wicked game – BRUCE

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bruce & talia

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Tu regardes ta montre, d'un œil détaché. Le temps. Tu n'arrives plus à le compter, plus à le contrôler. Tu as oublié les jours, les heures. Quelle heure est-il, déjà ? Dix-sept heures. Dix-sept heures que tu n'as pas fermés le yeux, que tu rumines. Les flashs reviennent. Tu as beau fermé tes yeux verts, ils sont là. Ils te frappent, de toute la violence dont ils font preuve. Tu entends tes propres cris, ressens ta propre douleur. Tu en perds même l'équilibre, parfois. Ton souffle devient plus court, ton esprit se trouble. Et puis tout s'arrête, soudainement. Tu reprends tes esprits, secoues la tête en laissant voler autour de ton visage quelques longues mèches brunes. Ce ne sont que des images, Talia. Que des images. Le puits. Tu sais que ces images proviennent de lui, qu'il se donne un malin plaisir à te faire revivre l'instant de tes innombrables morts. Tu finis par respirer profondément, reprendre tes esprits. Toi, Talia Al Ghul, fille du Démon, femme la plus dangereuse au monde. Tu ne peux te permettre de faillir, ne serait-ce qu'une seule seconde. Pour ton fils, pour ton père, pour la Ligue. Pour toi, peut-être. Même si tu voulais te prouver le contraire, ta vie n'a jamais été régie que par ton père, le Démon. A son bon vouloir, il t'avait fait favorite. Avait décidé de ton destin, des langues que tu parlerais, des techniques de combat et de persuasions où tu excellerais. La petite fille n'avait jamais existé, seulement la machine à tuer que tu es aujourd'hui.

Tu es devenue une femme. Fatale, la plupart du temps. Jouer de tes charmes, de ta peau dorée et de tes yeux verts : cela aussi, faisait partie de l'entraînement. L'art de la manipulation, tu le connaissais par cœur. Grâce à cela, tu as toujours obtenu tout ce que tu voulais ; tout, sauf lui. Bruce Wayne. Batman. L'homme que tu mérites, l'héritier de la Ligue des Assassins parfait. Le père de ton enfant. Malgré les années et les tentatives vaines, tu n'as jamais abandonné. Et ce soir marquerait un nouvel essai à ta liste que tu savais, malgré toi, perdue d'avance. Et tu t'en moquais. Comme l'espionne parfaite que tu étais, tu avais réussi à dégoter le rendez-vous parfait pour ton bien-aimé et toi : un gala de charité, pour le lancement d'un projet impliquant la Wayne Entreprise. Sécuriser les rues, grâce à des capteurs dernières générations qui contacteraient la GCPD et le Batman en temps réels, en cas de débordement. Débordement ? Tu souris, tendrement. Tu en es la reine, et le Chevalier le savait bien. A plusieurs reprises, il t'avait évité. Tu avais bien remarqué qu'il s'était entiché de ce chat de gouttière, une bonne à rien de mauvaise famille. Il était temps qu'il comprenne, Bruce. Il comprenne qu'il était le parfait héritier de la Ligue, qu'à eux deux, ils pourraient refaire le monde. Loin de Ra's, loin de tout ce qu'elle avait pu connaître. Qu'il comprenne que sa place était auprès de toi, de votre fils, ensemble.

Ton plan était simple. T'infiltrer à ce gala, te faire remarquer. Tu connaissais la réputation folle du milliardaire de Gotham, et c'était bien trop facile de jouer sur cette corde sensible. Ton visage était inconnu à Gotham, tout comme ton identité. Seuls ceux qui avaient osé affronter ton père savaient qui tu étais. Tu pousses la lourde porte devant toi, et soutiens les quelques regards stupéfaits qui se posent sur toi. Dans la salle, on murmure, on pouffe de rire. L'ambiance se veut détendue sans perdre l'objectif de vue. « Doublez la mise. » Merveilleusement insolente, tu souris, avance le long de l'assemblée, frayant un passage parfait jusqu'au juge de pacotille qui anime la soirée. Tu sais qu'il t'observe, ton chevalier. Qu'il te regarde avancer comme un félin, napée de cette robe blanche qui ne fait qu'accentuer la couleur dorée de ta peau. « Adjugé ? » Un sourire s'étend sur ton visage, révélant tes dents blanches bien alignées. Tes yeux, mesquins et rieurs, se dirigent par-dessus ton épaule dénudée, pour se planter dans ceux de ton amant d'autrefois. « ...D-doubler ? » Ton attention se repose sur le vieil homme. Tu le jauges une seconde du regard, avant de lui sourire de nouveau. « Puis-je avoir l'honneur de rencontrer l'organisateur de ce charmant événement ? » Il secoue la tête, remet ses lunettes sur le haut de son nez et désigne le Chevalier du menton. Lentement, tu te tournes et avance dans sa direction. « Monsieur Wayne. » Un sourire en coin se dessine sur ton visage, accentuant tes adorables pommettes. « Talia Abid, je suis enchantée de faire votre connaissance. » Plantant ton regard dans le sien, tu tends délicatement ta main devant lui. Peut-être est-il en colère ; tu l'espères, et tu t'en réjouis déjà. La partie venait de commencer, et elle promettait d'être pimentée.

