The sinking brothers (Orm Marius)

Il se souvenait d'avoir été face à la mer.

Il était assis sur le promontoire rocheux du phare de son père à Amnesty Bay, à contempler l'Atlantique. Il s'était réfugié ici après la perte de l'enfant. Il avait quitté Atlantis dans la douleur. La sienne, celle de Mera. Il avait annoncé sans souffrir aucune discussion de la part de ses conseillers, qu'il abdiquait et renonçait au trône atlante, devenu désormais vacant. Après 7 années de règne il avait tout donné à Atlantis, s'était consacré à elle et n'avait rien obtenu en retour à part le sang, la mort, l'amertume et ce constat définitif : il avait perdu ses parents, son frère, sa femme et son enfant. Peut importe que ce fils ait été de lui ou d'Orm, ça n'avait plus d'importance maintenant, il était mort.

Il ne lui restait qu'un sentiment d'inachevé, une envie de vengeance, un regret qui ne disait pas son nom. Et l'amertume de l'éternel marginal retombé dans la solitude de sa vie d'avant Atlantis. Seul ? Pas vraiment, il lui restait cette autre famille : la Justice League. Mais à quoi bon ? Curry, le reclus d'Amnesty Bay. Sentiments confus : retrouver Black Manta, le tuer. Et après ? A la dérive. L'amour de sa femme ? Perdue pour de bon. Ce rêve secret d'enfance de trouver ce frère fantasmé ? Dans l’abîme. Il avait passé 3 jours complets cloîtré dans son phare, n'en sortant que pour aller contempler la mer. La seule chose qui lui restait à présent : ce phare. Il ne pensait pas retourner à Atlantis un jour. Les jours avaient passés. Arthur se résumait à une silhouette spectral toute en colère contenue qui se hasardait parfois le soir dans l'unique bar d'Amnesty Bay. Il buvait mais sans avoir l'air de s’enivrer. Aucun habitué n'osait l'aborder. Ça se voyait à son visage qu'il avait l'alcool mauvais. Qu'il s'en servait pour noyer sa fureur plutôt que pour se réfugier dans un quelconque havre éthylique. Un journal local du Massachusetts avait hasardé dans un article : mais où est passé Aquaman ? Il ne donnait plus aucun signe de vie. Juste une question de temps avant que la Justice League n'envoie l'un des siens jusqu'ici pour le trouver et savoir pourquoi il avait disparu des radars. Ils enverraient peut-être Clark. Sans doute celui qui savait le mieux écouter et le plus apaiser parmi tous. Peut-être pour ça qu’inconsciemment ils en avaient fait leur leader officieux.

C'est dans cette atmosphère de déception, de sentiment d'échec et de frustration que ça arriva. Curry ne s'y attendait pas du tout. Un soir il s'attarda sans conviction au comptoir du bar d'Amnesty Bay. Il posa sa tête sur ses bras croisé et se perdit dans ses pensées. Revoyant sans cesse les larmes de Mera, son visage déformée par la rage. Il finit par s'assoupir.

Pour se réveiller là.

Il ouvrit les yeux. C'était un bar. Mais pas celui d'Amnesty Bay. Mobilier et agencement similaire mais. Ce n'était pas la bannière étoilée de l'oncle Sam en insigne encadré sur le mur, non.

C'était les lambeaux de l'Union Jack.

Arthur se leva comme dans un rêve et quitta l'endroit. Il marcha dans la rue et commença à piger le coup :

Des londoniens qui s'étaient improvisés des camps de bicoques en carton à l'ombre des décombres. Vieux, femmes, enfants et survivants résidaient pour la plupart dans des emballages d'enceintes stéréos passés à la gomme laque pour résister à la pluie. Une grande bâche goudronnée recouvrait une vingtaine de « maisons ». Leur cour commune était remplie de bouteilles vides. Arthur resta en arrêt. Il s'apprêta à demander à un désœuvrée qui portait un costume trempé et qui était à moitié mort à cause de ses plaies cancéreuses, ce qui se passait. Il n'eut même pas besoin de le faire, la voix retentit dans son esprit.

Le collectionneur comme il se désignait leur balança son prêchi-prêcha sur la sélection naturelle. Nouvelle temporalité. Et merde. Curry aurait pu se croire le jouet d'hallucinations, de canulars ou de manipulations de la part d'un super-méchants ennemi de la Justice League, qui employait ses pouvoirs mentaux extra-lucide. Mais son intuition lui disait que c'était bien réel. La voix du collectionneur était trop désincarnée, impersonnelle, monocorde et artificielle pour être celle d'un adversaire lambda. Pas un humain c'est sûr. Et son message avait quelque chose de si convenu et formaté en s'en tenant à un état général, qu'il apparaissait à Arthur comme clairement pensé pour être diffusé au plus grand nombre : les natifs de terre-1 transposé ici contre leur gré. Il entreprit d'interroger ici et là quelques habitants pour les questionner. Il apprit qu'il se situait à Londres (ou ce qu'il en restait). La ville avait été défigurée par ce qu'on appelait : « le cataclysme de l'eau ». Arthur n'en crut pas ses yeux en apprenant que la ville n'était plus qu'une réplique de Stalingrad perclus d'humidité, sorte de champ de bataille entre Amazones et Atlantes ! Les noms des deux peuples étaient prononcés avec crainte : les atlantes sortaient de la Tamise. Les Amazones affluaient vers les rives. Escarmouches confuses. Des morts partout. Des humains en dommages collatéraux. Il y avait des endroits qu'il fallait éviter comme la peste. La ville n'appartenait plus aux humains.

