Open the door if you dare ★ Violet

Depuis que j'ai bu un verre avec Tracy il y a quelques jours, je me suis pas mal remise en question sur mes rapports avec autrui. Je sais que j'ai du mal à me faire des amis, la plupart des personnes avec qui je suis en contact n'étant pas spécialement fréquentables en dehors de mon « travail ». Je me suis promis de faire des efforts, pour faire des rencontres, et peut-être m'ouvrir de nouveau à quelqu'un. C'est pour cela que je me retrouve dans ma salle de bains, un tube de coloration temporaire devant moi. J'ai décidé de me l'acheter, pour changer un peu de look. Disons que le côté gothique de ma personne, à toujours être habillée en noir, capuche vissée sur la tête, n'aide pas beaucoup à la sociabilisation. J'ai donc choisi une couleur blonde, presque blanche. Si jamais le résultat ne me plaît pas, on reviendra aux sources, et je me raserais le crâne. Je l'applique sur mes cheveux, et je la laisse poser le temps qui est indiqué sur la notice d'utilisation. Pendant ce temps, j'en profite pour regarder sur internet les magasins qui pourraient convenir à mon « nouveau style », même si je pense que je finirais pas m'acheter des vêtements sombres. Je veux bien faire des efforts, mais pas trop d'un coup, faut pas pousser. Une fois ma recherche faite, je prends le temps de me griller une cigarette. Aussitôt terminée, je retourne dans la salle d'eau, afin de rincer la coloration, et me sécher les cheveux. Je m'observe dans le miroir, et je me dis que finalement, ce n'est pas si horrible que ça. C'est clair que ça me change totalement, mais je pourrais m'y faire. J'hésite même à envoyer une photo à Tracy pour lui demander son avis, puis me ravise. Nous ne sommes pas si proches pour que je fasse ce genre de choses. J'enfile des fringues à la va vite, récupère mes clefs, enfile mon sac à dos et descends dans les rues de Gotham. Direction un magasin de vêtements.

Le soleil brille de nouveau. Ça fait un bien fou, j'avoue que ça m'avait manqué même si je me sentais bien dans l'obscurité de la ville. Je lève le nez en direction de celui qui refait surface petit à petit, mon ventre grognant. L'appel de la faim commence à se faire en cette fin de matinée. Je me dirige dans le centre-ville, bien déterminée à manger un morceau avant de faire mon shopping. Je m'arrête devant une boulangerie, et achète un sandwich. Je le prends à emporter, afin de pouvoir traîner dans la rue tout en zieutant dans les vitrines. Décidément, rien ne me plaît. Tout est coloré, à fleurs, cher – même si ce n'est pas ce qui me préoccupe, parce que je finirais par les avoir gratuitement... Rien n'attire mon regard, alors je commence à perdre espoir. Je jette un coup d’œil à mon téléphone. Déjà deux heures que je suis ici. Je commence à perdre patience, parce que faire les magasins n'est pas vraiment mon passe-temps favori. Alors que je pense avoir perdu la moitié de ma journée, je repère une enseigne avec des vêtements à peu près convenables. Je m'approche de la vitrine et repère deux-trois pulls qui peuvent faire l'affaire. Je rentre donc, et commence à flâner dans les rayons. Je décroche deux pulls, sélectionne un t-shirt et une chemise ainsi qu'un pantalon. Je regarde autour de moi, il n'y a qu'une seule vendeuse dans le magasin, et elle n'a pas du faire attention à ce que j'ai pris. Tant mieux, je pourrais partir avec au moins la moitié de mes articles sans en payer un seul. Je me dirige alors en direction des cabines d'essayage, non pour essayer ce que j'ai dans les bras – je sais que c'est ma taille – mais plutôt pour être à l'abri des regards afin de détacher les étiquettes qui me feraient repérer instantanément si elles sonnaient à ma sortie. Aucune d'entre elles n'est occupée, ce qui me facilite encore plus la tâche. Je rentre dans celle du fond, pour être tranquille. Alors que je m’attelle à enlever l'étiquette du premier pull que j'ai choisi, j'entends que quelqu'un approche. La panique me gagne. Et si la vendeuse m'avait vue ? Je me dépêche donc d'enlever mon haut, me retrouvant en soutien-gorge, pour faire croire à un vrai essayage. Une personne se dirige vers moi, et j'entends, plus que je ne vois, qu'on tire le rideau de ma cabine. Lorsque je relève la tête face au miroir, j'aperçois une chevelure rousse, et un visage horrifié. Le rideau se referme sur le champ. Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? J'entends tout à coup que la personne se confond en excuses, et je me mets à sourire. Mon côté insolent reprend rapidement le dessus, et je passe ma tête entre le mur de la cabine et le rideau. Je souris en voyant la jeune femme adossée au mur, à côté de moi et réponds effrontément « Non pas que je sois pudique, mais j'aurais préféré être prévenue que j'attendais une si charmante compagnie. » Je rigole face à cette situation inédite, avant de retourner à mes occupations. Je me dépêche de finir ce que je faisais avant d'être interrompue alors que mon sourire ne quitte pas mon visage. Je secoue la tête de gauche à droite, encore amusée tandis que je termine rapidement d'enlever les étiquettes et de fourrer les vêtements dans mon sac avant de sortir de la cabine. Ma voyeuse n'est plus là, et je remarque que la cabine voisine à la mienne est occupée. Finalement, au lieu de me diriger vers la sortie, je décide d'attendre qu'elle finisse. Je m'adosse au mur, mon sac à dos à mes pieds, la jambe gauche relevée de façon à prendre appui avec sur le mur qui se trouve derrière moi. J'enfonce mes mains dans mes poches, et souris, attendant sa sortie, impatiente. Finalement, elle se déroule plutôt bien cette journée.

