SAVE TODAY FOR A BETTER TOMORROW ✸ blind date du rp (harley, kory)

Non, Koriand’r ne se demandait absolument pas ce qu’elle faisait là, et ce même si elle ne faisait en rien partie de ce fameux groupe de chercheurs qui travaillaient d’arrache-pied sur la constitution d’un remède censé annihiler les effets de la dernière drogue débarquée sur le marché, ici, à Gotham City. Même si cela remontait à bien des années, la jeune femme se souvenait bien que, très jeune, elle avait déjà pu assister à des cérémonies en tant que simple invitée, bien que, dans ces cas-là, elle avait eu un réel rôle de représentation à jouer, en tant que Princesse héritière de Tamaran. Cependant, là, présentement, les choses étaient sans doute un peu différentes … Elle avait été invitée avant même qu’on ne lui souffle à l’oreille qu’elle devait se tenir sur ses gardes. Dick connaissait bien mieux la ville qu’elle, et pour cause. Alors, sans refuser d’accorder le moindre crédit aux conseils qu’elle avait pu recevoir, elle s’était dit que de connaître son opinion à lui ne serait pas une mauvaise chose. Sans dire que tous les voyants étaient demeurés au vert, on pouvait en tout cas partir du principe qu’elle n’avait en rien été dissuadée de faire acte de présence. Bien qu’elle ne soit pas Terrienne, elle pensait plus ou moins avoir cerné et compris une bonne dose des tenants et aboutissants qui pouvaient faire que la soirée devait demeurer sous haute surveillance. Et qu’elle-même devait être prête, à tout instant, à intégrer ce dispositif de surveillance, si ce n’était pas déjà fait. Sans dévisager toutes les personnes qu’elle croisait ou qui pouvaient la saluer ou lui adresser la parole, la jeune femme demeurait donc prudente. Des méchants, il y en a partout, et puis, dans les films, le scenario des vilains qui débarquent pour mettre tout sans dessus dessous, ce n’était en rien innovant et ingénieux, comme ficelle censée mettre en jeu le ressort des antagonistes.

Dans le même temps, Koriand’r essayait tout de même de prêter une oreille aux premiers discours qui pouvaient déjà être fait. Après tout, elle devait être en mesure de faire un rapport le plus détaillé possible sur ce qui se serait dit ici, par la suite, si jamais on le lui demandait, et même si, au final, rien ne venait perturber le déroulé de la soirée. Et puis, cela l’intéressait tout de même, et ce même si elle n’effectuait pas du tout ses études dans le domaine de la médecine. En tout cas, elle avait déjà repéré les issues de secours, qui ne manqueraient pas d’être prises d’assaut si quelque tragédie devait survenir. Mais, pour elle, ce serait sans doute plutôt une échappée lui permettant de se soustraire quelques instants aux regards et à la foule, histoire de pouvoir quitter son fameux collier si elle devait intervenir. Pas qu’elle soit très connue ici, mais, quand même … A l’heure des réseaux sociaux, on n’était à l’abri de rien du tout, et elle ne tenait pas à griller sa couverture, comme disaient les humains. Elle savait quel prix on pouvait payer quand on n’était pas exactement semblable aux autres, et elle préférait, de loin, s’éviter de revivre ce genre d’infortunée expérience. Et puis … Et puis, quand même. Elle était certes plutôt étudiante en histoire des civilisations anciennes, mais à côté, il lui arrivait encore fréquemment d’être mannequin photo pour quelque marque publicitaire. Du coup, son visage était quand même un peu connu, alors, oui, autant pouvoir savoir où aller, dans un recoin peu éclairé, pour revenir ensuite au milieu des convives sous sa réelle apparence sans directement être reconnue. Zatanna avait bien œuvré, avec son collier, il fallait le reconnaître. Enfin, bon …

