bref, ce genre de conneries. Une fois je suis rentré à la maison avec l'un de ces trucs, et je l'ai offert à ma mère. J'étais super fier, on avait tous passé des heures et des heures à tout confectionner. Elle avait l'air contente. Enfin, je pensais qu'elle l'était. Cette nuit là je me suis levé pour aller chercher de quoi boire parce que j'avais soif, et en jetant ma brique dans la poubelle, j'ai vu mon cadeau. Là au milieu des déchets. Comme si ça n'avait aucune importance. Putain, j'en ai chialé pendant une semaine. Mais je lui ai jamais dit que je savais. » Ni à qui que ce soit d'autres, trop apeuré de ce que cela dirait de toi ou de ta relation avec elle. Une souffrance que tu confies à ces presque inconnus aujourd'hui, parce que maintenant t'as l'impression que ça n'a plus la moindre importance. Les signes ont toujours été là, c'est toi qui a été incapable de les voir. « Les années suivantes je les foutais directement à la poubelle. Et ça n'a fait aucune différence. » Tu vas vraiment finir par la péter cette ambiance.

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Jinny était texane, et donc comme tout texan qui se respecte – selon son avis évidemment universel – Jinny aimait bien écouter les gens raconter des histoires. En particulier quand c’était les leurs, et là, qu’importe s’ils en profitaient pour embellir un peu le tableau ou non. La narration, l’art oratoire, ça se cultivait sérieusement dans sa partie du pays, où le bouche-à-oreille est passé de nécessité de survie à art de vivre. Un véritable savoir-faire poli au fil des soirées barbecue, des feux de camp, et des bars à bikers. Alors, Jinny s’installa confortablement sur sa chaise, les yeux fixés sur le mystérieux Jeffrey Colt, pour découvrir ce qu’il avait à leur révéler… et son sourire se mua très vite en expression de parfaite stupeur. « Nooooon ? » Death-fucking-stroke ? Le même Deathstroke dont le simple nom suffisait à allumer une lueur inquiétante dans les yeux de la totalité des membres de la Young Justice arrivés dans l’équipe avant elle ? Le Deathstroke qui avait, apparemment, froidement assassiné les Teen Titans ? Holy shit. Comme si un instinct bizarre s’était faufilé dans son esprit, elle frissonna, presque comme si elle avait senti quelqu’un l’observer. Urgh. Ca y est, voilà qu’elle virait paranoïaque. Allons, Jinny. Un peu de sérieux.

« Vous devez être une des seules personnes au monde à avoir rencontré Deathstroke et survécu assez longtemps pour raconter l’histoire. » commenta-t-elle avec une grimace qui exprimait tout le bien qu’elle pensait du personnage. « La prochaine fois, dites à votre assistant de m’embaucher, moi. Je coûte moins cher et je suis un poil moins siphonnée du bocal. » plaisanta-t-elle en ricanant – sur le fait de l’embaucher, pas que Deathstroke était siphonné du bocal. Pas tout à fait le genre de type qu’elle espérait croiser prochainement, en tout cas. Sauf pour lui mettre une patate dans la figure, mais elle n’était pas sûre d’en sortir en vie, donc, elle s’abstiendrait pour le moment. Puis ses yeux se reportèrent sur Cain, s’attendant presque à l’entende raconter comment Bane lui avait sauvé la vie une fois, tant qu’à faire. Sauf que pas du tout. Son histoire à lui était beaucoup moins épique, et beaucoup plus triste. Et pendant un instant, Jinny la surprit, cette tristesse refoulée qui vibrait jusque dans ses os malgré le ton détaché qu’il s’échinait à employer. A d’autres, avait-elle presque envie de lui dire, sans savoir si elle devait maudire cette empathie exclusive qui ne laissait aucune zone d’ombre entre eux. Okay. Elle avait cru comprendre, entre les lignes, lors de leur dernière rencontre, que les Turnbull n’étaient pas vraiment un modèle d’épanouissement familial. Mais cette petite anecdote d’enfance consolidait encore un peu plus le tableau pas très glorieux qu’il lui avait dépeint – et jetait une nouvelle lumière, peut-être, sur les raisons d’être d’un jeune homme qui restait un mystère complet… mais peut-être un tout petit moins, aujourd’hui.

