Lazare attend. Il ne sait pas dans quoi il s’est embarqué. Pour sûr, il n’a que faire de la protection des eaux, de l’environnement ou de toute action caritative. C’est pour le Blue Lagoon qu’il est venu. Il a des connaissances, quelques liens avec des promoteurs qui lui avaient parlé de l’ouverture de l’endroit. On lui avait promis un lieu chic et du beau monde. C’était suffisant. Un temps de vacances au soleil, loin des collecteurs de dettes. Le concours de dating n’était qu’un à-côté affriolant, un jeu, une énième bravade, une fuite en avant.
Il est arrivé sans bagages et s’est de suite dirigé vers le bar-restaurant après son check-in, ignorant royalement les quelques stands et affiches environnementalistes installés dans le hall de l’hôtel, tout d’or et de lapis-lazuli comme la porte d’Ishtar.
Il avait déclaré son nom, appris sans surprise qu’il avait été choisie par une inconnue et on l’avait attablé au numéro 6, en terrasse, l’assurant que sa cavalière pour la journée l’y retrouverait. Lazare avait refusé catégoriquement qu’on lui apprenne le nom de sa partenaire, le plaisir et la surprise de la découverte vont de pair. Avant que le garçon ne dispose, il avait commandé un Acapulco.
Lunettes de soleil, chemise à motifs floraux ouvert sur sa poitrine, pantalon blanc, espadrilles et bracelet d’or autour du poignet, il s’est habillé pour l’occasion. Décontracté mais chic. Son teint est légèrement halé par l’haleine de l’été, le souffle chaud du soleil ; sa peau, encore bouillante.
A l’intérieur, le lounge est encore presque désert si ce n’est pour quelques couples et des membres du service qui s’affairent de-ci de-là et se préparent pour l’affluence des clients. Seul avec ses pensées, Lazare regarde d’une manière distraite la plage qui s’étend à quelques pas de l’hôtel. Des couples s’installent. Des femmes à la peau luisante de sueur et de crème, des hommes aux muscles saillants, tous dénudés pour laisser le soleil bouillir le sang dans leurs veines.
Les serviettes, les paréos et les parasols forment un patchwork de couleurs vives et tropicales, des bleus, des verts, des jaunes, des rouges et des mauves comme les plumes d’un ancien perroquet aztèque. Quelque chose dans l’air est propice à l’amour et aux jeux de corps à corps. Les bruits de la ville semblent s’être tus pour laisser la place au ressac de la mer, à quelques rires lointain et aux airs de bossa nova provenant d’un restaurant cubain. Il y a une légère brise et une odeur de coco. Lazare pense et rêve. Il s’interroge, essaye de visualiser sa belle mystérieuse. Aura-t-elle, elle aussi, une odeur de coco ?
Quelqu’un arrive. Lazare tends l’oreille et s’apprête à se lever, pour saluer en bon gentleman, mais ce n’est que le serveur qui vient avec son cocktail. Lazare le remercie d’un geste de la tête et commence à siroter la boisson. Cela le rafraîchit et fait bourdonner le bout de ses nerfs. Dans la chaleureuse étreinte du soleil, Lazare attend.
La protection des océan, c'est super important. Surtout quand ceux qui habitent sous la surface peuvent décider d'un coup en avoir ras le bol du genre humain et inonder la terre ferme vite fait bien fait. Plouf, merci pour rien et au revoir ! Autant dire que les Atlantes, il vaut mieux les caresser dans le sens du poil (des écailles ?) pour éviter de boire la tasse. Et en plus de dépenser de l'argent pour la bonne cause, c'est l'occasion rêvée de voyager un peu et de s'amuser ailleurs que dans la crasse de Gotham. Il faut dire qu'en dehors des missions expéditives et suicidaires commanditées par Amanda Waller, Harley ne voyage pas beaucoup. Alors forcément, elle est excitée comme une puce et encore plus à l'idée de participer à un drôle de blind date aux couleurs de l'écologie. Pour l'occasion, bye bye les cheveux rose et bleu et bonjour le blond platine digne d'une starlette des années soixante-dix. De toute façon, n'importe quelle couleur de cheveux lui va à merveille, c'est Ivy qui l'a dit. Et Ivy, c'est une belle plante qui ne ment jamais. Le Blue Lagoon, ce n'est clairement pas le genre d'endroit qu'Harley a l'habitude de fréquenter. Elle est inscrite sur la liste des invités au nom de Harleen Quinzel, pas vraiment un pseudo anonyme, mais elle s'était dit que les charmants écologistes et le promoteurs de l'hôtel n'allait pas y faire attention plus que ça. Surtout qu'en plus, il y aura apparemment du beau