Sur l’estrade, une nouvelle personne venait s’installer derrière le pupitre muni d’un micro, sans nul doute pour s’engager dans un nouveau discours. Mais ce ne fut pas ça qui attira l’attention de la jeune femme. En réalité … En réalité, elle crut percevoir du mouvement dans son champ de vision, elle qui devait y voir un peu mieux que les humains. Cela s’agitait quelque peu, ou, en tout cas, c’était la sensation qu’elle en avait. Or, comme le nouveau discours n’était pas encore entamé, elle voyait moins quelque autre personne grimper sur le podium pour parler à son tour. Elle plissa les yeux, en alerte. C’est drôle comme c’est parfois instinctif, ces réactions-là. Un peu épidermique, aussi. Une sensation, comme une précognition, quelque chose comme ça. Et aussitôt, c’était comme si elle appuyait sur un gros bouton rouge, situé dans son inconscient. Un bouton d’alerte, un bouton la transformant de simple convive à Leader des Teen Titans prête à surgir à n’importe quel moment !

Les premiers temps, il n'y avait pas à dire, Koriand'r avait complétement été larguée concernant tout ce qui touchait à la culture terrienne, et particulièrement à tout ce qui tenait plus de la culture populaire que des réels préceptes enracinés parmi les Humains depuis des générations, à force de transmission d'héritages culturels et génétiques. Mais que ce soit un genre de culture ou bien encore l'autre, ça, c'était visiblement un peu comme tout dans la vie, ça pouvait s'apprendre. Alors, concernant tout ce qui était la culture filmographique, elle était un peu moins perdue qu'avant, même si il lui restait encore tout un tas de films à regarder. C'est fou comme, quand vous proposez à vos amis de vous aider dans ce domaine-là, ils n'arrêtent pas de rajouter des titres sur votre liste de films à voir absolument ! En plus, leur goût était éclectique, et puis, pour ne pas aider, Kory appréciait de regarder les films dans leur langue originale, histoire de s'immerger un peu plus, sans doute, et de ne passer à côté de rien. En tout cas, la jeune femme avait déjà vu suffisamment de films pour savoir que, surtout dernièrement, les cinéastes avaient l'air de priser les effets de montage et les jeux de caméras. La technique du slow motion était parmi ce genre-là. Et bien là, ce fut un peu comme du slow motion. Tout autour d'elle sembla brusquement tourner au ralenti, alors que ses sens à elle étaient parfaitement éveillés, et que son cerveau ne sembla point engourdi du tout. Peut-être était-ce dû à une hyperactivité de sa part, ou alors cela tenait juste à sa physiologie, qui la rendait plus alerte et plus efficace que les Terriens. Les raisons du pourquoi du comment ne l'intéressaient pas, pour l'instant, et elle n'avait de toute façon pas de temps à leur accorder quelque effort de réflexion que ce soit.

Ce fut comme si quelqu'un avait soudainement tirer une salve de pétards. Pas qu'elle s'amuse avec ce genre de trucs, mais il arrivait que Garfield leur fasse des blagues, à la Tour, quand il trouvait que l'ambiance n'y était pas. Parfois, il arrivait également à Kory de suspecter Damian. Parce que ce serait un peu son genre, quoi que. Bref, ce fut comme si on venait de déclencher des pétards, à la volée, et en cascade, et alors, il y eut ce mouvement tout figé, ces déflagrations projetant une lumière et des éclats enflammés vers le plafond, les débris de poudre qui prenaient feu, sûrement. Et, aussitôt, sans même y songer, l'une des mains de la jeune femme se porta à son cou, autour de ce collier qui empêchait quiconque de la voir telle qu'elle était réellement. Son cœur ne sembla pas manquer le moindre battement, mais son profil entier passa en mode guerrière. Et, brusquement, ce fut comme si quelqu'un avait enlevé le mode "pause", et que la vie reprenait son cours, alors que nombre de convives se jetait au sol, ou qu'ils allaient se planquer sous la première table venue. Les gens paniquaient, commençant alors déjà à se marcher dessus, et ... Et une partie d'elle-même n'était déjà plus là. Ces quelques pas nécessaires pour rejoindre l'une des alcôves à l'abri des regards, elle les fit sans même s'en rendre compte. D'un geste instinctif, elle défit le fermoir de son collier, avant de glisser le bijou entre sa poitrine, là où il serait en sécurité et où il ne risquerait rien, Koriand'r ayant bien été pourvue par la Nature. Puis, en une fraction de seconde, ce fut au tour de sa robe, où, des deux côtés, elle déchira les pans de tissus, pour gagner en mobilité et en agilité, jusque sur ses hanches. Mais le spectacle n'était pas en coulisses, ou alors pas uniquement, et pas principalement. Alors, elle devait regagner la scène, si l'on pouvait dire ça comme ça. Regagner la scène, et percuter quelqu'un de plein fouet, ce qui n'était pas prévu. Le temps d’identification de son interlocutrice fut très court, alors qu’elle la fixait de son regard désormais si vert, et dépourvu d'iris.