« Et ben… » souffla-t-elle en repoussant son chapeau de son pouce. « Je sais pas si ça peut te consoler, mais on faisait le même genre de truc à l’école primaire de Dripping Springs. Ma mère a gardé mon cadeau, mais pour se payer ma tête quand j’ai grandi, parce que mon chien en pâte à sel ressemblait vachement plus à une vache. Elle m’a jamais lâchée avec ça. » Même les voisins avaient droit au show quand ils venaient dîner – enfin, les rares voisins qui venaient dîner, quoi, genre le vieux Fletcher. Bon d’accord, la mère de Jinny plaisantait et martyrisait affectueusement sa fille, contrairement à celle de Cain, visiblement, mais, elle espérait quand même que sa petite anecdote allègerait un peu l’atmosphère sans paraître insensible. Même si se soucier de heurter la sensibilité de quelqu’un qui avait voulu sa mort pouvait peut-être paraître être une drôle d’idée. Shut up, Jason. Chassant ces penses de son esprit, elle se tourna à nouveau vers Jeffrey Colt. « Jeff… » Parce que oui, ça y est, après un cocktail, on en était aux familiarités. « Vous restez le plus mystérieux de nous trois, mine de rien. Cain et moi on se connaît un peu en dehors de ce rendez-vous, mais vous ? Une énigme. Un point d’interrogation géant. » déclara-t-elle, très dramatique, avant de siroter quelques gorgées de son cocktail en ayant l’air de méditer. « C’est bien beau les secrets, mais maintenant, c’est l’heure de voir quel genre de type vous êtes vraiment. Alors je propose que vous choisissiez ce qu’on fait ensuite. Imaginez Muriel, si ça vous aide. Qu’est-ce que vous l’auriez emmenée faire, si elle avait pu se libérer aujourd’hui ? » Parce qu'en rendez-vous galant (ha ha ha), il n'y avait pas que les paroles, qui comptaient. Il y avait aussi les actes.

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Il était toujours bon de voir que, quelque soit la perception que les gens en avait, un simple nom pouvait provoquer des réactions, Non pas qu'il s'en gargarise comme le dernier des idiots, mais même Cain qui n'avait rien à voir, d'autre que sa relation quelle qu'elle soit avec Jinny, avec le monde des supers savait ce que voulait dire son nom. Il joua cependant le jeu, acquiesçant vivement à leurs informations, même si Jinny exagérait sans doute ses défauts, normal si elle à sa disposition qu'un dossier. Il avait été qualifié de beaucoup de choses au fil des années, mais n'ayant jamais été vraiment examiné par un professionnel, les diagnostiques le concernant étaient souvent erronées, mais il ne s'en plaignait pas, cela ne faisait que renforcer l'effet de sa présence, dans son métier il valait mieux être craint. Il eut même un sourire en coin quand Jinny le qualifia de siphonné du bocal, dieu savait ce qu'on avait put lui raconter. La voir faire sa pub avait quelque chose d'adorable, cela rappelait que contrairement à ses amis de la Young Justice, elle n'hésitait jamais à un peu se salir les mains, elle était la digne descendante de Jonah Hex après tout.

L'histoire de Cain était d'une tristesse rare, il devait reconnaître qu'il n'avait jamais été un père exemplaire, mais si ils avaient vite disparus, les traditionnels cadeau de fête des pères faits mains de ses enfants étaient tous stockés précieusement, il ne l'admettrait pas bien évidement, et encore moins aux principaux concernés. Il comprenait le besoin d'endurcir ses enfants, mais ce qu'avait fait cette femme était simplement cruel, il en plaindrait presque le jeune homme, mais il n'avait pas si mal tourné au final de ce qu'il en voyait. Cela explique ceci dit l'épisode avec la professeure, le jeune Cain comme beaucoup de personnes gère ses soucis à sa façon, Slade ne sera sans doute pas homme à le juger pour si peu, tous le monde à ses défauts, tous le monde à ses blessures. Jinny parvint à détendre un peu l'atmosphère avec son histoire, il se souvenait de l'œuvre de la jeune fille qui trônait avec fierté dans le domicile familial, les rares personnes qui fréquentait madame Hex avait entendu cette histoire en présence de la principale concernée.

-Aucun parent ne devrait faire ça à son enfant Cain, j'espère que vous pourrez faire la paix avec elle.

Il entrechoqua son verre contre celui du jeune homme, il le pensait réellement, les parents ont besoin de leurs enfants aussi, qu'ils le réalise ou non, ils s'en rendent souvent compte trop tard. Comme lui avec Grant. Jinny en profita pour l'apostropher à nouveau, visiblement curieuse d'en savoir plus au sujet de Jeff. Trop de mystère semblait desservir sa couverture, même si il avait maintenu un beau score jusqu'à maintenant. Mais se sentir ainsi épié le mettait un peu mal à l'aise, ça et le petit regard avant leur départ à cheval, c'était plus que suspect.

-Je suis de la vieille école Jinny, j'aurait sans doute organisé une soirée délicieuse dans un grand restaurant, j'ai quelques amis chefs, pourquoi pas Paris? J'y ais fait mes études et c'est une ville chargée d'histoire. Je connaît également un chef à Tokyo qui peu préparer du Fugu, si Muriel aime le risque, elle aurait été servie. C'est sans doute le plat le plus mortel du monde.

La cuisine de cet animal était après tout réservée à des professionnels agréés, à des gens qui suivaient un entraînement rigoureux, et chaque année des gens mourraient ou frôlaient la mort.

-Ils en font des sashimis, des tranches si fines qu'on peut voir à travers, c'est spécial, mais intéressant, surtout préparé devant vous. Et vous deux alors? C'est quoi votre idée d'un rendez-vous galant? Ils veulent quoi les jeunes?

