“La colère est comme une avalanche qui se brise sur ce qu'elle brise. ” Sénèque
Le front perlant de sueur, les joues rouges et le souffle court, Kiara McDougal poussait de toutes ses forces. Dans l'une des chambres de l'ancestral château, elle n'avait que pour compagnie une sage-femme, une bassine d'eau chaude et la lueur de quelques bougies. C'était comme cela chez les McDougal. Pas d'hôpital, pas d'appareil électronique, pas de produits médicamenteux qui souillaient l'enfant avant même sa naissance. Les accouchements s'étaient toujours faits et se feraient toujours à l'ancienne. La douleur était intense, foudroyante, insupportable, et la future jeune maman crut bien un instant ne jamais pouvoir admirer le visage de son propre enfant. Mais quelques instants plus tard, le premier cri était poussé. A bout de souffle et exténuée, Kiara réclamait son bébé, elle voulait serrer dans ses bras, son premier enfant. Mais ce n'était pas là la coutume. La porte de la chambre, sculptée dans l'ébène, s'ouvrait alors, laissant apparaitre un homme d'une quarantaine d'années, à la carrure imposante. Il s'approchait de la sage femme et observait le bébé. Son regard ne trompait pas, il était désappointé. Kiara baissait la tête, triste et soucieuse à la fois. Elle savait très bien ce que cela voulait dire. Ce premier enfant était une fille et non le digne héritier mâle tant attendu. Garrett McDougal n'avait même pas un regard ou un mot réconfortant pour sa femme, il ne prenait même pas la peine de prendre sa propre fille dans ses bras. Il se contentait de serrer les mâchoires avant de quitter la chambre dans un silence glacial. La sage femme emmaillotait alors le bébé et l'apportait à sa mère pour la première tétée. Kiara souriait lorsque son regard croisait pour la première fois celui de Siobhan. L'enfant qu'elle avait tant attendu, tant désiré. Peu lui importait qu'il s'agisse d'un garçon ou d'une fille, elle voulait simplement être mère, élever son enfant et lui donner tout l'amour dont il avait besoin. Caressant tendrement la joue potelée de Siobhan, Kiara lui promettait ces quelques mots.
« Je serai toujours là pour toi mon ange. Tu n'as rien à craindre, maman veillera toujours sur toi. »✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘
Cinq ans plus tard...« Pater noster qui es in coelis sanctificetur nomen tuum adveniat regnum tuum fiat voluntas tuas sicut in coelo et in terra... »Du haut de ses cinq ans, la jeune Siobhan ne comprenait pas ce qui était entrain de se passer. Elle avait peur, elle avait froid. La brume tombait et elle n'aimait pas l'endroit où elle se trouvait. Son petit frère, Bevan, avait eu la chance, lui, de rester au château. Sa nourrice lui avait expliqué qu'il n'était qu'un bébé et que sa place n'était pas dans un cimetière. Bien évidemment, tout cela était abstrait pour Siobhan, elle comprenait simplement que son frère devait être le préféré puisqu'il n'avait pas été obligé de venir ici.
« Dis au revoir à maman Siobhan. »Lui avait presque ordonné sa nourrice. La fillette s’exécutait, bête et disciplinée mais pour elle, il ne s'agissait que de mots, des mots qu'elle devait simplement répéter. Bien évidemment, elle n'avait aucunement conscience de leur signification. Elle ne comprenait pas que sa mère était morte et qu'elle ne la reverrait jamais, elle ne comprenait pas qu'elle était morte en couche pour offrir à son époux son premier et unique fils, elle ne comprenait pas qu'elle venait de perdre la seule personne qui l'ait jamais aimé sur cette Terre. Non, elle n'était qu'une enfant, innocente, insouciante, elle ne pouvait pas comprendre tout cela.
« Au revoir maman. »Avait-elle murmurait devant cette grosse boite en bois que sa nourrice lui avait désigné. Puis elle se retournait vers cette dernière pour lui poser cette question.
« Je peux aller jouer maintenant? »✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘
Cinq ans plus tard...Le coeur de Siobhan s'emballait, la panique s'emparait d'elle. Non, non! Pourquoi?! Vite, elle devait cacher sa bêtise, vite avant que... trop tard. Le pas lourd et inquiétant du patriarche de la famille se faisait entendre. Elle n'avait plus le temps de cacher ce précieux vase qu'elle venait de briser par mégarde. Que faire? Elle ne pouvait pas mentir, il le saurait. Elle ne pouvait pas rejeter la faute sur quelqu'un d'autre, ce n'était pas son genre. C'était terrible, elle ne pouvait rien faire à part... attendre. Attendre et espérer que la punition ne soit pas trop sévère. Garrett McDougal avait immédiatement vu sur le visage de sa fille unique qu'elle avait commis une sottise. Et, pour être honnête, cela ne l'étonnait guère. Il n'aimait pas Siobhan, il n'avait aucune estime ni aucune sorte d'affection pour elle. Elle était l'enfant qu'il n'avait pas souhaité avoir, celle qui l'encombrait. Il n'était donc pas surpris de voir qu'encore une fois elle était source de déception et de déconvenue. L'homme s'approchait alors de sa fille et découvrait le fameux vase brisé en mille morceaux sur le sol. Il lançait un regard noir à Siobhan en soupirant d'agacement.