Je ne sais pas depuis combien de temps elle se trouve à l'intérieur de sa cabine, mais ça fait quelques minutes que je l'attends. Au lieu de perdre du temps à l'attendre, j'aurais mieux fait de rentrer. Plus je reste ici, avec mes articles dans mon sac, et plus je prends de risques à me faire attraper par la vendeuse. Heureusement que j'ai décidé de changer de couleur de cheveux, et surtout qu'ils ont poussé. Je me fonds un peu plus dans la masse comme ça. Avant, lorsque j'avais mes cheveux rasés, et mon style gothique, dès que j'entrais dans un magasin, on me soupçonnait, et on me suivait. Ils n'avaient pas tort dans le fond. Mais j'arrivais toujours à m'en sortir avec deux-trois petites choses dans mes poches. Je regarde en direction de la caisse, la vendeuse est occupée avec une cliente plutôt mécontente. Ça me laisse de la marge.

J'ai le nez collé à mon téléphone quand la demoiselle qui m'a interrompue ressort, des articles dans les bras. Merde, on va devoir passer par la caisse. J'essaie de ne pas laisser la panique me gagner et je remarque qu'elle prend le temps de me détailler, alors je ne me gêne pas pour faire de même. Donnant-donnant après tout. Elle est un peu plus grande que moi, son visage est d'une douceur infinie et des cheveux d'un roux flamboyant entourent ses traits. Je croise son regard, et je suis totalement hypnotisée par leur couleur ambrée. Je suis sortie de mes pensées lorsqu'elle se remet à parler pour s'excuser une nouvelle fois tandis qu'elle s'approche de moi. Je remarque qu'elle rougit un peu. C'est à cause de moi ? De la situation ? Elle est gênée c'est sûr. Mais je n'arrive pas à définir clairement ce qui la rend comme ça. Je la rassure alors dans un sourire. « Ne t'en fais pas, ça aurait pu aussi m'arriver. Je suis restée pour te dire que ce n'était pas grave, je ne voulais pas que tu sois mal à l'aise après ça. » Elle sourit doucement, et me propose d'aller boire un café pour se faire pardonner. « Ça serait avec plaisir. » Je souris, déjà fatiguée de moi quand je prononce les mots suivants « Ceci dit, tu n'es pas obligée de te servir de ce prétexte si tu as juste envie de boire un verre avec moi. » Je lui lance un clin d’œil malicieux, tandis que je récupère mon sac à dos à mes pieds dans l'intention de m'avancer vers les caisses. Je suis contente qu'elle me l'ai proposé, et surtout que d'avoir accepté son invitation. Je suis fière de mes progrès, je ne suis pas sûre que j'aurais pu accepter il y a quelques mois. Je ne serais même pas restée à l'attendre. De plus, j'ai l'impression qu'elle n'est pas d'ici. Elle ne ressemble pas vraiment au stéréotype de la personne vivant à Gotham. Elle est beaucoup trop pétillante pour habiter dans le coin. Je note dans un coin de ma tête de lui demander d'où elle vient, et pourquoi elle s'est perdue ici. Je pense que Tracy serait contente de voir que je m'améliore un peu. Il faudrait que je la recontacte pour qu'on puisse se revoir. Elle se présente à moi, chose que je n'ai pas eu le réflexe de faire. « Violet, enchantée. » Je souris doucement et prends la direction de la sortie. « Je te laisse régler tes articles, si ça ne te dérange pas, je vais aller fumer une cigarette en t'attendant. » Je désigne la sortie du magasin du pouce pour lui indiquer que je serais devant. Ça m'évite surtout de ne pas passer par la caisse. Je baisse la tête en sortant, histoire de ne pas être sur les images des caméras, et surtout par habitude.

