The independant red bat (kate)

« Apprends à viser, pauvre con! » Lâcha Kate, tout en essuyant un filet de sang s'échappant de ses lèvres, alors qu'une sorte de batarang venait de se planter dans le sol, juste sous ses yeux. Malmenée, en difficulté, la rage au ventre et la colère animant ses tripes, c'est pourtant un regard moqueur et dédaigneux qu'elle lança à Owlman. Ce dernier se contenta de sourire tout en levant le poing. « Putain de merde... » Comprit-elle trop tard, lorsque son adversaire sembla appuyer sur un bouton. L'explosion fut violente. Le corps de Kate en fut propulsé sous une montagne de gravas. Une fois encore, Owlman avait eu le dessus sur la Bat-Family... Et quant à Batwoman, son corps demeura alors introuvable...

« Comment tu te sens ce matin ? » Kate se tenait debout devant la baie vitrée du salon. Une tasse de café solidement tenue entre ses doigts, son visage affichait autant de colère et de rage que de sévérité et de détermination. « Pas plus mal qu'hier. » Rétorqua-t-elle froidement à son père, accompagnant ses dires d'un mouvement de main afin de porter la tasse de café jusqu'à ses lèvres. Jabob soupira sous la réaction apparente de sa fille. Il plaqua ses mains sur ses cuisses, comme pour s'aider à se relever, se tournant alors vers la cuisine ouverte. « T'as pas encore fini de t'en vouloir ? » Lui demanda-t-il après de lourdes secondes de silence. Kate, malgré l'écoulement desdites secondes, demeure droite comme un piquet. Exception faite de son bras se mouvant de temps à autres jusqu'à hauteur de sa bouche, le reste de son corps s'avérait tout bonnement inébranlable. « Il t'as prise par surprise. Il a eu l'avantage. » Jacob s'arrêta de marcher et posa ses mains de part d'autres de ses hanches en regardant la silhouette de sa fille. « Tu as donné le meilleur de toi-même à ce moment-là, c'est tout ce qui compte Kate... » Tenta-t-il de la résonner, ou peut-être de la réconforter, voire les deux, qui sait ? Mais cela n'avait que pour effet de renforcer la colère et la culpabilité que ressentait la justicière jusqu'à présent. Silencieuse, ce ne sont pas des mots qui apportèrent une réponse. Juste le mouvement de ses doigts se resserrant plus que de raison sur la faïence de la tasse de café. « Alors arrête avec ta culpabilité, et reprend du nerf ! » Voulut-il conclure en durcissant le ton. Mais la réaction de sa fille ne fut certainement pas ce qu'il espérait. Et pour cause, mâchoire serrée, elle envoya valser la tasse contre le mur avant de se retourner vivement face à son père. « Arrête avec ta culpabilité ? C'est ce que tu t'es dit en te regardant dans le miroir quand ils ont tué maman et Elizabeth peut-être ? » Plaqua-t-elle vigoureusement ses mains sur le plan de travail de la cuisine. Jacob fronça les sourcils avec sévérité, prenant l'estocade en pleine face. « J'ai échoué ! J'ai échoué et je me suis faite exploser la figure ! Résultat des comptes ? Ils sont tous là, à se battre à des centaines et des milliers de kilomètres depuis presque deux mois, alors que je suis restée comateuse et presque incapable de bouger ! Tout ça pour quoi ? Parce que j'ai été négligente ! Et parce que j'ai laissé ce salopard prendre le dessus ! Comment veux-tu que je ne me sente pas coupable ?! » Vida-t-elle son sac avec ferveur, avec férocité, sans se soucier du ton ou des mots employés face à son père. Elle était restée calme et silencieuse bien trop longtemps pour que l'explosion ne devienne pas imminente. La vérité ? C'est que Kate avec l'échec en horreur ! Et encore plus devant cette copie multidimensionnelle de Batman et des autres héros de la Ligue ! L'idée d'échouer lui était inacceptable, mais encore moins que la simple idée que cette famille de chauve-souris, dont elle prétend tant se désolidariser, allait au devant du danger et d'une mort potentielle sans qu'elle ne puisse en faire partie ! « T'as oublié que j'étais justicière ? T'as oublié que j'étais un soldat ? Et qu'il n'y a rien de pire pour un soldat que de devoir subir le repos du guerrier pendant que c'est la guerre dehors ?! » Continuant d'entendre les plaintes et les râles de sa fille, Jacob demeura silencieux mais très attentif. Au moins savait-il réellement comment interpréter les émotions et le comportement de sa fille depuis ces dernières semaines désormais. Et il devait admettre que, si la colère de Kate ne l'aidait aucunement à se clarifier les idées, il la comprenait, elle et son ressenti.

