A chance for the future [PV Kory]

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On va pas se le cacher. Star City n'avait rien à voir avec Gotham. Plus colorée, plus belle, moins pluvieuse, plus ouverte, et plus petite. Plus calme, aussi, bien que le bruit n'était pas tout à fait le même. A Gotham, il y avait une tension dans l'air, qui indiquait en permanence le risque encouru d'être là. L'immense tour des Titans, que j'avais contribué à fonder à San Francisco avant qu'ils ne déménagent ici, dominait la ville. Et veillait sur elle, en un sens. Chez moi, il fallait attendre la nuit pouvoir le symbole de Batman flotter dans les nuages.

Mais pas de bat-signal pour aujourd'hui. Pas de costume, pas... rien du tout. Non, j'avais une semaine de vacances pour ce début d'été, et j'étais bien content d'en profiter. Vêtu comme un vacancier, j'étais venu ici pour des raisons très simples : voir ceux qui étaient ma famille. Pas celle compliquée et tourmentée, basée essentiellement à Gotham City. L'autre, recomposée, décomposée, singulière.

Ouais, singulière. Alfred aimait bien ce mot, et il était plus que jamais adapté là.

Kory avait été heureuse, je crois, que je vienne passer une semaine avec elles. On en avait pas encore discuté, car j'étais arrivé ce matin-même, mais il me semblait voir en elle un accueil plutôt joyeux. Ce n'était jamais facile à dire avec la Tamaréenne, car elle se comportait parfois comme une humaine, parfois comme l'extraterrestre qu'elle était, ce qui donnait un mélange déroutant. Notre relation adolescente était loin... mais le petit bout hybride qui gambadait joyeusement devant nous ne faisait que me crier qu'il aurait du en être autrement.

Mar'i était plus heureuse que jamais, surtout après avoir reçu le sachet de cookies de « papy Alfred ». L'idée que son papa et sa maman passaient une semaine ensemble avec elle la rendait joyeuse, espiègle.

« Fais attention, ma grande, tu vas finir par trébucher à force de te retourner en permanence. »

La fillette se mit à rire, avant d'effectuer des pirouettes supplémentaires... ce qui ne fit que m'arracher un sourire, évidemment. Moi, ça me faisait un effet d'autant plus étrange quand je comparais avec le reste du parc où nous étions : des familles, avec leurs enfants, leurs petits garçons et leurs petites filles, joyeux ensemble. Moi ? J'avais une femme avec qui je n'avais pas de relation établie et une fille que je ne connaissais pas. Comment Alfred avait dit, déjà ?

La semaine de la chance, Maître Dick, avait-il dit. Une semaine en famille, et rien qu'avec elles. Et alors, peut-être que j'aurais la chance de savoir si quelque chose était possible.

Je jetai un coup d’œil à Kory, étrangement silencieuse pour l'instant. Peut-être qu'elle attendait aussi un moment plus calme, où nous pourrions tous les deux parler sérieusement ? Une discussion que nous devions avoir depuis des années, sans cesse repoussée car il y avait toujours quelque chose d'autre à faire. Mais... j'avais un peu honte de l'admettre, mais l'arrivée prochaine et probable de Brainiac m'aidait à me rendre compte de ce que je loupais.

Et à voir Mar'i aussi joyeuse, je ne pouvais pas m'empêcher de me demander si j'étais bien l'homme de la situation. Un père idéal, avec mon passif ? Un compagnon pour Kory, si une telle chose était réellement possible ? Pareil là aussi, notre histoire ne s'était pas forcément terminée de la manière la plus saine possible.

« On s'installe quelque part ? » proposai-je alors. « Mar'i devrait pouvoir rester pas trop loin, et jouer avec d'autres enfants, non ? »

A chance for the future

DICK && KORIAND'R (FT. MAR'I)

Revoir Dick, aujourd'hui, et pendant quelques jours, après une période durant laquelle ils n'avaient qu'à peine communiquer, c'était ... C'était bien. C'était très bien, même. Cela la rendait heureuse, tout simplement, mais elle n'en venait pas à sauter partout, à se dire qu'elle allait jouer sa vie, que si, finalement, cela se passait mal, elle ne s'en remettrait pas, et elle n'en venait pas non plus à penser que c'était forcément un instant crucial qu'elle ne devait pas détruire. Il adviendrait ce qu'il adviendrait, et elle était ouverte à toutes les possibilités, pleinement consciente qu'elle gérait sans doute les choses avec plus de force que lui, habituée depuis toujours à baigner dans un flot d'émotions fortes et complexes. Kory ne voulait pas mettre la pression à Dick. Elle ne voulait pas non plus le culpabiliser, comprenant parfaitement que les derniers mois avaient été rudes et complexes pour lui, alors que les derniers évènements survenus n'avaient pu qu'accentuer la chose. Du moins, elle pensait et espérait le comprendre, tout ça, bien que consciente qu'elle ne serait jamais à la place du jeune homme et que, donc, elle ne pouvait qu'imaginer ce qu'il pouvait bien ressentir. Elle lui avait laissé de l'espace et du temps, à Dick, Koriand'r. Se disant qu'il avait besoin de digérer tout ça, de réfléchir, de choisir par lui-même plutôt que de sauter dans le vide et dans l'incertitude. Il savait où elle était, il avait son numéro, bref, il savait comment la contacter quand et si il en avait besoin. Ce qu'il avait finalement fait. Tout d'abord pour l'informer de la mort de Bruce et de l'arrivée en ce monde d'un autre Bruce, issu d'une autre Terre. Et maintenant pour l'informer qu'il allait venir passer une semaine avec Mar'i et elle. La Tour ne manquait pas de chambre ni de place, et puis ... Et puis, malgré le fait que ce soit elle qui lui ai dis de prendre le temps, de réfléchir, de ne plus la voir et de ne plus lui parler si c'était ce dont il avait besoin, elle était plus que ravie qu'il lui revienne. Enfin, qu'il revienne. Après tout, il avait été le premier Leader des Teen Titans, en son temps. A défaut de connaître les lieux, car la Tour avait été reconstruite à Star City après la destruction du précédent bastion, Dick y était quand même chez lui. Les catastrophes survenues ne doivent en effet en rien balayer entièrement ce qui fut, n'est-ce pas ? Surtout quand, parmi ces acquisitions, si l'on pouvait réellement exprimer les choses ainsi, il y avait Mar'i ...

