Knock knock knocking on hells door! [PV John Constantine]

John était parti se coucher – et par parti se coucher, on entendait plutôt ‘s’était écroulé dans son lit’ – en ayant la vague impression, savamment étouffée par la quantité astronomique d’alcool qu’il s’était infligée, d’avoir oublié quelque chose. Impression qui était rapidement passée au second plan sitôt qu’il avait réussi à s’extraire tant bien que mal de ses vêtements, se cassant la gueule parce que sa jambe refusait de coopérer et de sortir de son pantalon, ou parce que le lit avait décidé de se mettre en travers de sa route, bref – un véritable parcours du combattant qui s’était soldé par quelques hématomes et un Constantine complètement ivre qui s’était effondré sur son lit avec à peine la force de se recouvrir des draps. Et il l’avait fait pour la simple et bonne raison que ces draps étaient bien plus agréables que le papier de verre qu’il se coltinait dans ses piaules habituelles. Deathstroke ou pas Deathstroke, il fallait bien avouer que ces vingt mille dollars lui offraient un répit bienvenu – le reste de sa vie s’effondrait joyeusement avec pertes et fracas, comme d’habitude, Zee partie, Rosalie, morte, mais au moins, il pouvait crécher ailleurs que dans un dépotoir et retirer cette foutue annonce de Craigslist pour un moment. Et ces vacances improvisées, il comptait bien en profiter. Du gin à profusion, ses chères Silk Cut, et tout le temps du monde pour réfléchir au destin de la sorcière nordique dont le corps sans vie reposait dans la Maison du Mystère. What could possibly go wrong.

Ca n’était pas le bruit, puisqu’il n’y en avait pas eu, qui l’arracha des limbes d’un sommeil agité et plein de rêves plus cryptiques et inquiétants les uns que les autres ; mais quand on avait, comme lui, l’habitude de se faire tomber dessus par tout et n’importe quoi pour un oui ou pour un non, on en arrivait à détecter sans peine une intrusion potentiellement létale. Bon, ça, ou, s’il était plus honnête, son esprit endormi n’avait pas supporté l’énième vision d’une Zatanna aux prises avec un démon, ou de Nick Necro brûlant des enfants et leurs parents au bûcher, et l’avait forcé à se réveiller un peu trop brutalement, la poitrine comprimée par un poids insoutenable et le cœur au bord des lèvres. Cauchemar, John. Rien d’autre qu’un putain de cauchemar, se sermonna-t-il, le souffle court et le front baigné de sueur, avant de se redresser lentement sur le matelas. Jetant ses jambes sur le rebord du lit, il chercha à tâtons sur sa table de nuit briquet et paquet de clopes. Clic, la petite flamme illumina brièvement la pièce, le temps d’embraser l’embout de la cigarette. Et le temps, pour John, malgré la nausée de son réveil brutal, de prendre distinctement conscience d’une présence dans la pièce qui n’était pas la sienne. Fuck. Tirant lentement sur sa cigarette, son dos nu offert à l‘étranger dont il pouvait maintenant sentir le regard dardé sur lui, il se sermonna silencieusement. Abruti, va. Dans son alcoolémie avancée, il avait complètement oublié de barder la chambre de ses protections magiques habituelles. Quel imbécile.

Ce qui le surprenait un peu plus que sa propre stupidité, c’était qu’il ne détectait aucune aura magie, ou démoniaque, ou ectoplasmique émanant de l’entité tapie dans l’ombre. Pas un de ses fantômes ou démons habituels, donc. Un être humain ? Un type normal ? Mais qu’est-ce qu’un type normal pouvait bien venir foutre dans sa chambre d’hôtel ? Bon, songea-t-il, l’esprit en ébullition. Puisqu’ils en étaient là, le mieux était encore de lui poser directement la question, eh ? « Ta mère t’a jamais appris à frapper aux portes ? » demanda-t-il – il avait le réveil grognon, Constantine. Plus encore au milieu de la nuit, et plus encore quand il recevait un visiteur imprévu. « Je me souviens pas être rentré accompagné la nuit dernière, donc soit j’étais encore plus bourré que je croyais – et je m’en excuse – soit t’étais vraiment pas invité. » Prudemment, il se retourna, pour scruter la pénombre, cherchant à distinguer la silhouette qui se dessinait là. Ok. Même en l’absence de protection magique, ce type-là était très fort pour avoir réussi à s’infiltrer sans le réveiller. Plissant les yeux dans le noir, il crut vaguement distinguer un costume, sombre – et pas un costume de soirée. Fuck. « … t’es pas un bête cambrioleur du dimanche toi, je me trompe ? » Est-ce qu’il était dans la merde ? Il était sûrement dans la merde. Double fuck. « Qu’est-ce qui me vaut le plaisir ? » Et en attendant d’en savoir plus, autant bluffer, pour ne pas montrer qu’il était, quand même, un poil pas tout à fait à l’aise, l’exorciste en peine gueule de bois.

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Fuckity fucking bollocks. John n’était guère versé dans les divers vilains non-magiques qui peuplaient ce monde, mais il se targuait quand même de se tenir un minimum informé – et l’identité soudainement révélée de celui qui se tenait derrière lui n’avait absolument, rigoureusement, strictement rien de rassurante. La lumière soudaine dans la pièce lui agressa tant et si bien la rétine qu’il en cligna furieusement des yeux en grognant une série de jurons colorés, avant de plisser les yeux pour détailler son interlocuteur. Oh fuck. A sa connaissance, il n’y avait qu’un couillon en chef pour arborer une tenue de ninja noire et orange, bardée d’assez d’armes à l’air toutes plus douloureuses les unes que les autres. Shit. Rapidement, John passa en revue dans son esprit embrumé toutes les personnes qui auraient pu vouloir envoyer Deathstroke en personne lui régler son compte – la liste était longue, mais d’habitude, ils préféraient des moyens moins… pragmatiques, qu’un tueur à gages tout ce qu’il y a de plus humain. Curieux. Et dans le même temps, il passa en revue tous les sortilèges qui pourraient l’aider à se sortir de cette situation un poil périlleuse. Pas vraiment du genre à aller à la confrontation, John et son alcoolémie imaginaient déjà quinze moyens différents de fausser compagnie à leur visiteur indésirable – mais Deathstroke, visiblement, avait d’autres plans pour lui. Déjà prêt à ouvrir un portail mal ficelé et s’enfuir sans prendre le temps s’habiller (chacun ses priorités, hein), John s’interrompit dans son début de mouvement sitôt que la voix grave et détachée du mercenaire se fit entendre. Il était là pour affaires ? En voilà une surprise à laquelle il ne s’attendait pas.

Méfiant, les yeux rivés sur le mercenaire dans une attitude sans doute semblable à celle d’un animal sauvage piégé, John l’observa attentivement en luttant contre sa migraine pendant qu’il approchait, lentement, calmement, en laissant un sac sur le lit. Donc c’était vrai, cette histoire. C’était bien Deathstroke qui l’avait contacté à propos de ces quelques vers arméniens, et c’était bien à lui qu’il devait ces vingt mille dollars providentiels. Putain. Quand il raconterait ça à Boston Brand, il était prêt à parier qu’il ne le croirait pas. « Well, fuck me. » bougonna-t-il dans sa barbe de trois jours, avant d’ouvrir le sac. Une bouteille, et un nouveau paiement. « T’aimes vivre dangereusement, toi. D’habitude on fait rarement appel à moi deux fois, à moins d’être désespéré. » Et il était à peu près sûr que quelqu’un du calibre de Deathstroke le savait. Ce qui le conduisait à la question suivante : est-ce que Deathstroke était suffisamment désespéré pour se lancer dans ce jeu dangereux ? Songeur, John tira sur sa clope, et exhala un filet de fumée alors que son interlocuteur retirait son masque. Shit’s getting serious. Maintenant elle lui revenait, cette trombine de pirate mal luné. Une trombine de pirate mal luné qui garda tout son sérieux, alors qu’il lui exposait sa requête. Oh damn. Shit’s getting really serious.

Tant et si bien que John s’en étrangla presque avec sa clope, déclencha une quinte de toux qui ne fit rien pour arranger sa migraine de début de gueule de bois. « Attends attends attends. J’ai bien entendu ? » articula-t-il en fixant Deathstroke. « Tu veux aller en Enfer. Pour voir ton fils. » Répéter sa requête n’était sûrement pas la bonne façon d’entrer dans ses petits papiers, à celui-là, mais tant pis. Cette fois, il était vraiment certain que Boston ne le croirait jamais. John laissa échapper un ricanement stupéfait – et, reprenant contenance, il se leva pour attraper ses fringues jetées en vrac sur le sol. Et tant pis pour la sensibilité de Deathstroke. « Reprenons du début. On n’entre pas en Enfer exactement comme on entre dans une boîte de nuit. Même si je parvenais à nous ouvrir un passage… » Et là n’était clairement pas le plus difficile. « … les videurs y sont autrement plus désagréables. Et je m’excuse de te le dire, mais il ne suffit pas de les découper en rondelles pour être sûr de revenir en un seul morceau. » énonça-t-il avec un vague geste en direction des sabres qu’il voyait dépasser de son dos alors qu’il enfilait son pantalon et boutonnait sa chemise. « Deuxièmement, trouver quelqu’un en Enfer non plus, c’est pas une mince affaire. Et c’est vraiment une idée de merde, sans vouloir t’offenser. Encore plus merdique que le bon vieux coup de la planche de Ouija que tout le monde oublie de sceller après utilisation. » Inquisiteur, il releva les yeux sur son interlocuteur. « Et puis, qu’est-ce qui te fait dire que ton rejeton est en Enfer, exactement ? Il a suivi le même chemin que papa avant de casser sa pipe ? »

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Bon, ce qui était sûr, c’était que Deathstroke n’avait pas l’air du genre à rester sur un non, donc de toute façon, il semblait bien que John n’avait que modérément le choix dans toute cette affaire. Et il faisait un effort admirable sur lui-même pour ne pas rouler ostensiblement des yeux. Il était sans doute la dernière personne au monde à pouvoir se vanter en la matière, mais bon sang, les clampins qui pensaient qu’on pouvait aller et venir en Enfer comme dans un moulin, il savait très bien comment ça finissait, la plupart du temps. Mal. Soit parce qu’ils ne retrouvaient plus la sortie, soit parce qu’ils ne se remettaient jamais de l’expérience. Entrer en Enfer, là n’était pas la difficulté ; les démons de tout poil comptaient bien sur cette commodité pour attirer quelques âmes en dérive à eux, d’ailleurs. Le vrai défi, c’était d’en ressortir. Et si John en avait l’habitude, il se demandait si Deathstroke changerait d’avis, s’il pouvait voir à quel point ses diverses incartades avec l’Enfer avaient laissé leurs traces, partout sur son corps, son psyché, son âme même. Circonspect, John jeta un regard inquisiteur à son interlocuteur en achevant de (mal) nouer sa cravate. Personne n’était réellement préparé aux horreurs de l’Enfer – précisément parce que l’Enfer atteignait des pics d’horreur qui échappaient à l’imagination et la conception humaine. Si son fils y était réellement – John ne voulait même pas tenter d’imaginer dans quel état ils le retrouveraient. S’ils réussissaient à le retrouver.

Deux alphas dans une meute – cette fois John ne se retint pas de lever les yeux au ciel, mais s’abstint sagement de tout commentaire. Bon, le garnement avait donc aussi mal tourné que son père. Evidemment qu’il se souvenait de l’affrontement avec les Teen Titans, ou du moins, des retours qu’il en avait eu, mais si vous lui demandiez son avis, c’était les risques du métier, non ? « Monte pas sur tes grands chevaux, papa. Simple vérification. Si tu savais le nombre de crétins qui pensent leurs proches en enfer parce qu’ils ont eu le malheur de piquer à l’héroïne ou de coucher hors des liens du mariage – la vérité c’est que le Diable n’en a rien à cirer de ces prétendus péchés de pacotille. » expliqua-t-il en soupirant. « Mais si le fiston a suivi ton chemin, alors oui, y a des chances pour que quelqu’un en bas ait raflé son âme. Mes condoléances, chef. » Et sans ciller, John lui retourna son regard. Il n’était pas bien épais, à côté du mercenaire, qui lui mettrait sans doute la tête au carré en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, mais il avait la hargne de Liverpool pour compenser. Non mais. Il voulait aller en enfer, le grand méchant Deathstroke ? Très bien. Attrapant son imperméable sur le dossier de la chaise, John l’enfila en tirant une nouvelle bouffée de cigarette. « Va pour un road trip en Enfer. Mais tu viendras pas dire que je t’ai pas prévenu. Ce qu’on risque de trouver là-bas, je te garantis que ça va pas te plaire. »

