The sea as a way of bringing people together. ft Y'Mera Xebella Challa

Je regardais droit devant, alors que les lumières de la cité m'éblouissaient. Peut-être n'étais-je pas un fervent partisan d'Atlantis, mais je ne pouvais pas nier la splendeur de celle-ci. Parfois, je me laissai charmer par l'idée d'y vivre de façon permanente, d'en faire mon refuge, mon royaume, mais cette idée me quittait bien assez vite, plus souvent qu'à mon tour ramené à la réalité par les chants de guerre du monde de la surface. Après tout, je ne pouvais pas me plaindre, cette vie, je l'avais choisie et pas l'inverse. Mera aurait pu être ma solution, mais le temps faisant mal les choses, à cet époque, je ne me voyais ni sur le trône, ni à ses côtés. Ayant grandi dans un phare, je ne pouvais pas me faire à l'idée de vivre dans un palais et pourtant, la résidence royale était le prochain arrêt sur ma route. J'avançai vers mon objectif, laissant les murmures des citoyens annoncer mon retour. Comme là-haut, les nouvelles allaient vite, car bien que déconnectés du monde des humains depuis plusieurs centaines d'années, les Atlantes n'étaient pas indifférents à la notion du bouche à oreille, facilitant ainsi la transmission d'information jugée importante.

Cet instant, je savais qu'il allait arriver. Un jour ou l'autre, j'allais devoir être confronté à tout ce que j'avais fui depuis si longtemps. Que ce soit la reine, à qui j'avais promis une vie d'amour, de sérénité, de confiance, mais surtout une alliance ou encore à ce royaume qui me nommait par un titre que je n'avais pas réellement honorer depuis son obtention. Une appellation qui me faisait bien plus penser à une obligation. Destiné à combattre le crime au sein de la ligue des justiciers, je m'aurais mal vu laisser cette mention à un despote assoiffé de pouvoir et de sang comme le précédent roi. Orm ne voulait rien savoir de la paix. Cette phrase était vraie avant, tout comme elle l'est maintenant. Il aurait été un meilleur roi pour ce peuple, certes, mais à quel prix, par contre. C'était d'ailleurs l'importance de ce prix qui m'avait poussée à gagner Atlantis lors de nos premiers affrontements. À prendre l'idéal d'un homme qui avait dévoué sa vie à celui-ci. Sa passion avait ses raisons, mais ses moyens n'étaient en rien la solution.

C'est vêtu de l'armure de mon ancêtre que je passais les gardes sans aucune difficulté, ceux-ci inclinant même une partie de leur corps en guise d'accueil, murmurant des civilités royales à mon égard. En voilà bien d'autres choses auxquelles je n'avais pas trouvé habitude, et ce, malgré les années et les nombreux moments passés sous l'eau. Je nageai en craignant ce qui allait arriver. Maintes fois, j'avais eu la chance de partager sa présence en ces lieux, mais notre dernière rencontre n'avait pas forcément laissé planer que du positif. Était-ce à cause des circonstances? Je ne crois pas non. Coast City était à ce moment délabrée, détruite et à sang et pourtant, je n'avais pu m'empêcher de lui offrir un sourire. Un rictus bête qui n'avait pas sa place dans les décombres d'une ville perdue. Oui, j'étais content de la savoir saine et sauve. Oui, j'espérais avoir finalement une chance de lui amener des explications, mais en vain. Les mots n'avaient pas trouvé le seuil de mes lèvres, restant plutôt cloîtrés au fond de mon être, comme un trésor reste caché au fond des océans. Elle représentait tellement désormais, tellement qu'elle ne pouvait pas le savoir. Je préférais lui laisser croire que notre vielle entente était encore ce qui m'allait le mieux, c'était moins difficile ainsi. Du moins, je me laissai berner par cette idée de facilité, étant bien conscient qu'à mes yeux ce pacte était révolu. Sa présence à mes côtés, au palais comme à l'arène, c'était bien tout ce que je voulais, mais également tout ce que je m'empêchais.

Je sentis les battements de mon coeur s'accélérer, lorsque mes yeux se posèrent sur elle. Véritable reine de ce royaume, sa beauté faisait entièrement justice à la cité qu'elle gouvernait. Il y avait tant de chose à dire, mais je me trouvais là, subjuguer par sa prestance. Si je n'avais rien d'un roi, alors elle, elle avait tout d'une reine. Je m'approchai tranquillement, laissant mon corps se faire guider par le faible courant qui habitait cette forteresse, plongeant mon regard dans le sien. « Ma reine. » Évidemment, je n'avais pu trouver mieux comme salutation. Digne de son titre et comme toujours très formel. Après tout, l'heure n'était pas à l'amour, mais bien au règlement de compte. Trop longtemps, je m'étais permis d’errer, laissant l'énorme fardeau qu'était la gérance d'Atlantis sur les épaules de Mera. Puis ce fut ensuite mon tour lorsqu'elle fut guidée vers d'autres mers. Une occasion que j'avais accueillie pendant un moment, mais une fois de plus j'avais trouvé le moyen de délaisser mon rôle, préférant m'adonner à la protection des habitants de la surface. « Te revoir dans ces meilleures circonstances m'offre réconfort. Ton bien-être m'importait grandement. Je suis heureux de te savoir de retour sur le trône. » Jadis, elle était partie sans dire un mot, m'accordant ainsi un vague aperçu de ce que je lui avais fait quelques années auparavant. Je ne pouvais pas parler pour elle, mais pour moi, si. Son départ avait laissé un vide, autant dans ma vie que dans ce fief sous-marin. Un manque si fort, qui confirmait un sentiment encore plus puissant. Un sentiment que je décidai de noyer tout bonnement dans les profondeurs de ma personne, étant persuadé qu'il en était mieux ainsi.