Même si la petite n'avait pas été conçue dans cette réalité là, par Koriand'r et Dick eux-même, elle partageait leurs ADN, combinés, faisant d'elle, telle sa mère, un être à part. Là où la jeune femme était l'unique Tamaraneanne sur Terre, Mar'i était l'unique hybride entre un Terrien et une Tamaraneanne. Oui, la petite était à part, tant génétiquement que physiquement. Et Dick avait raison : Mar'i était une sacrée gymnaste-acrobate, doublée d'un rayon de soleil. L'alliance de son père et de sa mère, en somme ! Mais comme Kory lui avait défendu de voler, quand elle était en présence d'étrangers, il fallait bien que la petite se dépense ! Plissant les yeux en souriant, tant face à l'attitude que Mar'i que face à la relative inquiétude de Dick, elle ne prononçait en effet pas le moindre mot pour l'instant. Ses longs cheveux roux, coiffés à la Viking, encadraient son visage fin, là où son beau regard d'un vert si profond ne manquait pas de surveiller Mar'i du coin de l’œil, tout en ne négligeant pas Dick. Il faisait beau, aujourd'hui, et elle sentait les rayons du soleil sur sa peau mordorée. Répondant finalement à la question du jeune homme, Kory prit alors la parole. « Oui, allons-y, je te suis ! » Elle était pleinement capable de leur trouver un bon coin et de s'y installer sans avoir besoin ni de l'aide ni de l'autorisation du jeune homme, mais lui laisser prendre les rênes lui apparaissait comme un premier pas vers l'inclusion, vers le fait qu'il saisisse qu'en dépit des semaines passées et de ce que le futur pourrait bien leur réserver, à tous trois, il aurait toujours sa place aux côtés de Mar'i et elle, sans être un étranger ou un invité. « Oh oui, Maman, je veux jouer ! Promis, je ferais tout comme ce que tu m'as dis ! » La réaction de Mar'i tira un rire à Kory, joyeux, cristallin et lumineux. Oui, Mar'i était plutôt obéissante, elle n'en doutait point, mais elle était également très vive et instinctive. Comme elle ... Quant à savoir ce que Kory avait bien pu lui dire, et bien c'était simple : il ne fallait ni voler, ni léviter, ni utiliser ses starbolts. « Tu nous fais un bisou d'abord ? » Ne se faisant pas prier, la petite éclata de rire. « Attends, je vais d'abord chercher avec Papa un endroit pour vous ! » Ne leur laissant pas le temps de réagir ni à l'un ni à l'autre, Mar'i se saisit d'une des mains de Dick avant de l'entraîner à sa suite, non sans commencer à réfléchir à voix haute sur l'endroit le plus mieux, comme elle disait.

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Tout était si... simple, en fait, que je m'étonnais moi-même de sourire bêtement en voyant Mar'i, ma propre fille, me traîner dans le parc pour trouver le meilleur endroit pour Kory et moi. La petite avait-elle conscience de ce que cela impliquait ? Qu'un moment d'intimité entre elle et moi était non seulement nécessaire, mais que de surcroît, la discussion risquait d'être longue, difficile, tendue ? Je voulais croire qu'elle était simplement espiègle, comme tous les enfants. Mais je sentais bien qu'elle était déjà très intelligente, et elle pressentait probablement que « papa et maman » devaient parler.

« Et ce banc, ça te paraît pas bien ? Les jeux sont là, et il y a l'étang là. On peut te voir parfaitement. »

« Hmmmm nan ! Trop au milieu ! »

« Et la table à l'ombre, là ? Le soleil ne dérange pas maman, mais moi je ne suis pas immunisé. »

« Nan ! Maman et moi on adore le soleil, alors toi aussi, non ? Sinon tu ne nous aimerais pas ! »

Criant de vérité, pensai-je en croisant le regard de Kory. Etait-ce un sourire que je vis ? Peut-être. Ou alors j'étais réellement heureux et épanoui en ce moment précis, et j'imaginais que tout allait pour le bien. Ouais, j'aimais bien le soleil, la bronzette, la plage, tout ça. Mais moi, je ne me nourrissais pas des rayons solaires.

« Tu as raison, ma puce. Demain on ira à la plage, si tu veux. »

« Oui, oui, oui ! Maman, dis qu'on ira ! Papa veut aller à la plage ! »

Mon regard « désolé » à l'intention de la belle Tamaréenne était bien sur dénué de toute sincérité, car j'appréciais réellement l'idée. Mais ça m'amusait quand même beaucoup de voir la petite fille se prêter au jeu aussi facilement. Une petite pensée plus ombragée me vint cependant au même moment ; la certitude que quoi que je fasse, Mari' serait toujours plus proche de Kory que de moi. Parce que je n'avais pas été là au début, peut-être, mais sûrement aussi parce que son côté hybride la rendait différente, comme sa mère.

Ce n'était pas très grave en soi. Bruce n'avait jamais été aussi présent pour moi, ou pour les autres, et je m'en étais plutôt bien sorti. Mais je refusais que Mar'i grandisse sans son père. Je me devais d'être plus présent que Bruce ne l'avait été, plus paternel, plus naturel. Plus humain. Qu'importe la décision que je prendrai suite à cette semaine.

« Bon, en fait... le banc ça ira bien. Il y a trop de monsieurs et de madames ! Du coup, bisou papa, bisou maman, je vais jouer ! »

Et la voilà qui filait, gaiement, en direction des jeux pour enfants. Je prenais place sur le banc en question, m'installant confortablement pour pouvoir regarder l'enfant s'intégrer rapidement aux autres enfants. Je jetai un rapide coup d’œil vers Kory, avant de finalement me mettre légèrement de biais pour pouvoir à la fois surveiller Mar'i, les jeux, l'étang où elle allait certainement s'immerger à un moment donné, et ma supposée compagne.

Je restais silencieux un bon moment, avant de finalement prendre la parole, d'un ton beaucoup plus sérieux que précédemment.