Arthur portait déjà cette tenue d'homme de mer élimé qu'il revêtait à Amnesty Bay. Ça lui permettait de passer inaperçu parmi la population locale. Il songea que vu la perception des atlantes qu'on avait sur cette terre et les problèmes qu'ils causaient, mieux valait ne pas se présenter publiquement comme Arthur Curry. Il ignorait encore si son double de ce monde était ou non le roi d'Atlantis, mais pour le moment il valait mieux faire profil bas et passer incognito, afin de ne pas perdre de temps à se faire lyncher publiquement par toutes les âmes en peine qui survivaient dans Londres. Quelques loqueteux au visage assombri par les cendres lui donnèrent une idée. Arthur se dénicha l'épave d'une riveteuse dans un garage abandonné. Il se chercha du mazout pas encore siphonné dans la machine à l'abandon.

Il enduisit carrément le haut de son visage d'un noir de fumée. Il constata que personne ne lui jetait de regard appuyé quand il déambulait dans les rues dévastés. Sa face avait cet aspect peinture tribale que des charognards de tout acabit affichaient en ville. Arthur erra jusqu'au marché de Covent Garden. Des étals avec des toits en fer blanc partout. Des gamins au visage dévoré par la faim s'agglutinait autours de caisses, pour en dévorer les appâts à poissons qu'elles contenaient. Arthur s'arrêta en entendant du bruit plus loin. Le groupe de môme dans la dèche ne l'avait pas repéré lui, mais ils avaient repéré quelqu'un qui approchait sur le chemin du marché, dans l'autre direction.

Les mômes en haillon accoururent vers la silhouette qui marchait devant les cahutes ornées de verroteries qui annonçaient l'entrée du marché.

Orm Marius (car c'était lui) fut entourée par la nuée d'enfant. 15 ou 20 mômes à vue de nez. Un gosse s'empara d'une des mains d'Orm et ne voulut plus la lâcher. Les mômes sautillèrent autours de lui et tâtonnèrent.

« Donne à manger ! Donne à manger ! Donne à manger ! »

Une petite fille entreprit de grimper sur le dos d'Ocean Master. Une autre fille lui tira la main pour attirer son attention, elle lui désigna du doigt les poulets suspendus par des ficelles qui pendouillaient sur l'étal d'une gargote. Quelques unes des volailles perdaient du sang encore frais. La môme dit à Orm :

« T'es grand ! Tu peux en attraper une, pas moi ! Vol m'en une et… et… et… je porterais tous tes bagages pour toi pendant une semaine ! »

Les mômes s'agitèrent. Un gosse entreprit d'étaler de la boue qui sentait fortement l'eau salée sur l'un des avant-bras d'Orm, il lui dit :

« Tiens, comme ça les atlantes croiront peut-être que tu viens aussi de la mer si tu sent comme eux. Ils n'attaquent pas ce qui sort de l'eau. Maintenant donne moi une pièce. »

Un autre gosse, genre 5 ans se mit sur la pointe des pieds et tendit à bout de bras vers Orm un canotier de couleur madras.

« Donne à manger et en échange je te donne le chapeau. »

Arthur se porta à la rencontre de son frère. Vu l'allure aussi désœuvrée et égarée que la sienne, il songea qu'il avait bien affaire au Orm de terre-1, son frère, le vrai. Il ne s'agissait certainement pas du Orm de ce monde là. Les enfants l'aperçurent aussi. La moitié des gosses abandonnèrent l'attroupement autours d'Orm pour cavaler en direction d'Arthur, s'agglutiner autours de lui et recommencer le même numéro. Juste 1 mètre séparait les deux frères et une barrière d'enfant trop occupé à essayer de fouiller dans leurs poches, pour prêter attention aux regards que se renvoyaient le colosse à face noircie et le nouveau venu, et les paroles qu'ils allaient échanger. C'est la colère qui se mit à parler dans la bouche d'Arthur, rien qu'à cause de tous les discours suprématistes atlantes qu'il avait entendu dans la bouche de son frère par le passé.

« Regarde, leur vie ne leur appartient même plus. Et c'est à cause de gens de notre espèce, de notre peuple qu'ils en ont été réduit à ça. »

Les gosses s'éloignèrent au fur et à mesure, comprenant qu'il n'y aurait rien à en tirer, aussi bien d'Orm que d'Arthur. Certains avaient fait les poches de Curry en vain. Il n'avait rien à part les vêtements qu'il portait. Il ne faisait pas attention aux agissements des mômes. Les yeux rivés sur son frère. L'expression sévère du visage d'Arthur s'effaça pour faire place à l'étonnement lorsque son cadet fit preuve d'une lucidité qu'il ne lui connaissait pas. En admettant implicitement que ça aurait pu être son œuvre, s'il avait continué sur cette voie sur Terre-1. Orm avança vers lui, libéré de la horde juvénile qui s'éloignait peu à peu. De la vingtaine d'enfant, il n'en restait plus que 4 ou 5 qui s'attardaient autours des deux hommes. Une fille de 8 ans tirait les pans de la veste d'Arthur. Un garçon de 5 ans s'accrochait à la main d'Orm et ne voulait plus la lâcher.

