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 Perhaps there was once a world we could have belonged to

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Tefé Holland


Tefé Holland

independent soul

Messages : 2726
Date d'inscription : 29/05/2019
Face Identity : Taylor Momsen
Crédits : charles vess (sign) (c) underfoot-jessica (sign)
the sprout
Age du personnage : 24 ans
Ville : Un peu partout, ses racines sont profondément enfouies à Houma en Louisiane
Profession : Glandeuse, mais puisqu'il faut bien survivre, elle bosse ici ou là, jamais plus de quelques mois, et moins elle en fait, mieux elle se porte
Affiliation : Daphne sa copine laurier, Mercury son totem humain, Mercury son chien, Swamp Thing des fois, la nature toujours. Elle a été à la botte du Parlement des arbres pendant quelque temps quand elle était petite et refuse de revivre ça. Elle ne reconnaît aucune autorité humaine.
Compétences/Capacités : Perhaps there was once a world we could have belonged to Dfg11

+ Le Green : manipulation de la végétation, métamorphose, capacité à se rendre dans le Green
+ Le Red : communication, et manipulation des animaux, manipulation de la chair, métamorphose, guérison de la chair
+ Sensibilité à la magie, âme tâchée par une marque démoniaque, sang de démon dans les veines

Perhaps there was once a world we could have belonged to Dfgh11

You
and me
and the devil makes three.

Perhaps there was once a world we could have belonged to Ced26f2610ca1c29171acd99667e4909078d58bb

Meet my best friends Daphne, Mercury and Mercury + The key

Clear & Green
Perhaps there was once a world we could have belonged to Sans_158
Clean. Coincidence ? I think not !

phone + amazing tim + daphne : x-files + codename : strike team green + daddy...? + mom's story

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Imagine what you could be,
if you could set down
the burden of the Green.










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MessageSujet: Perhaps there was once a world we could have belonged to   Perhaps there was once a world we could have belonged to EmptyVen 12 Juin - 1:14

Perhaps there was once a world we could have belonged to 1/5
Is this, then, what it is to be a god ? To know, and never do ? To watch the world wind by... and it it's windings find content...? If I should feed the world... heal all the wounds man's smoldering industries have made... what would he do ? Would he renounce... the wealth his sawmills bring... step gently on the flowers instead... and pluck each apple with respect.... for this abundant world... in all it's providence...? No. He would pump more poisons... build more mines... safe in the knowledge that I stood on hand... to mend the biosphere... endlessly covering the scars... he could now endlessly inflict. Somewhere the parliament stand rooted... inert and omnipotent... while tiny spiders drape their ribs in silk. After this night of reverie... at last I comprehend their stance.


Elle marchait d’un pas traînant dans le bayou. Pas pressée d’arriver, Tefé. Chaque fois qu’elle rentrait chez elle, rarement, elle prenait conscience de ce qu’elle faisait vivre à ses parents. C’était pour ça qu’elle n’aimait pas rentrer. Elle savait qu’elle les rendait malheureux. Elle se rendait malheureuse de les revoir et les quitter était encore plus dur. C’était un cercle vicieux d’émotions dysfonctionnelles. Elle aurait dû être contente de les revoir, mais cela la faisait juste souffrir. Et ils auraient dû être contents de la revoir, et ils l’étaient probablement. Mais elle voyait déjà le visage tendu de sa mère, toutes les choses qu’elle se retiendrait de lui dire, son angoisse de voir sa fille partir en claquant la porte. Elle voyait le regard doux de son père posé sur elle, qui acceptait tout de sa part, qui acceptait le pire de sa part et qui l’aimait quand même, et qui par ce seul amour défiait non seulement le Parlement des arbres et le Green, mais aussi ses propres valeurs, ses propres convictions. Comment aurait-elle donc pu les rendre heureux ? Et ça lui faisait mal de savoir qu’elle leur faisait mal. Et en ne retournant pas les voir, pour des tas de raisons, elle s’épargnait au moins ce moment difficile, dont elle n’arrivait pas à retirer le bon, jamais. Ce serait plus facile, avec John, maintenant elle le savait. Maintenant qu’elle lui avait avoué qu’elle le considérait aussi comme un père. Ce serait plus facile, parce qu’ils pouvaient toujours s’engueuler et se quitter fâchés. Mais Swamp Thing ne lui reprocherait jamais rien. Il ne la retiendrait jamais. Ne l’empêcherait jamais de faire ce qu’elle voulait faire. Par amour le plus pur. Et Abby ferait l’inverse, et rendrait Tefé folle de rage, ce qui rendrait Abby folle de rage, et elles se quitteraient fâchées également, mais pour de vrai. Parce que Tefé pensait depuis le tout début qu’elle n’avait pas besoin d’Abigail, parce que l’amour de son père lui suffisait, mais qu’elle se trompait depuis toujours. Ce qu’elle avait le plus connu étant enfant, tous les souvenirs qu'elle conservait de l'époque bénie avant le Parlement, avant Mary, c’étaient les bras de sa mère. Les lèvres de sa mère dans ses cheveux, sa main sur son front. Sa voix qui la berçait doucement, ses doigts dans ses petites mains.

Elle traînait des pieds dans le bayou. Pour chaque pas qu’elle faisait, elle touchait un arbre, une racine, les feuilles d’un arbuste. Caressait un tronc, se nourrissait de la vie foisonnante du marais. Nulle part ailleurs dans le monde elle ne connaissait de milieu plus grouillant qu’ici, à part peut-être toutes les merveilles qu’elle avait vues dans le Clear. Cette pensée lui rappela que sa visite à ses parents n’était pas seulement le devoir rendu d’une fille à ses géniteurs. Malgré tout, elle ne pressa pas le rythme. Sous ses doigts, l’écorce des troncs lui souhaitaient la bienvenue, sous ses pieds nus, la boue lui caressait la peau et l’herbe faisait comme un écrin à ses pas. Elle ne savait pas à quoi s’attendre à son retour de New Themyscira, après tout ce qu’elle avait vu là-bas. Peut-être qu’une partie d’elle avait craint de trouver sa Terre dans le même état que Terre IV. Savoir qu’il n’était pas encore trop tard n’avait fait que souffler sur les braises qui couvaient en elle depuis longtemps. Et puis, tout avait changé, aussi. Pendant six mois, pas un humain n’était venu ici, pas un arbre n’avait été coupé, pas un animal tué par l’homme. Pendant six mois, l’humanité avait disparu, tout simplement. Exactement ce à quoi elle aspirait parfois, en tout cas la seule solution à laquelle elle pouvait penser pour le moment pour sauver le Green et son père. Et le résultat dépassait ses espérances. Ce que la nature avait fait en l’absence de l’homme était exceptionnel. Elle vivait trop avec les hommes, elle avait oublié de quoi la nature était capable. Elle avait poussé, grandi, s’était étalée, infiltrée partout, avait envahi, conquis, clamé la terre, recouvert le bitume et le béton, grignoté le verre et le métal. Et elle avait vu autre chose, aussi, la raison pour laquelle avait finalement décidé d’aller voir ses parents. Quelque chose qui l’avait mise un peu mal à l’aise. Un pauvre être dévoré par le Grey les avait attaquées, Layla et elle, au milieu d’une forêt malade et gangrenée. Ce n’était pas la première fois qu’un autre élémentaire lui sautait à la gorge, Tefé ne faisait pas l’unanimité dans le monde des Parlements. Mais ça, c’était autre chose. C’était de la pure agressivité. Comme si Layla et elle n’avaient rien à faire dans cette forêt alors qu’elles étaient bien les deux seules personnes à peu près humaines à en avoir le droit. Ça l'avait rendue folle de rage, et elle avait eu peur pour Layla, et honte, aussi, honte que la nature attaque ainsi la nature. Elle avait tellement de choses à dire à Layla sur ce sujet, mais en vérité elle en savait si peu... Comment est-ce qu'elle pourrait donc l'aider si elle-même ne pigeait rien à ce qui se passait ? Cela l'avait choquée au point qu'elle avait décidé d'arrêter de retarder le moment des retrouvailles. Pour elle, pour Layla, et clairement, parce que ce qui c'était passé en Alaska n'était pas normal. Contre-nature. Elle avait essayé de ne pas y penser, de se concentrer sur la beauté de la nature. Mais déjà, les humains avaient sorti tronçonneuses, bulldozers et brasier pour récupérer ce qu’ils s’étaient fait voler. Territoriaux, violents, bruyants. Pas une seule seconde ils n’avaient observé cette merveille, ne s’étaient dit « et pourquoi pas ? », n’avait pris le temps d’imaginer profiter de cette chance formidable pour trouver des moyens de vivre autrement.