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C'est libérateur de mettre des mots sur un mal que tu cherchais pourtant à étouffer depuis des années. Jusqu'à il y a encore quelque temps, tu leur trouvais des excuses, tu pensais être le problème et l'origine même de cette absence d'affection entre vous. C'est vrai ce qu'on dit, frappez un gosse et il finira par s'imaginer qu'il est le seul responsable de son sort. Combien de temps t'es resté ainsi, à essayer de les impressionner pour obtenir ce que tu n'auras jamais ? Bordel, y a fallu que tu sois sur le point de tuer une innocente pour que l'électrochoc te remette les idées en place. Ce duel avec Jinny a été décisif, t'aurais pu basculer d'un côté comme de l'autre. Du pire, en allant jusqu'au bout de tes intentions initiales et en te transformant en horrible meurtrier, ou du meilleur, en refusant cette fois-ci de suivre les ordres. Et puisque vous vous retrouvez aujourd'hui à la même table, dans une ambiance presque normale au vu des circonstances, tu sais avoir pris la bonne décision. T'es resté fidèle à toi-même avant de l'être à ta famille, et si c'était à refaire, cette fois, tu n'hésiterais plus une seule seconde à lui avouer toute la vérité. « Et où est-ce qu'on peut la voir, cette vache ? » Quoi ? Elle peut pas te parler de ça sans envisager de te montrer un jour son œuvre. Mais tu la remercies silencieusement d'avoir mis rapidement fin à cette atmosphère pesante avec son anecdote. Même si t'as joué le jeu en confessant quelque chose que tu n'avais auparavant jamais avoué, ton but n'était pas d'altérer votre petite légèreté installée. Et tu l'aimes bien, cette légèreté, t'as même presque l'impression que tout est devenu naturel. Ou presque.

C'est au tour de Jeff de réagir, et sa réaction est étonnamment prévenante. Quelques mots bienveillants, deux verres qui s'entrechoquent, que demander de plus ? De quoi te confirmer que tu as fait le bon choix en faisant tomber une partie de la carapace devant ces gens là. « A ce stade, je pense que c'est surtout une émancipation dont j'ai besoin. » Malheureusement, tu crains que les pots ne soient cassés en trop petits morceaux pour avoir un jour une chance d'être réparés. Et le plus difficile va sans doute être de l'accepter. Toi qui a horreur de l'échec. Mais bref, ton histoire est terminée et les spotlights sont maintenant tournés en direction de Jeff. Elle a raison la cowgirl, si tu commences à bien la connaître – enfin, en surface essentiellement – en revanche vous ignorez encore beaucoup de choses du troisième larron. Et t'es plus que jamais curieux d'en apprendre un peu plus sur le personnage. « Paris ou Tokyo ? Ah ouais, elle aurait été chanceuse Muriel. » Tu notes son goût pour les voyages, qui pourrait d'ailleurs se rapprocher du tien si tu prenais le temps de réellement visiter les pays où tes affaires t'amènent. Un jour, peut-être. « Et pourquoi nous on a pas ce privilège ? » Enfin, si on peut appeler prendre le risque de mourir intoxiqué au poisson un privilège. En tout cas, toi l'idée te plait bien. Et sa conception du rendez-vous idéal est plutôt intéressante. Loin de la banalité souvent de mise de nos jours.

Par contre, quand la question vous est retournée, tu grimaces légèrement. T'es pas franchement du genre à organiser des rendez-vous galants, et encore moins à être romantique. « Je sais pas trop. » Est-ce que cette première partie de réponse trahie déjà tes lacunes en la matière ? T'as pas envie d'ouvertement leur dire que pour toi l'idéal c'est de simplement manger un morceau, de passer une nuit sympa, et de se quitter au petit matin. Des rencontres très éphémères qui te conviennent, mais qui pourraient d'autant plus détériorer ton image aux yeux de tes deux camarades. Ils viennent déjà d'apprendre que t'as couché avec l'une de tes profs, inutile d'en remettre une couche. Alors cette fois, d'un haussement d'épaules, t'essayes d'être un peu plus explicite. « J'aimerais bien aller dans un endroit qui me tient à cœur. Ou qui lui tient à cœur. Qu'importe où, tant que ça représente quelque chose de particulier. Et puis, je sais pas, tout improviser de a à z, voir où le vent nous mène, et se laisser aller aux envies du moment. » Est-ce que le mot bohème est le mot juste pour qualifier ta conception personnelle ? Peut-être. En toute sincérité, c'est la première fois que tu prends le temps de te poser cette question, puisque jamais auparavant tu n'as eu l'envie d'aller aussi loin avec une fille. « Bon, et après toutes ces discussions profondes et intimes, ça vous dirait d'aller piquer une tête ? On est à la plage, ce serait dommage de ne pas en profiter. » Si tout le monde est d'accord, bien entendu. Mais en ce qui te concerne tu t'es assez prélassé en terrasse, t'as maintenant très envie de goûter un peu à l'eau fraiche de Californie.

