Actually, I'm not such a nice guy myself.
Assis sur un muret, Slade regardait les gars de sa section faire une partie de handball, alors que les autres spectateurs encourageaient avec hargne telle ou telle équipe, invectivant celle d'en face. Ils lui avaient bien proposés de jouer, mais il avait décliné l'offre, prétextant qu'il avait d'autres choses à faire. Ce qui en soit était vrai, puisqu'il écrivait un message à sa mère. Son premier message depuis qu'il était officiellement devenu un soldat. Il n'avait pas donné de nouvelles à ses parents depuis qu'il était entré dans l'armée, il y avait maintenant deux ans de ça. Si ces derniers avaient su ce qu'il comptait faire, jamais ils ne l'auraient laissé s'engager dans l'armée. Mais il ne se sentait clairement pas fait pour une vie normale, à vivre derrière un bureau et à se contenter d'un ô combien barbant métro, boulot, dodo. Il voulait faire quelque-chose de bien dans sa vie, et il ne voulait pas attendre pour le faire. C'était pour ça qu'il était parti de la maison sans prévenir ses parents et qu'il n'avait pas hésité à mentir sur son âge pour s'engager. La supercherie était passée comme une lettre à la poste, et il était devenu soldat à l'âge de seize ans.
Slade releva la tête quand il entendit des exclamation venir du terrain, et vit un de ses camarades par terre, le nez en sang. C'était des choses qui arrivaient quand on jouait au hand, et ses compagnons d'armes n'y allaient jamais de main-morte. Si on était pas capable de survivre à une partie avec les gars de son escouade, alors on était pas capable de survivre sur le champ de bataille. Parce que l'ennemi n'allait certainement pas vous attaquer avec un ballon
« Hey Wilson, tu viens? Jester peut plus jouer, il a le nez qui pisse comme une fontaine. » Slade leva la tête, avant d'agiter son bloc en direction de celui qui l'avait interpellé
« Continuez sans moi pour le moment, j'ai un truc à finir. » « Ok. » La partie reprit alors que le jeune homme baissait à nouveau les yeux sur la lettre qu'il écrivait, continuant de coucher des mots sur le papier.
Se baissant, Slade esquiva aisément le coup que lui portait son adversaire, et bloqua les suivants sans la moindre difficulté. Il ne pouvait pas perdre. Il ne devait pas perdre. Il n'y avait pas de place pour l'échec ici, pas plus qu'il n'y avait de place pour les faibles. Il devait être fort, impitoyable, ou bien il finirait comme tous ces bleus qui se croyaient prêts et qui se cassaient les dents dès qu'ils allaient sur le terrain parce qu'ils étaient aveuglés par leur ego. Alors Slade ne pouvait se permettre de prétendre à quoi que ce soit d'autre qu'à la victoire. De toute façon, il était le meilleur. Certains auraient pu dire qu'il était prétentieux, mais c'était simplement un fait.
Depuis qu'il était entré dans l'armée, il n'avait pas cessé d'apprendre et de s'améliorer. Il avait finalement été confronté à ce qu'était vraiment la guerre, et ça l'avait marqué de bien des façons. Mais ça lui avait aussi permit de briller bien plus qu'il ne le pensait. Il avait fait le Golfe, la Yougoslavie, la Bosnie... à chaque fois, son unité avait été envoyé, et à chaque fois, il s'était illustré au-delà des espérances de ses supérieurs. Et plus il brillait, plus les promotions et les décorations s'enchainaient. À tel point qu'il avait finit par être envoyé ici, au Camp Washington, avec le grade de major, pour qu'il apprenne des techniques avancées en matière de combat au corps à corps. Et là encore, il n'avait pas cessé d'impressionner ses instructeurs, qui ne tarissaient pas d'éloges à son sujet. Ce qui ne faisait pas forcément plaisir à ses compagnons d'armes, qui commençaient à en avoir marre de tout le temps être dans l'ombre de Slade. Le soldat sentait bien que ça ne faisait pas plaisir aux autres, mais il s'en moquait. Il faisait ce qu'il fallait pour survivre, les conséquences importaient peu.
