S’il y a bien une activité qui ne connait jamais la crise, c’est bien celle de tueur à gage. Et encore plus dans une ville comme Gotham, qui bien qu’étant placée sous la protection d’un dangereux justicier masqué ne passe pas une seule journée sans que la tranquillité de ses habitants ne soit troublée par les actions de la pègre locale. Pour une tueuse à gage efficace et talentueuse comme Apolline, Gotham était donc une sorte d'El Dorado ou le travail ne manquait jamais pour elle et tous les autres criminels de son acabit. Victime de sa réputation, celle qui était connu dans le milieu sous le pseudonyme de “Milady” avait même été contactée le soir du 24 Décembre 2018 par un ponte de la pègre de Gotham qui voulait la voir le lendemain afin de lui confier une mission de la plus haute importance. N’ayant personne avec qui passer Noël, la française accepta l’offre assez rapidement. Et c’est ainsi que le soir du 25 Décembre elle s’aventura sur les docks désertés alors que les derniers flocons de neige de l’année tombaient afin de rejoindre son client dans un vieil hangard désaffecté. Pourquoi diable fallait-il que ses transactions se fassent toujours dans des lieux miteux comme celui-ci ? En entrant dans le fameux hangard, le visage caché par un épais foulard, la jeune trentenaire remarqua immédiatement que ses hôtes n’étaient pas rassurés. Ils semblaient avoir peur de quelque chose… ou plutôt de quelqu’un.
“Dépêches toi un peu ! On a pas mille ans…” S’exclama l’un des hommes de mains tout en lui faisant signe de s’approcher d’eux. L’espace d’une seconde Apolline fut tentée de lui apprendre les bonnes manières et de lui botter les fesses, mais si elle ne voulait pas attirer l’attention et surtout si elle ne voulait pas qu’on la paie moins… elle se devait de garder son sang froid et de ne pas envoyer cet abrutis en costard pleurer chez sa mère. Les mains dans les poches elle s’approcha tranquillement du reste du groupe en soupirant. “Pas besoin d’hurler… me voilà… alors qui dois-je tuer cette fois-ci ?” Demanda-t-elle d’une voix blasée et monotone. Même si la famille Falcone dominait encore le monde criminel à Gotham City, de plus en plus de petits truands avides de gloire tentaient de le renverser et de s’emparer son Empire. Par rapport à ça la d’Harcourt avec une seule règle.. ne jamais s’attaquer directement aux Falcone ! Uniquement aux caïds de bas-étages, car toute ancienne espionne qu’elle était, la brune ne voulait pas que sa tête soit mise à prix par la plus puissante des mafias d’Amérique du Nord. Enfin bref un sous-fifre en costume trois pièces ouvrit une mallette pleine de billets verts au-dessus desquels trônait une photographie… celle d’un flic ripoux qui était sur le point de les balancers pour sauver sa peau.
Au moment ou elle se baissa pour ramasser la photo et la valise, un bruit sourd se fit entendre… Dès lors les criminels sortirent tous leurs armes apeurés… avant que la lumière ne s’éteigne et qu’un bruit de vitre brisée résonne dans la salle ! Ce qui fut une excuse suffisante pour que les mafieux se mettent à tirer dans tous les sens… le bruit des coups de feux permis cependant à l’européenne d’apercevoir l’adversaire… LE BATMAN ! C’était la première fois qu’elle avait affaire à lui et dès lors son coeur commença à s’emballer ! Comme un mélange de peur et d’excitation ! Son corps lui disait de prendre la fuite, mais quelque chose, une petite voix dans sa tête lui ordonnait de rester afin de se mesurer au Chevalier Noir ! Ainsi lorsqu’un truand alluma un énorme projecteur pour le pointer sur le justicier et que l’un de ses camarades d’infortune fit la même chose… Apolline dégaina son arme pour tirer en direction de celui qui était sans doute venu pour la mettre sous les verrous.
La traque était l'une des spécialités de Batman. Il savait comment s'y prendre pour débusquer quelqu'un, retrouver ses traces, identifier son origine, connaître son motif et son nom, s'assurer qu'il ait au moins des informations pertinentes sur chaque individu capable de poser, d'une manière ou d'une autre, un problème. Et en cette nuit du 25 décembre, le Chevalier Noir arpentait Gotham en Batmobile, accompagné de son fils, Damian.
Ça n'avait rien d'une promenade nocturne entre père et fils ; car il y avait du travail. On aurait pu croire que les criminels feraient une trêve, à Noël, mais non. Ils ne pouvaient pas résister à plus d'une journée sans faire du grabuge. Le 24 au soir, et la matinée du 25, étaient sacrés. Pas le reste. Le reste du temps, il fallait être vigilant, et doublement d'ailleurs, pour éviter les plus gros problèmes.
« C'est vrai, au fait ? Ce que Dick a annoncé à propos de cette fille ? »
« Ce que Dick raconte est, la moitié du temps, pour te taquiner, Damian. Inutile d'en tenir compte. »
Ce à quoi, effronté comme il l'était toujours, le fils répondit :
« Tu dis ça parce qu'il te taquine trop à ton goût. »
Un long silence suivi.