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Et comme ça, en un clin d’œil, ils passaient à autre chose, comme si chaque sujet de conversation n’avait à vocation qu’à être une feuille d’arbre portée par le courant. C’était ça, aussi, les rendez-vous, songeait-elle en sirotant son cocktail, son regard allant de Cain à Jeff, qui se prêtaient tous les deux admirablement au jeu, au vu des circonstances. Probablement que rien de tout ça n’irait jamais nulle part, outre un moment sympathique à trois, et ça n’était pas plus mal, aux yeux de la cowgirl un peu bohême qui avait une tendance marquée à vivre dans l’instant présent. Jinny sourit en imagnant cette brave Muriel et Jeffrey attablés à Paris, ou à Tokyo à se régaler de poisson mortel. Elle hocha la tête pour faire écho aux propos de Cain. « Elle aurait adoré, je le sais. Elle aime vivre dangereusement, Muriel. » renchérit-elle – et c’est vrai que ça ne lui aurait pas déplu, à elle non plus, comme perspective, elle qui n’avait jamais mis le pied en dehors du pays à part pour se retrouver catapultée sur une Terre parallèle complètement détruite. Au moins était-ce là la confirmation que Jeffrey était un homme de goût qui ne lésinait pas sur les moyens, quand il s’agissait de plaire. « Gardez l’idée pour un prochain vrai rendez-vous. Votre prochaine conquête ne pourra pas résister. »

Et sur ces sages paroles d’experte en la matière (pas du tout), Jinny tourna son attention vers Cain et sa version d’un rendez-vous idéal – avec l’impression nette et inexplicable que le sujet le mettait un poil mal à l’aise. Et si elle commençait à cerner le personnage comme elle le suspectait, elle avait une vague idée du pourquoi, qui faillit lui arracher un sourire. Mais il s’en tira plutôt bien, le tombeur de ces dames, et Jinny eut même un haussement de sourcils surpris et approbateur. Tant et si bien que quand les regards se reportèrent sur elle, elle n’eut rien d’autre à faire que d’écarter les mains en déclarant : « A peu près pareil. Avec une préférence pour l’extérieur et le grand air, mais tant qu’on s’amuse, je suis pas difficile. » L’improvisation, toujours l’improvisation. Qu’y avait-il de plus appréciable que de construire un moment mémorable à deux, sans contraintes ni limites autre que l’imagination des deux concernés ? Enfin, comme si elle était une experte, de toute manière. Et en parlant d’improvisation, Cain venait d’en proposer une belle, et Jinny hocha vigoureusement la tête. « Je ne repartirai pas d’ici sans baignade. Allons-y ! »

Avec enthousiasme, Jinny se débarrassa de son t-shirt et de son short pour ne garder que son maillot de bain et ses milliers de tâches de rousseur, et, flanquée de ses deux cavaliers, elle s’élança d’un bon pas vers la mer, ses pieds s’enfonçant délicieusement dans le sable brûlant. « Vous savez, Jeff, j’arrive vraiment pas à me débarrasser de cette impression qu’on s’est déjà croisés quelque part. C’est idiot, hein ? » Surtout qu’elle était sûre et certaine de n’avoir jamais croisé le moindre Colt dans sa vie, elle s’en serait souvenu, tout de même. « Vous devez ressembler à un acteur, un truc du genre. » conclut-elle, complètement à côté de la plaque. Et puis, ils arrivèrent à hauteur de l’eau, et Jinny, ravie, sauta aussitôt à pieds joints aussi loin que possible, dans un splash retentissant qui la laissa entrer dans l’eau jusqu’aux cuisses, et… et elle s’immobilisa aussitôt, prise d’un frisson incontrôlable. « Holy hell c’est froid ! » s’exclama-t-elle, sincèrement surprise. Parce que dans la liste des aveux qu’elle n’avait pas encore fait, il y avait celui-ci : elle n’avait jamais mis les pieds à la mer avant son départ de Dripping Springs à vingt-et-un ans, et les occasions d’y aller avaient été rares depuis. Alors naturellement, l’eau de Californie, jeune naïve qu’elle était, elle avait cru qu’elle serait chaude et agréable. Pas glacée, bon sang. Quelle arnaque. Un frisson désagréable remonta le long de sa colonne vertébrale, mais, refusant de perdre la face face aux deux autres, elle croisa les bras l’air de rien. « Allez-y d’abord, moi je vais… y aller progressivement. C’est bon pour la circulation, tout ça. » Excuses, excuses, excuses. Parce qu’affronter des monstres et des aliens, dans l’univers de Jinny Hex, c’était plus facile que de se baigner dans une eau de mer un peu fraîche.

AVENGEDINCHAINS

The wild horde

-Les désavantages de ne pas préparer soi-même l'excursion monsieur Turnbull, rien de plus.

Il n'hésita pas à rire de bon cœur à leurs réactions quand à sa vision du rendez-vous idéal, après tout, si il volait l'identité d'un homme, cela ne voulait pas dire que lui-même n'aurait pas fait de même. Bien sûr le poisson à déguster n'aurait eut qu'un effet mineur sur sa personne en cas de mauvaise préparation, mais il devait reconnaître qu'outre la chaire étonnamment savoureuse du poisson, le risque ajouté donnait une saveur particulière au plat. On pourrait penser qu'un mercenaire et vétéran du Vietnam doté de ses capacités ne serait pas le moins du monde impressionné, et pourtant c'était une expérience qu'il recommandait vivement. Malheureusement pour Jinny, les rendez-vous et toutes ces choses étaient bien plus réservées aux jeunes gens qu'aux vieux dans son genre, un exercice difficile que seuls ceux qui n'avaient pas encore connus un milliards de façons de décevoir et d'être déçu ne pouvaient pas vraiment envisager. Il se garda bien par contre de leur faire un laïus de vieillard sur le fait que le manque de préparation, l'improvisation et toutes ces choses qu'ils semblaient apprécier n'étaient pas éternels, qu'ils trouveraient sécurité et réconfort un jour dans la routine et la prévisibilité. Après tout n'avaient-ils pas raison de vouloir profiter de ce que leur jeunesse avait à leur offrir? L'inconnu avait aussi quelque chose d'attrayant, toujours.