« C'est agréable, cette sortie en famille. Mar'i semble vraiment contente. Tu sembles contente aussi. »

Je tentai de sourire, en vain. Quel idiot se crispe à ce moment-là ? Moi, évidemment, mais je n'arrivais pas à m'en empêcher. Des années entières nous séparaient, des événements entiers, des drames de toutes sortes. Tant de tension accumulée, qui avait besoin de sortir, d'être évacuée.

Je m'attardai un instant sur le collier magique, qui lui permettait d'avoir une apparence humaine.

« Tu t’accommodes bien du collier ? »

Oui, je tournais autour du pot. Volontairement.

A chance for the future

DICK && KORIAND'R (FT. MAR'I)

L'arrivée de Mar'i avait bouleversé bien des choses, mais il fallait composer avec, sans se dire que c'était mieux avant, ou mieux maintenant. Il fallait juste ... Juste prendre les choses telles qu'elles venaient. Tout en veillant, quand même, à ce que Mar'i ne soit pas mise en danger et à ce qu'elle ne se sente pas non plus trop brimée. Elle était tout autant Tamaraneanne que Terrienne, après tout, et Kory refusait qu'elle ait à faire un choix, à prioriser une part d'elle plutôt qu'une autre. Et là, le fait était que, finalement, dans son attitude face au choix de cet endroit où se poser, la petite était un parfait exemple de l'hybridation qu'elle représentait : sur Tamaran, on agit beaucoup sans forcément partir dans de longues réflexions orales, là où sur Terre on aime parler avant d'agir, histoire de se donner le temps de ne pas succomber à la hâte trop instinctive ... Les gens ont en effet tendance à ne plus pouvoir parler s'ils sont déjà morts ... Là où, aussi, on n'a plus trop le temps d'agir quand on s'est trop longtemps perdu dans les discussions, en se faisant prendre de vitesse et de cours. Alors, là, en parlant tout en ne restant pas campée sur ses deux jambes, Mar'i agissait tout autant en Tamaraneanne qu'en Terrienne. Et Kory ne pouvait que suivre, tout comme Dick, bien que le jeune homme, lui, tentait de se lancer dans des propositions. Cependant, un instant, alors qu'un sourire illuminait son visage, à l'intérieur, son cœur se serra, comme pas crainte que Mar'i en soit venue à penser que son père ne l'aimait pas. Quelque chose que la jeune femme ne se pardonnerait pas d'avoir laissé passer ... Mais visiblement, Dick ne semblait pas y voir à mal ou s'en formaliser, alors le sourire s'épanouit de plus bel sur les lèvres de la jeune femme, alors qu'elle essayait toujours de suivre la cadence imposée par la petite. Même elle, elle ne parvenait pas toujours à suivre le dynamisme de Mar'i, c'est dire !, ce qui fit qu'elle ne vit pas du tout arriver la plage ! Mais, d'ailleurs, l'idée venait de Mar'i ou de Dick ? ... Voilà qu'elle ne suivait plus forcément tout, un peu préoccupée aussi, il était vrai, à jeter des coups d’œil partout autour d'eux, comme pour s'assurer qu'aucun vilain ne viendrait les importuner. « Et bien si Papa veut y aller, nous irons ! Tu pourras lui montrer comment tu nages bien ! » Secouant frénétiquement la tête, Mar'i leva vers Dick des yeux de biche des plus luisants de candeur et de fierté, tout en lui offrant un sourire des plus désarmants. « Je mange bien tout le poisson de mon assiette, alors je suis presque aussi forte que la Reine Mera ! » Et puis la voilà qui se mettait de nouveau à vouloir trouver le meilleur endroit, changeant complètement de sujet sans prévenir et sans faire de transition, digne fille de Koriand'r sur ce point là, ça c'était sûr !

Finalement, l'envie d'aller jouer fut plus grande que tout, et elle leur avait à peine déposer un rapide bisou à chaque qu'elle partait se divertir, laissant les deux adultes seuls sur ce banc. Kory la regarda galoper, espérant de toutes ses forces que la petite ne se laisserait pas tellement prendre à s'amuser qu'elle en oublierait les règles de prudence. Mais si cela devait arriver, Dick l'aiderait à éviter les dégâts, n'est-ce pas ? D'ailleurs, ce fut le jeune homme qui engagea la conversation, sans que Kory ne sache trop pendant combien de temps ils demeurèrent là, assis côte à côte, sur ce banc, silencieux. « J'ai bien cru qu'elle allait exploser de joie en apprenant que tu venais. Littéralement. Mais j'imagine que la Ligue n'aurait pas rechigner à nous repayer tous les meubles que la petite aurait détruit ... » Passant une main dans ses cheveux, elle plongea son regard dans celui de Dick. « Je ne suis peut-être pas aussi démonstrative qu'elle, mais, oui, moi aussi je suis contente. Très contente, même ... » Et elle sait qu'il l'a sans doute compris, ça, car elle le sentirait presque, son propre regard si vert qui pétille comme si une starbolt y prenait naissance ... Baissant finalement les yeux vers sa poitrine, en direction de son collier, elle attrapa le pendentif entre ses doigts, le faisant légèrement tournoyer. « Il le faut bien. Les métahumains n'ont pas franchement la côte ces derniers temps, et je sais bien que j'en intrigue plus d'un, étant la seule représentante de mon peuple dans cette galaxie ... Zatanna fait des réglages de temps à autre, surtout pour vérifier que les chocs que j'inflige et que je subis ne fragilisent pas l'enchantement. Mais je n'ai pas changé mes habitudes : à la Tour, et en privé, je l'enlève. Quand il s'agit d'être Starfire aussi. » Il avait beau lui offrir comme une seconde peau, ce collier n'en dissimulait pas moins sa réelle apparence. Or, Koriand'r ne fuyait pas celle qu'elle était, alors, dès qu'elle le pouvait, elle l'ôtait. « C'est un peu mon masque de Nightwing à moi : la différence, c'est que je l'utilise pour être Kory Anders, là où toi, tu l'ôtes pour redevenir Richard Grayson ... » C'était ... C'était plus ou moins ça.

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J'observais en silence Kory jouer avec son collier, à la fois fasciné et sceptique. Comme elle l'expliquait, il s'agissait à la fois d'un masque et d'un moyen de protection, et tout ça, je ne le comprenais que trop bien. Je me souvenais, plus jeune, avant tout ça, que j'avais parfois eu l'envie d'envoyer balader le masque pour pouvoir être qui j'étais vraiment en permanence. Mais je me suis alors rappelé que chez nous, rares sont les héros qui dévoilent leur véritable identité, par précaution.

