nothing's fair in love and war (ORM)

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nothing's fair in love and war

orm & mera

D'abord, tout est brumeux, à commencer par son esprit. Mera met plusieurs secondes à se souvenir de qui elle est, et ce n'est que petit à petit qu'elle reprend conscience et contrôle de son corps. Son corps, toujours aussi douloureux, courbaturé et la tiraillant de tous les côtés. Elle est étendue face contre terre, la moitié de son visage repose dans une boue épaisse et nauséabonde qui lui fait froncer le nez. Mais la seconde moitié de son corps est dans l'eau, elle se trouve sur une rive inconnue... Elle le jurerait pourtant, quelques instants plus tôt elle se trouvait encore à Atlantis, au beau milieu d'une énième crise d'hystérie dont elle ressent encore les effets. Mera se redresse lentement, d'abord sur les coudes avant de s'extirper de l'eau saumâtre avec une grimace. Du mieux qu'elle le peut, elle rince son visage. Ce n'est qu'après qu'elle regarde autour d'elle et la stupeur la paralyse : elle ne reconnaît rien et n'a pas la moindre idée d'où elle se trouve. Le ciel est obscurci par d'épais nuages qui cachent la lune et les étoiles, seule sa vision atlante lui permet de discerner autre chose que les ténèbres. Où qu'elle se trouve, Mera sait qu'elle ne peut pas rester où elle est, elle est trop exposée. Elle se relève et après avoir fait ses premiers pas, s'immobilise. C'est étrange. Quelques minutes plus tôt, elle hurlait à qui voulait bien l'entendre que la seule chose qu'elle désirait, c'était qu'on la laisse enfin mourir. Et à présent, son instinct de survie reprend le dessus et la voilà qui s'apprête à lui obéir docilement. Elle secoue la tête et avance d'une démarche peu assurée sur plusieurs mètres. Elle ne s'est jamais sentie aussi faible, aussi abattue, aussi... Vide. Elle porte une main à son ventre, désormais aussi infécond qu'un récif de corail ravagé par les pesticides. Elle ferme les yeux un instant et lorsque qu'elle les rouvre, réalise que sa main est couverte de sang. Ses plaies, trop profondes pour qu'elles puissent guérir convenablement sans aide, sont de nouveau en partie ouvertes. Une grimace tord ses lèvres, mais Mera décide de continuer sa route. Elle ignore où elle est, mais il règne un silence de mort aux alentours – littéralement. Sous ses pieds, des ossements craquent et elle croise plusieurs cadavres partiellement décomposés dont personne n'a jugé bon de disposer malgré l'odeur pestilentielle qui se dégage d'eux. Faut-il y voir un signe d'avertissement pour ceux qui s'aventureraient sur ce territoire sans y avoir été invité... ? Mera l'ignore mais elle n'a pas l'intention de se faire prendre. Elle est plus vulnérable que jamais, il ne s'agit pas uniquement de ses forces physique et psychologique, il y a autre chose...Son hydrokinésie... Son hydrokinésie a elle aussi disparu, elle n'est plus capable de faire obéir l'eau à ses moindres désirs, elle ne lui répond plus. Mera a l'impression d'avoir un gouffre à la place du cœur, il n'y a rien qui ne lui ait pas été arraché. Elle ne ressent plus que rage et désespoir, rien d'autre. Si il n'y avait pas cette petite voix impérieuse dans un coin de sa tête qui la forçait à avancer, elle serait restée dans la boue et aurait attendue que la mort la prenne. Chaque pas est plus difficile que le précédent et le moindre son ou bruissement d'eau la fait sursauter. Elle s'arrête brusquement lorsqu'elle aperçoit une autre silhouette masculine elle aussi moitié immergée. Dans un premier temps elle songe à passer son chemin, puis ses yeux s'écarquillent quand elle reconnaît sans le moindre doute l'homme inconscient. Elle se hâte jusqu'à lui malgré les élancements brûlants de ses blessures et s'agenouille – non, elle s'écroule à genoux – près de lui. Elle attrape l'homme par l'épaule et le retourne, puis le secoue pour le réveiller. « Orm ! Orm, réveille-toi ! Réveille-toi ! » Mera voudrait pouvoir crier, mais seuls des murmures pressant s'échappent de ses lèvres. « Orm ! S'il te plaît, Orm ! » Derrière eux, la surface de l'eau commence à être troublée par quelque chose. Elle se se fige et au moment où Orm ouvre enfin les yeux, elle plaque une main sur sa bouche pour qu'il ne fasse pas le moindre bruit et porte un doigt tremblant à ses propres lèvres pour lui indiquer qu'il ne doit pas, surtout pas, faire le moindre bruit. Mera retire sa main et se retourne aussi lentement qu'il lui est possible de le faire, consciente que si c'est une menace qui s'apprête à surgir de l'eau, elle n'a aucune chance de lui échapper.

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Quelle étrange sensation, d'être là sans être là, et d'entendre une voix qui t'est terriblement familière. Une voix que pourtant tu n'as pas entendu depuis des semaines, dès lors que tu es retourné vagabonder dans les eaux de la planète, pour réfléchir, et abattre ton ombre menaçante sur les Hommes assez stupides pour faire du mal à tes congénères. Tu grognes, et sens ta conscience reprendre peu à peu le contrôle sur ton état léthargique, mais le décor qui se dessine sous tes yeux n'a rien de la beauté de l'océan. Non, c'est d'abord le ciel, gris, nuageux, dont l'aura n'a rien de rassurante, et puis il y a cette odeur de brûlé, de bitume mouillé et de sang coagulé. Est-ce que tu es encore en train de rêver ? Est-ce que tout ceci est un cauchemar ? Orm ! Tu entends ton prénom franchir plusieurs fois la barrière de ses lèvres, et cette fois, tu t'éveilles enfin, non sans pousser un long soupire de fatigue et d'incompréhension. « Mera ? » Oui, c'est elle, ton ancienne promise, qui a refait sa vie avec ton frère, et que tu as vu la dernière fois à Atlantis, alors que vous cherchiez une façon d'apaiser les tensions après la bataille de Morro Bay. Mais comment pourrait-elle être ici, alors qu'il y a encore quelques minutes, tu voguais sur le dos de Scylla, en quête de braconniers à exterminer. Quelque part dans l'océan pacifique, et maintenant, te voilà dans un environnement complètement inconnu, et tu le sens, terriblement hostile.

Tu n'as pas le temps de poser les dizaines de questions qui te fracassent l'esprit, Mera plaque une main sur ta bouche, t'incitant à te concentrer sur le danger qu'elle semble avoir repéré bien avant toi. Tu te redresses, surpris et curieux, et constates de tes propres yeux l'agitation sous l'eau, qui remonte doucement à la surface, tout droit vers vous. Quoi que cela soit, tu ne fuiras pas, tu affronteras cette menace potentielle, comme tu l'as toujours fait. Parce que t'es Ocean Master. Après quelques secondes d'un long suspense, la forme qui se cachait dans les profondeurs de ce qui ressemble à un fleuve, prend l'apparence d'un être recouvert d'une armure que tu reconnaitrais entre mille : celle d'un Atlante. « Mon Seigneur, que faites-vous ici, je croyais que vous aviez une réunion importante à tenir. » C'est à toi qu'il s'adresse, posant un regard circonspect sur ta personne des pieds à la tête. Il vient de t'appeler 'mon Seigneur', pourquoi ? Sourcils froncés, tu te relèves pour lui faire face, cherchant des réponses sans oser poser les questions. Vous n'êtes pas où vous êtes censés être, et ce qui se passe ici n'est en rien semblable en votre monde. Alors pour essayer de comprendre, tu fais le choix dangereux de jouer le jeu. « Plus tard, j'ai eu une urgence à régler rapidement. » T'as bien compris que tu étais son gouvernant. Enfin, toi ou quelqu'un qui te ressemble comme deux gouttes d'eau. Mais combien de temps vas-tu pouvoir maintenir la supercherie sans savoir exactement dans quoi tu viens de t'engager.

Après un long silence inquiétant, c'est vers Mera, enfin, qu'il tourne son regard. Et ce que tu lis dans les prunelles de ses yeux s'apparente à la fois à de l'horreur et de la peur. « Dame Mera, comment est-ce possible... » Ah, voilà que les choses se compliquent. Discrètement, tu te rapproches de ton trident, sagement au sol à quelques mètres seulement de vous. « QUELLE EST CETTE MAGIE ?! » Et maintenant il panique. Il lève son arme à rayon plasma vers Mera, et sans réfléchir une seconde de plus, tu te saisis de ton trident et envoies ses piques se planter dans l'armure et la chair de l'Atlante. Tu ne prends aucun plaisir à tuer l'un des tiens, mais comme vous n'avez aucune idée de ce qui se passe ici, le risque est beaucoup trop grand. Le soldat suffoque, gémit de douleur, et avant de fermer pour toujours ses paupières, tu lis dans son regard à quel point tu viens de le décevoir. Il s'écroule par terre, et du pied, tu balances son corps dans le fleuve, là d'où il est apparu. « Désolé camarade, mais je crois que nous n'étions pas sur la même longueur d'onde. » Comment t'as atterri ici, le mystère reste entier, mais t'es bien content d'avoir ton trident avec toi, t'as le pressentiment qu'il risque de beaucoup te servir. « On est où ? Tu sais ce qui se passe dans ce trou à rats ? » Maintenant que vous avez retrouvé un semblant de tranquillité, tu peux enfin prendre le temps de t'attarder sur sa présence. Elle a l'air... si fatiguée. Même anéantie. « Est-ce que tu vas bien ? » Finalement, c'est ça qui te préoccupe le plus. Mera n'a pas l'air dans son état normal, et t'aimerais savoir pourquoi.