Arthur resta juste sur place lorsque son frère évoqua une solution. Arthur ne savait dire si son éternel rival fraternel comptait entrer en lutte ouverte ou clandestine contre les forces en présence sur Terre-4, ou bien s'il parlait tout simplement d'un moyen pour rentrer chez eux sur Terre-1 en évoquant une solution. Et il lui lança cette phrase sibylline sur le fait qu'ils ne pouvaient sauver tout le monde. Il ne savait dire si Orm lançait ça par réelle compassion ou par constat cynique. Arthur tressaillit cependant à cette seule phrase. D'une part parce qu'Orm l'avait désigné verbalement comme « son frère » sans le mépris habituel qui le caractérisait à son encontre. Mais surtout parce que les dernières paroles d'Orm le renvoyèrent directement au souvenir cauchemardesque de Mera et leur fils qu'il n'avait pu sauver.

Arthur posa une de ses vastes et lourdes mains sur l'épaule d'un des mômes qui s'attardaient encore autours d'eux. Le gosse leva la tête intrigué. C'est comme si ce colosse flanchait et avait besoin de se raccrocher à quelque chose pour ne pas vaciller.

« Oh oui, je suis incapable de sauver tout le monde. Je l'ai apprit trop souvent au cours des ans. Et la réalité me l'a fait comprendre brutalement. Je n'ai pas pu sauver Mera. »

Sanglot étouffée. Arthur qui continu de parler avec sa voix grondante à Orm, la voix de ses mauvais jours. Sauf qu'elle était plus faiblarde que d'habitude, vu la révulsion qu'il avait pour sortir ces mots là :

« Notre enfant, il ne...il n'as pas... »

A chercher ses mots. La présence des quelques mômes autours qui le regardaient n'arrangea pas la situation. Nouveau tremblement dans la voix. Qui laissa place à une espèce de colère contenue au fur et à mesure.

« C'est fini Orm. J'ai renoncé. C'est devenu complètement vain pour moi. J'ai abandonné la couronne. Mera m'a quitté. La perte de mon père, l'absence de ma mère, je suis parvenu à l'encaisser avec le temps. Mais Mera et mon fils, ça je ne peux pas. J'en suis incapable. »

Il esquissa un pas vers l'étal de volaille rachitiques qui pendaient toutes à des fils et d'où du sang encore frais s'échappait. 3 ou 4 mômes trottinèrent derrière lui. Arthur gronda vers le marchand à l'étalage.

« Donne leur ces foutus volaille. Tout de suite avant que je m'énerve. »

Le type se prit une trouille et une suée, modèle poids lourd. Juste à la vue du grand type volumineux aux épaules larges, aux bras noueux et à la face noircie, avec ce regard mauvais plein de fureur. De gestes tremblants il arracha des poulets et jeta les carcasses aux mômes. La vingtaine de môme qui avait harcelé les deux frères pigea le coup aussitôt de loin. Ils se ruèrent vers l'étalage en revenant à la charge, mains tendus, en sautillant, se cognant les uns aux autres. Le vendeur la mort dans l'âme obtempéra en tendant sa marchandise, terrorisé à l'idée de se prendre une dérouillée de la part du grand costaud pas commode qui avait les poings serrés. Arthur se retourna vers Orm.

« Voilà t'as eut ce que tu voulais pour l'indigne hybride que je suis. Si tu parviens à retourner un jour sur notre monde. T'auras plus qu'à t'asseoir sur ce maudit trône vacant. Qui t'en empêcheras ? De toute façon ils t'ont toujours préféré à moi. J'ai commis le pire des crimes aux yeux de ces empaffés : je suis à moitié humain. »

Arthur fit quelques pas pour s'éloigner de l'étal assaillit par les enfants. Il vint s’asseoir sur une pile de vieux pneus en caoutchouc à sa portée. On aurait dit qu'il était las tout court de tout et qu'il voulait se poser dans un endroit pour ne plus en bouger, jusqu'à ce que l'oublie s'empare de lui.

