Fucking clowns ! Fuck all these freaking fucking clowns ! Même dans un autre monde, impossible de leur échapper ! Harley voulait juste se dégourdir les jambes et hop, elle n'avait même pas eu le temps d'injurier qui que ce soit, elle avait été assommée et elle s'était étalée de tout son long dans une flaque de boue. Glamour, bonjour ! Et quand elle avait repris connaissance, elle avait tout de suite compris être dans les restes de cette espèce de cirque miteux qu'elle avait déjà fouillé en long, en large et en travers quelques jours plus tôt. Évidemment, l'autre barge l'avait traînée dans le palais des glaces, l'attraction qu'elle avait en horreur. Fucking clowns ! Débarrassez-vous d'un Joker et un autre prendra sa place ! Non mais franchement, Harley a du mal à croire être aussi malchanceuse. Même dans un autre univers, impossible d'échapper à ces frappadingues. Et faut dire que celle là, c'est du lourd ! À part une petite différence de genre, elle ressemble en tous points à son tortionnaire. Même amour louche du violet eu du vert, même maquillage foireux et même rire de psychopathe ! Et même nom, évidemment. Harley a beau hurler, l'insulter et se tortiller dans tous les sens pour essayer de défaire ses liens, rien à faire, l'autre Joker continue à rire comme si elle venait d'entendre la meilleure blague du monde. Mais Harley ne voit pas du tout ce qu'il y a de drôle. Ça fait longtemps qu'elle ne s'est pas retrouvée dans une situation aussi désagréable et elle s'en serait bien passée. Avec un peu de chance, quelqu'un ne tardera pas à se rendre compte de sa disparition et volera à son secours... Peut-être que ce sera Floyd, peut-être que ce sera Ivy, peut-être même que ce sera Wonder Woman ! Oh oui, Wonder Woman, ce serait tellement génial ! Allez, Harley, positive attitude, optimisme et toutes ces conneries... FUCK THESE FREAKING FUCKING CLOWNS ! Et c'est parti par le show, sons et lumières incluses. Bâillonnée, Harley ne peut que jurer silencieusement et se promettre qu'elle lui fera avaler toutes ses dents à cette psychopathe. Qu'est-ce qu'elle lui veut, bordel ? Elle ne pourrait pas s'expliquer au lieu de se mettre à danser toute seule ? Harley roule des yeux si fort qu'elle pourrait presque voir son cerveau et secoue la tête. Les frappés dans son genre, elle en a plus qu'assez et tant pis si elle n'est elle-même pas très nette ! Au moins, elle essaie de s'améliorer, elle. Elle fronce les sourcils quand il lui semble entendre une vitre se briser et Miss Joker le remarque aussi. Elle perd son sourire dérangé et disparaît, Harley n'a pas la moindre idée d'où elle va. Sans doute récupérer une arme aussi ridicule qu'efficace ? Une chose est sûre, si elle est comme son Joker, elle aura des gadgets tous plus loufoques et mortels les uns que les autres. Ugh, comme elle aimerait avoir sa fidèle batte avec elle ! Harley profite de l'absence de l'autre tarée pour redoubler d'efforts pour se défaire de ses liens. Fuck this bitch-clown ! Ses liens sont trop bien serrés, elle n'arrivera à rien hormis se couper la circulation sanguine. Bon, plan B... Plan B... Ah oui, petit problème : Harley n'a jamais de plan B. Avoir une idée de secours, c'est le job de Rick en général. Parfois aussi celui de Floyd. Mais elle... Tout le monde sait que ce n'est pas son genre d'organiser des plans méticuleux et pensés de A à Z. Harley soupire par le nez et en s'appuyant contre une glace, elle parvient à se relever. Et la voilà qui sautille comme un drôle de kangourou pour voir ce qu'il se passe à l'extérieur du palais des glaces. Harley a envie de se taper la tête contre un mur, tout à coup. Deux Jokers pour le prix d'un, il ne manquait plus que cela. Frustrée, elle se laisse tomber sur les fesses et malgré le bâillon qui l'empêche de s'exprimer clairement, elle se met à jurer comme une poissonnière. Fucking clowns.