John enjamba son bordel ambiant pour gagner le bureau, sur lequel il ouvrit un carnet pour en déchirer une page à moitié froissée, avant de gribouiller rapidement quelques notes dessus. Puis il tendit le papier à son interlocuteur et commanditaire. « Si t’es vraiment déterminé à aller jusqu’au bout, pointe-toi à cette adresse dans exactement quatre heures. J’ai quelques trucs à réunir avant. » Il n’avait besoin ni des détails, ni de l’accompagner. Tout magicien qui se respecte doit garder ses secrets pour lui, pas vrai ? Enfonçant les mains dans les poches de son imper, John observa un instant Deathstroke à travers la fumée de sa Silk Cut. « Autre chose. On va réussir à y entrer, mais une fois qu’on sera là-bas, je ne peux pas garantir que tu en reviendras. Ou que tu en reviendras indemne. Ca, ça dépendra de toi. » Prenant sa clope entre ses doigts, il accorda à Deathstroke un moment de réflexion, puis décida de lui donner une dernière chance de se rétracter. Même les tueurs à gages avaient droit à une porte de secours sur le chemin fastidieux des tréfonds infernaux. « Réfléchis bien, pendant ces quatre heures. Si on trouve ton fils, je te garantis que ce ne sera pas celui que tu as connu de son vivant. Une seconde ici, c’est plusieurs dizaines d’années en Enfer – si tu tombes dans les coins sympas. Il ne sera pas indemne. T’as quatre heures pour décider de garder les souvenirs que tu en as, ou voir ce qu’un père ne devrait jamais voir. »

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Bon. Au moins, personne ne pourrait venir l’accuser de ne pas avoir fait d’efforts, ni de ne pas avoir donné à Deathstroke toutes les chances possibles de se retirer cette sotte idée de la tête. Malheureusement, il était à peu près sûr que tous les larrons habituels de la Justice League Dark y trouveraient à redire : t’aurais dû dire non, John, il ne sait pas dans quoi il s’aventure, John, t’aurais pu disparaître et te planquer dans la Maison du Mystère, John, mais non, il n’avait aucune envie d’entre ces remontrances et ces excuses à la noix. Non seulement l’idée de ne plus pouvoir aller au pub sans craindre de se prendre un sabre au travers du bide ne l’enchantait guère, mais au bout d’un moment, il en avait marre de devoir se montrer responsable pour les autres. Il avait donné à Deathstroke tous les avertissements nécessaires, mais si ce dernier insistait quand même pour se jeter dans la gueule du loup, qui était-il pour lui dicter sa conduite ? L’expert, t’es l’expert, espèce de crétin, entendait-il d’ici la voix de Boston Brand lui marteler. Mais ta gueule, Boston. De toute façon, ça n’était pas comme s’il emmenait un enfant de chœur en Enfer. Si Deathstroke se faisait bouffer par un démon mineur ou en revenait tellement endommagé qu’il passerait le reste de ses jours à l’asile d’Arkham, John était à peu près sûr que personne ne le regretterait. Refermant la porte de sa chambre derrière lui, John tira une nouvelle bouffée de cigarettes. Ah ça, il n’allait pas être déçu, le bonhomme. Pas s’ils arrivaient là où ils voulaient arriver.

Quatre heures plus tard, John apparaissait à son tour au lieu de rendez-vous – à pieds. Il avait envisagé pendant un moment d’appeler Chas et lui demander son concours, puis il avait décidé que le poisson était trop gros pour risquer la vie de son meilleur pote, quand bien même il en avait plusieurs en stock. Sans compter que cet imbécile aurait sans doute essayé de le dissuader de s’embarquer dans cette épopée, quitte à le séquestrer dans son fichu taxi. Une éternelle clope accrochée au bec, il remonta la rue, passant en revue les différentes étapes de son plan, quand un sifflement attira son attention. Ah, le voilà, son tueur bien-aimé. Toujours aussi discret, et toujours aussi sympathique qu’une porte de prison. « Sois pas si pressé, sunshine, on va en Enfer, pas à Miami. » rétorqua John, en lui faisant malgré tout signe de le suivre. Oui, ils allaient bientôt pouvoir commencer. D’un pas rapide, John guida Deathstroke jusqu’à une porte dérobée à l’abri des regards des quelques passants qui déambulaient encore dans les rues à cette heure et ne leur prêtait de toute façon aucune attention. Prenant une grande inspiration, John sortit de l’intérieur de son manteau un large sachet de poudre noire et le tendit à son compagnon. « Etale-toi ça dessus. C’est du soufre de l’Inferno. Ca tiendra pas jusqu’à notre destination finale, mais ça sera suffisant pour te faire passer à peu près inaperçu le temps qu’on passe les checkpoints importants. »

Laissant Deathstroke à sa tâche, John sortit de sa poche un morceau de craie et commença à tracer, en arc de cercle, une série d’incantations rituelles tout en marmonnant dans sa barbe. Avec un peu de volonté, n’importe quelle porte pouvait mener n’importe où – du moins, c’était là son expérience. Comment Wotan l’avait-il appelé déjà ? Ah oui, worldwalker. Bientôt, le cercle fut complètement dessiné, dans toute sa complexité, et John en vérifia chaque trait avant de sortir une clé de sa poche. « Dernière chance de faire demi-tour, mon vieux. » lança-t-il à Deathstroke, avant de lui jeter un regard par-dessus son épaule. Et visiblement, Deathstroke n’avait absolument pas l’intention de bouger. Boooon. « Alors allons-y, alonzo. » Et John enfonça la clé dans le verrou et la clé sembla s’ajuster d’elle-même pour y entrer – et il fit jouer le loquet, et la porte s’ouvrit devant eux. Sous leurs yeux, rien d’autre qu’un corridor extrêmement sombre, menant à un escalier encore plus sombre encore, qui semblait s’enfoncer dans les entrailles de la Terre. Cette fois, plus de demi-tour possible. Et John s’enfonça dans le corridor, suivi de près par son escorte, et sitôt qu’ils eurent tous les deux passé la porte, celle-ci se referma derrière eux, les plongeant dans le noir complet. De son briquet, John leur fournit un peu de lumière – enfin, à lui-même surtout – et les mena jusqu’à l’escalier. « Il existe des portes vers l’enfer un peu partout sur la planète, mais il faut des compétences spéciales pour réussir à les débloquer. La plupart sont condamnées. Et encore heureux. » expliqua-t-il à son compagnon. « Une fois qu’on arrivera dans les premiers niveaux de l’Enfer, on trouvera un de mes contacts, et on essaiera de localiser ton fils. Les âmes s’échangent comme de la monnaie en bas, il suffit de trouver où elle a circulé. Tu sais pas s’il aurait pu attirer l’attention d’un démon en particulier ? » demanda-t-il, avant d’ajouter une autre question : « Comment ça se fait que tu croies à ces trucs, d’ailleurs ? Foi inattendue, ou quelqu’un t’a aiguillé sur cette piste ? »

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Elle avait l’air belle, la famille Wilson. Et ça venait du type qui avait maudit son père – au sens très très littéral du terme – pour avoir brûlé ses bouquins, entre autres sévices que Thomas Constantine avait eu la bonne idée d’infliger à ses enfants. De là à tenter de départager qui s’en tirait le mieux dans le domaine de la paternité entre ce vieil alcoolique manchot et l’assassin de renommée mondiale dont les enfants finissaient visiblement en enfer, il y avait un pas que John n’était aucunement intéressé de franchir, mais en écoutant le récit d’un Deathstroke étonnamment volubile, John commençait à mieux cerner pourquoi et comment il en était venu à faire appel à lui. Tout le monde grandissait influencé par certains systèmes de croyances ; et même si, en temps normal, on n’y croyait pas forcément, des circonstances exceptionnelles pouvaient pousser n’importe qui à se rabattre sur n’importe quoi d’un tant soit peu familier pour expliquer l’inexplicable, ou trouver des solutions là où il n’y en avait pas autrement. Même si Deathstroke n’avait jamais attaché plus d’importance que cela à son éducation religieuse, il avait, presque comme tout le monde, passé sa vie à être exposé à une certaine imagerie, une certaine mythologie prédominante dans cette culture qu’ils partageaient. Finalement, constater que même l’assassin le plus mortel de la planète cédait à ce réflexe très humain de se replier sur le familier quand il était confronté au deuil et à l’étrange, avait presque quelque chose de réconfortant.

Imaginer Deathstroke s’échinant à surveiller son petit gang – good luck with that, mate – lui arracha un sourire, mais John s’abstint bien de commenter. Il leur fallait bien des hobbies, à ces gens riches. « Tel père tel fils, comme on dit. » se contenta-t-il de répondre, tentant de se remémorer les quelques détails qu’il avait pu lire ou entendre à l’époque. De toute façon, ça n’était certainement pas lui qui allait se permettre de donner des leçons de paternité à son compagnon. Ce serait un peu l’hôpital qui se foutrait de la charité – quand bien même ça ferait sûrement hurler Tefé de rire, et penser à elle lui pinça légèrement le cœur à l’idée qu’il n’avait pas pris de ses nouvelles depuis leur retour de Terre-4. Mais hé, pas de nouvelles, bonne nouvelle, pas vrai ? De toute façon, c’était Swampy, le paternel compétent. « Au moins s’il a fait tout le mal que tu dis, il devrait être facile à trouver. Attache ta ceinture, on arrive bientôt. » Mais ça, Deathstroke ne devait même pas avoir besoin de lui pour le savoir. Plus ils s’enfonçaient dans les entrailles de la terre, plus ils pouvaient, tous les deux, sentir l’air changer autour d’eux – plus lourd, plus irrespirable, chargé de ce même soufre dont John avait demandé à Deathstroke de se couvrir un peu plus tôt, et si la température se faisait de plus en plus intense, il y avait aussi ce froid intense et glaçant qui se propageait dans les os, contraste tellement significatif des paradoxes et des contradictions du royaume de Lucifer. L’escalier déboucha sur un corridor, au bout duquel ils trouvèrent une arche. Et l’arche, elle, s’ouvrait sur leur destination finale. « Bienvenue en Enfer, Deathstroke. » marmonna John en contemplant la caverne sans fin qui s’ouvrait devant eux.

A leurs pieds, un pont suspendu faisait la jonction entre la plateforme de pierre sur laquelle ils se tenaient, et une grotte de l’autre côté d’un immense gouffre. « Garde bien les mains et les pieds à l’intérieur du manège, et tout se passera bien. » lança John à son compagnon, avant de s’engager sur le pont. « Je plaisante pas. Même si d’autres chemins apparaissent ou quelque chose attire ton attention, ne sors surtout pas de ce chemin-là. Tranche dans le tas s’il le faut. » Et quel chemin c’était, ce pont suspendu – il ne leur fallut pas très longtemps avant de s’apercevoir que les pavés sur lesquels ils marchaient n’étaient pas du tout des pavés, mais des têtes, des bras, des corps malmenés, et tout autour d’eux s’élevait un abominable concert de complaintes torturées. « Les démons et leurs grands seigneurs sont pleins d’imagination quand il s’agit de trouver des supplices aux pauvres mortels qui finissent entre leurs pattes griffues. Mais d’après ce que tu m’as raconté, je doute que ton fiston ait écopé du pont. Trop clément, comme châtiment. » Et, à mesure qu’ils progressaient, les complaintes inarticulées se muèrent petit à petit en quelque chose d’un peu plus intelligible. « Wilsonnnn… » sifflaient-elles en chœur. « Wilson… est là… in… conscient… ton fils… perdu… et toi… aussi… » Attentif, et aux aguets, John jeta un œil en arrière à son compagnon de voyage. Avec une âme aussi sombre que la sienne, pas étonnant que Deathstroke soit déjà en demande. Peut-être même un peu plus qu’il ne l’avait anticipé. Plus qu’à espérer que ça n’allait pas en devenir problématique, quand bien même il ne s’était jamais attendu à ce que le voyage soit de tout repos. Et les premiers obstacles, visiblement, avaient décidé de se dresser sur leur route, lorsqu’une main décharnée s’extirpa de l’amas de corps sous leurs pieds pour s’accrocher à la cheville de Deathstroke.

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Well, fuck. Non, John ne s’était pas attendu à ce que les ennuis débarquent aussi rapidement, mais est-ce que c’était vraiment la première fois qu’il prenait des risques mal calculés ? D’ailleurs, était-il seulement possible de calculer les risques qu’on prenait en décidant d’aller se balader dans les entrailles de l’Enfer ? Peut-être que Deathstroke l’aurait préféré, en bon stratège qu’il était, et peut-être que John aurait dû être plus clair, ou plus honnête, avec lui, à ce sujet, mais il était trop tard, et le constat était là. En Enfer, on ne savait jamais à quoi s’attendre, et si l’on comptait y survivre, mieux valait accepter l’idée qu’on n’y exerçait aucun contrôle. Dans cet endroit, impossible d’y appliquer leurs règles à eux. S’ils voulaient trouver Grant et se sortir de ce pétrin, ils n’avaient pas d’autre choix que d’accepter sans broncher ce que l’Inferno allait bien vouloir leur balancer à la gueule, serrer les dents, et continuer d’avancer en espérant garder ce qu’il pouvait bien leur rester d’âme. Expédition hasardeuse, mais hé, là-dessus, ils étaient prévenus tous les deux dès le début. Retenant son souffle, John observa l’assassin se débarrasser sans difficulté de son assaillant – et attrapa au vol ce nom lâché par surprise. Merde. C’était une chose de se faire attaquer par des pensionnaires du coin, c’en était une autre de voir l’Enfer leur balancer de vieilles connaissances à la figure. Ca voulait dire qu’ils étaient déjà repérés, voire pire : attendus. Et cette information-là, John la rangea soigneusement dans un coin de son esprit.