« C'est faux. Je ne suis pas vexé. »
Maintenant, place à la concentration. La réunion de plusieurs malfrats n'était pas une coïncidence, et Batman avait plusieurs hypothèses les concernant. La première, la plus classique, était un ou deux gros bonnets, rassemblant une petite armée de criminels pour faire un gros coup. La seconde, toujours un de ces gros bonnets, qui cherchait à regagner un peu de son influence en rencontrant certaines personnes bien précises de la ville. La troisième, et cette fois, c'était celle émise directement par Damian : Milady, une tueuse à gages renommée à Gotham, qui se trouvait là-bas.
C'était l'occasion parfaite pour essayer d'en apprendre davantage à son sujet, ainsi que pour l'appréhender si elle était dangereuse. En soi, les tueurs à gage étaient des criminels. Ils tuaient pour de l'argent, sans aucune convention légale. L'exemple de Deadshot avait très longtemps fait sensation, et il n'était pas étonnant que d'autres individus comme lui se manifestent par ici. Pour le moment, en tout cas, le duo ne savait pas grand chose au sujet de cette femme. Son surnom, bien qu'il ne soit pas forcément celui qu'elle se donnait, et également une probable origine : la France.
Batman arrêta la Batmobile, et Robin et lui sortirent pour se mettre en position. Il y avait plusieurs petites fenêtres à ce bâtiment lugubre ; ainsi qu'une double porte sur le côté ouest et une porte de garage fermée sur la face nord. Ils se séparèrent ; l'ado s'apprêta à se hisser par une fenêtre, tandis que le père se plaçait au niveau des portes.
Les lumières s'éteignirent, Damian rentra et causa la panique parmi les voyous. Partout, des cris fusèrent :
« C'EST BATMAN ! »
« Tu le vois ? Attends, c'est quoi... là, c'est lui ! »
Des tirs fusèrent de nouveau, et Batman en profita pour ouvrir les portes et entrer à l'intérieur. Avec le vacarme, et leur attention totalement focalisée sur Damian, il passa inaperçu.
« C'est pas Batman ! C'est Robin ! Milady, aide-nous et tu auras une bonne prime ! »
Ce qui fut l'occasion idéale pour que la voix de Batman s'élève, depuis les ténèbres où il était :
Dès que les quelques lumières qu’avaient allumés les criminels éclairaient les silhouettes du Batman et de son jeune acolyte, Apolline sentit son coeur battre la chamade et l’adrénaline monter en elle. Tout être normalement constitué aurait essayé de quitter les lieux en courant pour se mettre à l’abri et sauver sa peau, mais elle non, elle se contenta d’esquisser un sourire et de poser une main sur la crosse de son revolver. Mais alors qu’elle allait dégainer celui-ci pour viser le héros masqué de la Gotham, Robin fit un bond impressionnant pour lui donner un coup de pied dans le bras et la désarmé. “Putain de gosse !” s’exclama-t-elle en français avant d’encaisser les attaques de son adversaire qui se débrouillait extrêmement bien pour un enfant de son âge. Mise en difficulté par les assauts répétés de ce petit diablotin sauteur, la tueuse à gage serra les dents et décida de passer aux choses sérieuses ! Elle était Milady après tout, ancienne agent d’élite de la DGSE, elle n’allait pas se laisser vaincre et capturer par un justicier en culotte courte !
Alors dès qu’il revint à l’assaut et maintenant que ses yeux avaient commencés à s’habituer à l’obscurité, la trentenaire l'accueillit en lui attrapant le bras et en le tordant violemment avec un O-Goshi suivi d’une brève, mais violente clé de bras… lorsqu’un craquement se fit entendre, Apolline esquissa un sourire… il n’était peut-être pas cassé, mais son épaule devait être déboitée… Quelques secondes après, l’assassin tapa du pied sur le sol pour faire sortir une lame de la pointe de sa botte gauche. D’un coup de pied rotatif elle écorche profondément la joue du garnement avant de l’étaler au sol avec un autre coup de pied circulaire. Là elle et alors que les mafieux étaient encore en découdre ou plutôt de se débattre avec la chauve-souris, la d’Harcourt attrapa le revolver qu’elle avait laissé tomber pour en finir avec Robin… mais en le regardant, en devinant son âge, la jeune femme ne pu se résoudre à appuyer sur la gâchette !
“Quoi !? Tu veux pas me tuer parce que tu me trouves trop jeune ? Tu as pitié de moi ? Pfff !”
Hurla-t-elle avant de se relever pour l’attaquer à nouveau, plus en colère que jamais, il fit reculer son opposante de plusieurs mètres, mais après quelques secondes, cette dernière parvint à l’envoyer valser vers le Batman qui arrivait sans doute pour lui venir en aide. La criminelle profita alors de la confusion pour tirer une balle en pleine tête du super-héros, mais cette dernière ricocha sur son casque. “Sérieusement ?” Dit-elle en voyant ça et en faisant la moue. Le combat était vraiment déséquilibré, mais après tout ce mec ne devait pas terroriser Gotham uniquement à cause de son masque et de sa jolie cape… il était doté d’un équipement High-Tech, que peu de hors-la-loi pouvaient se payer. Ce n’était peut-être pas ce soir qu’elle allait pouvoir se payer la tête du chiroptère le plus célèbre de toute la Côte Est des Etats Unis d’Amérique et peut-être même du monde entier.