Jacob accourait vers le tas de gravas. Il ne savait pas depuis combien de temps Kate avait pu se retrouver enfouie là-dessous. Tout ce qui comptait, c'était la panique de ce père se refusant à l'idée de devoir dire adieu à sa seconde fille. Il fut assisté dans sa tâche par une équipe de policier, informé de la potentielle présence de Batwoman. Tous se mirent à la tâche, enlevant briques, cailloux et poutres les uns après les autres. Jusqu'à ce que... « Batwoman ! » Résonna la voix d'un flic. Jacob fonça à travers les policiers en présence pour atteindre le corps de sa fille. « Poussez-vous !! » Arriva-t-elle en trombe en voyant des marques de brûlure partielle sur le bas du visage de la justicière. Elle ne bougea pas, elle était totalement inconsciente. « Mon Dieu... » Kate... Murmura-t-il ce prénom dans sa tête alors qu'il retint ses larmes en tentant de sortir le corps de la chauve-souris des débris...

Deux jours venaient de passer. Alors que Jacob chercha partout après sa fille, ce n'est que sans surprise qu'il la trouva dans une pièce où avait été aménagé des outils de musculation et un sac de frappes suspendus au plafond. La justicière déversait sa rage enfouie par plusieurs de séries de crochets et de coups de pieds. Elle grimaçait en faisant certains mouvements mais demeurait concentrée malgré tout. Bien malgré lui, Jacob afficha un petit rictus en coin pour finalement s'avancer derrière le sac de frappes. « Voyons si tu arriveras à le faire encore bouger aussi facilement maintenant. » Il cala le sac de frappes contre lui et y mit tout son poids avant que sa fille ne reprenne sa pluie de coups. L'exercice était beaucoup plus difficile s'il était question de faire bouger ledit sac de frappes. « J'ai eu des nouvelles d'Oracle... » Lâcha Jacob au bout d'un moment. Kate ne répondit pas. Bien sûr elle avait entendu. Et bien évidemment, elle attendait que son père continue sur sa lancée. Chose qu'il fit sans se faire prier, ni trop attendre d'ailleurs ! « C'est le bordel. C'est loin de s'arranger. Mais Batman, les Robin, Nightwing et Batgirl vont bien. » Elle ne le disait pas, elle ne le dirait d'ailleurs jamais aux principaux concernés mais il était évident qu'elle pensait beaucoup à son cousin et ses alliés. Même si, ironiquement, c'est aussi pour ça qu'elle cherchait toujours à ne pas se forger une place trop récurrente et importante au sein de la Bat-Family. Afin de ne pas être confrontée à l'inquiétude de l'attachement, ni même au manque, au dueil ou j'en passe. Mais il y a ce que l'on s'évertue d'essayer de faire, et il y a ce qu'on ressent réellement au fond de nous. Inarrêtable, inévitable. Impulsif et récurrent ! « Je pense que quand tu seras d'attaque... » La fille interrompit la parole du père par un violent direct envoyé puissamment dans le sac de frappes. Et même si ce dernier ne bougea pas trop, Jacob sentit sans difficulté la puissance du coup de sa fille au travers. « Je suis d'attaque ! Je sais même pas pourquoi tu me gardes coincée ici alors que je pourrais déjà être de retour à Gotham ! » Pesta Kate, abandonnant son acharnement sur le sac de frappes. Elle tourna les talons et vint attraper une serviette posée sur l'un des appareils de muscu'. Elle s'épongea le visage, tandis qu'elle passa une main dans le creux de sa colonne vertébrale. Une gêne. Ca la fit grimacer. Jacob n'aimait pas ce genre de vision. Toutefois, il savait également que ce n'est plus en cherchant de la protéger ou de la ménager qu'il l'aiderait. Son éternel soupir s'exprima en guise de son d'ambiance. Finalement, il se dirigea vers sa fille. Cette dernière enroulait sa serviette autour de sa nuque lorsque son père arriva à sa hauteur et posa une main sur son épaule. « On attendait l'arrivée d'un ami. » L'héritière Kane fronça les sourcils. « Et il est temps d'aller le retrouver... Allez, desserre un peu les dents, et viens avec moi. » Une tape bienveillante sur l'épaule de la rouquine et l'ancien militaire guida sa progéniture jusqu'à l'extérieur de leur demeure de 'fortune'. Les yeux de Kate s'écarquillèrent alors avec stupeur. Un visage sorti de nulle part. Une vieille connaissance issue d'un passé lointain, très lointain maintenant ! « Lieutenant MacTavish ?! » Ledit lieutenant était un ancien militaire, affichant l'allure d'un quinquagénaire passant tout son temps libre dans des salles de musculation et de combat. Il portait un uniforme aux couleurs de son ancienne équipe d'élite. Il hocha de la tête à l'attention de Kate, puis de Jacob. « Ton père m'a dit que tu avais besoin d'une bonne remise en forme pour retourner sur le terrain ? » La trentenaire croisa ses bras sous sa poitrine tout en baissant le visage, avec une certaine forme de honte et de gêne. « C'est l'idée, ouais... » Un silence fut observé. Pour les deux militaires en présence, il ne sembla nullement gênant. En revanche, pour la justicière, cela avait une connotation lourde et difficile. Son soulagement fut offert par MacTavish lui-même ! « Bien, dans ce cas, on va voir comment tu te débrouilles face à un vieux fossile, soldat. » Kate le dévisagea et, au plus profond d'elle-même, ne pouvait que se sentir heureuse de cette 'proposition'. Mais le contentement fit rapidement place, une fois de plus, à la surprise. « Contre deux vieux fossiles ! » « Papa ? » Entrouvrit-elle la bouche, à l'image d'une carpe. « Quoi ? Si tu veux tenir tête contre ce que tu peux pas battre, tu vas pas avoir peur de deux vieux croulant quand même, hein soldat ?! » Kate offrit un visage sérieux et toujours aussi fermé. Mais au plus profond de son coeur et de son âme, elle avait la sensation d'enfin pouvoir se comprendre à nouveau avec son père. Et elle comprenait l'importance de son geste envers elle !