Attrapant le bras de son adversaire, il tordit violemment ce dernier, avant de lui mettre un coup de genou en plein visage. Slade entendit clairement le nez de son adversaire craquer et du sang gicla, mais il ne broncha même pas. Alors qu'il s'apprêtait à porter le coup fatal, la voix de son instructeur claqua comme un fouet
« Wilson! Ça suffit. » Le poing dressé, Slade relâcha son adversaire, qui porta une main à son nez pour essayer de contenir le sang qui coulait. Slade retourna s'asseoir avec les autres, restant cependant un peu à l'écart, quand une voix féminine se fit entendre dans son dos
« Tu pourrais au moins les laisser gagner de temps en temps. » Slade se tourna, et vit approcher une des instructrices du groupe, le capitaine Adeline Kane. Il s'entendait plutôt bien avec elle, même si leur point de vue était plus que divergent sur la façon qu'il convenait d'entrainer des recrues
« Ils n'ont qu'à être meilleurs. » « Mais ils ne t'aiment pas vraiment. » « Je me moque qu'ils me détestent. J'ai l'impression de me retrouver face à des nouvelles recrues. Tout dans les muscles, rien entre les oreilles. » « C'est vrai, j'oubliais qu'ils côtoient un héros de guerre. » Le taquina Adeline
« Mais je suis sûre que je pourrais apprendre deux ou trois trucs au héros. » « Ah oui? » S'exclama Slade en haussant un sourcil, intrigué par ce que sa supérieure pourrait bien lui apprendre de plus que ce qu'elle enseignait à tout le groupe
« Retrouve moi sur le ring ce soir, après le diner. On verra si tu seras toujours aussi suffisant quand j'en aurais fini avec toi. » Affichant un sourire, le major reporta son regard vers le combat en cours, qui avait déjà commencé depuis une bonne minute. Il avait hâte d'être à ce soir et de voir ce qu'Adeline pourrait bien lui apprendre.
Retirant sa cagoule, Slade la jeta sur le siège passager de la voiture de location qu'il conduisait, avant de pousser un soupir. Encore une mission accomplie avec succès, comme depuis qu'il avait commencé son nouvel emploi. Il avait finit par retourner sur le front, et avait continuer à briller auprès de ses supérieurs, jusqu'à ce qu'on lui propose de devenir le cobaye pour une expérience qui devait le rendre encore meilleur. Il en avait longuement discuté avec Adeline, la femme de sa vie, la mère de son fils. Le courant passait bien mieux entre eux que ce que Slade avait cru au premier abord et ils avaient finit par se marier. Et après six mois de vie commune, sa femme était tombée enceinte, avant de donner naissance à un petit garçon, Grant. La famille était heureuse, leur vie à trois était presque parfaite et c'était pour ça qu'Adeline avait été à ce point réticente à l'idée que son mari devienne un rat de laboratoire. Mais elle avait finit par céder, et Slade était passé entre les mains des scientifiques. À son réveil, Slade n'avait pas mit longtemps à comprendre que l'expérience avait été un succès, et qu'il était à présent ce qu'on pouvait qualifier grossièrement de super-soldat. Mais l'armée avait refusée de le renvoyer sur le terrain. Pire, ils l'avaient rendu à la vie civile. Slade s'était retrouvé du jour au lendemain privé de tout ce qui faisait de lui l'homme qu'il était, et il était rapidement entré dans une profonde dépression.