Bon, il y avait quelque chose d’un peu vexant dans l’idée que son subterfuge n’avait marché que quelques minutes, ou du moins, ce qu’eux deux avaient perçu comme quelques minutes, mais ils avaient plus important à faire que trouver un moyen d’épargner la fierté égratignée de John, alors ce dernier fit signe à son compagnon de le suivre en accélérant la cadence. « Elle dissimule nos auras de pauvres types encore bien vivants, mais si t’as des copains dans le coin, et qu’ils ont encore des yeux, ça ne les empêche pas de voir ta trombine ! » s’exclama-t-il en courant aussi vite qu’il était possible de le faire sur ce foutu pont brinquebalant de chair et d’os. « Et si tes copains sont là, on est soit les visiteurs les plus poissards de l’Enfer, soit quelqu’un t’a remarqué à la surface quand tu cherchais encore un moyen de contacter ton fiston. » Quelqu’un, ou surtout quelque chose. « Pas de ta faute, remarque, hein. Les démons sont attirés par le désespoir comme des bourdons par les fleurs. » Et quelqu’un avec le CV de Deathstroke ? N’importe quel démon mineur ou majeur ici-bas se ferait un plaisir de rafler son âme à la première occasion venue. Deathstroke devait être attendu comme un affamé attend son repas de luxe. Qu’importe. Tant qu’il ne concluait aucun marché avec qui que ce soit pendant qu’ils étaient là, il s’en sortirait – et John s’en assurerait, ne tenant guère à chuter avec lui.

Le pont était risqué, mais John était un habitué, et Deathstroke était un acrobate et combattant plus que compétent ; un jeu d’enfant, pour lui, à en juger par l’efficacité avec laquelle il tranchait dans le tas sans grande discrimination et évitait les obstacles, jusqu’à ce qu’ils n’atteignent l’autre côté. Une caverne creusée à même la pierre, immense gueule béante et trou noir prêt à les avaler tout entiers. « Le vestibule de l’Enfer. C’est ici que les choses sérieuses commencent. » annonça John, avant de jeter un dernier regard à son compagnon et de s’engager dans la caverne. Bientôt enveloppés dans l’obscurité et le silence, une lumière froide et morte finit peu à peu par éclairer leur nouvel environnement – et des lamentations, malheureuses et douloureuses, commencèrent à s’élever tout autour d’eux, alors qu’ils pouvaient distinguer des silhouettes épinglées aux parois rocheuses. Littéralement. « C’est ici qu’on envoie les anges déchus. » expliqua John à Deathstroke. « Ils servent de comité d’accueil et passent l’éternité à se faire empaler par des guêpes géantes pour expier leur trahison au padre suprême. » Comme pour ponctuer ses paroles, une guêpe de la taille d’un homme leur passa au-dessus de la tête sans leur prêter la moindre attention, et vint empaler son énorme dard dans la poitrine d’un malheureux lascar aux ailes découpés épinglé au mur, lui arracha un hurlement de douleur. Et à en juger par les plaies sanguinolentes qu’il arborait, ça devait faire un moment qu’il y était. « On va bientôt arriver à destination, donc je t’explique le plan. Je nous emmène dans le royaume de Belial, un des archiducs de l’Enfer. Quand on y sera, on cherchera trois frères, les Demons Three – de vieilles connaissances qui m’en doivent une ou deux. J’irai pas dire qu’ils sont inoffensifs, surtout ici, mais ce sont de vraies commères. Si quelqu’un sait où est ton fils, ce sera eux. » Et, alors qu’ils arrivaient au bout du vestibule, John arrêta Deathstroke d’un geste en lui attrapant le bras, pour le forcer à lui faire face. « Deux choses dont je dois te prévenir. Dès qu’on sortira de ce tunnel, les règles de la logique cesseront de s’appliquer. Cet endroit cherchera à te montrer des choses que tu ne veux pas voir, il cherchera à te faire perdre la tête, à te briser de l’intérieur. Va falloir que tu t’accroches à ce que tu sais être vrai, pour résister à leurs mensonges. Ne crois rien de ce que tu vois qui ne vienne pas directement de moi. Compris ? Résiste-leur à tout prix. » Il marqua une pause, le temps de laisser l’information s’imprimer dans l’esprit de son camarade. « Et surtout, quoi qu’on te propose, si on te fait une offre ou une proposition de marché… refuse. Quoiqu’il arrive. » C’étaient là les dernières conditions de Constantine ; les conditions ultimes que Deathstroke devait accepter, avant qu’ils ne s’aventurent dans le royaume de la tromperie et du mensonge. Des conditions non-négociables, puisqu’y faillir reviendrait à ne jamais ressortir.

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Knock knock knocking on hell's door

Si John lui-même commençait à trembler des genoux, c'était mal barré, Slade trancha un bras qui aggripait son genoux pendant que sa jambe se levait avant d'abattre avec violence son pied sur une main tentant de venir par derrière, bonjour la discrétion! Sa mémoire parfaite fonctionnait très bien pour les évènements les plus forts de sa vie antérieurs à son augmentation et il devait reconnaître qu'un nombre inconfortable de tatouages, très en vogues chez les soldats là bas, étaient reconnaissables d'une façon troublante, mais si l'enfer voulait l'attirer, il devrait trouver mieux que quelques bras de gens enfermés ici depuis trop longtemps.

Il observa John qui commençait à courir tandis que lui continuait de trancher dans un tourbillon de lame bien plus défensif qu'offensif, il pouvait remercier son corps de toujours fonctionner dans pareil endroit malgré la chaleur qui l'étouffait dans son armure et le froid qui lui congelait les os. Restait à espérer qu'ils n'allaient pas traîner ici trop longtemps car ça allait vite devenir crevant de tuer chaque mètre carré de sol sur lequel ils évoluaient, sous ses yeux médusés, un véritable raz-de-marée de bras et de mains difformes partit de l'espace les séparant pour se diriger vers lui, ce foutu pont adaptait sa stratégie visiblement et tentait de le faire tomber sans l'ombre d'un doute. Un visage qui semblait être passé par une friteuse lui montra ses dents jaunis au milieu de la masse et il réprima un frisson de dégoût pur. L'enfer voulait jouer? Ils seraient deux, il se mit à avancer face à la masse avec confiance, le visage sembla se tordre dans un rictus bien plus flippant que la masse se dirigeant sur lui et il rangeât son épée en prométhéum pour sortir son bâton du même métal qui était loin d'être la meilleure de ses propriétés.

Il activa le mécanisme d'une simple pression et le bâton se déploya pour atteindre les deux mètres de longs, deux flammes bleues sortirent alors des torches à plasma et il pointa l'arme droit sur le visage avant d'enclencher la mise à feu, provoquant l'apparition d'un éclair d'énergie enflammée bleue qui vint s'écraser dans la masse dans un bruit de chaire grillée alors qu'il empruntait ce passage improvisé au milieu de la masse en rejoignait John au pas de course.

-Moi qui pensait que des créatures d'une telle puissance nous verraient comme des fourmis insignifiantes.

Le magicien moqueur l'attendait devant une grotte aussi sombre que l'intérieur du cul d'une vache, à croire que l'enfer était si démoniaque qu'il ne payait pas l’électricité. On était loin du portail qui annonçait "Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate", bizarrement il aurait préféré un panneau danger de ce genre que cette noirceur insondable que sa vision nocturne avait du mal à pénétrer. Surtout maintenant que John les disait potentiellement sujets d'une attention toute particulière, l'ennemi était ici chez lui et disposait de pouvoirs supérieurs, une embuscade était plus que prévisible dans ces conditions si ils étaient attendus. Slade devait garder les idées claires. Son compagnon de route lui présenta leur prochain lieu touristique local à traverser, aka "le vestibule de l'Enfer", peuplé de forme humanoïdes épinglés au mur par de gigantesques pieux, dans leur dos il pouvait voir que ces humains, en apparence, avaient des ailes qui semblaient leur avoir été arrachées avec violence.

Alors que le magicien continuait son exposé à glacer le sang, expliquant que les anges ayant fauté envers dieu étaient envoyés en camps de vacances dans le camps d'en face pour y profiter des installations, une guêpe gigantesque vint transpercer un des malheureux accrochés, un genre de supplice de Prométhée version locale visiblement, franchement flippant. Il n'avait pas pour habitude de craindre grand chose, son cerveau augmenté par les opérations l'avait toujours sortis des pires mauvais pas, des embuscades et lui avait permis de vivre et vaincre plus qu'il n'aurait put l'espérer sans, mais quand John lui expliqua la suite du plan, quand il lui saisit le bras pour le mettre face à lui, l'observant dans son œil unique à travers la lentille, il pouvait voir son sérieux et son assurance, mais lui ressentait un léger doute. Peut-être cet endroit, mais il avait un mauvais pressentiment concernant tout ça, si ils étaient au niveau des tortures classiques, qu'est-ce que son fils pouvait bien subir? Les derniers mots de Constantine sonnaient comme la promesse de quelque chose d'horribles, pas de marché, il tâcherait de garder ça à l'esprit. Un peu raide et tendu, il se dégageât de la prise du magicien sans dire un mot dans un premier temps.

-Un marché?

Sa voix était presque ironique. Ho il savait bien sûr de quoi John parlait, son fils, mais Slade n'était pas ébranlé au point d'avoir oublié l'objectif, à savoir récupérer des informations pour justement se passer de marché, la seule pensée le terrifiant pour l'heure était le niveau d'horreur très probable de ce qui était infligé à la chaire de sa chaire.

-Monsieur Constantine, ce que ces démons voudraient me proposer, je l'arracherait de leurs griffes froides en temps et en heure. Je ne compte pas sacrifier aussi aisément mon âme même si elle est déjà damnée, l'enfer va devoir m'attendre encore un peu.

Il pencha la tête sur le côté en regardant John avec une attention redoublée.

-J’imagine que toute vos visites guidées ne se sont pas bien terminées, je me trompe?

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel

Il y avait quelque chose d’assez lunaire dans l’idée de donner des conseils à un assassin de classe internationale pour sortir de l’Enfer. S’il y réfléchissait bien, John était à peu près sûr qu’il pourrait nommer une douzaine de personnes qui seraient prêtes à lui offrir le gros lot pour tout bonnement l’abandonner dans un coin, assurés qu’il ne parviendrait jamais à ressortir de cet endroit par ses propres moyens. Le monde se porterait-il mieux sans Deathstroke vivant dedans ? Probable. Est-ce que c’était de sa responsabilité, là, tout de suite, de débarrasser le monde d’un de ses meurtriers les plus redoutables ? Peut-être. Est-ce que John Constantine avait la moindre envie d’assumer cette responsabilité ? Hell no. Il en était navré pour les superhéros dont Slade Wilson avait réussi à s’attirer l’ire, mais débarrasser le monde de sa présence, ça n’était pas son rôle, ça n’entrait pas dans ses prérogatives. Fuck that. John Constantine n’était pas un héros, et on lui avait assez reproché ses méthodes de l’extrême pour qu’il brandisse un grand doigt d’honneur à la Ligue des Pyjamas Colorés quand, curieusement, ils oubliaient leurs grands principes pour lui demander son aide. Alors aujourd’hui encore, il ferait ce qui lui profitait à lui : guider l’impitoyable Deathstroke dans ce labyrinthe mortel, empocher son salaire, et dire adios. La Ligue, les Teen Titans et leurs copains en collants sauraient bien se débrouiller s’ils voulaient lui régler son compte une bonne fois pour toutes, à celui-là. Lui ? Il passait son tour, merci bien.

Toutes ces considérations plus ou moins éthiques se fracassaient dans son esprit alors que Deathstroke se dégageait de sa poigne bien faiblarde comparée à sa force à lui ; aucun doute qu’il pourrait lui démettre l’épaule d’une pichenette, ce grand malade, mais les démons ? C’était presque un duel que John avait envie de voir, alors que le mercenaire affirmait une fois de plus sa détermination à aller jusqu’au bout de cette entreprise suicidaire. Plus le temps passait, plus ils progressaient dans les boyaux de l’Enfer, et plus l’exorciste sentait la curiosité brûler quelque part dans ses veines. Finalement, peut-être bien qu’il aurait envie de voir l’issue de tout ce merdier, tiens. « Bon état d’esprit. Et dernier conseil : ce qui compte avec un démon, c’est d’être plus confiant qu’il ne l’est. S’il est convaincu que t’as une longueur d’avance, alors tu as vraiment une longueur d’avance. » se contenta-t-il de commenter avec un sourire sans joie, avant de reprendre leur marche. Et John de lâcher un soupir, face à la question pertinente de son camarade. « Je croise rarement des masos qui ont réellement envie de se balader en Enfer, mais oui. Il y a une fois ou deux où ça s’est mal fini. » répondit-il alors qu’ils approchaient de la fin du long corridor morbide. « Qui sait, peut-être même qu’on les croisera et qu’ils pourront te faire un topo. » Même s’il n’espérait pas. Il avait bien assez de fantômes qui le hantaient à la surface pour en plus se les coltiner en visite officieuse dans le royaume d’en-bas. Alors qu’ils approchaient de la sortie, une vague d’air, qui n’était même pas vraiment de l’air, s’engouffra dans la caverne, un air bouillonnant et poisseux qui collait à la peau comme s’il allait les ébouillanter, et John prit une profonde inspiration. « Tu vas vite comprendre pourquoi les visites guidées ici, c’est moyennement recommandé. »