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orm & mera

Combien de cauchemars peut-on vivre avant de perdre l'esprit une bonne fois pour toutes ? Jour après jour, Mera sent sa raison lui échapper et la folie remplacer chaque parcelle de son esprit libérée. Elle ne vit plus, elle survit. Elle est comme un minuscule grain de sable ballotté par les courants marins, elle n'est plus que spectatrice de sa vie, elle va là où le courant l'emporte. En l'occurrence, même si elle ignore où elle... Cela lui importe peu, au fond. Le sentiment de peur qu'elle a ressenti, a déjà disparu et son instinct de survie est retourné d'où il venait sans demander son reste. C'est à peine si elle réagit quand un soldat atlante émerge de l'eau et s'adresse à Orm comme s'il était son souverain. Cela ne la surprend pas le moins du monde, après tout ses partisans sont encore nombreux à Atlantis et ils ne se cachent pas, bien au contraire. En revanche, la situation dégénère rapidement lorsque l'Atlante l'aperçoit. Elle ne comprend pas pourquoi l'homme est à ce point surpris de la voir en vie, mais elle n'esquisse pas le moindre mouvement de défense quand il s'apprête à l'abattre. Qu'il fasse donc ce qu'elle est trop lâche pour faire elle-même... C'est sans compter Orm, qui empale le soldat sur son trident avant qu'il n'ait eu le temps d'arriver à ses fins. Cela, en revanche, surprend Mera. Orm a horreur de tuer des Atlantes. Et pour quelle obscure raison voudrait-il encore la protéger... ? « Tu viens de tuer un de tes partisans pour moi. » C'est une constatation qui dissimule une grande question : pourquoi ? Que représente-t-elle encore pour lui ? Elle n'est pas et ne sera plus jamais la mère de son fils, elle l'a trahi, elle l'a trompé, elle a tout fait pour qu'il la haïsse. Mais les choses ne sont pas plus évidentes pour lui qu'elles ne le sont pour elle, n'est-ce pas ? Aujourd'hui plus que jamais, tout est difficile. « Je ne sais pas où nous sommes... L'eau est saumâtre, alors, sans doute pas très loin de l'océan... Je ne sais pas. » Et je m'en moque, manque-t-elle d'ajouter. Son regard s'attarde sur les restes d'un crâne humain, et s'en détache quand Orm lui pose une question à laquelle elle ne s'attend pas. Pendant de longues secondes, Mera reste interdite, elle se demande si Orm ne va pas éclater d'un rire moqueur et lui dire qu'elle a bien mérité son sort. Mais le temps passe et son expression demeure aussi sérieuse que sincère. Et alors seulement, Mera comprend. « Oh... Oh, par les dieux... Tu ne sais pas, n'est-ce pas ? Tu ne sais pas ce qui est arrivé ? » Jusqu'à cet instant précis, Mera était persuadée du contraire. Elle était absolument certaine que la nouvelle était arrivée jusqu'à lui d'une façon ou d'une autre. Et que, puisque ce n'était pas son fils qui était mort, il n'avait pas jugé bon de se déplacer. Elle avait cru qu'il l'avait tout simplement faillie lui aussi, alors que la vérité était en réalité tout autre. Mera sent sa gorge se serrer et s'emplir de larmes qui ne tardent pas à rouler sur ses joues pâles. « Mon fils... Mon fils est mort. » Ses lèvres tremblent. Elle a du mal à articuler les mots. « Mort avant même d'avoir vu le jour. Black Manta... Il m'a... Il m'a... » C'est trop difficile. Mera vacille et se rattrape au mur le plus proche. Ses jambes menacent de céder sous son poids, alors qu'elle est pourtant devenue si frêle. « Black Manta a obtenu cette vengeance qu'il désirait tant. Il m'a enlevée. Il m'a éviscérée comme un poisson. Le temps qu'Arthur me ramène à Atlantis, il était déjà trop tard. Mon fils est mort avant même d'avoir vu l'océan. Il n'a jamais ouvert les yeux. Il... » Elle ferme les yeux et porte une main à son ventre douloureux, le sang qui coule encore colle à ses doigts. « Il n'était pas de toi. C'était Thomas, le fils d'Arthur. C'est Thomas que nous avons inhumé, pas Orcan. Mais cela n'a plus aucune importance. » Abattue et résignée, Mera secoue la tête. « Je ne suis plus la reine d'aucun royaume, je ne suis plus l'épouse de personne et je ne serai jamais la mère d'aucun enfant. » Elle prend une profonde et douloureuse inspiration. Cet air pestilentiel lui brûle les poumons. « Je ne sais pas où nous sommes Orm, mais pour moi, cela n'a aucune importance. Que ce soit ici ou ailleurs, j'ai déjà tout perdu. » Il aurait mieux fait de laisser cet Atlante la tuer. Il lui aurait rendu un fier service, au lieu de la condamner à errer dans un monde qui n'a plus rien à lui apporter.

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Un de tes partisans ? Non, pas vraiment. Tu ne sais pas encore exactement ce qui se passe ici, mais très clairement, vous n'êtes pas où vous êtes censés être. Et l'Atlante que tu viens de tuer n'est pas l'un des tiens. C'était une question de sécurité, de logique, et l'unique chose à faire si vous vouliez une chance de comprendre. T'as fait ton choix, sans hésiter, parfaitement conscient que le laisser en vie était un risque qu'il était trop dangereux de courir. D'autant plus après sa réaction à la vue de Mera, étrange, perturbante, comme s'il venait de voir un fantôme. Mais quelque part, n'est-ce pas ce qu'elle est réellement ? Quand tu la regardes, tu ne vois qu'une photocopie, une terne jumelle de la reine d'Atlantis. Tu as été occupé hors de vos contrées ces derniers temps, préférant la compagnie d'une humaine que celle des tiens, et il est vrai que tu t'es involontairement placé dans l'ignorance des affaires royales et personnelles. Mera était enceinte, tu sais qu'elle est arrivée à son terme, mais alors que tu envisageais de te rendre à Atlantis pour prendre de ses nouvelles et découvrir l'identité du père de ce bébé, t'as été téléporté dans ce trou à rats nauséabond. Maintenant, il semblerait qu'il soit l'heure des vérités.

Non, tu ne sais pas. Tu ne sais rien. Et ton cœur commence à battre à un rythme erratique à mesure que tu comprends que quelque chose de grave est arrivé. Tu t'accroches fermement à ton trident, les doigts agrippés au manche, pour tenter de préserver ta contenance, et ne pas te laisser frapper par les mots de Mera, qui te font l'effet de violents coups dans les entrailles. Mort. La fatalité raisonne dans ton esprit. Le bébé est mort. Une petite âme innocente sacrifiée sur l'autel de la vengeance. Tu ne sais plus ce que tu ressens, alors que tu fais de ton mieux pour rester debout, malgré la déferlante de nouvelles atroces. Est-ce que t'es triste ? Est-ce que t'es en colère ? Est-ce que t'es détruit ? Probablement tout à la fois. Black Manta, cet homme que tu as croisé plusieurs fois au sein de l'Injustice League, et avec qui tu as fait alliance sur les plages de Morro Bay, a fait du mal à Mera et à son enfant. Un crime que tu ne laisseras pas impuni, alors que tu te jures déjà intérieurement d’anéantir cette vermine. Contrairement à la plupart de ces héros, qui n'ont d'ailleurs pas été présents pour sauver ton ancienne promise, tu crois fermement que la violence se règle par la violence. Et ta vengeance en sera l'apogée. « Je... » Qu'est-ce que tu peux bien dire ? Que dit-on à une mère qui perd son enfant ? Elle t'avoue qu'il n'était pas de toi, ne t'obligeant pas à poser la délicate question dans des déchirantes confessions, où ton rôle est uniquement d'être une source de réconfort. Mais ça, tu sais pas le faire. Tu sais pas ce que t'es censé dire. Alors le plus bêtement du monde, le cœur à l'agonie et les larmes au bord des yeux, tu poursuis : « Je suis désolé. » Parce qu'il n'y a de toute façon aucun mot assez fort pour exprimer la peine que tu ressens, ou pour apaiser la sienne. C'est un combat perdu d'avance contre le chagrin, et contre ton impuissance. T'aurais pu la sauver. Peut-être. Mais il est bien trop tard pour les remords.