Etant une alien, Koriand'r risquait évidemment beaucoup plus que moi, si elle s'exposait partout sous son apparence réelle. Pourtant... en la voyant comme ça, je ne pouvais m'empêcher de jouer au jeu des différences.

« Je te comprends. Mais ôter le masque est toujours agréable. On se sent redevenir soi-même, et on ressent beaucoup moins le besoin de se cacher. Je me console en me disant que je ne suis pas Nightwing le jour, et que je peux ainsi, de temps en temps, profiter un peu du temps de mes vacances. »

Mes yeux parcourent un peu Kory, toujours dans cet effort inconscient de comparer. Je n'avais pas besoin d'aide pour savoir à quoi elle ressemblait en-dessous : deux mètres, des formes généreuses, une crinière enflammée, une peau orange, des yeux d'un vert lumineux, une préférence singulière pour le violet. Elle était magnifique.

Là, comme ça ? Elle était à ma taille. Ses formes étaient toujours plus prononcées, mais sans l'être autant qu'en réalité, et ses yeux et sa peau avaient des teintes humaines. Ses cheveux roux contrastaient largement avec le reste, et c'était peut-être ça qui, selon moi, marquait le plus la différence avec la réalité. Elle était belle... mais ce n'était pas vraiment elle. Comme si je regardais une amie, et que quelqu'un avait modifié ses traits. C'était l'effet étrange que cela me faisait.

« Tu es très belle, comme ça, en tout cas. Mais j'admets avoir une large préférence pour ton apparence réelle. Je... »

Je me taisais, soudainement. Parce que je doutais de ce que j'allais dire.

Comprenez-moi bien : j'aimais Kory. Je pense que, à l'instar de Barbara, je ne cesserai jamais d'avoir quelque chose pour elle, et j'avais fait ma paix avec ça depuis longtemps. Mais là, dans l'équation, il y avait Mar'i, et ça rendait tout beaucoup plus compliqué. Revenir vers Kory de manière plus... disons plus intime, plus concrète, c'était aussi accepter le fait qu'il allait falloir m'établir. Dans le sens où, comme le dirait Alfred : cesser d'être un garçon et devenir un homme. Se ranger, comme on dit.

En étais-je seulement capable ?

J'avais peur que cet élan dure une semaine, un mois, une année, pour au final partir dès que la situation avec Brainiac serait résolue. Et j'étais certaine que la Tamaréenne en était parfaitement consciente, même si elle n'avait pas le même recul que les humains sur ce sujet.

« Je voudrais savoir comment tu envisageais cette semaine. Comment tu pensais, ou espérais, que ça se passerait. Tu es toujours terriblement honnête, et je pense que ce sera mieux d'aller ainsi que de tourner autour du pot. Mar'i a certainement déjà pensé à ça en se disant que ça y est, papa et maman s'aiment à nouveau, ou un truc comme ça. Mais... bon, elle est intelligente. Elle nous donne l'occasion d'en parler, de mettre les choses à plat, et d'avancer. De savoir où on en est. »

A chance for the future

DICK && KORIAND'R (FT. MAR'I)

A son arrivée sur Terre, Koriand'r s'était vite rangée à l'avis de Dick, Diana, Kal-El et Bruce, quand il leur avait paru invraisemblable de la laisser se balader sous sa réelle apparence. Et ils n'avaient pas réellement eu besoin de la convaincre longtemps d'accepter : le simple fait de lui parler d'expériences, de laboratoires, de dégénérés et tout le reste, cela l'avait directement pousser à accepter leur conseil ! Elle avait connu son lot d'expériences avilissantes et humiliantes, ce qui l'avait définitivement vaccinée de vouloir s'y laisser de nouveau prendre. Cette partie là de sa vie, peu la connaissait. Pour ainsi dire, elle n'en parlait jamais, mais elle savait que ce n'était pas ce qu'on attendait d'elle, tout comme elle savait que Bruce, Diana, Kal-El et Dick comprenaient parfaitement son choix. Tout comme ils devaient bien comprendre qu'elle n'était jamais plus heureuse que quand la situation ne lui imposait pas d'avoir à porter son collier. Car si son apparence feinte d'humaine ne lui déplaisait pas, ce n'était jamais elle qu'elle voyait dans le reflet du miroir, quand son collier pendait à son cou. « C'est vrai, c'est même plus qu'agréable, pour moi. Fort heureusement, ce collier ne m'est pas insupportable, et je sais qu'il me sauve la vie. Sans lui, je ne pourrais pas être avec Mar'i et toi dans ce parc. Ou alors, on devrait s'attendre à l'arrivée de tout plein de fourgons avec des scientifiques fous, comme dans les films ! Et il y aurait plein de gens qui voudraient que je leur signe des autographes, d'abord, ou qui voudraient savoir si c'est vrai que Wonder Woman, Batman et Superman sont tous mariés ensembles. » Oui, des scientifiques malintentionnés, Koriand'r s'en passerait bien, alors qu'il était ridicule de penser que Diana puisse être mariée à quelqu'un d'autre que Jason Todd ... « En tout cas, je suis contente que tu puisses être libre de venir au parc sans te faire submerger d'admiratrices folles de toi ! » Bien qu'elle n'était pas trop sure de ce qu'elle ressentirait si, soudainement, trop de jeunes filles venaient se jeter sur Dick. Cela faisait naître une drôle de sensation en elle, en réalité, sur laquelle elle ne savait trop mettre le doigt, incapable de la nommer. Car depuis son arrivée sur Terre, Koriand'r le savait, mais elle avait changé. Pour certaines choses, mais pas toutes, bien qu'il s'agissait sûrement surtout d'acquisitions et de découvertes dues à son adaptation et à son assimilation terriennes.