Et les deux hommes sortirent du vestibule jonché des carcasses d’anges déchus, pour déboucher sur une grande plateforme rocheuse à l’intérieure d’une caverne tellement gigantesque, qu’en levant les yeux, ils étaient incapables d’en distinguer le plafond. En contrepied, au pied de la falaise sur laquelle ils se tenaient, l’Enfer semblait avoir vomi ce qu’ils ne pouvaient qu’appeler une ville, entrailles exposées de bâtiments qui ressemblaient à ceux de leur monde, mais difformes, tordus en passant à la moulinette de leurs pires cauchemars. D’un mouvement de tête, John intima à Deathstroke de le suivre le long d’escaliers de pierre creusés à flanc de falaise, jusqu’à gagner la ville démoniaque. Et contrairement à leur traversée du pont, dans ces ruelles mal famées qui puaient le souffre et le sang ranci, personne n’avait l’air de leur prêter la moindre attention ; rien de plus qu’une œillade curieuse, méfiante ou intéressée de temps à autre, alors qu’ils progressaient dans cette foule de créatures difformes et menaçantes. De temps en temps, ils passaient devant ce qu’ils ne pouvaient que qualifier de places publiques où, sur des esplanades, quelques démons rugissaient de rires en torturant, usant de stratagèmes et appareils fort créatifs, de pauvres âmes damnées. John lança un regard entendu à son acolyte. Allez. Il était temps de se lancer à la recherche de ce pauvre Grant. Finalement, John poussa la porte de bois de ce qui ressemblait à s’y méprendre à un bar bondé, où une foule de démons se délectaient de toutes sortes de breuvages que John n’aurait jamais souhaité de boire même à son pire ennemi – un pauvre hère avait d’ailleurs le crâne ouvert et une paille plantée dedans pendant qu’un client sirotait en lisant un journal. Jesus Christ. « Avant que tu ne demandes : non, on ne s’y fait jamais. » marmonna-t-il à l’adresse de son partenaire – et enfin ses yeux tombèrent sur les trois démons qu’il recherchaient, attablés à une table de poker. D’un geste de tête, il intima à Deathstroke de le suivre. « Abnegazar, Rath, Ghast. Quel plaisir de vous voir. » les interpella-t-il – et les trois frères, dont les corps rachitiques mais vifs et menaçants se tournèrent vers eux d’un même mouvement, feulèrent et crachèrent à leurs pieds. « Constantine ! T’as du culot de te montrer ici après la dernière fois ! » « Peut-être vient-il régler sa dette en nous offrant sa tête ! » « Moi je veux ses jambes, pour le regarder ramper en se vidant de son sang ! » « Du calme les filles, je viens parler affaires. Mon pote ici présent… » D’un geste du menton, John indiquant Deathstroke, tout en s’allumant une cigarette. Aussitôt, les trois regards vitreux et incandescents se tournèrent vers Slade. « … cherche quelqu’un. Grant Wilson, ça vous parle ? » demanda-t-il en exhalant la fumée de sa cigarette. Et maintenant, advienne que pourra – et lui, il était bien curieux de voir si Deathstroke était aussi persuasif avec trois démons qu’il ne pouvait l’être avec ceux qu’il embauchait pour les emmener en Enfer.

Spoiler:

AVENGEDINCHAINS

Knock knock knocking on hell's door

Des ponts, des grottes et maintenant des villes, visiblement l'enfer ressemblait plus à sorte de terre creuse qu'autre chose, sans doute une des raisons expliquant les délires complotistes du genre ainsi que les théories farfelues sr le sujet. Dire qu'il avait cru simplement que Jules Vernes avait inspiré un paquet d'illuminés, il se pouvait que certains aient "vu" de tels lieux, contrairement à un habitué des lieux comme John qui se comportait ici comme si il allait apporter des fleurs en visite à mémé, lui était dans un inconnu terrifiant que seul une foi absolu dans ses capacités et une volonté inébranlable de sauver son fils pouvait combattre, il ne le disait pas mais le pont l'avait tout de même un peu secoué, car il ne pouvait qu'imaginer la montée graduelle des horreurs ici bas, les bâtiments éventrés ressemblaient aux ruines d'une métropole moderne, il ne finirait pas comme un des imbéciles que John avait mentionné plus tôt, de ça il était certain, qu'est-ce que les enfers pouvaient bien offrir à un homme comme lui à part son fils? Il était sur ses gardes, observant furtivement la peuplade locale au côté de laquelle ils marchaient désormais, tout ici était difforme, grotesque, improbable, le nombre et la répartition des membres, les formes corporelles, on se serait cru dans le rêve éveillé d'un hippie en plein bad trip, encore plus étonnant rien ne semblait les attendre ici. Cameron aurait très bien put n'être qu'un simple hasard après tout. Il sentait cependant que les choses allaient se compliquer maintenant qu'ils étaient ici et que le pont n'était qu'une petite ballade dans les Catskills comparé à ce qui les attendait là dedans. Il se tourna vers l'extérieur du bâtiment que John pénétrait par une porte cerclée de flammes résonnant de milles cris, son œil valide balayant la foule éparse d'individus haut en couleur il se sentait observé malgré leur invisibilité miraculeuse et sans doute due à la fameuse poudre qui fonctionnait donc finalement. C'était peu-être cet endroit qui lui filait de mauvaises vibrations, mais son instinct le trompait rarement, il rentra finalement un seconde plus tard pour ne pas perdre son guide.

L'intérieur du tripot maléfique infâme ou ils se trouvaient maintenant avait de quoi agresser la raison et les sens, ce double assaut sur sa personne lui fit faire un grimace de pur dégoût derrière le masque. L'odeur était une des plus fétides qu'il ais sentis, comme si un milliers de putois s'étaient amusés à repeindre les lieux de leur sécrétion suivis par une friction d'ordures de la décharge publique la plus sale de la terre, son cerveau avait du mal à accepter ce que ses yeux lui envoyait, tout semblait tout droit sorti du rêve totalement délirant d'un psychotique, les formes entraient les unes dans les autres, les boissons étaient parfois tenus à l'envers et ne se versaient pas de manière entièrement aléatoire, un des monstres semblait s'aspirer lui-même en permanence par un trou béant dans sa poitrine qui laissait voir un cœur à nu vers lequel convergeait la chaire, la musque d'ambiance n'avait de cela que le nom, une horrible cacophonie de notes difformes qui semblaient émaner d'un groupe de pauvres âmes sur une estrade dont les doigts étaient percés de clous aussi bien que leurs oreilles, à y regarde de plus près, les clous semblaient bien plus jouer que les malheureux dont les lamentations de douleur semblaient composer la partie chant, et le pire dans tout ça, il sentait sur sa peau et dans sa bouche l'impression qu'une gangue poisseuse l'entourait, comme si les lieux essayait de l'étouffer. Il avait finit par comprendre que si ce lieu avait une influence certaine, John semblait sous entendre que eux aussi pouvaient y agir, cela devait demander une grand concentration ou une grande volonté, mais il aurait sans doute l'occasion de tester. Le magicien moqueur faisait face à trois démons qui après avoir menacés de s'en prendre à lui semblèrent intéressés par Slade qui venait d'être introduit à la conversation. Très franchement ces trois zigotos aux visages difformes ne lui inspirait aucune forme de confiance. Il les toisa un bref instant quand l'un d'entre eux éclata de rire comme si il avait compris une fantastique plaisanterie que viendrait de raconter John. Slade tourna dans un mouvement quasi mécanique sa tête vers lui et croisa un regard perfide et cruel, celui-là devait en savoir un peu plus.

« Wilson? Comme le président des USA? Non... C'était Taft? Luthor? Je connaît pas de Grant. »

Slade le transperça de son regard et tenta de garder son calme en assimilant que il allait falloir négocier avec ce rebut qui jouait au plus malin.

-Grant Wilson, fils de Slade Wilson.

Il fit un premier pas vers le démon, une torche derrière lui cerclant à la vision de ce dernier son corps de flammes, sa main se posa sur la poignée de son épée, il se doutait que la violence ne serait pas une solution, et que cela ne le sortirait jamais de cette situation, mais ces démons ne le connaissait pas, pas encore, ils ne savaient pas ce qu'il pouvait ou ne pas faire, tout ce qu'il avait à faire, et John l'avait bien dit, c'était de leur faire croire qu'il en était capable. Le démon l'observait d'un air hautain aussi il ne détourna pas le regard.

-Mon fils. Mort face aux titans et détenus par un des vôtres.
« J'vais chialer! J'espère qu'il pourrira encore longtemps et qu'il me passera entre les mimines. »
-Premier avertissement.

Le démon découvrit avec effroi la lame de l'assassin positionnée sous sa gorge, Slade n'avait pas été si rapide que cela en réalité, pas de quoi impressionner un démon, mais allié à une petite diversion quand il s'était soudainement rapproché de tout le haut de son corps en parlant et il était déjà sur lui, sa maine ne tenant pas l'épée vint agripper sa gorge avec conviction et le démon émit un petit cri effrayé avant que Slade ne rapproche un peu plus se visage.

-On peut continuer?
« Laisse tomber ton fils, tu sera la prochaine âme que j'achéterait Slade, tu vas m'être très, très, TRÈS utile. Je vais t'faire du mal! T'a fait une grosse connerie en m'agressant! Je suis pas n'importe qui! Je vais te... »

Slade soupira et relâcha sa pression, peu désireux de mêler les deux autres qui si ils avaient d'abord bien rigolés, semblaient désormais près à aider leur pote. Il ne comptait pas se faire tout le monde ici, il coupa court au discours du démon.

-Prends un ticket Abnegazar, maintenant tu vas sans doute dire que je peux rien te faire car je suis ici avec John et toi avec tout tes potes, mais tu penses que je t'aurais coupé en combien de morceaux avant qu'ils puissent intervenir? Tu t'en remettra, mais je t'aurait foutu une jolie dérouillée devant tout tes potes et tu devra vivre toute ta chienne d'éternité avec la marque indélébile de la honte de t'être fait maîtriser physiquement par un vieil homme. Déjà que John semble vous avoir mis à l'amende... tu veux vraiment passer pour un démon de seconde zone?

Il vit le regard des trois démons se tourner vers Constantine, inutile d'être doté de dons particuliers pour comprendre l'histoire derrière leur petite interaction précédente, comme des criminels, les démons avaient un gout  certain pour venger les torts qu'on leur faisait, réels ou supposés, et vus les agissements classiques de Constantine, il n'était pas dur de deviner que Tic, Tac et Toe s'étaient fait rouler. Abnegazar semblait considérer la chose, il fallait aussi dire qu'on lui demandait de vendre quasi gratis une information et qu'il était entouré de gens qui feraient une bouchée de l'humain, mais le petit tour de force tournait sans doute dans son esprit corrompu par des milliers d'années de torture et de souffrance. Slade faisait souvent un bon usage des conseils qu'on lui donnait et l'illusion faisait entièrement partie de l'art de la guerre, l'ennemi n'a pas besoin d'être plus faible, seulement de vous croire plus fort, une leçon vitale ici bas visiblement. Le démon le regarda avec un air méprisant avant de faire un sourire cruel et plein de malice comme si il allait balancer un cocktail molotov sur un orphelinat.

« Kakk. Il as des projets pour toi. »

Le démon se mit à éclater de rire, très vite accompagné par ses camarades de poker qui semblaient se tenir le ventre, le regard de Slade se posa sur Constantine.

-C'est une plaisanterie? Ou une information?

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel

Dans la catégorie des démons de bas étage, mais redoutablement casse-pieds auxquels John avait régulièrement affaire, les trois frères étaient sacrément bien placés sur le palmarès. Pas vraiment dangereux, ou alors ils ne le faisaient pas exprès, plus souvent qu’à leur tour utilisés comme pions par des entités plus puissantes qu’eux qui leur faisaient miroiter monts et merveilles en échange de leur servitude patibulaire. Mais comme tout bon pion qui se respecte, ils savaient se montrer incroyablement utiles le moment venu, unique raison pour laquelle John les gardait dans sa manche, ces trois lascars. Ils n’étaient peut-être pas les plus menaçants du lot, mais ils traînaient leurs oreilles pointues ou inexistantes partout. Et ça, c’était toujours sacrément utile. Maintenant, le tout était de leur arracher l’information qu’ils recherchaient – et pour ça, Deathstroke allait devoir démontrer qu’il était à la hauteur de sa réputation. Finalement les Demons Three étaient peut-être les candidats idéaux pour un tel baptême du feu. Et, il fallait bien le dire, John se retint d’esquisser un sourire narquois dès lors que le mercenaire se prouva largement à la hauteur de sa réputation. Ah ça, pour en imposer, il savait en imposer, ce type-là, et puisque John lui avait donné le champ libre pour improviser et montrer aux trois frères qui était le patron, il n’avait pas l’air de se retenir. Excellent état d’esprit. La lame sur la gorge, John vit Abnegazar hésiter, sentit les regards des autres clients peser sur leur petit groupe. Et Abnegazar de porter un dernier regard sur lui, Constantine, avant de déglutir. Non seulement le grand baraqué était menaçant, mais s’il se baladait ici bas en compagnie de ce fichu exorciste qui leur donnait à tous des cheveux blancs, c’était bien la garantie que lui aussi devait être un élément à problèmes, non ? Alors mieux valait être prudent. Et ne pas faire l’erreur de sous-estimer ce type qui avait l’air plus prompt au découpage en tranches qu’à la discussion.