Il n’y a pas si longtemps encore, Harley aurait a-do-ré se retrouver dans une telle situation. Deux Jokers pour le prix d’un ? Elle aurait eu l’impression de vivre un rêve éveillé, ses plus grands fantasmes seraient devenus réalité ! Mais là tout de suite, la situation n’a pas grand-chose de féérique. C’est un concours de psychopathes, que le plus frappadingue gagne… ! Elle aimerait bien pouvoir hurler, mais elle ne peut que marmonner à cause de son bâillon. Et elle a beau se tortiller dans tous les sens, impossible pour elle d’échapper à ses liens – c’est qu’elle les a bien serrés, la garce ! Ah, elle ne perd rien pour attendre celle-là ! Dès qu’elle sera libre, Harley lui fera ravaler son sourire à grands coups de batte ! Enfin, en admettant qu’il reste quoi que ce soit d’elle à assommer… Harley le sait bien, quand le Joker se venge, il ne fait pas les choses à moitié… Est-ce qu’elle devrait s’en inquiéter ? Peut-être que oui, peut-être que non, elle n’est encore sûre de rien. Il faut dire que Mister J n’est pas très claire dans son attitude avec elle. Un coup il ne veut plus d’elle et la fois d’après il la supplie de redevenir son petit arlequin chéri ! Enfin presque, c’est en tout cas comme ça que Harley interprète la chose, on ne peut pas dire que le Joker soit le genre de type hyper clair quand il exprime ses pseudos sentiments. Mais merde, quand même ! De tous les tarés qu’elle aurait pu rencontrer dans ce monde bizarre, il avait fallu qu’elle tombe sur le Joker au féminin. Elle s’était fait avoir comme une bleue, elle lui était tombée dessus et elle n’avait rien vu venir, rien pu faire… Tu parles de la reine de Gotham ! Si elle pouvait, elle s’en mordrait les doigts ! Sauf qu’elle est là comme une abrutie à attendre que quelqu’un vienne lui sauver les fesses. Et en l’occurrence, l’identité de son sauveur est loin de la ravir. Elle grince des dents quand elle entend le Joker s’annoncer et essaie un fois de plus de se libérer mais rien à faire. Et en plus de ça, à force de se tortiller comme une chenille, elle perd l’équilibre et s’étale de tout son long au milieu des miroirs. Elle doit avoir l’air maligne, ça c’est sûr… Puisqu’elle ne peut faire que ça, elle roule des yeux quand elle voit surgir un Mister J victorieux et… Plein de sang ? Elle fait la grimace et déglutit lentement. Pas folle au point d’avoir perdu tout instinct de survie, elle s’immobilise. Harley a tout à fait conscience que s’il lui en prend l’envie, le Joker pourrait la tuer – pour ne pas dire la massacrer – et elle ne pourrait pas faire grand-chose pour se défendre. Alors tout bien réfléchi, elle décide de jouer l’ingénue idiote ravie qu’on vienne à son secours. Harley n’a jamais été l’archétype de la demoiselle en détresse mais pour sauver sa peau, elle va faire une exception, hein ! Et accessoirement, prier pour que Mister J ne soit pas d’humeur rancunière… Elle attend qu’il lui retire son bâillon pour, premièrement, recommencer à respirer correctement et deuxièmement, simuler une parfaite explosion de joie. « Pudding ! Tu es venu me sauver, je le savais ! Je savais que tu viendrais me sauver ! » Berk. Si Ivy l’entendait, elle s’en ferait des feuilles jaunes. « Tu as vu l’autre timbrée ? Elle a osé te voler ton style, c’est scandaleux ! j’espère que tu lui en as mis plein les dents ! » Elle gigote un peu bêtement. « Pudding, tu veux bien me détacher ? Elle a trop serré, la garce, je ne sens presque plus mes orteils ! » Harley bat des cils en le regardant avec un grand sourire niais. Plus vite elle sera libre et plus vite elle pourra prendre ses jambes à son cou. Comme on dit, qui ne tente rien n’a rien !