« Je m'appelle Starfire, Shirley. » Mais qu'est-ce qu'elle fichait ici ? Ce n'était pas de bon augure, mais elle n'avait pas vraiment le temps de s'attarder sur le sujet. Visiblement, l'arlequin ne semblait pas tenir d'armes. De toute façon, son truc à elle, ce n'était pas plutôt la batte de baseball ? Et, aux dernières nouvelles, ça ne tire pas des balles, une batte. En tout cas, la jeune femme semblait tenir à l'informer de la situation. « J'ai entendu ça, et c'est pour ça que je dois intervenir. Tu peux te pousser, que j'ouvre la porte ? »

Dans la plupart des cas, Koriand'r était une personne très joviale, très sociable, dotée d'une très grande ouverture d'esprit. Le genre de personne à accorder le bénéfice du doute. La plupart du temps. Ce qui signifiait bien que ce n'était pas toujours le cas. En tant que Teen Titan, Kory ne vivait pas à Gotham. Si, présentement, la Tour avait été reconstruite à Star City, avant, elle était érigée, grande et fière, dans la baie de San Francisco. Star City, San Francisco, ce n'était donc pas Gotham. Et même s'il lui arrivait régulièrement de s'y rendre, elle n'y était pas non plus toujours fourrée, et ce n'était pas dans son champ d'action. Il y avait d'autres superhéros, comme on dit, pour s'occuper de réguler la criminalité et de botter les fesses de ceux qui le méritaient. D'une certaine façon, Gotham, c'était le terrain de jeu de la Batfamily, comme on les appelait. Et Dick ferait sans doute une sale tête si, soudainement, la jeune femme lui disait de rester bien sagement sur la touche pendant qu'elle s'occupait de punir les méchants. Peut-être qu'il n'aurait rien contre le fait de faire ça à deux, mais d'être relégué au second plan, ça ... Mais malgré tout ça, malgré le fait que Kory ne vivait pas à Gotham, qu'elle n'en était pas originaire, qu'elle n'y avait pas grandi et que les lieux n'étaient pas dans son champ d'intervention, elle connaissait tout de même une chose ou deux, et même plus, sur bien des personnes qui y vivaient. Et à ce qu'elle en savait ... A ce qu'elle en savait, son interlocutrice présente était une très proche amie du Joker, en plus d'être fourrée dans ses petits papiers. Koriand'r ne comprenait pas tout à ce que pouvait bien signifier cette expression, mais il n'en demeurait pas moins qu'elle pensait tout de même avoir saisi l'idée générale. Ce qui classait la blonde, debout face à elle, dans le camp des méchants, sans réel drapeau blanc ou bénéfice du doute accordé. Parce qu'elle savait que, pendant un temps, Jason Todd avait été déclaré mort, et que tout ça, c'était la faute du Joker.