« Même si le destin ou le hasard nous permet de quitter cet endroit, je crois que je ne repartirais pas chez nous. Il n'y a plus rien pour moi là bas. Et ils ont toujours la Justice League pour protéger le monde. Mais ici. Il n'y a personne. S'il y avait eut Superman ou Wonder Woman, ils auraient empêchés tout ça j'en suis sûr, cette guerre, ce cataclysme. Je crois que c'est le meilleur endroit qu'il me reste pour expier mes fautes. »

Les paroles d'Orm à propos de Mera étaient ambigus, presque sibyllines. En disant « Je sais », Arthur ne savait dire si son frère voulait signifier qu'il avait apprit la nouvelle qui lui était parvenu d'Atlantis avant de se retrouver ici, ou s'il avait croisé la route de son ancienne épouse à New Themyscira. Et lorsqu'il lui affirmait qu'elle était « en sécurité », Arthur n'aurait su dire si Orm indiquait qu'il était sûr qu'elle se trouvait sur leur Atlantis de Terre-1, dans la sécurité du palais royal et non ici. Ou bien si elle avait été transporté sur Terre-4 comme eux, mais qu'Orm s'était chargé de lui trouver un abri pour la dissimuler dans ce Londres dévasté. Arthur se retint de demander plus avant à son frère s'il avait vraiment croisé la route de son ancienne femme dans ce lieu maudit ou s'il s'en était tenu à des généralités juste pour le rassurer. Il préférait l'ignorer, l'idée lui était douloureuse de croiser à nouveau son ancienne reine, l'idée était cauchemardesque de l'imaginer elle aussi transposée dans ce lieu abominable après ce qu'elle avait vécu.

Et Arthur ne préférait pas s'étendre sur le sujet tant Orm semblait froid et impitoyable dans ses propos. A trouver qu'il s'apitoyait, à souligner qu'il n'avait jamais rien eut d'un roi. Curry songea qu'il n'aurait pas du en attendre plus. Son maudit frère, toujours égal à lui même. Ce manque d'empathie. Cette mesquinerie continuel même dans ces moments là, envers les gens qu'il avait décidé de prendre en haine. Même maintenant qu'Orm avait obtenu ce qu'il voulait : la perte du trône et de Mera pour Arthur. Il ne renonçait pas à leur querelle. L'envie démangeait maintenant Curry de se lever, de balancer un direct du droit puissant sur la face d'Orm, pour l'envoyer au sol en le faisant vaciller. Avant de lui asséner en soulignant qu'il était son PETIT frère et non l'inverse : « Il ne me reste plus rien, si ce n'est la férocité pour t'emporter dans ma chute avant que tu n'ai pu trouver un moyen de rentrer sur notre terre. »

Les paroles suivantes d'Orm le désarmèrent. Elle confirmèrent ce qu'il craignait. Oui, le Collectionneur avait bien amené Mera dans ce lieu infernal. Orm l'avait croisé. Ironie du destin ou du hasard. Poséidon le dieu des mers avait un sacré sens de l'humour. Et son frère d'insister sur le fait, que lui Arthur était un héros normalement.

« Héros ? Je le suis devenue parce que j'ai pas eut le choix. Comme pour être roi, ce que tu n'as jamais été foutus de comprendre. J'ai eut beau te le dire, t'as toujours été persuadé que je t'avais délibérément volé ta saloperie de trône, alors que c'est toi avec tes conneries génocidaire qui m'avait contraint à te renverser et... »

Arthur s'arrêta en voyant qu'il s'était levé et avait dirigé ses mains vers Orm, comme pour l'attraper par le col et le soulever ou un truc du genre. Il arrêta son geste comme ses paroles, constatant que tout ça était complètement vain.

« A quoi bon. T'as eut ce que tu voulais, je ne suis plus sur le trône, je ne suis plus marié à Mera. Ton pote Manta m'a prit mon père et mon fils. Tu m'a pris ma mère. Je n'ai même plus de frère, tu m'a renié depuis le premier jour. Quand tu rentreras chez nous tu seras enfin ravis, tu seras débarrassé de moi pour de bon Je ne quitterais pas cette terre. Pourquoi je rentrerais chez nous ? Il n'y a plus rien pour moi là bas. »

Et il se détourna d'Orm, comme s'il était fatigué de faire face continuellement à lui dans leur discorde sans fin. Arthur s'accroupit face à un petit môme non loin et le questionna :

« P'tit ?! Qu'est-ce qu'il s'est passé ici ? Pourquoi la ville est devenu comme ça ? Qui a été le premier à tout détruire ? Comment ça a commencé ? Dis moi tout ? »

Arthur avait le sentiment d'avoir liquidé ce contentieux inachevé avec Orm en renvoyant ce problème sur Terre-1. Un peu comme on passe par pertes et profits les dernières choses qui subsistent quand on a sa propre société en faillite. Il avait le sentiment de passer la première étape du baroud d'honneur qu'il pensait trouver sur Terre-4 : d'abord trouver l'explication à tout ceci. Trouver les noms à mettre sur liste noire. Ensuite trouver les alliés possibles, aller à leur rencontre. Et peut-être qu'il aurait l'occasion lors de l'inévitable affrontement qui allait s'ensuivre contre les responsables de tout ceci, de sauver quantités d'âmes dans la population de New Themyscira. Et atténuer ainsi son cauchemar. Sauver des familles, lui qui n'avait pas été fichu de sauver la sienne. Et peut-être trouver une mort glorieuse en s’entre-tuant et en emportant avec lui le salopard qui avait provoqué tout ça.