La proposition d'une baignade n'était pas pour lui déplaire, mais si il y avait bien une chose qu'il redoutait, c'était de se faire griller après ça, on ne pouvait pas dire que son corps correspondait à ce qu'on pouvait attendre d'un cinquantenaire. Des muscles taillés par une discipline d'entraînement redoutable, une peau relativement épargnée des ravages du temps, il ne restait plus qu'à espérer qu'ils ne se posent pas trop de questions ces deux là. Du genre que celle que Jinny venait de lui balancer, non pas qu'il aurait le moindre mal à se débarrasser d'eux deux si ils lui posaient le moindre soucis, mais si le cas de Cain l'intéressait peu, il n'était pas vraiment prêt à une confrontation avec celle qu'il considérait presque comme sa fille biologique. Non pas qu'ils aient été si proche que ça à un quelconque moment, après tout ce n'était pas Slade Wilson, mais Angus Fletcher qu'elle avait cotôyé. Malgré cela il avait toujours eut une grande sympathie pour elle. Si il tiqua avant de répondre, ce ne fut clairement pas de la voir en maillot de bain, ce genre de choses ne l'atteignait plus depuis longtemps, peu être un peu trop car lui-même avait peu de pudeur physique, quelque chose que sa fille Rose lui avait plus d'une fois reproché. Il retira sans mal son t-shirt et son pantalon pour se retrouver en maillot de bain, son port ayant été conseillé dans les instructions du rendez-vous. Peu étonnant, les lieux ne manquaient pas de charme.

-Je fréquente surtout les galas de charité et les immeubles de bureaux, mais vous m'aurez peut-être vu à la télé, je n'aime pas les caméras, mais on ne peut pas toujours les éviter. L'eau derrière la nuque, ça aide à faire passer la température.

Il fit la démonstration du geste tout en se sentant fier de sa réponse. Il était sensé être un homme riche après tout, Jinny devrait se contenter de ça pour l'instant, il préférait garder son jeu bien caché pour le moment, le froid sembla en tout cas la préoccuper bien plus qu'une potentielle identité frauduleuse, Slade qui avait pataugé dans pire ne ralenti pas son avancée, gagnant vite le niveau ou l'eau lui arrivait au cou avant de partir pour quelques brasses, sa seule précaution fut de camoufler son tatouage de l'armée en se positionnant de manière à ce qu'il reste camouflé, l'encre ornant l'intérieur de son bras aurait put soulever de bien pénibles questions, si il avait sut, il serait venu bien plus préparé, mais là tout de suite, il devait se contenter de faire au mieux avec ce qu'il avait. Mieux valait qu'il joue le profil bas pour le moment, il laissa donc les deux jeunes entre eux en leur faisant un signe amical de la main, s'éloignant de quelques brasses puissantes avant de faire mine de faire la planche, ses oreilles bien attentives à ce qui pourrait se dire entre ces deux là. Malgré la distance, ses sens surdéveloppés par le sérum du supersoldat lui laisserait entendre tout ce qu'ils pourraient se dire, il n'aimait pas cette impression diffuse de suspicion et préférait voir de quoi il en retournait avant de prendre une décision.

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel

Ton idée de baignade acceptée, tu t'élances à ton tour vers l'océan qui vous tend les bras. Délaissant tes vêtements pour ne te retrouver qu'en boxer, tu espères que ta blessure passera inaperçue. Enfin, surtout, qu'il ne posera aucune question, car pour la discrétion, le bandage qui la recouvre n'est pas franchement de la plus grande discrétion. Mais tant pis, t'as aucune envie de te prendre la tête, d'humeur soudainement joyeuse, sans doute parce que ta relation avec Jinny ne semble pas si détériorée que tu l'aurais imaginé. T'as eu peur quand t'as vu que c'était elle ton rendez-vous, mais après un verre et de longues discussions sympathiques, tu réalises que vous venez de passer le cap le plus difficile. Pas de hurlements, pas de malaise, vous retrouvez doucement mais sûrement ce que vous aviez avant que tu ne commettre la pire erreur de ta vie. Bien sûr, tu ne te fais pas non plus de faux espoirs, mais ça ne t'empêche pas d'avoir envie d'y croire. Et en parlant d'elle, est-ce que t'as le droit de regarder ou est-ce que ce serait inapproprié ? Non, ne regarde pas. Oups, trop tard. Sympa. Raclement de gorge, et maintenant c'est sur Jeff que tu portes ton attention. Merde. Beaucoup moins sympa. Ce type a presque le double de ton âge et il a plus d'abdos que toi. La honte. T'attends que l'homme s'éloigne avant de partager ton désarroi avec Jinny : « Ce mec est mieux foutu que moi. » Non pas que tu aies à rougir de quoi que ce soit, mais quand même, il sort tout de droit d'un magazine de mode, comment c'est possible ? Soit il vous cache des choses, soit il fait vraiment très attention à lui.