Tu le vois dans son regard. Tu vois dans son regard que c'est une femme qui n'a plus aucune envie de vivre. Mais tant qu'elle sera avec toi, tu ne lui laisseras aucun autre choix. « Si tu crois que je vais te laisser ici, livrée à toi-même et avec le désespoir pour fardeau, tu te trompes lourdement. » Et c'est à ce moment précis qu'une voix s'élèves des cieux. Tu ne sursautes mêmes pas, quand le Collectionneur vous annonce le déroulement de son jeu sadique. Parce que t'es trop anesthésié. Tu ne te sens capable de rien, pas après tout ce que tu viens d'apprendre de la bouche de Mera. Comment te préoccuper de ton sort, ou de celui des autres, quand tu la vois ainsi, vidée, anéantie, privée de tout ce qui comptait à ses yeux. C'est une douleur qui fait echo à la tienne, et qui t'empêche de respirer. « Mera, il faut qu'on trouve un abri. On peut pas rester là. » Un endroit où vous serez en sécurité, et où vous pourrez discuter plus amplement de tout ce qui s'est passé. Mais ici, vous êtes devenus des proies faciles, c'est un environnement que vous ne connaissez pas, et il serait totalement imprudent de rester plus longtemps. Vous avez déjà croisé un Atlante, mais combien pourrait encore arriver ? Et seul, tu ne ferais pas le poids contre une armée. « Que tu le veuilles ou non, je t'emmènes avec moi. Mais ce serait quand même plus simple que tu me suives de ta propre volonté, ça m'évitera de t'y forcer. » Tu n'as pas le temps de faire dans la dentelle. Il va vous falloir aller au-delà de vos drames personnels si vous voulez avoir une chance de survivre un jour de plus. Un jour qui ne compte sûrement pas pour elle, mais qui toi te laissera le temps de réfléchir à tout ça. « Crois-moi, Mera, on a toujours quelque chose à perdre. » Oui, tu parles de toi. Oui, tu fais appel à ses sentiments à ton égard pour l'obliger à te suivre, mais dans une telle situation d'urgence, as-tu réellement le choix ?

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orm & mera

Mera n'est plus qu'une enveloppe vide complètement indifférente au monde qui l'entoure. Tout lui est parfaitement égal. Elle a perdu ce qu'elle avait de plus cher au monde, alors à quoi bon se soucier du reste ? Elle n'est plus que l'ombre de la femme qu'elle était autrefois, incapable à présent de se reconnaître dans cette guerrière que rien n'effrayait et qui ne courbait l'échine devant personne. Et maintenant... Maintenant, elle laisse le courant de la vie la balayer et la ballotter d'un endroit à un autre sans lutter. Orm est désolé. Tout le monde est désolé. C'est la première chose qu'on lui dit quand on apprend la triste nouvelle, un réflexe de compassion qui ne change malheureusement rien à la situation. Toutes les condoléances du monde ne réussiront pas à lui ramener son fils, ni à lui redonner envie de vivre. Pourquoi s'acharner quand plus rien ne compte ? Le regard de Mera est aussi hagard que l'expression de son visage. Bien sûr, elle aurait dû se douter que son ancien promis ne la laisserait pas sombrer. Mais pourquoi veut-il encore l'aider, ne l'a-t-elle pas assez fait souffrir ? Si elle ne le connaissait pas aussi bien, elle le traiterait de masochiste. « À quoi bon, Orm ? Je ne serai qu'un boulet accroché à ta cheville. » Comme pour lui donner raison, une voix étrange résonne dans le ciel. Une arène ? C'est tout juste si Mera parvient à se retenir d'éclater de rire. Comment ne pas croire qu'ils sont tout simplement maudits ? « Un abri ? Je t'en prie, regarde autour de toi... Ce monde n'est que ruines et désolation. » Un peu à son image, songe-t-elle avec une certaine amertume. Il n'a de toute évidence rien à leur offrir, mais l'entêtement d'Orm est aussi légendaire que son habileté à manier le trident. Mera hausse les épaules. Très bien, si il le veut elle l'accompagnera. Mais qu'il n'attende pas une quelconque aide de sa part. « Sois-en bien conscient, je ne serai rien de plu qu'un poids pour toi. Je ne suis pas en état de me battre. J'ai même perdu mon contrôle sur l'eau. Et pendant que nous discutons, je continue à me vider de mon sang. » Cette fois, l'ombre d'un sourire passe sur son visage. Survivre, encore et encore... L'espace d'un instant, Mera retrouve de son mordant. « Et que me reste-t-il encore à perdre, Orm ? » Sa vie ? Elle n'a plus aucune valeur, elle accueillerait la mort les bras grands ouverts, comme une vieille amie ! Lui ? Cela fait bien longtemps qu'elle a renoncé à Orm et à leur histoire, il lui semble qu'ils se sont aimés dans une autre vie. « Ce n'est pas pour moi que tu devrais t'inquiéter. C'est pour Atlantis, laissée entre les mains de Tula. Arthur a abandonné son royaume et son peuple comme il nous a abandonné, notre fils et moi... Moi, je me suis contentée de quitter un endroit qui n'a jamais voulu de moi. Et de toute évidence, je ne suis pas la bienvenue ici non plus. » Tula est une jeune femme capable, mais les faits demeurent : elle n'est pas héritière du trône, beaucoup remettent son autorité en question et ils sont plus nombreux encore à vouloir renverser la monarchie en place. « Sans doute devrais-tu reprendre ton trône avant qu'il ne soit trop tard. » Avant que d'autres ne prennent sa place et détruisent l'héritage d'Atlan. À moins qu'en fin de compte, Atlantis soit elle aussi destinée à sombrer et disparaître pour toujours, comme dans les mythes humains. Quand elle regarde autour d'eux, l'évidence lui saute aux yeux : ce n'est pas l'humanité qui est responsable de l'état de ce monde. Cela ne manque pas d'ironie. Si ses comptes sont exacts, deux mondes ont déjà été détruits par Atlantis. Dans cette étrange paradoxe temporel, c'est Orm qui a donné l'ordre de balayer l'humanité... Est-ce aussi le cas ici ? « Je suppose que pour trouver un abri, ou quelque chose s'en rapprochant, nous ferions mieux de nous éloigner de l'eau. » Mais pour aller où, Mera n'en a pas la moindre idée. Cette ville, elle est incapable de la reconnaître alors que l'environnement lui dit pourtant quelque chose, comme si elle en possédait de vieux et vagues souvenirs. Des souvenirs, c'est tout ce qu'il lui reste de beaucoup de choses.

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A l'image de ce monde apocalyptique, tout en toi s'écroule. Ton esprit, ta tête, ton cœur, tout. Il ne te reste pour l'instant que ton corps, qui se maintient par miracle, et sur qui tu comptes pour vous sortir de cette zone de risque pour trouver un abri. C'est vrai, plus que tu oserais l'admettre, t'y as cru à cette paternité. Pendant un bon moment, cette perspective s'est transformé en espoir. Après des années de désolation, peut-être que cet enfant allait devenir ta salvation. Une lumière au bout du tunnel après une errance trop longue dans les ténèbres. Et, encore, tu t'es fourvoyé. Tout se répète, la même histoire en boucle. Tout ce en quoi tu crois t'est arraché, tous ceux que tu aimes disparaissent. Est-ce une malédiction ? Un mal invisible qui te rongerait depuis ta naissance ? Difficile de ne pas envisager une fatalité sournoise quand successivement tu as perdu mère, fiancée, royaume, peuple, et maintenant un hypothétique enfant. Il n'était pas le tien, mais la finalité reste la même, tu es privé de quelque chose que tu aurais pu avoir. Si tu ne dis rien à Mera, si tu fais le choix de garder pour toi toutes les émotions tranchantes qui t'assaillent, c'est uniquement pour ne pas l'accabler d'un poids encore plus lourd. Et aussi, peut-être, parce que tu aurais honte de conter ta douleur quand la sienne est ressentie au centuple. Ce qu'elle a subi, ce qu'elle ressent, tu ne peux pas le mesurer, et t'as peur de créer des étincelles qui pourraient embraser un bucher qu'il te serait après impossible d'éteindre. Sa souffrance, sa colère, son désespoir, tous explosent en plein visage, alors que tu tentes de la maintenir à flot, dans un monde où tu ne sais plus très bien qui tu es, ni quel rôle tu es censé jouer.