Elle était là, derrière les grandes portes de la salle du trône. Mera. Celle qui m'avait jadis amené jusqu'ici, dans l'espoir d'un futur meilleur. À cette époque, nous n'avions même pas pensé à la suite des choses. Elle était venue jusqu'à moi et m'avait fait comprendre qu'il fallait agir, chose qui arriva. Nous avions pris de longues heures pour établir les grandes lignes de cette stratégie, suite à la victoire sur Orm. Une tactique qui aurait pu être temporaire, qui aurait dû l'être du moins. Atlantis avait besoin d'un souverain, d'une personne pour guider et c'était de cette idéologie que notre mariage était né. Une union qui allait nous suivre et nous forcer à jouer une partie dont nous n'étions en rien les rois et reines des règles. Nous avions sauté ensemble à pieds joints dans cette aventure qui nous mena vers ce point de non-retour. Un peuple prêt à foncer à l'unisson dans l'adversité, mais vouant également une rancœur envers son ô grand dirigeant. Mes allées et venues ne plaisaient pas et à vrai dire, je pouvais comprendre pourquoi. Selon les histoires que mon père me racontait alors que je n'étais encore qu'un gamin, le grand Arthur Pendragon ne reculait devant rien pour servir ses sujets. Vu et considéré comme un roi digne et fort, celui-ci semblait bien plus au service de sa nation que l'inverse, une impression qui ne m'avait pourtant jamais trouvée encore.

C'est habité d'une fébrilité qui ne m'avait jamais animé auparavant que je posai une main tremblante contre le portail. Ce moment, je me l'étais joué à plusieurs reprises dans ma tête. Une rencontre qui m'aurait tant demandé il y a de cela plusieurs années, mais que je ne pouvais m'empêcher d'anticiper dernièrement. C'est que ma vision avait changée, tout comme mes envies.

Je pris une bonne respiration avant de pousser un bon coup dans l'énorme porte. En un instant, les regards des nombreuses personnes présents dans la pièce se tournèrent dans ma direction. Des élans de joie se firent entendre, alors que Mera s'avança rapidement vers moi. Son corps, je pouvais le sentir près et je ne pouvais pas cacher mon enthousiasme. J'offris une salutation modeste et rapide aux sujets qui nous entouraient avant d'enlacer la femme dans mes bras, portant mes lèvres contre les siennes. Cette sensation, je l'avais attendue, tout comme j'avais attendu sa présence. L'espace d'un moment, j'avais tout ce que je voulais. La paix entre les habitants de la surface et Atlantis, le royaume et par-dessus toute la reine, ma reine. « Mon roi, vous êtes donc revenu. » La voix du sujet m'extirpa de ce moment, un moment que j'aurais tellement chéri, mais qui allait malgré tout resté enfoui au fond de mon être. Mes yeux vacillaient entre l'Atlante qui m'avait ramené à la réalité et ma main qui était resté posée sur la porte. Un petit secouement de la tête me replacai doucement les idées, tandis que j'offris une réponse simple à l'homme, n'attendent plus une seule seconde avant d'appliquer finalement une force suffisante pour séparer les deux portes de l'entrée de la salle.  

Le ton venait de monter dans la pièce avant que je ne pousse dans les portes. C'était visible par le malaise qui y régnait. Les regards des sujets présents se posèrent sur moi, alors que je franchis à moitié la distance qui me séparait de la reine. Une légère révérence de ma part, suivit de quelques mots gratifiants pour celle qui me faisait face. Mes paroles étaient tendres et attentionnées, les siens tranchants et remplis de sous-entendus. Après, pouvais-je réellement lui en vouloir ? Je l'avais laissée prendre une place sur un trône, disparaissant comme un simple coup de vent. Le royaume, c'était à nous de le diriger, de le faire grandir, de le faire prospérer et pourtant elle avait été la seule à réellement porter une attention particulière à celui-ci. Elle n'attendit pas ma réponse avant de franchir la distance qui existait encore entre nous. Ce petit jeu de proximité, ce n'était pas la première fois qu'on le jouait. Que ce soit devant le peuple ou encore sous les yeux du conseil. Je pouvais sentir son odeur alors que mes yeux tendaient tant bien que mal de ne pas se perdre dans l'océan que représentait son regard. Je ne pouvais dire si c'était en raison de ses origines Xebeliennes ou si c'était simplement pour la rendre encore plus unique, mais je ne pouvais me rappeler des iris aussi bleutés que les siens.

Un bras autour de ses hanches, je pris une bonne respiration avant de passer une main délicate dans sa chevelure de feu, laissant cette dernière approcher ses lèvres de ma joue. Son moment d'affection laissa place à un bref contact que j'aurais prolongé, mais l'altesse avait une autre idée en tête. Évidemment que nous avions à parler après ces longs mois passés loin l'un de l'autre. Je reculai légèrement la tête, retrouvant le contact visuel avec celle-ci. Un faible sourire avait pris place sur mon visage. Je savais ce qui allait suivre. Elle était partie alors que j'étais ici, mais à son retour, j'avais pris à nouveau la poudre d'escampette, retournant protéger les habitants de la surface. Je me laissai mener par l'eau, reculant doucement en créant une distance non désirée, prenant subitement la parole. « Loyaux sujets, je vous demanderais de nous offrir quelques instants. » Je pris une respiration en passant près de mon alliée, dirigeant ma personne vers le siège qui m'était revenu de droit. « Mon roi, vous savez que le conseil est enclin à prendre part...» Ma main s'éleva avant même que Cetea termine sa phrase. Le conseil était toujours là, toujours prêt à laisser entendre son opinion, mais en ce moment, nous n'en avions pas besoin. Mera avait mis cartes sur table lorsqu'elle avait utilisé ses sous-entendus. « Révérante Cetea, le conseil sera invité à revenir dans la salle du trône lorsque cette discussion personnelle entre la reine et le roi sera terminée. » Le peuple, tout comme le conseil s'attendaient à des changements et je ne pouvais mentir que mes nombreuses absences commençaient tranquillement à me donner l'impression que mon autorité était remise en question plus souvent qu'avant que je ne parte la dernière fois.

La pièce finalement vide de gens, je portai une nouvelle fois mon attention sur la femme de Xebel. Si je n'osais pas utiliser les mots que je voulais tant lui dire, je ne pouvais cacher le désir qui m'habitait dans les regards que je lui portais. Je laissai mes yeux suivre les formes naturelles de la femme avant de me secouer la tête. « Tu devrais savoir que les chemins menant à Atlantis je les connais bien. Peut-être offres-tu davantage de ton temps à la royauté, mais ça ne veux pas dire que j'en oublie mes devoirs. » Je me relevai aussitôt du trône qui m'avait accueilli le temps que les Atlantes partent, puis je me dirigeai à sa rencontre. « La place sur ce trône n'est pas tout ce qui définit le sens du devoir d'un roi. Savais-tu non seulement que Corum Rath se cachait dans les bases cours du royaume ? » Elle en avait sûrement aucune idée, mais il n'en restait pas moins qu'il était une nuisance pour Atlantis. Une nuisance dont je m'étais chargé, loin des yeux du peuple et de la reine. « Le même Corum Rath qui a mené la dernière attaque sur la surface.  » Je passai dans son dos avant de revenir face au siège royal. « Tu sais, j'entends les propos du peuple. La plupart ne semblent pas satisfaits avec la royauté présente, certains demandent même d'énormes changements. Nous devons regagner ce peuple Mera. Ensemble. » Je fis volte-face avant de croiser les bras devant ma poitrine. « Mais ce n'est pas en rabaissant le roi que ça l'arrivera. » J'avais mes torts, mais la pointe qu'elle m'avait envoyée plus tôt, devant le conseil, n'était en rien nécessaire ou utile à notre cause.