Alors que je profite de la chaleur des rayons de soleil sur mon visage en sortant du magasin, je sors mon paquet de cigarettes, et en allume une. Je réfléchis un instant à l'endroit où on pourrait aller. Je suppose qu'elle ne connaît pas beaucoup les environs, donc je vais devoir servir de guide. Pas que ça me dérange, au contraire, elle m'a l'air d'être d'agréable compagnie. Je ne vais pas risquer de l'emmener au bar d'Ana, ni chez moi, la proposition pourrait porter à confusion. Je décide donc de l'emmener dans le bar où j'avais à l'époque fauché le porte-feuille de mon cher Michael. Les fréquentations ne sont pas horribles, et l'ambiance y est plutôt sympathique. Une fois mon choix fait, j'attends patiemment qu'elle ressorte.

Je finis ma cigarette lorsque Megan me rejoint. Comme je l'avais supposé, elle ne connaît pas Gotham, ce qui me confirme qu'elle vient d'autre part. Je me permets donc de lui faire remarquer en souriant « Je me doutais bien que tu ne venais pas d'ici, sans vouloir te juger, on voit tout de suite que tu es une touriste. Mais ne t'en fais pas, je connais un endroit sympathique où on sera tranquilles. » Je prends la direction du bar doucement, m'adaptant à l'allure que prend Megan. Lorsque je pose mon regard sur elle, je vois que son attention se pose un peu partout autour d'elle. Même si Gotham n'est pas la plus belle ville des États-Unis, elle a son charme atypique. Pour quelqu'un qui ne vit pas ici, la ville peut paraître morose, sombre, avec des habitants infréquentables. Ce qui n'est pas faux, mais il n'empêche que quand on connaît les bonnes personnes, on peut s'y épanouir facilement.

Elle me demande alors si je vis à Gotham. Je lui réponds dans un sourire « Oui, depuis des années maintenant. Mais je suis originaire de Central City. Au début j'ai eu du mal à m'adapter, disons que Gotham n'est pas la ville la plus accueillante qui soit. » Je grimace un peu, me souvenant de mes premiers mois ici. J'ai mis du temps à me faire une place dans les rues de la ville, mais ma persévérance a fini par payer. « Mais maintenant, je ne me vois pas vivre autre part qu'ici. J'ai mes habitudes, mon train de vie, et mes amis. » Et c'est vrai. Je sais que je pourrais déménager facilement, je n'ai pas d'attaches ici. Excepté Michael ou Tracy, je n'ai rien qui puisse me retenir. Peut-être que d'ici quelques années mon avis aura changé, mais pour le moment, je reste campée sur ma position. Nous arrivons au bar, et je vois qu'il n'y a pas grand monde malgré le retour du soleil. Ça nous permettra d'être vraiment tranquilles et de profiter de la chaleur de l'extérieur sans être entourées d'un brouhaha constant. Je hèle Jim, le barman qui tient l'établissement et que j'ai appris à connaître à force de visites. « Dis Jim, tu pourrais nous apporter deux cartes s'il te plaît ? » Même si je sais déjà ce que je vais prendre. Ou surtout ce que je ne vais pas prendre. Je vais éviter de boire un whisky, déjà parce que l'heure est peu avancée dans la journée, mais aussi parce que la dernière fois que j'ai fais ça avec Tracy, je lui ai fais pas mal de révélations sur moi. Je le remercie d'un signe de tête quand il nous dépose ce que je lui ai demandé et repart s'occuper d'autres clients le temps qu'on choisisse. Je prends le temps de jeter un coup d’œil à ce qu'ils proposent, et mon choix s'arrête sur un thé glacé. Je replie la carte et la pose devant moi avant de reporter mon attention sur Megan. Je lui retourne ma question, impatiente de savoir ce qui l'a amenée ici. « Et toi alors, d'où viens-tu ? Et surtout, pour quelles raisons tu es venue te perdre à Gotham ? » Je suis malgré moi très curieuse d'en apprendre plus sur elle. Son air mal assuré est charmant, et la joie de vivre qu'elle dégage ne me laisse pas si indifférente que ça. C'est revigorant. Finalement, je suis contente d'avoir accepté cette invitation.