Et le sourire tordu d’Abnegazar ne lui plut pas du tout, à John. Typiquement le genre de sourire qui appelaient aux problèmes plus qu’aux bonnes nouvelles – évidemment, quelles bonnes nouvelles pouvaient bien apparaître en Enfer, hein ? Mais lorsque le démon lâcha le nom de celui qui avait raflé l’âge de Grant Wilson, John lâcha un ‘fuck’ dans sa barbe. Kakk. Pas exactement un de ses adversaires habituels, mais pas exactement non plus quelqu’un à négliger dans ce grand échiquier de pouvoirs. Et si le nom ne disait visiblement rien à Slade, pour lui par contre, il était très évocateur. « Une information. Et pour une fois, je sais pas encore si c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle. Ghast, on peut le trouver où, Kakk, en ce moment ? » demanda-t-il au troisième frère. « Pas loin d’ici, figure-toi. J’ai entendu dire qu’il était de passage dans les arènes en ce moment. Qui sait, peut-être que ton fils y sera, Deathstroke. » ricana le démon ; et avant que les esprits ne s’échauffent trop, John fit signe à Deathstroke de le suivre. Ils avaient assez traîné par ici. Leur présence était déjà remarquée, autant ne pas s’éterniser plus que nécessaire. Clope au bec, ne laissant derrière lui qu’une traînée de fumée, John quitta le bar, le mercenaire sur ses talons. Allons, hauts les cœurs. Kakk était peut-être un adversaire inhabituel, mais au moins ils tenaient leur piste, et ils touchaient au but. « Bien joué là-dedans. » lâcha John une fois qu’ils furent sortis, reprenant leurs déambulations dans les rues infernales de cette ville cauchemardesque. « Si un jour tu cherches à te reconvertir, je suis sûre que quelques factions secrètes du Vatican pourraient s’intéresser à un type comme toi. » Et il ne plaisantait qu’à moitié.

« Kakk est un des seigneurs mineurs de l’Enfer. Grand fumeur de cigares, maître militaire s’il en est. Et, fait suffisamment rare pour être noté, l’un des seuls types en position de pouvoir à ne pas manifester la moindre ambition de s’emparer du trône infernal. Ce qui fait de lui un démon particulièrement difficile à cerner, et bien plus subtil qu’il n’en a l’air » expliqua-t-il alors qu’il ouvrait la marche vers les arènes. « Il mène ses troupes et ses affaires ici, en interne, sans vraiment s’occuper des mortels à part pour collecter des âmes, donc j’ai rarement eu affaire à lui. Ce qui signifie que je ne sais pas exactement ce qu’on pourrait lui offrir, s’il venait à faire le difficile. Il va falloir la jouer fine et improviser, cette fois. » Mais rien qu’il n’ait pas déjà fait auparavant, pas vrai ? Deathstroke sur ses talons, John le guida à travers les ruelles pullulantes et puantes de l’enfer, et tous deux descendirent une volée d’escaliers de pierre dont le formes évoquaient vaguement des visages humanoïdes figées dans des expressions horrifiques. Et enfin, ils débouchèrent en haut de ce qui ressemblait, en termes mortels, trait pour trait à un amphithéâtre. Les gradins étaient bondés, le public en furie à rugir sur le spectacle ou à l’adresse des bookmakers qui se baladaient dans les rangs – pariant faveurs, âmes et morceaux d’âmes comme s’il s’agissait de monnaie. Les repères, en ces lieux, n’étaient décidément pas les mêmes qu’en haut. Et au milieu de toute cette frénésie, avide et bestiale, l’arène elle-même, grand terrain de sable circulaire, bordée de colonnes de flammes – et en son sein, une dizaine d’hommes et de femmes aux prises avec des hellhounds. Seigneur. Le spectacle était bruyant, barbare, et John ne put réprimer un frisson, incapable de détacher son regard de la boucherie qui se déroulait sous leurs yeux. « J’ai jamais aimé les chiens, mais ceux-là, encore pire. » marmonna-t-il à l’adresse de son camarade, avant de se forcer à scanner la foule à la recherche de Kakk. Mais sans oublier, aussi, de poser la question cruciale. « Tu vois ton fils, dans l’arène ? » Savait-on jamais. Mais quelque part, il espérait pour lui que non.

AVENGEDINCHAINS

Knock knock knocking on hell's door

Constantine semblait partagé quand à l'information, puisqu'il avait confirmé que c'en était une, ce qui n'était pas bon signe, l'hilarité des démons à elle seule aurait put en temps normal pousser Slade à la violence, mais il était bien trop malin pour gâcher ainsi son opportunité, tel un chasseur il patientait en attendant que son heure vienne. Leur prochain stop serait l'arène, le nom parlait au moins pour lui-même, les similarités entre ce monde et le sien en disait long , visiblement les enfers semblaient d'une manière ou d'une autre influencés par le monde extérieur, sinon les technologies sur place ne seraient pas aussi semblables, bien que détournées et perverties de leur usage initial de manière toutes plus cauchemardesques les unes que les autresdes oreilles tranchées et sanguinolentes servaient de portables tactiles, les hot dogs semblaient contenir ce qui ressemblait fortement à des organes génitaux et les publicités vantaient les mérites de divers instruments de torture alambiqués qui auraient fait le bonheur de Guantanamo, il y avait aussi un genre d'eau de Cologne pour entretenir une barbichette "luciférienne", peu importe ce que ça pouvait bien vouloir dire. Tout celà constituait un tout trop familier pour ne pas paraître dérangeant, cet endroit était agressif pour le corps, mais également pour l'esprit et Slade ferait sans doute quelques cauchemars de ce qu'il voyait ici, John lui semblait vraiment en train de faire son shopping, aux aguets de la moindre menace comme le mercenaire, mais bien plus détendu, après tout, l'un d'entre eux avait dut se couvrir d'une poudre bizarre pour venir ici et camoufler sa présence.

-Je ne pense pas qu'un homme voué à souffrir ici les intéresse, mon âme ne peut être sauvé Mr Constantine, tout ce qui compte maintenant c'est ce que je fait du temps qui me reste, et j'ai bien l'intention de sortir mon fils d'ici avec ce temps, contentons nous d'être prudents, mais cet endroit n'est qu'une prison comme une autre, elle as ses défauts et ses fonctionnements à exploiter. Je peux voir les rouages de ces lieux tourner, chaotiques, mais prédéterminés.

Excès de confiance? Sans doute un peu, mais il n'en restait pas moins attentif, Kakk semblait être un être particulier dans la hiérarchie démoniaque et il ne devait pas mésestimer le potentiel malveillant de l'adversaire, c'était un seigneur de l'enfer, ça ne devait pas être un titre accordé au premier traîne-savate venu. Slade n'aimait pas en savoir aussi peu sur l'ennemi, mais il n'eut pas vraiment le temps de ruminer tout ça car le Colisée arriva rapidement à leur vue, arène massive et monumentale à la hauteur sans doute de l'hubris des résidents des lieux. Le mercenaire sentait la tension de l'anticipation, le savoir certain et absolu que son ennemi l'attendait là, tapi dans l'ombre. Il avançait donc avec courage, il ne plierait pas le genoux aussi facilement que ce Kakk semblait l'espérer.

Les lieux étaient grouillant d'activité, des centaines voir des milliers de démons s'agitaient autour d'un spectacle sanglant digne des arènes de Rome. Un groupe de pauvre hère affrontaient un ennemi supérieur en férocité et doté d'armes naturelles, Constantine semblait à raison leur porter une révulsion toute naturelle et Slade se contenta de suivre le mouvement, n'accordant qu'un œil distrait aux "festivités" locales, les hurlements des damnés résonnant dans l'arène presque aussi fort que les vivats d'une foule en délire qui pratiquait sans aucune inhibition le jeu, l'alcool et la drogue dans ce pandémonium aux proportions pharaoniques. La question de Constantine n'avait pas lieu d'être car il aurait vu son fils instantanément si il avait été présent, pour un homme capable de voir à l'échelle subatomique, repérer un visage qui ne quittait pas son esprit depuis des années était un jeu d'enfant. Il se contenta de rester silencieux à la demande de son guide, secouant simplement la tête pendant qu'il observait la foule avec attention pour y trouver quelque chose qui puisse l'aider. Le combat entre les Hellhounds et les damnés ne prit pas longtemps et des âmes s'échangèrent au milieu des hurlements de furie sanguinaire d'une foule en délire, le regard de Slade s'arrêta sur une estrade ou trônait une silhouette massive dotée d'un casque à corne, des trompettes retentirent du hurlement de douleur e milliers d'âmes et la silhouette s'avança pour se révéler et annoncer avec fierté le combat suivant.

-Citoyens des enfers, mes putrides et fourbes amis, je vous offre pour la première fois dans le Colisée une petite célébrité du monde d'au dessus, mort face aux titans, damné pour l'éternité à affronter son dernier instant et son ultime échec : RAVAGEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEER!

Le regard du démon se posa avec dédain sur Slade, le transperçant comme si il n'était rien, un petit poisson faible et minable dans une mare remplie de piranha, un petit sourire mesquin orna soudain le visage du démon. Ce devait être Kakk, le mercenaire porta son regard sur l'arène au centre de laquelle venait d'apparaître nul autre que son fils, sa tenue de Ravager, si semblable en apparence à son armure en metal Nth mais au pattern gris et noir, son fils fan de son salaud de père qu'il haïssait dans le civil, il pouvait voir . Des ombres prenaient formes dans les coins de l'arène, la forme des titans qui l'avait tué. Raven, Red Robin, Impulse, Cyborg et Beastboy, des visages que sa mémoire n'effacerait jamais, les parodies démoniaque étaient travesties par des cornes et autres appendices peu naturels, mais Slade ressentait une colère envers eux aussi grande que les originaux pour ce qu'ils s'apprêtaient à faire.

-Sois fort, soldat.

Sa main se posa sur l'épaule de Constantine pour attirer son attention. Ce traquenard commençait à lui déplaire plus qu'il ne le devrait, c'était trop facile, trop évident, et Constantine avait déjà évoqué la possibilité, Abnegazar avait parlé de plans, quels plans, qu'est-ce qui justifiait que Kakk soit pressé de récupérer ce qui semblait être son dû?

-Tu as un plan B au cas ou ça dégénère?

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Pas de Grant Wilson pour le moment. Bon. Ca voulait dire qu’ils avaient encore un peu de temps pour observer les lieux, la partie et les joueurs, avant de se faire remarquer – parce qu’ils se feraient forcément remarquer, les deux vivants planqués sous une couche de soufre pour masquer leur odeur si caractéristique. Ici, ça n’était pas eux qui dictaient les règles. Tout au plus pouvaient-ils se montrer plus malin que les autres – c’était là le seul moyen pour eux de mener la danse. Et pour être plus malin que les autres, encore fallait-il les connaître. Lucifer, Nergal, le triumvirat, même Belial, ceux-là, il les connaissait, il savait sur quelles cordes tirer pour les faire tanguer selon son bon plaisir comme des marionnettes. Mais Kakk ? C’était bien la première fois qu’il avait affaire directement à lui. Une réputation pour le moins énigmatique, qui allait à l’encontre de quelques solides idées qu’il avait des démons habituels, et John songea qu’être flanqué d’un mercenaire encore novice dans le milieu ne constituait pas les meilleures conditions pour faire connaissance avec un potentiel nouvel adversaire. Dammit. C’était pour ça qu’il préférait la jouer solo, d’habitude. Pour pouvoir mener sa barque comme bon lui semblait, sans avoir de comptes à rendre à personne – et encore moins à un père qui désespérait tellement de revoir son fils qu’il s’était incrusté en Enfer. Et maintenant qu’ils y étaient, qu’allait-il lui souffler, son instinct de père ? Est-ce qu’il allait seulement s’en tenir à sa promesse ? Ou John allait-il regretter d’avoir accédé à sa demande ?

« Ah, fuck. » grommela John, ses épaules s’affaissant alors qu’une voix retentissante annonçait le nouveau gladiateur. Titans, Ravager – c’est bon, ils étaient grillés. A quoi bon scander son nom, sinon – les démons se fichaient pas mal des croisades entre superhéros en collants et leurs super-ennemis. Non. Kakk cherchait délibérément à leur faire savoir qu’il était conscient de leur présence. C’était de la pure provocation. Et Constantine n’aimait pas ça du tout. Voyons, Abnegazar avait parlé de plans le concernant, qu’est-ce que Kakk pouvait bien vouloir foutre avec Deathstroke ? La main de ce dernier sur son épaule l’arracha à ses pensées, et John tourna la tête vers lui. « Toujours. » rétorqua-t-il, avant de diriger à nouveau son regard vers l’arène. « L’enfer est régi par des règles strictes, comme n’importe quel monde. Les démons sont juste devenus des experts dans l’art de les contourner. Suffit de se montrer un peu plus malin qu’eux. » Ca n’était pas pour rien que malice et tromperie régnaient en maîtresses cruelles dans chaque récit de l’intervention d’un démon avec les mortels. Ca coulait dans leur sang, c’était inscrit dans ce qui leur servait d’ADN. « Mais pour cette fois, être malins, ça veut dire faire demi-tour. On a trouvé ton fils, on sait qui le détient, c’est tout ce qu’on était venus chercher. Pas de folies. Maintenant, suis-moi, on… » Mais, alors que John entraînait son camarade pour faire demi-tour, il fut stoppé dans son élan par une rangée de démons armés jusqu’aux dents.

Dammit.