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Ton sourire ne quitte pas tes lèvres. Tu as réussi ton coup, tu ne peux que t'en contenter. Il avait serré ta main délicate de la façon la plus froide possible, sans même t'adresser un regard. Tu souris, encore. Tu n'es plus la rose d'autrefois, simplement une épine sous sa peau. Mais qu'importe le rôle qu'il t'offrait : tu ne pouvais le refuser. « Je vous ai connu plus chaleureux, monsieur Wayne. » Doucement, tu retires ta main et reviens placer une mèche de cheveux derrière tes épaules nues. Sans surprise, le chevalier te conduit un peu plus loin, loin des regards, loin des oreilles. Tu le regardes en fronçant les sourcils, vexée de ne pouvoir continuer ton cinéma en public. « Talia... quel incroyable hasard. Moi qui pensais que tu aurais envie de voir ton fils, plutôt que moi. » Son sourire pue l'hypocrisie. Tu roules tes perles vertes et soupires lourdement. Ton fils. Il refuse de te voir, refuse d'entendre parler de toi. Un poignard que l'on remue un peu plus dans ta poitrine, là où bat le cœur. Une blessure que le puits ne peut guérir, que rien ne peut apaiser. « A moins que ce soit pour, de nouveau, me promettre que quelqu'un comme moi pourrait prendre la tête de la Ligue, à la place d'un père fatigué, vieillissant et qui a de plus en plus de mal à plonger dans le puits ? Dis-moi, comment ton père va-t-il, ces derniers jours ? Il se remet de ma dernière confrontation avec lui ? » Ton regard se durcit. Il s'assombrit, tel le ciel qui prédit l'orage. Tes poings se serrent, tu peux presque sentir la peau prête à rompre sous la pression de tes ongles. Il cherche à te piquer, à te faire perdre tes moyens ; tu le sais, et tu tombes dans le piège comme une débutante.

Ta langue vient se glisser sur tes lèvres une seconde, avant qu'un soupire ne se transforme en un faible sourire. Non, ce serait trop facile de craquer de cette façon. Pas tout de suite. Pas maintenant. « A moins qu'en réalité, tu sois juste là pour le plaisir de ma compagnie ? » Ton regard se repose sur lui, retrouve son éclat d'autrefois. Ce scintillement malicieux, cette bouche qui s'étire tendrement. Tu saisis la coupe de champagne que le chevalier te tend, et l'invite à trinquer. « Ta compagnie est moins plaisante qu'avant, Bruce. Tu deviens aussi aigri que moi. » Tu portes le verre à tes lèvres en étouffant un rire léger, avant de secouer légèrement la tête. « Tu es toujours aussi modeste. » Délicatement, tu poses la coupe d'alcool pétillant sur une petite table à tes côtés. Tes bras se croisent, ton regard jauge ton interlocuteur. « Mon fils refuse de me voir. Tu devrais pourtant le savoir, non ? Je voulais simplement avoir de ses nouvelles. Tu me semblais le plus qualifié pour me répondre. Je ne voulais pas semer la zizanie en me rendant au manoir. » Si tes paroles sont sincères, il t'est impossible de mentir quant au fait que la situation te convient, au final. Revoir Bruce était toujours une épreuve, mais tu te faisais un plaisir d'essayer de te surpasser, à chaque fois. « Je sais qu'il est en sécurité, avec toi. » Ton regard quitte son visage pour aller se perdre ailleurs. Tu fuis, refuses qu'on décèle en toi la tendresse et l'inquiétude pourtant trop évidente que tu as pour cet enfant. « Plus qu'avec mon père. » Ces paroles t'avaient coûté, elles étaient sorties avec difficulté de ta gorge. Tes yeux se perdent autour de toi, avant qu'ils ne retrouvent la présence du champagne à ta droite.


Ton père. Le démon. Au fond de toi, tu lui voues une haine immense. Toute la vie a été régie par une seule et même personne. Par cet homme qui voulait éradiquer la vie humaine de la planète, celui qui t'a enlevé et redonné la vie plusieurs fois. Tu le détestais autant que tu l'aimais, tout comme tu aimais Bruce autant que tu le haïssais. Bien sûr, la chauve-souris était le successeur parfait à la Ligue. Il était fort, intelligent, stratégique. Il avait tout pour reprendre le pouvoir de la puissante organisation. Ton plan avait changé dès l'instant où tu avais compris qu'il ne serait jamais celui que ton père avait imaginé. Damian aurait été le parfait remplaçant, si tu ne l'avais pas arraché des griffes du démon. Une décision que tu regrettes parfois. « Es-tu toujours obligé de te servir de mon père, pour m'attaquer ? » Tes yeux se sont plantés comme des dagues dans les siens. Il sait. Il sait à quel point toute cette mascarade t'es difficile, douloureuse. « Mais puisque tu demandes, il s'est remis. » La rage monte lentement en toi. Tu contrôles tes gestes, ta force, pour ne pas écraser la coupe en cristal glissée dans ta main. « Je suppose qu'il pourra toujours compter sur sa fille pour le faire revenir d'entre les morts. Comme je l'ai fait pour un de tes fils. Le sauver quand toi, tu n'as rien pu faire. » Tu t'approches de lui, dangereusement. Ton corps frôle le sien, ta main se pose délicatement sur son épaule. Et puis tu recules, une nouvelle coupe de champagne à la main. « Tu aurais fait un parfait leader, Bruce. Quelqu'un de juste. » Tu hausses une épaule, soupire un peu. « Je suppose que Damian le sera au moins autant que toi. »

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