Difficile de ne pas être ébranlé par les idées noires de ton ancienne fiancée, qui transparaissent dans chaque mot qui s'échappe d'entre ses lèvres. Tu es heureux qu'elle soit tombée sur toi, car tu ignores ce qu'il serait advenu d'elle si son chemin avait croisé celui de quelqu'un sans intérêt pour sa personne. Sans le goût de vivre, le pire est toujours à craindre. Et tu ignores si c'est parce qu'elle est encore terriblement perturbée, ou si c'est parce que tu lui as laissé une ignoble image de toi-même, mais ce qu'elle te dit sur Atlantis, et sur ce qui devrait être ta seule préoccupation, te laisse désarçonné. Sans doute est-ce un peu des deux, et peut-être même plus toi qu'elle, mais tu refuses d'entendre ça maintenant. Comme si le sort d'Atlantis t'importait plus que ses tragédies. Comme si tu allais t'empresser de monter sur un trône laissé vacant par la mort d'un enfant, et la mutilation d'une femme avec qui tu as jadis tout partagé. « Le trône ? Pourquoi je devrais m’inquiéter pour le trône, Mera ? » D'un geste de la main tu lui désignes les ruines tout autour, le paysage dévasté, et cette évidence qu'elle semble incapable de voir en face. « Nous n'avons rien à faire ici, et tant que nous ne serons pas rentrés chez nous, je pense que le trône d'Atlantis n'a pas la moindre importance. » Tu le comprends, maintenant, que là-bas, tout s'est effondré. Mera, Arthur, ils ont abandonné ce qu'ils t'ont pourtant pris. Alors oui, bien sûr que tu ressens de la colère quand tu contemples l'oeuvre ratée de ton frère, qui a non seulement bafoué ses responsabilités, mais également laissé tomber son épouse. Il a échoué en tant que roi, homme, et mari. Est-ce pour cela que tu as été sacrifié ? Que tu as été emprisonné ? Pour que ton frère détruise tout ce que tu as mis des années à construire ? Quel horrible gâchis.

Vous en savez encore trop peu sur ce monde pour tirer des conclusions hâtives, mais une chose est certaine, il vous faut fuir ce fleuve. Si d'autres Atlantes viennent à vous trouver, tu crains de ne pouvoir t'en sortir sans embûches. Et tu l'as bien vu, quand le soldat a regardé Mera, elle est liée à quelque chose que tu ignores encore, et qui pourrait empirer votre situation déjà très critique. Avant de prendre des décisions, il va vous falloir trouver des réponses. « On y va. » Et aux côtés de Mera, tu marches le long des routes désertes, des bâtiments écroulés. La misère n'a jamais de cesse de jaillir à chaque détour. Ce monde là a été victime d'une catastrophe sans précédent, mais qui en est à l'origine ? Toi ? Dérangé par le silence de la ville et celui qui règne entre vous, tu fais le choix périlleux d'y mettre un terme, en posant une question qui te hante depuis tout à l'heure. « Qu'est-ce que t'as voulu dire, quand tu m'as dit qu'Arthur vous avez abandonné ? » Tu ne veux pas ressasser sa douleur ou sa colère, mais tu aimerais comprendre tout ce qui s'est passé ce jour là, et comment tout a pu déraper aussi brutalement, alors que son rôle fondamental et primordial était de protéger son épouse et son royaume. En plus d'être un usurpateur, ton frère serait-il également un lâche ? Il est peut-être trop tôt pour le dire, mais t'as comme l'impression que si tu avais été à sa place, les choses se seraient déroulées autrement. Vérité ou excès de confiance, de toute évidence, comment auraient-elles pu être pire ?

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Mera a presque envie d'éclater de rire. L'ironie de la situation est particulièrement somptueuse. Orm qui envoie au diable le trône d'Atlantis et tout le royaume ? Elle n'aurait pas cru cela possible, ni dans cette réalité, ni dans aucune autre. Tout le monde change, n'est-ce pas ? Les intérêts et les préoccupations évoluent, paraît-il... Mais à quoi bon, alors ? À quoi bon toutes ces souffrances, toutes ces trahisons, toutes ces pertes ? Il est maudit, le trône d'Atlantis, Mera en est à présent intimement persuadée. Quiconque s'assied dessus est condamné à souffrir, l'histoire atlante l'a prouvé à de maintes reprises. Un sourire presque moqueur naît sur ses lèvres. « Le trône d'Atlantis a toujours de l'importance, tu le sais aussi bien que moi. » Quiconque gouverne Atlantis gouverne le monde. N'est-ce pas ainsi que les Atlantes se sont présentés au monde ? La mémoire lui fait défaut, mais peut-être Orm est-il celui qui a prononcé ces paroles... « Et où est-ce que, chez nous ? Parce que moi, je n'en ai aucune idée. Je ne suis pas certaine de l'avoir su un jour. » Mera n'était pas chez elle à Xebel et elle n'a jamais été totalement acceptée à Atlantis. Quant au monde des humains, inutile de dire qu'elle n'a rien à y faire. Elle soupire tout bas et n'ayant pas la force de lutter, emboîte le pas à Orm machinalement. Ce monde en ruines est à l'image de son existence, un terrible mais inévitable gâchis. Le paysage est apocalyptique, les ossements jonchent le sol aux côtés de cadavres plus récents, parfois en état de putréfaction avancée dont l'odeur prend à la gorge. Il ne semble pas y avoir âme qui vive et pourtant, Mera sent qu'ils sont observés... Par qui ou par quoi, elle n'en a pas la moindre idée et elle n'est pas certaine de s'en soucier. Elle fronce les sourcils quand Orm brise le lourd silence qui s'était installé entre eux avec une question à laquelle Mera aurait préféré ne pas avoir à répondre. « J'ai dit exactement ce que je voulais dire, Orm. Arthur nous a abandonnés. » Le mot est-il trop fort ? Peut-être, mais sa souffrance est telle qu'elle ne peut penser à rien d'autre. Elle s'est sentie abandonnée, c'est une certitude. Mera s'immobilise au milieu de la route déserte. Par où commencer... Elle semble hésiter un instant, puis elle se lance, sa voix tremblant à chacun des mots prononcés. « J'avais demandé à Arthur de me rejoindre au phare, à Amnesty Bay. Je voulais que nous parlions... De toi. De l'enfant que je portais et qui aurait pu être le tien. Je voulais lui demander de t'accorder le pardon royal... Je ne sais pas, peut-être que la grossesse m'a rendue plus douce, je n'en sais rien... Et j'ai attendu. Longtemps. Quand Black Manta a surgi, il disposait de quoi me rendre absolument incapable de me défendre. Et puis il m'a emmené à l'endroit où Arthur a accidentellement tué son père. Là bas, j'ai perdu les eaux. J'avais tellement mal, tu n'imagines pas cette douleur... Mais j'ai tenu bon, certaine qu'Arthur se précipiterait à mon secours. » Mera baisse les yeux sur son ventre vide, sur ses vêtements tâchés de sang. « J'ai attendu. J'ai attendu. J'ai attendu. Et quand Arthur est arrivé, il n'avait ni armure ni trident. Il m'a libérée de mes liens, mais je n'arrivais même pas à ramper jusqu'à l'océan... C'est à peine si je pouvais bouger. J'ai demandé à Arthur de tuer Black Manta, de le tuer avant qu'il ne nous tue, mais il ne l'a pas fait... J'ai demandé à Arthur d'appeler à l'aide, je l'ai supplié de te faire parvenir un message, mais il ne l'a pas fait. Après... » Après ? Sa vie s'est arrêtée. « Black Manta s'est saisi de moi et il a essayé de m'éviscérer comme un poisson. J'ai aussitôt perdu connaissance. Et quand je me suis réveillée à Atlantis, j'ai appris que mon fils n'avait pas survécu. Il est mort le jour où il aurait dû naître... J'ai même dit supplier Arthur pour le voir, même cela il ne voulait pas me l'accorder... » Mera essuie les larmes qui roulent sur ses joues. À quoi bon pleurer à présent, cela ne changera rien à ce qui est arrivé. « Voilà comment Arthur nous a abandonnés, Orm. Si tu veux davantage de détails, je crains ne pas être capable de t'en donner car je n'étais pas consciente, j'ignore ce qui s'est passé entre mon éventrement et mon réveil. J'en déduis simplement que tu n'as pas été prévenu. Du reste je ne sais rien, sinon que Black Manta est libre de ses mouvements est certainement très occupé à célébrer sa victoire avec ses alliés. »

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Dernière édition par Mera de Xebel le Dim 1 Déc - 20:03, édité 1 fois

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Que cela te démange, de simplement lui dire je te l'avais dit. Mais ce serait un coup de grâce inutile. Tu le vois bien, qu'elle est déjà anéantie. Et si tu ne chercheras pas à remuer le couteau dans la plaie, tu ne peux en revanche pas t'empêcher de ressentir satisfaction, de voir ainsi ton frère échouer sur tous les plans. Tu as peut-être pardonné à Mera d'être partie, mais tu n'as pas oublié pour autant. Après tout ce que vous aviez partagé ensemble, tout ce que vous aviez vécu, tu méritais un autre sort que celui qu'elle t'a offert. Un abandon pur et simple, en plus de t'avoir contraint à la découvrir au bras de ce frère tant haït. Maintenant que le vent a tourné et qu'il semble à nouveau en ta faveur, tu ne comptes pas gâcher cette seconde chance. Ne pas commettre les mêmes erreurs. Tu pensais ce que t'as dit, ici, le trône d'Atlantis n'a aucune importance. Peut-être que vous allez être condamnés à rester sur cette terre dévastée pour toujours, alors non, vraiment, ce n'est clairement pas ta priorité. Mais cela le deviendra, quand vous serez de retour chez vous. Cette place vacante, elle t'appartient de droit. Maintenant que le roi lâche a abandonné ses responsabilités, tu sais que tes partisans vont se faire plus bruyants et radicaux encore. Une chance qu'il te suffirait de saisir, sans que personne ne puisse t'en empêcher. Cela reviendrait à ravaler ta fierté, toi qui a été si salement éjecté de ton trône, mais en tant que souverain d'Atlantis, tu te dois de penser avant tout à ton peuple. Ce que tu as toujours fait, quant à l'inverse, ton frère préférait passer son temps avec ses amis de la Ligue de Justice. Rarement il n'a eu vos intérêt dans ses priorités, et aujourd'hui, tout ceci est encore plus flagrant que jamais. Il a échoué, là où tu aurais pu réussir.