monde à l'inauguration de l'établissement. Rien qu'en entendant parler de la possible présence d'Aquaman et de Wonder Woman, elle aurait pu faire une crise d'hystérie digne d'une groupie. Elle espère juste que Batman ne sera pas de la partie, à coup sûr il casserait l'ambiance ! Mais en l'imaginant ne portant rien d'autre qu'un bat-maillot de bain et son masque, Harley est prise d'une crise de fou rire, toute seule évidemment. Elle avait été tentée d'enfiler un bikini rose fluo, mais après réflexion elle avait préféré opter pour un maillot une-pièce blanc discret sous sa robe d'été, histoire qu'on ne la remarque pas aussi facilement que le nez au milieu de la figure. Autant dire qu'elle n'a plus l'habitude d'être habillée aussi normalement, elle a l'impression d'être déguisée. Quand elle se présente à la réception pour qu'on lui donne son numéro de table où se trouve son rencard du jour, elle bat des cils pendant que le réceptionniste lui fait de l'œil et ni vu ni connu, elle subtilise son badge pour pouvoir ensuite faire un petit tour privé de l'hôtel. Tout sourire, elle se dirige vers la table numéro six, prête à faire connaissance avec l'homme qu'elle a choisi complètement au hasard, pour l'amour du risque. Un serveur pressé passe à côté d'elle avec un plateau chargé, alors elle en profite pour lui subtiliser un mojito sans que le pauvre ne se rende compte de rien. Et comme une véritable pin-up sortie des fifties elle va s'installer en face de son rendez-vous. « Salut, mon chou ! » Les conventions sociales, très peu pour Harley. C'est d'un ennui mortel ! Alors même si elle veut bien faire des efforts pour ne faire fuir personne, il ne faut pas exagérer ! Le plus naturellement du monde, elle tend la main à l'homme en face d'elle. « Harleen, ravie de faire ta connaissance ! » La familiarité est immédiate, après tout ils sont là pour s'amuser, non ? Et pour protéger et défendre les océans aussi, c'est vrai. D'ailleurs, Harley jette un coup d'œil autour d'eux, au cas où elle verrait passer un super-héros en short de bain ou Wonder Woman en paréo. Elle secoue la tête et plisse les yeux en observant son numéro gagnant. « C'est drôle, j'ai l'impression qu'on se connaît ! On s'est déjà croisés quelque part ? Désolée, je suis tête en l'air et pas très physionomiste ! » Et comme elle est Harley Quinn, elle passe du coq à l'âne entre deux respirations. « Dis, on t'a déjà dit que tu ressembles vachement à James Bond ? »
Un manque de classe évident, un ton railleur... Il manque les pastelles psychédéliques avec lesquels elle se peinturlure le visage d’habitude, mais il ne suffit que d’un regard à Lazare pour reconnaitre Harley. Quelque part, quelque chose se crispe en lui. Son égo se chiffonne qu’on ne le reconnaisse pas. Il a pourtant une très haute image de lui-même, celle de quelqu’un qui marque les esprits de ceux qu’il croise. Peut-être est-ce cela que l’on appelle être imbu de soi.
« Oui. » lui répond-il sèchement. « Toi, Harley, la dernière fois que l’on s’est vu et que tu as menacé de me jeter en pâture au Pingouin. »
Ce blind-date allait se transformer en homicide, pense Lazare. Il le sait. Il le sent. Tout ce que Harley touche se transforme en homicide. C’était bien pour cela qu’il avait refusé sa proposition lorsqu’elle était venu le démarché, des années de cela, pour rejoindre le gang du Joker. Il semble pourtant le prendre avec une certaine latitude. Peut-être est-ce l’Acapulco qui commence à lui taper sur le système, à l’alanguir face au danger.
Le soleil matinal est déjà haut dans le ciel et fait briller la chevelure blonde de sa partenaire pour la journée. Quelque chose dans la course effrénée du soleil lui rappelle que chaque chose est inévitable et que quel que soit la machination de la Fortune qui est en train de se présenter devant lui, ce qui est amené à se réaliser se réalisera, qu’il le veuille ou non. Bon, bon, pense Lazare. Soit, soit. Tout cela va être un roller-coaster ride, il va falloir s’accrocher.
Ah bien y penser, à bien y regarder, sous l’éclairage solaire et drue, Harley a quelque chose de charmant et de beau. C’est presque à en regretter que le rendez-vous ne puisse aboutir à quelque chose de plus séant pour le contexte auquel ils se prêtent. Encore que … Non. C’est une pensée à bannir de suite, tout rapprochement avec Harley, aussi mince et inespéré soit-il, aboutirait à une catastrophe.