Oh, elle a raison, l'eau est froide. Mais c'est pas le moment de se dégonfler. Contrairement à Jinny, tu avances sans trop de difficulté, malgré les quelques frissons qui recouvrent ta peau. Ça ira une fois que tu seras complètement dedans, c'est ce qu'ils disent tous. Et s'il y en a bien un en revanche que ça ne dérange pas du tout, c'est Jeff, qui déjà, s'éloigne de vous en quelques brasses. « Je sais pas s'il nous apprécie beaucoup... » C'est vrai, c'est la deuxième fois qu'il vous laisse en plan. Non pas que ça te dérange maintenant qu'il n'y plus aucune gêne entre elle et toi, mais quand même, ça va finir par devenir vexant. « Bon, tu fais quoi la chochotte ? » Amusé, tu te retournes pour jeter un œil à l'avancée de la cowgirl. Qui n'a pas bougé d'un poil. Et bah, tu parles d'une héroïne intrépide, rebutée par l'eau californienne. Et comme t'es qu'un sale petit con avec toujours de mauvaises idées derrière la tête, tu fais demi-tour pour retourner auprès d'elle. Elle sait ce que tu vas faire, hein ? Facile de le deviner avec ce sourire facétieux et ce regard pétillant, ceux d'un homme sur le point de faire une bêtise. Hop, trop tard. Avant qu'elle ne prenne la fuite tu la fais basculer dans tes bras, direction exactement là où elle n'osait pas s'aventurer. T'avances à grandes enjambées, conscient que tu ne pourras pas la contenir bien longtemps, et doucement, vous vous enfoncez dans l'eau, ne lui laissant pas d'autres choix que de venir avec toi. « C'est la meilleure solution. C'est comme arracher un pansement, faut le faire d'un coup. » Mort de rire, tu ne regrettes pas une seule seconde ta décision malgré ses vives protestations. Ou presque...

Avec cette légèreté retrouvée, tu en oublies qu'elle aussi n'est pas sortie indemne de votre duel. Alors aussitôt, prenant conscience que t'as peut-être été trop brusque dans ta démarche, tu la relâches de ton étreinte de jeune insolent. « Pardon, je t'ai pas fait mal ? » Animé d'une soudaine panique, tu viens machinalement poser doucement ta main sur sa blessure. Exactement là où il y a quelques semaines tu avais effleuré de tes doigts, tout aussi inquiet quant au mal qu'elle pourrait éprouver par ta faute. C'est innocent ce que tu fais, mais c'est sans doute inapproprié. De l'eau jusqu'au torse, tu sais que tu devrais la retirer. Mais tu ne le fais pas. Parce que t'as tendance à toujours faire exactement ce que tu ne devrais pas. « Pardon. » Oui, encore. Mais cette fois pour avoir du mal à renoncer à ce nouveau contact qui ranime vivement le lien. Est-ce qu'elle aussi, quelque part, ça lui a manqué cette sensation de complétude ?

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De l’eau derrière la nuque, de l’eau derrière la nuque – ça lui avait tout l’air d’être une belle arnaque, à elle, cette histoire d’eau derrière la nuque, quand même, songea-t-elle en observant Jeff et ses abdos s’enfoncer dans l’eau avec l’aisance d’un dauphin surentraîné. Les mains sur les hanches et les yeux fixés là où l’homme d’affaires avait disparu, elle répondit à la remarque de Cain d’un ‘hmm’ songeur. « On est des gens très appréciables, pourtant. » rétorqua-t-elle – au fond un peu étonnée elle aussi de la rapidité à laquelle Jeff s’était éloigné. Mais peut-être que c’était juste la différence d’âge qui s’exprimait. C’est vrai qu’un homme de son âge avait peut-être mieux à faire de ses après-midi que de traîner avec des trentenaires – et plus jeunes encore. En attendant, la chochotte était ravie de rester exactement là où elle était, et quand elle s’aperçut du regard que lui jetait Cain, elle compris, instantanément, vers quelle catastrophe elle fonçait tête la première. Même pas besoin de lien télépathique. « Nonononononon… » débita-t-elle très vite en reculant aussi vite qu’elle le put, c’est-à-dire pas assez, dans ce sable qui s’enfonçait sous ses pas. « Naaaaaaaaan ! » Ah oui, elle était glorieuse, la cowgirl de la Young Justice, à glapir comme un chiot malheureux, et à s’agripper à son bourreau pour repousser l’échéance du contact avec l’eau glacée tout en battant des jambes pour se libérer de son emprise.