« Le seigneur Kakk veut vous parler. » persifla le chef de troupe, sa lance pointée sur eux, ses dents horriblement tranchantes bien visibles sous ses lèvres ourlées de chien furieux. D’un geste, John intima à Slade de ne pas dégainer. Seul, contre une escouade de l’armée des Enfers, et tout un public prêt à se retourner contre lui ? Ils n’avaient pas la moindre chance. Sans un mot, mais le cerveau fonctionnant à vive allure, John réfléchit alors qu’ils se faisaient tous les deux escorter au milieu d’une foule en délire puant la chair pourrie. Dans l’enceinte de l’arène, Grant Wilson luttait vaillamment, mais vainement. Il n’avait aucune chance, pauvre gosse. Dans cette arène, il était déterminé à perdre, encore et encore, jusqu’à ce que Kakk ne se lasse et ne l’envoie croupir ailleurs, ou échange son âme avec un autre qui se ferait un plaisir de reprendre la torture là où lui l’avait laissée. « On a toujours une échappatoire. Mais jouons d’abord son jeu à lui. Et surtout, rappelle-toi de ce que je t’ai dit. Quoiqu’il arrive, quoiqu’il te propose, s’il te propose quoi que ce soit : refuse. » Enfin, John et Deathstroke arrivèrent devant le maître de cérémonie. Imposant, martial, cruauté et fourberie brillant au fond de ses yeux durs et implacables – un général à n’en pas douter, mais, également, évidemment, un démon de la plus belle eau. Aussi peu ambitieux soit-il au regard du trône. « C’est donc toi, Kakk ? » lança John, les mains dans les poches de son pardessus. « J’ai entendu dire que nous avions des visiteurs. Je me suis permis de vous concocter un petit spectacle d’accueil. J’ose espérer qu’il vous a plu ? » s’enquit Kakk, la voix chargée de perfidie triomphante, alors qu’il reportait le regard sur Slade. Et John, d’effectivement profiter de cette distraction pour guetter la première occasion qui leur permettrait de faire demi-tour.

Spoiler:

AVENGEDINCHAINS

Knock knock knocking on hell's door

Si Kakk avait voulu mettre Slade dans un état de rage indescriptible, il avait presque réussi son coup, seule une résolution d'acier et la promesse faite à John de le suivre avec diligence le retenait de transformer cet endroit en bain de sang dont il sortirait sans l'ombre d'une hésitation perdant, mais ses accès de rage, ces moments de furies ou il perdait le sens des réalités et tout sens commun, mieux valait qu'ils ne se déclenchent pas ici, partir était en effet la meilleur option, le mercenaire avait saisit son bâton au prométhéum, prêt à se frayer un chemin parmi la masse grouillante et odorante des lieux, quand il repensait au critiques habituels qu'on faisait de l'occident, il devait reconnaître que ce lieu était un agglomérat de clichés sur la décadence et la déchéance capitaliste. Mieux valait ne pas moisir ici une minute de plus, il suivit le mouvement quand une troupe de démons le intercepta, son bâton au prométhéum se mit à chauffer, si Kakk voulait son âme, il y perdrait des plumes, Slade n'était le serviteur de personne et il refusait de se soumettre aussi facilement, le geste de John le calma momentanément et il relâcha l'activateur des torches à plasma qui commençaient à ronronner gentiment et qui se turent. L'escorte les encadra rapidement et le silence de John, habituellement volubile comme personne, devenait inquiétant, le mercenaire ne pipa mot, son bâton toujours en main, prêt à faire comprendre à tout ces comiques au physiques difformes et repoussants qu'il n'était pas craint à la surface pour rien et que eux aussi pouvaient se faire quelques cheveux blancs en sa présence, mais il jouerait le jeu, pour le moment, son regard se posa à l'intérieur de l'arène, si Grant n'avait aucune chance, comme il n'en avait eut aucune à l'époque, il faisait toujours preuve de la même combativité et de la même rage qu’auparavant, sa tenue de ravager déchirée par les attaques de ses ennemis, il rendait coup pour coup dans une lutte acharnée. Grant avait toujours eut cette rage de vivre, de faire depuis son plus jeune âge, il tenait de son père, mais Slade pouvait sentir dans ses mouvements, dans sa manière de se battre, qu'il n'avait plus rien à voir avec son fils mort quelques années auparavant, il semblait presque mécanique dans sa manière de faire, la foule poussa des vivats alors qu'un de ses bras volait, détaché du corps, et qu'il poussait un hurlement de douleur qui retentit dans tout le stade.

Les poings serrés de toute ses forces autour du bâton en prométhéum Slade sentait dans sa bouche le goût acide d la colère et de la rage, cette envie de se lâcher un peu sur tout ce qui l'entourait, de tout détruire jusqu'à ce qu'il ne reste rien. Mais il devait tenir, pour le moment, pour Grant qui donnait tout ce qu'il avait, son épée transperçant un démon un peu trop présomptueux face à son adversaire handicapé et se vidant de son sang d'une manière exagérée, sans doute un effet spécial local pour plus de spectacle, le jet de sang du membre tranché servait d'ailleurs à aveugler un autre démon sous un épais liquide noirâtre. John vint rajouter une couche à son avertissement de plus tôt, pas de contrat, pas d'accord, ne rien accepter, même si ce n'était pas son fils qui était dans la fosse, il avait raison, on ne pouvait pas faire confiance à ce genre de personnes. Quelques marches et ils arrivèrent au niveau de l'épais nuage entourant Kakk, seigneur des enfers, son imposante personne aussi physiquement que de l'autorité naturelle qu'il émanait avait de quoi faire trembler. Il n'avait pas l'air agressif, mais Slade pouvait voir d'instinct qu'il pouvait très bien les écraser d'un seul mouvement, il n'avait rien des pitoyables individus qui grouillaient plus bas et dans les rues de cette ville infernale, son regard ne trahissait aucune émotion autre qu'une assurance débordante. Il était le maître ici, John et lui échangèrent brièvement mais il porta vite son attention sur le mercenaire qui ne bougeait pas, la main prête à appuyer sur l'activateur du plasma, peu importait l'univers d'ou on venait, ça ne faisait jamais du bien d'être brûlé par un soleil miniature, sa technologie n'avait montré aucun signe de dysfonctionnement ici, restait à espérer que cela soit suffisant, et ça il en doutait, sinon John se baladerait avec un véritable arsenal sur lui, Slade considéra le dénommé Kakk avec froideur, il tentait de l'impressionner et de lui faire peur, tout ici n'était que mise en scène après tout. Il leva le regard pour planter son optique sur lui, le sourire cruel dévoila une rangée de dents emprisonnant un cigare qui ne semblait pas vouloir se consumer plus qu'il ne l'était, les volutes semblaient prendre la forme d'âmes hurlantes et Slade regrettait presque que le nuage des silks de Contantine ne soit pas le seul présent. L'air satisfait du démon se renforça quand Slade entama d'ôter son masque pour que ce sale enfoiré voit dans les yeux celui qu'il essayait de baiser.

-Le tricheur... enfin.

Le sourcil de Slade se haussa devant cette étrange accusation et se demanda même si le démon ne parlait pas à Constantine, il lui rendit un regard froid.

-Je t'ai longtemps attendu Slade Wilson, ton père semble bien peu t'apprécier.

Toujours impassible, Slade réalisa que son enfoiré de géniteur, un homme qu'il avait fui en poursuivant ironiquement la même carrière, mort de son alcoolisme sans doute et qui revenait le faire chier de l'au delà visiblement, il imaginait bien que cette grosse loque devait se sentir très bien ici.

-Il as été très loquace à ton sujet, notamment sur tes talents particuliers, on dirait qu'il t'a cherché très activement.

Le rire gras de Kakk lui glaça le sang, son œil le toisait toujours, mais il sentait que la suite ne serait pas plaisante pour lui, pas du tout.

-Regarde bien ton fils Slade, pendant que mes démons le déchire, et pense au petit prix que tu serait prêt à payer pour son retour. Pense à ce que sera ta vie une fois qu'il sera revenu, toutes ces occasions manquées que tu pourra retrouver, le pardon qu'il ne t'a jamais accordé. Regarde!

Slade sentit les muscles de son cou s'activer par une volonté étrangère et ses yeux se fixer sur le spectacle en contrebas, sa mâchoire se serra, son coeur manqua un battement, son fils avait définitivement perdu le combat et ses opposants le taillait en pièce au milieu de ses hurlements couverts par les bruits de la foule qui en demandait toujours plus.

-Je met sur la table un contrat simple de 6 âmes sélectionnées par mes soins, plus la tienne, en échange de celle de ton fils. C'est ma seule offre, j'ai ici une liste qui...
-Va te faire voir!

Slade n'avait plus le cœur à la jouer fine, ce gros tas de mal incarné voulait se payer ses services? Il avait qu'à lui envoyer un foutu mail comme tous le monde. Kakk sembla élargir son sourire devant sa réaction alors que son œil était désormais chargé de haine et de désir de meurtre, si John, n'avait jamais vu le mercenaire perdre le contrôle et succomber à la rage meurtrière, il serait bientôt servi. Sa main activa la troche en prométhéum et deux flammes bleues firent leur apparition aux extrémités de son arme.

-Tu as envie d'avoir mon âme? Mon service? Voilà ce que je t'offre en échange de mon fils... rien du tout. Je vais revenir ici Kakk, je te ferait te mettre à genoux et implorer mon pardon, tu léchera la semelle de mes bottes et si je me sent d’humeur généreuse une fois que tu m'aura rendu mon fils, je ne mettrait pas ta tête sur une pique avant de parader avec en massacrant tout démon sur mon chemin. Voilà la seule offre que tu aura de ma part, la seule chose que tu obtiendra. Maintenant tu as deux choix la baleine, je sort d'ici avec ou sans ta coopération, si tu es aussi malin que le prétends monsieur Constantine, tu choisira... judicieusement.

Au bord de la crise de rage, Slade espérait au fonds de lui que Kakk lui fasse des difficultés, peu importait la puissance de l'adversaire, l'envie de l'écraser était bien trop forte pour trop y résister.

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Peut-être, juste peut-être, aurait-il mieux fait de se casser une jambe quand il était sorti du lit pour accepter de discuter avec Deathstroke – au moins serait-il maintenant dehors, à Gotham, à reprendre sa picole discrètement au nez et à la barbe des docteurs, ou de comater sous une tonne de morphine, au lieu de pressentir l’inexorable catastrophe qui se profilait à l’horizon. Jason Blood avait un jour dit de lui qu’il avait perfectionné le concept de mauvaise idée, et à ce moment-là, John se demandait même s’il ne l’avait pas carrément inventé. A quel moment s’était-il dit que oui, emmener Deathstroke en enfer serait une bonne idée ? Sans doute au moment où il s’était dit que s’il y restait, au moins, ce ne serait pas une grosse perte pour le reste du monde. Mais maintenant qu’ils étaient face à Kakk, ce démon mineur mais non moins redoutable, qu’il connaissait à peine, mais qui semblait très bien connaître Wilson, John mourait d’envie de se coller une paire de baffes. Encore une mésaventure dont il ne dirait rien à Zee, hein. Parce que trouver en enfer un démon qui voudrait récupérer l’âme de Slade Wilson et en faire son laquais sur le plan mortel, c’était un retournement auquel il ne s’était pas attendu, et qu’il aurait largement préféré éviter. Deathstroke était un type bien assez dangereux comme ça – en faire un agent des enfers à la solde d’un démon plutôt que ses employeurs habituels, c’était bien la dernière chose dont la planète avait besoin en ce moment.

Loués soient tous les dieux à la face desquels John avait pu cracher un jour ou l’autre, Wilson ne semblait pas plus déterminé à vendre son âme à Kakk que lui à fréquenter les Alcooliques Anonymes – mais le soulagement de John laissa très vite la place à la résignation et un ‘bloody hell’ marmonné sous cape, alors qu’il paraissait tout aussi évident que sous sa bravado de supervilain en pétard, Deathstroke n’avait qu’une seule envie : en découdre avec Kakk. Sur son territoire. Oubliant toutes les recommandations de son guide ; fuck. Et cette fois, John se jura, intimement, qu’on ne l’y reprendrait plus, à accepter des coups foireux pareils. Elle était terrible, la rage et la douleur d’un père en deuil, mais en ces lieux ? Elle ne faisait qu’offrir à Kakk la victoire sur un putain de plateau d’argent… et Kakk le savait très bien, avec son grand rictus plein de dents particulièrement tranchantes. « Ok, on se calme, les filles. » interjecta John à titre d’intervention, et d’un pas chassé se plaçant délibérément entre Deathstroke et Kakk – à la réflexion, pas son idée la plus brillante, mais l’improvisation imposait certaines nécessités telles que de très mauvaises décisions. Et maintenant qu’il était entre le seigneur local et le mercenaire le plus dérangé de la planète, il croyait bien comprendre qu’il allait falloir sortir les gros sabots pour espérer sortir d’ici en un seul morceau. Heureusement, des gros sabots, il en avait quelques-uns dans sa hotte magique.