Sans attendre elle attrapa le fusil et l’équipement d’un mafieux qui n’avait même pas eu le temps de s’en servir à cause de l’assaut des justiciers et elle balança une grenade lumineuse en direction du dynamique duo afin de les aveugler et de passer à côtés d’eux à toute vitesse et de quitter le hangar dans lequel ils se trouvaient jusqu’à maintenant. Sautant sur sa moto, elle l’alluma presque immédiatement afin de prendre la fuite le plus rapidement possible.
Le silence retomba bien vite dans l'entrepôt délabré. Les lumières finirent par se rallumer, dévoilant un sinistre mais familier spectacle. Des corps inanimés jonchaient le sol, alors que les blessés étaient inconscients ; bras, jambes, tête, leurs corps n'avaient pas été épargnés. Comme à l'accoutumée lorsque le Chevalier Noir de Gotham était de sorti, les petites frappes dans leur genre ne faisait pas le poids bien longtemps. C'était autant une fierté qu'un sentiment de vieillir persistant.
Car à ses débuts, Bruce se rappelait qu'il avait été rapide comme l'éclair. Invincible, implacable, impossible à arrêter. Mais avec le temps, il avait appris à se reposer sur un allié, Robin, ou sur l'aide de quiconque d'autre serait à ses côtés, même s'il n'aimait pas exposer les autres au danger. Maintenant, même seul, il était toujours aussi silencieux et efficace ; mais chaque affrontement lui rappelait la vingtaine d'années passée à combattre le crime et les Super-Vilains. Dans ce genre de moment, il ne se rappelait que trop bien le sermon préféré d'Alfred : il ne pourrait pas faire ça toute sa vie.
Et pourtant, il le devait.
Damian cracha du sang au sol, secouant son bras.
« Blessé ? »
Son fils fit la moue, avant de se diriger vers la sortie. Il avait l'air maussade, mais physiquement apte. Très bien, c'était donc sa fierté qui était endommagée. Il s'en remettrait.
« Il y avait une femme, parmi eux. Milady, sûrement. Elle m'a tordu le bras. Et elle est en train de fuir... »
Batman le suivit à l'extérieur, ne tardant pas à se diriger vers la Batmobile ; tout en pianotant quelque chose sur le bat-gadget de son bras gauche.
« Oui, elle fuit. Mais elle ne peut pas nous échapper. J'ai mis un traceur sur son véhicule en arrivant. Prends la Batmobile, je la suivrais par les toits. Inutile de rater une occasion de la surprendre. »
Quelques secondes plus tard, le bat-grappin permit au Batman de s'éjecter loin des rues sombres de Gotham. Il se hissa au sommet d'un haut bâtiment, suivant à la fois les déplacements de Robin et ceux de Milady. Il réalisa rapidement qu'il allait quand même devoir bouger pour suivre la dangereuse vitesse de la moto ; alors il se mit à utiliser le bat-grappin et les ailes de sa cape pour se déplacer silencieusement et rapidement dans le ciel de Gotham.
D'ici, on aurait pu croire la ville magnifique, avec toutes ses lumières... comme n'importe quel autre endroit de la planète. Mais comme pour Blüdhaven, c'était un leurre. Gotham City était une ville en proie à l'injustice et au crime, à un taux toujours plus record et avec une virulence qui, parfois, faisait douter Bruce sur les raisons pour lesquelles sa famille avait décidé de rester ici. Pourquoi lui, il était resté ici.
Mais la réponse était simple. A cause de ce crime, il ne pouvait pas partir. Il pouvait laisser ses fils et les autres s'occuper pendant quelques temps de tout ça. Il pouvait faire l'effort de s'absenter. Mais il ne pouvait pas abandonner. Il en était incapable, et personne, pas même Alfred, Selina, Talia ou qui que ce soit d'autre n'avait réussi à le faire décrocher plus d'un bref moment.
Et ce n'était certainement pas cette Milady, poursuivie par une Batmobile et une ombre silencieuse, qui changerait cela.