La voir et ne pas pouvoir la tenir fermement contre moi, voilà un défi qui malgré l'insignifiance de la chose se révélait bien plus difficile qu'un simple combat contre un envahisseur quelconque. Ces sentiments, ils étaient lourds à porter, mais en parler ne semblait pas une solution à laquelle je pouvais me résoudre. Mera était là pour Atlantis, pour le peuple, le trône, mais le serait-elle encore si la vérité venait à passer le seuil de mes lèvres. Le serait-elle pour moi ? Mon incertitude était entre autre causée par le fait que nos moments ensemble nous les avions passés à s'offrir de meilleures connaissances des deux mondes, à développer une complicité suffisamment forte pour berner la haute cour du royaume, mais rien ne voulait réellement dire que tout comme moi, elle s'était laissée prendre au jeu. Avait-elle tranquillement appris à se faire à ma présence ? A apprécier mon regard, mes lèvres, mon sourire, au même niveau que j'avais réussi à le faire ? Rêvait-elle tout comme moi d'un règne commun, d'une union d'amour ? Tant de questions, mais surtout tant de craintes.

Nos regards qui laissaient tantôt la fausse impression d'un amour sans égal, étaient désormais remplis d'une amertume sans pareille. Nous avions tous les deux des choses à dire et tous les deux des messages à passer. La gaieté qui m'avait guidée jusqu'au palais, elle n'était plus présente. Cette rencontre je l'avais espérée depuis tellement de temps, mais son ton condescendant jumelé à ses remarques m'avaient rapidement désenchanté. Elle avait ses raisons, tout comme j'avais les miennes. Les espoirs que je m'étais permis de fonder après mon exclusion du continent d'en-haut s'étaient tranquillement transformées en un mal que je n'arrivais pas à faire taire. Elle me reprochait mes nombreuses absences, sur ça elle ne faisait pas de cachette, tandis qu'ironiquement, moi je lui reprochais son unique départ. Les explications qu'elle avait fournies était plus que suffisantes, mais par moment le cœur refuse d'accepter ce que la tête réussit. Avant son exode, j'avais voulu lui souffler à l'oreille les émotions que je ressentais, comme une promesse que je serai présent sur le trône lors de son retour, mais en vain. Qui sait désormais ce que ses mots auraient pu changer. Mera aurait quand même pris le large, mais aurais-je trouvé la force de revenir en ces lieux pour attendre son retour, comme mon père retournait au bout de son quai attendant celui de ma mère ? Étais-je le seul a blâmer dans cette histoire ? Cette idée me dessinait comme le fautif, alors qu'elle n'avait pas plus fait son bout de chemin lorsqu'elle était revenue. Lui offrir une partie du blâme de la sorte me permettait de me sentir mieux avec moi-même. De ne pas m'accuser aussi comme elle le fait.

Tant de pensées que je finis par laisser de côté, alors qu'à mon tour, je pris la parole, répliquant aux propos qu'elle avait faits plus tôt. Mes mots, ils étaient pensés. Maladroitement amenés, mais définitivement pensés. Ses reproches magnifiquement déguisés aux yeux de ceux qui nous avaient quittés me rappelèrent à quel point je ne passais pas de temps dans cette salle. Sur ça, Mera avait raison, mais il n'en restait pas moins que je veillais sur Atlantis, peut-être pas adéquatement ou comme un roi devrait le faire, mais le bien-être de la cité, je l'avais désormais à cœur. Ses dires, elle ne pouvait pas les croire, sinon à quoi bon s'être impliquée dans l'attaque contre Brainiac. Je gardai la tête haute, alors qu'elle continua sa tirade, séparant finalement la distance qui s'était imposée entre nous. Je laissai libre cours à ses idées, préférant attendre qu'elle termine pour renchérir ou simplement abdiquer. Me taire et aller dans mon coin n'était cependant pas dans mes plans. Un air neutre avait conquis mon visage, alors que la grande reine continuait de faire valoir son point de vue. Pour Mera, les solutions, tout comme les problèmes d'ailleurs, n'étaient pas multiples. Les problèmes, mes trop longues absences et la perte de la fidélité du peuple, la solution être tout simplement plus présent. Réduire l'intervalle entre mes visites, me montrer davantage comme le souverain d'Atlantis et moins comme le héro connu sous le nom d'Aquaman, comme j'avais dû faire lorsqu'on m'avait retiré le droit de choisir.

« En serais-tu donc rendue à te soucier de mes aléas ? Si ma présence sur ce trône est ce que le peuple demande réellement alors pourquoi ne pas m'en avoir fait part dans les débris de Coast City ? Pourquoi ne pas m'avoir informé de ton retour de Xebel ? » La confrontation était bel et bien débutée. Face à face, yeux dans les yeux, c'était désormais le jeu du premier qui détournait légèrement le regard, celui qui s'avouerait comme le premier à prendre un blâme sans même le témoigner. Un très bref instant passa avant qu'un rictus prenne place sur la partie inférieure de mon visage. Mon sourire n'en était pas un de joie, mais plutôt un d'agacement. Librement elle pointait mes fautes, mais n'avait-elle pas prononcé le solennel " oui je le veux " en connaissance de cause ? La couronne, le trône, le titre, je n'en voulais pas, contrairement à elle. Mera le savait, nous avions prévu les choses de sorte à ce qu'elle soit reine et moi héro. Cette vie à la surface, ce monde que je sauvais aux côtés des autres membres de la ligue, voilà ce que je voulais à l'époque, ce que je voulais encore, malgré une envie de prendre davantage de place à ses côtés. « Maintenant tu demandes ma présence, tu pointes le fait que je n'écoute pas le peuple, que je le laisse se déchirer de l'intérieur, mais au final, rien n'a changé Mera. Tu vivais bien mes absences avant le président Luthor, avant cette année, pourrais-tu réellement me dire ce qui te force à changer de discours désormais ? Jamais n'a-t-il été question de l'égard du peuple avant, pourquoi maintenant ? » La tension qui c'était installée ne laissait rien présager de bon. Mera avait ce qu'elle voulait, et ce, depuis un bon moment, désormais elle changeait son trident d'épaule, utilisant les habitants d'Atlantis comme un argument. « Je t'ai déjà dis que je n'étais pas un roi et tu ne semblais pas t'en soucier à l'époque. Est-ce réellement le peuple qui perd confiance en son roi ou tout simplement toi ? » Une confiance qui avait toujours été fragile, mais qui pourtant n'avait jamais posé de réel problème par le passé.