Elle sentit l’attitude de Cain changer avant de voir son visage, et sans comprendre quand, comme ni pourquoi, se retrouva à nouveau libre – dans l’eau froide évidemment. « De quoi ? » demanda-t-elle en cherchant son regard, un peu surprise de ce revirement soudain, à mille lieues d’imaginer ce qui lui avait traversé le crâne ; jusqu’à sentir sa main sur son flanc. Et dans sa tête, résonna à nouveau ce coup de feu fatidique. Et dans sa tête résonnèrent, aussi, les percussions de la pluie sur les toits de la Nouvelle-Orléans. « … non, ça va. Je ne sens plus rien. » Semi-mensonge ou semi-vérité ? Sa cicatrice resterait sans doute apparente pour de longs mois, voire des années, peut-être en resterait-il toujours une trace, mais la douleur, elle, avait disparu depuis un moment. Tout ce qu’il restait, maintenant, c’était la même sensation impossible qu’à chaque fois. Deux pièces d’un même puzzle qui se retrouvent, et tant pis s’ils n’étaient pas d’accord.

Et ça s’éternisait, ce moment, et ça, ça rallumait toutes les alarmes dans son esprit, et elle n’était de toute façon pas prête à avoir la moindre discussion alors que Jeff était dans les parages ; alors, elle céda à la première impulsion gamine et revancharde qui lui traversa l’esprit, et bondit sur Cain en jaillissant de l’eau pour lui enfoncer les épaules et la tête sous l’eau. Des éclats de rire pour remplacer le bruit des balles, et une vengeance immédiate et bien méritée, voilà l’augure cette après-midi. Et elle bataillait encore avec Cain quand elle crut discerner, dans l’eau, une forme mouvante. Alors elle sortit la tête de l’eau, du sel plein les yeux et le nez, en se demandant si c’était Jeff qui s’était rapproché – mais non, il n’était pas du tout là où elle avait cru voir un truc bouger, il était même plusieurs mètres plus loin. « C’était quoi, ça ? » demanda-t-elle, à bout de souffle, sitôt que Cain ressortit la tête de l’eau. « T’as pas vu ? Il y a quelque chose qui bougeait dans l’eau. Jeff ? Vous avez vu ça ? » Elle n’avait pas rêvé, si ? « Y a des requins, en Californie ? » Ben oui, il fallait bien que quelqu’un pose les questions importantes. Jinny plissa les yeux, scrutant les vagues étincelantes… et faillit bondir hors de l’eau lorsqu’une forme sombre et bien distincte passa juste sous la surface de l’eau. « Là ! » De l’eau froide, des trucs bizarres dedans – finalement, c’était super surcoté, les vacances en bord de mer.

Spoiler:

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Rien de bien intéressant si ce n'était un étrange inconfort de Cain sur le plan physique, des questions, mais peu de conclusions, pour l'instant ça allait, mais l'héritier Turnbull semblait bien plus méfiant, même si cela s'effaçait vite pour des facéties dont Slade avait depuis longtemps dépassé l'âge. Mais les deux tourtereaux ne semblait pas se débrouiller si mal sans lui et leur petit jeu lui tira même un sourire amusé, il avait été aussi inconscient qu'eux fut un temps, mais cette inconscience avait servi son pays. Cet océan Pacifique il le connaît bien et la Californie est son pays natal, il as été formé ici et envoyé de l'autre côté de cette étendue bleue tuer des gens au nom des USA. Plus tard il irait y verser le sang aussi pour sa fille, tout ce temps, tout ce chemin parcouru. Ces deux là auraient l'occasion de tracer leur route, ensemble ou pas, mais lui combien de temps avait-il réellement? Il n'aimait pas être laissé à ses réflexions, il trouvait la paix dans l'action, dans le mouvement. Les bruits des deux jeunes commençaient à devenir un bruit de fond pendant qu'il se plongeait dans ses pensées, c'est la panique dans la voix de Jinny qui réactiva instantanément ses sens et ses réflexes. Il n'avait rien vu au début, mais une fois les yeux sur la surface de l'eau, il vit l'étrange forme, la Californie était moins connue que la Floride qui concentrait l'essentiel des attaques de requin, mais avec la nuit approchant et la présence inconnue à ses yeux jusqu'alors d'un certains nombres de petit poissons, ils n'avaient pas forcément fait le meilleur choix.

Son entraînement de plongeur de combat, prit le dessus et il plongeât la tête sous l'eau, l'eau salée était un supplice pour les yeux, mais c'était une petite douleur comparée à celle de se faire grignoter les jambes par des rangées de dents aiguisées. Il vit un banc de poisson à une dizaine de mètres des deux jeunes, le requin semblait avoir les yeux dessus, pupille grande ouverte montrant l'excitation du repas à venir, sans être énorme, la bestiole atteignait sans forcer le mètre cinquante, un requin-renard. Il vit l'animal se figer dans l'eau, semblant remarquer Slade ainsi que les deux baigneurs, le mercenaire ressortit la tête au dessus de la surface et avisa les deux jeunes avec un sourire amusé. C'était un spectacle rare, ce genre de requin préférant rester loin du bord de mer, celui-là devait s'être perdu, comme ça arrivait parfois.

-Requin-Renard, habituellement inoffensif, il semble avoir les yeux sur un petit banc.

Il leur indiqua avec son index la direction des poissons.

-Ils sont inoffensifs pour les nageurs, mais je vous conseille de reculer, vous ne voudriez pas être les premiers à vous faire attaquer.

Il s'apprêta à replonger pour observer le spectacle avant de se raviser, ça allait soulever des questions si il y retournait non? Il balaya ça devant la perspective de pouvoir faire l'observation d'une de ces créatures en action, son sourire devint presque malicieux et il observa les deux jeunes, on allait voir si ils avaient l'estomac accroché.