« Jenny! »Hurlait-il. Jenny était le prénom de la nourrice. Cette dernière s'était précipitée dans la pièce à vivre lorsqu'elle avait entendu le maître des lieux beugler son prénom. Cela ne lui disait rien qui vaille mais elle n'avait pas le choix. Il était l'employeur et elle l'employée. Elle entrait donc dans la pièce à reculons.
« Vous allez me dire à quoi je vous paie bon sang? A rater l'éducation de mes enfants? Vous avez vu ce qu'a fait cette sombre idiote! Je me demande bien à quoi vous servez vous les bonnes femmes à part faire des enfants et nous emmerder la vie. Cette fois-ci c'est le pensionnat... »Siobhan en avait eu le souffle coupé. Non, pas le pensionnat, tout mais pas ça! Elle avait une peur bleue de ce fameux pensionnat avec lequel son père la menaçait toujours. Enfin... toujours... pour le peu de fois où elle le voyait en fait.
« ... et je me passerai de vos services à l'avenir. Hors de question que je laisse mon fils entre les mains d'une gourde comme vous. Foutez moi le camp d'ici! »La nourrice lançait un regard abasourdi et désemparé à Siobhan avant de s'effondrer en larmes et de quitter la pièce en courant.
« Quant à toi... »Avait-il dit en se retournant vers sa fille.
« ... va préparer tes affaires! Tu pars demain matin! »Garrett McDougal était un homme riche et très influent, que ce soit en Irlande comme en Ecosse. S'il voulait que sa fille ait une place en pensionnat, alors il n'avait qu'à claquer des doigts pour qu'on le supplie de l'inscrire à telle ou telle école. Mais Siobhan n'avait pas envie, elle voulait rester dans sa maison, dans sa chambre, avec son frère et ses jouets. Et puis ce pensionnat, à force d'en entendre parler comme une épée de Damoclès au dessus de sa tête, pour elle, c'était la punition ultime. Elle se précipitait alors vers son père pour le serrer dans ses bras.
« Pardon père, je vous en supplie, pas le pensionnat. »Siobhan pleurait toutes les larmes de son corps, elle suppliait encore et encore, espérant que la répétition et l'intensité de son chagrin puissent convaincre son père. Mais c'était mal connaître Garrett McDougal. Intransigeant, il ne cédait pas à sa fille, pire encore, il la repoussait, répugné par le simple fait d'être en contact avec elle. Mais Siobhan s'accrochait désespérément, espérant ainsi obtenir sa clémence et déclencher en lui un excès de bonté. Garrett dut alors se montrer plus virulent et poussa si fort sa fille qu'elle fut projetée violemment au sol. Malgré les pleurs, les supplications et le genou ensanglanté de sa fille, Garrett McDougal n'en démordit pas. Le lendemain matin, Siobhan était expulsée de chez elle, envoyée dans un pensionnat de Wexford en Irlande.
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Sept ans plus tard...Siobhan était agitée, ce jour là était un grand jour, elle allait enfin obtenir son diplôme. Cela faisait des années qu'elle travaillait dur pour cela, des années qu'elle avait un comportement exemplaire pour rendre fier son père. Elle ne le voyait que deux fois par an. Une fois à Noël et une fois aux grandes vacances. C'était très dur pour elle car elle voyait bien que les autres adolescentes avaient de bien meilleures relations avec leurs pères. Elle se demandait toujours ce qui n'allait pas chez elle, elle se disait toujours que c'était de sa faute, qu'elle n'était pas assez bien pour son père. Trop bête, trop incompétente, trop maladroite... Pas assez intelligente, pas assez dégourdie, pas assez présentable... Jamais elle ne remettait en question le patriarche de la famille et pourtant, elle aurait dû. Mais ce dernier l'avait complètement détruite psychologiquement. Il avait fourni un travail de longue haleine afin de la rabaisser, de l'humilier, de lui faire perdre toute confiance en elle, de la mettre plus bas que terre. Et il avait bien bossé le salopard. Siobhan était une adolescente complexée, renfermée, solitaire, dévouée à ses études, son seul refuge. Elle n'avait pas de vie, de passe temps, pas d'amis. Pourquoi faire? Elle ne valait rien. Mais ce jour là, ce jour là, elle était persuadée que tout allait changer. Vêtue de sa belle toge aux couleurs de son école, elle se tenait droite comme un I au milieu des autres futurs diplômés. Elle cherchait son père et son frère dans la foule mais elle ne les vit jamais. Tous les autres adolescents avaient reçu les félicitations et les présents de leurs familles. Mais pas Siobhan. Elle, elle n'avait reçu que ce bout de papier qui finalement lui paraissait bien insignifiant. Elle avait pleuré des jours et des jours avant de finalement prendre une décision qui allait radicalement changer sa vie. Partir loin d'ici.