Face au compliment de Dick, car elle le prenait ainsi, la jeune femme ne put s'empêcher de laisser un large sourire s'épanouir sur son visage. Cependant, cela ne la poussa pas à rougir comme dans toutes ces séries qui passaient à la télévision et où les gens sont soudainement incapables d'aligner deux mots ensembles dès qu'on les flatte. Elle avait suffisamment de confiance en elle et de maîtrise d'elle-même pour ne pas se laisser désarçonner, et puis, oui, elle n'était pas sans connaître l'étendu de son charme et de sa beauté. Elle en jouait peut-être, un peu, mais sans réellement sans rendre compte, tant cela était instinctif et inné chez elle, en tant que Tamaraneanne. Et puis, à ce sujet, elle n'était jamais dotée de mauvaises intentions et l'instinct de manipulation ne lui effleurait même pas l'esprit ! « Ah oui, toi aussi ? Merci, c'est gentil ! » Plissant les yeux en souriant, elle posa l'une de ses mains contre la joue de Dick, en la caressant doucement. Être tactile était un attribut tout à fait typique de son peuple, mais si elle devait agir et réagir comme elle le ferait sur Tamaran, ce serait mal vu, ici sur Terre. Même si elle se disait que, peut-être, le jeune homme n'aurait rien contre se faire embrasser passionnément ... Oui, les limites de la décence et de la convenance bridaient énormément ce que son sang pourrait la pousser à faire, et elle s'entendait encore régulièrement rappelée que, attention, on pouvait mal interpréter ses gestes et ses paroles, et que sur Terre, ne pas porter suffisamment d'habits, c'était ... Cependant, Kory ne restait pas hermétique au réaction de Dick, loin de là même. Et consciente qu'il n'avait peut-être pas envie de se faire caresser la joue alors qu'il avait une lueur sérieuse dans le regard, la jeune femme cessa son attention et laissa sa main redescendre avec grâce et douceur, pour revenir se poser sur l'un de ses genoux, au-dessus de sa jupe. Et visiblement, elle avait raison, car son interlocuteur se lançait dans un questionnement dont la réponse méritait réflexion. « Je n'ai pas d'attente particulière, parce que je ne veux rien t'imposer, et je ne veux pas que tu te sentes coupable ou déçu ou obligé de faire quoi que ce soit ... Je veux prendre les choses telles qu'elles sont, parce que la vie est courte, surtout pour des êtres comme nous, et qu'il y a Mar'i, et qu'on doit penser à elle. Je ne veux pas que, par maladresse, je te fasse peur, ou que je dises quelque chose qui te rende triste, parce que je sais que tout ça, ce n'est pas facile, que je dois te laisser du temps pour faire ce que tu as envie de faire. Mais je suis tellement contente que tu sois là, avec Mar'i ... Tu lui manques beaucoup tu sais, mais je lui parle toujours en bien de toi. Et je suis contente de pouvoir me dire que tu es peut-être là aussi pour moi ... Parce qu'il n'est pas question de "à nouveau" pour moi. Je t'aime toujours beaucoup. » Elle voulait ... Elle voulait simplement que ça se passe bien, sans rien faire pour faire fuir Dick ou le pousser à se fâcher.

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L'air était chargé, ou peut-être était-ce simplement la tension entre nous, et j'avais l'impression que l'ensemble du parc retenait son souffle. En attendant quoi ? Une phrase, un geste, qui aurait indiqué à l'un ou l'autre que tout cela était du passé et que maintenant il fallait aller de l'avant ? Difficile à dire, mais une chose était sûre : ce que venait de faire, comme geste, Kory, était assez étrange. Pas désagréable, mais spontané, comme beaucoup des actions de la jeune femme.

Et sa réponse, à la suite, ne fut pas sans me laisser songeur.

Heureusement, Mar'i nous fit de grands signes de la main, avec moult clins d’œil, avant de repartir jouer. Il était bon de savoir qu'elle était heureuse de voir son père, même je n'étais pas à l'aise avec cette idée. Certes, j'avais déjà envisagé la chose, mais... pas dans ces conditions. Cela n'en restait pas moins réel, tangible, et ce n'était pas parce qu'elle était issue d'une autre réalité temporelle qu'il fallait moins l'aimer. Un léger sourire naquit sur mon visage, alors que je regardais la petite. Sourire qui s'élargit tout seul.

« J'espère bien, que tu parles en bien de moi. Sinon, je serais obligé de venir rien que pour rectifier les torts. »

Avec un air malin, je reprenais un peu confiance en moi. Car oui, en toute honnêteté, je n'en menais pas large sur l'instant. Quelques pas avaient déjà été faits dans la discussion, autant continuer sur cette voie : et c'était à mon tour de parler à cœur ouvert. Je me tournais donc de nouveau vers Kory, avec toujours un air plus souriant, moins fermé.

« Tu le sais, je t'aimerai toujours aussi. Rien ne changera ça. On a passé des moments difficiles, ensemble, mais aussi et surtout des moments très agréables. Ce n'est pas possible, pour moi, de tirer un trait sur tout ça. Et évidemment, lorsque je t'ai appelée, ce n'était pas juste pour passer une semaine près de Mar'i ; c'était une semaine de vacances, de retrouvailles, de réunion de notre petite famille bizarrement composée. Je suis là pour elle, mais aussi pour toi, pour toutes les deux à part égale. Un peu pour moi, aussi évidemment... mais ça va avec le reste. »

Devais-je faire un geste, moi aussi ? Non, pas maintenant. La discussion n'était pas terminée, et je ne pouvais pas simplement me mettre à lui prendre la main, à l'embrasser, comme si de rien n'était. Ce serait négatif, à terme, car cela créerait un espoir qui n'aurait pas de base solide... tant que cette discussion ne serait pas terminée.

« J'y pense régulièrement. Chaque jour, en fait. Et ce sont toujours les mêmes questions, les mêmes remarques, qui reviennent : serais-je un bon père ? Un bon compagnon, ou mari, ou peu importe ? Suis-je vraiment capable de faire aussi bien dans ma vie de famille que dans le reste ? Parfois, je vois une photo de toi, et je me dis que si je te disais, sur l'instant, que désormais nous serions une famille, ce serait parfait. Mais l'instant d'après, je me rappelle que je n'ai jamais été stable avant, et que je risquerais de tout faire foirer. La grande question, derrière ça, c'est évidemment celle qu'on se pose probablement tous les deux : ce lien... entre nous, est-ce un amour profond, véritable, comme on l'entends chez nous sur Terre ? Ou est-ce un résidu de l'aventure adolescente qu'on avait ? Que sommes-nous l'un pour l'autre... et qu'est-ce que nous pourrions être ? »

Se livrer ainsi n'était pas le plus fort de la Bat-family. Mais je n'étais pas Bruce. Je savais parler, exprimer mes pensées, mes craintes.