-Après, si vous voulez en voir un en action, c'est le moment, il devrait partir juste après son repas. Il n'a pas eut l'air d'apprécier notre présence.

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel

Vous qui maitrisiez plutôt bien cette danse à la Nouvelle-Orléans, voilà que maintenant tu ne sais plus bien sur quel pied danser. Vous revenez de tellement loin que ce bref moment d'intimité te paraît surréaliste. Après les docks, après le motel, comment parvenez-vous encore à rire et à laisser ce silence particulier s'installer entre vous ? Tu ne t'en plains pas, loin de là, mais tu dois quand même admettre que cette proximité t'incite à garder espoir, et l'espoir peut être tranchant. Oui, toi qui a encore quelques semaines envisageais sérieusement de l'abattre, attends maintenant une seconde chance, l'occasion d'arracher la page pleine de ratures pour en écrire une nouvelle. Avec quelques indications dans la marge pour ne pas commettre les mêmes erreurs. Elle dit qu'elle ne ressent plus rien, Jinny, mais il semble y avoir deux dimensions aux plaies que vous vous êtes infligées. Celle que tu peux sentir sous tes doigts, peau abîmée qui n'a plus rien de lisse, et celle que tu ressens vibrer dans le plus profond de ton être, et bien plus douloureuse que la première. Une plaie ça cicatrise, mais une trahison ? Est-ce normal que Jeff ne puisse sentir aucune animosité entre vous ? Est-ce normal de vous comporter comme deux adolescents alors que vous avez été à deux doigts de vous entretuer ? Sans doute pas, mais quelle importance. Et le jeu continue, des enfantillages qui t'arrachent plusieurs éclats rires, tentant de résister à ses impulsions tout en contre-attaquant rapidement. Une confrontation bien plus agréable que la précédente qui dure plusieurs minutes, chacun voulant évidemment prendre le dessus – sans gagnant qui se démarque, c'est qu'elle est costaud la cowgirl.

Et comme si tout ceci n'était déjà pas assez déroutant, voilà qu'elle semble remarquer une forme dans l'eau. « Quoi ? » Pause. Tu relâches ton emprise pour te retourner et chercher du regard ce qu'elle pense avoir vu s'approcher de vous. Un requin ? Pourquoi tout de suite imaginer le pire. Effectivement, il y a bel et bien des requins en Californie, mais de quand date la dernière attaque mortelle recensée dans le coin ? Ce serait quand même pas de bol que ça tombe sur vous. « T'es vraiment pas faite pour l'océan, Jinny Hex. » Dis-tu, juste avant de sursauter en voyant à nouveau la forme se mouvoir pas loin de vous. Okay, c'est quoi ce truc ? Mystère rapidement résolu par Jeff, qui véritablement courageux, n'aura pas hésité une seule seconde à plonger pour mettre un nom sur votre nouveau compagnon, au péril du danger. Et remonté à la surface, tu ne manques pas de lui faire remarquer. « Vous êtes décidément plein de ressources, Jeff. » Une remarque à la fois désinvolte et lourde de sous-entendus. C'est presque si t'arrives à l'imaginer se battre à mains nues avec ce requin. Si vous avez fait de votre mieux pour jouer la carte de la sincérité aujourd'hui, lui, semble prendre soin de garder ses secrets bien cachés. Un comportement qui n'a rien d’inquiétant en soit, mais qui pourtant, n'a de cesse de faire sonner l'alarme de ton intuition. Curieux, tu acceptes cependant d'assister un peu au spectacle du prédateur en pleine chasse. De quoi finir en beauté cette petite baignade.

Dernières émotions fortes avant de sortir de l'eau et prendre le temps de sécher. La journée va s'achever ici, et tu dois bien avouer que tu ne regrettes ni ton inscription ni ton choix. Tes craintes des débuts en voyant Jinny se sont finalement rapidement dissipées et ont laissé place à une réelle entente et une ambiance bon enfant. Exactement ce dont tu avais besoin après ces dernières semaines particulièrement difficiles. Vous avez appris à un peu mieux vous connaître, et si tu ne doutes pas une seule seconde que ta route croisera à nouveau celle de la texane, tu crains que pour Jeff ce soit là une rencontre éphémère. Ce qui ne la rend pas moins intéressante, bien au contraire. Sur le départ, habillé malgré les vêtements qui collent encore à ta peau, tu serres la main de l'homme qui t'aura à la fois intrigué et fasciné. « J'ai été ravi de vous connaître, Jeff. Sait-on jamais ce que l'avenir nous réserve. » Quant à Jinny, tu restes troublé, sans savoir quoi lui dire. Au revoir ? A bientôt ? Alors plutôt que de faire une connerie, tu t'en tiens au strict minimum. « A une prochaine fois, Jinny. » Tu l'espères, en tout cas. Un dernier sourire à tes deux partenaires, puis tu prends la route qui te mènera à ton hôtel de ce soir. Elle a ton numéro, pas vrai ? Donc si l'envie lui prend de te revoir, elle saura exactement quoi faire. Et tu sais déjà que tu répondras présent.

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