Jason, Kory, elle l'aimait bien. Il faisait partie de ses amis, du moins, c'était comme ça qu'elle, elle voyait les choses. Alors, évidemment ... Évidemment, peut-être qu'elle n'était pas particulièrement gentille, dès le début, avec Harley ... Cependant ... Cependant, que la jeune femme se place comme ça, sur sa route, ou plutôt qu'elle refuse de se pousser et de la laisser regagner la salle principale, là où se déroulait l'action, tout en affirmant qu'elle pouvait aider ... D'autres pourraient dire que la blonde avait une case en moins, ou que quelque chose ne tournait pas rond là-dedans, "là-dedans" signifiant dans sa tête, mais ... Mais ils pourraient bien dire la même chose de Koriand'r, alors, est-ce que cela voulait réellement dire quoi que ce soit ? Mais, de toute façon, Harley ne lui laissa pas vraiment le temps d'exposer son avis, ses doutes ou quoi que ce soit d'autre, et ce parce que, d'office, sans plus de discussion, elle avait ouvert la porte de la sortie de secours, et qu'à présent, elle semblait vouloir jouer au vigie. Et Starfire ne fit rien. Ou plutôt, si, elle observa. Pas paralysée de peur ou pas parce qu'elle ne savait pas quoi faire, mais parce que ... Oui, d'accord, les techniques d'action de la jolie blonde étaient quelque peu inconventionnelles. On aurait dit une enfant, qui sautait sur le canapé en pensant être dans l'espace, ou qui enfourchait un balai en pensant voler. A la Tour, ce n'était pas que la Leader des Teen Titans assistait à des démonstrations semblables à celle-ci, mais elle avait quand même déjà vu Garfield feindre d'embrasser à pleine bouche l'un des coussins rectangulaires qui siégeait sur le plus grand canapé du salon ! En tout cas ... En tout cas, elle, elle n'aurait pas agi ainsi, mais cela tombait bien, parce qu'elle n'avait pas imité Harley. Pas encore. Mais elle n'ambitionnait en rien de l'imiter point pour point, alors tant mieux. Et voilà que la blonde lui faisait ... coucou ? Elle lui faisait vraiment coucou ? En tout cas, elle avait l'air toute contente d'elle, et, un instant, Starfire ferma les yeux.

« Aider ... Je vois ça, oui ... »

Et puis, finalement, elle rouvrir les yeux, et laissa tout ça de côté. Il fallait agir. De préférence avec un tant soit peu plus d'efficacité que la blonde. Certes, elle avait immobilisé des types, mais ils criaient trop fort. Du moins, au goût de la Tamaraneanne, qui, sortit de l’alcôve, ne se priva pas de décrocher une droite à l'un des types encore debout mais gémissant, lui faisait rencontrer le pays des songes, avant de lui fouiller sans vergogne les poches, dégotant un revolver, avant d'aller fouiller l'une des autres victimes gémissantes de Harley, qu'elle fit là aussi taire à sa façon. Oui, ça faisait mal, sans doute, d'être assommé parce qu'on venait de se saisir de votre crâne et de le cogner contre le sol, sans trop de ménagement.

« J'ai aussi reconnu Black Mask. Enfin, je crois. Première fois que je le rencontre pour de vrai, comme vous dîtes. C'est un méchant, c'est ça ? Un méchant qui pense que c'est le carnaval tous les jours ... Et un excellent tireur, à ce que j'en sais. Essaie de te trouver une arme, d'ailleurs, si possible. » Relevant un peu la tête, son regard apercevait juste le dessus de la table derrière laquelle elle était dissimulée. Histoire d'analyser la situation, elle posa alors un doigt sur ses lèvres, en direction de sa camarade d'infortune, pour, sans doute, essayer de l'inciter à se taire, qu'elles puissent entendre ce qui se disaient. Les terroristes ont semble-t-il toujours des revendications, alors autant les entendre. Et puis, ainsi, son attention pouvait se reporter sur le reste. Et à ce qu'elle voyait, il restait une bonne vingtaine d'hommes, et si la majorité des otages était au sol, encore en vie, d'autres avaient déjà été abattus, et d'autres, encore, avec une arme pointée en leur direction, ou directement sous la gorge. « Oh, par X'Hal ... Vous êtes tellement mélodramatiques ... »