L'enfant expliqua à Arthur :

« Eh bien c'est l'empereur des poissons là, le chef atlante, qui a commencé la grande tempête, la grande vague. Elle est tombée sur le pays et a tout fracassé. Maman a dit que la tempête-colère du chef poisson avait aussi détruit tout le continent, pas que notre ville. »

Arthur le visage avec une sourde colère et un effroi qu'il ne pouvait dissimuler. L'un de ses cauchemars : un tsunami provoqué par les atlantes sur les populations de la surface, avait prit forme ici. Ce qu'il avait empêché en affrontant Orm autrefois, avait été accomplit ici. Arthur soupçonnait soit le Orm de cette terre d'avoir fait ça, ou bien d'avoir été renversé par Corum Rath ou Nereus par exemple, un suprématiste atlante qui avait enclenché le carnage avec encore moins de scrupules qu'Orm. Le petit gosse compta sur ses doigts en fermant les yeux dans un effort de réflexion comme pour se souvenir de ce que lui avait dit sa mère.

« Maman m'avait dit que l'empereur de la mer a fait 30 millions de mort avec sa grande vague ! Ou 40 ! euh je sais plus très bien. »

Arthur, les deux poings serrés. Sourde fureur, mais à demander à l'enfant, sur un ton gentil-gentil :

« Tu connais le nom de l'empereur atlante ? Tu sais où il est ? »

Le gosse pointa du doigt un monticule herbeux sinistre avec un tertre de pierre au sommet, cette montée surplombait le marché de Covent Garden.

« C'est une plaisanterie ? »

« Non, il est bien là. La reine des femmes guerrière en armure l'a tué lorsqu'ils se sont affrontés là. Elle est partit en colère après l'avoir battu, elle a prit son trident. Le cadavre est resté là. Tout le monde est venu piquer son armure, mais personne a osé prendre le corps, de peur que les atlantes ou mêmes les femmes-déesses en armure ne reviennent le réclamer. Donc il a été enterré à la va-vite là. C'était y'a quelques mois. »

Arthur se leva. Il s'approcha d'un étal de marchand et s'empara d'une pelle dessus. Le type effrayé n'osa même pas protester tant Aquaman semblait menaçant. Arthur poussa Orm d'un bras.

« Toi tu viens avec moi. »

Ils s'engagèrent sur le chemin de terre. Ils marchèrent au milieu des ornières et des jonchés de pierres. Ils passèrent devant les piteuses terres « agricoles » entourant le marché : puanteur d'engrais naturel et irrigation sommaire. Chuintement de terre incessant. Une clôture entourait le monticule herbeux, comme pour mettre en garde : la dernière sépulture de celui qui a ravagé le continent est maudite. Arthur abattit le grillage à coup de pied pour se frayer un passage, il lança à Orm :

« Mon intuition : la reine amazone était tellement en colère contre ce mec, qu'elle a prit son trident et sans doute sa tête. Et elle a laissé le corps pourrir ici, par dépit ou par vengeance. Je pense qu'elle a juste fait apporter la tête aux atlantes et qu'ils n'ont jamais su où avait exactement périt leur leader. Ils ont jamais pu récupérer le corps de leur empereur pour lui donner une sépulture royale. Tous les humains paniqués se sont grouillés d'enfouir les restes sous la terre, de peur que les atlantes viennent et tuent tout le monde pour marquer le coup. »

Si Arthur soupçonnait Orm ou Nereus d'être l'empereur Atlante, il soupçonnait aussi qu'Hippolyte ou Antiope d'être la reine amazone sur ce monde.

Là le sommet du tertre, amoncellement de cailloux partout. Que de l'herbe jaunâtre, même le sol semblait maudire le connard enterré ici. Arthur arpenta le sommet. Vu de tout Covent Garden et son marché en contrebas. Il baissa la tête et surprit une débandade d'insecte rampant sur un arpent de terre meuble.

« Là, c'est ici. »

Les insectes fouillaient la terre. Ce qu'ils cherchaient, c'était de la mousse comestible et quelque chose qui se trouve en dessous. C'était ici qu'il fallait creuser. Arthur se mit à creuser, les insectes prirent la fuite. Arthur plantait sa pelle dans la fourmilière et trucidait les insectes en masse. Il projetait des pelletés. Avec sa force atlante il allait vite et sans difficultés. Dans le trou qu'il creusait, des asticots gigotaient. Il reconnut l'odeur de la chair en décomposition.

De la terre, une pelletée, de la terre, une pelletée, oui, un relent de chair pourri, là une peau jaune. De la terre brune sur de la peau. Les atlantes se décomposaient moins vite que les humains à cause de la densité de leur peau faite pour résister aux fortes pressions des profondeurs. Arthur s'acharna sur la gangue de terre. La puanteur était insupportable. La peau du mort adhérait encore sur ses os. Arthur empoigna le cadavre et commença à le hisser, se demandant s'il tenait dans les mains le Orm ou le Nereus de ce monde. Le torse sortit du trou sans sa tête. Impression confirmée : le vaincu décapité. Les jambes restèrent dans la terre en se détachant. Arthur traîna la moitié supérieure et balança sa pelle. Il y avait des asticots sur les têtes de fémurs.

Et il trembla.