Dès qu’elle fut à califourchon sur sa moto, Apolline mit les gaz, sans même prendre le temps de jeter un coup d’oeil derrière elle pour regarder ou se trouver ses poursuivants. Et puis de toute façon cela aurait été inutile, puisque quelques secondes après elle entendit le moteur de la fameuse Batmobile résonner dans les allées du port de Gotham. Sa fuite n’allait pas être simple. Avançant à toute vitesse, la fugitive sortit de la zone portuaire, au fond ‘elle savait très bien que cet engin venu d’un autre monde devait être bien plus rapide et mieux équipé que sa bécane… elle en eut d’ailleurs la preuve assez rapidement lorsque celle-ci s’approcha à une dizaine de mètres d’elle éclairant ainsi de ses phares. Ce n’est que là que la française se retourna pour arroser le véhicule adversaire de tir… qui n’eurent aucun effet ! Un véritable char d’assaut ! Laissant son arme vide contre son poursuivant, la brune comprit rapidement que sa seule chance était de rejoindre les grands axes afin de se faufiler entre les automobilistes et prendre de l’avance, ce qu’elle fit en empruntant une petite ruelle qui l’amena au milieu d’une voie remplie de voitures et d’autres motos…
Zigzagant entre les autos et mettant sa vie en péril, la d’Harcourt sembla prendre de l’avance sur son adversaire, mais en levant brièvement la tête, elle aperçut une ombre dissimuler la pleine lune et comprit que les deux loustiques masqués s’étaient séparés pour l’attraper et qu’elle allait devoir redoubler d’efforts pour sauver ses fesses… “Putain !!” S’exclama-t-elle lorsqu’au détour d’une rue, elle se retrouva nez-à-nez avec avec la Batmobile ! Maudite caisse ! Pensa-t-elle avant d’appuyer sur l’accélérateur et de faire mine de foncer sur celle-ci avant de tourner brusquement et de partir sur le trottoire avant de descendre les marches menant au métro de Gotham City ! Au moins là-bas ce Tank ne pourrait pas le suivre…
Mais au moment d’arriver en bas de l’escalier la tueuse à gage vit un policier la braquer en lui ordonner de s’arrêter. “Bordel…” Ne s’arrêtant pas elle lui fonça dessus et sauta de sa moto en marche lorsque celle-ci percuta le gardien de la paix de plein fouet ! En se relevant, l’ancienne agent secret sentit une vive douleur traverser sa jambe gauche. En serrant les dents elle se dirigea vers l’agent de police, qui était heureusement encore en vie et s’empara de son arme et de sa paire de menottes. Sous le regard des badauds apeurés, la belle brune n’eut malheureusement pas trop le temps de réfléchir à ce qu’elle allait bien pouvoir faire, puisque le sale gosse masqué revint la titiller ! D’un coup de pied il la projeta contre un distributeur de boisson avant de lui asséner un violent coup de genou dans le ventre ! “Petit merdeux !” Emmerdeur de première oui, mais surentraîné, peu d’adultes pouvaient se vanter d’avoir un tel niveau en combat… ce diablotin devait avoir été formé de façon intense par certains des meilleurs artistes martiaux du monde !
Apolline parvint néanmoins à calmer les ardeurs de ce petit monstre revanchard en lui mettant un coup bien placé entre les jambes. Il avait beau être jeune il n’en restait pas moins un homme. “Pas de Bat-Coquille ? C’est dommage !” Chuchota-t-elle à l’oreille du justicier en herbe avant de le pousser violemment contre le mur, d’attacher une menotte à son poignet et d’accrocher l’autre à la rampe des escaliers. En posant un doigt sur la cicatrice qu’elle lui avait faite quelques minutes auparavant l’européenne esquissa un sourire. “J’espère que Robin se souviendra longtemps du jour ou Milady lui a mis une déculotté !” Rajouta-t-elle avant de sauter dans la première rame de métro venue en espérant prendre la fuite pour de bon et ne plus devoir se mesurer à ces guignols avant un petit moment.
Malheureusement en voyant la rame vide et en entendant un bruit sur le toit du métro, la tueuse à gage réalisa rapidement que son calvaire était loin d’être terminé et qu’elle allait peut devoir se mesurer au bosse final avant de pouvoir aller dormir tranquillement… Il ne lui restait plus qu’un revolver et quelques petites choses pour résister à ce maudit Batman et à son armada de gadget. Se plaçant bien au centre de la rame elle resta sur le qui-vive, persuadée que la chauve souris allait essayer de l’attaquer par surprise comme il avait l’habitude de le faire avec les autres criminels.. mais elle n’était pas qu’un gros bras sans cervelle…
Réfugiée dans une rame de métro vide, Milady n'avait plus la moindre chance de lui échapper. Il le savait, elle le savait... mais n'avait pas envie de jouer avec sa victime. Il n'était pas un tueur sociopathe, pas plus qu'un meurtrier de bas-étage. Il ne souhaitait pas « juste » la coffrer pour pouvoir se dire que la mission était accomplie. Il ne voulait pas simplement la livrer au GCPD. Il voulait lui poser des questions. Parce qu'en un sens, elle lui rappelait d'autres personnes, qu'il connaissait, et qui n'étaient pas derrière les barreaux. Des personnes dangereuses, puissantes, et pas forcément irréprochables ; mais qui avaient assez de bon sens, et qui ne méritaient pas forcément de finir leurs jours en prison.
La confiance. C'était son plus gros défaut. Il l'accordait rarement, à quelques personnes, mais espérait chaque fois ne pas se tromper... et en général il était déçu. Sauf par ceux de sa famille. Malgré tous leurs défauts et leurs échecs, il n'était jamais déçu par ses fils.
Il entra dans le métro, et s'avança doucement, se tenant tout de même à bonne distance de la femme. Il l'observa, tentant de maîtriser sa panique et de savoir d'où il viendrait. Les lumières étaient éteintes... et soudainement le métro s'arrêta. Damian devait avoir réussi à prendre le contrôle de la rame et du système entier. Parfait, quelques minutes de répit.
Batman ralluma les lumières, déclenchant un sursaut de surprise chez la Française alors qu'elle s'apercevait qu'il n'était qu'à quelques mètres d'elle. Il se tint ainsi immobile, sans le moindre geste ni le moindre bruit, pendant une longue minute. Un effet d'intimidation, théâtral, mais qui fonctionnait toujours. Seuls les gens les plus expérimentés apprenaient à ne pas céder à la panique ou à l'agacement dans ce genre de cas. Autrement dit, seulement une poignée de personnes à travers la planète.
« Milady. »
Il s'avança d'un pas, prêt à tout. Il ignorait où était Damian, même s'il se doutait que son fils n'était probablement pas loin, paré à réagir face à n'importe quelle menace. Il n'y avait pas grand chose, de toute façon, qui puisse mettre en danger le Chevalier Noir en ce moment.