L'ambiance dans la salle du trône était lourde et étouffante. Les blessures qui avaient mené à cette confrontation ne dataient certainement pas d'hier et ce fait semblait rendre le tout d'autant plus dramatique. Elle avait ses raisons, tout comme j'avais les miennes, mais au final, c'était une marrée qui séparait nos idéologies, nos façons de voir les choses. Autant d'un côté que de l'autre les arguments ne semblaient jamais assez forts pour faire basculer, ne serait-ce qu'un peu, l'opinion adverse. Mera se tenait là, avec son regard braqué sur moi, ses iris m'attaquant avec une fureur qui m'avait rarement été donné de voir. Sa colère, je la comprenais, mais je n'allais pas lui offrir le luxe de le lui dire. Elle avait mis cartes sur table à la seconde où j'avais fait mon entrée dans la grande salle, maintenant, il était temps de jouer à mains ouvertes. La reine voulait régler les problèmes sur-le-champs et elle ne semblait pas vouloir entendre raison. Atlantis était peut-être une  plus grande priorité à ses yeux, mais la survie de cette planète n'était-elle pas plus importante en bout de ligne ? En sauvant les peuples de la surface, ne comprenait-elle pas que je faisais la même chose avec le peuple d'Atlantis? « Atlantis si, Atlantis ça. Tout doit-il toujours revenir à Atlantis? Ne te méprends pas, je ne dis pas que le peuple ici-bas n'a aucune importance, loin de là, mais il n'en reste pas moins qu'Atlantis fait partie de la planète Terre. La chute de cette dernière mènerait directement à la chute du royaume. » Ce point, elle semblait trop souvent l'oublier ou alors elle ne s'en souciait juste pas. Cette discussion ne menait nulle part. Il est dur de faire changer l'avis d'une personne qui est persuadée d'avoir raison. Ça, je l'avais appris à force de côtoyer des êtres comme Bruce. Lorsqu'il avait une idée en tête, il ne l'avait pas ailleurs, un peu comme celle qui me mitraillait du regard.

Ses mots, je les écoutais. Elle parlait pour tous ceux que nous considérions comme nos sujets et même si elle ne le croyait pas quand je le disais, ça m'importait. Le peuple d'Atlantis ne croyait pas que cette place me revenait ? Pouvais-je réellement dire qu'ils avaient tort ? Je ne m'étais jamais peint comme un roi. À l'époque, l'important c'était de sauver Atlantis des griffes d'Orm. Son regard détourné, j'entrepris de décortiquer chacun des mots qu'elle venait de prononcer. Sa remarque venait de me faire descendre de mes grands chevaux. Je profitai du mouvement de sa tête pour incliner doucement le regard, enfonçant une nouvelle fois ce que je ressentais réellement pour la reine au plus profond de mon être. Il ne lui avait fallu que quelques mots pour me faire flancher. Elle doutait de moi, c'était désormais évident et je n'en étais pas réellement surpris. J'allais devoir vivre avec. je n'avais pas poussé pour m'assurer de l'inverse après tout. Mais l'entendre me dire qu'elle pensait peut-être s'être trompée ? C'était douloureux. L'une de mes pensées fut directement dirigée vers mon frère. Pensait-elle réellement qu'il aurait fait mieux ? Pour son peuple, sans aucun doute, mais pour le bien de planète ? Pour le bien de tous les êtres vivants ? C'était une toute autre question, j'en étais convaincu. Je n'avais eu le temps de prendre la parole pour approfondir ce point qu'elle imposa un changement de sujet, le regard bien moins furieux qu'auparavant. C'était peut-être là une bonne occasion pour moi de me taire, de ne pas chercher plus loin, d'enterrer la guerre qui animait la salle du trône depuis plusieurs minutes. Je reportai mon regard sur la reine avant qu'un de mes sourcils s'élève doucement à la  mention du départ de plusieurs Atlantes. Une moindre interrogation de ma part à ce sujet m'aurait directement renvoyé à la case départ.  Je décidai de m'abstenir. Après tout, je ne pouvais pas me prononcer sur la question, moi qui n'étais pas vraiment présent à Atlantis, moi qui n'avais pas su remarquer le mouvement en place. Pourquoi partaient-ils non seulement ? Ma présence et ma gouverne, avaient-elles réellement un lien avec cette histoire ? Le peuple d'Atlantis n'avait rien de différent de ceux de la surface. Oui, les Atlantes quittent et s'indignent de mon absence, mais la situation aurait-elle réellement été différente si j'avais été présent ? Soyons honnête, un peuple, peu importe duquel il s'agit, préfèrera toujours pointer le négatif, plutôt que s'attarder au positif. Si j'avais été sur le trône, il est fort possible que ces Atlantes auraient tout de même déserté. Pour des raisons différentes, oui, mais le résultat aurait été le même. Ça, j'en étais sûr.