A mesure que tu entends le déroulement de la tragédie, tes doigts se resserrent sur le trident. Accablé à la fois par la haine, la colère et la souffrance, tu ne parviens pas pleinement à mesurer l'ampleur du désastre. Arthur est tout autant responsable que Black Manta. Il est à moitié coupable de la mort de son propre fils. « Les héros et leur horripilant crédo ! » Tu craches tes mots, incapable de comprendre ce qui les pousse chaque fois à commettre la même erreur. Ne pas tuer. Jamais. Voilà les conséquences d'une telle morale ! Est-ce que la vie de Black Manta valait autant que celle de son enfant ? Au vu du résultat, t'as comme l'impression que ce n'était pas loin d'être le cas. Et si tu ne nies pas la douleur que doit ressentir ton frère aujourd'hui, tu estimes qu'elle est amplement méritée. Peut-être tirera t-il leçon de cet échec, et qu'enfin, il mettra un terme à ses ennemis avant que ce ne soit eux qui s'attaquent à ses proches. Mais étrangement, tu doutes qu'Arthur soit assez sensé pour changer ses habitudes. « Je n'ai pas reçu de message. » Tu ne fais que confirmer l'évidence. Si tu avais été averti, tu serais aussitôt venu. Equipé, et bien évidemment armé. « Comment cet abruti a pu se présenter devant son pire ennemi sans arme pour se défendre. » Par arrogance ? Par stupidité ? Par simple manque de temps ? Il est certes facile de réécrire l'histoire quand on y pas pris part, mais tu restes persuadé que faire les choses à ta façon aurait été bien plus efficace. Quand quelqu'un cherche à obtenir vengeance, on l'exécute avant qu'il n'y parvienne. C'est un procédé qui ne lui convient peut-être pas, mais qui au moins, a le mérite d'éviter les dommages collatéraux. Et bon sang, que celui-ci a été terrible. Black Manta est toujours en vie, il n'a pas failli à sa sacro sainte promesse, mais il a perdu fils, femme et royaume. Rarement tu n'avais été face à autant d'absurdité. « Je tuerai ce chien. » Et dire que tu t'es battu à ses côtés sur la plage de Morro Bay. Si tu avais su, tu l'aurais exécuté sur le champ. Un regret qui ne changera rien à ce qui s'est passé, mais qui pourtant, rajoute un peu de poids sur tes épaules.

Après plusieurs bonnes minutes de marche, vous arrivez dans un quartier résidentiel. Peu familier du monde des humains, tu restes incapable de déterminer où vous vous trouvez exactement. Mais ce qui compte, c'est vous trouver un abri pour la nuit. Tout ici a été abandonné depuis longtemps, et les habitations qui ne sont pas détruites, sont laissées dans un état de dégradation avancée. Qu'importe, ça reste un toit sous lequel se couvrir, et des murs derrière lesquels se cacher. La plus sage des décisions, en attendant d'en savoir plus. Tu invites donc Mera à entrer dans la maison la moins en ruines de la rue. A l'intérieur, tout le mobilier est encore là. Il y a même quelques photos posées sur la cheminée, qui vous laissent une idée d'à quoi pouvez bien ressembler les anciens occupants des lieux. Sont-ils seulement encore en vie ? Après un long soupire de désarroi, tu fais un rapide tour de toutes les pièces pour t'assurer que vous êtes bien les seuls ici. « Ça fera l'affaire. » En attendant de trouver mieux, c'est largement convenable, et ce malgré l'absence évidente de tout confort, comme les matelas et la nourriture, volés depuis longtemps. « Va falloir que je trouve de quoi manger et boire. Tu m'attends ici ? » Ouais, tu préfères t'en assurer, t'as aucune envie de la voir décamper dès que t'auras le dos tourné. Vous êtes arrivés ensemble, vous allez donc rester ensemble pour affronter tout ça.

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Orm a la vengeance dans le sang, celle-là même dont tant d'Atlantes aiment se prévaloir. La vengeance est une affaire d’État, une caractéristique intrinsèque à la nation et à la famille royale. Alors si Orm lui dit qu'il tuera Black Manta, Mera le croit. Elle le croit, mais cela ne changera rien du tout, cela ne lui ramènera pas son fils. Ses intentions sont louables, mais lui aussi agira trop tard pour que le pire soit évité. Ce n'est pas de sa faute, car Mera en est persuadée, si toutes ces horreurs sont arrivées c'est par sa faute. Les dieux ont décidé de la punir, mais plutôt que de la châtier directement, ce sont ses proches qui ont été la cible de leur ire divine et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle souffre de ce cruel châtiment. Plongée dans un mutisme parfait, Mera suit machinalement Orm, sans se soucier de leur destination ou de leur sécurité. Elle est si difficile à décrire, cette sensation de vide à l'intérieur d'elle, le trou noir qui a avalé toutes ses émotions et tous ses sentiments du jour au lendemain. Elle est comme toutes ces coquilles vides qui jonchent le sol océanique, abandonnées par leurs propriétaires. Sans émettre la moindre protestation, Mera suit Orm à l'intérieur d'une maison depuis longtemps pillée et abandonnée. Une famille vivait sans doute ici, avant que la guerre n'éclate. Çà et là, des bibelots qui laissent deviner une vie ordinaire et bien rangée, comme celle de milliards d'autres personnes sur la planète. Un tel chiffre lui donne le vertige et elle s'appuie contre le meuble le plus proche pour ne pas perdre l'équilibre. Il ne reste plus grand chose dans la pièce principale, à l'exception de quelques meubles et d'un fauteuil décrépi sur lequel Mera va s'asseoir. Il grince et de la poussière se soulève quand elle s'y installe. « Où voudrais-tu que j'aille, Orm ? Ce n'est pas comme si quelqu'un m'attendait quelque part. Va faire ce que tu as à faire sans crainte, je serai là à ton retour. » À moins qu'on ne la trouve avant son retour, mais Mera se garde bien de mentionner cette hypothèse. Elle soupire quand elle voit qu'il ne bouge pas. « Je te le promets, je n'irai nulle part. » Il suffit de la regarder pour voir qu'elle n'en a pas la force. Elle reste prostrée dans le fauteuil, immobile et le regard vide, jusqu'à ce que Orm soit suffisamment rassuré pour l'y laisser. Quand il repart, elle ne bouge pas. Elle ne bouge pas, mais son esprit se remet à vagabonder vers de sombres contrées. Ce monde en ruines est à l'image de son microcosme. D'une façon ou d'une autre, elle a perdu tous ceux qui comptaient. Ses parents, sa sœur, Arthur, Orm, Atlanna, Thomas, Orcan, Tula, Garth, Kaldur'ahm... Même ce déloyal de Vulko lui manquerait presque. Hila avait raison, elle n'est bonne à rien. À rien d'autre qu'à tout gâcher autour d'elle, à tomber et à entraîner ceux qu'elle aime dans sa chute. Sa main glisse presque inconsciemment sur son ventre plat et elle se remémore les paroles des guérisseurs. Sa vie a été sauvée, mais elle ne sera plus jamais capable d'enfanter. D'après eux, les dommages étaient trop grands, trop importants, même pour ses capacités de régénération. Même si elle n'avait pas quitté Arthur, le Conseil Royal aurait trouvé le moyen de se débarrasser d'elle, elle aurait été répudiée d'une façon ou d'une autre. Après tout, à quoi une reine est-elle bonne si elle ne peut pas donner d'héritier au roi ? Sous ses mains, Mera parcourt les contours de la boucle de son vêtement et la décroche. Elle fait tourner le symbole de la royauté atlante entre ses doigts, un autre reliquat de son passé à présent. Elle grimace quand elle se coupe le bout du doigt avec ses contours aiguisés. Elle avait presque oublié à quel point l'objet était tranchant, fait aussi bien pour être un signe de la royauté qu'une arme de dernier recours. L'esprit de Mera vogue vers des pensées de plus en plus noires. Et si... Et si tout était simple, finalement ? S'il ne lui suffisait que d'un peu de détermination pour que tout s'arrête, pour que ses souffrances s'achèvent ? Un brin de courage... Avant de ne plus en avoir la force, avant d'être assaillie par les remords, elle tranche rapidement la chair de ses poignets. Malgré tout dégoûtée par la lâcheté de son geste, elle laisse retomber l'objet du délit. Elle s'enfonce dans le fauteuil, les bras pendant dans le vide. Ses doigts dégoulinent déjà de sang, tout ira très vite. Encore quelques minutes, et tout sera enfin terminé.