Mais alors qu'Adeline attendait leur second enfant, Slade avait décidé qu'il devait utiliser les capacités qui lui avaient été conférées pour subvenir aux besoin de sa famille. Il était alors devenu chasseur de safari, mais il avait finit par cesser de chasser les animaux pour passer aux humains. Il était devenu mercenaire, et s'était rapidement taillé une réputation dans le milieu des tueurs à gages. Peu lui importait qui payait, du moment qu'il pouvait payer les factures à la fin du mois. Sa femme ignorait bien évidemment la véritable nature des activités de son mari, de même que ses enfants, et c'était bien mieux comme ça. Il savait qu'elle ne comprendrait pas. Alors il lui mentait, tous les jours, à chaque fois qu'il partait pour exécuter un contrat. Il lui mentait et c'était bien mieux comme ça. Elle n'aurait pas supporté de savoir que son mari était un tueur recherché par le FBI sous le pseudonyme de Deathstroke. Ils avaient bien tenté de l’appeler Terminator, mais Slade se voyait mal être comparée à un robot meurtrier venu du futur sans le moindre sentiments.
Ouvrant la boite à gant d'un geste sec, Slade en sortit un téléphone prépayé et composa un numéro. Il n'eut pas à attendre longtemps avant que son contact ne décroche à l'autre bout du fil
« La cible est morte. » Se contenta de dire Slade avant de raccrocher. Broyant le téléphone dans sa main, il le jeta par la fenêtre, avant de commencer à rouler.
Slade était allongé sur un toit de Metropolis, regardant de son seul œil valide dans la lunette de son fusil, attendant patiemment son heure. Il était là depuis des heures, à simplement attendre. Attendre le bon moment, attendre que la tête de sa cible se trouve enfin dans son viseur pour qu'il n'ait plus que quelques calculs à faire avant de mettre fin à la vie d'un homme. Il avait déjà calculé la distance qui séparait le toit ou il se trouvait de la fenêtre du bureau de sa cible, et il avait attendu le bon moment, la bonne journée pour agir. Et cette journée était idéale pour commettre un meurtre. Il n'y avait pas le plus petit courant d'air, l'humidité dans l'air était correcte et il n'y avait pas de nuages à l'horizon. Des conditions optimales pour un tireur d'élite en somme. Même si Slade n'avait pas de soucis à se faire. C'était pourtant un tir difficile, qui n'était pas à la portée du premier tireur d'élite venu. Il aurait pu choisir un endroit bien mieux situé pour tirer, car les toits qui offraient une visibilité optimale sur le bureau de sa cible ne manquaient pas. Mais la facilité, c'était pour les débutants. Or, il était loin de l'être.
Sa vie avait finit par prendre un tournant pour le moins... déplaisant. Un mercenaire rival avait finit par prendre sa famille en otage, espérant pousser Slade à lui donner des informations qu'il désirait. Le père de famille avait réussit à sauver ses proches, mais son fils Joe avait eu la gorge partiellement tranchée. Sa femme avait demandé le divorce et la garde des enfants en lui tirant une balle dans la tête lorsqu'elle avait découvert ses véritables activités, et sans ses réflexes surhumains, il serait mort à cause de la balle, mais il avait réussit à l'éviter. Pas totalement cependant, puisqu'elle l'avait malheureusement privé de l'usage de son œil droit. Mais malgré cette blessure et ce que beaucoup auraient vu comme un handicap, il était le meilleur dans son domaine, l'un des individus les plus craints de la planète. Rien que la simple évocation de son nom suffisait à glacer d'effroi la grande majorité des gens, et une bonne partie des forces de police du globe avaient au moins un mandat d'arrêt en cours contre lui. Il était officiellement le meilleur assassin du monde, celui qui hantait les pensées de tous ceux qui pouvaient craindre de voir un assassin se lancer à leur poursuite. On s'arrachait ses services à prix d'or, et même les super-héros craignaient de l'affronter. Contrairement à lui qui ne craignait pas de se retrouver opposé à eux. Il n'y avait guère que le Chevalier Noir de Gotham qui arrivait à lui hérisser les poils, et il espérait autant qu'il craignait une rencontre avec lui à chaque fois qu'il passait par Gotham City. Tous les autres justiciers le faisaient bien rire, mais Batman était le seul pour qui il éprouvait véritablement du respect. Slade ne put s'empêcher de sourire sous son masque en pensant au jour ou il se déciderait à régler définitivement le problème que représentait la chauve-souris. Ce qui était sûr, c'est qu'ils livreraient un combat d'anthologie.