La tension qui régnait semblait vouloir disparaître peu à peu, alors que nos regards s’arrêtèrent une fois de plus l'un dans l'autre. Il y avait tant que je voulais lui dire, mais les mots me manquaient, tout comme la force d'ailleurs. Mes yeux s’accrochèrent à la lueur que je pouvais apercevoir dans les siens. Voulait-elle tout comme moi laisser ça derrière nous pour le moment ? Voulait-elle savourer un petit moment de répis dans cet affrontement que nous avions entamé à l'emporte-pièce ? De mon côté, il y avait des vagues sur lesquelles je ne préférais pas surfer et celle-ci en était une. Sa dernière phrase, elle m'avait faite mal, pareil comme une dague en plein estomac. Elle m'avait prise de court. D'un geste impulsif, je portai une main vers son bras, désirant lui offrir un soutien sincère. « Tu n'as pas été naïve de le croire. Atlantis à ses charmes et je n'y suis pas indifférent, crois moi. C'est justement là l'une des raisons qui me poussent à m'investir autant à la surface. Pour garder ses merveilles des menaces qui planent là-haut. C'est ironique, certes, mais cela demeure la vérité. Peut-être que ce n'est pas suffisant pour le peuple d'Atlantis ou même pour toi, mais protéger la surface revient également à protéger Atlantis. » J'inclinai le regard à mon tour, incapable de soutenir le sien. Encore, c'était encore du même argument dont je me servais, un argument que je me tuais à croire  valable et défendable. « Jour après jour, j'attendais ton retour... Mais jamais ce n'eut été par envie pressante de retourner là-haut. Je t'attendais, et c'est tout. Mais les mois ont passé et tu ne revenais pas. Puis, il y a eu Brainiac. Je ne pouvais pas rester assis sur mon trône pendant que la Terre souffrait. Je devais me lever, je devais faire front commun avec mes alliés pour m'assurer qu'il n'atteigne pas le royaume marin. La lutte a été plus longue que prévue et les pertes plus coûteuses. Je n'ai pas d'excuse pour avoir quitté mon trône sans jamais y être revenu, si ce n'est que de l'avoir fait pour assurer la survie de tous » Je relâchai à contre-coeur la faible emprise que j'avais sur son bras avant de reprendre une position plus distante, plus forte. « Je n'ai pas menti lorsque je t'ai dit que te revoir ici me réconfortait. Atlantis a besoin de sa reine, tout comme je crois en avoir grandement besoin aussi. » Je me rapprochai d'elle, maladroit. « J'ai entendu beaucoup à ton sujet là-haut... Ta bataille contre Brainiac n'a pas passé inaperçue, tu sais ? Je ne suis pas le seul qui croit que tu ferais un bel ajout à l'alliance de héros. Le peuple de la Terre t'a même rebaptisée, tu sais ? » Un petit sourire prit place sur mon visage alors que je me remémorai le surnom que les médias lui avaient donné. J'étouffai un petit rire sincère.« Ils t'appellent Aquawoman. »

Clairement, elle n'avait pas apprécié le sobriquet que les gens de la surface lui avait donné. Après tout, comment pouvais-je réellement la blâmer à ce sujet ? Elle fait une apparition ici et là, sauve quelques civils et directement la seule chose qui lui revient, c'est ce surnom. Moi-même, j'avais mis un temps à accepter le pseudonyme d'Aquaman. La situation avait changé, mais il m'arrivait bien de grincer encore des dents lorsqu'il venait jusqu'à mes oreilles. Il n'y avait rien d'honteux dans ce que je faisais, tout comme pour Mera d'ailleurs, mais il n'en restait pas moins que ces alias témoignaient parfaitememt du fait que monde  de la surface ne s'arrêtait qu'à ce qu'il voulait bien s'arrêter. Malgré toutes les belles choses à propos des habitants de cette planète, la réticence à s'ouvrir aux différences demeurait un poids lourd dans la balance. Être jugé, catégorisé et condamné, tel était le destin réservé aux gens comme elle... Comme moi. La race humaine avec beau avoir évolué, elle n'en restait pas moins encline aux préjugés, car l'inconnu conduit à la peur, à la crainte et pousse souvent cette espèce à franchir des limites pourtant bien établies par les sociétés modernes. Cette simple mais triste réalité me permettait de comprendre pourquoi elle éprouvait des difficultés à faire confiance aux gens de la surface. Il ne fallait pas être un génie pour se rendre compte des mille et un mauvais côtés de l'humanité et je devais accepter le fait qu'elle vivait pour son peuple, tout comme j'aurais si bien dû le faire depuis le temps. Je reprochais tant de choses aux habitants d'Atlantis,  à un peuple qui, comme plusieurs là-haut, n'avait jamais réellement eu son mot à dire dans les grandes décisions qui ont marqué son histoire.

L'ouragan s'éloignait petit à petit aors que nous avions fait le tour de la question. Mera voulait assurer la protection d'Atlantis et ce, coûte que coûte. Je l'avais compris, tout comme elle avait compris que je voulais faire pareil pour l'entièreté de cette planète. Glisser quelques mots ici et là n'ajoutait ni ne changeait rien au résultat si ce n'était qu'empirer davantage la rancœur à l'égard des idéaux de l'autre. Mes yeux s'éteignirent une fraction de seconde, me laissant le temps de faire le vide, de digérer tous ces mots qui avaient été dits, qu'ils soient ou non pensés. J'étais venu à Atlantis pour une raison, une très bonne raison. J'ouvris les fenêtres de mon âme pour poser un nouveau regard sur celle qui se tenait là, sur celle qui, malgré elle, m'avait conduit jusqu'ici, jusqu'au trône sur lequel je semblais ne pouvoir me résoudre à m'asseoir. Sa remarque me fit sourire bêtement, puis plus du tout. L'expression sur son visage m'avait fait comprendre que ce n'était pas une attaque, mais seulement un fait qu'elle pointait, aussi désagreable soit-il. Je n'étais pas présent pour elle ou même pour les citoyens d'Atlantis, comment pouvais-je oser lui proposer de nous rejoindre là-haut. À bien y penser, ma proposition était ridicule. Or cela ne changeait en rien le fait que je l'imaginais très bien sauver le monde aux côtés de Superman, Wonder Woman. À mes côtés aussi. À mes yeux, elle avait tout d'une héroïne.