« On est uniquement venus constater de nous-mêmes que Grant avait bien échoué ici. Rien de moins, mais surtout rien de plus. Mission accomplie, on n’a aucune raison de te déranger plus longtemps, Kakk. » énonça John, en prenant bien soin de ne pas lâcher Deathstroke du regard – putain, s’il la lui faisait de travers en se dérobant à sa promesse, celui-là, il allait mal le vivre. Et Kakk, évidemment, de se fendre d’un rire sonore et glaçant du haut de son trône d’ossatures. « Constantine. Ta réputation te précède. Et je ne suis pas encore assez sénile pour chercher à me mettre Nergal ou le Triumvirat à dos en leur volant ce qui leur revient de droit. Pourquoi ne pas faire demi-tour et me laisser faire affaires avec monsieur Wilson ici présent ? » « Ne me prends pas pour un blaireau, Kakk. Je ne sais pas qui sont ces six âmes qui méritent que tu leur envoies Deathstroke au cul, mais je ne tiens pas à me retrouver sur la hit list, ou que tu le refiles ensuite à Nergal ou aux trois coincés du haut. » « Dans ce cas, peut-être devrais-je vous empêcher tous les deux de repartir pour de bon. » « Tt-tt, Kakk. Les rumeurs vont vite en Enfer, tu dois bien savoir qu’un ou deux zozos plus haut placés que toi m’en doivent une, et que je n’hésiterai pas à en appeler à haut. » « Ha, j’aimerais bien voir ça ! Voyons, cite-moi un nom ? » « Etrigan ? » Un instant, un bref instant, le rictus de Kakk vacilla sur sa gueule déformée – et autour d’eux, les voix baissèrent considérablement de volume, comme si l’assemblée, aussi démoniaque soit-elle, guettait, craintivement, l’arrivée d’un bourreau bien plus impressionnant qu’eux. Et, comme pour ponctuer son discours avec un timing parfait, un rire guttural, et ô combien caractéristique, résonna dans l’immense caverne, avant de s’évanouir. Un rush d’adrénaline fusant dans ses veines, John fut bien incapable de retenir un sourire triomphant. Brave Etrigan. Au moins un démon de fiable, dans ce monde. « Bien. Maintenant que ça, c’est éclairci, tu nous pardonneras, mais on prend notre congé. » D’un geste nonchalant, John jeta dans l’arène son mégot de cigarette, puis se retourna ; et en s’éloigna, attrapa fermement Deathstroke par le bras. « On s’en va. » Et ça n’était pas une proposition, ni une supplique. On s’en va, point barre.

AVENGEDINCHAINS

Knock knock knocking on hell's door

Slade se serrait sans doute jeté dans cette bataille perdue sans les mots de Constantine, il lui fallait désormais une volonté incroyable pour ne pas se jeter sur le gros blob aux dents semblables à des dagues, son air satisfait, sa stature impériale comme si tout ce petit monde s'agitait à sa seule volonté, même si c'était vrai. Il se voyait bien le corriger là tout de suite, devant la foule en délire, mais c'était folie née de la colère que de seulement penser qu'il pouvait le faire, cette colère qui le desservait parfois et à laquelle il pouvait s'adonner facilement. Slade repensait à son père alcoolique et qui frappait sa mère comme lui, ce bon vieux cliché avait dut baver sur pas mal de chose, il était à soupçonner que si son père avait bavé à ce point, Kakk devait savoir pour l'opération qui lui avait donné ses pouvoirs et avant tout sa longévité, cela expliquait que lé démon estime avoir affaire à un tricheur, restait à savoir ce qu'il pouvait bien vouloir à SON âme, sans doute en faire un général ou un commandant quelconque, mais le fait qu'il veuille se servir dans le monde réel par son intermédiaire au passage était tout bonnement la goutte de trop. Il aurait sans doute put concéder certaines choses, mais la petite tentative d'entubage ne passait pas, il ne fallait pas en appeler à l'homme irrationnel et violent avec lui, cela se finissait toujours mal pour tout le monde, c'était là seule erreur de l'être abjecte et repoussant qui semblait prendre son pied dans cette situation, il pouvait bien imaginer que le salaud se sentait en contrôle total de la situation. Affirmant son mépris devant un Constantine qui avait intérêt à valoir son pesant d'or sur ce coup là, sinon ils seraient tout les deux morts avant d'avoir put penser à faire leurs valises. Fort heureusement John semblait avoir des relations puissantes ici-bas, ce qui expliquait sans doute que la moitié de l'enfer ne l'envoi dans tout un tas de chambres de tortures fort créatives.

Il avait suffit d'un nom pour provoquer une vague d'émotion et d'émoi fébrile dans l'assemblée, il pouvait sans doute s'estimer heureux que son guide ait de telles relations, mais leur répit serait sans doute de courte durée, voir Kakk trembler dans ses bottes avait quelque chose d'incroyablement jouissif, il pouvait voir son sourire satisfait perdre de sa superbe à l'annonce de ce nom bien mystérieux : Etrigan. Slade ne connaissait pas ce type, mais si il pouvait leur permettre de se tirer sans que Kakk oppose de résistance, il prenait. C'est alors qu'un rire guttural vint accueillir son affirmation, John était un sacré vicieux derrière son flegme britannique, une qualité que le mercenaire ne pouvait qu'apprécier présentement. Le trenchcoeat entouré de fumée donna alors l'ordre du départ et Slade rassembla toute sa volonté pour ne pas rester et tenter sa chance. Mais il savait qu'il lui faudrait plus, que quand il reviendrait ici il devrait les faire trembler tous autant qu'ils étaient, il viendrait préparé, équipé et assuré de la victoire avant même le début des hostilités. Il talonnait John en ruminant sa colère envers le salopard qui retenait l'âme de la chaire de sa chaire et avait osé pensé le manipuler, le dernier qui l'avait fait était mort. Jackal, ce salopard sournois qui avait enlevé Joseph et lui avait tranché le gorge, le privant à jamais de ses cordes vocales, Kakk n'était pas différent, il avait des faiblesses et surtout il craignait la mort. Slade se traînait une réputation qui n'était pas usurpée, si il n'aimait pas étaler son pédigrée habituellement, ses employeurs savaient que faire appel à lui pouvait les laisser avec des questions difficiles à élucider, comme le fait qu'il ait à son tableau de chasse officiel des victoires contre certains des héros les plus puissants de leur monde. Si celle contre les titans lui avait été arrachée, il n'oublierait pas le sentiment incroyable de victoire absolue qu'il avait ressenti en voyant leurs corps désarticulés dans les décombres. On ne comprenait pas les bienfaits de la vengeance avant d'en profiter Kakk tomberait, et aucun speedster ne serait là pour le ramener celui-là.

-Etrigan hein? J’imagine que le croque-mitaine local est plus réel que le nôtre.

Enfin, si le leur était bien évidement un mythe et non un des trucs que John chassait sur une base régulière. Le monde abritait nombre de bizarreries qui faisait passer un super soldat comme lui pour une vision banale et sans goût.

-J'ai eut ce que je voulait...

Pour l'instant, un peu plus qu'espéré sans doute, mais il avait ce qu'il était venu chercher.

-... mais j’imagine que la sortie ne sera pas aisée.

Une fois sortis de l'arène, il était à parier que Kakk ne lâcherait pas le morceau aussi facilement, l’œil de Slade scruta les façades torturées et difformes des bâtiments autour d'eux et il pouvait voir des regards insistants, il y avait eut trop d'action et de vagues, sortir d'ici n'allait pas être une partie de plaisir non plus, mais John connaissait cet endroit sans doute mieux que les démons eux-même, il lui faisait donc confiance pour trouver un chemin, il ne le quittait pas, surveillant leurs arrière et leurs angles morts avec méthode, ils avaient beau vouloir être discrets, difficile d’échapper au regard prédateur d'un Slade aux niveaux d'adrénaline au maximum, revoir son fils se battre lui as redonné espoir, mais le doute est là, combien de temps peut-il tenir? Tient-il encore vraiment? Il mourrait d'envie de plaquer John contre un mur avec une arme sous la gorge pour le faire parler, mais il savait que ce serait de une inutile avec un tel énergumène, et de deux très dangereux, il y avait trop de questions dont seul cet alcoolique avait les réponses.

-Plus vite Mr Constantine, je les vois s'approcher.

Il tenait toujours son bâton à Prométhéum, les torches à plasma crachant leur énergie de chaque côté de l'arme, un pression sur un bouton et un décharge s'envola jusqu'à un pilier d'apparence fragile qui se vaporisa sous le choc, faisant s'écrouler la façade du bâtiment pour leur offrir une couverture dans leur fuite. Le bâtiment se fendit dans un bruit de craquement d'os, d'éclatement de la chaire et de hurlement de supplicié, c'est alors qu'une main sortit d'une brique à côté de lui pour tenter d'agripper sa jambe. Bordel de merde! Ils ne déconnaient pas avec le mobilier ici, c'était gerbant. Le mercenaire vit John emprunter une ruelle et lui emboîta le pas, il se doutait que le fameux Etrigan avait mieux à faire que sauver leurs miches, il fallait donc disparaître très vite.

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« Ca dépend de quel croque-mitaine on parle, mon vieux. » ricana John alors qu’ils se hâtaient de fuir les lieux du crime – brave Etrigan, dont les grognements leur avait garanti une belle échappatoire, même si ça voulait dire qu’il devrait lui payer une pinte à l’Oblivion plus tard. En attendant, ils n’avaient plus qu’à s’échapper de ce merdier. Wilson avait apparemment eu ce qu’il voulait, ils n’avaient donc aucune raison de s’éterniser dans les parages, et d’expérience, John pouvait confirmer que plus vite ils sortiraient de cet endroit, mieux ils se porteraient. Dans la théorie, ils étaient à peu près bien partis. Dans la pratique ? Evidemment que tous les démons du coin allaient tout faire pour chercher à les retenir. John et son invité s’aventurèrent à nouveau dans le dédale macabre et grouillant de la ville infernale, l’odeur de chair en putréfaction à laquelle il ne s’habituerait décidément jamais lui filant la nausée. Qu’il avait hâte de sortir d’ici. L’atmosphère de l’endroit lui rampait sous la peau, s’infiltrait jusque dans ses os, et un frisson remonta le long de son échine alors que son esprit déjà pas toujours vaillant se laissait assaillir de souvenirs qu’il aurait préféré laisser enfouis loin, très loin dans son subconscient. John essayait de ne pas penser, au quotidien, à son propre séjour en enfer… mais l’enfer lui-même avait un talent certain pour forcer les pires de ses expériences à remonter à la surface de sa mémoire, dans une série de flashs et d’impressions qui, sans l’urgence de la situation, l’auraient probablement laissé lamentablement par terre.

A l’injonction de Deathstroke, John se retourna brièvement pour jeter un coup d’œil par-dessus son épaule et surveiller la progression de leurs petits camarades, bien déterminés à ne pas les laisser s’échapper comme ça. « C’est toi les muscles de la troupe, tiens les à distance pendant que je nous tire de là ! » rétorqua-t-il avec la plus parfaite mauvaise foi du monde. Et il faisait bien son boulot, Mr Muscles – John sursauta en entendant le vacarme de la moitié de l’enfer qui avait l’air de s’écrouler derrière eux. Peu discret, mais redoutablement efficace. Assuré donc que Deathstroke pourrait très bien se débrouiller pour s’extraire des ennuis si besoin était, John se hâta de piquer un virage au détour d’une ruelle, confiant que le mercenaire n’aurait aucun mal à le suivre, et scruta les façades à la recherche d’une porte. D’une porte, et surtout, d’une serrure. « Allez, bordel… » Là ! Vite, John s’assura que Slade suivait bien derrière lui, et, plongeant la main dans son imperméable, il en tira une clé dorée au bout d’une chaîne du même matériau. Une dernière œillade à leurs poursuivants, et John décida qu’ils avaient assez de temps avant de se faire attraper, alors il attrapa Deathstroke par l’épaule et le tira vigoureusement à lui pour l’entraîner à sa suite alors qu’il glissait la clé dans la serrure. Comme par magie – haha – elle rentra parfaitement dans le verrou, et rapidement, John le fit sauter, et tira Deathstroke derrière lui.

La différence soudaine et brutale d’atmosphère lui fit l’effet d’un choc thermique. Entre l’air à la fois terriblement glacé et brûlant, et surtout vicié de l’Enfer, et l’air pollué mais à peu près tiède et respirable de Gotham City, il y avait tout un monde. Littéralement. Et c’était sans doute le pire prison break de l’histoire des prison break, et il n’y avait sans doute aucune gloire dans la façon dont il basculèrent de l’Enfer à Gotham dans une culbute disgracieuse, en roulant par terre, mais ils avaient d’autres priorités à l’heure actuelle, et John prit à peine le temps de recouvrer ses esprits qu’il rampait déjà à toute vitesse pour refermer la porte derrière eux : « Bye, bande de branleurs ! » s’exclama-t-il avec un rire triomphant, avant de claquer la porte au nez et à la barbe de leurs poursuivants. Et comme ça, l’aura infernale qui irradiait de l’autre côté se volatilisa, engloutie de l’autre côté de la porte, dissipée dans l’air comme si elle n’avait jamais existé. La porte, si cavalièrement ouverte entre l’enfer et le monde des mortels, était refermée et scellée pour de bon. Le souffle court, John se laissa retomber dos à la porte redevenue une porte tout ce qu’il y avait de plus banale, et adressa à Deathstroke un sourire satisfait, avant de lever la clé devant ses yeux. « Clé de Houdini. Permet d’ouvrir n’importe quelle porte, et d’aller n’importe où. Usage unique, malheureusement, mais je me suis dit qu’elle nous serait plus utile au retour qu’à l’aller. » expliqua-t-il avant de ranger l’artefact désormais inutile dans la poche de son imperméable. « Félicitations, mon vieux. Maintenant, tu peux te vanter d’avoir littéralement survécu à l’Enfer. » Et ça, ça n’était pas donné à tout le monde. Bien au contraire.