Lorsque je lui dis que je viens de Central City, elle me fait remarquer que les villes sont vraiment différentes. Je la rejoins là-dessus, Gotham n'a strictement rien à voir avec la ville où j'ai grandis. Mais je me rends compte qu'elle me colle mieux à la peau depuis que j'ai quitté ma ville natale. Tout le monde ne peut pas vivre ici, c'est comme si ceux qui habitaient là étaient destinés à vivre dans une noirceur continue. Quand je lui demande d'où elle vient, elle me répond qu'elle est installée dans le Rhode Island. Je hoche de la tête positivement, pour lui faire comprendre que je l'écoute. « Je ne connais pas ce côté de la côte, mais j'ai entendu dire que c'était un coin agréable. » dis-je en souriant. Elle reprend pour m'expliquer qu'elle avait un déjeuner d'affaires avec un biologiste. Elle a l'air vraiment investie dans ce qu'elle fait, et ses études ont l'air de beaucoup lui plaire. Je peux la comprendre, mais j'ai un avis très opposé à elle. Les études et moi, ça fait deux.

Jim revient pour prendre nos commandes, Megan choisit de prendre un multi-fruit. Il se tourne vers moi et me demande, un sourire en coin « Comme d'habitude ? » Je secoue la tête négativement et lui dis « Non, je vais rester sage, ça sera un thé glacé pour moi s'il te plaît. » Il a l'air surpris, et je le suis aussi. Ça doit faire une éternité que je n'ai pas bu quelque chose qui ne contient pas d'alcool. Il repart alors pour préparer nos commandes. Megan se tourne vers moi pour me demander à quoi j'occupe mes journées. Merde, c'était pas prévu ça. Je ne vais pas lui dire que je suis une voleuse récidiviste, que j'ai des articles qui proviennent du magasin d'où l'on vient plein le sac. Je réfléchis rapidement, prenant le temps de m'allumer une cigarette pour me faire gagner quelques secondes de réflexion. Je décide donc de lui dire une demie-vérité. De toute manière je ne suis même pas sûre de la revoir, donc qu'elle sache vraiment qui je suis ou pas m'importe peu. « J'ai arrêté mes études dès que je l'ai pu. Disons que je n'ai pas trouvé la voie qui me correspondait, et je n'aime pas spécialement le concept de rester assise sur une chaise à écouter un professeur blablater pour ensuite recracher son cours pas cœur. » Je tire une bouffée de ma cigarette et continue « Donc je vis de petits boulots par si par là. J'ai un peu de mal à garder quelque chose de stable. » Je hausse les épaules de façon nonchalante, parce que de toute manière, j'ai encore le temps de trouver un boulot qui me plaît. Enfin... Il y a bien quelque chose, mais je ne sais pas si on peut officiellement appeler ça un travail.

Jim refait son apparition pour nous déposer nos boissons, et me fait un clin d’œil avant de repartir. Je secoue la tête de droite à gauche, et rigole un peu. Je ne suis pas télépathe, mais je sais exactement à quoi il pense. Il est déjà plus discret que l'avait été Ana. Je ne sais pas si Megan a remarqué notre petit échange, surtout parce que je ne veux pas qu'elle s'imagine quoi que ce soit. Je prends une longue gorgée de ma boisson et savoure le liquide qui coule dans ma bouche. Je finis ma cigarette et regarde Megan dans les yeux. Leur couleur m'hypnotise totalement. Je sais que je ne pourrais pas les oublier de si peu ceux-là. Je reprends rapidement la parole, pour que le moment ne soit pas gênant, et surtout parce que je n'ai pas envie de passer pour une psychopathe. « Si tu as un peu de temps devant toi, après je peux peut-être te faire visiter la ville... » Je ne suis pas sûre de moi sur ce coup. Elle prend déjà le temps de boire un verre avec moi, et Happy Harbor n'est pas la porte à côté. « Bon, j'avoue que ça ne paye pas de mine, mais je te promets d'être un bon guide. » Je lui lance un clin d’œil malicieux et attends avec un peu d'appréhension sa réaction.