Remarquez ce torse aussi vaste que le sien. Notez ces tatouages à écailles comme les siens. Les tatouages avaient le même dessin identique que ceux sur son torse.

Arthur sentit monter son rythme cardiaque. Il suait à grosse gouttes. A coup de pied il repoussa les reste du cadavre dans le trou comme s'il voulait nier l'évidence devant son frère à côté et rester dans le déni. Un dernier reliquaire se décolla du torse pendant la manœuvre. Arthur le ramassa par terre et le porta à ses yeux pour le contempler.

Il tenait le pendentif. Cette pierre verte rectangulaire qui flamboyait dans son éclat. Cette pierre marine issue du pacifique que son père lui avait offert. Celle qu'il gardait toujours sur lui, dont il ne se séparait jamais même torse nu. Celle qui le définissait et le caractérisait le plus. D'une main serré il serra sa propre pierre autour de son cou. Et l'autre en tout point identique qu'il venait de déterrer, il la jeta aux pieds d'Orm.

Et Arthur tomba à genoux, se recouvrant le visage des deux mains. Il se mit enfin à pleurer. Il articula faiblement d'abord, puis avec haine :

« C'est moi qui ait fait ça. »

Vertige.

« C'est moi qui ait anéantit ce monde là. »

Cauchemar.

« Je suis devenu toi ici. »

Dans l'abîme.

L'impensable s'était produit sur cette Terre-4. Aquaman était devenu ce qu'il avait toujours combattu chez les atlantes pendant toute sa vie : une nouvelle réplique d'Ocean Master, de Nereus, de Corum Rath et de tout autre suprématiste.

Il contint jusqu'à la nausée les cris de rage qu'il voulait lancer. Il y parvint. Il avait les yeux égarés face à l'irréparable. Il se releva faiblement. Il s'approcha d'Orm sans dissimuler ses yeux. Il attira son petit frère contre lui. Il enveloppa Orm dans ses bras. Il le serra comme il l'avait fait par le passé avec son père ou Mera en quête de réconfort. Comme il l'aurait fait avec sa mère s'il avait pu la connaître.

Maintenant il pouvait le faire à Orm.

Plus rien ne le différenciait de son frère.

Orm, froideur des froideur, ne répondit pas à son étreinte. Arthur cessa son accolade avec une certaine amertume. D'autant plus que le commentaire de son frère sur la situation et ce qu'il convenait de faire était raisonné mais tout aussi froid. Regard féroce d'Arthur sur son frère : Orm l'impitoyable, qui ne perdait pas son foutu pragmatisme dans les moments de crise. Toujours aussi guindé. Arthur, par dépit, mais avec une détermination brutale que n'aurait pas renié Orm :

« Très bien, nous allons faire face à ces deux maudites armées qui condamnent cette ville à une mort lente et inexorable. J'ai déjà tout perdu, alors je n'ai plus rien à perdre. Autant emporter avec moi dans la mort les salopards qui ont dévasté cette terre. »

Il se retourna vers le marché de la pénurie en contrebas et le désigna :

« La Résistance, les seuls à s'être organisé pour affronter la menace. Tu veux commencer par là je suppose ? »

Ils revinrent au marché. Arthur se trouva un étal avec un vendeur qui disposait d'une carte de Covent Garden. Une carte du quartier dont les pages étaient fatiguées à force d'avoir été manipulées, pliées, dépliées et lus. Arthur ne posa qu'une seule et unique question en posant un doigt sur la carte : où on trouve la Résistance ? Le type impressionné par l'allure de brute d'Arthur griffonna des croix pour désigner les planques connus de la Résistance mais ajouta quand même :

« Vous perdez votre temps. Les atlantes ont débarqué à chaque fois pour les exterminer. »


A faire le tour du quartier avec le plan.

Encore plus de déshérités dans les rues, encore plus de mutilés et de culs-de-jatte dans des caisses à roulettes. L'encore plus devint encore pire. Des cadavres sur la chaussée que plus personne ne prenait la peine d'enlever. Encore plus de mendiants. Encore plus de gens pieds nus. Voilà la première planque. Arthur frappa à la porte et n'obtint pas de réponse. Pas de bruits à l'intérieur, pas d'échos de fuite précipitée. Il ouvrit la porte d'un coup d'épaule. Le soleil traversant les vitres brisées renseigna les deux frères tout de suite. Les murs étaient criblés par les tirs de plasma des armes atlantes. Le plancher était jonché de viscères. L'un des murs était aspergé et constellé de sang. Des mouches bourdonnaient autour d'un vêtement de gosse rouge de sang posé sur un dossier de chaise.

La planque suivante était vide. Les deux frères frappèrent sans résultat puis entrèrent en force. Ils repérèrent des signes évident de combat. Ils captèrent une nouvelle odeur de sang. Encore plus devint encore pire. Autour de la planque des gamins en train de manger des appâts pour la pêche dans la Tamise. Les baraques en fer blanc façon bidonville poussaient comme des champignons. Ils trouvèrent la planque suivante. Complètement incendiée. Un parquet éventré avec des cendres noyés d'eau. Ils virent des traces de coup de trident et même des asticots sur du cartilage.