« Un contrat intéressant t'attendait ce soir. Manque de chance, j'étais là. Qui était la cible ? Pourquoi fallait-il l'éliminer ? »
Il s'arrêta à trois mètres de la femme, continuant de l'examiner. Elle lui rappelait Selina, en un sens ; elle n'avait pas l'air détraquée, ni spécialement mauvaise. Ce n'était pas marquée sur sa figure qu'elle était dangereuse, ou qu'elle était une ennemie de la plupart des gens qu'elle rencontrait. Et surtout, elle n'apparaissait pas dans les actes les plus horribles de Gotham.
Elle n'avait rien d'un fou sanguinaire comme le Joker. Rien d'un magnat du crime pervers et ignoble comme le Pingouin. Rien d'un génie du mal comme Hugo Strange ou Scarecrow. Rien d'une abomination comme Killer Croc. Rien d'un individu désespéré et corrompu par son passé comme Harvey Dent. Elle semblait simplement être elle-même.
Et pour cette raison, Batman était prêt à l'écouter.
Inutile d’être spécialiste en combat au corps-à-corps pour comprendre que le Batman était autrement plus redoutable que son jeune acolyte au costume bariolée. Et c’est donc en toute connaissance de cause, que prise au piège dans l’un des métros de Gotham City Apolline se tenait prête à affronter le plus grand adversaire de sa jeune carrière… Mais alors qu’elle attendait la venue de celui-ci, les lumières autour d’elle s’éteignirent avant que le véhicule dans lequel elle se trouvait. Robin devait sans doute être derrière tout cela. Décidément ce sale gosse était plus dangereux et résistant qu’il n’en avait l’air ! Malgré ce que la brune avait pu brièvement s’imaginer, ce combat était toujours un deux contre un !
Bien que se tenait sur le quivive, la française ne pu s’empêcher de sursauter lorsque les lumières se rallumèrent laissant ainsi apparaître le surhomme masqué qui n’était désormais plus qu’à quelques mètres d’elle. Passé la surprise, la criminelle esquissa un léger sourire avant de ranger son arme dans son holster. “Batman”. Dit-elle après que ce dernier ait prononcé le pseudonyme sous lequel elle était connue et crainte sur toute la Côte Est des Etats Unis. Si la d’Harcourt tenait tant que cela à avoir l’air calme et sereine c’est parce qu’elle savait pertinemment qu’elle n’aurait aucune chance si jamais elle venait à céder à la panique. La Peur… C’était ça l’arme la plus redoutable des armes du justicier de Gotham. Heureusement plutôt que de céder à la panique, l'européenne esquissa un petit sourire. Non pas car ce petit spectacle n’avait aucun effet sur elle, mais uniquement parce que les années qu’elle avait passé au sein de la DGSE lui avait apprit à dompter ses sentiments.
“Un contrat intéressant ? Pas tant que cela non…” Affirma-t-elle tout en s’approchant encore un peu de son adversaire. La jeune femme qui ne savait toujours pas comment allait bien pouvoir sauver sa peau comptait bien profiter de ces quelques secondes de répit pour trouver une solution.
“On m’a demandé d’éliminer un flic corrompu de la GCPD qui comptait balancer tout ce qu’il savait à la justice pour essayer de sauver sa peau et son boulot. Ne me dites pas qu’un homme comme vous aurait pleuré un pareil voyou ?”
Après ces quelques mots, la jeune femme s’approcha encore un peu de la chauve souris en minaudant. Il fallait absolument qu’elle gagne du temps. Qu’elle puisse élaborer un plan pour s’échapper et ne pas finir sous les barreaux. “Et quand à mes motivations elles sont assez simple : l’argent. Il faut bien gagner sa vie non ?” Lâcha-t-elle en souriant avant d’assener un violent coup de pied au super-héro qui le stoppa sans trop de problème. Décidément il était bien plus dangereux que son petit copain Robin. Mais Apolline n’était pas née de la dernière pluie pour autant et en s’éloignant elle lança une grenade aveuglante en direction du Batman avant de tirer dégainer son arme et de tirer dans un tuyau juste au-dessus de la tête du justicier… qui se retrouva doublement aveuglé par le gaz ou l’air comprimé qui circulait à l’intérieur de celui-ci.
Compte tenu que la combinaison du chevalier noir devait être faite en kevlar elle ne prit pas le risque de gaspiller une balle pour rien et tira dans l’une des vitres du métro avant de la briser entièrement d’un coup de pied. Malheureusement une main se posa brusquement sur son épaule et l’attira vers l’intérieur du métro pour la plaquer violemment contre un mur. “Vous êtes toujours aussi brusque avec les femmes ? Sur le coup c’est surprenant mais je pourrais m’y habituer…”
Elle était plutôt douée, en vérité. Mais malheureusement, les gens doués devenaient prévisibles. Ils étaient tous persuadés que leurs méthodes, comme elles étaient différentes et plus avancées, moins connues, que celles des petites frappes, ils pouvaient se permettre de prendre des risques. Les gens doués étaient prévisibles car ils ne prenaient pas la peine de changer leur façon de faire pour s'adapter à leur adversaire. Ils étaient meilleurs que les voyous de bas-étage, ceux qui avaient pour seul intérêt d'être de la chair à canon pour les gens doués.