« Je ne sais pas ce qu'il va se passer cette semaine... ni même s'il se passera quelque chose. Mais peut-être que si les circonstances se révèlent propices... peut-être que nous pourrons déterminer ce qu'il est possible pour le futur. Pour notre bien à tous les deux. Car au fond, ce n'est pas tant de Mar'i qu'il s'agit. Mais de nous deux. »

A chance for the future

DICK && KORIAND'R (FT. MAR'I)

Il allait sans dire que Mar'i n'avait pas exactement la famille typique, celle des séries et des films, avec la jolie maison aux barrières blanches, le chien qui court partout sur la pelouse, la maman qui cuisine et le papa qui rentre du travail en desserrant sa cravate. Au lieu de ça, la petite avait ... Disons qu'elle avait un héritage particulier, au delà de la génétique non moins particulière de sa mère Koriand'r. Il n'y avait pas de grands-parents biologiques pour aller la chercher après l'école, par exemple. Pas de repas tous en famille, non plus. Alors Kory comprenait parfaitement qu'il lui fallait faire au mieux, tout en ne partant pas dans la compensation excessive. Ce ne serait pas bon pour Mar'i, et puis, ces questions de normalité laissaient la jeune femme bien interrogative, ne comprenant pas trop pourquoi il se devait d'y avoir une norme, et ne sachant pas trop qui, exactement, en premier, avait décidé de ce qui était normal et de ce qui ne l'était pas. Après tout, Mar'i, malgré sa famille complexe et compliquée, était sans doute bien plus heureuse que certains enfants vivant avec leurs deux parents. Car Mar'i ne manquait ni d'amour ni d'attention, ça, c'était sûr ! Mascotte des Titans, elle savait faire tomber en amour pour elle tous ceux qui la rencontraient, ou presque. Et puis, l'essentiel, c'était de toute façon qu'elle soit heureuse, non ? Dans ce cadre, il était cependant essentiel pour Kory que sa fille ne se sente pas abandonnée par Dick, et qu'elle sache que la distance physique n'induisait en rien la distance émotionnelle. Enfin, quelque chose comme ça ... « Peut-être que je devrais lui raconter des bêtises, alors, pour que tu viennes ! Pas des mensonges, ça, non, car, tu le sais, je ne sais pas mentir. » Mentir, c'était en effet définitivement une norme humaine et terrienne que Koriand'r ne maîtrisait pas du tout, là où elle ne faisait de toute façon pas d'effort pour que ça change. Pour le moment, cela ne lui avait jamais porté préjudice, et cela semblait être une qualité qui lui attirait de nombreuses amitiés, alors, elle continuait comme ça. Bien qu'elle savait qu'un jour, peut-être qu'elle devrait quand même s'y mettre, si les circonstances l'exigeaient ou si elle n'avait pas d'autre choix que de sauter les deux pieds joints dans le mensonge.

En tout cas, une fois qu'elle avait répondu à la question de Dick, Koriand'r se fit silencieuse, mais non moins à l'écoute. Elle savait qu'en général, les gens ne posaient pas des questions dans le vide, juste pour passer le temps, sauf lors de certaines réceptions où les gens venaient parler juste pour faire la conversation, comme s'ils se sentaient obligés de fuir le silence, alors que dans le fond, ce que vous aviez à leur répondre ne les intéressait pas du tout. Quoi qu'en général, Kory n'attirait pas le dédain ni le désintérêt sur elle, là où, quand même, à plus d'une reprise, elle avait bien remarqué que son interlocuteur ne l'écoutait pas et préférait poser les yeux sur sa poitrine, ou même sur ses lèvres. Cependant, là, elle croyait comprendre que si Dick était sûr de certaines choses, d'autres lui étaient encore compliquées à saisir. Ou plutôt, à gérer ? Visiblement, elle ne se trompait pas, ou, en tout cas, elle n'était pas très loin de la vérité. Sauf si elle n'avait rien compris ? « Je me pose les mêmes questions, tu sais. Ou au moins, pour une bonne partie. Parce que je n'étais pas plus préparée que toi au fait de devenir mère. Normalement, même ici, sur Terre, on est censé avoir plusieurs mois pour se préparer, justement, le temps que le bébé est encore dans le ventre. On lit des livres, peut-être, et on se renseigne, sans doute. Nous n'avons pas eu le temps de faire tout ça, et Mar'i n'était même pas un bébé, mais déjà une petite fille. Et puis, en ce qui concerne ce que vous appelez le couple, ici sur Terre, je suis encore une grande novice. Ce n'est pas exactement la même chose, sur Tamaran, et ... Et si on parle de stabilité, ou de grands coups de volant sur l'autoroute de la vie, comme vous dîtes, je pense que je pourrais rivaliser avec toi. » Il savait, Dick. Il savait un grand nombre de choses sur elle, plus que tout autre, à l'exception de Diana, Kal-El et Bruce. Il savait par quoi elle était passée, et il savait aussi ce à quoi elle avait survécu, bon grès, mal grès, contrainte et forcée d'avancer parce que, reculer, c'était expirer. « Je change, un peu, mais progressivement, depuis que je suis arrivée sur cette planète. Et parfois, ça me terrifie. parce que je ne sais pas si ce serait suffisant pour correspondre à ce que tu pourrais attendre de moi. Et je ne sais pas non plus si ce que je ressens s'apparente à l'amour humain, ou si c'est juste mon côté tamaranéen ... » Les émotions et les sentiments étaient pleinement vécus et exprimés sur Tamaran, ce qui créait un énorme fossé avec la Terre. Ce n'était pas la faute de Dick, ni même celle de quel qu'autre être humain, c'était juste ... Juste ainsi. Et dès lors, il était compliqué pour Kory de pouvoir pleinement expliquer ce qu'elle ressentait, ou comment étaient les choses sur Tamaran, parce qu'un concept ne se comprend sans doute jamais réellement aussi bien que quand on le vit soi-même, ce qui était bien sûr impossible. Même si l'on essayait très fort, on ne pourrait jamais devenir Tamaranéen. De la même façon que la jeune femme ne pourrait sans doute jamais devenir pleinement Terrienne. « Tu le sais, mais si tu as besoin de temps ... Prends le, il est à toi. Autant que tu le voudras. Tant que tu n'oublies pas Mar'i, et que je ne te deviens pas non plus une parfaite étrangère. Parce que, comme tu dis, on ne peut pas savoir à l'avance ce qui se passera, dans bon nombre de cas, mais je sais que, quoi qu'il arrivera, tu auras toujours une place importante pour moi, une place que personne ne te prendra jamais. Tu es après tout le premier Terrien que j'ai embrassé ... Et tu m'as fais confiance, ou, en tout cas, tu ne m'as pas dénoncée aux autorités pour qu'elles me fassent du mal. Le futur ne me fait pas peur, tant que tu es dans le mien, d'une façon ou d'une autre. Même si je préférerais que ce ne soit pas trop loin de moi quand même ... » Parfois, elle avait l'impression qu'elle pourrait brusquement se mettre à bouder si on lui disait que Dick avait embrassé quelqu'un d'autre ...