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Douze ans plus tard...Il était trois heures du matin à Boston lorsque le téléphone sonnait, réveillant en sursaut Siobhan et son compagnon.
« - Siobhan?
- Oui...
- C'est Seamus. Ton père est mort. J'ai pensé que tu devais être au courant. »Siobhan était comme tétanisée face à cette annonce. Chagrin, colère, joie... elle ne savait même pas ce qu'elle ressentait. Elle en restait muette.
« - Siobhan? Siobhan?
- Oui...?
- On l'enterre Vendredi matin.
- Très bien. Merci. »En état de choc, elle raccrochait le combiné du téléphone et s'asseyait sur le rebord du lit. Elle avait l'impression d'être encore endormie, d'être dans un de ses foutus cauchemars. Elle n'arrivait pas à croire que c'était vrai. Son compagnon venait lui aussi s'asseoir au bord du lit, caressant tendrement le dos de la jeune femme. Il voulait lui montrer son soutien car il sentait bien que quelque chose n'allait pas.
« - Qu'est-ce qui se passe Siobhan?
- Je... Mon père est mort. Je dois retourner là bas.
- Quoi? »Comme si elle venait d'être mise en pilote automatique, Siobhan se levait brusquement du lit, ouvrait son armoire, en sortait un gros sac de voyage et commençait à y fourrer ses vêtements.
« Siobhan... tu joues à quoi là? »La jeune femme s'arrêtait net. Elle connaissait le ton de cette voix, elle connaissait son compagnon et elle savait qu'elle venait de dépasser les limites. Elle savait ce qui allait arriver.
« Pardon je... »Elle n'eut pas le temps de poursuivre sa phrase que l'homme s'était déjà levé, les poings serrés. Dans ces cas là, Siobhan savait qu'elle ne devait pas le provoquer au risque d'empirer la situation. Elle baissait simplement les yeux et attendait. Son compagnon se rapprochait d'elle et l'attrapait fermement par le menton, la forçant à relever les yeux vers lui.
« Depuis quand tu prends des décisions sans me demander l'autorisation? Tu crois vraiment que je vais te laisser partir comme ça sans savoir si c'est pas un putain de paquet de mensonges que tu viens de me raconter? Sio, tu joues avec mes nerfs là. »Il relâchait le menton de la jeune femme et passait sa main dans les cheveux de cette dernière.
« Tu pars que si je t'autorise à partir, c'est clair? Tu respires que si je t'autorise à respirer. »Il tirait lentement Siobhan vers lui avant de l'allonger sur le lit. Il s'allongeait alors sur elle, la faisant prisonnière de son étreinte.
« Tu es à moi Siobhan... » Murmurait-il au creux de son oreille. Puis doucement, il venait encercler le cou de la jeune femme de ses mains. Il commençait alors à serrer, à serrer, étranglant sa compagne sans ménagement.
« ... ne l'oublie jamais trainée. »Brusquement, il lâchait le cou de Siobhan et lui flanquait une gifle magistrale avant de l'embrasser et de lui faire l'amour, enfin si on pouvait appeler ça comme ça. Siobhan se laissait faire, malgré les larmes, malgré la douleur... Parce qu'elle n'avait pas le choix, parce qu'elle avait peur que ce soit pire si elle résistait, parce qu'elle avait déjà pris une sacré rouste la seule fois où elle avait osé dire non. Parce qu'elle l'aimait, parce qu'elle croyait ne rien pouvoir être sans lui. Parce que les rapports de force et de soumission c'était tout ce qu'elle connaissait. Le lendemain matin, elle enfilait un foulard pour cacher les marques autour de son cou, attrapait son sac de voyage et prenait la fuite en catimini, direction l'Irlande.
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48 heures plus tard...Seule sur le pont du bateau qui la conduisait sur l'île de son enfance, Siobhan frissonnait. Le froid, la peur, l'appréhension, les douloureux souvenirs. Elle n'aurait su dire ce qui la mettait dans un tel état et en vérité, elle n'avait pas envie de savoir. Elle voulait juste que tout se termine, elle voulait être enfin libérée. Car c'était bien de cela qu'il s'agissait. Elle n'était pas là pour pleurer à chaudes larmes cet enfoiré qu'elle devait appeler père. Cet homme froid et misogyne au coeur de pierre qui avait fait de son enfance un véritable enfer. Cet homme qui l'avait détesté dès ses premières secondes sur Terre. Non, ce n'était pas pour lui qu'elle était là mais pour elle. Cet évènement, cette mort, elle en avait parlé des centaines de fois avec sa psy. Des années qu'elle l'attendait, qu'elle l'espérait, pour enfin se libérer du joug de son père et de son influence néfaste. Le moment était venu, elle peinait à y croire et pourtant, la libération était à portée de main. Mais avant cela, elle allait devoir surmonter ses émotions et la première fut celle de revoir ce château, théâtre de tant de ses souffrances. Pas physique, son père était parfois brusque mais elle n'avait pas été une enfant battue. Cependant, les souffrances étaient peut être bien pire puisqu'elles étaient psychologiques et constantes. Humiliations, reproches, rabaissements... Siobhan avait payé toute sa vie de ne pas avoir été un fils... Puis ce fut le temps des retrouvailles, glaciales, avec son frère Bevan et son oncle Seamus. Deux hommes sculptés à l'image de son père. Elle pouvait voir dans leur regard la même haine, le même dégout qu'elle avait inspiré autrefois à Garrett McDougal. C'était dur, très dur, mais pour une fois dans sa vie, Siobhan ne voulait plus baisser les yeux. Pour la première fois en vingt neuf ans d'existence, elle se sentait enfin libre, libre d'exister.