Il avait été compliqué pour Koriand'r de savoir qui représentait une réelle menace et qui, au contraire, jouait plutôt aux gros bras sans pour autant avoir une vraie mâchoire capable de mordre. Dans un sens, cela restait encore parfois compliqué pour elle aujourd'hui. Parce que ... Parce qu'elle n'était pas née de la dernière pluie, comme disent les Humains, et qu'elle avait connu son lot de déceptions et de trahisons. Sous ses dehors de jolie jeune femme sans doute un brin dans la Lune, si l'on pouvait dire ça comme ça, la principale concernée renfermait son lot de secret, et se traînait un passé peu enviable. Elle n'était donc ni naïve ni crédule au point de croire que tout le monde était beau, gentil, et bien intentionné. Sur Terre, elle n'était pas dans son environnement, ou tout du moins, elle n'était pas entourée d'êtres issus du même peuple que le sien. Dès lors, l'éducation et la culture étaient bien différentes, avec tout leur appareillage de différences et de particularités. Dans le doute, certains disaient qu'il ne fallait faire ni quartier, ni fine bouche, et que les dommages collatéraux, certes, c'était regrettable, mais cela ne servait pas toujours à rien. D'une certaine façon, en certains instants, Koriand'r pourrait être tentée de suivre leur raisonnement car, après tout, pendant si longtemps, elle avait vécu sans pouvoir faire confiance à personne, et sans pouvoir s'appuyer sur qui que ce soit. Elle avait été entourée et abusée par ses ennemis, par des monstres dotés de tout sauf d'intentions enviables et appréciables, à son égard. Dès lors ... Dès lors, sans doute mieux valait-il se méfier pour ensuite revenir sur son jugement, plutôt que de se fourvoyer en accordant sa confiance et en se mordant les doigts une fois qu'il était trop tard. Mais ce n'était pas ainsi que fonctionnait la majorité des Terriens, et pour pouvoir vivre en harmonie sans revivre des tourments passés, Koriand'r acceptait de se ranger au jugement socialement acceptable. Ou au moins s'efforçait-elle de le faire, en comptant bien sur ses proches et sur ses amis pour la reprendre gentiment s'ils voyaient qu'elle dérivait ou qu'elle oubliait les bonnes habitudes.

Dès lors ... Dès lors, directement, Black Mask entrait dans la catégorie de ces êtres dont elle se méfiait. Mais lui, en plus de ça, elle le savait vraiment vilain, vraiment très méchant. Lui, elle savait que personne ne lui en voudrait trop de le prendre en grippe et de ne pas lui accorder de traitement compréhensif et attentionné. Mais Koriand'r ne vivait pas à Gotham, alors, ce serait bien la première fois qu'elle allait se frotter à lui. D'ordinaire, ce boulot là, il était fait et quasiment réservé, même, à des êtres comme Batman, ou encore comme Nightwing. Ils vivaient ici, eux, en ces lieux, en cette ville. Chacun son territoire, en quelque sorte, donc, même si ce n'était pas aussi simple à résumer que ça, et qu'il n'y avait pas vraiment de grande histoire d'ingérence entre eux quand il s'agissait de réagir derechef, du tac au tac, à une situation survenant sur le moment, à une exaction qui venait de se produire à l'instant. C'était pourquoi Koriand'r ne se détournait pas de la situation sous prétexte que ça, ce serait plutôt à Bruce ou à Dick de le gérer. Elle était là, sur place, et elle avait largement les moyens d'intervenir, plutôt que de fuir ou de faire le dos rond. Après ... Après, comme elle n'était pas seule et que, visiblement, en dépit de leur alignement pas forcément identique, Harley Quinn était disposée à régler son compte à ces hommes armés, et bien ... Et bien, elle n'avait pas faire la fine bouche, dans l'unique espoir que tout ceci puisse être réglé au plus vite, histoire que la situation ne dégénère pas en tournant à la catastrophe. Des cadavres, c'était toujours dur à expliquer, et cela prenait de la place dans les morgues. Or, Kory savait, pour avoir des renseignements de première main, que les morgues de la ville étaient déjà en état de grande surcharge. Et puis, ces gens devaient bien avoir des familles, et les enfants, ça devrait jamais avoir à grandir sans ses parents. Si elle pouvait faire quoi que ce soit pour que tout se finisse bien, ou en tout cas, au mieux, et au plus vite, et bien elle ne perdait pas une seconde de plus. Cependant, un peu dans ses propres pensées, sans doute oublia-t-elle que Harley ne la suivait sans doute pas entièrement dans sa façon de raisonner et de s'exprimer.