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Une promesse est une promesse. C'est donc le cœur allégé que tu abandonnes Mera le temps de trouver l'essentiel pour votre survie. Et tu l'admets, te retrouver seul après l'impact des révélations te fait le plus grand bien. Tu peux enfin encaisser l'horreur des événements sans devoir en même temps rester fort devant celle qui a subit le pire. Ce n'était pas ton enfant, sacrifié au nom de la haine et la vengeance, mais alors que tu marches dans une ville sans âme, tu ne peux t'empêcher de laisser couler une larme. Une seule, l'unique, mais hautement symbolique. Ton espoir s'éteint, ton avenir s'obscurcit, et tu ne sais comment venir en aide à celle qui fut jadis la femme de ta vie. Des regrets, des remords, t'en es rempli à ras bord. Et il est désormais trop tard pour tout, y compris sauver ce qui n'a pas pu l'être par ton frère. Trident en main, tu vagabondes dans cette ville qui t'est inconnue – mais elles le sont toutes, finalement. Les habitations ont été abandonnées, en apparence du moins, et cette aura de dévastation te donne l'impression d'avoir été lâché sur une planète complètement déserte. Dans les ruines, tu ne trouveras rien, alors tu t'orientes plutôt vers toutes ces maisons qui tiennent encore pour l'instant debout. Tu les inspectes une à une, retournant ce qui ne l'a pas encore été, en quête de quoi que ce soit qui pourrait vous être utile. Et après une bonne dizaine d'échec, tu finis par trouver quelques boites de conserves, un paquet de céréales, quelques bouteilles d'eau entamées, et une couverture épaisse dans un immeuble qui semblait être autrefois une garderie. Le tout mis dans un sac à dos Barbie, tu t'autorises encore quelques minutes de recherche avant de retourner à Mera. Depuis combien de temps t'es là, t'en as aucune idée, mais t'espères que ton absence ne l'aura pas poussée à s'enfoncer encore plus profondément dans le spleen.

C'est en sortant d'un ancien musée que tu tombes nez à nez avec trois Atlantes en éclaireur, jusqu'alors assez chanceux pour être parvenu à éviter de te faire remarquer. Et merde. Evidemment, dans cet accoutrement, impossible de passer inaperçu. Il va vraiment falloir que tu te trouves d'autres vêtements pour faciliter ta discrétion. « Empereur, qu'est-ce que vous faites ici ? » Très bonne question. Et d'abord hésitant, tiraillé entre la fuite ou l'exécution, ton regard finit par se poser sur un jeune couple, prisonnier des tiens. Les mains nouées, le visage abimé, t'es prêt à parier que comme vous, ils viennent d’atterrir dans ce monde qui n'est pas le leur. Des gens de chez vous, en somme. « D'où ils sortent ces deux là ? » « On l'ignore, ils sont apparus comme par magie devant nous. On voulait vous les ramener pour que vous puissiez les interroger. » Théorie confirmée. Les dents serrées, ta conscience commence à prendre trop de place. Maudits humains pas foutus de rester en dehors des ennuis. Bien, bon, pour cette fois, tu veux bien faire un petit effort. Et en une fraction de seconde, ton trident vient transpercer l'armure de l'Atlante. Les deux autres, abasourdis par ton geste, tentent de répliquer, mais beaucoup trop lentement. C'est douloureux, de tuer les tiens au profit de ces cafards. Douloureux, mais la meilleure chose à faire. Perché au-dessus des trois corps qui baignent dans leur sang, tu t'adresses à l'homme du duo, tout en ôtant leurs liens. « Donne-moi tes fringues, tout de suite. » C'est la moindre des choses, non ? En guise de remerciement pour ton aide, il peut bien faire ce petit sacrifice.

Satisfait de ta pêche, tu peux enfin retourner dans votre planque sommaire attitrée. Et c'est fier de toi que tu fais ton entrée. « Mera, j'ai trouvé pas mal de trucs ! Mais te moque pas de mon sac, ça va me vexer. » Silence. Etonnamment long silence. « Mera ? » T'as le cœur qui te bouscule, comme conscient bien avant ta raison que quelque chose cloche. Et sentant la catastrophe arriver, tu jettes tes trouvailles dans l'entrée pour courir dans le salon, là où tu l'avais laissée. Les bras pendants, le sang qui goutte, tu comprends rapidement ce qui vient de se passer. Et c'est ta faute. T'aurais jamais dû la laisser là. Pas toute seule. Pas après tout ce qu'elle a traversé. « Non, non, non ! » Tu te précipites sur elle, en quête du moindre signe de respiration. Elle est encore en vie, mais va falloir que tu stoppes tout de suite l'hémorragie. Tu cours à nouveau, vers le sac abandonné dans le couloir cette fois, et sors la couverture trouvée préalablement. D'elle, tu en tires plusieurs lambeaux déchirés, que tu viens ensuite poser sur ses poignets ouverts. La tâche est rude. Parce que t'as la poitrine sur le point d'imploser. Parce que ta vision commence à se brouiller. Tu entoures ses plaies du tissu, et serres très fort. Assez pour empêcher le sang de couler. Mais ce ne sera pas suffisant, alors tu la soulèves dans tes bras pour l'emmener dans la salle de bain. La baignoire. Il faut que tu la mettes dans l'eau. Vous êtes des Atlantes, vos blessures se referment plus vite quand vous êtes dans votre élément. Entre la perte de sang et la déshydratation, si tu ne fais rien, tu risques de la perdre pour de bon. Délicatement, tu la poses dedans, toujours inconsciente, puis fais couler l'eau du robinet pour la remplir entièrement. « Mera ?! » Il faut qu'elle se réveille. Il faut qu'elle te revienne. « MERA ! » Tu gifles ses joues pour l'aider à sortir du brouillard dans lequel elle s'est enfoncée. Tu fais tout, tout ce qui est en ton pouvoir pour la sauver, refusant catégoriquement que l'histoire s'arrête là. Pas ici. Pas maintenant.

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Elle voulait simplement que tout s’arrête enfin. La douleur, les regrets, les remords… Elle voulait se débarrasser de toutes ces choses qui avaient envahi son quotidien au fil des ans. L’occasion de leur échapper s’était présentée et elle l’avait saisie. Est-ce que cela faisait d’elle une lâche ? Peut-être bien mais au fond, Mera s’en moquait bien maintenant. Morte, elle ne décevrait plus personne. Morte, elle n’aurait plus à subir la méfiance des uns et le mépris des autres. Morte, elle serait enfin libre. Beaucoup de choses lui avaient été imposées, mais sa mort viendrait de sa propre main. Le choix était le sien et personne ne pourrait lui retirer cela. A moins que… ? Des mains sur sa peau. L’écho lointain d’une voix. Un sursaut d’instinct de survie qui lui dicte de se concentrer dessus. L’inconscience qui la rattrape. La noirceur qui s’impose à elle et le néant qui la suit. La suite des événements restera un mystère pour elle. Elle bat des paupières et ouvre doucement les yeux quand la première chose qu’elle sent est une sensation terriblement désagréable sur son visage. Sa vision est floue, elle a besoin de plusieurs secondes pour s’accoutumer à la luminosité de la pièce, et d’encore plus de temps pour retrouver – plus ou moins – ses esprits. Quand elle distingue le visage d’Orm, penché au-dessus d’elle avec une expression inquiète, elle est partagée entre plusieurs sentiments, mais bien vite c’est la colère qui domine tous les autres. Pourquoi ? Pourquoi l’a-t-il sauvée ? N’a-t-il donc rien compris ? Furieuse, Mera se redresse avec maladresse dans ce qui semble être une baignoire remplie à la hâte et avec le peu de forces qu’il lui reste, elle repousse Orm. « Qu’est-ce que tu as fait ? Qu’est-ce que tu as fait ?! » Pourquoi m’as-tu sauvée ? Mera le remarque à peine, mais ses poignets sont entourés de tissu. Un tissu encore écarlate malgré l’eau, un pansement de fortune pour endiguer l’hémorragie. De ses doigts tremblants, elle défait les nœuds et retire les bandages. Le constat la laisse muette de colère pendant près d’une minute ; une longue minute où elle regarde ses plaies refermées. La peau est encore rouge et boursouflée, mais le sang ne s’en écoule plus. Orm vient encore une fois de lui sauver la vie et… Elle lui en veut, terriblement. « Tu n’avais pas le droit de faire ça ! C’était ma décision ! Ma décision, tu comprends ? J’en ai assez de cette vie de malheurs, j’en ai assez de me battre jour après jour ! Je voulais m’en aller et j’en avais parfaitement le droit ! » Il aurait dû la respecter, mais il ne l’avait pas fait. A sa place, qu’aurait-elle fait ? Si elle l’avait trouvé lui, les poignets ouverts et une mare de sang à ses pieds, l’aurait-elle laissé mourir ? Sans doute pas, non, et c’était justement le problème, elle aurait agi de la même façon et se serait étonnée de sa colère. Ce constat n’adoucit hélas pas son attitude, Mera demeurant incapable de maîtriser ses émotions les plus fortes. « A quoi bon, Orm ? A quoi bon continuer à vivre ainsi, je te le demande ! Je n’en ai plus envie. Je suis fatiguée et lasse de cette existence ! » Elle avait voulu aller là où on la laisserait tranquille, en paix. Le néant et l’oubli étaient préférables à cette douleur abrutissante qui ne la quittait plus. « Je n’ai plus rien, je n’ai plus personne. Tu aurais dû me laisser mourir. Je voulais mourir. C’était mon droit. » Un droit qu’il avait bafoué pour une raison qui lui échappait. Il aurait dû se réjouir de sa mort, non ? Elle lui aurait ôté une épine du pied et il n’aurait plus jamais eu à s’inquiéter qu’elle contrecarre ses plans. A moins qu’il ne cherche à la torturer, auquel cas c’était réussi, il avait gagné. Mera savait parfaitement qu’elle ne trouverait plus ni le courage ni la force d’attenter à ses jours.