Bla bla bla. Harley avait presque oublié à quel point le Joker pouvait aimer s’écouter parler. Quand ça lui prenait, il pouvait monologuer pendant des heures et elle se contentait alors de prétendre l’écouter en battant des cils comme la parfaite cruche énamourée qu’elle était alors à l’époque. A présent qu’elle doit compter sur lui pour se sortir d’une sale situation, elle est obligée de reprendre son rôle de greluche et franchement, elle s’en serait bien passée ! Mais bon, comme on dit, il faut ce qu’il faut ! Bla bla bla. Et il parle, et il parle, et il parle… Ah ! Finalement, il se décide enfin à couper l’un de ses liens. Bon, évidemment elle doit se débrouiller comme une grande pour finir le travail, mais une fois n’est pas coutume, après tout ! Harley se contorsionne un peu dans tous les sens jusqu’à se libérer et enfin, elle se relève. Elle se dépoussière en grommelant, avant de faire la grimace quand le Joker s’adresse à elle. Pupuce ? Et puis quoi encore ! C’est tout juste si elle parvient à se retenir de lui en coller pour lui remettre les idées en place, mais pour ça il aurait fallu qu’il y ait quelque chose à remettre en place là-dedans. Lui, jaloux ? Elle affiche un sourire niais pour éviter de lever les yeux au ciel. Avec elle il n’avait pas été jaloux, il avait été possessif. Possessif comme un lion avec son steak, mais il n’y avait pas une once d’affection pour elle chez lui, elle le savait bien désormais ! « C’est pas grave, Poussin, je te pardonne ! » Ah, si Ivy l’entendait… Elle lui dirait certainement de coller deux tartes au clown avant de filer sans demander son reste. Mais Harley, forcément, elle se dit qu’elle gère parfaitement la situation, alors que deux minutes plus tôt elle était encore saucissonnée par terre. Elle se dit qu’elle gère et qu’en plus de ça, dans ce drôle de monde, il vaut mieux être dans les petits papiers du Joker plutôt que son ennemie. Elle sait, mieux que personne sans doute, de quoi il est capable. Forcément, c’est elle qui l’a aidée à mettre sur pied la moitié de ses idées tordues ! Et à l’époque, elle n’en était pas peu fière. Aujourd’hui, elle l’est un peu moins… Mais pas au point de ne pas en dormir la nuit hein, n’exagérons rien ! Bla bla bla. Ah non, elle ne rêve pas, il est toujours en train de jacasser. Tellement fort qu’il ne remarque même pas que l’autre clown psychopathe du coin s’est relevée, et si elle a été à moitié défigurée son coup de hache, elle a encore du mordant. Pour Harley, c’est l’occasion rêvée : elle n’a plus qu’à la laisser mettre un coup bien placé dans le crâne du Joker et hop, au revoir, à jamais et bon débarras ! Sauf que, évidemment, ce n’est pas comme ça que les choses se passent. Sans qu’elle ne sache vraiment pourquoi, Harley pousse le Joker hors du chemin de la folle furieuse avant qu’elle ne transforme sa cervelle en bouillie. Là c’est clair, Ivy aurait hurlé si elle l’avait vue faire. « Eh oh, elle va se calmer tout de suite la timbrée ! » Harley esquive un premier coup de hache, mais ses muscles sont encore endoloris. Alors même si elle parvient à éviter que la lame ne s’enfonce profondément dans ses côtes au second coup, elle pousse un cri de douleur et de frustration quand elle réalise que la hache lui a tout de même entaillé la peau – et pas qu’un peu. « Non mais ça va pas ? Pauvre cloche ! » Ni une ni deux, Harley lui colle son poing dans la figure. Et à en juger par le crack qui se fait entendre, elle lui a cassé ce qu’il restait de son nez. Mais elle est déterminée, la garce. Déterminée à la transformer en petits lardons. Quelle journée de merde, vraiment.