Se focalisant sur l'instant présent, Slade regarda à nouveau dans la lunette de son fusil, et sourit lorsqu'il vit la porte du bureau de sa cible s'ouvrir. L'heure était arrivée. Il jeta rapidement un coup d’œil au petit fanion qui lui servait à calculer la vitesse du vent et qu'il avait placé là quelques jours plus tôt, avant de faire les derniers calculs pour son tir. Son doigt effleurait la détente du fusil, prêt à tirer dès que la cible se serait immobilisée. Lorsqu'il finit par apercevoir la tête de sa cible dans sa maigre fenêtre de tir, Slade inspira à fond, avant de presser la détente. Se relevant enfin, Slade commença à démonter son fusil, avant de grommeler pour lui-même
« Prends-ça dans tes dents Lawton. » Coinçant la mallette qui contenait les pièces de son arme dans son dos, Slade se dirigea vers la porte qui donnait sur l'escalier, n'attendant pas pour décamper.
Traversant en vitesse la rue, Slade s'abrita derrière une benne à ordures alors qu'une patrouille passait. Il ne craignait pas d'affronter ces saletés, mais mieux valait éviter la confrontation autant que possible. Ils pouvait sans problème en tuer quelques-uns, mais si l'alerte était donnée, il finirait tôt ou tard submergé sous le nombre. Même le meilleur assassin du monde finirait par tomber sous les coups d'une armée d'aliens sanguinaire contrôlés par un taré psychopathe qui souhaitait ajouter la Terre à la longue liste de planètes qu'il avait écrasées sous sa botte. Ces saletés étaient du genre tenaces, ne manquaient pas de moyens pour essayer de vous liquider, et se montraient incroyablement retorses quand elles le voulaient. Les troupes de choc de Darkseid représentaient des adversaires bien plus intéressants que ce à quoi il pouvait être habitué, mais aussi bien plus dangereux.
L'invasion avait surpris tout le monde, et même Slade devait avouer qu'il ne s'y attendait pas. Il se trouvait à Coast City, occupé à planifier son dernier contrat, quand les armées de Darkseid avaient lancé l'assaut. Il avait réchappé d'une confrontation avec les Paradémons, les troupes de choc du despote alien, et avait opéré une retraite stratégique le temps de faire le point sur la situation. Il avait vu tous les héros du monde faire front commun pour tenter de repousser l'invasion du mieux qu'il pouvait alors que les gouvernements de la planète leur emboitaient le pas. Et il n'avait pas fallu longtemps au mercenaire pour décider de les imiter. Oh, il ne faisait absolument pas ça par pure bonté d'âme, mais avoir un despote galactique au-dessus de sa tête, ça n'était pas vraiment très bon pour les affaires. Et si Darkseid l'emportait face aux héros, il ne tarderait pas à se tourner vers tous ceux qui pourraient représenter une éventuelle menace pour son régime, et Deathstroke entrait sans mal dans cette catégorie. Après tout, le meilleur mercenaire du monde pouvait sans problème devenir une épine particulièrement gênante dans le pied de ce dernier, et il ne doutait pas que Darkseid s'arrangeait pour s'occuper de ce genre de tracas de façon à ce qu'ils ne puissent plus venir le tracasser à nouveau. Alors lui aussi il se battait, il participait à cette guerre pour la survie de l'humanité. Ce qui n'était franchement pas une première pour lui. Après tout, il était un soldat avant d'être un mercenaire mondialement réputé, et il avait la guerre dans le sang. Et en tout honnêteté, il se foutait bien que ses compagnons d'armes héroïques sachent qu'il se battait dans leur camp pour une fois, ou même de la réticence qu'il pourraient éprouver à l'idée de se battre à ses côtés si ils l'apprenaient. Leurs intérêts étaient simplement convergents... pour le moment.