Il y avait cependant encore pas mal de chemin à parcourir et très vite le premier obstacle vint se présenter. En effet, Siobhan avait surpris une conversation de famille à laquelle elle n'aurait jamais dû assister. Tandis que les femmes du clan étaient réunies en cuisine pour préparer le repas, les hommes, eux, s'étaient réunis dans l'une des salles privées du château. Intriguée par cela, Siobhan avait attendu le moment opportun pour s'éclipser et aller espionner les hommes. Elle avait vécu dix ans dans ce château, livrée à elle même, abandonnée par un père qui ne voulait pas d'elle, et surveillée de loin par une nourrice qui ne pensait qu'à son salaire. Elle avait donc eu le temps de parcourir ce château en long, en large et en travers. Elle en connaissait les moindres recoins, les moindres cachettes. Elle n'avait donc eu aucun mal à se dissimuler pour écouter à sa guise la conversation des mâles de la famille. Ces derniers s'étaient réunis pour discuter du nouveau leader du clan. Siobhan, première héritière, aurait dû être nommée d'office et ainsi récupérer tous les titres, biens et propriétés de son défunt père. Mais son oncle, Seamus, ainsi que tous les hommes présents autour de la table, en avaient décidé autrement. Il était hors de question pour eux qu'une femme reprenne les rennes du clan. Bevan devait devenir le nouveau patriarche de la famille.
Encore une fois, Siobhan était rabaissée et mise à l'écart pour la seule et unique raison qu'elle était une femme. C'en était trop! Son père n'était plus là et pourtant son emprise sur elle résidait toujours. Non, elle ne pouvait plus continuer ainsi, elle ne pouvait plus rester cette femme vulnérable et soumise qu'il avait façonné avec le temps, elle devait définitivement briser les liens avec lui et tout ce qu'il représentait. Et pour cela, elle avait bien l'intention de récupérer le titre qui lui revenait de droit. Les hommes avaient parlé d'un rituel, destiné à prouver les capacités du nouveau leader à diriger le clan. Un rituel perpétué par la famille depuis des siècles. Elle pensait alors qu'il s'agissait d'une façon de parler et s'était donc rendue, sans inquiétude, au coeur de la nuit, dans les catacombes du château où devait avoir lieu ce fameux rituel. Mais quelle fut sa surprise lorsqu'elle vit qu'il s'agissait d'un véritable rituel. Incantations, sacrifices, prières et tout ce qui allait avec. Siobhan n'en avait pas cru ses yeux, jamais elle n'avait soupçonné sa famille de tremper là dedans. Elle tombait des nues. Mais hors de question de faire marche arrière, elle allait leur montrer à ces hommes de quoi elle était capable. Et puis de toute façon, elle n'avait plus rien à perdre. Alors, au moment même où un portail surnaturel s'était ouvert devant Bevan, elle s'était précipitée vers lui et l'avait violemment poussé pour prendre sa place. Mais le rituel avait été lancé pour Bevan, le changement de participant avait provoqué un déséquilibre et Siobhan avait été aspirée dans une dimension infernale.
De cette dimension, elle n'aurait jamais dû revenir, considérée comme morte, prisonnière de l'au-delà. Mais dans cet enfer, elle avait eu la chance, ou la malédiction, de croiser le chemin de Crone, une entité démoniaque qui la renvoyait sur Terre, plus vivante que jamais. Lorsqu'elle s'était réveillée, Siobhan avait d'abord cru à un cauchemar. Tout cela ne pouvait être réel, non, c'était impossible. Mais lorsqu'elle s'était aperçue qu'elle était sur le sol des catacombes, elle comprit. Rien de tout cela n'était un rêve, tout était vrai. Remontant à la surface, elle avait été surprise d'entendre que l'on faisait la fête dans la salle de réception. Ils venaient d'enterrer Garrett McDougal... comment cela se faisait-il que la famille fasse la fête? Siobhan, encore... c'était compréhensible mais les autres? Lorsqu'elle pénétrait dans la salle de réception, toutes les personnes présentes se figèrent sur place, comme si elles avaient vu un fantôme.
« Siobhan? »Bevan, son petit frère n'en croyait pas ses yeux.
« - C'est bien toi?
- Bah oui, qui veux tu que ce soit? Pourquoi tout le monde me regarde comme ça? »Bevan marquait un temps d'arrêt.