Jacob n'avait pas hésité. Il avait fait appel à de vieilles relations et d'anciens 'amis' afin de pouvoir quitter Gotham en compagnie du corps de Batwoman. C'est en Europe que le patriarche Kane choisit d'emmener son unique héritière vivante, dans des contrées reculées et montagneuses de l'Italie. « Alors, Doc', ton verdict ? » Demanda-t-il, venant à la rencontre de son ancien doc militaire, observant avec attention les constantes et le corps inanimés de Kate. « Je crains que ta fille soit dans un petit coma. Si tu l'as retrouvée sous des gravas, elle a certainement eu un petit traumatisme crânien. Cherche pas plus loin. » Le visage de Jacob devint alors livide. Le praticien le remarqua rapidement et chercha à rassurer le père de famille. « Ne t'en fait pas Jacob. C'est une histoire de quelques semaines, je pense. » Son visage se raffermit toutefois aussi sec. « Ce qui m'inquiète surtout, c'est l'hématome qu'elle a au niveau de la colonne. D'après mon auscultation, son dos en a pris un coup mais sévère... » Jacob jura alors dans ses lèvres . Il passa une main sur son front, sur ses yeux, sur son visage tout entier. « Ne me dis pas qu'elle va se retrouver paralysée... Ca va la tuer, ça... » Le doc' prit une grande inspiration. « Il faut qu'elle fasse attention et qu'elle se ménage pour le moment... Sinon... » Pas besoin de plus pour que les deux hommes se comprennent, au grand dam de Jacob.