Elle en pleurait de rage en cette seconde, silencieusement, sans un sanglot, ses larmes tombant sur son tee-shirt griffé du logo du groupe KISS. La rage qu’elle ressentait depuis son retour, née de son impuissance et de sa solitude là-bas, sur New Themyscira, née d’un monde où elle était toute seule, sans son père, sans le Green. Elle s’en était pris à des patrons d’une raffinerie de pétrole planquée dans le marais plus au sud de la Louisiane, aidée de Gareth, et ils les avaient massacrés, tous, et cela lui avait fait du bien. Mais à présent, comme toujours, elle prenait conscience que ça ne l’aidait pas. Elle ne se sentait pas mieux. Et ça ne résolvait rien. Comme s’il n’y avait rien à faire. L’impuissance, la pire émotion possible. D’où jaillissait la rage aveugle. En reniflant, elle s’arrêta à côté d’un gros arbre dont les racines noueuses et épaisses plongeaient dans un étang boueux et tortueux de plusieurs dizaines de mètres carrés. Là-bas, nées des énormes racines des arbres même, se trouvait la maison de ses parents, construite par son père pour sa mère, où sa mère avait trouvé la paix, le refuge et l’amour. Où Tefé avait grandi. Une vision qui lui serrait le cœur. La lumière sombre qui tombait de la canopée éclaboussait le toit en herbe rousse et parsemé de fleurs et de feuilles et grouillant de petits animaux. Dans les rais de lumière qui plongeaient dans l’eau dansaient les insectes, les oiseaux et les particules d’humidité. Comme sur pilotis, la maison était solide, accueillante, ses murs recouverts de lianes et de fleurs, ses balcons ouverts sur les pièces, sans fenêtres ni portes.

Elle resta là de longues minutes, cachée derrière son tronc d’arbre, à pleurnicher pour elle ne savait même plus quelle raison, à force. C'était à croire qu'à quatre-vingt-dix ans, si elle vivait jusque-là, elle en serait toujours au même point, à ne rien comprendre à rien, aux hommes, à la nature, qui visiblement avait décidé de ne plus tourner rond, à on père, à a mère, à John, à Mercury. Le bonheur égoïste qu'elle avait ressenti en découvrant que Layla faisait désormais partie du Clear, cet instant sacré où sa solitude extrême avait été brisée, déjà elle savait qu'elle allait le perdre, même si elle ne savait pas encore comment. Probablement par sa propre faute. Elle se baissa pour chasser doucement un scarabée de son pied, puis observa de nouveau la maison. Elle vit Abby sortir à un moment, s’asseoir sur une balustrade en bois, ses longues jambes pendant dans le vide au-dessus de l’eau, le chant des oiseaux résonnant au-dessus d'elle comme dans une cathédrale végétale. Elle vit ses lèvres bouger et comprit qu’elle chantait elle aussi, mais trop bas pour que Tefé l’entende. Elle ne savait pas encore quel éclair de bonheur allait déchirer son cœur, avant que tout de suite ne reviennent toute ces choses qui la laissaient tranquille quand Tefé n’était pas là : l’angoisse, le manque, la solitude, la peur. Tefé se colla à l’arbre, les mains à plat sur son écorce, frotta sa joue contre le bois humide. « Pardon, maman. » Un frémissement léger retentit derrière elle mais elle ne se retourna pas. « Tu penses… qu’elle serait plus heureuse sans toi. » Tefé ferma les yeux et laissa échapper un gémissement. Cette fois, le frémissement se fit entendre contre son visage, dans le tronc qu’elle serrait dans ses bras. « Mais tu te mens. Tu sais… qu’elle abandonnerait tout… pour toi. C’est ce qu’elle a fait… Tu ne sais juste pas… quoi faire de tout cet amour… Tu n’y crois pas… pour toi… » Et soudain, deux bras immenses jaillirent du tronc et un corps massif s’en arracha, repoussant Tefé en arrière, qui même si elle l’avait voulu, n’aurait pas pu échapper à l’étreinte de son père. Et là, enfin blottie au creux de son corps végétal, pour la première fois depuis très longtemps, elle se sentit enfin en sécurité, enfin entière, et enfin exactement là où elle était censée être sur cette Terre.

Codage par Libella sur Graphiorum - :copyright: Greg Stapples


Dernière édition par Tefé Holland le Mar 16 Juin - 21:14, édité 2 fois
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Tefé Holland


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MessageSujet: Re: Perhaps there was once a world we could have belonged to   Perhaps there was once a world we could have belonged to EmptySam 13 Juin - 12:37

Perhaps there was once a world we could have belonged to 2/5
“To take root amongst the Parliament of Trees is to be embraced by the olders and most accepting of families. It is to know a peace that surpasses any dream of heaven born of the human heart. To become one with the Parliament is to know a freedom that transcends death and to partake of wisdom that reveals such things as time, destiny and self for the petty concern they truly are.
“And love… ? Is there love… in the Parliament ?
“No. Not as humans know it… You are not a human male, nor is your child a true human. While you lay claim to the titles “father” and “husband”, in truth you can never be these things, for no matter what you say or do, your true allegiance is not to your family, but to the Green.