Mais Batman n'appartenait pas aux gens doués. Il était un des intelligents. Il s'adaptait constamment, et n'hésitait pas à user de méthodes simples autant que compliquées pour pouvoir obtenir ce qu'il voulait ; en l'occurrence, réussir à neutraliser ou du moins immobiliser Milady. Elle avait essayé de l'aveugler, de le duper, et de s'enfuir.
Elle était douée, il devait bien lui accorder ça.
Mais il était meilleur.
La saisissant par l'épaule au moment où elle allait partir, il la ramena en arrière d'un geste brusque. Son petit commentaire glissa sur lui comme s'il s'agissait d'une phrase prononcée par Selina. A l'inverse qu'avec Selina, il aurait certainement réagi par un trait d'esprit.
« Mauvais choix de fuite. Tu aurais du choisir un autre soir pour travailler. »
Il la saisit de nouveau, prenant garde à ne pas la blesser sans toutefois la ménager. Elle n'avait pas encore mérité d'être passée à tabac pour ses actes ; techniquement, elle n'avait rien fait qui soit si horrible que ça. Deadshot était un tueur à gages aussi, comme la femme ici présente, mais il lui résistait violemment quand ils se croisaient. Là, elle semblait préférer fuir que se battre.
Peut-être qu'elle était un peu plus douée que les autres.
Il la força à s'asseoir sur un des sièges.
« Ce flic corrompu. Donne-moi son nom, et toutes les informations que tu as à son sujet. Il y a d'autres moyens de s'occuper de lui plutôt que de le tuer. Si la mort est sa seule sentence, que dire de toi ? Tu tues pour de l'argent. Quel devrait être ton châtiment ? »
Batman pouvait se montrer menaçant sur bien des aspects. Il était l'incarnation de la peur superstitieuse des criminels les moins intelligents et les plus peureux. Il n'avait pas choisi son symbole et son apparence au hasard, bien sur. Mais il n'était pas menaçant pour tout le monde ; nombreux étaient les Super-Vilains qui n'avaient pas peur de lui, ou qui n'étaient pas impressionnés par son costume. Et il ne torturait pas ; il jouait avec les nerfs des gens. En l'occurrence, il se doutait, et le voyait bien, que la femme sous ses yeux ne céderait pas à la menace.
Il lui faudrait simplement poser ses questions pour espérer avoir des réponses.
S'il n'en obtenait pas, alors il devrait se débrouiller autrement pour avoir ce qu'il cherchait. Il espérait que Damian était en train d'écouter et d'effectuer des recherches en même temps, car sinon, le garçon se ferait sévèrement reprendre. Mais il n'était pas inquiet.
Son fils était débrouillard, malgré son caractère. A l'instar des trois autres, et des filles, il était en mesure de s'adapter à la situation. Il avait déjà largement fait la preuve de tout ça.
“Malheureusement tu es arrivé avant que mes employeurs m’aient donné plus d’informations !” Lâcha-t-elle en affichant un petit sourire narquois alors que le justicier masqué de Gotham City venait de la faire s’asseoir sur l’une des banquettes du métro pour la questionner sa possible future victime. Et après quelques Apolline qui cherchait encore un moyen de se sortir de ce foutu guêpier reprit la parole, brisa de nouveau le silence. “Si tu me laisses ici et que tu retournes tout de suite au hangar tu pourras peut-être les retrouver.” Rajouta la française d’un ton taquin avant de lancer un regard remplit de défiance en direction de son geôlier provisoire. Si elle avait fait l’erreur de sous-estimer le Batman qui était à n’en pas douter un adversaire redoutable, la tueuse à gage ne le pensait toujours pas supérieur à elle. Ce dernier avait simplement l’avantage d’avoir un équipement dernier cri et un équipier aussi mal élevé qu’agaçant ! L’ancienne agent de la DGSE le savait, elle n’avait besoin que d’une seconde, d’une simple petite ouverture pour renverser la situation et enfin prendre la poudre d’escampette.
“Oleg Klitschko, “Loosecanon” Johnny O’Leary, le “Boucher de Naples” Giovanni Insigne, Marco Di Marzio, Javier “Loco” Herrera, Patrick O'Shaughnessy, Lorenzo “Le Gladiateur” Sciola, Pedro Carrillo, Bubba “Bully” Robertson, Callum Hudson, Warren “Warlord” Locksley et j’en passe… voici le nom de ceux que j’ai été chargé d’éliminer depuis mon arrivée à Gotham City… Fouilles dans ta base de donnée et tu verras que personne n’ira pleurer ces mecs là !”
Evidemment il ne s’agissait que d’une infime partie de la longue liste des victimes de “Milady”, mais cette dernière espérait que cette énumération allait montrer au Batman qu’elle n’était pas de ces crapules qui s’attaquent aux innocents et qu’au fond elle rendait un petit peu service à la société en faisant son boulot de tueuse à gage. Et après avoir observé brièvement ce qui l’entourait dans l’espoir de trouver une faille, un moyen de fuir, la jeune trentenaire plongea ses yeux clairs dans ceux du stratège de la Ligue de Justice. “Je gagne ma vie en tuant des vilains… au fond je ne suis pas si différente de ton vieil ami Red Hood !” Lâcha-t-elle en souriant avant de repousser brusquement son opposant puis de se servir des barres en acier du métro pour se soulever et porter doublet coup de pieds dans le torse de Batman suivis d’un coup de genou dans le ventre et d’un coup de pied circulaire. La chauve souris lui attrapa une nouvelle fois la jambe, mais cette fois-ci la jeune femme ne se laissa pas faire et profita de la faille pour donner un bon coup de taser dans le ventre du Batman.
