One bad day | brothers Valeska

Il y a ces jours où il vaudrait mieux s'abstenir de sortir le nez dehors. Et ces jours sont souvent suivis par ces nuits, toutes aussi folkloriques. Depuis que son frère jumeau l'avait retrouvé pour le changer et non essayer de le tuer – pour une fois -, Jeremiah a l'impression d'être abonné à ces maudits jours et ces nuits sans fins. Si Jerome est capable d'une seule chose dans son existence, c'est bien de briser les noix de chaque personne qu'il croise. Bien heureusement que depuis l'incident du cadeau piégé, le cadet des jumeaux supporte et parfois même, comprend un peu mieux l'humour de son frère. De plus, ils se ressemblent un peu moins maintenant, ce qu'il prend forcément du bon côté. C'est au moins un bon point, car ainsi, Jerome ne peut plus s'amuser à se faire passer pour lui sans même l'avertir au préalable. A présent, s'ils leur arrivent d'échanger leur place, c'est en cas de grande nécessité et c'est généralement d'un commun accord, tout en gardant à l'esprit qu'il ne faut pas trop renouveler l'expérience. Jeremiah est très intelligent, ce qui lui permet de berner énormément de monde et de se sortir de nombreux mauvais pas. Il sait donc pertinemment et avec une grande assurance qu'à un moment ou à un autre, son frangin sera capable de foutre tous ses plans en l'air. Jerome et ses crises pratiquement d'hystérie, ainsi que son côté fougueux et impatient. Tout cela, finira par le perdre. Du moment que ça ne les perd pas tous les deux …

Bien malgré ce qu'il était devenu, Jeremiah tentait au mieux de camoufler les effets du gaz reçu de la part de son jumeau, pour rester Xander le jour. Il entreprenait donc de continuer ses études et de bosser sur ses projets en même temps. Mais ça devient tout de suite plus compliqué quand l'unique personne désignée d'office par les professeurs pour être son binôme, n'arrête pas de le bassiner avec des histoires à dormir debout, souvent entrecoupées par des questions idiotes. Du style : mais pourquoi ne répond-t-il pas à ce fichu téléphone qui n'a de cesse de vibrer dans la poche arrière de son pantalon. Premièrement, il lui aurait bien fourré le portable dans la gorge pour la faire taire. Deuxièmement, il n'a eu besoin de regarder l'écran à aucun moment, pour savoir qu'il s'agissait de Jerome. Troisièmement, s'il s'était sûrement encore mis dans le pétrin ou que l'un de ses plans foireux devait avoir besoin d'un cerveau un peu plus développé que le sien pour le rendre un minimum cohérent, il attendra la fin des cours. Peut-être devrait-il l'encourager à reprendre les cours, lui-aussi, afin de ne pas avoir à le surveiller la journée. Jeremiah le déteste. Il lui souhaite tous les malheurs du monde. Mais c'est sa moitié – sûrement machiavélique – alors il ne peut pas le laisser à son triste sort. Il faut bien garder un œil dessus. Et il n'autorise personne d'autre que lui-même à mettre une tête au carré à son frère, si un jour le besoin venait par se faire ressentir.

L'heure de la délivrance arriva en même temps qu'une sonnerie à vous en faire péter les tympans. Ne bougeant pas d'un poil, c'était les yeux de Jeremiah qui se posèrent à gauche, à droite, puis devant lui, avant qu'il ne balance tout dans son sac et disparaisse presque à la hâte, pour semer son impossible binôme du moment. Et il n'a pas envie qu'on le suive à travers la ville et que l'on sache où il habite. Il ne pouvait pas se permettre d'espérer que Jerome ne connaisse pas l'endroit, puisqu'il lui avait prouvé qu'il était capable de le retrouver partout où il irait. Puis même … de rentrer chez lui sans y avoir été autorisé, évidemment. Car une fois devant sa porte, la serrure avait été explosée. Inutile de se torturer les méninges pour savoir qui avait ainsi abîmé l'entrée de son appartement. Baissant la tête et la secouant d'un air las et dépité, Xander poussa ce qu'il restait de sa porte d'entrée. En réfléchissant bien, il préférerait qu'il s'agisse de Jerome plutôt que d'un autre toqué que son frère aurait emmerdé et qui les confondrait. Ce qui lui éviterait premièrement de se prendre une raclée non méritée et deuxièmement d'avoir un cadavre à faire disparaître. Parce que bien entendu, Jeremiah n'est plus vraiment dans l'optique de laisser couler quand quelqu'un s'en prend à lui. Cette époque est révolue, grâce – ou à cause – de son jumeau.

« Ça aurait été beaucoup plus drôle que tu entres sans défoncer ma porte et que tu me tombes dessus par surprise. Tu viens de louper ton entrée Jerome. »

Ça lui aurait aussi économisé le remplacement de sa porte au passage et l'emmerder en lui disant que son entrée était foiré, était une petite vengeance, connaissant le côté théâtral fort poussé de son cher frère.

Jeremiah contourna le salon pour arriver directement dans la cuisine où il délaissa son sac à dos. Espérant que son frangin n'essaye pas de savoir ce qu'il y a dedans. Il attrapa une bouteille de soda dans le réfrigérateur et s'installa sur un tabouret près de l’îlot central.