« X'Hal est ... C'est une Déesse. LA Déesse. Celle que vénère mon peuple. » Pour Kory, dorénavant, il ne s'agissait pas que de cela, mais elle n'avait pas du tout confiance en sa compagne de combat, et, de plus, cela prendrait trop de temps à tout expliquer, car il y avait là des concepts si peu humains, et si tamaraneans ... Oui, ce serait trop long et, là, il n'y avait aucune utilité à épiloguer et à développer son raisonnement. « Vous jurez souvent, et vous faîtes aussi très souvent référence à Dieu, à votre Dieu, quel que soit le nom que vous lui donnez. Sur ce point là, mon peuple ne déroge pas à la règle, sauf qu'il n'y a que X'Hal. ... Et que son existence à elle est avérée. » Discrètement, la jeune femme jeta un coup d’œil à Harley, comme pour s'assurer de sa réaction. Ou de sa non-réaction, d'ailleurs. Mais très vite, et tant mieux, toutes deux se focalisèrent sur la scène les entourant. « Bien ... Mais on va éviter le massacre. Je connais au moins deux personnes à qui cela déplairait beaucoup que l'on commette ce genre d'exaction dans leur ville ... » Oui, pour sûr, Dick serait furieux. Et Bruce aussi, bien sûr, mais peut-être d'une autre façon. Et puis, de toute façon, sans vouloir offenser le milliardaire, Kory se souciait bien plus des réactions de Dick plutôt que des siennes ! « Nous devons les mettre hors d'état de nuire, un par un, en évitant tout dommage collatéral. Je prends à gauche, et toi à droite, ça te va ? ... Allons-y. »

Est-ce qu'elle se sentait comme un poisson dans l'eau ? Non, pas vraiment. L'accès à ses pouvoirs lui manquait. C'était très étrange, d'ailleurs, que de s'en trouver privée. Très étrange, et très dérangeant, car tout ceci était purement et simplement anormal. Et immérité, aussi, même s'il y avait bien longtemps que Koriand'r avait cessé de penser que l'existence vous récompense toujours quand vous le méritez. Peut-être que tout ceci était ressenti différemment par ceux qui étaient nés purement et simplement humains, mais, bon, ce n'était pas son cas à elle. Pas son cas du tout, même. Elle, la native de Tamaran, déjà, d'une, elle n'était pas humaine, et de deux ... Et bien, de deux, sa physiologie faisait que l'anormalité était inversée pour les siens. Si, ici, sur Terre, certains se lançaient dans une certaine chasse aux sorcières, dirigée contre ceux qui possédaient quelque pouvoir, chez elle, et bien, c'étaient ceux qui s'en trouvaient privés qui se retrouvaient quelque peu ostracisé. Et pas toujours qu'un peu, d'ailleurs. De tout cela, Koriand'r pouvait témoigner personnellement, ayant été intimement, et même très intimement concernée par une telle expérience, par un tel pendant quelque peu sombre et ténébreux de ce peuple qui était le sien, habituellement si solaires et débordants d'inventivité pour ne se fixer que peu de règles au regard des autres peuples de l'Univers. Et pour cause. Elle n'était pas l'aînée de sa fratrie. Avant elle, c'était bel et bien Komand'r qui avait vu le jour. Pourtant, c'était bien Koriand'r qui avait toujours été la Princesse héritière, car sa sœur était née avec une tare génétique, ce qui l'avait immédiatement exclue de toute succession possible. Petite, Koriand'r ne réalisait pas à quel point cela rendait si triste et si furieuse sa sœur, mais, merci bien, elle avait fini par le comprendre, et ce de la plus cruelle des manières ... Alors, peut-être qu'aujourd'hui, d'une certaine façon, elle pouvait se mettre à craindre ce qui pourrait bien advenir d'elle, et ce qui pourrait bien changer dans son attitude et son caractère si cette infamie présente perdurait encore bien longtemps.