Il soupire. « Bon. Admettons que tu as oublié qui je suis et dans quelle position tu m’as mis la dernière fois que nous nous sommes vu, qu’est-ce qui m’assure que je ne me retrouverai pas à la merci de gangsters voulant me trancher la gorge cette fois-ci ? »
Une assurance tout-risque ? Voilà qui est bien étranger au comportement habituel de Lazare. Lui qui est prêt à parier toutes ses économies dans une bet sans broncher, pour le peu que le bluff prenne. Voilà qu’il se montre vigilant. C’est qu’il donne de la valeur à sa vie et qu’il sait que face à une flambeuse comme Harley, tout peut partir en sucette à tout moment et sans aucun bouton de rappel. Car là est le mode opératif d’Harley, lancer à tout va la roulette de la chance avec désordre et chaos. A bien y regarder, Lazare est quelqu'un d’ordonné, et cela malgré toutes ses impulsions et ses coups de chances.
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La protection des océan, c'est super important. Surtout quand ceux qui habitent sous la surface peuvent décider d'un coup en avoir ras le bol du genre humain et inonder la terre ferme vite fait bien fait. Plouf, merci pour rien et au revoir ! Autant dire que les Atlantes, il vaut mieux les caresser dans le sens du poil (des écailles ?) pour éviter de boire la tasse. Et en plus de dépenser de l'argent pour la bonne cause, c'est l'occasion rêvée de voyager un peu et de s'amuser ailleurs que dans la crasse de Gotham. Il faut dire qu'en dehors des missions expéditives et suicidaires commanditées par Amanda Waller, Harley ne voyage pas beaucoup. Alors forcément, elle est excitée comme une puce et encore plus à l'idée de participer à un drôle de blind date aux couleurs de l'écologie. Pour l'occasion, bye bye les cheveux rose et bleu et bonjour le blond platine digne d'une starlette des années soixante-dix. De toute façon, n'importe quelle couleur de cheveux lui va à merveille, c'est Ivy qui l'a dit. Et Ivy, c'est une belle plante qui ne ment jamais. Le Blue Lagoon, ce n'est clairement pas le genre d'endroit qu'Harley a l'habitude de fréquenter. Elle est inscrite sur la liste des invités au nom de Harleen Quinzel, pas vraiment un pseudo anonyme, mais elle s'était dit que les charmants écologistes et le promoteurs de l'hôtel n'allait pas y faire attention plus que ça. Surtout qu'en plus, il y aura apparemment du beau monde à l'inauguration de l'établissement. Rien qu'en entendant parler de la possible présence d'Aquaman et de Wonder Woman, elle aurait pu faire une crise d'hystérie digne d'une groupie. Elle espère juste que Batman ne sera pas de la partie, à coup sûr il casserait l'ambiance ! Mais en l'imaginant ne portant rien d'autre qu'un bat-maillot de bain et son masque, Harley est prise d'une crise de fou rire, toute seule évidemment. Elle avait été tentée d'enfiler un bikini rose fluo, mais après réflexion elle avait préféré opter pour un maillot une-pièce blanc discret sous sa robe d'été, histoire qu'on ne la remarque pas aussi facilement que le nez au milieu de la figure. Autant dire qu'elle n'a plus l'habitude d'être habillée aussi normalement, elle a l'impression d'être déguisée. Quand elle se présente à la réception pour qu'on lui donne son numéro de table où se trouve son rencard du jour, elle bat des cils pendant que le réceptionniste lui fait de l'œil et ni vu ni connu, elle subtilise son badge pour pouvoir ensuite faire un petit tour privé de l'hôtel. Tout sourire, elle se dirige vers la table numéro six, prête à faire connaissance avec l'homme qu'elle a choisi complètement au hasard, pour l'amour du risque. Un serveur pressé passe à côté d'elle avec un plateau chargé, alors elle en profite pour lui subtiliser un mojito sans que le pauvre ne se rende compte de rien. Et comme une véritable pin-up sortie des fifties elle va s'installer en face de son rendez-vous. « Salut, mon chou ! » Les conventions sociales, très peu pour Harley. C'est d'un ennui mortel ! Alors même si elle veut bien faire des efforts pour ne faire fuir personne, il ne faut pas exagérer ! Le plus naturellement du monde, elle tend la main à l'homme en face d'elle. « Harleen, ravie de faire ta connaissance ! » La familiarité est immédiate, après tout ils sont là pour s'amuser, non ? Et pour protéger et défendre les océans aussi, c'est vrai. D'ailleurs, Harley jette un coup d'œil autour d'eux, au cas où elle verrait passer un super-héros en short de bain ou Wonder Woman en paréo. Elle secoue la tête et plisse les yeux en observant son numéro gagnant. « C'est drôle, j'ai l'impression qu'on se connaît ! On s'est déjà croisés quelque part ? Désolée, je suis tête en l'air et pas très physionomiste ! » Et comme elle est Harley Quinn, elle passe du coq à l'âne entre deux respirations. « Dis, on t'a déjà dit que tu ressembles vachement à James Bond ? »