« - Tu étais morte Siobhan. Cette nuit là tu as disparu et on ne t'a plus jamais revu. On a cru que...
- Attends, c'était y'a combien de temps ça?
- C'était... »Il réfléchissait.
« - ... il y a huit mois environ. »
- Quoi?!Quoi?! Huit mois! Mais pour elle il ne s'était écoulé que quelques heures tout au plus. Elle ne comprenait plus rien, qu'est-ce que c'était que tout ce bordel?
« - Oui c'était il y a huit mois. On t'a enterré, enfin, on a fait une plaque commémorative comme il n'y avait pas... de corps.
- Et je suppose que personne ne s'est donné la peine de me chercher ou d'au moins essayer de me récupérer? » Bevan ne répondait pas, personne ne répondait et pourtant tous ici savaient de quoi il retournait. Effectivement, aucun membre de la famille ne s'était battu pour Siobhan. Qu'espérait-elle au juste? Elle ne devait pas s'attendre à autre chose de leur part. Pourtant, elle était profondément déçue et meurtrie, encore. Mais la goutte qui fit déborder le vase fut lorsqu'elle vit la chevalière de son père au doigt de son petit frère. Ils avaient tout poursuivi, malgré sa disparition, malgré sa prétendue mort, ils avaient élu le nouveau patriarche et c'était bien évidemment Bevan. Le fils prodige, le protégé, le préféré. La colère commençait alors à monter en Siobhan qui se saisissait brutalement de la main de son frère.
« Vous avez quand même poursuivi ce putain de rituel. »C'était la première fois que Siobhan était aussi vulgaire en public. Non, en fait, c'était la première fois qu'elle était aussi vulgaire, tout court.
« Pas d'esclandre Siobhan. »Seamus, tiens il était encore là lui.
« - On fête les noces de...
- Mais j'en ai rien à foutre moi, c'est moi qui devrais avoir cette bague. »Le scandale pointait le bout de son nez et personne ici, à part Siobhan, n'en voulait. Seamus s'emparait alors de la jeune femme, l'attrapant fermement par les épaules. Là, un nombre incalculable de mauvais souvenirs la submergeaient. La fois où son père l'avait bousculé, celle où il lui avait affirmé qu'elle ne ferait jamais rien de sa vie, celle où il l'avait accusé d'avoir provoqué la mort de sa mère à cause du stress qu'elle avait engendré chez elle, celle où il lui avait balancé qu'il aurait préféré qu'elle ne vienne jamais au monde. L'envoi au pensionnat, les noëls sans cadeau, la cérémonie des diplômes sans famille, les insultes, les brimades, les humiliations. Les coups et les abus de son compagnon, la réunion des hommes du clan, le rituel, l'abandon... Toute cette colère accumulée au fil des années était entrain d'exploser et sans même s'en rendre compte, sans même comprendre ce qui arrivait, Siobhan se transformait pour la première fois en Banshee. Les membres de sa famille hurlaient de terreur tandis que Siobhan hurlait de rage et de douleur. Il fallait que ça sorte, Dieu que ça faisait du bien. Elle ne voulait plus s'arrêter, elle avait besoin de laisser déferler sa colère. Ce fut finalement l'épuisement psychologique qui eut raison d'elle et qui mit fin à ses première lamentations mortelles. Autour d'elle gisaient alors les cadavres de sa famille, tous tués par son cri de Banshee. Bevan, Seamus, et tous les autres, morts. Leurs cerveaux avaient littéralement été broyés à l'intérieur de leurs crânes, du sang coulait encore par leurs yeux, leurs oreilles et leurs narines. Au milieu de ce carnage, Banshee souriait, savourant son premier méfait et pas des moindres. Elle avait fait un beau strike pour sa première fois. Sa colère passée, la Banshee disparaissait pour redevenir Siobhan et là, c'était une toute autre histoire. Consciente du début à la fin, la jeune femme se souvenait de tout. Elle était tiraillée entre son soulagement et son propre dégoût. Elle était en état de choc, dévastée par le massacre qu'elle venait de perpétrer.
En état catatonique durant plus d'une heure, elle était restée assise au milieu des cadavres sans savoir quoi faire. Le regard dans le vide, le visage inexpressif, Siobhan avait été comme déconnectée de la réalité. Une coquille vide. Puis soudain, une vois familière et rassurante l'avait extirpé de sa torpeur.
« Brûle les tous. Brûle tout. »C'était cette créature, celle qui partageait désormais son corps et son esprit, la Banshee. Siobhan était effrayée mais elle décidait tout de même de l'écouter. Pillant les précieuses réserves d'alcool de son défunt père, elle aspergeait chaque corps, chaque pièce, chaque recoin du château avant d'y mettre le feu. Cela lui avait pris tout le reste de la nuit et ce ne fut qu'à l'aube qu'elle trouvait enfin le repos, admirant le théâtre de ses pires souffrances s'envoler en fumée. Elle comprit alors à cet instant précis qu'elle venait enfin d'être libérée, dans tous les sens du terme.