Les émotions et les sentiments sont si exacerbés chez les Tamarans, alors ... Alors, évidemment, on ne peut guère s'attendre à ce que les ressortissants de cette planète s'aplatissent au sol dès qu'on se prenait des envies de leur ordonner quoi que ce soit, tout comme il était inconcevable de décemment pouvoir penser qu'ils acceptaient de se trouver privés d'une partie d'eux-mêmes. Alors ... Alors, pour Koriand'r, en ce moment, c'était un peu comme avancer sur un fil, sans filet en dessous, telle une funambule ne se protégeant point de la chute potentielle, vers le sol, plusieurs mètres en contrebas. Cependant, dans la situation actuelle, elle se trouvait tout de même partiellement à son aise, et dans son élément. Il s'agissait peut-être tout simplement d'adapter ses techniques, et de se reposer plutôt sur ses capacités physiques acquises avec l'entraînement et le temps, à force de labeur et d'acharnement, d'application et de concentration. Et tant pis pour les nez, les bras, les jambes et les coccyx de ceux qui se trouvaient sur son chemin. Hey, après tout, elle partait du principe qu'elle se devait d'écouter ces petites voix, dans sa tête, telles celles de Dick ou de Batman, ou encore de Superman ou de Diana de Themyscira, et que, oui, faire un carnage et provoquer un massacre étaient deux aboutissements à éviter à tout prix. Mais cela ne sous-entendait en rien qu'elle devait laisser ses opposants en parfait état physique, et en un seul morceau ! C'était un peu comme des gestes réflexes mis bout à bout. La jeune femme agissait d'instinct, ne cherchant point à élaborer une stratégie, ou un plan d'attaque qu'elle se devrait de suivre et de respecter à la lettre. Elle savait quoi faire, et comment le faire. C'était une chose qu'elle pratiquait depuis longtemps, et elle n'était en rien outrageusement réputée pour avoir été l'une des meilleures apprentis formés par les Seigneurs de Guerre d'Okaara. On l'avait destinée à de grandes choses, et elle n'avait jamais failli à sa réputation. C'étaient en quelque sorte les autres qui ne s'étaient pas montrés à la hauteur, avec elle, auprès d'elle, et pour elle, d'une certaine façon ... Ce qui changeait tout à sa situation personnelle, mais rien à la situation présente. Elle tenait son rôle, et elle savait que, d'un point de vue extérieur, peut-être que cela exciterait tout jeune homme en manque qui poserait son regard sur elle. Mais, tant pis pour ces potentiels observateurs peu avares de fantasmes, mais aujourd'hui, elle avait enfilé quelque chose sous sa robe ! Pas d’exhibition contre nature, donc, mais, bon, ce n'était point à ça qu'elle songeait en finissant par se retrouver face à Black Mask, une arme à feu à la main. Elle songeait plutôt à où exactement elle pourrait lui coller une balle, quand la voix de Harley la tira de ses pensées. Non sans lui accorder un petit sourire qui en disait long. Elle n'ôterait pas le pain de la bouche de l'arlequine, si celle-ci désirait réellement faire les choses bien, puisque, après tout, elle s'en était tenue à ses préconisations.Mais Koriand'r n'en oubliait pas pour autant que, justement, elles n'étaient pas seules. Juste là, face à elle, Black Mask était encore debout, lui aussi. Et visiblement, Monsieur n'était pas très content, à le voir braquer le canon d'une arme dans sa direction.

« Quoi, sérieusement, vous allez me tirer dessus ? Tout ça parce que je vous empêche de continuer à jouer à vos petites combines ? Je survivrais, vous savez, et je ne vous apprendrais rien en vous disant que cela ne fait qu'apporter encore plus de motivation dans la vengeance. ... Moi, par contre, si je vous flingue ... »