Assise à la table dans la cuisine, Tefé regardait Abby s’agiter. Elle dodelinait de la tête, elle avait toujours trouvé drôle la façon dont son père avait façonné le bois pour donner à la maison toutes les caractéristiques d’un foyer humain. Mais il fallait bien dormir, manger, se laver, ranger ses quelques affaires… Et puis elle pouvait imaginer que cela avait rassuré Abby à l’époque. Une époque où elle avait abandonné son existence pour aller s’embourber dans un marais avec une créature indescriptible. Elle tapotait la table du bout du doigt. Elle ne restait pas silencieuse pour agacer sa mère, elle ne savait juste pas quoi lui dire. Finalement, Abby craqua la première et posa rudement le couteau dont elle se servait pour couper des légumes, avant de se tourner vers elle, adossée au plan de travail. Tefé se raidit. On y était. Des reproches. Des inquiétudes. Des suppliques. Des tentatives pour la convaincre de faire ceci ou cela. Des larmes peut-être. « C’est toi qui a tué ces gens à Lake Long ? » Oh, les reproches, donc. Tefé battit de son pied nu sous la table sans répondre, se contentant d’un regard éloquent. « Je croyais que tu en avais fini avec ça. Tu n’es plus une enfant. » Son ton était bizarrement calme, Tefé n’aimait pas ça, elle ne pouvait pas lui répondre en hurlant comme d’habitude. « T’étais pas là-bas. Tu sais pas ce qui se prépare ici. Tu peux pas comprendre. » Abby reprit le couteau et le planta dans le plan de travail avec un cri de démente, et Tefé sauta de sa chaise, s’attendant à moitié à ce que sa mère lui lance ensuite la lame entre les deux yeux, mais non. Elle se contenta de regarder sa fille, les épaules voûtées, les cheveux dissimulant à moitié son visage. « Tu penses que je ne comprends pas parce que dans ta tête, ça a toujours été ton père et toi, et moi contre vous deux. Mais il y a beaucoup de choses que toi non plus, tu ne comprends pas. » Tefé dansa d’un pied sur l’autre, mal à l’aise. Eh bien, si Abby lui parlait un peu plus au lieu de toujours garder secret sa vie, son passé, sa famille, elle pourrait peut-être comprendre un peu plus. « Mais tu as raison, je n’étais pas là-bas. Tu sais qui n’y était pas non plus ? Ton père. Mais lui n’a pas eu le luxe de s’endormir. Tu peux imaginer ce qu’il a vécu pendant six mois. Va le voir, Tefé. C’est pour lui, de toute façon, que tu es venue. Ne soyez pas en retard pour le dîner. » Et elle lui tourna de nouveau le dos. Tefé regarda l’extérieur, puis le dos de sa mère. Elle s’avança et l’étreignit brièvement par derrière, puis s’enfuit de la cuisine et sauta sur la balustrade, puis sur le toit, sur lequel végétait Swamp Thing, qui avait tout entendu évidemment.

Elle s’assit à côté de lui et ramena ses genoux sous son menton. « Tu m’as cherchée, papa ? Pendant tout ce temps ? » La réponse était tellement évidente qu’il ne prit même pas la peine de l’énoncer à voix haute. Un long silence passa, que des papillons mirent à profit pour coloniser la tête de la créature du marais. « Moi aussi je t’ai cherché, là-bas. Mais sur cette Terre, tu étais mort depuis longtemps, à cause des hommes. Le Green agonisait. Et l’avatar était… il était… » Elle n’arrivait pas à le dire. Elle ne voulait pas lui parler d’une version de sa fille aussi difforme, aussi malade, aussi cinglée et écœurante. Et triste. Si triste. Elle sentit une petite liane s’enrouler autour de sa cheville. « John m’a aidée. J’ai vu sa maison. J’ai vu le jardin que tu y as fait. Ça m’a aidée. Il m’a aidée. » Là encore, ses silences véhiculaient beaucoup plus que ses mots. Elle ne savait pas si, quand elle parlait de John à Swamp Thing, elle lui faisait du mal. Finalement, son corps massif frémit enfin. « Constantine… ne veut pas croire aux miracles… C’est pour cela qu’il ne sait pas… quoi faire de toi. » Et elle crut déceler de l’amusement derrière ce qui ressemblait à une critique. Elle se laissa tomber en arrière, les bras en croix, sa main atterrissant sur le torse de Swamp Thing qui s’ouvrit aussitôt pour l’engloutir sous des racines et des fleurs. Elle laissa échapper un petit rire parce que ça chatouillait. Mais elle le laissa faire. Pour lui, c’était important. La savoir ici, en chair et en os et en chlorophylle.

« J’ai cru… devenir fou. Et je crains cette folie, qui te rend plus… importante pour moi… que le Parlement… ou le Green. » Tefé ne répondit rien. Elle ne savait pas quoi répondre. Comment pouvait-on donc répondre à un tel amour ? C’était beaucoup trop inimaginable, impensable pour elle et elle ne savait pas quoi faire de ça ni comment le lui rendre. « J’ai fait une rencontre… intéressante. Un homme, mais différent. Le temps l’a… empreint de sagesse. Tu devrais aller… le voir. » L’élémentaire se redressa sur son coude pour le regarder, suspicieuse. Il était rare que son père retienne l’existence des humains. En fait, cela fit aussitôt sonner tout un tas d’alarmes dans sa tête, même si elle sentait que son père restait évasif exprès pour titiller sa curiosité, et par fierté, elle refusa d’entrer dans son jeu et de lui demander des détails. Mais à part elle, elle avait déjà pris sa décision. Tu m’étonnes que je vais aller le voir. Et lui demander ce qu’il voulait à son père, cet homme-différent-mais-empreint-de-sagesse qui l’avait visiblement sauvé de la folie. Elle récupéra son bras emprisonné et se leva pour se mettre à faire les cent pas sur le toit, qui eut la gentillesse de se renforcer de lui-même pour ne pas qu’elle passe à travers. « Tu as vu ce que donne le monde quand les humains ne sont pas là pour lui cracher dessus ? Tu as vu comme la nature est belle ? Le Parlement ne doit plus se sentir ! Et toi, tu vas bien ? » Swamp Thing lui renvoya un regard serein et un silence passif et même pas agressif. Elle tenta une autre approche : « Ce serait dommage que ça ne dure pas, non ? Tu ne crois pas que c’est la preuve ? » « La preuve… de quoi ? » Elle se figea et se tourna vers lui d’un air furieux. « Tu le sais bien ! Que les humains sont de trop ! Que tout va mieux quand ils ne sont pas là. Et surtout, que la nature n’a pas besoin d’eux !! » Parce que ça, c’était son argument favori. Le grand équilibre, le grand symbiotisme des humains et de la nature. Les uns qui n’allaient pas sans l’autre et vice-versa. Eh bien, la preuve que non. Tefé le savait déjà, mais son père ne pouvait plus faire semblant de ne pas savoir. Pourtant, il en avait tués, des humains. De temps en temps. Quand il était jeune et ne comprenait pas encore ce qu’il était. Et parce qu’il n’avait pas le choix. Mais il pouvait être violent, lui, aussi il pouvait être sans pitié, il pouvait laisser éclater la rage de la nature et tout détruire, elle l’avait vu faire. « Tu penses que tout ce que créé la nature… a un but. Une raison d’exister. Une… utilité. » Tefé en resta la bouche ouverte. Bien sûr qu’elle le pensait. Sinon, sinon… sinon pourquoi est-ce qu’elle cherchait tant à savoir quelle était la sienne, d’utilité ? « La nature n’est pas si ordonnée. Elle est aussi… chaotique. Elle donne la vie. Parfois… sans raison… Parce que c’est là la définition… de la vie. »