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Attente interminable. Entre l'instant où tu as trouvé son corps inerte et son premier moment de lucidité, t'as l'impression qu'une décennie s'est écoulée. Elle rouvre les yeux, Mera, et le sentiment qui l'anime à son éveil, c'est la colère. Une colère qu'elle te claque au visage, sans aucune hésitation. Un peu troublé, tu te redresses pour lui laisser l'espace nécessaire, tout en fronçant tes sourcils d'incompréhension et d'agacement. Par chance, les plaies sous le bandage de fortune sont déjà presque refermées, mais est-ce du regret que tu lis dans son agitation soudaine ? Est-ce qu'elle est réellement en train de te reprocher de lui avoir sauvé la vie ? « Oh, pardon, tu croyais qu'en te retrouvant j'allais te regarder te vider de ton sang ? » Le cynisme dont tu fais preuve est à la hauteur de son désarroi. Pour quel genre d'homme elle te prend, si elle s'imagine que tu allais simplement la laisser mourir sans rien faire. Osera t-elle te dire que dans le cas inverse, c'est exactement ce qu'elle aurait fait ? Tu ne dis pas que tu ne comprends pas sa douleur et sa tristesse, mais tu as estimé que ces émotions étaient bien trop fraiches pour la laisser prendre cette décision toute seule. Elle voulait mourir, et tu l'as forcée à vivre. Peut-être qu'elle t'en veut, mais toi, tu ne regrettes pas une seconde de l'en avoir empêché. T'es frappé par sa colère, mais aussi par ce désespoir. Depuis qu'elle t'a annoncé la nouvelle, toi-même t'as beaucoup de mal à penser à autre chose que cet enfant perdu. Il n'était pas le tien, mais la douleur n'en est pas moins réelle. Alors que doit ressentir une mère ? Existe t-il pire souffrance que celle-ci ? Non, tu en doutes beaucoup. Et sous tes airs durs et catégoriques, tu ne parviens pas à complètement lui donner tort. Parfois, la seule solution qui s'offre à nous est celle de la facilité. C'est ce que l'on s'imagine, en tout cas. Que tout sera plus simple une fois débarrassé de tout ce qui nous fait mal. Mais c'est une terrible décision. Après avoir tout perdu, après avoir erré pendant des années sans maison et sans but, tu sais qu'il y a toujours un moyen de se relever. Que même si l'on a l'impression d'être au fond du trou, rien n'est jamais désespéré. Mera traverse la pire période de son existence, mais elle s'en sortira. Elle n'en a peut-être pas la lucidité là tout de suite, mais elle s'en sortira. Alors si en contrepartie tu dois essuyer toute sa rage, et bien soit, c'est bien peu cher payé pour l'avoir toujours à tes côtés.

A quoi bon ? Oui, cette question tu te l'es déjà posée un nombre incalculable de fois. Et si tu n'avais pas eu la vengeance comme moteur, sans doute que la volonté t'aurais quitté, toi aussi. Mais justement, tout ça fait de toi le mieux placé pour y répondre. Après avoir traversé toutes ces turbulences, tu sais, de source sûre, qu'il existe bien de l'espoir au bout du tunnel. « J'ai perdu ma mère, j'ai perdu ma fiancée, j'ai perdu mon royaume. Crois-tu que je ne sache pas ce que l'on ressent lorsque tout un monde s'écroule ? » Bien sûr, perdre un enfant n'est pas la même souffrance, mais le parallèle n'est pas dénué de sens non plus. Atlantis était tout pour toi. Elle, elle était tout pour toi. Et d'un seul coup, tout ce que tu possédais a cessé d'exister. Tu t'es retrouvé seul, démuni, trahi, envoyé dans une prison à la surface. Il ne te restait plus rien. « Peut-être que ton existence ne fait plus sens aujourd'hui, mais crois-moi, elle est loin d'être terminée, et tout ne sera pas aussi sombre que ça l'est maintenant. » Tu parles d'espoir, et dans ta bouche, c'est probablement un peu déroutant. Pourtant c'est bien de ça qu'il s'agit. Une promesse silencieuse, qu'un jour, tout ira mieux. Et que ce choix qu'elle pensait unique, n'en était finalement pas un. Tu veux bien accepter sa colère et l'endurer, mais elle ne te fera jamais croire que la sauver était là une erreur. « Tu m'as moi, Mera. Tu vois bien que je suis là. Je suis là, juste devant toi, et j'ai renoncé à te laisser tomber. » Sans doute que tout aurait été plus facile si tu avais réussi à renoncer à elle. Si tu t'étais contenté de laisser Arthur gérer sa souffrance. Mais non, c'est toi qui est présent à ses côtés, et qui essaye du mieux que tu peux de la sortir de ces abysses sans fond. « Tu ne vois peut-être plus de raison de vivre, mais s'il te plait, bats-toi pour moi. Parce que je refuse de te perdre une seconde fois. » C'est une demande terriblement sincère que tu lui fais. T'as besoin qu'elle prenne les armes contre sa propre douleur pour toi. Est-ce présomptueux ? Est-ce beaucoup trop lui demander ? Peut-être. Mais t'as pas d'autres choix que de le faire. Parce que tu ne veux plus jamais la perdre. Plus jamais.

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orm & mera

Mera tremble, frissonne, claque des dents. Elle n’a pas froid et pourtant son corps se comporte comme si elle était gelée. Est-ce parce qu’elle a perdu beaucoup de sang ? Est-ce parce qu’elle est furieuse ? Ou pour une toute autre raison ? Parvenir à maintenir le regard d’Orm n’est pas une chose aisée. Elle est partagée entre honte et colère, entre remords et regrets. Elle doit se mordre la lèvre pour ne pas rétorquer bêtement que tout ce qu’il a perdu, il l’a perdu à cause de ses propres décisions et ses propres actions. Mera ne veut pas être plus cruelle qu’elle ne l’a déjà été et elle ne veut pas non plus lui rappeler ce qu’il sait sans doute mieux que quiconque. « Depuis quand oses-tu parler d’espoir, Orm ? » Nulle malice dans sa question, Mera se le demande sincèrement. A quel point ont-ils changé, tous les deux ? Elle secoue doucement la tête, la gorge serrée et détourne le regard. L’eau du bain est rose à cause du sang qui y a coulé, une forte métallique entêtante lui pique les narines. Elle serre les dents, ses paupières se ferment. « Et pour quelle raison as-tu renoncé à me laisser tomber ? Je n’ai plus rien à t’offrir. Ni à toi, ni à personne d’autre. » Coquille vide, âme en peine, elle a renoncé à être une source de bonheur pour qui que ce soit. Les malheurs la suivent où qu’elle aille, ils sont toujours dans son sillage, jamais assez loin pour qu’elle ait droit à un peu de répit. Elle a fini par se convaincre d’être maudite ; maudite pour être deux fois reine, deux fois traîtresse. Sa place dans ce monde, elle n’est pas parvenue à la trouver et doute d’y parvenir un jour. Elle restera toujours la parjure, l’étrangère… On ne lui fera jamais entièrement confiance, il y aura toujours des yeux qui la dévisageront. Mera est restée droite, fière et indifférente longtemps, mais elle ne s’en sent plus capable. La perte de son fils a brisé ce qui lui restait de force de caractère et a balayé sa détermination comme une vague déferlante. Sa colère retombée, elle doit se faire violence pour relever la tête vers Orm. « Qu’es-tu en train d’essayer de me dire, Orm ? » Son cœur manque un battement ; puis il s’affole. Elle se demande si elle a bien entendu ce qu’il lui a dit. Si cet aveu à demi-mots n’est pas une illusion, le fruit de son imagination. Se battre pour lui… En est-elle seulement capable ? Pendant de longues, de trop longues secondes, Mera dévisage Orm en silence. Et quand elle le rompt enfin, ce n’est sans doute pas pour prononcer les paroles qu’il attendait. « Je suis désolée. Je suis désolée… Pour tout. » Désolée de tout avoir gâché – en ayant eu le choix de le faire ou non. Désolée d’avoir écouté sa raison au lieu de sn cœur. Désolée de ne pas avoir été là pour lui quand il en avait le plus besoin. En fin de compte, elle est à blâmer autant que lui pour sa chute et ses conséquences. Après l’avoir repoussé, Mera se rapproche d’Orm avec une timidité qui ne lui ressemble pas. Ses gestes manquent d’assurance, comme sa voix qui tremble. Elle prend son visage entre ses mains froides et l’attire jusqu’à elle pour pouvoir poser son front contre le sien. « Pardonne-moi. Si tu le peux, pardonne-moi. » Les voilà, ces mots qu’elle aurait dû prononcer il y a déjà bien longtemps. Des excuses teintées d’écarlate, d’amertume et de culpabilité. On dit qu’il vaut mieux tard que jamais, mais dans son cas le temps a peut-être déjà fait son œuvre, elle a peut-être trop attendu. Elle est loin, si loin, cette époque où ils étaient heureux ensemble. « Pardonne-moi… » Un dernier murmure et ses paupières qui se ferment à nouveau. Ses bras glissent autour des épaules du roi déchu ; l’étreinte est fragile, elle a un goût d’interdit. Comme ces lèvres sur lesquelles elle repose les siennes pour la première fois depuis près d’une décennie.