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Un an plus tard...Un an jour pour jour après la naissance de Silver Banshee, la vie de Siobhan avait changé du tout au tout. Unique héritière incontestée de la fortune des McDougal, elle avait décidé de tout reprendre à zéro. Célibataire, épanouie, riche, vivante et combattive, elle n'était plus la chose fragile et influençable d'autrefois. Elle apprenait les rouages des finances, le sens des affaires et découvrait au fur et à mesure les pouvoirs démentiels que lui octroyait son funeste alter ego. Siobhan avait encore beaucoup de chemin à faire, elle était un peu comme un jeune chien fou qui découvre le monde. Elle allait commettre de nombreuses erreurs et goûter à l’amertume de la défaite et des désillusions, mais c'était exactement ce qu'il lui fallait pour devenir la redoutable femme qu'elle était aujourd'hui. Mais à l'époque, elle était encore loin d'être redoutable et elle allait le découvrir d'une manière très spéciale. Ce jour là, Siobhan ne se sentait pas très bien, le réveil avait été difficile et toute la journée, elle avait subit. Son assistante avait donc fait venir son médecin afin qu'il l'ausculte et la remette sur pieds au plus vite. Mais ce dernier n'avait rien trouvé. Siobhan n'avait rien sur le plan physique et il optait donc plus pour un problème psychologique qui lui provoquait tous ces symptômes. Il lui avait donc donné un traitement homéopathique et lui avait conseillé un maximum de repos. L'héritière avait bien évidemment suivi ces conseils, mais, au beau milieu de la nuit, elle s'était réveillée en sursaut, suintant par tous les pores de sa peau. Brûlante et fiévreuse, elle avait tenté d'appeler son assistante mais étrangement, elle n'avait plus de réseau sur son portable et il n'y avait plus de tonalité sur le fixe. Impossible de contacter qui que ce soit, la panique s'était donc emparée d'elle, elle voyait déjà sa dernière heure venir. Mais tu avais tort Siobhan, au contraire, ta renaissance définitive était en marche. Tu allais passer de l'horrible et misérable chenille au magnifique et somptueux papillon.
Paniquée, la jeune femme s'était, tant bien que mal, levée de son lit. Marchant péniblement jusqu'à la porte de sa chambre, elle se brûlait la main sur la poignée, poussant un hurlement de douleur. Elle s'était alors écroulée à genoux sur le sol, pleurant toutes les larmes de son corps. Où était la Banshee? Pourquoi ne l'aidait-elle pas? Pourquoi l'abandonnait-elle maintenant?
« Siobhan... »Dans un murmure spectrale, la Banshee l'appelait.
« Je ne t'ai pas abandonné... Viens à moi. »Rassurée et désorientée à la fois, Siobhan se demandait si elle n'était pas en plein délire. Elle ne comprenait pas, la Banshee était en elle, comment faire pour aller vers elle? Elle ne pouvait concrètement pas être plus proche. S'appuyant contre son miroir sur pied, elle se relevait laborieusement. Elle voyait alors son reflet et ce n'était vraiment pas joli à voir. Ébouriffée, rouge écarlate, trempée, à l'agonie, elle ressemblait réellement à une femme qui vivait ses derniers instants. Accablée par la perspective de mourir, elle baissait la tête, refusant de voir sa décrépitude et sa perdition en face. Elle redevenait la vulnérable Siobhan, celle qu'elle avait supporté et haït durant tant d'années. Non... elle ne voulait pas redevenir cette chose là. Elle serrait alors les poings et relevait la tête, déterminée à affronter dignement sa fin. Mais lorsqu'elle posait à nouveau les yeux sur son reflet, elle se retrouvait face à Silver Banshee qui l'attrapait brusquement et l'entrainait à travers le miroir. Siobhan était de retour dans la dimension infernale où tout avait commencé. Face à elle, Crone se tenait droit comme un I, la toisant du regard. Siobhan était à genoux et osait à peine la regarder dans les yeux. Mais elle se forçait, elle ne voulait pas se dégonfler devant le fait accompli. Pour elle c'était clair. Elle était bel et bien morte la nuit du rituel, elle avait juste eu une année de sursis et maintenant Crone allait très certainement s'emparer de son âme pour une éternité de tourments et de tortures bien mérités. Elle attendait donc son châtiment lorsque le démon lui tendait soudainement la main pour l'aider à se relever. Siobhan avait hésité, surprise de cette réaction, avant de finalement accepter cette aide totalement inattendue. Lorsque sa main était entrée en contact avec celle de Crone, toutes ses souffrances avaient instantanément disparu et elle se sentait plus vivante que jamais. Siobhan ne comprenait plus rien. Crone caressait alors délicatement son visage de son index biscornu.
« Ta vie m'appartient Siobhan McDougal... et elle est bien plus agréable ces derniers temps n'est-ce pas? Un privilège pour lequel tu n'as pas encore payé le prix. »Crone se déplaçait en lévitation autour de Siobhan, allant se placer derrière elle pour poursuivre en chuchotant à son oreille.