“Surtout ne me fait pas l’affront de me sous-estimer Batman !” Lui dit-elle avant de prendre la fuite dans les tunnels. Apolline ne savait pas où se trouvait Robin mais en revanche elle savait très bien que cette attaque surprise n’allait pas arrêter son ennemi très longtemps et que si elle voulait avoir une chance de s’en sortir elle allait devoir user de toutes ses forces et de toute sa ruse. Mais au bout de quelques mètres l’européenne s’arrêta pour souffler un coup… Batman était une armure ambulante ! Chaque coup porté sur ce dernier était à double tranchant et la tueuse à gage ne sentait presque plus ses pieds. “Ce n’est pas très loyal d’affronter une femme avec une armure comme celle-ci !”
La nuit était son domaine. Ce n'était pas une simple métaphore, ni même une indication un peu fantaisiste sur les réelles capacités du Chevalier Noir. Il était réellement meilleur dans l'obscurité, là où son entraînement, ses sens affûtes et sa technologie le rendait supérieur à ses adversaires. La réaction de la tueuse à gages n'était pas étonnante, pas plus qu'elle n'était imprévue. Batman retenait ses coups, car il ne voulait pas blesser inutilement quelqu'un qui ne le méritait pas forcément.
Le problème, c'était qu'il allait quand même devoir la neutraliser.
Il sortit du métro arrêté, et se mit à avancer d'un pas vif dans la direction où était partie la jeune femme. Il la repéra facilement, en train de prendre son souffle. L'armure faisait son effet ; en plus de le protéger, elle était un bon moyen de fatiguer l'adversaire qui se ruinerait à porter des coups répétés pour pas grand chose. Bien sur, ce n'était pas tout ! Lui-même avait appris à encaisser la douleur pour ne pas se trahir, et pour donner l'impression d'être invincible. Il n'était pas rare que cela suffise à effrayer les ennemis qui se mettaient en travers de sa route.
La dernière réplique de la tueuse, balancée avec hargne, l'amusa. On pouvait le taxer de bien des défauts, de bien des opinions ancrées et butées. Mais il n'était pas sexiste.
Et il allait lui prouver.
« Tu as raison. Te traiter comme une femme plutôt que comme une criminelle, c'est sexiste. Laisse-moi rectifier ça. »
Il s'approcha d'elle, et avant qu'elle ne puisse réagir, il bloqua son coup.
« Et je ne te sous-estime pas. Je n'en ai pas besoin. Tu es assez imprudente pour fuir dans l'obscurité alors que c'est mon domaine. »
Il lui tordit le bras, mais elle s'échappa habilement ; il recourut donc à des méthodes basiques, mais efficaces. Un coup de la paume en plein thorax, pour couper la respiration. Suivi d'un croche-pied pour la faire trébucher. Elle tenta de riposter selon ses réflexes et son entraînement, trahissant ainsi une formation militaire avancée – ou du moins une formation que le commun des mortels n'avait pas – mais Batman fit ce qu'il savait faire le mieux : il anticipa. Il se calqua sur les mouvements de son adversaire, puis contra coup sur coup avant de répliquer.
Nouveau coup de paume, dans la tranchée. La femme se plia en deux, hoquetant sans être capable de respirer. Il ne lui écrasa pas la tête contre le sol, mais ne retint pas son coup en frappant du poing au niveau de la tempe. La tueuse s'effondra au sol.
« Bien. Maintenant, voyons qui tu es réellement. »
Il saisit une de ses mains, et appliqua la main sur le scanner de son bat-gadget. Il ne prit pas la peine de la ligoter ou de vérifier si elle était véritablement assommée ; il n'en avait pas besoin. Damian serait bientôt là, pour l'aider à emmener la femme au commissariat du GCPD.
Il lut les données qui s'affichèrent sur l'écran holographique. Un nom très français, un parcours assez impressionnant, mais surtout imbibé de sang et de meurtres. Il réfléchit quelques instants.
Non, il ne pouvait pas la laisser filer. Elle était comme Deadshot : dangereuse.
Ancienne agent de terrain de la DGSE, Apolline fut entraîner à réagir à toutes sortes de situations, mais cette fois-ci le Batman avait su la pousser dans ses retranchements et grâce à son génie, son armure et l'aide de son horrible acolyte miniature en culottes courtes, la chauve sourie était même parvenue à vaincre et à assommer la française qui se réveilla quelques instants après dans le commissariat de Gotham City. « Géniale... » Murmura-t-elle dans sa langue maternelle après avoir réalisé ou elle était et avoir remarqué que ses mains étaient menottées dans son dos. Seule au milieu de la salle d'interrogatoire, elle grogna l'espace d'une seconde avant de s'étirer le cou. Le justicier masqué n'y était vraiment pas allé de main morte pour lui faire perdre connaissance. Assise et attachée à une vieille chaise en taule, l'européenne profita de sa solitude pour analyser sa situation et essayer de trouver une échappatoire. Puis les lumières de la pièce commencèrent à s'allumer et à s'éteindre sans arrêt, comme des guirlandes de Noël. Là la tueuse à gage soupira, elle savait très bien ce que cela signifiait... et l'avenir lui donna raison puisque après seulement quelques secondes, le Chevalier Noir 'apparu' devant elle.