Lorsque je lui dis que je vis de petits boulots, elle me répond que j'ai encore le temps de trouver ma voie, et qu'au moins, je peux me vanter de savoir faire plusieurs choses. Évidemment, vu sous cet angle, ça peut être un avantage. Malheureusement, je pense que d'où sont mes parents, ils ne doivent pas vraiment être fiers de ce que je suis devenue. Je me blâme souvent de ne pas avoir continué mes études, comme je me l'imaginais plus jeune. Aller dans une faculté réputée, sortir major de promo et ensuite faire carrière dans quelque chose qui me permettrais une vie sereine et sans soucis financiers. J'avais des ambitions, qui ont été réduites à néant. Je me suis renfermée sur moi-même et je suis devenue une personne totalement différente de ce que j'étais avant. La vie en a voulu ainsi, et je ne sais pas si je pourrais faire marche arrière.

Je remarque que Megan s'intéresse beaucoup à son environnement. Elle a l'air d'être quelqu'un de très ouvert à la nouveauté. Le fait qu'elle ne soit jamais venue sur Gotham, et qu'elle soit aussi attentive à ce qui l'entoure montre qu'elle ne connaît rien de cette ville. Même si je ne doute pas que la réputation de la ville soit connue partout dans le monde. Toute personne entendant la mention de la ville du Batman sait qu'il n'y fait pas bon vivre. Mais les yeux nouveaux de Megan me permettent de redécouvrir ma ville. Quand je lui propose de lui faire visiter la ville, même si ce n'est pas glorieux, elle rit et me dit qu'il faut parfois regarder plus loin pour découvrir la beauté des lieux. Je suis tout à fait d'accord. Je ne suis pas experte en art, mais j'aime de temps en temps m'arrêter dans les rues et observer les graffitis que les jeunes s'amusent à faire. La plupart du temps ils reflètent leurs émotions, ce qu'ils cachent au plus profond d'eux. Finalement, elle accepte mon offre, ce qui me réjouis beaucoup. Je bois une gorgée de ma boisson, réfléchissant où je pourrais l'emmener. Soudain, une idée vient se glisser dans ma tête. « Et si on allait au musée ? C'est à quelques rues d'ici, si on prend le métro on en a pour moins de vingt minutes. » je propose, tout en souriant. Alors que j'allais me lever pour aller régler l'addition, elle me dit que j'ai l'air de venir souvent ici et me demande ce que je bois d'habitude. Ah. Bon. « Ahem... Eh bien, je ne pensais pas que tu relèverais ce détail. » Elle me prend un peu de court. Si je lui avoue que j'ai un penchant pour le whisky, je vais vite être catégorisée d'alcoolique. Pendant un instant je maudis Jim de m'avoir posé cette question. Je réfléchis rapidement, pour qu'elle ne pense pas que je cherche un mensonge à lui dire. J'opte pour lui dire une demie-vérité. Encore. « Je viens de temps en temps, c'est vrai. Et comme généralement c'est accompagnée d'un ami, j'ai tendance à préférer le whisky aux boissons light. » Mon sourire est crispé, et j'espère que je ne la ferais pas fuir. Je me racle la gorge, gênée. Je décide donc de lui dire « Je vais aller payer l'addition, comme ça quand on aura fini, on aura juste à partir. » Je me dirige vers le comptoir, en direction de Jim et je l'alpague « Tu n'aurais, pour une fois, pas pu juste me demander ce que je voulais ? Je passe pour quoi moi ? » Je serre les dents, parce que même si je ne reverrais peut-être pas Megan, je ne veux pas qu'elle ai une mauvaise image de moi. « Ah, depuis quand ça te préoccupe de faire mauvaise impression ? Tu prends toujours la même chose, comment aurais-je pu savoir que tu changerais ?» Il me répond, l'air de rien. Je souffle d'agacement, et me retourne pour regarder en direction de la rousse. Après tout il a raison. Je ne sais pas pourquoi je réagis comme ça. J'entends l'homme me dire « Oh, tu as changé de couleur ? C'est bien, tu fais un peu moins voyou comme ça. » Il rigole en me disant ça, pas du tout dérangé de mon état. Je grogne avant de lui dire « Non, ça ne me préoccupe pas, mais je n'aime pas vraiment rendre de compte en ce qui concerne mon penchant pour le whisky. Secundo, oui j'ai changé, et je m'en fous totalement de ce que tu peux penser. Troisièmement, tu peux me donner l'addition s'il te plaît ? Je ne suis pas venue pour être le centre de l'attention. » J'aime beaucoup Jim, mais il a cette capacité à mettre les pieds dans le plat sans faire attention aux conséquences. « Bon, vu que j'ai l'air de t'avoir mise en rogne, je t'offre la tournée pour me faire pardonner. Enfin, c'est surtout pour la demoiselle qui t'accompagne que je fais ça. » Il me répond avec un clin d’œil, alors qu'il termine de nettoyer le verre qu'il a entre les mains. Je m'apaise un peu, et lui réponds « Merci. » Je lui fais un signe de tête, pour qu'il comprenne que je ne lui en veux pas vraiment. J'ai tendance à rapidement m'emporter, et ce n'est que lorsque la pression redescend que je me rends compte de mes paroles. Je retourne à la table, et dis à la demoiselle. « Je pense que tu lui a plu, il nous offre la tournée. » Dis-je en désignant Jim d'un signe de tête. « Du coup, quand tu es prête, on peut y aller. » Je souris, alors que j'essaie de me détendre un peu.