Invité Invité

La première impulsion, dans ce genre de cas, c'était évidemment de se tourner vers Kory pour scruter son visage et essayer de déterminer à quel point elle pensait tout ce qu'elle disait. Je la connaissais bien assez pour savoir qu'elle ne mentait pas, et qu'elle en était soit incapable soit qu'elle ne savait absolument pas s'y prendre. Mais forcément, quand on parlait d'une relation avec elle, c'était toujours très compliqué. Je l'avais appris au fil du temps, bien sur, et avec le recul, peut-être qu'à l'époque ça m'avait effrayé et m'avait poussé à m'éloigner. Koriand'r, comme tous ceux de son espèce, n'avait pas la vision terrienne d'une relation.

Du moins, pas vraiment.

Il y avait eu du changement, clairement, car elle connaissait beaucoup de codes humains sur le sujet, et elle avait aussi une bonne part de notre comportement. Mais quand je la regardais, là comme ça, je ne pouvais pas m'empêcher de me demander ce qu'il en était. Si je devais, là, subitement, l'embrasser et lui dire que je voulais essayer une semaine en famille, pleine et entière, en compagnon, en père, et tout ça... comment réagirait-elle ? Elle en serait heureuse, très certainement.

« Je te promets de ne jamais être trop loin. Sur ça, tu peux me faire confiance. »

Disai-je alors tout en la regardant droit dans les yeux. Des yeux si différents, si humains, par rapport à ce qu'ils étaient réellement. Pour autant, malgré ce masque magique, je n'avais aucune difficulté à voir la réalité derrière. Les traits plus larges, moins anguleux, le visage le plus épais. La crinière infiniment plus grande et plus enflammée. Les yeux d'un vert surnaturel, le teint orangé qui m'avait fait tant rire, adolescent, avant que je trouve ça splendide.

Sans m'en rendre compte, j'avais tendu la main pour lui caresser la joue, délicatement, comme j'avais pu le faire un million de fois jadis. Un petit geste de rien du tout, mais qui semblait soudainement signifier tellement. Je souriais légèrement, puis tournais la tête vers les enfants qui jouaient. Et plus particulièrement Mar'i, qui, le moins discrètement du monde, fit soudainement semblant de ne pas nous observer.

« Je crois que notre petite nous surveille, histoire qu'on ne fasse pas de bêtises. Ou que tout se passe pour le mieux. Ou qu'on ne se mette pas soudainement à vouloir partir dans un coin plus tranquille. Ou tout ça à la fois. »

Le plus naturellement du monde, alors, je m'approchai de Kory, et plaçai un bras autour d'elle, comme un véritable couple. Sans être particulièrement engageant, il avait quand même une signification, et j'osais espérer que cela ne dérangerait pas la jeune femme. J'en doutais, mais on ne savait jamais.

« Tout ça me rappellerait presque quand on était des ados. Les fois où on devait se retrouver un peu à l'arrachée, en secret, pour éviter qu'on nous voit. Les fois où il fallait aussi éviter de montrer quoi que ce soit, sous peine d'attirer les curieux sur nous. Alors qu'aujourd'hui, il y a de quoi, grâce à ce collier, profiter du soleil sans risquer d'être vus alors qu'on ne devrait pas. J'aimerais un jour pouvoir me dire qu'on viendrait ici, tous les trois, et que personne ne porte ni masque ni collier. Juste notre famille, main dans la main, tels qu'on est. Malheureusement, je ne sais pas si ce jour arrivera. »

A chance for the future

DICK && KORIAND'R (FT. MAR'I)

Certaines personnes pouvaient sans doute la trouver inconstante, naïve, crédule, ou encore trop insouciante. Voire même tout ceci à la fois. Tout ça parce qu'elle était capable de passer d'une émotion à l'autre, en une fraction de seconde, aussi opposées et contraires puissent être ces émotions. Dans le même temps, elle savait ne pas prendre offense de ce qui, en tant normal, pouvait sans doute aisément vexer et fâcher. Comme si cela ne lui importait pas. La vérité ... La vérité était ailleurs, sans mauvais jeu de mots ni allusion trop facile à ses origines extraterrestres. La vérité, c'était qu'elle portait encore sur elle les cicatrices de grands tords qui lui avaient été fait. Des cicatrices pas encore toutes rendues au stade de cicatrices, d'ailleurs, car des plaies demeuraient, toujours ouvertes, parfois encore un peu béantes. On n'enterre en effet pas si facilement que ça certains pans de son passé. Même si on peut les dissimuler, en s'y prenant bien. Dans son cas, disons que le fait que les êtres qui l'entouraient n'avaient pu la rencontrer que lorsqu'elle s'était crashée sur Terre, au plus tôt, et pas avant, et bien cela faisait qu'ils ne connaissaient ni les Psions, ni la Citadelle. Qu'ils n'avaient donc ni vu ni entendu parler de ce qui se passait dans le système Vega, loin, si loin de cette galaxie. De fait, ils ne se doutaient pas de ce qu'elle avait pu traverser, et, dans les faits, cela permettait à Koriand'r de ne pas avoir à faire face à trop de questions qui entretiendraient les plaies, qui remettraient sans cesse en avant ces éléments si douloureux de son passé. Dick, lui, il savait. Elle l'avait rencontré alors que tout ceci était encore bien frais, alors qu'elle venait tout juste de parvenir à fuir et les Psions et les tueurs engagés par sa sœur aînée pour l'éliminer. Elle avait fait des cauchemars, et portait sur son corps de vrais stigmates, rien qu'elle ne pouvait donc lui cacher, à l'époque. Fort heureusement, concernant ces rêves comme ses blessures physiques, les choses s'étaient nettement arrangées, depuis, même si elle n'oubliait pas, et que cela contribuait encore aujourd'hui à ne pas la faire prendre offense de certaines choses qui pourraient vexer et contrarier n'importe qui d'autre qui serait à sa place. Ainsi, elle ne s'emportait pas face aux interrogations de Dick, et n'avait pas non plus la sensation de devoir se montrer à sa disposition, ou quoi que ce soit de ce genre là. Elle n'avait pas non plus la sensation de devoir se justifier ou de devoir s'expliquer, et si elle le faisait, c'était uniquement parce qu'elle le voulait, qu'elle en avait besoin, et qu'elle faisait entièrement confiance à Dick. De toute façon, il était plus que compliqué d'obliger Koriand'r à faire quoi que ce soit qu'elle ne voulait pas ! « Je t'ai toujours fais confiance, dès la première seconde. Contrairement à ce qu'on croit, je n'embrasse pas le premier venu à pleine bouche juste parce qu'il est très mignon ! J'ai senti que tu étais quelqu'un de bien. » Même si le fait qu'il était si séduisant dans sa combinaison moulante, déjà à l'époque ...