« Il est temps de t'acquitter de ta dette. »Crone disparait alors, laissant Siobhan dans le flou le plus total. L'héritière avait alors attendu durant un laps de temps qui lui avait paru interminable avant de se décider enfin à poser cette question qui la terrifiait au plus profond de ses entrailles.
« Comment?! Quel prix dois-je payer pour être enfin libre? »« Libre, tu ne le seras jamais, tu m'appartiens pour l'éternité Banshee. Mais si tu veux continuer à vivre dans ton monde, tu dois trouver quelque chose pour moi. »Crone était réapparue et faisait cette fois-ci face à Siobhan.
« - Que veux tu?
- Je veux un livre qui appartenait à ton clan, un livre que ton père possédait.
- Mais tout a brûlé, il ne reste plus rien de Castle Broen.
- Le livre n'y était pas sombre idiote. Il est là où le nouveau monde a commencé.
- Pourquoi vous ne le récupérez pas vous même? »Crone poussait un hurlement déchirant en se précipitant vers Siobhan, ses lèvres frôlant presque celle de l'humaine. Elle était lasse et agacée de devoir répondre aux commentaires et aux questions insipides de Siobhan.
« Cesse de poser des questions et fais ce que je te dis. Ou tu finiras ici, là où la mort ne vient jamais. »Siobhan ravalait sa fierté et s'écrasait face à Crone. La menace était claire, soit elle lui trouvait et lui ramenait ce fichu bouquin, soit elle passerait bel et bien l'éternité à souffrir entre les mains expertes du démon. L'héritière acquiesçait donc d'un mouvement de tête, avait-elle d'autres choix? Crone esquissait un sourire avant de s'entailler la langue à l'aide de son ongle pointu. Puis, elle tirait Siobhan vers elle et l'embrassait à pleine bouche. L'humaine était répugnée mais impossible pour elle de repousser une telle entité. C'est alors qu'elle sentit la chair de sa lèvre inférieure se déchirer, le démon l'avait mordu, mêlant leurs sangs à tout jamais. Siobhan poussait un léger gémissement de douleur, incitant Crone à s'écarter.
« Le pacte est signé, tu as dix hivers pour le respecter. » Sur ces dernières paroles, Siobhan était ré-expédiée dans le monde des vivants. Elle était complètement remise sur pieds et pourtant abattue par la malédiction qui venait de la foudroyer.
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Trois semaines plus tard...Si physiquement tout paraissait normale, à l'intérieur, Siobhan était anéantie. Elle ne parvenait pas à se remettre de son face à face avec Crone, de ce nouveau séjour en Enfer. Elle était obnubilée par ce qu'elle lui avait dit, par l'idée de ne plus jamais être libre, de lui appartenir corps et âme pour toujours. Mais surtout, elle était terrifiée par l'idée de passer l'éternité en Enfer. Tout cela l'empêchait de remonter la pente, d'avancer et de se reconstruire. Cela faisait trois semaines qu'elle broyait du noir enfermée dans son manoir. Elle ne sortait plus, ne se lavait plus, ne parlait plus. Elle mangeait uniquement pour survivre et refusait d'écouter la Banshee. Elle se laissait consumer par sa peur. C'en était trop pour son alter ego qui ne supportait pas de la voir se laisser mourir à petit feu. Elle devait provoquer en elle un électro-choque et la pousser à accepter ce qu'elle était et ce qu'elle allait devenir. Une nuit, alors que Siobhan était au plus mal, Banshee en profitait pour prendre le contrôle absolu de son hôte. Elle se téléportait alors à Slieve League, la plus haute falaise de tout le pays, culminant à 606 mètres. Le réveil fut des plus brutales pour Siobhan qui vit alors sa vie défiler sous ses yeux. Et le constat était des plus amers. Toute sa vie n'avait été qu'une accumulation d'humiliations, de chagrins, de concessions, de brimades, d'obligations, de lâchetés, de déplaisirs.
« Cesse de geindre et de ressasser le passé. Cesse de te morfondre et de craindre l'avenir. Vis enfin ta vie bordel! Accepte moi, je ne suis pas une intruse, je ne suis pas l'ennemie, je suis juste la part de toi que tu as toujours refusé d'assumer. Je suis la colère que tu as toujours refoulé. Libère moi, assume moi! » Les mots de la Banshee avait transpercé le coeur de Siobhan. Ils étaient si criants de vérité, elle le savait, même si ça faisait mal de l'admettre. Admettre ses failles et ses faiblesse, son manque de courage et d'orgueil. Ça faisait mal d'être mise face à ses quatre vérités. Mais Siobhan savait qu'elle en avait besoin, elle en avait besoin pour accepter la Banshee qu'elle était et le devenir pleinement. Elle en avait besoin pour prendre enfin le contrôle de sa vie et exister. Elle devait sauter le pas et c'était exactement, littéralement, ce qu'elle allait faire. D'un implicite commun accord Siobhan et Banshee se jetaient du haut de la falaise. Elles hurlaient toutes les deux, entremêlant souffrance, colère et lamentations jusqu'à n'obtenir qu'une seule et même voix, jusqu'à ce que les deux facettes de l'héritière ne fusionnent complètement. Se téléportant avant que la chute ne devienne fatale, Siobhan se retrouvait au sommet du phare qu'elle avait aperçu au loin, à l'horizon. Saisissant la rambarde de protection, elle prenait une profonde inspiration, consciente qu'elle venait de franchir un cap décisif dans vie, elle venait enfin de renaître. Sa nouvelle vie ne faisait que commencer et elle ferait tout pour la prolonger un maximum. Elle allait chercher ce foutu bouquin, elle allait le trouver et elle allait s'affranchir de Crone. Peu importait les moyens, peu importait les sacrifices, peu importait les massacres qu'elle devrait commettre, elle y arriverait. Sous la lueur de la lune, la Banshee éclatait de rire.