Oh, alors les humains étaient non seulement des monstres, mais en plus des parasites. Qui n’auraient aucune raison d’exister dans ce monde. Raison de plus pour se débarrasser d’eux, alors. Mais son père lisait en elle comme dans un livre ouvert. « Ils doivent comprendre… qu’ils peuvent servir un but… s’ils le veulent. Ils peuvent… participer au cycle… de la nature. C’est leur aveuglement… qui les met à l’écart. Pour le moment, n’ajouta-t-il pas, mais cet espoir perpétuel qu’il plaçait en eux, elle le connaissait par cœur. Elle écarta les bras, de colère, d’impuissance, de désespoir. Cette conversation, ils l’avaient eue des millions de fois. Mais elle pensait vraiment que ces six derniers mois auraient pu changer sa vision des choses – elle qui était si jeune et pour qui six mois, cela ressemblait à l’éternité. « Papa, ils vont te tuer. Ils vont te tuer, et maman sera toute seule dans un marais asséché, et la terre va mourir, et les plantes vont mourir, et les arbres vont mourir. Je l’ai vu. Tu dois me croire. Ta technique n’est pas bonne. Il faut que tu me croies. Demande à John ! Il à tout vu lui aussi. Il est d’accord avec moi ! » Sa voix montait dans les aigus tant elle était désespérée de se faire entendre. Et boooy, fallait-il qu’elle soit désespérée pour se servir de John comme d’un argument dans une conversation, quelle qu’elle soit, avec son père. De nouveau, le grand corps immobile sembla agité par un mini-séisme. « J’irai parler… à Constantine. » « Oui ! Non ! Attends, pourquoi ? » La voix caverneuse de Swamp Thing avait fait sonner ça comme une menace et elle sentait bien que son père ne comptait pas du tout discuter du sauvetage du Green avec l’exorciste. Pour lui, c’était comme si la conversation était déjà terminée. Elle serra les poings en étouffant un cri de rage, puis soudain, la voix de sa mère retentit sous eux, à travers le toit : « Venez manger, tous les deux ! » Injonction qui ne s’adressait qu’à Tefé, vu que son père n’était pas concerné, mais il s’était toujours assis avec elles dans ces moments un peu bizarres de famille de catalogue Ikea. Elle pointa Swamp Thing du doigt. « Je n’ai pas… » Mais il s’était déjà laissé avaler par le toit et elle les entendit glousser comme deux ados en train de se peloter. « … fini. » Elle resta un moment debout sur le toit, essayant de calmer sa panique. Comme prévu, il ne voulait pas l’entendre.

Autour d’elle, les feuilles et les buissons s’agitèrent alors que l’air était totalement immobile. Tefffffffé… Le Parlemeeeeent… te convoque… Le monde… va changeeeeer… Tu as raisoooon, Teffffé. Tu as raison. Et bizarrement, cela ne la réconforta pas du tout. Pourquoi est-ce que le Parlement venait la faire chier maintenant, et en cachette de son père, en plus ? Elle s’apprêtait à répondre vertement, quand bien même elle savait que viendrait le moment où ils cesseraient de simplement la convoquer, mais sentit la liane enroulée autour de sa cheville depuis tout ce temps la tirer vers le bas, et elle passa à travers le toit et tomba dans les bras de son père. Il adorait faire ça. Quand elle avait huit ans. Là, c’était franchement gênant. Mais comme Abby se tenait à côté d’eux, son couteau à la main et l’air menaçant, elle se tut, se laissa sagement déposer sur sa chaise, devant son assiette. Elle obtint un sourire lumineux de sa mère, qui s’exclama en français « Bon appétit ! », et Tefé se rendit compte qu’elle allait faire là son premier vrai repas depuis… depuis la dernière fois où elle était venue voir sa mère. « Bon appétit… »

Codage par Libella sur Graphiorum:copyright: Charles Vess


Dernière édition par Tefé Holland le Mar 16 Juin - 20:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Perhaps there was once a world we could have belonged to   Perhaps there was once a world we could have belonged to EmptySam 13 Juin - 15:55

Perhaps there was once a world we could have belonged to 3/5
Very well... But hear this... Men of the City. I have tolerated... your species... for long enough. Your cruelty... and your greed... and your insufferable arrogance... You blight the soil... and poison the rivers. You raze the vegetation... till you cannot... even feed... your own kind... A... and then you boast... of man's triumph... over nature. Fools. If nature were to shrug... or raise an eyebrow... Then you should all be gone...


Les fleurs dansaient en rond devant elle. Elles ressemblaient à des marguerites, avec un gros cœur jaune, mais leurs pétales étaient de toutes les couleurs, rouges pour certaines, bleus pour d’autres, violets ici, verts là. Elles étaient une dizaine et se tenaient par la main – enfin, par les petites feuilles qui dépassaient de leur tige et leur tenaient lieu de bras. Elles avaient toutes un grand sourire plaqué sur le visage. Et elles faisaient la ronde en piaillant doucement, devant Tefé qui les regardait faire d’un œil morne, assise en tailleurs par terre dans l’herbe, le coude appuyé sur une cuisse, le menton dans la main. Quand elle était petite, elle avait souvent créé ces petites entités florales. Bien sûr, comme tout ce qu’elle avait fait étant petite, ça s’était mal fini. Une des fleurs était devenue mégalomane, avait pris le dessus sur les autres, leur avait appris à tailler des brindilles pour en faire des lances, allumer du feu, avait monté une armée, organisé des combats à mort entre fleurs et toute la petite fantaisie de Tefé s’était terminée par Thunder Petal – c’était le nom qu’il s’était donné – grand comme un immeuble de dix étages et ravageant la ville. Tefé avait dû le détruire de ses propres mains. Et tout ça avant d’avoir trois ans. Il semblait que « quand elle était petite », elle était bien pire que ce qu’elle était maintenant. Peut-être parce que maintenant, elle avait conscience de ce qu’elle faisait. Elle savait, par exemple, qu’avant de partir, elle devrait rendre les fleurs dansantes au Green. Celles-ci n’étaient pas encore conscientes d’elles-mêmes. Elles étaient juste de tout petits avatars de la nature un peu plus malins que de simples brins d’herbe. « Je me rappelle t’avoir enseigné ce tour-là. » La voix douce, féminine, sembla émaner directement de l’arbre penché au-dessus de Tefé et dont les branches retombaient vers l’étang pour en caresser la surface de ses feuilles. Tefé renifla. « Je me rappelle que tu m’as surtout appris à les renvoyer là d’où elles venaient. » Un visage se dessina dans l’écorce, aux traits fins, à la chevelure verte, à la peau ocre. Lady Jane s’arracha du tronc de l’arbre pour la rejoindre. « Tu devais comprendre alors que c’est toi qui détiens le pouvoir du Green, de vie et de mort, sur nous tous. » Gnagnagna. Son ancienne nounou était un fidèle du Parlement des arbres. Et du Green. Elle arrivait à concilier les deux. Mais surtout, et alors qu’elle avait été humaine il y avait des siècles de cela, elle était parfaitement à l’aise dans un rôle de subalterne à la langue bien pendue. Elle en avait causé, du mal à ses parents. Mais elle avait aussi été son ange gardien, à Tefé. Ces jours et ces nuits où ses parents s’absentaient, se disputaient, oubliaient parfois qu’elle était là, elle.