Sans dire un mot, je chérissais ce petit moment de calme. Il y avait un bail que nous n'avions pas partagé un instant paisible comme celui-ci. L'espace entre nos corps s'était fait de plus en plus étroit, de seconde en seconde. Cette proximité, j'en avais rêvé tant de fois. J'inclinai doucement la tête à sa dernière réplique, ou plutôt question, replongeant aussitôt mes iris dans les siens. « Tu es la raison du pourquoi je suis ici. Peut-être ne suis-je pas le roi que je devrais être, mais comme je t'ai déjà dit, j'ai à cœur Atlantis et surtout, surtout, le bien-être de sa reine. Me crois-tu?» Un petit moment de silence prit place alors que le doré de mes yeux s'accentua au passage. Je levai lentement ma main avec hésitation . Nous ne partagions jamais cette intimité, il y avait bien des limites à notre mise en scène, mais pour moi, rien de tout cela n'était faux. Ce contact, je le désirais et j'avais peine à y résister. Je glissai mes doigts dans ses cheveux, fébrile qu'elle ne me repousse. Mais elle n'en fit rien. Au final, je dus moi-même m'arracher à cette étreinte par peur de m'avancer trop loin. « Tu es partie pour Xebel et je n'ai plus eu de nouvelle par la suite. » Du moins pas jusqu'à cet instant sur la plage de Coast City. « Je n'ai même pas eu la chance de savoir ce qui est arrivé là-bas... Ni comment tu allais. Et j'ai failli à venir te remercier pour le sauvetage. Pour avoir protéger la ville. » Je venais de prendre le blâme. Je n'avais jamais fait de réels efforts et nous le savions. Mes yeux ne quittèrent pas les siens, alors que je repris avec un ton un peu plus inquiet. « Peut-être ne sommes nous pas ce que nous prétendons, mais nous avons partagé suffisamment pour que je remarque la fatigue dans ton regard et le poids que tu portes sur tes épaules. » Je l'avais remarqué alors que nos chemins s'étaient longuement croisés dans les débris de Coast City. Je l'avais laissée à elle-même, fuyant de mes propres responsabilités, et même si j'aimais me faire croire que mes raisons étaient bonnes, je ne pouvais pas justifier tant d'absences par mon dévouement au sein de la ligue. « Tu disais que les gens d'Atlantis commencent à quitter la cité, du moins selon les rumeurs. Avons-nous une idée de la direction qu'ils prennent ? Penses-tu qu'il est réellement trop tard pour les rassembler à nouveau » Ce point, il m'avait marqué, bien que je l'avais laissé de côté un peu. Je comprenais l'importance de gérer les déserteurs, mais elle passait tout de même avant le reste. Avant tout.

Un seul moment qui avait passé bien près de me trahir. Une délicatesse dans un mouvement bien simple, mais qui était tant gros à nos yeux. Nous ne nous étions jamais permis ce genre de contact et pourtant voilà que je faisais comme si c'était notre quotidien. Mera avait possiblement des questions en tête présentement, pouvais-je réellement la blâmer ? Non. Pourquoi avais-je laissé ma main se perdre dans sa chevelure ? Pour moi, la réponse était simple, bien que dur a exprimé. Je la voulais mienne, j'espérais la chance de lui offrir plus de tendresse, plus de support, mais à chaque fois que je me disais que le moment était propice pour lui dire la vérité sur mes sentiments, une nouvelle menace frappait ou j'étais simplement atteint de cette crainte. Inconsciemment, je me forçais à souffrir. La solution simple aurait été de lui ouvrir mon cœur, de lui dire ce qui me ronge depuis tant de mois, mais peu importe ce qu'elle peu ressentir à mon égard, mes nombreuses absences m'ont fait comprendre que cette femme, autant, je la désirais, autant, je ne la méritais pas.

La situation n'avait rien de bonne, tout comme ma façon de faire. Je lui avais dit me soucier d'elle, je lui avais pointé la fatigue qui rongeait tranquillement ses traits et pourtant comme un imbécile, je venais de sauter sur un autre sujet, ramenant les propos qu'elle m'avait dit sur la table, comme si présentement, je ne savais pas ce que je voulais. Un geste de tendresse, des mots de réconforts, puis plus rien. Sans même dire un seul mot, je me maudis moi-même dans ma tête. Comment pouvais-je non seulement lui faire croire en ses vérités que j'avais dites si je traitais les problèmes comme de simples pages à tourner une fois la diction terminées ? Je fermai les yeux bêtement avant des ouvrir une nouvelle fois, voulant rattraper mes mauvais pas, mais il était trop tard. Son regard me le disait, elle n'avait pas eu besoin d'élevée la voix pour me le faire comprendre. Une nouvelle fois, je laissais mes yeux dorés se perdre dans ses iris, alors qu'elle prit la parole à son tour dans notre échange. Ses paroles étaient dures, mais justes. J'avais fait de bon premier pas, mais j'avais aussi tout lancé par-dessus bord en un rien de temps. Je sentais mon cœur se déchirer alors qu'elle exprima ce qu'elle pensait réellement de moi et de ce que j'avais dit. Mes paroles étaient véridiques, j'avais peut-être été maladroit dans ma façon de le faire sentir ou de le prouver, mais il n'en restait pas moins que je le pensais réellement. Je baissai le regard sous ses affirmations qui m’accusait partiellement à tort. Car si elle se trompait sur une bonne partie des choses qu'elle venait de dire, je ne pouvais pas lui enlever le fait que je n'avais pas su faire le sacrifice qui aurait pu créer cette relation que pourtant je disais tant désirer.

Les mots me manquaient après ses derniers dires. J'attendais cette nouvelle rencontre et cette confrontation, mais je n'avais pas pensé me faire remettre autant à ma place par ma reine. Et pourtant elle avait raison de le faire. J'entrouvris mes lèvres dans l'espoir de répondre à ce qu'elle venait d'affirmer, mais c'est sa main qui me ramena à l'ordre, m'indiquant aussi simplement qu'elle n'avait pas fini son monologue. Je me mordis l'intérieur des lèvres alors qu'elle reprit sur le même ordre d'idée. Peut-être que c'est ce qu'elle ressentait et ça, je ne pouvais pas lui enlever, mais je me souciais bien plus d'elle que ce qu'elle osait croire, tout comme je me souciais de cette cité. Je n'avais jamais été bon pour le prouver, mais ça ne changeait rien. Atlantis avait su me charmer avec le temps. Au début, je vouais une haine à cette cité et à son peuple, mais c'est celle qui était devant moi présentement qui m'avais ouvert les yeux, qui m'avais fait comprendre que tout comme à la surface, un peuple n'est pas définit par les agissements d'un tiers. J'inclinai légèrement le regard lorsqu'elle fit mention de notre complicité. Avions-nous non seulement une complicité ? Cette petite pensée m'arracha un soupir, alors que j'étais possiblement le seul a blâmer de cette conclusion désolante. J'avais failli à être présent pour Mera et pour Atlantis. Sa façon de penser, sa façon de me voir, c'était ma faute si elle les avait.