De la même façon, elle ne prenait pas peur et ne s'inventait pas des rêves, dans la tête, juste parce qu'il lui caressait la joue. Elle avait de l'expérience, en la matière, et n'était plus une jeune fille en fleur. Et puis ... Et puis, une fois encore, elle était née sur Tamaran, et elle y avait grandi, durant les premières années de sa vie. Et là bas, être tactile et avoir le contact physique facile, c'était comme respirer et battre des cils : c'était naturel, inné, instinctif. Et cela n'engageait jamais à quoi que ce soit, même si, évidemment, comme ici sur Terre, il y avait des limites : les gens qu'on n'aimait pas, on ne les aimait pas, et les seuls contacts physiques qu'on avait alors avec eux, c'était pour les frapper. Mais nulle question de violence physique entre Dick et elle. Ce n'était pas le cas, pas plus maintenant qu'autrefois. Et ce ne serait sans doute jamais le cas, car même si cela survenait, elle savait qu'il était parfaitement conscient qu'il n'aurait pas la moindre chance face à elle si elle se fâchait très fort. Et les combinaisons moulantes qui fondent sur la peau, c'est dur à enlever ... Souriant de toutes ces dents, elle observa à son tour le petit manège de Mar'i, qui tenait visiblement d'elle pour feindre les choses. Kory ne savait pas mentir, et elle n'était pas non plus très discrète pour prétendre ne pas avoir entendu ou vu quelque chose. Surtout parce que, dans ce cas, elle changeait de sujet avec une outrance exagérée, enchaînant deux idées n'ayant absolument rien à voir. C'était alors comme passer d'une conversation sur la crise du pétrole au Proche-Orient à une conversation sur la dernière fois où on avait involontairement mis le feu à la cuisine en utilisant le four ! « Je crois que c'est de ma faute ... Je lui ai demandé de vérifier régulièrement si elle nous voyait toujours, pour éviter qu'en jouant, elle ne s'éloigne trop de nous sans s'en rendre compte. Les quelques fois où l'on va faire les courses, elle va d'allers en allers sans se rendre compte que je suis restée face aux pots de moutarde en me demandant quelle marque est la meilleure et la plus saine. Ou peut-être qu'elle n'a juste pas l'habitude de nous voir ensembles, même si elle a déjà vu beaucoup de photos. Ou alors elle nous trouve juste très beaux. » Une dernière option tout à fait envisageable, non ? Et cela devait d'autant plus être vrai à partir du moment où Dick passa son bras autour d'elle. L'Aile de la Nuit et l'Étoile de Feu ... Nightwing et Starfire. Ou juste Richard Grayson et Koriand'r, quoi que, sous cette apparence, c'était Kory Anders, plutôt. Se rappelant elle aussi des souvenirs qu'elle évoquait, elle ne put s'empêcher d'en rire. « Tu étais mon Leader, et même une Tamaraneanne comme moi savait qu'en règle générale, il n'était pas très judicieux de faire avec son supérieur ce qu'on voulait faire tous les deux ! Surtout qu'à l'époque, je devais encore gagner la confiance des gens, et j'étais fraîchement arrivée sur Terre, avec tout le bouleversement culturel et sociétal que cela provoquait pour moi et en moi ! » Comme le fait de devoir apprendre que, quand on sort de la douche, on doit s'habiller avant de rejoindre les autres ... Cependant, il y avait une note bien plus amère dans les propos de Dick, quelque chose que Kory voudrait pouvoir rejeter en bloc en se sachant cependant en incapacité de le faire. « Je suppose qu'on pourrait le faire, mais cela ne durerait qu'un temps, avant que l'on ne doive faire face à l'arrivée d'êtres très malintentionnés à mon encontre. Et les transformer en torches vivantes pour nous en défaire ne plaiderait en rien ma cause ... Les Terriens ne sont pas près ... Ils ont peur de ce qu'ils ne comprennent et ne maîtrisent pas. Tu as bien dû avoir un peu peur de moi, toi, au début, surtout en apprenant par quoi j'étais passée, et ce que j'avais fais pour m'en sortir, non ? » Fermant un instant les yeux, comme par peur de lire quoi que ce soit de déroutant dans le regard de Dick, elle posa sa tête sur l'une de ses épaules, avant d'observer Mar'i. « Je vais demander à Zatanna de faire un collier pour Mar'i aussi. Elle est bien plus Terrienne que moi, physiquement, mais ses yeux ... Leur couleur n'est pas exactement naturelle, ici sur Terre, et elle attire déjà les regards, alors, qu'est-ce que ce sera quand elle sera plus grande ?! » Mar'i aurait alors peut-être une flopée de prétendants et de prétendantes, et à moins de fermer les yeux, ils seront tous au plus près de ce regard si particulier !

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