« Si ma mère savait que tu es dans le coin, elle te taillerait en pièce. » Jane émit un petit rire flûté. « Ta mère pense que j’ai séduit ton père. » « Et c’est vrai, non ? Tu vas me dire qu’il n’est pas humain de toute façon et donc il ne peut pas être séduit. Ou être fidèle. Ou même aimer. » La main lisse et boisée de Jane se posa sur sa joue et Tefé ne fit rien pour l’en chasser. L’élémentaire plongea son regard opale dans le sien. « Tu ne pourras pas ignorer le Parlement éternellement, cette fois. Tu devrais aller le trouver avant qu’il ne t’y force. Prends l’avantage. Je te l’ai dit des milliers de fois : ils ont besoin de toi. » « De mon père, tu veux dire. Moi je ne suis rien. » « Tu es la fille du Green. Tu n’as pas à les craindre. Mais tu dois les écouter. Quelque chose a changé dans le monde et tous les Parlements en parlent. L’avatar ne veut rien entendre. Il va finir par s’attirer des ennuis. Si tu parles au Parlement des arbres, ils le laisseront tranquille. Ils savent que tu seras leur messagère. Et vous êtes probablement du même avis, pour une fois. » Tefé chassa sa main et la fusilla du regard, mais Jane se contenta de lui sourire avec tendresse, comme elle le faisait toujours, depuis le premier jour. Un craquement sonore retentit dans leur dos et en se retournant, elle vit que son père était planté là, littéralement – l’air de ne plus jamais vouloir bouger, façon de dire à Jane qu’elle devait s’en aller. Lady Jane se releva avec un petit rire et les salua tous deux de la main avant de disparaître entre les arbres. Tefé leva les mains en signe d’impuissance. « Tu vois ? Tu ne peux pas ne rien faire. Tu vas rater le coche. Une occasion unique. Tu pourrais au moins écouter ce que l’univers a à te dire. » Swamp Thing la rejoignit en deux enjambées et s’assit à côté d’elle, pliant son grand corps jusqu’à prendre la pose d’un petit garçon roulé en boule qui aurait fait une bêtise. Bon sang, ce type !

« Je vais aller voir le Parlement. Je comptais le faire de toute façon. Et toi tu vas t’empresser de le dire à maman, hein ? Mais ils ne peuvent plus rien me faire. La dernière fois que je suis allée leur faire coucou, je les ai massacrés. Tu crois qu’ils s’en souviennent ? » Une espèce de grondement sourd émanait du torse de la créature des marais. Elle savait ce qu’il pensait, là, tout de suite. Il ne voulait pas qu’elle y aille. Il ne voulait pas qu’elle s’en mêle. Il ne voulait pas s’en mêler. Mais s’il ne s’en mêlait pas, elle le ferait. Même s’il ne s’en mêlait pas, d’ailleurs. Mais de toute façon ils seraient tous mêlés à ça. Ou pas. Les rouages végétaux qui animaient l'esprit de son père n’étaient plus un mystère depuis longtemps pour Tefé. « Comment va la petite... gouttelette ? » Elle le regarda bouche bée, puis afficha un grand sourire amusé. « Tu veux qu’elle vienne avec moi, c’est ça ? Pourquoi ? » Un long, très long silence s’étira, laissant la part belle aux milliers de bruits de la nature autour d’eux. Elle s’amusait à les différencier les uns des autres un par an – le clapotis de l’eau qu’un crapaud fendait pour gober un moustique, le léger claquement des serres d’un oiseau se posant sur une branche, le frottement des feuilles les unes contre les autres – quand son père reprit la parole. « Le Clear… s’est éveillé. Qu’il le veuille ou non, il doit… parler. Les autres… l’écouteront. C'est du moins... ce que j'espère. J'ai dû, dans ma vie, me confronter... à eux tous. Le Clear... est le plus étrange, le plus... inévitable. Je ne sais pas... s'il a écouté mes mots... à l'époque. Il écoutera… Layla. » On aurait dit un génie du mal qui avait tout prévu. Mais il tourna la tête vers elle à ce moment-là, l’air plus sérieux que jamais. « Ce qui se passe entre elle… et le Clear… ne doit pas te faire peur... Et ni toi, ni moi... ni personne... ne peut l'empêcher. » « Mais je veux l’aider ! » « Alors… aide-la. Nous ne pouvons vivre… les uns sans les autres… mais nous n’avons pas à nous… rendre des comptes. Le Clear est… ancien, il est… puissant. Ne te laisse pas… entraîner par ses courants. » « Je ne connais rien au Clear. Tu ne m’as jamais rien dit sur lui. Je ne savais même pas que tu t'étais déjà rendu au Parlement des vagues. » « Il y a beaucoup de choses… dont tu ne sais rien. » « Tu m’énerves. »

Elle s’abîma dans la contemplation de l’étang. Se demanda où était Layla en ce moment, ce qu’elle faisait, et si, par-là la distance, elle aurait pu, ici, effleurer la surface de l’eau et caresser la conscience de son amie, comme un salut en direct du bayou, en direct de chez son père, pour lui prouver qu'elle n'avait pas menti. « Tout ira bien. » C’était si simple, parfois, d’être Swamp Thing… « Ta mère… aime beaucoup Layla. » « Mais elle ne la connait même pas ! » « Nous aimons beaucoup Layla. » « Vous êtes graves. Vous êtes désespérants. Elle a déjà préparé la chambre d’amis, c’est ça ? Elle est contente que j’aie une copine qui a l’air moins cinglée que Mercury ? Non, mieux : c’est la fille que vous n’avez jamais eurrglglgl ! » Des fleurs de nénuphar venaient de lui pousser dans la bouche et elle les recracha du mieux qu’elle put avant de jeter un coup d’œil penaud à Swamp Thing, qui n'avait pas bougé d'un centimètre. « Pose-moi ta question. » Ah, oui. La question, celle autour de laquelle ils tournaient depuis quelques jours, depuis son arrivée ici, depuis que Tefé avait demandé à son père s’il avait des projets pour le monde… Même s’il ne comptait pas s’impliquer, il lui répondrait sans rien lui cacher, elle le savait. Et elle savait aussi qu’elle ne saurait pas quoi faire de ses réponses, pas encore, en tout cas. Pas avant d’avoir parlé au Parlement des arbres. Et d’être allée dans le Green. D’avoir goûté la nature elle-même et tenté d’en capter l’essence – et son avis sur le sujet. Et, si seulement elle pouvait, pas avant d’en avoir parlé à quelqu’un d’autre, quelqu’un qui pouvait comprendre, qui connaissait le dilemme perpétuel qui l’habitait. « Tu étais là, en Alaska. Tu as vu, toi aussi. La forêt... Papa… Pourquoi le Grey a attaqué le Clear et le Green ? Est-ce que c’est la guerre ? »

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Dernière édition par Tefé Holland le Mar 16 Juin - 20:08, édité 1 fois
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Tefé Holland


Tefé Holland

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Crédits : charles vess (sign) (c) underfoot-jessica (sign)
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Age du personnage : 24 ans
Ville : Un peu partout, ses racines sont profondément enfouies à Houma en Louisiane
Profession : Glandeuse, mais puisqu'il faut bien survivre, elle bosse ici ou là, jamais plus de quelques mois, et moins elle en fait, mieux elle se porte
Affiliation : Daphne sa copine laurier, Mercury son totem humain, Mercury son chien, Swamp Thing des fois, la nature toujours. Elle a été à la botte du Parlement des arbres pendant quelque temps quand elle était petite et refuse de revivre ça. Elle ne reconnaît aucune autorité humaine.
Compétences/Capacités : Perhaps there was once a world we could have belonged to Dfg11

+ Le Green : manipulation de la végétation, métamorphose, capacité à se rendre dans le Green
+ Le Red : communication, et manipulation des animaux, manipulation de la chair, métamorphose, guérison de la chair
+ Sensibilité à la magie, âme tâchée par une marque démoniaque, sang de démon dans les veines

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MessageSujet: Re: Perhaps there was once a world we could have belonged to   Perhaps there was once a world we could have belonged to EmptyMar 16 Juin - 9:57

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My child… in a time of great weakness, I once considered… obliterating mankind… to protect the rest of the Earth. I was wrong. Asking you to help me achieve this end… was the most terrible mistake of my life. In a moment of clarity, I realized… that humanity… is as much a part of this planet as the Green is. The two… are inseperable.