Les sacrifices dont elle faisait mention, elle avait accepté des faire, tout comme elle avait été celle qui était venue me chercher pour mettre fin au règne d'un tyran, d'un meurtrier. Pendant une seconde, j'aurais tout donner pour revenir à ce moment, pour revenir à cette première rencontre. Les choses, je les aurais fait différemment avoir sues et maintenant, je me peinais de croire qu'il était peut-être trop tard pour faire basculer la balance que j'avais largement débalancer au fil des années. Mes choix nous avaient conduits devant cette impasse. Nos décisions avaient fait de nous des complices, des alliées, un roi et une reine, mais mes décisions faisait de nous pratiquement des étrangers destiné à montrer un visage contrefait devant une civilisation entière, voir devant une planète entière. Notre instant véridique prit subitement fin lorsqu'il fut nécessaire de remettre nos masques une nouvelle fois, alors que la grande porte de la salle du trône s'ouvrit sous la force appliquée par l'un des membres du conseil. Je profitai du détournement de tête de Mera pour passer une main tremblante sur mon visage légèrement attristé par la puissance des vérités qui venait de m'être envoyé en plein visage. Un léger pivot me permit de faire face à l'homme, alors qu'il prit la parole en regardant celle qui était la légitime personne ressource, Mera. L'agissement de l'homme était normal, mais le poids de celui-ci était immense sur mes épaules. Présent ou pas, c'était donc vers Mera qu'il s'aurait tourné, rien de surprenant, surtout après ce qu'elle m'avait dit. Les remises en question des membres du conseil étaient donc vraies. Mes manquements m'avaient coûté le respect de mes sujets et de ma reine. Tant bien que mal, le conseiller tente de reprendre son erreur qui en n'est pas une, tournant banalement son regard vers le mien, m'offrant une phrase remplis d'incertitude. Paralysé par cette nouvelle situation, qui eut l'effet d'un marteau en pleine gueule, c'est Mera qui prit la parole en premier, pointant qu'il était rare de voir les trenchs aussi loin de leur habitat naturel. « Nous devons agir et vite. Il est hors de question que les Trenchs s'attaquent à la cité ou à ses citoyens. » Volontairement, j'ignorai la mention du bateau attaqué par les trenchs. Si je voulais prouver que j'étais dévoué à Atlantis, c'était le temps. L'homme fit marche arrière après le hochement de tête de Mera, celle-ci venait de lui donner un ordre et c'était la chose à faire. Il était entré dans la salle avec l'idée de prendre les commandes de la Reine, de celle qui avait toujours été présente pour le peuple. Je nageai dans la direction de la porte, tandis que l'homme ferma cette dernière. « Nous prenons action ici et nous assurons que la cité n'est pas affectée par cette attaque. Comme tu l'as dit, les Trenchs n'ont pas habitude de quitter leur repaire et de s'aventurer aussi loin. » Je fis face à Mera une nouvelle fois, tout en ouvrant la porte d'une main, tenant mon trident de l'autre. « Il est temps de montrer à ses créatures qu'ils ne faut pas s'en prendre à Atlantis et à ses citoyens. Pour ce qui est du bateau dit attaqué, je communiquerai avec un collègue de la ligue pour qu'il s'occupe de la sécurité là-haut. Il est temps que j'offre une chance à Atlantis, comme elle m'a offert une chance. »

Je n'entendais pas son avis ou son accord sur la situation. Nous devions agir et c'était peut-être ma chance de faire valoir mes dires. En ce moment, peut-être que mon choix semblait fais à cause de la discussion que nous avions eue, mais ce n'était pas le cas. Je voulais simplement faire ce qu'il devait être fait à l'heure actuelle. Rapidement, je me propulsai dans la sortie, avant de prendre direction vers la sortie de la cité, prenant position pour avoir un visuel sur la gravité des actes commisses. J'enfonçai mon émetteur dans mon oreille, avant d'activer le communicateur. « Aquaman à qui que ce soit. Atlantis est sous attaque présentement, tout comme un bateau dans l'océan Atlantique. J'ai besoin de support et rapidement pour le bateau, pendant que je m'occupe de la situation sous l'eau. Aquaman out. » La réponse rapide, me permit de mettre fin à la communication, me concentrant aussitôt sur l'attaque qui allait prendre place sous mes yeux, Je tournis la tête pour accueillir mon allié à mes côtés. « Les portes sont closes et le peuple semble sans danger, paniqué légèrement, mais sans danger. Un allié de la ligue s'occupe du bateau, à nous de faire le reste en bas. » J'offris un léger sourire à la rousse près de moi, avant de me propulser vers l'avant, ordonnant l'ouverture des portes pour finalement mettre fin à ses menaces du jour. À peine passer la grande porte, mon trident frappa contre la mâchoire d'une des créatures, poussant celle-ci contre d'autres trenchs.

Les trenchs, la preuve même que la disparition d'Atlantis n'a pas engendrée que des merveilles. Une espèce complètement réduite à la seule commande de leurs instincts primaires. Une race bien plus près des créatures marines que de l'humain et dire pourtant qu'ils étaient eux aussi des fiers habitants de cette grande cité avant sa chute. L'arrivée de ses monstres avait lancé Atlantis dans un état d'alerte. Les citoyens paniqués avaient rapidement trouvés refuge derrière les grandes murailles de la ville sous-marine, laissant tomber les activités auxquelles ils s'adonnaient. Mera avait bien cernée l'une des problématiques. Bien que dépourvus d'une grande intelligence, les trenchs n'étaient pas du genre à s'aventurer aussi loin de leurs terres, sauf si bien sûr quelque chose ou quelqu'un les attiraient dans le chemin. Aussitôt confronté à l'ennemi, je portai le premier coup. Ils étaient là, ils terrorisaient le peuple et menaçaient la cité, nul besoin de savoir réellement ce qui les avait conduits jusqu'ici pour l'instant. Non, pour le moment, l'important, c'était de repousser l'envahisseur, de leur montrer une fois de plus qu'ils ne devraient jamais se mesurer à la royauté d'Atlantis. Cette confrontation avec les trenchs n'était pas une première pour nous. Dès notre première rencontre, Mera et moi avions eu besoin d'unir nos forces pour vaincre ses créatures. Depuis des années, s'étaient écoulées et pourtant, je me rappelais encore de cette journée comme si c'était hier, la première fois où nos regards s'étaient croisés. Elle venait avec l'espoir d'y trouver la solution au problème qu'Orm représentait, d'y trouver un digne successeur à ma mère, mais bien vite elle s'était rendue compte qu'elle s'apprêtait à changer un mal pour un autre. Devant elle, ce n'était pas un roi qui s'était élevé, mais un ivrogne, assoiffé de vengeance qui sauvait bien qui il voulait et surtout quand il voulait.