Il n'y avait pas vraiment de criminels, sur Tamaran. Du moins, là-bas, par rapport à ici, les choses étaient bien différentes. Sans doute parce que, pour tous, en priorité, il y avait cet ennemi bien plus colossal à affronter. Sans doute cela avait-il été une sorte de liant. La Citadelle représentait une menace pour tout le monde, dès lors, les petites vengeances, les rancœurs et les orgueils se rangeaient dans un petit coin. Plutôt que de se chamailler et de se livrer à des guerres intestines, tous avaient préféré resserrer les rangs pour affronter la Citadelle, qui leur avait déjà tant pris. Enfin, tous ... Koriand'r n'avait rien vu, sans doute parce qu'elle était située dans des sphères de pouvoir bien trop hautes pour pouvoir tout apercevoir des basses manœuvres de certains membres du peuple. Et dans le même temps, concernant la menace la plus grave, pour elle, et bien elle avait été aveuglée par l'amour fraternel qu'elle éprouvait envers sa propre sœur, Komand'r. Elle avait été de mèche avec eux, Komand'r. Elle avait trahi son propre peuple, sa propre famille, sa propre cadette, pour ... Pour se venger, sans doute. Jamais Koriand'r n'avait compris à temps ce qui se tramait. Jamais elle n'avait réussi à saisir les tenants et les aboutissants avant qu'ils ne soient trop tard. Oh, elle avait compris, maintenant, Koriand'r. Elle avait même très bien reçu le message, mais toutes les connexions ne s'étaient faîtes dans son esprit qu'une fois qu'il était trop tard. Komand'r était déjà passée à l’œuvre, et avait fait payer le prix, et très cher, à Koriand'r, dont la principale culpabilité avait été d'être née telle qu'elle était. Toutes ces années, ... Toutes ces années étaient derrière Kory, désormais, mais elle ne pouvait s'empêcher d'y penser. Pas plus qu'elle ne pouvait rayer tout ça de sa vie, parce que cela avait malgré tout contribué à faire d'elle celle qu'elle était aujourd'hui. Une Tamaraneanne unique en son genre. Une Tamaraneanne contrainte de trouver refuge sur une autre planète que la sienne, de plus. Ce qui l'amenait sans doute plus ou moins à être là, aujourd'hui, faisant face à Black Mask et à ses sbires, ou tout du moins à ce qu'ils restaient d'eux. Tirer serait très facile. Les armes à feu n'existent pas sur Tamaran, du moins, pas comme ça. Et dans le fond, si tout allait bien pour elle et que le Soleil était enfin de retour, et bien la jeune femme n'aurait même pas besoin de ça pour faire justice. Mais les choses étaient telles qu'elles étaient, et il fallait alors composer avec. Ce qui ne signifiait en rien que tirer était un geste réflexe pour elle. La puissance et l'impact de ses starbolts, elle maîtrisait et connaissait. Mais ça, c'était différent. Elle avait des difficultés à avoir confiance en cette arme à feu. Elle connaissait bien des personnes qui seraient capables de la rassurer à ce sujet, mais elles n'étaient pas présentes auprès d'elle, là, tout de suite, maintenant. Et si elles étaient là, pour la plupart, il y avait fort à parier qu'elles la dissuaderaient de tirer avec cette arme, ça oui !

« Maintenant, il faudrait appeler la Police, j'imagine. Je ne sais pas si, ici, ils me connaissent, mais je suppose que donner mon nom serait bien plus efficace que de donner le lien, sans vouloir t'offenser. » Il lui apparaissait en effet plus compliqué pour Harley Quinn de prétendre détenir un dangereux criminel. Les forces de l'ordre risqueraient de croire que c'était encore l'une de ses mauvaises blagues, non ? En fait, ça ne coûterait rien d'essayer, sans doute, mais là, les choses étaient trop importantes, et Kory ne pouvait donc pas se permettre de se livrer à l'une des occupations qui lui prenaient du temps, c'est à dire les tests et expériences destinés à lui permettre de mieux comprendre les humains et leur fonctionnement. Oh, tiens, d'ailleurs, ne venait-elle pas d'entendre des pneus crisser ? Plutôt que de leur répondre, et de donner une réponse à Harley, Black Mask esquissa un mauvais sourire. Ce qui n’embellissait en rien son si fasciés si étrange ! « Pourquoi tu souris comme ça ? Je n'aime pas ça. » Elle eut finalement très vite la réponse, lorsque les vitres explosèrent et qu'il y eut cette fumée très dense, qui piquait les yeux et rentraient jusque dans ses poumons.