Un nouvel esprit. Un nouvel esprit dans le Parlement. Pouvoir ? Il ne s’agit pas de pouvoir. Trouver le calme au fond de soi, telle est la voie du bois. Le pouvoir excite la colère et la colère est tel un feu. Évite-la. Nous sentons perturbation et incertitude… La chair doute. Le bois sait. Si tu souhaites comprendre le mal, tu dois en comprendre l’écorce, les racines, les vers de la terre. Telle est la sagesse d’un roi des aulnes. Le puceron mange la feuille. La coccinelle mange le puceron. Le sol absorbe la coccinelle morte. Le puceron est-il mauvais ? Ou la coccinelle ? Ou le sol ? Où est le mal, dans tout le bois ?

Tefé avait très patiemment attendu que Swamp Thing en ait fini avec son petit trip dans ses souvenirs. Elle avait l'habitude. Mais dès qu'un silence un peu plus long que les autres ponctua la fin de la tirade de son père, signalant par-là qu'il n'avait rien à ajouter, elle leva les bras au ciel, et les yeux avec pour faire bonne mesure. « Bullshit hippie de merde, si c'était pour te dire ça, t'aurais aussi bien pu te passer de leur aide ! » Un grondement sortit de nouveau du torse de la créature, qui roula et roula sans avoir l'air de vouloir s'arrêter, et elle sut que son père était en train de rire. « C'était... ma première rencontre... avec le Parlement des arbres. Constantine... m'y a encouragé. Et quand je lui ai répété... ce que les anciens m'ont dit... Il a répondu... exactement... la même chose que toi. » « Parce que c'est des conneries ! C'était il y a mille ans et ces couillons sont tous morts de leur apathie. Je te rappelle que depuis, d'autres les ont remplacés, qui ont été vachement moins passifs vis-à-vis des hommes. Ils avaient raison d'être en colère ! Ils avaient raison de voir le mal chez les hommes ! » « ILS AVAIENT TORT ! » Sa voix avait tonné si fort que les arbre autour d'eux semblèrent ployer, une nuée d'oiseaux et de moustiques s'enfuirent au-dessus d'eux et l'eau de l'étang se rida légèrement. Tefé rentra la tête dans les épaules. Puis elle sentit une grande main se poser sur ses cheveux. « Ils avaient... tort. Ce qu'ils t'ont fait... n'était pas juste... ni justifié. » « Et ce que maman et toi et John vous m’avez fait, ça l’était ? » La main se retira comme si elle s’était brûlée, et elle se mordit la lèvre, mais elle n’avait pas dit ça pour le blesser. C’était la vérité, et ce n’était pas sa faute à elle si la vérité le faisait souffrir.

« La nature… ne se fait pas la guerre. Elle est multiple… grouille… s’étend et se déploie. Ici… la mer… ici… la terre. Ici, la mousse, ici la pierre… partout, les animaux. Tout le temps, l’équilibre se rompt… et la balance penche en faveur de l’un… ou de l’autre. Mais toujours, la nature trouve son équilibre. Je te l’ai dit… elle est chaos… pas ordre. Elle n’est pas mauvaise. » « Merci, capitaine Porte-Ouverte. Mais je ne te parle pas de la Grande Bouillie mère-de-tous-et-de-tout. Tu sais bien que dans la pratique tout le monde ne pense pas comme toi. Je l’ai vu de mes yeux en Alaska, la forêt est en train de se faire dévorer ! Ça ne ressemblait pas du tout à un équilibre, ça refaisait complètement la déco, là. Et tu ne vas rien faire ? Tu n’as pas posé de questions ? Le Grey a envoyé un truc nous attaquer, bordel ! Tu ne crois pas que c’est un message ? Le Parlement des arbres l’a bien reçu, lui, le message. » Un long, très long silence s’ensuivit. « Tu as raison. » Ah. AH ! Et il n’y avait PERSONNE pour être témoin de ce moment ! Elle dut s’attraper la gorge à deux mains pour se retenir de parler et le laisser continuer sur sa lancée. « Je ne suis pas… aveugle. Je suis… le champion du Green. J’ai senti… la forêt… mourir là-bas. Mais tout comme les autres… le Grey est légion. Pour les actes d’une seule entité… je ne peux pas aller… m’en prendre à Lui. Pendant six mois, la nature… a repris ses droits sur la Terre. Certains d’entre nous… y ont vu comme toi… le signe que le règne des hommes… était achevé. Nul doute que des individus… vont tenter d’en profiter. Mais qui ? Et combien ? Je ne suis pas… le Green. Le Parlement des arbres… n’est pas le Green. Certains Parlements… parlent d’une seule voix… pour leur royaume. Pas nous. Donc nous devons d’abord… nous parler. » « Mais tu m’as toujours dit que le Grey était comme une seule entité. Comme des fourmis. Une conscience et un seul corps gigantesque. Foutu truc unicellulaire. On dirait que le choix est déjà fait de leur côté. Et ils sont prêts à s’attaquer aux autres Parlements rien que pour avoir leur part ! » « Il fut un temps… où le Grey et le Green… ne faisaient qu’un. » Tefé le regarda avec une grimace. Un temps vachement lointain, alors. « Tu as raison… des changements sont en train de se faire… Mais la guerre n’est pas forcément… la finalité. Nous devons… nous unir… et décider. »

Magnifique. Elle n’arrivait pas à adhérer à sa vision des choses, c’est tout. Elle n’y croyait pas une seule seconde. Il était clair pour elle que le Grey avait décidé de zapper l’étape des pourparlers. Et que son agressivité était telle qu’il se fichait de s’en prendre au Green. Dans tous les cas, les humains en crèveraient, et s’il n’y avait pas eu d’effet secondaire, Tefé se serait assise avec du pop-corn pour regarder. Ce qui faisait d’elle une grosse hypocrite, contrairement à son père. « Alors tu iras parler aux vieilles branches ? » « Tu iras. Je n’en ai pas… besoin. Je sais déjà… ce que j’ai à faire. La menace… n’est pas les hommes… Quelque chose de plus dangereux arrive. La chose qui t’a… arrachée à ce monde. Quand il sera là… Nous devrons lutter ensemble... pour nous protéger. Il n’est pas temps… de nous combattre… ou de nous en prendre… aux humains. Les autres royaumes… doivent le comprendre. Les humains… doivent le comprendre. » Tefé baissa les yeux sur ses fleurs qui continuaient de faire la ronde pendant tout ce temps. Elle les balaya d’un geste et les petits végétaux s’effritèrent aussitôt dans l’herbe. Rendus à la terre qui les avait fait naître. Elle n’avait pas envie de repartir dans leur conversation sans fin sur ce qu’ils auraient pu faire tous les deux. Théoriquement et selon les standards humains, qui étaient les seuls à s’être créés des dieux, Swamp Thing était divin. Il aurait pu ravager cette terre. Peut-être qu’elle aussi, même si ça lui aurait pris plus de temps. Mais hélas, s’il y avait bien une chose à laquelle il se refusait, ce légume, c’était prendre des décisions pour les autres. Il détestait ça, parce qu’il n’avait pas de putain de confiance en lui, ce qui était un comble. « Ne te méprends pas… Je ne laisserai pas… la nature s’entredévorer. Mais pas… aux dépends des hommes… ni aux dépends des autres… même du Grey. » Et voilà, encore une coup de bâton sur les doigts.