Elle accepte finalement mon offre, et j'en suis ravie. Je pense l'emmener au musée d'histoire naturelle, c'est un thème qui peut intéresser tout le monde et qui parle à n'importe qui. Quand je lui dit qu'on peut partir lorsqu'elle est prête, j'attends un peu. Elle finit son verre tranquillement, et je fais de même. Au moment où je termine, elle se lève et je me dirige vers le métro. J'espère qu'on ne tombera pas sur des abrutis de première. Ici ils ont le don pour nous emmerder quand il faut pas. Elle me demande ce qu'il y a d'autre à voir à Gotham. Je me doute que c'est le sujet le plus vaste a exploiter pour elle. En même temps, je ne me vois pas lui raconter ma vie alors que ça fait à peine une heure que je suis en sa compagnie. Je réfléchis rapidement, parce que même si ça fait un peu plus de dix ans, mis à part les rues de Gotham que je côtoie, je ne connais pas grand chose. Ou alors ce que les touristes aiment visiter. Je prends donc la parole pour lui répondre, tandis qu'elle sort un ticket de métro de son sac. « Eh bien il y a pas mal de bâtiments connus comme l'opéra de Gotham, la Statue de la Justice, qui n'a rien à envier à la Statue de la Liberté, je t'assure. » dis-je dans un sourire. Je reprends « Sinon il y a aussi le Gotham Square Garden, où on peut parfois voir des matchs de basket ou de hockey. Peut-être que si un jour tu reviens dans le coin, on pourrait s'organiser ça... » Je lui propose, d'un haussement d'épaule. On sait jamais, sur un malentendu, ça peut passer.

On approche des portiques d'entrée du métro, et je la vois insérer son ticket pour déverrouiller la porte devant elle. Ça ne rappelle que je n'ai rien sur moi, puisque je ne prends jamais la peine de payer. Je me concentre un instant, et simule le même geste que le sien, pour qu'elle ne se doute pas de quelque chose, et ouvre le portique à l'aide de ma pensée. Quand j'arrive de l'autre côté, je lui indique du geste de la main la direction du quai. Le trajet se fait dans le silence et le calme. Je lui aurais bien retourné la question, mais quand on se trouve en dessous de la ville, la conversation est impossible. Tout simplement parce qu'on ne s'entend même pas penser. Le bruit sourd du wagon nous martelant les oreilles est très désagréable, et je n'ai pas envie de crier à tue-tête pour qu'elle m'entende. J'attends donc qu'on sorte, pour lui dire « Et chez toi ? Qu'est-ce qu'il y a à voir ? Excepté des femmes aussi jolies que toi je veux dire. » Je lui dit, en lui faisant un clin d’œil tandis que mon sourire s'élargit. Je l'écoute qui me répond, et on s'avance doucement en direction du musée. Je m'arrête, et lui présente d'un geste théâtral « Nous voilà arrivées devant le Musée d'Histoire Naturelle de Gotham. » Je m'incline pour qu'elle passe devant moi, surtout parce que j'aimerais vérifier si j'ai assez d'argent pour payer l'entrée. Je l'observe en même temps, et je remarque qu'elle a le regard qui se fixe un peu partout. Elle est curieuse, et ça me fait du bien de voir un peu de candeur dans cette ville principalement constituée de criminels. Je sais que j'en fais un peu partie, mais contrairement à d'autres, je fais ça pour la survie, et non pour le plaisir.