Rapidement, elle prit place à mes côtés, m'offrant ainsi un bref aperçu de ce que ma vie à Atlantis pourrait être. Une vie à protéger ce qui était cher aux yeux d'Atlanna jumelés à des années aux côtés de celle qui secrètement m'avait tranquillement fait tomber en amour avec ce peuple, ce royaume, ses richesses et sa dirigeante. Tiré de mes pensées par le cri d'une créature, je ne perdis pas de temps pour attaquer, transperçant d'un bon coup la créature qui venait de se ruer dans ma direction. « Aucun doute que tu serais amplement capable de gérer la crise, mais Atlantis est notre royaume, donc hors de question que je quitte avant que sa défense soit assurée. » Je comprenais l'essentiel de son commentaire. Mera était là depuis des années, toujours prête a défendre les Atlantes, tandis que moi, c'était plutôt par mes absences que je brillais. L'idée n'était pas de me confronter ou de lancer une autre prise de bec, mais plus d'être certaine que mes intentions étaient nobles. Mon manque de présence et de dévouement envers Atlantis avait animé notre dernière discussion et maintenant, je me lançais tête, première face aux trenchs pour défendre le peuple et la cité, pouvais-je donc réellement lui en vouloir de douter ? Les déclarations que j'avais faites, je me devais désormais de les transformer en actes, prouvant ainsi ma bonne foie.

Mes coups étaient précis, mais lents et c'était facilement percevable, surtout lorsqu'on comparait mon efficacité à celle de la reine d'Atlantis. Du coin de l’œil, je tentais de voir si elle s'en tirait. Une bête sous-marine terrassée au bout de mon trident, je profitai de cette occasion pour faire basculer totalement mon attention vers la rousse. « Si quelques entraînements peuvent me donner ta fluidité et ta puissance lors de combat sous l'eau, alors je suis preneur. Qui sait comme tu dis. » Cette complicité, pouvait-elle réellement exister ou était-ce qu'un mirage ? Pendant une brève seconde, c'est la question que je me posai intérieurement. Elle voulait un roi plus présent et j'avais l'intention réelle de lui offrir, autant pour elle, que pour le peuple que nous étions en train de défendre. Tranquillement, je laissai mon corps être guidé par le courant, me rapprochant de mon allié sans même faire attention à ce qui pouvait représenter une menace. De plus en plus près d'elle, c'est son cri qui me ramena finalement à l'ordre. Avant même que j'aille la chance de frapper, l'arme de ma complice passa près de moi, terminant sa course directement dans la gueule d'un trench qui s'était un peu trop rapproché. Sans que je n'aille la chance de réagir, ce fut à son tour d'être victime d'une offensive. Si elle n'avait pas ratée de son côté, son assaillant avait fait de même, laissant sa marque sur la reine.« Mera! » L'expression sur mon visage alternait entre l'inquiétude et la frustration. Je n'avais pas réagi assez vite et c'est elle qui venait d'en payer le prix. De façon tardive, je me portai à sa défense, prenant comme première cible la créature qui venait de l'attaquer, puis ce fut ensuite le tour de celle qui tenait dans sa gueule le trident royal. Aussitôt la bête éloignée de ma complice, je rapprochai mes mains de sa plaie, levant la tête pour m'assurer qu'aucune autre créature n'oserait attaquer ou s'avancer trop près. Mon coup d’œil rapide sembla confirmer qu'il n'y avait plus de menace à l'horizon. Mon regard doré s'arrêta sur l'un des soldats qui se tenait non loin de nous. « Avisez Tula que je veux une ligne de front devant les murailles de la cité, ordre du Roi et assurez-vous également qu'aucun citoyen ne quittent l'enceinte de la cité. Les trenchs ont peut-être été repoussés pour le moment, mais rien ne dit qu'ils ne reviendront pas. » Le soldat hocha la tête. « Que dire pour la Reine ? » Je lui fis un signe rapide de la tête de partir vers la cité, tout en prenant soin d'approcher ma compagne de mon corps. « Je m'occupe de la Reine, elle sera en sécurité et puis je m'occuperais personnellement d'investiguer l'attaque que nous avons subie. »

« Tout ira bien ma Reine, je m'occupe de toi. » La reine accotée contre mon corps, son bras autour de mon cou, je lui offris un regard rapide, avant de foncer vers l'avant, partant dans le sens opposé à Atlantis. Elle m'avait protégée et c'était maintenant à mon tour de faire de même. Sans hésitation, je pris la direction d'Amnesty Bay, utilisant mon pouvoir télépathique pour commander aux poissons de créer un bouclier devant nous. Mon cœur battait la chamade et tout ce que je voulais, c'était l'amené en sécurité. Cet état d'esprit m'empêchait de rester concentré pour le moment. Je ne pouvais pas la protégé en la tenant contre moi si je devais me soucier également des possibles danger qui nous guettaient. En un rien de temps, je me propulsai en dehors de l'eau, me dirigeant d'un pas pressé vers la taverne qui semblait morte d'ambiance. Un coup de pied puissant fit ouvrir la porte, puis je balayais le comptoir d'un mouvement de bras, fracassant plusieurs bouteilles au passage, déposant finalement la femme sur la longue table de service avant de rassembler le matériel de secours qui pourrait m'être nécessaire. Pour la première fois depuis qu'elle avait subit le coup, mes yeux s'arrêtèrent sur la blessure qui encombrait la Reine d'Atlantis. Une grimace de douleur prit place sur mon visage, alors que j'étirai mon bras vers l'une des bouteilles qui n'avait pas été fracassée. « Je crois que tu auras besoin de ça, car la saloperie qui t'a fait ça a perdu une griffe dans son attaque. » Sans perdre une seconde de plus, je commençai à prendre soin de la plaie, avant de jeter un œil vers celle qui perdait toujours du sang. « Ça sera vite finie Mera, mais je te conseille de prendre une bonne gorgée avant la suite des choses. » J'attendis quelques secondes, puis j'introduis le bout de mes doigts dans la plaie pour finalement faire sortir le bout de griffe, pansant la plaie par la suite. « Tu sais cette situation me fait drôlement penser à l'histoire que mon père me racontait lorsque j'étais jeune. Celle de sa rencontre avec Atlanna. » Mes yeux dorés étaient fixés sur elle alors qu'elle reprenait tranquillement position sur le bar.