Alors qu'il traversait une ruelle, il tomba nez à nez avec une autre patrouille de Paradémons, qui se figèrent en le voyant débouler juste devant eux. Profitant de ce bref instant ou la bande d'aliens était trop surprise pour réagir, Slade passa immédiatement à l'attaque, frappant du poing le plus proche avec assez de force pour lui briser la moitié des os de la cage thoracique et l'envoyer s'écraser contre son copain derrière-lui. Il allait se débarrasser des quatre restants avant qu'ils n'aient le temps de donner l'alerte.
La double porte en bois laqué s'ouvrit avec fracas, et Deathstroke bondit en avant dans le bureau, alors que son épée fouettait l'air. Le premier garde du corps s'effondra, sa tête touchant le sol avant le reste de son corps, alors que Slade pointait le pistolet qu'il tenait dans la main sur un autre garde, lui tirant une balle en pleine tête. Une bande d'amateurs. Le type qu'il était venu chercher aurait très bien pu se payer les services d'une armée, le résultat aurait été le même. Il les aurait tous massacrés sans même éprouver l'ombre d'un remord. Son ancien employeur lui avait menti sur la véritable nature du contrat, et avait été assez stupide pour présumer que Slade n'aurait pas de scrupules à tuer un enfant. Il avait juste oublié que Slade ne touchait pas aux enfants. Le mercenaire d'élite aurait très bien pu en rester là si son employeur n'avait pas engagé un assassin pour essayer de se débarrasser de lui. Slade n'arrivait toujours pas à croire que quelqu'un ait pu être assez stupide pour essayer de s'en prendre à lui quand on connaissait sa réputation. Mais les choses étaient devenues personnelles pour Slade, et il se devait de rappeler à tous pourquoi il valait mieux ne pas se mettre Deathstroke à dos.
Slade n'eut aucun mal à se tailler un passage parmi les gardes du corps de l'homme, et lorsque sa lame s'immobilisa enfin, il ne restait plus que son ancien employeur, qui était assis derrière son bureau, totalement paralysé par la peur. Il savait qu'il était le prochain, et qu'il ne pourrait absolument rien faire pour changer ça. Même si l'homme parvenait à réaliser l'exploit de s'enfuir et de réchapper au mercenaire cette nuit, ce dernier finirait par le retrouver et lui régler son compte de façon définitive
« P-p-p-pitié... » « Vous auriez mieux fait d'y réfléchir à deux fois. » Se contenta-t-il de dire avant de planter son épée dans la poitrine de l'homme, lui perçant le cœur. Alors qu'il dégageait son épée, il entendit quelqu'un toussoter légèrement dans son dos, et il se retourna vivement, se retrouvant face à un homme en costume qui n'avait nullement l'air terrifié. L'homme tenait une enveloppe dans les mains, et il s'avança d'un pas lorsqu'il fut certain que Slade n'allait pas se servir de son épée sur lui
« Monsieur Wilson, c'est un véritable plaisir de vous rencontrer. » Dit l'homme en tendant une main gantée dans la direction de Slade, qui ne fit pas un geste pour la serrer. Loin de s'en offusquer, l'homme lui tendit l'enveloppe avant de dire avec calme
« Mon employeur aimerait acheter vos services pour une mission pour le moins... délicate. Il est parfaitement au fait de votre réputation, et tient à ce que le travail soit fait avec efficacité et professionnalisme. » « La cible? » « À vrai dire, il y en a cinq. Je pense qu'elles devraient vous plaire. » Slade ouvrit l'enveloppe d'un geste sec, avant d'en sortir une série de photos. Et il sourit sous son masque en voyant qui on lui demandait d'éliminer. Voila qui allait représenter un défi pour le moins intéressant. Et inutile de dire que si Slade parvenait à remplir ce contrat, il allait s'attirer les foudres des chaperons de ses cibles. Peut-être même de la Justice League toute entière
« Cinquante millions par tête, non négociable. Votre employeur veut le meilleur? La qualité ça se paye. » Slade sortit un briquet, avant de mettre le feu à l'enveloppe et son contenu
« Votre employeur veut que le travail soit fait rapidement ou pas? » « Il tient surtout à ce que ça soit fait. » Répondit l'homme en costume. Reprenant son épée en main, il essuya la lame du sang qui la tachait, avant de rengainer son arme
« Dites à votre patron que je le contacterais quand je serais à Star City. » « Vous ne m'avez même pas demandé son nom! » S'exclama l'homme alors que Slade s'éloignait. Slade sourit une fois de plus derrière son masque alors que son esprit était déjà en train de passer au crible toutes les informations qu'il avait en mémoire sur ceux qui se faisaient appeler les Teen Titans.