Avec chance, j'ai de quoi nous payer l'entrée grâce à Jim qui m'a économisé nos verres. Je me dirige donc vers le guichet et demande deux tickets. Je paye rapidement, nous nous dirigeons dans le hall principal. Je me retourne vers Megan et lui lance dans un sourire plus qu'éloquent « Par contre, si tu pouvais éviter de t'approcher trop des œuvres d'art qui sont exposées, je n'aimerais pas te perdre parmi elles. » Fière de la phrase que je viens de sortir, malgré la lourdeur de celle-ci, je me retourne et avance presque en sautillant sur moi-même. Je sens que cette visite sera amusante.

Quand je lui propose d'aller voir un match à l'occasion, elle me répond qu'elle n'est pas très sport, parce que la plupart du temps elle ne comprend pas les règles. J'aurais du me douter que ce n'était pas forcément qui lui plairait, mais ça n'est pas grave, puisqu'elle ajoute qu'elle aime les parcs. Dans ce cas, on pourrait s'entendre, je lui réponds donc avec entrain « Il y a quelques parcs sympathiques, alors va pour ça une prochaine fois ! » A ma question sur ce qu'il y a à voir vers chez elle, elle me parle de plages, et d'un café. C'est vrai que ça me donnerait presque envie d'y aller, histoire de changer d'air pendant un week-end. Je garde cette information dans un coin de ma tête, au cas où un jour je me retrouverais à devoir aller dans les environs.

Alors qu'elle est préoccupée à regarder les environs comme depuis tout à l'heure, je lui sors ma petite réplique, histoire de détendre un peu l'atmosphère. Je sais que c'est ringard et cliché, même un peu lourd sur les bords, mais je vois qu'elle pouffe de rire. Confiante, je lui souris, mais toute ma joie redescend quand elle me répond que pour ne pas se perdre elle va rester à côté de moi. Je savais que ma phrase ne ferait pas forcément mouche, mais de là à me faire rembarrer de la sorte, c'est une première. En restant un peu plus dans la réserve cette fois-ci, pour ne pas trop la brusquer, je lui réponds « Tu as raison, c'était maladroit de ma part, mais ne t'en fais pas, je serais ton guide donc si tu as des questions, n'hésites surtout pas à me les poser. » Et cette fois on avance toutes les deux, dans un petit silence mais qui est loin d'être gênant. Je la vois qui prend le temps de lire tout ce qui se trouve sur notre passage. Étant déjà venue quelques fois, je les connais déjà, alors je ne la pousse pas, et prends le temps d'observer une nouvelle fois les choses qui sont exposées. Tout à coup elle me pose une question qui me mets un peu mal à l'aise. Elle me demande si je suis le genre de personne qui emmène la première venue au musée. Je ne sais pas dans quel sens elle dit cette phrase, mais j'avouerais que je ne sais pas trop quoi répondre. « Ahem, non... Enfin, pas la première venue... Quoi que t'es un peu inconnue... Disons que... Arg ! » Je m'emmêle dans ce que je dis parce que c'est vrai que c'est la première fois que je fais ça. Je prends donc le temps de reformuler ma phrase correctement. « Disons que je n'emmène pas la première fille que je croise dans un musée, mais c'est un endroit sympa à visiter pour quelqu'un qui ne connaît pas la ville. Alors je me suis dit que c'était dommage pour toi de passer à côté de ça, tu vois ? » J'espère que je m'en suis bien sortit, parce que je ne peux pas faire plus limpide comme explication. Moi-même je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai fait ça.

On arrive au niveau d'une section qui est la temporairement, l'exposition étant centrée sur le ciel. Il y a toutes sortes de choses en rapport avec ça, dont des météorites qui ont été récupérées dans les environs. Je prends alors la main de Megan dans la mienne, et je l'emmène avec moi. « Viens voir, il y a quelque chose de fantastique à voir par ici ! » Je suis plutôt enjouée parce que tout ce qui se rapporte à l'univers me passionne particulièrement. Toutes ces choses qu'on ne peut pas forcément voir à l’œil nu, ces possibilités infinies qu'il doit y avoir au-delà de nous. Le sujet est si vaste qu'on n'est jamais à court de découvertes.