Il était temps. Plus que temps. Kate s'était remise sur pieds. Kate avait pris plus que son temps. Il n'était plus question désormais de rester hors du conflit – l'heure était au retour à Gotham ! Mais, avant cela, une vérification de son équipement semblait de rigueur ! « Alors, soldat... On retourne sur le terrain ? » Arriva Jacob, derrière elle, l'observant préparer son équipement. Pour la première fois depuis son 'départ forcé' de Gotham, Kate sourit franchement. « Et oui, le moment est venu mon colonel ! » À son tour, le père ne pu retenir un sourire. Il témoigna d'une petite hésitation visible mais finit par se lancer. « Tu sais, Kate... Je t'ai pas tout dit... Pourquoi je faisais traîner les choses, que je ne voulais pas que tu y retournes... » Un petit rictus mutin aux coins des lèvres, Kate se retourna face à son paternel, tout en s'adossant contre la table où se trouvait son équipement, y prenant appuis avec ses mains. « Ce n'est pas que je ne croyais pas en toi, en ma fille, ou en Batwoman... » Il glissa sa main sur la joue de sa petite rouquine. « C'est juste que... » Il demeurera à jamais un père, son père. Preuve en est le regard devenant légèrement pétillant, sachant qu'il ne pouvait enrailler la destinée de sa progéniture mais ne pouvant que s'inquiéter pour elle. « Ne t'en fait pas, papa. » Elle lui sourit chaleureusement, glissant sa main sur la sienne. « J'ai trouvé les notes du Doc'... Et, surtout, c'est moi qui tient à m'excuser pour ce que je t'ai dit l'autre jour... » Si les mots n'étaient pas toujours le moteur de leur communication, les silences et les expressions faciales, elles, trahissaient clairement leurs pensées et ressentis à tous les deux. De telle sorte à ce que Jacob n'eut aucunement besoin de dire à quel point les excuses de sa fille comptaient en cet instant. « Tu voulais me protéger... Et moi j'avais la sensation qu'on m'interdisait de rester Batwoman au moment où j'en avais le plus besoin... » Elle reprit sa main et ponctua le tout d'un petit sourire ironique. « Autrement dit, on a encore géré comme des merdes ! » Échangea-t-elle un franc sourire avec son père. Ils se prirent brièvement dans les bras l'un de l'autre. De tels instants étaient aussi rares que précieux entre eux. Ceci dit, ils n'avaient jamais été très tactile entre père et fille, du moins, jamais depuis la mort de la mère et de la soeur jumelle de Kate. Suite à cela, c'est dans un silence presque religieux, mais aucunement malaisant, que Jacob prit soin de donner un coup de main à sa justicière de fille pour terminer de rassembler ses affaires. « Tu te remets aux vraies munitions létales maintenant ? » Interrompit-il sa fille, tenant un chargeur dans le creux de sa main. Elle qui s'était donnée un devoir de conscience à devenir plus héroïque que guerrière avec les années, il y avait de quoi surprendre. Kate opina du chef avant d'attraper le chargeur des mains de son père. « J'ai échoué face à ce Owlman car j'ai voulu jouer selon les règles des justiciers, des héros et de Batman. » Elle mit le chargeur dans un sac, et en attrapa plusieurs autres qui y trouvèrent place à côté du premier. « Maintenant, Batwoman redeviendra le soldat qu'elle a été à ses débuts. » Elle ferma vigoureusement le sac. « On est en guerre. Le monde est en guerre. Et tant que ces envahisseurs seront là, il n'y aura plus de place pour la pitié. » Ponctua-t-elle avec véhémence. « Il n'y a qu'en réglant les choses comme ces salopards qu'on finira par s'en débarrasser et retrouver un semblant de normalité, ici. » Elle passa à un autre sac. Son père n'acquiésciait, ni ne contredisait ses mots. Et pourtant, pour une fois, Kate s'attendait vraiment à une réplique quelconque. « Tu désapprouves ? » S'enquit-elle alors, bien que son entêtement était tel qu'elle n'aurait certainement pas changer d'avis malgré tout. Jacob sourit. « Honnêtement ? Je veux juste que tu sois prudente. » Il posa une main sur son épaule. « Et pour le reste, je te fais confiance. Je sais que tu feras ce que tu dois faire, et que tu le feras justement. » Elle remercia son père d'une nouvelle étreinte. Tout était dit. Ils s'étaient compris. C'était le plus important pour la chauve-souris écarlate.


Voilà depuis un peu plus de deux mois que Jacob avait emmené Kate loin de sa famille de chauve-souris, loin des justiciers, loin de Gotham. Mais voilà surtout aujourd'hui que sa fille unique a repris le chemin des toits, des airs. Le chemin du combat, de la lutte, de la guerre dans une ville où la nuit demeure encore et toujours présente. Derrière la fenêtre de sa chambre, plongée dans la pénombre, il scrute les cieux en se demandant où peut se trouver sa justicière de fille. Qui est-elle en train de combattre ? Qui peut-elle être en train de sauver à l'heure qu'il est ? Et, surtout, comment va-t-elle ? Il ne dormirait pas tant qu'elle ne serait pas rentrée. Ses nuits blanches allaient reprendre de plus belle, bien malgré lui. Au moins pouvait-il se consoler de savoir sa fille là où elle avait besoin d'être, et faire ce qu'elle avait besoin de faire. C'est alors que, soudainement, une silhouette blanchâtre se dessine derrière lui. Silencieuse. Discrète. Imperceptible. Une main gantée de blanc s'appose subitement sur la bouche de Jacob. Une autre glisse furtivement une lame argentée sur la gorge de l'ancien colonel. Le sang se met à couler. Jacob pose une main sur sa gorge tout en tombant à genoux. Il n'arrive pas à prononcer le moindre mot. « La reine rouge l'a ordonné : qu'on lui coupe la tête... » Résonna une petite voix presque innocente et fluette. Le patriarche Kane tomba dos au sol. Il vit ce visage blondinet à la peau blanche se rapprocher du sien. « Ainsi n'importunera-t-il plus sa majesté. Alice pourra de nouveau vagabonder. » Le sang continue de couler. Jacob sent ses forces le quitter. Il ne peut rien faire. Il ne peut lutter. « Et quand la petite souris verte ne courra plus dans l'herbe, on pourra enfin l'attraper et la tremper dans l'huile ! » L'homme se meurt. Le visage blanchâtre de cette mystérieuse dame sourit. La silhouette se redresse et retourne dans l'ombre d'où elle a surgit. Un père n'est plus. Un fantôme est revenu...

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