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Cinq ans plus tard...Le compte à rebours en était déjà à la moitié et le pacte n'avait toujours pas été respecté. Récupérer ce fichu bouquin s'était finalement révélé plus compliqué que prévu. Nombreux étaient celles et ceux chargés de le protéger et d'empêcher Crone de mettre la main dessus. Siobhan avait compris, à ses dépends, pourquoi le démon ne pouvait s'en emparer lui même. La magie, puissante, offensive et destructrice, l'entourait. La Banshee devait apprendre et travailler dur si elle voulait avoir une chance de s'en sortir. Foncer tête baissée, tuer tout ce qui se dressait sur son chemin et improviser sur le tas, n'était plus une option. Il s'agissait désormais d'une partie d'échecs où chaque coup pouvait redistribuer la donne, un bras de fer laborieux et éprouvant que l'héritière ne pouvait se permettre de perdre. Et on ne pouvait pas dire qu'elle avait été aidée...
Parlons d'abord de Superman et de ses idéaux à la mords-moi le noeud de prude effarouché. Lui, il avait tout de suite chercher des noises à la Banshee faisant souvent obstruction à ses plans pour récupérer le livre. Sans doute les nombreux cadavres qu'elle semait derrière elle qui avaient appâté le kryptonien comme les mouches avec la merde. Ces deux là se sont souvent affrontés dans des combats titanesques et destructeurs... au détriment de Siobhan qui n'est jamais parvenue, pour son plus grand regret, à prendre le dessus. Une frustration qui a nourri en elle une sorte d'obsession pour l'alien qu'elle veut par dessus tout détruire mais pour lequel elle éprouverait un manque in-considérable s'il était amené à disparaitre. C'est qu'elle y a pris goût à le tourmenter le fétichiste du slip! Elle rêve même secrètement de lui construire une prison où elle pourrait l'enfermer et le torturer à sa guise. Jouer avec lui serait tellement plus jouissif que de le voir mourir... enfin pendant un temps. Siobhan se lasse très vite des mêmes distractions.
Il y a aussi eu l'invasion de ce gros taré de Darkseid. Dans d'autres circonstances, ils auraient très certainement matché ces deux là, elle aurait bien taillé une bavette avec lui et gouverné le monde à ses côtés. Mais avec ses conneries, le bonhomme compromettait sévèrement ces chances de récupérer le livre et là... ça tiquait un peu. Incompatibilité flagrante d'objectifs. Elle avait dû alors se résoudre à combattre aux côtés de ceux qu'elle méprisait le plus, ces satanés justiciers en carton qui lui flanquaient la nausée à chaque fois qu'elle entendait leurs pseudos débiles. Ouais Silver Banshee c'est plus classe que machin man et truc man et bidule man... Soyez pas de mauvaise foi! Mais je vous rassure, une fois l'invasion repoussée, Banshee a très vite retourné le dos à ses acolytes de fortune pour reprendre ses bonnes vieilles habitudes et les faire chier comme elle pouvait.
Il y a eu le Syndicat du crime et les sept péchés aussi mais ça... ça a plutôt fait marrer Siobhan qui a bien profité du chaos ambiant tout en gardant suffisamment ses distances pour pas se mettre dans la merde. Elle fut d'ailleurs très déçue d'apprendre que les sept péchés avaient été remis dans leur boi-boite, c'était tellement divertissant d'admirer leurs ravages. Mais au final, les meilleures choses doivent avoir une fin. Ne sois pas trop gourmande Banshee! En revanche, ce qui l'a beaucoup moins fait marrer c'est ce putain de Leprechaun qui lui a volé un précieux atout pour récupérer le bouquin de Crone. Depuis, elle l'a dans son collimateur l'enfoiré de rouquin qui pète plus haut que son cul et elle a pas l'intention de le lâcher. Dès qu'elle le peut, elle interfère dans ses petites combines minables pour lui rendre la vie dure et elle aime ça. Elle aime voir sa sale gueule se décomposer quand elle déboule pour le court-circuiter. Elle ne s'en lasse tellement pas. C'est orgasmique.
Mais une bien plus grosse merde se profile... à moins qu'il ne s'agisse d'une bénédiction? Une autre Terre, deux fois plus de chance de trouver le bouquin? Seul l'avenir le dira...