Slade était assis à la terrasse d'un café de Star City, occupé à siroter un déca tout en lisant le journal. D'ici, il avait une vue parfaite sur la Tour des Teen Titans, et pouvait voir les allées et venues de la jeune bande de héros lorsqu'ils partaient en mission. Il ne s'était pas encore décidé à passer à l'action, le mercenaire n'avait pas encore fini d'étudier ses cibles et de mettre en place un plan pour les éliminer. Il prenait un soin tout particulier à étudier chaque opportunité et à peser le pour et le contre avant de se décider pour telle ou telle stratégie. Son employeur n'était visiblement pas pressé, alors il préférait y aller tout en douceur. Mieux valait éviter de se précipiter, et de prendre le risque que son plan échoue. Il n'aurait sûrement qu'une seule chance, et il fallait à tout prix qu'il profite de l'effet de surprise. Une fois que les Titans sauraient qu'il en avait après eux, ils seraient sur leurs gardes, et ils risquaient même de demander de l'aide aux autres justiciers de la ville. Slade n'avait pas peur de les affronter, mais il préférait encore n'avoir qu'une bande de gamins à éliminer plutôt que de devoir gérer l'archer et sa bande de copains en culottes courtes en plus des Titans.
Tournant une page du journal qu'il tenait, Slade sourit en lisant l'article sur Luthor. Ce type avait décidément la folie des grandeurs. En plus d'être un des plus grands industriels du globe, voila qu'il voulait à présent poser ses fesses dans le Bureau Ovale. Il ne savait pas trop quoi en penser, même si l'arrivée d'un type pareil à la présidence du pays ne donnerait rien de bon pour les super-héros. Et ça n'allait franchement pas faire plaisir aux aliens présents dans le coin, vu que Luthor n'était pas le fan numéro un de tout ce qui venait dans l'espace, en particulier lorsqu'on parlait d'un alien qui se trimballait en combi moulante bleue et qui était assez puissant pour tuer un être humain d'une simple pichenette. Déjà que les super-héros n'avaient pas vraiment la côte ces dernières semaines avec toutes les catastrophes qui étaient arrivées et qu'ils n'avaient pas réussit à empêcher, si Luthor était élu... ils pourraient toujours aller trouver refuge au Canada. Jusqu'à ce que la situation devienne tellement impossible que les civils qui leur cassaient du sucre sur le dos avec tant d'ardeur se mettent à genoux pour qu'ils reviennent les sauver des super-vilains qu'ils combattaient tous les jours.
Portant sa tasse à ses lèvres, Slade tourna son regard vers la Tour, avant de sortir son portefeuille. Sortant un billet de ce dernier, il le coinça sous sa tasse, plia son journal en deux et se leva. Il avait encore pas mal de pain sur la planche avant de passer à l'action, et même si le mercenaire préférait tout peaufiner dans les moindres détails, mieux valait ne pas trop s'attarder non plus, au risque qu'un justicier lui tombe sur le coin du nez entre temps.