« Alors qu’est-ce qu’il va se passer, maintenant ? Imagine que le Parlement des arbres veuille agir ? Et les autres Parlements ? Imagine que les hommes se rendent compte de ce qui est en train d’arriver et passent l’Alaska au lance-flammes ? » Il secoua lentement la tête. « Les humains… s’en rendront compte… trop tard ou pas du tout… si nous réglons cette histoire… entre nous. Si tu veux savoir… ce qu’en pensent les autres Parlements… alors va les voir. Tu ne pourras… qu’apprendre… de ces rencontres. » Un léger froissement derrière elle fit se retourner Tefé, et elle vit Abby s’avancer vers eux. Sans dire un mot, elle alla s’appuyer contre le large dos de son père, les bras passés autour de son cou, comme une adolescente avec son premier petit copain. Tefé ne s’en rendait pas compte elle-même, mais elle savait, parce que de rares élus humains qui avaient croisé la créature des marais le lui avaient dit, que son père dégageait une légère odeur d’humus, de boue, parfois même de pourriture. Que son corps végétal était humide, grouillant, parfois piquant comme la ronce. Mais jamais cela n’avait empêché sa mère de le serrer ainsi contre elle. Voire pire. Qu’est-ce que ça demandait, d’être cette femme ? Comme force, comme compromis, comme amour ? Ça la dépassait, Tefé. Elle ne pourrait jamais comprendre. Tout comme elle ne comprendrait jamais à quel point il avait fallu que son père l’aime pour vouloir lui donner la vie, vouloir confier cette tâche ultime à John Constantine. Tout comme elle ne comprenait pas encore tout à fait ce que ça avait demandé à John de faire un truc pareil, même s’il lui avait donné quelques explications dans sa Maison. Cela prouvait bien qu’elle n’était pas comme eux. Elle n’était pas un élémentaire comme son père, ni une humaine comme John ou Abby. Elle ne pourrait jamais comprendre. Et ça l’énervait, en cette seconde. Elle se sentait exclue de ce petit tableau d’amour familial tout en sachant qu’elle s’en excluait elle-même, aussi. « Et toi maman ? Tu en penses quoi ? » Pas la peine de lui faire un cours de rattrapage. Elle était sûre que sa mère était au courant de tout.

Abby tourna le visage vers elle, la joue contre la nuque de son mari – son mari non-officiel vu qu’elle n’avait jamais divorcé de son premier mec. « Tu me demandes mon avis, à moi ? » Tefé serra les dents, prête à mordre. Elle n’avait aucune patience avec sa mère, qui ne perdait jamais une occasion de l’énerver. Avant qu’elle ait pu retirer sa question, Abby leva la main pour l’apaiser. « Je pense que tu as raison de t’inquiéter. Je pense qu’Alec ne s’inquiète pas assez. Et un jour il disparaîtra pendant des semaines parce que la situation sera critique et qu’il aura enfin décidé d’agir. Il veut toujours d’abord croire que les choses n’empireront pas et que tout le monde saura se montrer raisonnable. Mais c’est parce qu’il vit coupé de tout depuis trop longtemps, et moi qui ai vécu parmi les hommes, je sais à quel point le vent peut changer. Et tu es comme moi. » Tefé n’avait pas envie que sa mère et elle soient du même avis. Mais elle ne pouvait pas y faire grand-chose. Elle regarda son père, attendant que ce dernier contredise Abby, mais il ne dit rien. Elle les avait déjà vus se disputer pour des histoires de taille de placards, mais là, non, rien. « Alors si je vous comprends bien, je peux faire ce que je veux, aller voir qui je veux, poser les questions que je veux, parce que pour le moment je ne comprends rien à rien mais que je ne dois pas rester sans rien faire. » Abby sourit d’une oreille à l’autre. « C’est ce que n’importe quelle personne de ton âge devrait faire en permanence. Oh, comme j’aimerais être jeune à nouveau… » « Et si mes conclusions sont différentes des tiennes, papa ? Et si je décide qu’il faut bel et bien faire la guerre ? » « À qui… veux-tu donc faire la guerre… petite fille ? » Tous les deux la regardaient, un peu avec angoisse, un peu avec compassion. Elle leur tourna le dos, et toute la rage qu’elle gardait toujours en elle en permanence déborda de ses lèvres alors qu’elle s’éloignait de ce guet-apens parental infernal : « À tous ceux qui s’en prendront à moi ! À tous ceux qui ne veulent pas comprendre ! À tout le monde ! »

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Compétences/Capacités : Perhaps there was once a world we could have belonged to Dfg11

+ Le Green : manipulation de la végétation, métamorphose, capacité à se rendre dans le Green
+ Le Red : communication, et manipulation des animaux, manipulation de la chair, métamorphose, guérison de la chair
+ Sensibilité à la magie, âme tâchée par une marque démoniaque, sang de démon dans les veines

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MessageSujet: Re: Perhaps there was once a world we could have belonged to   Perhaps there was once a world we could have belonged to EmptyMer 17 Juin - 17:32

Perhaps there was once a world we could have belonged to 5/5
It's been such a long, strange journey... but it was worth it... since it led to me being here with you, at this very moment.


Houma n’avait pas changé. Houma ne changeait jamais. Houma resterait toujours une ville minuscule tellement éclatée que parfois elle prenait des airs de campement de mobile-home, à condition de ne pas s’enfoncer dans le centre-ville beaucoup plus civilisé. Ses maisons en bois vermoulues étaient toujours branlantes, ses jardins sans clôtures toujours dévorés d’herbe haute et de carcasses de voitures rouillées depuis Katrina. Ses rues toujours pleines de boutiques d’accessoires de pêche et de chasse et de bars où les touristes ne s’aventuraient pas, d’ailleurs il n’y avait jamais de touristes. Tefé y avait suivi sa mère en traînant des pieds, qui voulait la forcer à acheter des fringues avant son départ. Puisque départ il y avait. Elle ne prenait même plus la peine de les prévenir qu’elle allait partir. Ils le savaient bien, qu’ici, ce n’était plus chez elle. Ou pas encore assez. Elles s’étaient retrouvées dans un surplus de l’armée, elles avaient croisé Chester qui avait fait tourner Abby dans ses bras et s’était pris le poing de Tefé dans la gueule quand il avait essayé de faire pareil avec elle. Elle lui avait cassé ses lunettes et sa mère avait gueulé et Chester s’était excusé. Il la connaissait depuis qu’elle était née, et en vérité Tefé aimait bien Chester. Sa femme l’avait plaqué des années plus tôt et il s’était un peu laissé aller, mais il vivotait malgré tout et surtout, il était un des meilleurs amis de sa mère, une des personne qui la rattachait encore à une vie humaine. Quand des fois Abby quittait le marais, en colère, après un énième coup bas de Swamp Thing, c’était Chester qui lui ouvrait sa porte et lui proposait la chambre d’amis. Pendant que sa mère et lui avaient discuté, elle avait choisi un short kaki  et un débardeur à motif militaire et s’était trouvé de nouvelles boots avec un certain plaisir. En se regardant dans la glace, elle avait eu l’air d’un gamin de douze ans essayant de s’enrôler dans l’armée de terre des années soixante, quand il fallait aller se faire trucider au Vietnam. Elle avait agité ses jambes maigrichonnes qui jaillissaient du short qui lui arrivait sous les genoux et disparaissaient dans ces énormes boots à bout ferré, avait lissé son débardeur dix fois trop grand dont les bretelles ne cessaient de tomber, et s’était trouvée parfaite.