« Bah disons donc on a l'impression que toute ta vie est éternel spectacles son & lumière... Dis-moi Batman, ne serais-tu pas l’alter-ego caché de Jean-Michel Jarre ? »
Lâcha la jeune trentenaire d'un ton sarcastique. Même si elle n'était pas en position de blaguer, elle savait que ce genre de petite piques ne laissaient pas l'homme en noir aussi insensible qu'il voulait le faire croire. Contrairement à Wonder Woman ou Superman, le Batman lui n'avait rien de divin ou d'extra-terrestre, c'était un être humain et comme tous Hommes il pouvait parfois se laisser déstabiliser. De toute évidence, le chiroptère et son petit ami l'Inspecteur James Gordon allaient essayer de lui tirer les vers du nez pour en savoir plus sur son dernier contrat et sans doute le reste de ses activités illégales, mais la d'Harcourt avait été formée à ce genre de situation et la faire parler n'allait pas être une chose facile pour le policier et son complice en déguisement de chauve-souris.
« Je suppose que tu ne m'as pas amené jusqu'ici pour me faire visiter les locaux n'est-ce pas, ? »
Bien que la situation semblait critique, Apolline restait plutôt sereine. Plus tôt elle s'était laissée surprendre par le Batman et cela lui avait coûté cher, mais depuis elle avait eu le temps de reprendre son calme et ne voulait plus s'emporter et prendre le risque de se faire avoir une nouvelle fois. Voila pourquoi elle se contenta de soutenir le regard de son geôlier avec des yeux fiers et sans peur. Pendant ce temps-là la captive continuait à réfléchir à une façon de sortir de ce trou à rat... et ça n'allait de toute évidence par être trop simple. Mais elle savait également qu'elle aurait plus d'une chance une fois que l'homme masqué aura quitté les lieux.
« Tu ne devrais pas fanfaronner autant. Tu es enfermée sans aucun moyen de sortir. »
Ce que la tueuse française ne semblait pas savoir – un effet voulu – c'était la fermeture totale de la pièce. Ils étaient seuls, et personne ne viendrait aider la jeune femme à s'en sortir. Pas avec tout ce qu'on savait désormais sur elle. Jim Gordon, de l'autre côté du miroir sans tain, avait ordonné qu'on laisse le Chevalier Noir s'occuper seul de toute cette histoire. Parce qu'il le pouvait, et parce qu'ainsi, la Française ne verrait pas une âme vivante pendant quelques heures en dehors de Batman.
De quoi la désorienter assez.
Mais peut-être qu'elle tiendrait bon. Difficile de juger de ses capacités sans établir une comparaison avec Deadshot, mais même le plus grand détective du monde ne pouvait pas tout savoir, en un coup d’œil, sur quelqu'un d'entraîné comme elle. La comparaison avec le tueur à gages, toutefois, était intéressante et permettait d'établir un parallèle utile : comme lui, elle travaillait pour l'argent parce qu'elle savait faire ça. Aimait-elle tuer ? C'est une autre histoire, mais il n'était pas impossible que oui. Après tout, le meurtre avait quelque chose d'excitant pour beaucoup.
Et lui-même, preux défenseur du Bien, aimait la violence dont il faisait preuve. Il n'aimait pas être Batman, il était Batman. Parce qu'il le devait. Mais il aimait ce qu'il faisait car il croyait en cette cause.
Et elle, croyait-elle en quelque chose ?
Deadshot pensait qu'il était doué pour ce qu'il faisait, et que ça valait donc la peine de vendre son âme pour de l'argent. Echanger le sang contre une rémunération était un bon moyen, selon lui, de faire ce qu'il savait faire le mieux pour avoir la vie la plus agréable et la plus douce possible. Partant de cette optique, Bruce essaya de déterminer si c'était possible avec la Française. Muré dans son silence le plus perturbant, il l'examina sous toutes les coutures, immobile. Mais il n'en tira pas grand chose ; sa comparaison avec Deadshot s'arrêtait donc là.
Car ce dernier n'aurait pas hésité à se rebeller aussitôt et à tenter d'acheter sa liberté.
Pas elle.
Elle planifiait donc elle-même sa sortie. Comme l'aurait fait Cat.
« Le GCPD ne cherche pas nécessairement à te mettre sous les verrous. Mais tu as tué beaucoup de gens. Pour de l'argent ; la loi te fait donc criminelle. Peut-être as-tu de bonnes raisons d'agir ainsi, comme beaucoup. Peut-être le fais-tu pour le plaisir, comme d'autres. Peut-être que tu te penses au-dessus du reste, comme certains. Mais moi, je t'ai attrapée. Et je ne partirais pas avant d'avoir au moins eu certaines réponses. Maintenant, Apolline d'Harcourt, réponds à mes question. »
Le logiciel de reconnaissance facial de son masque était le plus performant au monde. Il avait fallu de quelques minutes seulement pour retrouver un nom.
« Pourquoi fais-tu cela ? Quelle devait être ta nouvelle cible ? Quelles étaient les prochaines ? Qui a commandité le ou les meurtres ? Dis-moi tout cela, et le GCPD sera clément. Et moi aussi. »
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