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Depuis quand tu parles d'espoir ? Et bien, depuis qu'il ne vous reste que ça. Projetés dans un monde qui n'est pas le vôtre, que vous reste t-il si ce n'est l'espoir ? Et elle, depuis quand est-elle devenue aussi cynique ? La femme que t'as devant toi, t'as du mal à la reconnaître. Meurtrie par le chagrin et habitée par le désespoir. Loin de toi l'idée de juger un comportement nourri par tant d'épreuves, mais tu ne la laisseras pas pour autant sombrer sans rien faire. C'est vrai, être le porteur de tels sentiments c'est pas ton genre, mais beaucoup de choses ont changé depuis que t'as appris à vivre à la surface. T'as rencontré Layla, preuve très concrète que l'humanité n'est pas entièrement corrompue. Et depuis, t'as essayé de travailler sur toi-même pour apporter une solution à ton peuple, tout en ne mettant personne d'innocent en danger. C'est du moins ce que t'essayais de faire, avant que vous ne voyez téléportés dans ce monde en ruines, où les conséquences de ton acte manqué prennent tout leur sens ici. T'as vu de tes propres yeux ce qu'il adviendrait de la planète si tu réussissais à prendre le dessus sur eux. Et très sincèrement, tu n'y trouves rien de réjouissant. C'est à ça que tout aurait pu te conduire ? Une guerre sans fin ? Non, ce n'est plus ce que tu veux. Plus maintenant que la colère se transforme en quelque chose de plus profitable à tout le monde. T'es pas un nouvel homme, mais t'essayes de faire de ton mieux pour sauver tout ce qui peut l'être encore. « Je me fiche de ce que t'as à offrir, Mera. Il n'est pas du tout question de ça. » Elle se trompe. Tu n'as pas cherché à la sauver pour qu'elle t'offre quoi que ce soit en retour. Il ne s'agit pas d'un acte égoïste ou en recherche d'intérêts. Tu l'as fait parce que c'était ce qu'il fallait faire. Parce qu'il t'était impossible de laisser mourir celle qui a tant compté pour toi. Tu refuses qu'elle se fasse du mal, et t'as envie qu'elle se batte pour retrouver un sens à sa vie, voilà tout.

La suite te laisse presque paralysé. Ce contact sur tes joues est déroutant. Tout autant que les mots qui s'échappent de ses lèvres. Lui pardonner ? C'est déjà fait. Mais malheureusement, rien n'est aussi simple. Tu as encore tant à reconstruire, tant de choses à te pardonner toi-même. C'est ce que t'aimerais pouvoir lui dire, figé, incapable de répondre quoi que ce soit. Dans ta tête, c'est la confusion. Et quand elle franchit les derniers centimètres qui vous séparent, c'est instinctivement que tu lui rends son baiser. Parce que ça fait longtemps que t'espérais pouvoir un jour regoûter à ses lèvres. Et cette étreinte. Cette étreinte timide mais qui fait tant de bien. C'est comme si après toutes ces années, elle comprenait enfin la lourdeur du poids sur tes épaules. Que tu t'es infligé par toi-même pour la plupart, certes, mais dont elle chercherait à te délaisser malgré tout. T'en profite de ce doux répit dans une situation grandement catastrophique. Tu glisses tes mains sur ses hanches, et puis... tu te recules. Un peu précipitamment. Non, pas comme ça. Pas maintenant. Elle est fragile, elle était sur le point d'ôter sa propre vie, alors comment pourrais-tu te satisfaire de ça. « Non, Mera. On peut pas. » Peut-être que tes mots sont brutaux, mais t'espères qu'elle les comprendra. Ce n'est pas un rejet, pas du tout, c'est simplement une envie de faire les choses correctement, et dans le bon ordre. Oui, t'as profité de ce baiser inattendu et qui apporte du baume au cœur, mais l'heure n'est pas à vous. Ni à toi. La priorité est de la remettre sur pied, et de sortir de cet enfer. Un peu perturbé, tu poses une main sur ton front, avant de rajouter : « Je peux pas profiter de cette situation. Tu viens de perdre un enfant, tu viens de perdre un époux, je peux pas. » Parce que oui, même si tu te sens capable de lui pardonner, ça n'efface pas pour autant l'existence de ton frère. Celui pour qui elle t'a quitté, et qui pourrait très bien refaire surface dans sa vie. Tu doutes qu'Arthur ne cherche pas à recoller les morceaux avec son épouse, et tu refuses de te retrouver au centre de quelque chose qui pourrait t'apporter plus de mal que de bien. Plus jamais tu ne souhaites entre ces deux là. Tant que Mera n'aura pas fait de l'ordre dans sa vie, et tant que tu n'en auras pas fait autant, tu refuses d'envisager quoi que ce soit. Ce serait une erreur. Et des erreurs, tu en as déjà beaucoup trop commises. « Quel genre d'homme cela ferait de moi si je profitais d'une telle situation ? » Un homme que tu ne veux plus être. Mera est dans une détresse psychologique importante, et tu ne te serviras aucunement de cette faiblesse pour parvenir à tes fins.

AVENGEDINCHAINS

Invité Invité

nothing's fair in love and war

orm & mera

Mera pourrait prétendre avoir eu un moment d’égarement. Avoir, l’espace d’une seconde, perdu la tête. Être si perdue et anéantie qu’elle recherche le réconfort là où elle peut le trouver – et pourquoi pas auprès de la seule personne présente à ses côtés. Ce serait facile de mentir. Beaucoup trop facile. Et terriblement hypocrite. Elle mentirait encore en disant qu’elle n’apprécie pas sentir ses bras se refermer autour d’elle en même temps qu’il lui rend son baiser. Pendant un instant, les secondes semblent s’étirer à l’infini. Orm lui rend son baiser et Mera a l’impression d’être projetée près d’une décennie plus tôt, à une époque où ils n’avaient pas tout à fait perdu leur innocence. Où ils n’existaient presque que l’un pour l’autre. Si Mera n’avait pas eu peur, si elle avait fait d’autres choix, alors tout aurait été différent. Pendant quelques secondes, tout est comme avant, comme s’ils n’avaient jamais cessé de s’aimer. Comme si une décennie de malheur ne se tenait pas entre eux. Et les secondes passent. Orm s’écarte brusquement et Mera en fait de même – ils doivent avoir l’air ridicule, chacun de son côté de la baignoire. Non, ils ne peuvent pas. Pour un millier de raisons, ils ne peuvent pas. Mais ils en ont pourtant envie, non ? De cela Mera est certaine, elle a senti et ressenti un millier de choses à travers le baiser qu’ils ont échangé. Mera en a envie et c’est pour cette raison qu’elle rougit ; la honte lui serre la gorge. Le visage d’Arthur apparait dans son esprit, suivi de près par celui de leur petit Thomas. Une vague de culpabilité la submerge et elle baisse les yeux, essaie d’échapper au regard transperçant de son amour d’autrefois. Ils ne peuvent pas, ils ne peuvent pas… Mais dans un monde où demain n’existe peut-être pas, est-il bien raisonnable de résister ? Elle ne posera pas la question, alors elle n’obtiendra pas la réponse et sans doute est-ce mieux ainsi. Tout est déjà si compliqué entre eux… Et quelque chose lui dit que si ils survivent à cette nouvelle épreuve, cela n’ira pas en s’arrangeant. Un sourire à la fois triste et amusé étire les lèvres de Mera, qui trouve le courage de relever les yeux vers Orm. « Tu sais, ton sens de l’honneur finira par causer ta perte. » Combien n’auraient pas hésité à profiter de la situation à sa place ? Beaucoup. Mais voilà, Orm n’est pas un homme comme les autres, il ne l’a jamais été et il ne le sera jamais. Mera reste songeuse un instant avant de tendre une main vers Orm pour prendre la sienne. « Ensemble ? » Pour affronter ce nouveau monde. Pour affronter tous ceux qui auront l’audace de se mettre en travers de leur chemin. Ensemble ? Ensemble.

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SUJET TERMINÉ.

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