Ensuite, elles étaient rentrées. Elles avaient marché en silence tout du long, sauf en passant devant un marchand de glaces dans le parc Lafayette Woods. Elles s’étaient achetées une glace chacune, une boule vanille toutes les deux, sans se concerter. Elles s’étaient assises sur un banc près de l’ère de jeux et Tefé avait lapé sa glace en écoutant Abby renifler. « Je t’emmenais ici quand tu étais bébé. Tu jouais avec les autres enfants. Je t’avais fait ce costume d’abeille pour le carnaval de La Nouvelle-Orléans et tu n’avais plus voulu le quitter pendant des jours. Les autres gosses étaient jaloux, et toi tu courais partout… » Tefé l’avait écoutée sans rien dire, consciente que sa mère avait besoin de ça. Elle avait besoin de se souvenir des bons moments, comme pour justifier toutes les souffrances qu’elle avait traversées à cause de son mari et de sa fille. Les histoires d’Abby donnaient toujours l’impression à Tefé qu’elle parlait d’une autre personne, comme si elle avait quelque part une autre fille, plus sage, plus normale. « Je t’ai raconté la fois où une bande de narcotrafiquants nous ont enlevées, toi et moi ? Tu devais avoir deux ans. » Alors là par contre, Tefé ne s’y était pas attendue, à celle-là. Elle avait petit à petit cessé de compter les moutons pour écouter Abby lui raconter cet épisode horrifique de sa vie dont elle n’avait jamais entendu parler. « … et quand tu as compris qu’ils m’avaient… que j’étais… tu as piqué une crise de colère. C’est ce que j’ai déduit des bouts de chair et d’os de tous les gens qui sont morts à une centaine de mètres à la ronde. Ensuite, toi, mon amour, toi toute seule, tu t’es saisi du peu qu’il restait de moi et tu m’as refais un corps, des pieds à la tête. Et tu m’as sauvée. » Après ça, elle avait passé un bras autour de ses épaules et collé sa tempe contre la sienne pour lui dire et lui redire qu’elle l’aimait. Pour lui répéter que si elle souhaitait tellement que sa fille ait une vie plus calme, si elle regrettait tant de ne pas avoir pu lui avoir offert une enfance faire de carnavals et de costumes d’abeille au lieu de narcotrafiquants explosant dans des gerbes de sang, c’était uniquement parce qu’elle l’aimait. Comme si elle avait besoin de le lui dire encore et encore pour que Tefé la croie alors qu'elle la croyait déjà. Elle lui avait dit tout un tas d’autres choses, et finalement Tefé aussi lui avait dit des trucs. Et puis elles étaient rentrées.

Et maintenant, Tefé était debout dans l’étang, de l’eau jusqu’à mi-mollets, les bras croisés et l’air sombre. Le moindre brin d’herbe, la moindre feuille, la moindre brindille couinait en boucle qu’elle était convoquée par le Parlement des arbres. Les troncs massifs, les arbustes cossus, les souches solidement enracinées dans le sol grondaient à peu près la même chose. Le concert devait insupportable, et ce qui l’énervait encore plus, c’était qu’elle savait qu’ils savaient que ça allait tellement l’énerver qu’elle finirait pas craquer. Elle décroisa les bras. « JEEEEEEEE SAAAAAAIS ! VOOOOOS GUEUUUUUULES ! » Mais ça ne servait à rien, et elle pouvait toujours agiter les bras, taper du pied dans l’eau, se prendre la tête à deux mains en vociférant, à part passer pour une cinglée aux yeux de ses parents qui la regardaient depuis la maison – Abby parce qu’elle se vernissait les ongles et Swamp Thing parce qu’il détestait l’odeur du vernis mais qu’il aimait quand même la regarder faire –, Tefé n’obtiendrait jamais gain de cause… Si ce n’était qu’elle était encore plus têtue que toute la nature réunie. Elle irait en ville. Elle irait à Gotham, où le moindre brin d’herbe qui tentait de pousser à travers le goudron agonisait à peine sa première molécule d’oxygène expirée. Mieux encore, elle irait dans le métro de Gotham. S'il y en avait un. Elle laissa retomber ses bras le long de son flanc et les sentit, lisses et durcis comme le bois, sentit les brindilles et les lianes glisser dans ses cheveux. Qui est-ce qu’elle trompait ? Elle n’avait pas envie d’aller à Gotham. Elle n’avait pas envie d’être humaine. Elle baissa les yeux sur l’eau marron où disparaissaient ses pattes de poulet. Entre elle et Dumdum, on ne voyait aucune différence. Songer à lui la fit sourire, elle s’accroupit, mouillant le fond de son short tout neuf alors que ses fesses plongeaient dans l’eau et que ses cheveux s’enroulaient sur la surface. Elle passa doucement la main sur la surface de l’étang. « Est-ce que tu es là ? Est-ce que tu es là, quelque part ? » murmura-t-elle doucement.

Et il ne se passa rien. Puis il lui sembla que la surface se ridait légèrement, comme si l’étang avait eu le hoquet. Elle plongea le bras dan l’eau jusqu’au coude. Sur New Themyscira, elle lui avait promis qu’elle ne serait plus jamais seule, Layla. Mais elle avait dit ça sans réfléchir. Et elle voulait tellement ne pas avoir menti. « Si vous lui faites du mal… je le dis à mon père. » Et toc ! De nouveau l’eau frémit légèrement. Elle ne ressentait rien. N’était même pas sûre que le Clear lui prêtait la moindre attention. Elle n'était qu'une plante, plantée dans la boue de l'étang, une parmi des milliards de millairds. « J’espère que tu as obtenu des réponses à tes questions. Moi, je ne suis pas plus avancée. Ou alors, je n’ai pas envie de savoir. » Et soudain, elle eut l’impression qu’une main effleurait la sienne sous l’eau trouble, que des doigts se mêlaient aux siens, brièvement, avant que la caresse ne disparaisse. Peut-être une algue. Ou un poisson. Elle se redressa, tourna les talons et sortit de l’étang. Elle s’arrêta un moment sur la rive et regarda ses parents, qui la regardaient. Espérant envers et contre tout qu’elle allait changer d’avis, comme à chaque fois, ce qui ne faisait que la pousser à s’en tenir à sa décision. Le Greeeeeeen… s’éveille… Marche avec nous, petite pousse… Viens… Elle leva maladroitement la main vers eux pour leur faire au revoir de loin et dans un bel ensemble, comme un couple de petits vieux, ils firent de même, ce qui lui fit mal au cœur. Elle songea qu’elle aurait bien aimé que son père marche un peu avec elle, mais comme à chaque fois, il allait rester présent et entier aux côtés d’Abby. Elle porta un doigt à ses lèvres pour en récupérer quelques gouttes d’eau, puis haussa les épaules, leur tourna le dos et s’en alla. Elle avait de la route à faire, en quelque sorte. Il lui semblait qu’elle était attendue quelque part en Amérique du Sud. Vieeeeens… Nous t’attendons… Yep. Mais pas maintenant. Pas tout de suite. Juste pour les faire chier.

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