La dernière planque. Vide aussi. Des objets éparpillés, comme après une fuite précipitée à la va vite. Là, un bureau. Des disques sur des étagères. Des photographies encadrées au mur. Arthur les étudia. Des photos d'avant le cataclysme, d'une époque plus heureuse. Il vit Loïs Lane avec son appareil photo de reporter, qui donnait à manger à un chacal. Elle portait une saharienne et un canotier pour la brousse. Là voilà en train d'embrasser un jaguar. Elle portait une robe d'été. Une robe blanche avec une bretelle qui glissait sur son épaule nue. Nouveau paysage. Dans la neige cette fois. Là voilà en train de nourrir des loups, avec un manteau en loden. Nouvelle photo : Loïs Lane à l'opéra de Metropolis, en train de poser avec un pianiste et un chef d'orchestre. Arthur observa le sol. Il aperçut un journal intime relié en cuir sombre qui était tombé par terre suite à une fuite précipitée. Le fermoir doré était le globe qui servait d'emblème au Daily Planet. Arthur le feuilleta. Loïs en train de décrire ses musiques préférées. Une envolée au violon de Wieniawski. Le maestro a composé un motif décrivant des gens qui affrontent l'adversité selon elle. Lane qui décrit une nouvelle sonate d'un autre compositeur : quand la musique vous insuffle le courage de faire ce qu'il faut faire. Nouvelle entrée du journal. Loïs qui décrit un souvenir passé. Metropolis il y a 8 ans. Elle était en compagnie de son père au piano. Ils jouaient à 4 mains en douceur du Chopin et du Liszt. Loïs jouaient les parties faciles, son père les parties ardus. Assis l'un à côté de l'autre, à jouer jusqu'à atteindre le crescendo. Loïs qui improvise des accords d'une seule main et retrouve son calme. Le morceau qui progresse vers une fin dissonante. Son père qui rit. Dernière entrée du journal :


Il n'y a plus de musiciens à New Themyscira. Ils sont tous mort je crois. Il n'en reste plus qu'une seule. Julia. Elle a composée une symphonie qu'elle a appelée « Gods Among Us » en hommage à Londres la ville martyr et ceux qui ont lutés contre l'oppression. La porte de la planque où nous sommes s'ouvre brusquement. Tiffany m'aperçoit et se jette sur moi en agitant le tube en carton qu'elle vient de recevoir et qui contient toutes les partitions. Je remarque l'inscription codée de la part de Julia. Avec Charline, nous nous précipitons vers ce qui doit être le tout dernier piano de New Themyscira qui n'a pas été détruit. Nous sortons les partitions et nous nous jetons sur celle du piano. Je la parcours et isole le meilleur passage à 3 mains. Tiffany dispose les feuilles correspondantes sur le pupitre, Charline s'assoit sur le banc entre nous deux. Notre trio de résistante l'a attendu avec tant d'espoir. Nous plaçons nos mains au dessus des touches. Tiffany se met à compter. Nous jouons des notes justes et des notes fausses. Et nous rions d'un bout à l'autre. Ce que la vie a accompli. Comment est-il possible que nous ayons cette chance ?

Un jour notre monde sera sauvé. Nous nous réunirons alors dans l'Ebell Theatre qui peut contenir 1000 places. La dernière salle encore debout dans les ruines de Londres. Nous écouterons la symphonie Gods Among Us avec un vrai orchestre. Je serais à côté de Thomas Wayne et je lui serrerais la main au moment où Julia lèvera sa baguette. Elle a écrit une élégie pleine de majesté. Ça sera une réunification de plus d'une heure de tous nos espoirs les plus chers et de nos rêves les plus heureux. Nous nous laisserons emporter par les émotions que cette symphonie provoque.

L'amour humain n'est pas suffisant pour nous réconforter en ces temps d'horreur. Je sais pourquoi Julia a composé ça. Elle a voulut instiller une détermination féroce chez les survivants. Qu'il en soit ainsi. Le destin n'est que circonstances. Il se peut que je ne vive plus jamais avec autant d'audace pour mener la Résistance aux côtés de Thomas Wayne. Ceci est ma guerre et Londres est ma ville. Ne moquez pas l'amour que j'ai pour elle. J'avais le choix : tout faire ou ne rien faire du tout. J'ai choisit de résister. Notre rendez-vous avec l'Histoire n'est pas terminé.

Les derniers accords de la Symphonie Gods Among Us scellent mon refus de mourir.


Arthur leva les yeux vers Orm et tendit le journal à son frère.

« Lis ça. Cette femme est le cœur et l'âme de la Résistance. Ça te dirait qu'on la trouve et qu'on lui rapporte son journal ? »

Évidemment la Résistance se terrait dans les sous-sols, dans le métro, hors de vue des surhumains qui occupaient la ville. Ça ne pouvait être que là qu’ils avaient installé leur repère, Curry songea que c’était là qu’ils auraient du commencer à chercher dès le début. C’était une évidence. Les rebelles en milieu urbain avaient toujours tendance à se terrer sous la ville, que ce soit sur Terre-1 ou Terre-4. Les investigations des deux frères les conduisirent à un premier barrage. Orm le patient tenta de montrer sa bonne foi aux gardes de l’endroit. Orm le diplomate se la joua conciliant à la surprise d’Arthur. Son frère était d’un abord plus commode. A croire que ce changement de dimension lui avait fait perdre tout repère à lui aussi. Arthur sortit de sa veste le journal intime relié en cuir de Loïs Lane, avec le fermoir en or au symbole du Daily Planet.