Spoiler:

AVENGEDINCHAINS

Knock knock knocking on hell's door

Slade se retourna et observa les démons s'approcher d'eux, leurs dents, griffes, talons et autres instruments de morts luisants comme des lames effilées dans la lumière surnaturelle des lieux, Slade pouvait sentir que les lieux également commençaient à rejeter les intrus, car si jusqu'à maintenant environnement s'était contenté d'être désagréable Slade sentait ses poumons comme remplis de feus alors que son souffle dégageait désormais des nuages de vapeur condensée comme si ils étaient en Sibérie, son armure semblait se couvrir de Givre tout en noircissant, Nth Metal soumis à une énergie intense et capable de la mettre à mal, le metal ayant des limites malgré ses grands pouvoirs, notamment de régénération. Les démons escalades l'obstacle qu'il a dressé sur leur route et le mercenaire leur fait face pendant que John s'arrête à la recherche de quelque chose qu'il avait tout intérêt pour leurs matricules à tout deux de retrouver car leurs hôtes semblent pour le moins pressés de collecter ce qu'ils peuvent, heureusement que son équipement fonctionne ici, il dégoupille une grenade fumigène qu'il lance devant eux, les démons semblent jusqu'ici ne posséder aucun sens surnaturel particulier et ce monde est un monde d'illusions, il est temps de leur offrir un petit spectacle.

L'épais nuage blanc recouvre vite la zone et les démons se jettent dedans sans réfléchir, au milieu de la zone, Slade est immobile, son ouïe capte sans mal les bruits de ses adversaires et son intelligence stratégique ainsi que sa mémoire lui donne une bonne idée de qui se trouve ou et dans quel direction il va. Deux éclairs bleus déchirent la fumée et le plasma percute dans un bruit immonde d'air calciné, de bruits de chairs carbonisés et de hurlements de douleurs, les difformes adversaires qui lui font face. Leurs griffes ne peuvent le trouver dans l'épaiss fumée, car Slade maîtrise à merveille son positionnement et tire un avantage certains de la portée de son arme. L'allonge du bâton lui conférant une zone de sécurité idéale. Les démons sont furieux et résistants, mais ils n'ont aucune coordination commune pour l'encercler, aucune vraie formation martiale là ou lui est un véritable artiste de la mort. Slade profite d'avoir éliminé ces quelques assaillants pour lancer quatre autres fumigènes et les laisser le chercher pendant qu'il rejoint John en quelques bons agiles, la confusion et la colère les gagne vite et ils finissent par s'agripper les uns les autres pour le trouver, se battant entre eux. Le manque de discipline des habitants des lieux était tout à leur avantage. Tous voulaient sans doute une place à la table de Kakk avec l'âme des mortels qui l'avaient défié devant une assemblée nombreuse.

Il observait le résultat de son action quand il sentit la main de John l'agripper et il n'opposa aucune résistance alors que les démons sortaient à peine de son barrage de fumée, retrouver l'air normal de leur monde lui fit l'effet d'une décharge violente alors que son armure et tout ce qu'il portait ainsi que lui même fumaient, le métal traumatisé par les règles des lieux se reformant, Slade retira une main sectionnée ornée de griffes plantée dans son flanc qu'il lança à travers la porte que John refermait déjà avec une petite tirade bien sentie et un rire de plaisir non dissimulé. Ce n'avait définitivement pas été une action propre, mais ils s'en sortaient bien à la lumière des imprévus rencontrés, Slade épousseta son armure qui  finissait de fumer en se régénérant et retira son casque d'une pression sur les bords des deux mains dans un bruit de scaphandre. Il attacha ce dernier à sa ceinture et pris une bouffée bienvenue de l'air de leur monde, même si il était aussi vicié que celui de Gotham.

-Très pratique, j'imagines que ce n'est pas donné.

Il tendit sa main vers John dans un signe de respect, si il avait put avoir ses doutes et si son comportement irrévérencieux était définitivement insupportable, il devait reconnaître qu'il était plus qu'à la hauteur de sa réputation sulfureuse et controversée.

-Il est l'heure je pense de parler de vos honoraires monsieur Constantine.

Son regard était sérieux et ne trahissait aucune émotion, Slade n'avait aucune envie de négocier ou de rediscuter quoi que ce soit, John avait mérité chaque centime qu'il allait lui verser selon lui, de toute façon il ne l'imaginait pas vraiment se montrer si déraisonnable que cela.

-Il va sans dire que votre prix sera le mien, vous avez plus que rempli les termes de notre contrat. Je vous écoute.

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel

Pas donné, non, ça c’était le cas de le dire. Mais là tout de suite, John était ravi d’y avoir mis le prix, quand bien même celui-ci n’était pas monétaire. Mais Deathstroke n’avait pas besoin des détails, pas vrai ? Ils étaient venus, ils avaient vu, ils avaient vaincu, et là était la seule leçon importante de la nuit. Combien de temps étaient-ils partis, d’ailleurs ? Le temps s’écoulait différemment en Enfer, mais un coup d’œil rapide à son téléphone qu’il extrait de son imperméable lui confirma que selon les standards de leur monde à eux, ils étaient absentés à peine une petite demi-heure. Parfait. A son tour, un rictus triomphant aux lèvres, John se releva en époussetant son manteau, avant de coincer une cigarette – visiblement sortie de nulle part – entre ses lèvres. En voilà une affaire rondement menée. Tellement bien menée que c’en aurait presque été louche, s’il n’avait pas été là pour le voir de ses yeux. Circonspect, John baissa les yeux sur la main tendue vers lui. La gratitude et la reconnaissance ne faisaient d’ordinaire guère partie des sentiments que ses clients, acolytes et autres partenaires d’aventure laissaient transparaître d’habitude, alors pour cette fois, il voulait bien l’accepter. Même s’il s’agissait de Deathstroke. Peut-être qu’il devrait se poser des questions, en fait. Mais plus tard : pour l’heure, John accepta cette main tendue, et lui rendit sa poigne – en se retenant de grimacer parce que bordel de putain de merde Slade Wilson avait une poigne en acier trempé doublée de titanium. « Tout le plaisir était pour moi, mon vieux. »

Ses honoraires, maintenant, hein ? Une lueur s’alluma au fond des yeux de Constantine. Réformé, peut-être, assagi, sans doute, depuis l’épisode Nebiros, par nécessité, parce qu’il fallait qu’il mobilise toutes ses ressources, mais cesser d’être un sale opportuniste qui attrapait toutes les occasions qui lui passaient sous le nez ? Certainement pas. Un sourire de véritable chat de Cheshire s’étira sur ses lèvres, alors qu’il relâchait la main de son partenaire aux allures de pirate high-tech. Bon, il sentait bien que Deathstroke n’était pas le genre de type avec qui il devrait avoir envie de jouer au plus fin – mais après avoir vu le bonhomme à l’œuvre ? Il serait bien dommage de ne pas voir plus loin que le bout de son nez. « Dans ce cas j’ai une proposition pour toi, Terminator. » annonça John en sortant son briquet de sa poche pour allumer sa Silk Cut. Non, John ne se montrait jamais déraisonnable. C’était bien là que résidait le piège. Il avait toujours cette façon bien à lui de tisser sa toile autour des autres, et de laisser la bride assez lâche pour que personne ne se gêne – pour la suite, il n’avait qu’à se fier aux lois de la synchronicité, et tout tomberait en place, où il le faudrait, quand il le faudrait. Au fond, le gens comme John Constantine avaient rarement besoin d’un contrat. Juste du bon contact, au bon moment.

« On ne va pas se mentir, les gens comme moi n’ont pas vraiment besoin d’oseille pour subsister. Dans les cercles que je fréquente, on fonctionne plutôt à la faveur et au service rendu. Donc voilà ce que je te propose. » déclara-t-il d’un ton léger, Londres suintant dans son accent bâtard alors qu’il enfonçait les mains dans les poches de son célèbre imperméables, sans quitter son interlocuteur des yeux – des fois qu’il lui vienne l’envie de lui couper la tête pour bavardages intempestifs. « Je t’ai rendu un fier service en t’amenant en Enfer, et en t’en ramenant vivant. Donc, d’une part, tu me promets de ne pas y retourner sans surveillance, voire même de ne pas y retourner tout court, tant qu’à faire. » Qu’ils n’aient pas fait tout ça pour rien, sacrénom. « D’autre part, un donné pour un rendu. Si un de ces jours j’ai besoin d’une escorte ou de muscles pour une de mes folles aventures, ou pour aller quelque part où je ne peux pas aller mais quelqu’un de tes talents oui… tu me rends la pareille. Et on sera quittes. » Les voilà, les termes du contrat officieux qu’il proposait. Ca n’engageait à rien, tout en engageant à tout. Et puis, qui sait, avec un peu de chance, Slade n’aurait jamais à rembourser sa dette. Tout dépendrait de ce que l’avenir lui réserverait. A son tour, John tendit la main à son redoutable interlocuteur, sondant son regard inquisiteur. « T’en dis quoi ? Marché conclu ? » Après tout, ils jouaient dans la cour des grands. Autant se constituer le meilleur jeu possible.

AVENGEDINCHAINS

Knock knock knocking on hell's door

Une promesse est une promesse est une promesse, et Slade ne brise pas une parole donnée si son interlocuteur respecte ses engagements, il existe une myriade de moyens de se mettre le mercenaire à dos, mais ce soir il ne peu refuser à John ce qu'il demande dans cette ruelle quelconque qui il y as peu leur avait donné accès aux enfers, son HUD se rallume et il se rends compte du temps passé là bas, impressionnant pour le moins. Slade n'aurait pas pensé de quelqu'un comme John qu'il se passerait d'un trait si naturel et commun qui semble être sien : la vénalité. Pas de montagne d'argent, pas de quoi prendre une retraite bien méritée au soleil, un homme comme lui aurait toute les raisons d'en rêver, difficile d'imaginer que le petit extrait infernal qu'il as vu est une vision commune pour John, plus difficile encore d'imaginer qu'il ne saisisse pas l'opportunité au vol de se sortir de cet univers. Son sourire en tout cas, si il était annonciateur de mauvaises nouvelles, ne fit pas flancher Slade, honnêtement il avait entendu un peu tout en n'importe quoi au fil des ans, ces sa proposition qui le rendit interdit, après ce qu'il avait vu, il se demandait si John pouvait vraiment avoir besoin de protection contre quoi que ce soit, mais c'était un marché plus qu'honnête et il s'était engagé. si il essayait d'imaginer quel genre de travail pourrait pousser Constantine à le faire intervenir, il n'avait sans doute pas la possibilité de le faire, ses connaissances du monde que l'occultiste fréquentait était trop faibles pour l'envisager réellement.

-C'est une demande inhabituelle, je pensait que vous prendriez l'argent, mais ce n'est pas ma première surprise de la soirée Mr Constantine.

Aucun homme ne se levait le matin en pensant être l'objet de désir d'un démon. Il pouvait revoir le sourire cruel de Kakk, entendre sa voix caverneuse retentir derrière la fumée de son cigare. Kakk, avait-il déjà eut un ennemi de ce calibre? Un être capable de plier son univers à sa volonté, de régner sur un monde chaotique. Si il avait affronté des gens puissants, un démon c'était un défi qu'il n'avait jamais relevé, ou pas de ce rang en tout cas. Il avait déjà donné dans la traque de créatures magiques pour des clients fortunés et fantasques, mais un démon, c'était nouveau pour lui.

-Je ne peux pas vous promettre de rester aveugle à ce qui m'a été révélé. Si Kakk pense pouvoir m'inclure dans un de ses petits jeux pervers, il va vite découvrir que je ne suis pas homme à se laisser faire sans rien dire.

Si John avait bien mérité une chose de sa part, c'était l'honnêteté, Slade ne savait pas que s’intéresser à tout ça le mènerait à sa propre petite croisade personnelle pour lbérer son fils, et il ne pensait pas encore qu'il soit envisageable de sortir son fils de là, mais au fond de sa psyché, de son subconscient, les rouages d'un plan se mettait en marche sans qu'il n'en ais conscience. Si ce soir il lui semblait impossible d'un jour sauver son fils, ce qu'il avait voulu déterminer par cette visite, son esprit envisageait déjà d'autres possibilités. L'assassin le plus mortel de ce monde, un des esprits stratégiques les plus fin depuis longtemps, cet homme était déjà en train de partir en guerre contre les enfers sans s'en rendre compte.

-Mais vous pourrez me contacter si vous avez besoin... de muscles, comme vous dites. Vos cercles doivent aussi bien fonctionner au service qu'à la loi du talion.

Il tendit un petit carton sur lequel était inscrit un numéro de téléphone extrait d'une de ses poches, le genre de numéro que peu avaient.

-Une dernière chose.

Tout ça ne lui avait pas fait oublier la jeune fille croisée plus tôt, cela semblait loin désormais.

-Je pense que vous serez intéressé d'apprendre que ce que je vous ais demandé la première fois... et bien, je pense qu'après ce que j'ai vu ce soir vous pourriez être le mieux placé pour vous en charger. J'ai rencontré une jeune fille étrange qui a démontré des pouvoirs qui n'avaient rien de "classique", j'ai tué suffisamment de metahumains pour sentir ce genre de pouvoirs, mais elle c'est différent. Je ne vous demande pas de vous en occuper, mais restez vigilant, elle est dans cette ville, appelez-moi si elle devait... faire des siennes.

Il laissa John empocher la carton et prendre note de ce qu'il venait de lui dire. Nul doute que lui et ses amis magiciens sauraient quoi faire, Faith lui avait demandé si il était capable d'accomplir des miracles, elle négligeait qu'un homme n'était que la somme des moyens qu'il avait à sa disposition, c'était ça qui pouvait accomplir des miracles.

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel