Why do you follow me ? [Ft. Damian Wayne]

Il n'y a pas grand monde dans leur famille qui s'approche de la moralité peu reluisante de Damian. A part peut-être Jason, mais ils ne sont pas aussi proches qu'ils ne l'auraient pu, sans doute parce que Jason avait déjà construit sa vie loin du manoir quand Damian y est arrivé et qu'au final, Damian n'a jamais cherché à s'en approcher plus que cela, bien trop occupé à rejeter Tim et à mépriser les idées de Bruce. Au milieu de toute cette rivalité malsaine, Damian a tout de même pu s'accrocher à des images plus positives et plus neutres. Barbara, qu'il considère presque comme une mère, vu leur différence d'âge et le comportement qu'elle a envers lui, et Cassandra, qui est ce qu'il a le plus proche d'une sœur. Après tout, même si elle porte toujours son nom de famille originel, Bruce l'a adopté. Peut-être Damian aurait-il mal vécu cette adoption si elle avait été faite après son arrivée, mais ce n'était pas le cas. Alors dans le fond, il n'a jamais pu réellement pu remettre en question la place de Cassandra dans la vie de Bruce, même si a tout de même pu se montrer très désagréable avec elle dans les premiers temps.

Si son caractère ne s'est pas assoupli avec certains, donc, Cassandra bénéficie d'un traitement de faveur, si l'on peut dire. Pas au point qu'il soit affectueux, mais au moins, il n'est plus aussi désagréable qu'avant. Sauf les mauvais jours, mais bon, il ne peut pas être parfait. Et Cassandra héberge quelqu'un, depuis quelque temps. Quelqu'un d'étrange et de très particulier. Damian l'a croisé à plusieurs reprises lors des visites rendues à la jeune femme, et s'il n'a jamais réellement questionné, a tout de même pu observer de nombreux bleus, signes de bagarres répétées. Au début, il l'a suivi par simple curiosité. Mais très vite quelque chose à changer. La curiosité s'est transformée en autre chose, peut-être parce que sa façon de se déplacer et de se battre lui était familière. Damian a presque pris l'habitude de le suivre, restant hors de vision, souvent dissimulé sous son costume de Robin d'ailleurs pour ensuite aller s'occuper des délinquants de Gotham poussés par la fragilité de leur monde au retour de Terre-IV.

Et ce soir, comme régulièrement ces derniers temps, Damian est là. Mais ce soir, il n'a pas de tenue. Il n'avait pas prévu d'aller s'en prendre à des truands, encore un peu perturbé par sa rencontre avec Zatanna, mais sa route a fortuitement croisé celle d'Aspen. Alors bien sûr, impossible de résister à l'envie de le suivre pour l'observer encore. Bien qu'il soit plus âgé, il semble encore en apprentissage. Et si Damian remarque des réflexes impressionnants, il devine parfois des maladresses dans ses enchaînements de combats, ainsi qu'une très grande colère parfois difficile à maîtriser. Bien sûr, il ne peut pas le juger sur ce dernier point... Damian ayant la réputation d'être lui-même excessivement colérique et très impulsif. Trop pour cette famille. Mais étrangement, il a l'impression que ce garçon qui se bat, là en bas est différent et qu'il n'a peut-être pas autant de morale que les membres de la bat-family, ce qui lui donne forcément envie d'en savoir plus sur lui.

Damian est toujours embusqué dans les ombres de Gotham, sur un escalier de secours, le chien couché sur la plateforme grillagée servant de sol, attendant patiemment que son maître daigne rentrer. Le garçon est accroupi. S'il n'est pas en costume de super-héros ce soir, il n'en est pas moins armé. Sa hallebarde rétractable est bien lovée dans son dos, sous son pull et il porte plusieurs armes de jet sur lui également. Pas des batarangs puisqu'il n'est pas Robin ce soir. Capuche tirée sur les traits, il observe la ruelle et Aspen qui vient de ramasser des bouts de verres. Armes sommaires mais néanmoins efficaces, il est cependant en sous-nombre, d'autant plus que trois hommes viennent de rejoindre les autres. Lorsque l'un d'entre eux s'apprête à le frapper par l'arrière, Damian, qui avait sorti un couteau de lancé par anticipation, se redresse et tend le bras dans un geste vif et rapide. Précis, l'arme vient se loger dans l'épaule de l'agresseur qui pousse un cri de douleur surpris, tant qu'une deuxième arme vient se loger dans l'autre épaule, le forçant à reculer. Rapide comme la nuit, Damian est à nouveau accroupi, tapis dans l'ombre, attendant de voir s'il a besoin de descendre. Mais la donne à changer, à présent les délinquants savent qu'Aspen n'est plus tout seul même si pour le moment, il est toujours seul à leur faire face en bas. Et Aspen sait à présent que trois autres personnes s'apprêtaient à le prendre à revers. Bien qu'il soit un espion doué, vu ce que Damian a pu en voir, les délinquants de Gotham sont forcés de s'adapter aux nombreux justiciers de la ville et eux aussi développent des capacités les rendant plus dangereux qu'on ne pourrait le penser.

Deux couteaux, sur la même et unique personne. Assez pour le forcer à reculer, assez pour prévenir l'ami de Cassandra qu'il y avait des gens derrière lui. Et celui-ci réagit plutôt bien. Il utilise le verre au sol pour blesser l'un d'eux, récupère un couteau, et crève un œil. Puis un second. Il se bat avec souplesse, il est précis, méticuleux. Damian a déjà pu observer ça. Il n'hésite pas à blesser ses adversaires, ou à utiliser leur lâcheté à son avantage, comme lorsqu'il se sert de l'un d'eux comme bouclier humain.
Il se bat bien. Et il y en a déjà pas mal qui sont à terre. Et pas seulement parce qu'il a eu de la chance. Il sait ce qu'il fait, c'est évident. Il a des gestes ajustés, des techniques maîtrisées. Il a appris à se battre, et ça ne l'étonne pas vraiment au final. Damian se reconnaît en lui, et même s'il est bien plus âgé que lui, il note bien les similitudes entre eux, et Damian sait que s'il était resté plus longtemps à la ligue, il aurait été bien pire que cela, il n'en doute pas.

Mais voilà, la bombe fumigène est lâchée. Damian remonte son pull sur son visage et descend et parce qu'elle est plus près de lui, il y arrive rapidement, assez pour donner un coup de pied dans celle-ci, l'envoyant rouler plus loin d'eux, histoire de pouvoir respirer. Le gaz qui s'est déjà répandu lui brûle les yeux, mais il n'a pas trop mal à neutraliser les quelques délinquants restant. Entre ses entraînements à la ligue et ceux dans la batcave, il n'a pas de mal à faire quelques clés de bras, les os craquant sous ses assauts.
Il se redresse et dit : « Ne traînons pas ici ». Si d'autres adversaires arrivent, le gaz rendra les choses très difficiles pour un affrontement. Et puis, les bruits de l'affrontement, les cris, attireront sans doute bientôt des policiers, alors autant ne pas rester là. Il récupère ses couteaux, les nettoie rapidement puis se redresse et s'éloigne déjà, jetant un coup d'œil vers l'arrière pour vérifier qu'Aspen le suit.

Lorsqu'il y a de la distance entre eux et l'endroit de l'affrontement, il regarde autour d'eux pour vérifier qu'ils sont bien seuls, il demande d'une voix assez basse pour ne pas trop s'élever dans le silence qui les entoure : « Est-ce que Cassandra sait ? ». Il faudrait probablement être idiot pour ne pas reconnaître les traces d'un affrontement, Cassandra sait ce que sont les hématomes et les bleus, même s'il fait attention et qu'il tente de les faire disparaître sous le maquillage. Mais Damian est curieux de savoir s'ils en ont déjà parlé et de voir ce qu'elle en pense.
Lui en tout cas, non seulement, il s'en fiche, mais il est plutôt content de voir quelqu'un qui n'a pas autant de scrupule que la famille Wayne. Il lui dit : « Tu te bats bien... ». Damian lui fait un compliment, ce qui est plutôt rare pour lui. Mais lorsqu'il apprécie quelque chose, il a tendance à le dire un peu plus souvent qu'avant, ce qui équilibre un peu son mauvais caractère et son arrogance. Il demande finalement : « Qu'est-ce que tu cherches exactement ? ». Oui, la question se pose. Il s'en prend à des délinquants, semble tenter de faire justice, sans être un justicier, et fréquente Cassandra Wayne qui elle-même est une héroïne masquée. Alors bien sûr que la question se pose. Et vu qu'il est curieux et que pour la première fois depuis qu'il a commencé à le suivre, qu'il est forcé de se dévoiler, autant en profiter un peu non ?

Les voilà qui s'éloignent. Et le chaos laisse place à la paix. Les combats laissent place au calme. L'agitation intense laisse place à une marche tranquille. Comme un torrent dont le cours serait soudainement plus calme après des rapides entraînantes. Damian aime Gotham. Il s'y est fait. La ville est un peu comme lui, elle a de bons côtés, et de mauvais. Elle a des rues calmes, et des rues dangereuses. Un peu comme lui. Calme en apparence, capable du meilleur comme du pire.
Damian attend qu'ils soient suffisamment loin pour commencer à parler. Tranquillement. Sereinement. L'adolescent est calme et bien plus posé qu'il ne peut l'être parfois. Il ne s'étend pas en paroles inutiles. Il se contente de demander ce qu'il veut s'avoir sans se prendre la tête, simple et efficace. Et lui répond. Il l'avait déjà entendu parler. Il n'est donc pas surpris. Et même s'il l'était, il n'aurait aucun mal à être impassible, il a été formé pour ça : ne rien ressentir. Et même s'il ressent de plus en plus d'émotions, il sait les masquer et les dissimuler.

Il lui dit qu'il ne lui a pas dit. Donc, il pense qu'elle ne le sait pas, mais il n'en est pas certain. Et Damian répond : « Elle n'est pas idiote, et suffisamment bien placée pour reconnaître certaines blessures ». Même s'il n'a rien dit, Cassandra a un très bon sens de l'observation, et elle a sûrement compris par elle-même. Mais il ne peut pas en être sûr. Il y a parfois des choses que l'on ne veut pas voir. L'esprit et la conscience ont parfois une capacité très importante pour ne pas remarquer. Il ne s'attarde pas sur le sujet cependant. Après tout, Damian n'est pas du genre à s'attarder sur les détails. Si l'autre garçon veut en parler, alors il en parlera, il prendra le temps de développer un peu, au besoin. Il suppose quand même qu'Aspen connaît assez bien la jolie danseuse pour savoir qu'elle n'est pas née de la dernière pluie.
Il prend plutôt le temps de lui faire un compliment. Ce qui n'est pas rien, venant de lui. L'arrogance transpire souvent par tous les pores de la peau. Mais parfois, il est simplement capable de s'arrêter et d'accorder de l'attention à quelqu'un qui le mérite. Qui en vaut la peine. Il est capable de reconnaître du talent quand il en voit. L'autre par contre, semble agité d'un tic. Le compliment est difficile à accepter ? Pourquoi donc ? Peut-être est-il tout aussi exigeant avec lui-même que Damian ne l'est envers lui. C'est un jeune homme qui ne s'estime jamais assez satisfait, même s'il se vante souvent et qu'il a conscience de ses capacités. Il s'en vante, mais ne s'endort pas sur les lauriers.

Il ne répond pas au compliment. Et Damian n'insiste pas. Il se contente de marcher, simplement. Plutôt que de le titiller et de poser des questions qui pourraient le mettre en difficulté. Pour s'exprimer et pour exprimer ses ressentis. Damian est égoïste, il aime avoir le fin mot de l'histoire, mais il n'est plus ce monstre sans cœur qui met les gens mal à l'aise parce qu'il ne s'en rend pas compte et s'en fout. Aujourd'hui, il est différent. À la place, il lui demande ses motivations. Les raisons pour lesquelles il était dans la rue cette nuit.
Il répond. Il s'explique, puis il lui demande de ne rien dire à Cassandra pour ce qu'il fait et pour le juron. Damian éclate d'un léger rire, pas moqueur, mais sincèrement amusé avant de dire : « Ce n'est qu'un juron ». Il roule des yeux et dit : « Tu sais, tu devrais en laisser un peu. Je veux dire, Cassandra est vraiment quelqu'un de bien, mais honnêtement, où va le monde si on ne peut même plus prononcer un bon juron ? Et puis, peut-être que ça vaut mieux de jurer pour évacuer les nerfs que de fracasser un crâne ». Il suspend un peu sa phrase avant de dire : « Naaaaa oublie ça. Y'a rien de mieux que de mettre quelques bonnes droites à quelqu'un qui les mérite... ». C'est sans doute l'un de ses passes temps préféré, au grand dam du reste de sa famille exception faite de Jason sans doute. Il fait craquer sa nuque puis va jusqu'à un diner. Il s'arrête de l'autre côté de la rue, en regardant la devanture.

« C'est l'heure idéale pour un café » décrète l'adolescent attendant qu'une voiture passe pour traverser. Juste avant de rentrer, il dit : « Je ne veux pas être celui qui apprendra ça à Cassandra, mais je ne serais pas contre assister à la scène ». Difficile de dire comment l'héroïne réagirait, mais sûrement pas entièrement bien. Elle-même porte un costume de justicière, mais elle n'acceptera sans doute pas que son ami lui ait caché tout cela, et peut-être même menti à plusieurs reprises. Il tire la porte et entre dans le dinner, allant jusqu'au comptoir. La jeune serveuse lui adresse un sourire, saluant l'adolescent qu'elle connaît bien maintenant. Elle lui propose un café et lui demande ce qu'elle sert à son ami, presque surprise de le voir accompagné, lui qui n'est jamais suivi que par son chien quand il vient ici. Il arque un sourcil interrogateur en direction d'Aspen lui laissant le loisir de commander, puis va s'installer, le temps qu'elle prépare la commande. Il délaisse le comptoir habituel pour une table un peu en retrait, histoire de pouvoir continuer à parler tranquillement. Il s'installe. À Gotham, personne ne fait vraiment attention aux gens qui entrent avec des blessures, c'est monnaie courante. Une fois qu'Aspen est installé, il demande : « Pourquoi tu ne lui demandes pas de l'aide ? Pour le combat au corps-à-corps ». Il a baissé un peu la voix sur la dernière partie de phrase, histoire qu'on ne s'intéresse pas de trop près à eux.

La serveuse prend leur commande. Damian est un habitué, il n'a pas de mal à lui demander ce qu'il veut, mais Aspen lui, semble déjà plus en difficulté. La serveuse est intriguée, mais Damian hausse les épaules, diffusant ainsi toute question qu'elle pourrait vouloir poser. Et Aspen fuit assez rapidement la compagnie de la jeune femme pour aller s'installer, mais personne ne fait vraiment attention à eux. C'est la magie de Gotham. Ici, il se passe des tas de choses, mais les gens ne se mêlent pas de ce qui ne les regarde pas. Enfin, la plupart du temps. Il faut toujours une ou deux personnes pour faire les exceptions qui confirment la règle, mais là, il a comme l'impression que personne ne leur cherchera de noises. Damian pose une question, par rapport à ce qu'il a dit plus tôt, concernant l'aide qu'il pourrait demander à Cassandre. Le garçon répond. Et il parle de là-bas. Et assez vite, il lui demande d'oublier. Mais ça, Aspen ne le sait pas encore, c'est impossible pour lui. Le gamin n'oublie pas. Il n'oublie pas ce genre de propos. Et il faut dire qu'il trouve ça honorable de vouloir apprendre seul. Mais en réalité, il y a d'autres moyens d'apprendre. Il pensait comme lui au début. Plus loin encore, il pensait que pour s'imposer il devait vaincre. Tim en a plusieurs fois fait les frais, de cette hargne et jalousie profonde qui le poussaient à être le meilleur et à vouloir tous les surpasser. Aujourd'hui, le jeune Wayne réagit différemment. Il a compris que les choses ne fonctionnaient pas comme ça et il s'adapte. Il veille à ne plus ramener de tête à son père qui n'apprécie pas tellement le geste. Cela n'a plus du tout la même signification. Damian hausse encore les épaules et dit : « J'ai autant appris ici à Gotham à affronter Cassandra et les autres que là-bas ». Et sans doute, ces apprentissages sont plus équilibrés. Parce que oui, là-bas, Damian était un véritable monstre sans âme qui apprenait à tuer en tuant, devant plus redoutable à mesure qu'il était envoyé sur le terrain. Ici, c'est une teigne. Une merveille de mauvaiseté, mais Damian apprend d'autres choses et cela lui convient très bien.

Il le regarde et dit : « Je suis sûr que si tu lui demandais, elle trouverait un peu de temps... ». Ils s'entraînent régulièrement tous les deux, mais Damian peut aussi s'entraîner avec d'autres personnes, il pourrait laisser sa place de temps en temps pour qu'Aspen puisse en profiter. Et il est presque sûr que Cassandra préférerait savoir son protégé à l'abri à s'entraîner avec elle plutôt qu'à arpenter les rues de Gotham pour chercher des criminels qui se révèlent parfois être de vraies menaces. « Tu pourrais venir avec moi, certains soirs ». Il le regarde simplement. Damian n'est pas toujours avec Batman, il fait des rondes seules, et s'occupe des petits criminels de moindre envergure. « Je suis pas aussi sympa que Cassandra, mais je suis moins tatillon qu'elle sur les valeurs morales ». C'est le moins qu'on puisse dire. Il n'est jamais contre une bavure de temps à autre. D'ailleurs, c'est même plutôt souvent. Après tout, sur Terre-IV l'une des femmes les plus gentilles qu'il connaît a essayé de le tuer, et depuis le retour le monde va vraiment mal. Il ne sourit pas. Il est neutre, mais l'offre est sincère. Il n'est pas toujours de bonne compagnie, mais au moins, c'est un bon justicier. Un peu violent, mais son sens de la justice s'améliore à mesure que le temps passe. Il fait craquer sa nuque et la serveuse vient déposer leurs commandes, servant par habitude, deux cafés à Damian qui boira les deux, parce qu'il ne boit jamais assez de café. Il la remercie et elle s'éloigne rapidement, pour ne pas les interrompre et ne pas entendre ce qu'ils se disent. Il attrape son café par habitude pour boire gorgée de cette noble boisson qui lui ruinera le cœur avant qu'il n'ait quarante ans avant de la reposer. Il reprend la parole pour demander : « Et en dehors de ton passe-temps nocturne, qu'est-ce que tu fais pour occuper tes journées ? ». Peut-être qu'il fait la même chose, mais Damian est plutôt curieux de savoir ce qu'il fait à Gotham hormis ses affrontements avec les criminels. Visiblement, il a envie de progresser et envie de se joindre aux justiciers. Mais il a peut-être d'autres envies et d'autres aspirations. En plus, l'un des avantages du retour de Terre-IV, c'est qu'il continue à échapper à l'école pour le moment, donc il a beaucoup de temps libre.

La conversation est plutôt intéressante, même si elle ne va pas très loin pour le moment. C'est l'occasion d'en apprendre un peu plus sur le mystérieux ami de Cassandra. Lui aussi a fréquenté la ligue des assassins, comme eux, et bien qu'il ne le connaisse pas encore très bien, le jeune Wayne a l'impression qu'ils ont plus de points communs qu'il n'en a avec Cassandra, et plus généralement avec le reste de sa famille. Alors que Damian relève qu'elle trouverait du temps s'il demandait à Cassandra, le jeune homme soutient à nouveau qu'il ne veut pas la déranger. L'hésitation que Damian perçoit le fait quand même froncer les sourcils. Il penche un peu la tête, en sondant Aspen du regard. Damian ne peut pas lire dans les pensées, mais les attitudes ne trompent pas. Il ne peut s'empêcher de se demander ce qui le fait hésiter et quelles sombres pensées se pressent derrière ses yeux fuyants. L'attitude du jeune homme l'a toujours un peu questionné. Mais cela semble être des difficultés sociales plus qu'une réelle volonté de mentir ou de cacher des choses. Et il s'y connaît un peu en difficultés sociales, même si les siennes ne sont pas tout à fait les mêmes. Damian n'a pas beaucoup de patience et une énorme quantité d'arrogance qui le pousse à réduire presque la totalité des habitants de cette planète à de vulgaires humains pas capables de mettre plus de deux idées bout à bout pour faire quelque chose. Aspen est différent. Pas forcément meilleur. Pas forcément moins bon. Juste différent. Il ne répond pas à la proposition faite de se joindre à lui, ni sur ses valeurs morales moins tranchées que celles de sa sœur qui s'est très bien adaptée à son père adoptif.

Damian n'insiste pas. Il a des questions, mais pour le moment, il les tait. Aspen ressemble à un oiseau. Facilement effrayé, Damian n'a pas envie de le mettre en difficulté en le passant sous la lumière exigeante d'un interrogatoire. Ils ne sont pas au bon endroit pour ça, et cela ne lui apporterait rien de bon. Peut-être pourrait-il le pousser à bout, il en a appris des techniques d'interrogatoires. Mais au final, cela n'irait pas forcément dans le sens de ce qu'il pourrait chercher à faire connaissance avec Aspen. Il pose une autre question, plus légère, plus innocente, tout aussi informative. Et la réaction montre qu'il est surpris par les propos de Damian. En même temps, cela change tout de même drastiquement de sujet. Il répond finalement, après un premier trouble apparent, et Damian penche la tête. Il demande : « Tu apprends quoi ? ». Il fronce un peu les sourcils, à la fois intrigué et curieux. « Pourquoi pas aller à la fac ? ». En posant la question, il peut déjà lister une dizaine d'éléments qui expliqueraient pourquoi il n'y va pas. Mais il aime que les gens donnent leurs propres explications. « Apprendre dans les livres, enfermé à la maison, c'est bien, mais franchement, il n'y a rien de mieux que l'expérience au final... ». Enfin, ça, ça demande quand même un certain niveau d'adaptation. Damian se redresse un peu, et se demande comment Aspen s'en sortirait si on le jetait au centre-ville en pleine heure de pointe. Il pose ses bras sur la table, et pianote distraitement sur le bois faisant claquer ses ongles de façon régulière, mais détendue. Il attrape sa tasse finalement et la porte à ses lèvres pour boire plusieurs gorgées. Il n'y a pas à dire, ce café est vraiment bon. C'est pour ça qu'il revient toujours ici, encore et encore. Il a fini par y prendre ses habitudes.

Il lui exprime quelques petits trucs qu'il aime apprendre, d'une voix discrète, avec un petit sourire. À l'évidence, il apprécie de partager ses pensées, même s'il reste très timide et peu à l'aise dans la discussion. Il est assez curieux et lit sur des domaines variés, pas seulement sur des choses en lien avec son activité de justicier. Il semble s'intéresser à la culture et à l'histoire aussi. Damian sourit un peu, acquiesçant. Il est assez surpris de le voir s'intéresser à des sujets si variés. Il lui dit : « Je vois... Tu as dû lire pas mal, mais j'ai sûrement quelques livres à la maison qui pourraient te plaire, je te les déposerais ». Il lui parle même de ce qu'il croyait sur les pizzas. Il en rit, et Damian se joint à lui, parce que dans le fond, c'est assez drôle et cela ne l'étonne pas beaucoup. Mais c'est assez dramatique aussi. Cet endroit était toxique, vraiment. Il ne regrette pas d'être parti, loin de là. Il ne comprend pas vraiment comment il a pu vouloir y retourner... Enfin, bon. Talia a toujours eu cette étrange capacité à entrer dans sa tête. Mais pas de la façon dont devrait le faire une mère. Son venin est si toxique que Damian ne ressent plus que de la colère.

Il lui parle de la fac. Il évoque le fait que l'expérience est bien plus riche en apprentissage que les livres. Mais Aspen semble s'agacer un peu. Il lui répond qu'il n'aime pas et qu'il est d'accord pour venir certains soirs. Il s'étire un peu. C'est une façon de changer de sujet. À l'évidence, l'évocation de la fac le met vraiment mal à l'aise. Il le laisse un peu réfléchir, puis, l'entend à nouveau parler. Il n'aime pas apprendre normalement, il précise un peu sa pensée. Il sourit un peu et dit : « Les autres te gênent ? ». Il aime bien comprendre ce qu'il découvre, et il n'y a que lui qui puisse vraiment s'expliquer. Tout ça semble vraiment compliqué pour lui. Il semble vraiment fuyant, timide. Et ça, c'est plutôt flagrant. Damian dit : « Ca peut se comprendre, en même temps... ». Il sourit amusé et secoue la main comme s'il écartait des gens idiots, parce que dans le fond, il y a beaucoup de moutons incapables de réfléchir et assez peu de personnes vraiment censées. Mais heureusement, il y en a quand même. Le monde ne tournerait pas bien rond sinon. Enfin, il irait bien plus mal en tout cas. Mine de rien, les choses évoluent quand même un peu, et pas forcément dans le pire des sens.

Damian prend une gorgée de café. Il jette un œil aux nouveaux arrivants, puis, il jette un oeil à la serveuse. Bien jolie serveuse. Il sait qu'il est trop jeune, mais il aime bien venir. Elle est jolie à regarder. Elle est vraiment belle. Il lui dit : « Il y a peut-être quelques conférences en ligne pour la fac, je sais qu'ils développent de plus en plus ce concept, pour pouvoir voir le cours, même si on ne se trouve pas dans l'amphi ». Il sourit un peu et s'étire. Il hausse les épaules et dit : « Tu sais, pas besoin de te cacher... Ça ne m'empêchera pas de me moquer de toi, mais de toute façon, je me moque de tout le monde, c'est bien mon problème, Cassandra a déjà dû te prévenir... Faut pas prendre en compte tout ce que je dis ». Il dit parfois des choses sérieuses et censées, mais il peut être moqueur et arrogant aussi, c'est sûr. Mais bon, il ne va pas se moquer de lui pour rien, et à l'évidence, le début de cette conversation ne lui a pas encore tiré de remarques moqueuses. Les difficultés relationnelles, il s'y connaît un peu. Pas autant que lui, à l'évidence, mais quand même. « Mais je suis d'accord pour l'apprentissage. Sur le terrain on apprend beaucoup mieux. Un peu de théorie ne fait jamais de mal pour pouvoir anticiper certaines choses ». Il l'a découvert ici, notamment. Et il dit : « Et va pour quelques soirées ensemble, y'a suffisamment de boulot pour deux ». Il est plutôt content qu'il ait accepté. Il pourra en voir encore plus. Et ils ont sûrement des tas de choses à apprendre l'un de l'autre. C'est plutôt cool.