« On vient aussi rapporter ceci à sa propriétaire. »

Malgré la méfiance, le symbole de l’ancien journal disparut, qui était associé à Loïs Lane, suffit à faire acquiescer les gardes. On les escorta plus avant dans les tunnels. Armes toujours braqués sur eux à hauteurs d’épaules. Le message était claire : on vous laisse entrer dans notre antre, mais c’est pas pour ça qu’on vous fait confiance. Les deux frères atlantes et leur escorte accédèrent à un souterrain aménagé plus vaste, de la taille d’un entrepôt. Les résistants s’étaient taillés des repaires digne de ce nom sous New Themyscira. Arthur sentit des odeurs de solvant dès qu’ils pénétrèrent dans ce souterrain très vaste. Il examina des papiers affichés sur un mur : des plans pour construire soit même des drones aux allures de torpilles. Juste en dessous sur un établi, des cisailles à métal et des hélices découpés à la main. Arthur donna un coup de coude à Orm et lui désigna le décor sur leur droite : Des transmissions et des volants d’inertie, une caisse de pédales d’embrayage, des bougies d’allumages, des riveteuses, des pochoirs d’aviations, de l’accélérant en bouteille et même des tableaux de commandes d’avions prêts à être installés.

« Les résistants sont plein de surprises, ils mijotent quelque chose visiblement. »

Le centre de la vaste salle maintenant. Des bâches recouvraient des tas aux formes irrégulières. Des morceaux de fuselage dépassaient ici et là. Les deux frères entendirent des pas derrière eux. Des talons hauts et larges. Un démarche de femme volontaire, clairement celle qui dirigeait tout ici. Leur escorte s’éloigna, mais braquait toujours sur eux ses armes avec vigilance. Arthur se retourna pour découvrir Loïs Lane. Elle portait une blouse de travail. Loïs la physionomiste fut la première à reconnaître leurs visages : Ocean Master et Aquaman. La reporter en elle avait bien assez vu leur trombine dans les médias avant la catastrophe New Themyscira. Et vu leur allure, plus le fait qu’Aquaman était sensé être mort, elle devina aussitôt qui ils étaient.

« Vous êtes leur double n’est-ce pas ? De Terre-1 ? »

Main tendue. Aussitôt saisie par Arthur avec soulagement à l’idée qu’il n’allait pas devoir expliquer leur situation.

« Comment vous l’avez deviné ? »

« Aquaman est sensé être mort. Ocean Master est sensé trôner dans sa citadelle dans sa grande tenue. Et vous n’êtes pas les seuls méta-humains de Terre-1 à être venu jusqu’à nous. Plusieurs héros de votre monde ont déjà rejoints nos rangs. »

Visez Loïs Lane : ces yeux bleus intelligents. Inutile de demander pourquoi une femme qui ne connaissait rien à la tactique, à la guérilla ou à l’armée, s’était imposée comme leader naturelle de la dernière résistance sur terre. La seule personne alentour capable de prendre les décisions cruciales. Loïs fit signe aux gardes de baisser leurs armes. Arthur jeta un regard vers les constructions aériennes métalliques dissimulées sous les bâches. Il en désigna une du doigt :

« Pourquoi vous construisez des drones artisanaux ? »

« Pour les bourrer d’explosifs, et envoyer toute notre armada au même moment sur les deux forteresses des amazones et des atlantes. Vous avez une meilleur idée peut-être ? Nous sommes des humains ordinaires pour la plupart, nous n’avons pas votre force surhumaine pour les attaquer de front. »

Arthur observa un mécano en train de se gratter les bras. Ils étaient couverts de brûlures provoqués par les solvants. Il se pencha vers Orm et lui confia :

« Je ne sais pas si ça pourrait marcher. La citadelle de ton double est robuste et l’artillerie atlante explosera la plupart des drones dans le ciel lorsqu’ils attaqueront. »

Loïs Lane qui les regarde, décelant déjà leurs pensées.

« Bien sûr qu’on n’arrivera pas à emporter leurs forteresses avec nos drones explosifs et nos bombes incendiaires, c’est complètement vain. Mais si on arrive à tuer les deux tyrans dans cette unique attaque… »

Loïs qui s’approche d’Orm, face à lui, toute proche. Les résistants autours se hérissèrent tous de nervosité. Loïs, regard rivé sur Orm, pas un seul clignement.

« Pardonnez moi de vous poser cette question, mais vous êtes le premier concerné. Comment on fait pour vous vaincre ? Comment on fait pour tuer votre double ? Si je vous demandais d’aller affronter votre « jumeau » au risque de votre vie, vous le feriez pour nous ? »